LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION POURSUIT SON DÉBAT SUR LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
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Quatrième Commission
16e séance – matin
LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION POURSUIT SON DÉBAT SUR LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
En la matière, plusieurs délégations mettent en garde contre un excès d’ambition qui susciterait chez les populations des espoirs auxquels l’ONU ne pourrait ensuite répondre
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entamé ce matin son débat général sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, une discussion au cours de laquelle plusieurs délégations ont exprimé la crainte que des mandats trop ambitieux ne soient fixés par le Conseil de sécurité aux missions de maintien de la paix alors que celles-ci ne reçoivent pas les moyens nécessaires à l’accomplissement des tâches qui leur sont confiées.
Les membres de la Commission avaient commencé leurs travaux ce matin en adoptant, par consensus, le projet de résolution relatif à lacoopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace*. Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale engagerait tous les États à s’employer activement à empêcher une course aux armements dans l’espace.
Concernant les opérations de maintien de la paix, le représentant de la Fédération de Russie a constaté que les Casques bleus onusiens jouaient un rôle efficace dans les zones de conflit, en dépit de « certains échecs ». Il a cité, à cet égard, en le regrettant, le retrait récent de la Mission de maintien de la paix des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE).
Si le bilan globalement positif des opérations de maintien de la paix a été partagé et soutenu par de nombreux États Membres, cela n’a pas empêché un certain nombre de délégations d’exprimer des réserves face à l’ampleur prise par les 18 opérations en cours. Plusieurs pays ont souligné la nécessité de faire un bilan de la situation et des actions à entreprendre pour éviter d’éventuels échecs à l’avenir.
Le représentant de l’Indonésie a lancé un appel pour que les mandats fixés aux missions soient à la fois clairs et réalistes. Celui de l’Algérie a mis en garde contre le « décalage » existant entre les mandats fixés aux missions et la réalité qui les attend sur le terrain. Ce décalage entraîne « un arbitrage permanent entre des objectifs trop ambitieux, des ressources insuffisantes, trop faibles et limitées face à des contraintes qui, elles, sont bien réelles en matière de sécurité et de protection des populations », a-t-il constaté. Pour son homologue de l’Australie, qui s’exprimait aussi au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande, en matière de maintien de la paix et d’aide à la reconstruction, il ne faut pas que les Nations Unies suscitent des espoirs auxquels elles ne peuvent pas répondre.
Le représentant du Népal a estimé que l’une des lacunes actuelles était l’absence de stratégie de sortie, ainsi que de liens clairs entre le maintien et la consolidation de la paix. Pour le Népal, ces deux étapes ne peuvent être séparées, a souligné le représentant. Il a déploré la pratique actuelle qui limite les engagements en faveur de la consolidation de la paix à quelques pays.
Le représentant du Soudan a quant à lui mis en garde contre la tentation d’exercer, de l’extérieur, des pressions sur certains gouvernements ou parties à des conflits, ou celle de vouloir ériger en modèles à suivre des solutions toutes faites qui ne tiennent pas compte des réalités de terrain.
Enfin, plusieurs délégations ont exprimé leur préoccupation concernant la sécurité des personnels de maintien de la paix. La délégation de la France, parlant au nom de l’Union européenne, a rendu hommage aux 2 518 Casques bleus qui ont perdu la vie au service de la paix, et celle du Maroc, porte-parole du Mouvement des pays non alignés, a demandé qu’une minute de silence soit observée en leur mémoire.
Outre les intervenants cités, les délégations suivantes se sont aussi exprimées: Colombie (avant le vote sur le projet de résolution relatif à l’espace), Mexique (au nom du Groupe de Rio), Cuba, Brésil, République arabe syrienne, Népal, Israël, Japon et Fidji. Les délégations de la République arabe syrienne, de la République islamique d’Iran et d’Israël ont fait usage de leur droit de réponse.
La Quatrième Commission se réunira lundi matin, le 27 octobre, à 10 heures pour poursuivre son débat portant sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.
* A/C.4/63/L.2/Rev.1
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Présentation du projet de résolution A/C.4/63/L.2/Rev.1
Le représentant de la Colombie a présenté aux membres de la Quatrième Commission le projet de résolution publié sous la cote A/C.4/63/L.2/Rev.1 et intitulé « Coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace ». Il a apporté un amendement oral au libellé de l’alinéa 23, à la page 7 du projet. Aux termes de cet amendement, l’expression « en 2009 » remplace le membre de phrase « du 24 au 27 novembre 2008 » et cette incise est placée entre le membre de phrase « organiser l’Atelier des Nations Unies sur le droit de l’espace à Bangkok », (en 2009), et celui qui se lit: « qui aura pour thème... ».
Décision sur le projet de résolution A/C.4/63/L.2/Rev.1
Aux termes du projet de résolutionrelatif à la Coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace, présenté sous la cote (A/C.4/63/L.2/Rev.1) et qui a été adopté par consensus (sans vote) par la Quatrième Commission, l’Assemblée générale soulignerait que la coopération régionale et interrégionale dans le domaine des activités spatiales est essentielle pour renforcer les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique afin d’aider les États à développer leurs capacités spatiales et de contribuer à la réalisation des Objectifs figurant dans la Déclaration du Millénaire de l’Organisation des Nations Unies.
Par ce texte, l’Assemblée noterait avec satisfaction que certains États appliquent déjà les mesures à caractère facultatif relatives à la réduction des débris spatiaux et elle inviterait les autres États Membres à appliquer, grâce à des mécanismes nationaux pertinents, les lignes directrices du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique relatives à ce problème. Elle jugerait indispensable que les États Membres prêtent davantage attention au problème des collisions d’objets spatiaux, y compris ceux qui utilisent des sources d’énergie nucléaire. Elle demanderait que les recherches sur cette question se poursuivent au niveau national, que les techniques de surveillance des débris spatiaux soient améliorées et que des données sur ces débris soient établies et diffusées.
Elle engagerait tous les États, surtout ceux qui sont particulièrement avancés dans le domaine spatial, à s’employer activement à empêcher une course aux armements dans l’espace, condition essentielle pour promouvoir la coopération internationale en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace à des fins pacifiques.
Par ce texte, l’Assemblée générale soulignerait qu’il faut accroître les avantages tirés des technologies spatiales et de leurs applications et contribuer à un essor ordonné des activités spatiales favorables à une croissance économique soutenue et à un développement durable dans tous les pays, notamment pour atténuer les conséquences des catastrophes, dans les pays en développement en particulier.
Aux termes de ce texte, l’Assemblée demanderait instamment aux organismes des Nations Unies, en particulier à ceux qui participent à la Réunion interinstitutions sur les activités spatiales, de continuer à examiner, en coopération avec le Comité, comment les sciences et techniques spatiales et leurs applications pourraient contribuer à la mise en œuvre des Objectifs de développement découlant de la Déclaration du Millénaire, notamment dans les domaines liés à la sécurité alimentaire et au développement des possibilités d’éducation. Elle prierait le Comité de poursuivre, à titre prioritaire, l’examen des moyens de veiller à ce que l’espace continue d’être utilisé à des fins pacifiques et de lui en rendre compte à sa soixante-quatrième session.
Enfin, l’Assemblée générale engagerait instamment tous les États Membres à apporter une contribution au Fonds d’affectation spéciale du Programme des Nations Unies pour les applications spatiales afin d’accroître la capacité du Bureau des affaires spatiales de fournir des services consultatifs techniques et juridiques et de lancer des projets pilotes conformément au plan d’action du Comité.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
Mme SAADIA EL ALAOUI (Maroc), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que les déploiements des missions de maintien de la paix devaient être accompagnés de processus de paix complets et inclusifs. À propos de la création du Département d’appui aux missions, elle a souligné l’importance de préserver l’unité de commandement dans les missions à tous les niveaux, ainsi que la cohérence de la politique et de la stratégie. Il en est de même de la nécessité d’avoir des structures de commandement claires sur le terrain, a dit la représentante.
Le Mouvement des pays non alignés souligne que l’expérience et le savoir-faire des pays contributeurs de troupes peuvent être particulièrement utiles lorsque le Conseil de sécurité met en œuvre, élargit ou rectifie les mandats des missions de maintien de la paix, a poursuivi Mme El Alaoui. Ces pays sont les mieux placés pour fournir une évaluation objective de la situation sur le terrain, a estimé la représentante du Maroc. À cet égard, a-t-elle ajouté, une meilleure interaction entre les pays contributeurs de troupes et le Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix du Conseil de sécurité pourrait aussi contribuer à obtenir des consultations plus inclusives et à clarifier le processus de décision. À la fin de son intervention, Mme El Alaoui a proposé à l’Assemblée de respecter une minute de silence en mémoire des Casques bleus ayant perdu la vie au service de la paix, ce qui a été fait après que le Président de la Quatrième Commission, M. JORGE ARGÜELLO, eut demandé l’assentiment des délégations.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), qui s’est exprimé au nom de l’Union européenne, a attiré l’attention des délégations sur « l’instrument de stabilité » mis en place l’année dernière par l’Union européenne et qui est un moyen supplémentaire et efficace pour répondre rapidement et avec les moyens adaptés aux situations de crise. La vocation de cet instrument est d’agir en complément et en support de l’action des Nations Unies, a dit le représentant. M. Ripert a rappelé que l’Union européenne, en contribuant à hauteur de plus de 40% des ressources nécessaires, est le plus gros contributeur financier au budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU. L’Union européenne fournit, par ailleurs, plus de 12% de l’ensemble des Casques bleus, a indiqué le représentant.
L’Union européenne, a expliqué M. Ripert, a accru sa coopération, avec l’Union africaine, à travers l’opération « facilité de paix pour l’Afrique » dont le but est précisément de soutenir l’Union africaine et les sous-régions dans le domaine des capacités de maintien de la paix ainsi qu’au cours des opérations de maintien de la paix dirigées par les Africains. Le représentant de la France a souligné le rôle joué par l’Union européenne en Géorgie où la médiation menée par le Président de l’Union européenne, M. Nicolas Sarkozy, a permis d’aboutir à un cessez-le-feu dans le conflit qui a touché ce pays au mois d’août. En Somalie, par ailleurs, les Européens sont au cœur de la lutte contre la piraterie et établissent de nouvelles formes de coopérations opérationnelles entre l’Union européenne et l’ONU dans le domaine maritime.
M. Ripert a exprimé ses craintes concernant la sécurité des personnels onusiens en mission. Il a estimé qu’il était du devoir des pays hôtes et des parties à un conflit de veiller à leur sécurité. Au nom de l’Union européenne, il a souhaité que de nouvelles technologies soient utilisées dans les opérations de maintien de la paix. Il a plaidé en faveur d’un échange d’information plus régulier et plus complet entre l’Union européenne et les Nations Unies. Il a, par ailleurs, rappelé l’importance des mesures prises par le Secrétaire général pour combattre les cas d’abus et d’exploitation sexuelle qui se produisent lors de la conduite des opérations de maintien de la paix. M. Ripert a conclu son propos en rendant hommage aux 2 518 Casques bleus qui ont payé, de leur vie, leur engagement au service de la paix.
M. CLAUDE HELLER (Mexique), qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a réitéré l’importance que les pays de ce Groupe attachent au Comité spécial des opérations de maintien de la paix, « Comité des 34 », car c’est l’instance la plus appropriée permettant aux États Membres de faire entendre leur voix sur cette question. Il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l’unité de commandement, a-t-il ajouté. Le Groupe de Rio estime qu’il convient de renforcer les mesures pour une gestion transparente de la conduite des opérations, en particulier en matière d’acquisition de matériels et de passation de contrats. Par ailleurs, la protection et l’assurance de la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix demeurent une préoccupation particulière du Groupe de Rio. Ce thème doit être analysé en profondeur par le Comité des 34, a-t-il ajouté.
Le Groupe de Rio, qui a réaffirmé son appui à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a appelé les États Membres à approfondir leur engagement en faveur du Gouvernement et du peuple haïtiens, a rappelé M. Heller. D’une manière générale, le Groupe de Rio est préoccupé par les limitations actuelles concernant l’appui matériel fourni aux missions. Il accueille favorablement toutes les initiatives prises en ce sens, telles que les programmes de formation via Internet ou encore la traduction en espagnol et en portugais des publications relatives aux opérations de maintien de la paix. Le Groupe de Rio s’inquiète, d’autre part, des retards de versement de contribution de certains États Membres et appelle à ce que tous les Membres de l’ONU paient ce qu’ils doivent au titre de leur participation, à temps et sans condition.
M. KERRY O’BRIEN, (Australie), qui s’est exprimé au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), a noté l’augmentation de la demande concernant le déploiement d’opérations de maintien de la paix au cours des années 90. Il a souligné que les missions de maintien de la paix des Nations Unies se trouvent de plus en plus face à des situations inédites, nouvelles, et de plus en plus difficiles.
Au nom du Groupe CANZ, M. O’Brien a exprimé son inquiétude concernant la situation au Darfour. Il a rendu hommage aux personnels militaires qui s’efforcent d’assurer le succès de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). Le représentant a déploré que le gouvernement hôte de la mission continue de refuser de coopérer avec la MINUAD. Il ne faut pas que les Nations Unies suscitent des espoirs auxquels ils ne peuvent pas répondre, a-t-il poursuivi. Il faut que les missions aient des directives claires afin de pouvoir s’acquitter du mandat qui leur est confié, a ajouté le représentant, en précisant que sa délégation souhaiterait que soient publiées de nouvelles directives régissant la conduite des opérations de maintien de la paix.
Les Nations Unies doivent mettre à profit les meilleures technologies possibles, a souhaité M. O’Brien. Il a exprimé son inquiétude concernant la sécurité du personnel onusien durant les missions. Le représentant a conclu son propos en rappelant que les abus et les violences sexuelles commis par certains personnels opérant sous la bannière de l’ONU se poursuivent. Il faut adhérer à la politique de tolérance zéro, notamment en retirant du terrain le personnel incriminé, a-t-il recommandé, en appuyant la mise en œuvre de cette stratégie.
Mme REBECA HERNÁNDEZ TOLEDANO (Cuba) a noté que le maintien de la paix était l’activité de l’ONU qui utilisait le plus grand nombre des ressources dont dispose l’Organisation. Elle a ensuite constaté que non seulement ces opérations augmentent quantitativement mais qu’elles gagnent aussi en complexité du fait de leur caractère multidimensionnel. Elle a approuvé la proposition du Secrétaire général de restructurer le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) en créant et lui adjoignant le Département de l’appui aux missions (DAM), en espérant que cela permettra de relever des défis de plus en plus importants dans le domaine du maintien de la paix. Les opérations concernées ne peuvent cependant constituer une fin en soi, a poursuivi la représentante, qui a souligné leur caractère temporaire. Leur inscription dans un temps limité doit être respectée. Sans cela, il serait impossible de surmonter le cercle vicieux de nouveaux conflits et de nouvelles opérations, a noté Mme Hernandez Toledano, en appelant l’ONU à s’attaquer aussi aux causes intrinsèques des conflits.
Mme Hernandez Toledano a aussi invité le DOMP à respecter les principes de la Charte de l’ONU, en particulier la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États, ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. Elle a aussi demandé que les mandats des opérations de maintien de la paix soient réalistes et clairement définis. La représentante a ensuite souligné l’importance de la coopération entre les pays fournisseurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU, citant en particulier le Groupe de travail pertinent du Conseil. Les pays en développement contribuent à hauteur de 80% à la fourniture des personnels des opérations de maintien de la paix et ils sont les plus touchés par le manque d’interaction entre ces organes et les pays contributeurs, a-t-elle dit. Elle a aussi invité l’ONU à mieux respecter le principe de répartition géographique équitable, appelant à plus de transparence dans le processus de recrutement. Enfin, elle a indiqué attendre avec impatience que soit mis en œuvre le Mémorandum d’accord sur la politique de tolérance zéro en matière d’exploitation et d’abus sexuels commis contre les populations dans les zones accueillant des missions de maintien de la paix.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a constaté que les missions de maintien de la paix non seulement préservent la paix avec les moyens traditionnels, en surveillant les cessez-le-feu, mais qu’elles la consolident aussi par le biais d’une large gamme d’activités, comme le contrôle des élections, le désarmement des combattants ou encore la consolidation des institutions. Cependant, au vue du déploiement de plus en plus de troupes et de personnel de police dans les missions, et considérant les incidences budgétaires (plus de sept milliards de dollars), la représentante a souligné le poids que représente le maintien de la paix pour l’ONU et ses États Membres. On ne sait pas encore très bien comment les pays fournisseurs de contingents vont pouvoir subvenir aux besoins des nouvelles opérations et, en outre, la crise financière actuelle laisse craindre que les ressources essentielles à ce secteur ne seront pas fournies. Mme Viotti s’est particulièrement inquiétée du cas de MINUAD. Celle-ci souffre d’un retard important dans son déploiement, ainsi que de contraintes logistiques et financières, a-t-elle relevé.
Depuis 2004, le Brésil est un pays fournisseur de troupes pour la MINUSTAH, a poursuivi la représentante. Elle a rappelé comment les projets à impact rapide mis en œuvre par cette mission permettaient à la population d’Haïti de bénéficier des retombées économiques du processus de paix. Rappelant la situation difficile du pays, qui résulte des récents ouragans et de la crise alimentaire mondiale, Mme Viotti a exhorté tous les États concernés, en particulier les donateurs, à maintenir leur soutien à Haïti et à la MINUSTAH. Elle a aussi indiqué que l’expérience en Haïti a été une source d’inspiration lorsque le Brésil a coordonné la configuration de la Commission de consolidation de la paix pour la Guinée-Bissau. La représentante a expliqué que l’utilisation de ressources du Fonds de consolidation de la paix pour des projets à effet rapide permettra de fournir une aide immédiate dans des secteurs critiques pendant que l’on posera les fondements d’une paix durable.
M. MOHAMED SOFIANE BERRAH (Algérie) a souligné « le nécessaire soutien aux ententes régionales qui ne peut être envisagé qu’en présence d’une volonté affirmée par les organisations régionales de prendre en charge des initiatives hardies de maintien de la paix dans leurs zones respectives ». Il s’agit de « créer un système de capacités interdépendantes capables de réagir et de faire face aux exigences des opérations de paix », a indiqué M. Berrah. Le représentant de l’Algérie, qui a donné comme exemple la création prévue d’une « force africaine en attente », a noté que l’Union africaine avait aussi prévu de se doter de capacités d’alerte rapide, de médiation et de prévention des conflits renforcées. De cette manière, les pays africains entendent « ne plus dépendre de la communauté internationale pour la résolution des crises survenant sur leur continent », a souligné le représentant.
En ce qui concerne le rôle de l’ONU, la délégation algérienne estime que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) « devrait fournir davantage de précisions sur la nature et l’ambition de l’aide » qu’il peut fournir aux efforts africains. Les incertitudes qui persistent à cet égard tiennent aussi au « manque de clarté quant à la contribution » d’autres partenaires tels que l’Union européenne ou l’Alliance atlantique, a dit le représentant. Par ailleurs, l’Algérie estime que « les questions relatives à l’appui logistique et financier n’ont pas été abordées de manière satisfaisante » par les donateurs qui préfèrent se concentrer sur le financement des programmes de formation. Quant au DOMP, il s’est « davantage concentré sur les besoins des opérations en cours que sur le renforcement à long terme des capacités africaines », a fait remarquer M. Berrah.
En conclusion, l’orateur a mis en garde contre le « décalage » existant entre les mandats fixés aux missions et la réalité qui les attend sur le terrain. Ce décalage entraîne « un arbitrage permanent entre des objectifs trop ambitieux, des ressources faibles et des moyens limités face à des contraintes qui, elles, sont bien réelles en matière de sécurité et de protection des populations ».
M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a rappelé que son pays avait eu l’honneur de participer, dans le passé, à plusieurs opérations de maintien de la paix en Afrique et au Moyen-Orient. Le Soudan est favorable à l’action de l’ONU à cet égard et il souhaite qu’elle s’attache à aller à la racine des problèmes. Les Nations Unies doivent avoir une vision d’ensemble des problèmes et les pays donateurs doivent respecter leurs engagements économiques et financiers, a-t-il souligné. Il est particulièrement important de respecter les principes de la Charte en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, notamment en ce qui a trait à l’intégrité territoriale, a souligné le représentant. Il a ajouté qu’une baisse de la crédibilité de l’ONU avait pu être constatée ces dernières années.
Mon pays a respecté strictement les dispositions de la résolution 1769 (2007) concernant le déploiement d’une mission au Darfour, a-t-il assuré, rappelant les différentes étapes du processus de paix au Darfour. L’orateur a ajouté que les Nations Unies devaient privilégier la mise en œuvre de ce processus de paix. Il a souligné que son pays, de par sa taille et sa diversité, pouvait servir de modèle en ce qui concerne la résolution des conflits. Il a mis en garde contre la tentation d’exercer des pressions de l’extérieur ou d’ériger en modèles des solutions toutes faites. Concernant les opérations de maintien de la paix, il doit y avoir d’entrée de jeu une stratégie de sortie claire, et d’emblée planifiée, a-t-il dit. Il faut élaborer des programmes susceptibles d’avoir des résultats rapides sur le terrain. Les Nations Unies doivent bien montrer, par ailleurs, qu’elles font partie de la solution et non pas du problème, en s’attirant notamment la sympathie des populations, a estimé M. Mohamad.
M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a attiré l’attention des États Membres sur le rôle vital joué par les opérations de maintien de la paix. Elles permettent de réduire les tensions, de régler les différends, de maintenir la paix et d’établir un environnement favorable à la stabilité, a souligné le représentant. Les opérations de maintien de la paix sont devenues multidimensionnelles et sont chargées de tâche très diverses qui vont du renforcement de la paix à son maintien, a-t-il poursuivi.
Le représentant a souhaité que les opérations de maintien de la paix respectent pleinement les principes de la Charte des Nations Unies et le respect de la souveraineté des États. À cet égard, il a cité l’importance de l’assentiment préalable de tous les États Membres à l’envoi d’une force de maintien de la paix et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, de la part des Casques bleus. Si les principes de la Charte ne sont pas respectés, cela risque de saper les fondements des opérations internationales et risque d’accroître l’instabilité de certaines régions, a-t-il prévenu. Les forces de maintien de la paix ne sont pas une solution de remplacement visant à régler les différends, a-t-il rappelé. Il a salué les missions de maintien de la paix qui s’occupent du déminage au sud du Liban. Il a expliqué que les missions de maintien de la paix devaient être déployées pour peu de temps. Au Moyen-Orient, les missions sont là depuis des décennies, car Israël contribue à accroître la tension au détriment de ses voisins, a indiqué le représentant de la Syrie. Il a conclu son propos en dénonçant le recours par certains États à des sociétés privées pour assurer la sécurité, ce qui risque de poser des entraves au travail des missions de maintien de la paix des Nations Unies.
M. VLADIMIR ZAEMSKY (Fédération de Russie) a mis l’accent sur l’augmentation de la demande concernant le déploiement de missions de maintien de la paix. Ces missions continuent d’évoluer de manière conceptuelle et opérationnelle, a-t-il indiqué. Face à la demande croissante d’opérations de maintien de la paix, les Nations Unies ont, dans le même temps, dû augmenter leurs ressources financières et humaines, a poursuivi le représentant. Il a souhaité que les États Membres aillent plus loin dans leurs engagements, et il leur a lancé un appel. Il a souhaité que lors du déploiement d’une mission, les meilleures possibilités techniques et logistiques soient prises en compte. Le représentant a salué le travail accompli par les « agents de la paix de l’ONU », qui s’acquittent de grandes tâches.
M. Zaemsky a déploré l’échec de la Mission de maintien de la paix des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE). Concernant le Darfour, il faut réagir face aux défis qui s’y posent, a poursuivi le représentant. Il est évident que pour accroître l’efficacité des opérations de maintien de la paix, il faut accroître les partenariats, a-t-il ajouté. Il a, par ailleurs, indiqué que l’une des priorités de la Russie est le déminage des zones de conflit et le déminage sous-marin. M. Zaemsky a, au nom de son pays, indiqué que la Fédération de Russie se proposait d’envoyer un groupe aéroporté servir dans le cadre de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). « Malgré certains échecs », « les forces de maintien de la paix onusiennes jouent un rôle efficace là où elles interviennent», a conclu M. Zaemsky.
M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal), qui a rappelé que son pays figurait parmi les cinq premiers contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, a indiqué que le Népal aimerait voir un plus grand nombre de ses ressortissants recrutés dans les emplois civils des missions. Il a constaté, par ailleurs, que la question de la sécurité du personnel était devenue plus difficile à résoudre et plus complexe, se félicitant de la présentation du rapport de M. LAKHDAR BRAHIMI à ce sujet. On ne peut accepter, a-t-il ajouté, l’augmentation du nombre de victimes civiles dans le contexte du maintien de la paix. Et la protection des civils devrait être prévue dans le mandat même des opérations de maintien de la paix, en particulier en ce qui concerne la protection des femmes et des enfants.
L’une des lacunes de l’ensemble de la problématique est l’absence de stratégie de sortie et des liens possibles entre maintien et consolidation de la paix, deux étapes qui ne peuvent être séparées, a-t-il souligné. Tout en étant conscient des raisons politiques qui l’expliquent, le représentant du Népal a déploré la pratique actuelle de limiter la consolidation de la paix à quelques pays seulement, sans que soient pris en compte nombre d’autres régions où sont déployées des missions de maintien de la paix, mais pour lesquelles n’est pas prévu un processus ultérieur de consolidation.
Mme AVIVA RAZ-SCHECHTER (Israël) a exprimé la gratitude de sa délégation aux hommes et aux femmes des missions de maintien de la paix. Les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus complexes et comportent des facettes multiples, a indiqué la représentante. Israël espère pouvoir intégrer davantage son expertise au sein des Nations Unies, a-t-elle ajouté. Mme Raz-Schechter a rappelé la première mission de maintien de la paix des Nations Unies, déployée il y a 60 ans, au Moyen-Orient. Au cours de notre longue coopération avec le DOMP, nous avons tiré de nombreuses leçons, a ajouté la représentante. Elle a rappelé l’honneur qu’a eu son pays d’avoir rejoint le Comité spécial des opérations de maintien de la paix comme membre permanent.
Concernant la situation au Moyen-Orient, la représentante a indiqué que son pays souhaitait l’adoption pleine et entière de la résolution 1701. L’une des conséquences majeures de cette résolution est le déploiement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a-t-elle rappelé. Israël continue de fournir son soutien aux troupes de la FINUL, a ajouté Mme Raz-Schechter. Elle s’est dite, au nom d’Israël, préoccupée par le déploiement, aux frontières nord d’Israël, du Hezbollah qui continue d’y renforcer sa présence et de se réarmer. Ce réarmement, -activement supporté par la Syrie et l’Iran, a accusé la représentante-, constitue une menace non seulement pour la stabilité de la région mais également pour Israël et les troupes de la FINUL. Elle a conclu son propos en exprimant l’appréciation de son pays envers les efforts fournis depuis 1974 par la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement, qui a joué un rôle constructif de façon efficace là où elle est déployée.
M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a rappelé que son pays contribuait depuis 1956 aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et qu’il participait actuellement à sept missions, dont celle au Darfour où il a déployé une mission de police. Évoquant la « doctrine Capstone » (doctrine « clef de voûte ») du DOMP, il a noté que la consultation des États Membres s’était faite de manière informelle. Mais, afin de bâtir une doctrine globale, il serait souhaitable que les délégations soient consultées de manière plus formelle, a recommandé le représentant. En second lieu, M. Natalegawa a appelé à ce que les mandats donnés aux missions soient réalistes et clairs pour garantir l’efficacité et la sécurité de leurs personnels.
En troisième lieu, on ne saurait trop insister, a-t-il ajouté, sur le fait que la coopération, des consultations régulières et plus de cohérence entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat, sont essentielles au succès des missions. En quatrième lieu, l’approche adoptée doit être globale pour régler les principales causes des conflits à apaiser, a indiqué M. Natalegawa. En cinquième lieu, a-t-il poursuivi, la coopération et l’exploration de partenariats doivent être recherchées avec les organisations régionales et sous-régionales. Sixièmement, a conclu le représentant, la formation des Casques bleus est essentielle. Enfin, le représentant de l’Indonésie a estimé que la sélection des cadres supérieurs du système de l’ONU pourrait être plus « transparente » si elle reflétait les efforts et les contributions déployées et fournies par les États Membres au sein des opérations de maintien de la paix.
M. NORIHIRO OKUDA (Japon) a souligné que son pays avait, depuis son entrée aux Nations Unies, toujours appuyé les opérations de maintien de la paix. Nous souhaitons contribuer aux discussions concernant l’avenir des opérations de maintien de la paix, a dit M. Okuda, en soulignant que le Japon souhaite y jouer un rôle conséquent. Le représentant a mis en avant l’action de son pays qui a contribué à l’envoi d’officiers de maintien de la paix au Soudan. Les opérations de maintien de la paix sont maintenant hautement respectées, a-t-il noté. Il a poursuivi son propos en rappelant que la majorité des missions est actuellement déployée en Afrique et que beaucoup de ces missions se heurtent à de nombreux défis.
M. Okuda a mis l’accent sur l’assistance que son pays apporte à l’Afrique et sur le financement, à hauteur de 2,2 millions de dollars, des activités de police de l’ONU au Tchad qui visent à y protéger les travailleurs humanitaires et les réfugiés. Cette année, le Gouvernement japonais contribuera, à hauteur de 15,5 millions de dollars, aux budgets des centres d’entrainement d’opérations de maintien de la paix en Afrique, a indiqué M. Okuda. Le représentant a conclu son propos en soulignant l’importance d’un travail accru et conjoint entre le DOMP et le DAM.
M. MASON SMITH (Fidji) a fait part de la préoccupation de Fidji concernant les attaques menées contre les Casques bleus au Darfour. Il a rappelé que son pays avait toujours été favorable à la nécessité de s’assurer que le personnel sélectionné pour les missions devait avoir la formation professionnelle exigée, ainsi que le savoir-faire. Il a indiqué que les travaux de construction du Centre de formation de Fidji pour les opérations de maintien de la paix avançaient bien.
Droits de réponse
Le représentant de la République arabe syrienne a exercé son droit de réponse et a dénoncé les « allégations fallacieuses » et les propos tenus par la représentante d’Israël qui ne visent qu’à faire de la désinformation. Cela fait partie de la campagne désespérée qu’Israël mène, a-t-il ajouté. « Cet État terroriste poursuit son Holocauste quotidien dans les territoires occupés », a poursuivi le représentant syrien. Il a indiqué que son pays ne participait à aucun trafic d’armes avec le Hezbollah aux frontières syro-libanaises. Les rapports rendus par les Nations Unies ont fait état de violation, par Israël, de la résolution 1701, a-t-il dit. Le représentant de la Syrie a précisé que les propos d’Israël ne changeraient rien à la réalité. Il a cité la liste « extrêmement longue des droits violés » par Israël. « Il semblerait qu’Israël viserait systématiquement les forces de maintien de la paix, voire les officiels des Nations Unies », a-t-il dit. Il a énuméré « l’assassinat d’un membre de l’ONU en 1962 », « le bombardement d’une installation des Nations Unies en 2006 », « la dernière victime a été le commandant belge, le 5 septembre dernier, alors qu’il accomplissait une opération de déminage ». Le représentant de la Syrie a souhaité qu’Israël présente des excuses à la Commission et aux pays diffamés.
Le représentant de la République islamique d’Iran a exercé son droit de réponse et a précisé que son pays avait toujours lutté dans la région du Moyen-Orient contre l’occupation. Il a souhaité que l’arrivée « du nouveau membre du Comité spécial des opérations de maintien de la paix » n’aboutisse pas à la politisation du travail de ce Comité.
La représentante d’Israël a précisé qu’elle ne répondrait pas aux accusations formulées contre son pays. Concernant la République islamique d’Iran, elle a regretté l’« insistance de ce pays à former des combattants du Hezbollah ». L’Iran exporte des armes vers de très nombreux pays et notamment vers des pays de la région, a-t-elle accusé. Concernant la Syrie, elle a rappelé l’« insistance de ce pays à se livrer à un trafic d’armes et à aider certains groupes palestiniens au Liban », ainsi que « son aide » au lancement de roquettes contre Israël.
Le représentant de la République arabe syrienne a indiqué que ce qu’il précisait dans le cadre de son droit de réponse était conforme à la vérité et était contenu dans les rapports des Nations Unies. Israël a réussi à tromper le monde pendant un certain laps de temps mais il ne peut pas tromper tout le monde tout le temps, a-t-il indiqué. « La culture d’Israël est une culture de meurtre et de destruction. Tout cela est dans les rapports des Nations Unies », a conclu le représentant.
Le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que « les allégations d’Israël ont été entendues à maintes reprises et c’est d’ailleurs la principale cause des opérations militaires » dans la région. « Je ne ressens pas le besoin de répondre à ces allégations », a-t-il conclu.
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