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AG/EF/3216

DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT LA CRÉATION D’UN NOUVEL OUTIL DE RÉGULATION DE LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE

13/10/2008
Assemblée généraleAG/EF/3216
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

7e et 8e séances – matin et après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT LA CRÉATION D’UN NOUVEL OUTIL DE RÉGULATION DE LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE


Dans un contexte de crise financière, elles s’inquiètent vivement

de l’accentuation de la vulnérabilité des pays pauvres déjà très endettés, dont les PMA


Les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont insisté aujourd’hui sur la nécessité de réformer les institutions financières internationales et de mettre en place un système de régulation des marchés financiers qui soit indépendant et efficace. 


Plusieurs représentants, dont celui d’Antigua-et-Barbuda, qui prenait la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont en effet estimé que la situation économique actuelle démontrait un manque de légitimité dans le fonctionnement des institutions actuelles et leur incapacité à intervenir pour mettre fin au marasme financier qui frappe en ce moment le monde.  « Le système multilatéral actuel, mis en place au milieu du siècle dernier, ne semble pas en mesure d’effectuer les régulations exigées par un monde à l’économie globalisée, mais un monde qui est en même temps éclaté en un grand nombre d’États aux réalités extrêmement différentes », a renchéri le délégué de la France, parlant au nom de l’Union européenne. 


Dans ce contexte, de nombreuses délégations ont demandé que soit mis au point un nouveau cadre de régulation en matière de gouvernance économique mondiale.  Elles ont souhaité que ce dernier soit indépendant et transparent et prenne mieux en compte le point de vue et les besoins des pays en développement.  D’autres ont réitéré l’appel lancé, depuis un certain nombre d’années, en faveur de la démocratisation du fonctionnement des institutions de Bretton Woods, et plus particulièrement du Fonds monétaire international (FMI).  


Le monde financier tel que nous le connaissions a changé le mois dernier, a pour sa part constaté le représentant de la Malaisie, affirmant qu’il fallait se défaire de l’idée que, laissés à eux-mêmes, les marchés financiers peuvent s’autocorriger et fonctionner de matière autonome selon les lois de la « main invisible du marché ».  Dans ce contexte, il a suggéré de mettre au point un mécanisme qui ferait la promotion de réponses multilatérales rapides à des situations comme celles auxquelles le monde fait face actuellement.  Plusieurs délégations, comme celle du Brésil, ont par ailleurs appelé les pays développés à faire face à leurs erreurs et à les rectifier.  Elles ont souligné qu’il fallait à tout prix préserver la santé financière des pays en développement qui n’ont aucune responsabilité de départ dans l’éclatement de la crise. 


En guise de réponse, le représentant des États-Unis a assuré que son pays était engagé à œuvrer rapidement et de manière décisive pour restaurer la stabilité et la confiance envers les marchés financiers et pour assurer un impact moindre de la crise financière à l’échelle mondiale. 


Par ailleurs, les intervenants ont noté que la crise actuelle mettait l’accent sur la nécessité de régler le problème persistant de la dette.  Le représentant du Kenya, s’exprimant au nom des États d’Afrique, et la représentante du Bangladesh, qui a pris la parole au nom des pays les moins avancés (PMA) ont noté qu’en dépit de la progression des indicateurs d’ensemble disponibles dans ce domaine, de nombreux pays n’étaient toujours pas éligibles aux initiatives telles que celle en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE) ou celle relative à l’allégement de la dette multilatérale.  Face à ce constat, les deux délégations ont exhorté la communauté internationale à faire preuve de souplesse et à prendre en compte les besoins des pays les plus vulnérables.


Parmi les idées mises en exergue, le représentant de l’Inde a souhaité que soient prises de nouvelles mesures d’allégement de la dette et a même proposé que soit créée une Commission internationale de la dette, arguant que les cadres actuels d’analyse de la viabilité de la dette n’étaient ni transparents, ni objectifs.  Le délégué du Nigéria a pour sa part préconisé la mise en place d’un mécanisme de restructuration de la dette qui soit impartial, complet et transparent alors que, a-t-il estimé, le système actuel est plutôt largement favorable aux pays créditeurs. 


Outre celles déjà citées, les délégations suivantes ont pris la parole au cours des débats de la journée: Guyana (au nom de la CARICOM), Indonésie (au nom de l’ANASE), Chine, Australie (au nom du Groupe CANZ), Soudan, Colombie, Fédération de Russie, Arabie saoudite, Algérie, Ghana, Pakistan, Éthiopie, Jordanie, Ukraine, Thaïlande, Philippines, Japon, Guatemala, Jamahiriya arabe libyenne, République-Unie de Tanzanie et Iraq.  Le représentant du Fonds commun pour les produits de base est également intervenu. 


Les rapports pertinents du Secrétaire général* ont été présentés par M. Manuel Montes, de la Division de l’analyse politique et du développement au Bureau du financement pour le développement du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES), par Mme Yuefen Li, Chef de la Section de la dette et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), et par M. Khalil Rahman, de la Division des technologies et de la logistique de la CNUCED. 


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux mercredi, le 15 octobre, à 10 heures. 


* A/63/96, A/63/181 et A/63/267


QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE


--  Système financier international et développement

--  Dette extérieure et développement: pour un règlement durable du problème de la dette des pays en développement

--  Produits de base


Déclarations liminaires suivies d’une séance de questions


Le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui intervenait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a demandé comment les pays en développement pouvaient planifier leurs actions dans le contexte actuel.  Il a aussi demandé quelles leçons pouvaient être tirées des crises qui affectent en ce moment la communauté internationale en termes économiques et financiers?


Le représentant du Nigeria s’est inquiété des négociations qui sont actuellement en cours sur le document final pour la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, chargée d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, au moment où le système international financier est en pleine déliquescence.  Nous ne voudrions pas que Doha ne soit qu’un festival de paroles, a-t-il déclaré, en demandant que des actions soient lancées dans les domaines clefs lors de cette conférence. 


La représentante du Bénin a voulu connaître la perspective des panélistes en ce qui concerne l’avenir de l’économie de marché.  S’agissant de l’aide publique au développement (APD), elle a demandé comment on pouvait s’assurer que cette aide soit maintenue alors que l’économie des pays riches s’effondre.


En réponse, M. MANUEL MONTES, de la Division de l’analyse politique et du développement du Bureau du financement pour le développement du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES), a souligné l’importance pour tous les pays du monde de posséder une réglementation commune des marchés financiers et de mieux coordonner leur application au niveau national.  La Conférence de Doha pourrait encourager des recommandations dans ce sens, a-t-il indiqué. 


Mme YUEFEN LI, Chef de la Section de la dette et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a estimé qu’il était difficile de formuler des recommandations de politique générale, à ce stade de la crise.  Elle a rappelé que l’amélioration actuelle de la situation de la dette était due aux remboursements effectués par d’importants débiteurs, pays à revenu moyen, grâce aux taux d’intérêt qui ont été abaissés pendant la période écoulée et à la bonne tenue économique des pays exportateurs de produits de base.  Toutefois, elle a noté que les pays pauvres étaient plus vulnérables aux chocs extérieurs, en raison de l’étroitesse de leur assiette fiscale et d’une économie non diversifiée, notamment.  Constatant le climat de « panique généralisée » qui commence à s’installer, elle a soutenu que les créditeurs allaient bientôt réclamer le remboursement de leurs prêts et que cela engendrerait une situation difficile pour de nombreux pays et entreprises.  En ce qui concerne l’APD, elle a fait observer que ses flux étaient liés à la croissance économique mondiale.  Alors que cette croissance est revue à la baisse, la probabilité est que le niveau des flux de l’APD baisseront aussi, a-t-elle admis.  Elle a souligné que la Conférence de Doha devait donc s’assurer à ce que cela ne se produise pas. 


Enfin, M. KHALIL RAHMAN, de la Division des technologies et de la logistique de la CNUCED, a affirmé qu’on avait encore besoin des marchés, mais de marchés qui fonctionnent bien.  Il a, comme les autres panélistes, plaidé pour une solution commune à la crise et pour le lancement d’une action globale qui permettrait de faire face aux défis actuels. 


Débat général


M. BYRON BLAKE (Antigua-et-Barbuda) a pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine et s’est alarmé des graves problèmes auxquels fait face l’économie mondiale.  La récession menace, les prévisions économiques mondiales ne sont pas bonnes, la crise financière pourrait s’intensifier, et la croissance économique pourrait se ralentir de façon significative, a-t-il averti.  Il a souligné que la situation actuelle illustre le manque de légitimité des institutions financières internationales actuelles et leur incapacité à intervenir pour mettre fin au marasme qui frappe le monde.  Elles sont d’autre part incapables de promouvoir et de faciliter la prise de réponses coordonnées aux nombreuses crises qui éclatent depuis un certain temps, a dit M. Blake.  Il a fait remarquer, à cet égard, que la première action coordonnée des banques centrales des économies majeures n’est survenue que le 8 octobre, soit bien après que chaque pays ait tenté de lancer des actions isolées qui se sont révélées inadéquates.  Certaines de ces mesures prises individuellement ont vraisemblablement aggravé la situation générale, a-t-il estimé.


Déplorant que « les politiques et les actions incohérentes et fragmentées de la communauté internationale » aient entravé l’agenda international pour le développement, M. Blake a réaffirmé la pertinence des travaux de la Deuxième Commission pour la formulation de politiques macroéconomiques, la promotion de la coopération pour le développement, et la mise en œuvre des engagements pris.  Il faut une meilleure coopération entre les États Membres, a-t-il insisté.  Et alors que les délibérations prennent aussi place dans un contexte de crise alimentaire généralisée, il est essentiel que la Deuxième Commission mette l’accent sur la résolution de cette crise, a-t-il ajouté.  Rappelant par ailleurs que les pays en développement ont dû, ces vingt dernières années, se battre pour avoir accès aux marchés mondiaux et notamment à ceux des pays du Nord, le représentant d’Antigua-et-Barbuda a souhaité que la communauté internationale envoie un signal fort pour redonner confiance et renforcer la coopération, notamment s’agissant du commerce des produits de base.  Dans ce contexte, il s’est dit d’avis que la Conférence de Doha sur le financement du développement offrira l’opportunité de s’atteler à tous ces problèmes en profondeur, et non plus de manière superficielle, « si tous les États Membres s’y engagent ».  La crise financière actuelle pose un défi majeur, a-t-il rappelé.  Si la communauté internationale ne reconnaît pas ce fait dans les délibérations de la Deuxième Commission, alors elle échouera, a-t-il averti, en précisant qu’un échec n’est pas concevable.


M. PHILIPPE DELACROIX (France), qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, a souligné que les discussions de la Deuxième Commission s’engageaient dans le contexte particulier des débats à venir de la Conférence de Doha sur le financement du développement.  Il a réitéré l’attachement de l’Union européenne au Consensus de Monterrey, affirmant que ce dernier devait rester le « texte de référence » et ne devait être « ni renégocié, ni réécrit ».  Il a rappelé que si de nouvelles opportunités s’étaient créées pour le financement du développement, de nouveaux défis se manifestaient dans le même temps.  Il a noté que le système multilatéral actuel, mis en place au milieu du siècle dernier, ne semblait plus en mesure d’effectuer les régulations exigées par un monde globalisé, mais en même temps un monde éclaté en un grand nombre d’États aux réalités extrêmement différentes.  Il a souhaité que les résultats de la Conférence de Doha soient à la hauteur de ces enjeux.  Rappelant que chaque État avait la responsabilité principale de son développement, il a argué que cela passait par la mise en place d’un environnement favorable, comprenant des politiques macroéconomiques saines, des mesures renforçant la bonne gouvernance et la création de conditions favorables au développement du secteur privé. 


Par ailleurs, il a mis en avant l’importance des investissements étrangers directs (IED), précisant que le maintien et le renforcement durable de ces flux financiers devaient être assurés par un climat des affaires transparent, stable et prévisible.  S’agissant du commerce, il a déclaré que l’Union européenne était résolue à aboutir à un résultat ambitieux et équilibré en ce qui concerne le Cycle de Doha.  M. Delacroix a réaffirmé les engagements de l’Union européenne en matière d’APD, tout en soulignant l’importance de la qualité de l’aide.  Il a estimé que les résultats obtenus à Accra devaient permettre d’améliorer l’efficacité de l’aide.  En ce qui concerne le chapitre de la dette inclus dans le Consensus de Monterrey, il a constaté des avancées dans la mise en œuvre des recommandations faites dans ce domaine.  La crise financière actuelle, qui secoue de nombreux pays, montre l’interdépendance des économies et souligne la nécessité de repenser les modes de régulation collective, a poursuivi le représentant.  Il a déclaré que la question d’une rénovation de la gouvernance économique mondiale était donc posée et que l’Union européenne était pleinement engagée à traiter des questions nouvelles et émergentes ainsi que du financement nécessaire pour y répondre.  L’Union européenne est fortement engagée pour faire de Doha un succès, a-t-il conclu. 


M. GEORGE TALBOT (Guyana), qui intervenait au nom des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que la réalisation des objectifs de développement des petites économies de cette région dépendait considérablement d’un cadre macroéconomique international cohérent et qui leur soit favorable.  Il a donc regretté le manque de progrès pour pouvoir créer un environnement international favorable à la croissance et au développement, particulièrement en ce qui concerne le système financier international, la dette, l’APD et le commerce.  Il a appelé la Commission à porter une attention particulière aux conditions spécifiques des petites économies vulnérables, et a demandé que les États de la CARICOM soient considérés dans une catégorie spéciale de pays vulnérables et hautement endettés à revenu intermédiaire.  M. Talbot a estimé que même si ces réalités aient été reconnues, elles n’avaient pas fait l’objet d’actions concrètes dans les domaines financier et du commerce.  Par ailleurs, il a mis en avant le fardeau que constitue la dette pour les pays de la CARICOM.  Il a expliqué que les demandes accrues de financement du développement avaient obligé de nombreux pays endettés à procéder à des emprunts financiers de types commerciaux, notamment à la lumière des lacunes qui existent en matière d’APD.  Il a jugé impératif pour la communauté internationale de porter davantage d’attention à la situation sévère de la dette des pays vulnérables. 


Le représentant a affirmé qu’il était temps d’examiner la possibilité de mettre en place un mécanisme visant à garantir le règlement rapide des crises de la dette et le partage équitable de son fardeau entre débiteurs et créditeurs.  Il a souhaité que ce mécanisme comporte une évaluation indépendante de la situation économique des pays et fournisse des propositions sur le niveau et le type d’allégement à offrir.  Par ailleurs, M. Talbot a constaté qu’à l’aube de la Conférence de Doha, la plupart des donateurs n’avaient pas respecté leurs engagements en matière d’APD.  Il a relevé que le montant de l’APD en faveur des pays de la CARICOM continuait à diminuer, en raison notamment du classement de ces États dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Il a déclaré que la crise alimentaire actuelle illustrait clairement la nécessité d’assurer des flux accrus d’aide, qui soient prévisibles et qui permettent d’optimiser les résultats en matière de développement.  Il a aussi indiqué que la crise financière mettait en lumière la nécessité du recours au multilatéralisme pour répondre aux défis actuels.  Il a insisté sur la nécessité de réformer les institutions financières internationales pour qu’elles soient véritablement démocratiques.  De plus, il a estimé que leur mandat devait répondre aux circonstances actuelles et que ces institutions devraient faire preuve de souplesse et répondre aux plus hautes normes de transparence et pouvoir rendre compte de leurs actions. 


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a fait remarquer que personne ne sait où va actuellement le système financier international, ce qui crée de profondes préoccupations.  Il a souligné que la réponse que proposeront les Nations Unies déterminera la pertinence de l’Organisation à répondre aux divers intérêts économiques du monde entier.  Il a également plaidé, face à la profondeur de la crise actuelle, pour une action conjointe de la communauté internationale.  Chaque partie, a-t-il précisé, doit à tout prix éviter d’adopter des stratégies individuelles protectionnistes.  À cet égard, il s’est réjoui de l’engagement récent du G-7 à répondre à la crise de façon unitaire. 


C’est la tâche de la Deuxième Commission de montrer que les Nations Unies peuvent faire une différence, a-t-il insisté.  Il a souligné qu’il est maintenant impératif d’assurer une gestion correcte des politiques macroéconomiques.  Il a souhaité l’établissement d’une meilleure gouvernance au niveau international, arguant que le système financier international devrait pouvoir anticiper et éviter les crises financières.  Le représentant indonésien a également relevé l’importance d’adopter, au niveau national, des politiques fiscales et monétaires prudentes et de renforcer les cadres financiers et de régulation.  Il a notamment précisé que l’ANASE dispose d’une bonne assise économique, qui reflète en partie les réformes mises en œuvre par les États qui la composent après la crise financière de 1997.  La forte capitalisation des institutions bancaires et financières de la région et leur exposition limitée à la détérioration de la situation aux États-Unis sont des avantages importants, a-t-il fait remarquer.  Il a également annoncé que l’ANASE compte mettre rapidement en œuvre l’Initiative de Chiang Mai qui devrait permettre de fournir aux banques des liquidités à court terme à partir de réserves conjointes et autogérées.  En outre, les membres de l’ANASE ont récemment accepté de mettre en place un Bureau de surveillance macroéconomique et des finances, a-t-il ajouté.  M. Natalegawa a, enfin, fait remarquer que la crise actuelle appelle, à l’instar de celle de 1997, une réforme de l’architecture financière internationale. 


D’autre part, tout en relevant l’urgence de conclure les négociations commerciales du Cycle de Doha, il a souhaité que la République démocratique populaire lao puisse adhérer rapidement à l’Organisation mondiale du commerce.  Il a conclu son intervention en assurant la détermination des membres de l’ANASE de renforcer encore le dynamisme de la région.  À cet égard, il a attiré l’attention de la Commission sur la signature prochaine de la charte de l’ANASE, charte qui devrait transformer l’ANASE d’une association peu règlementée à une entité juridique basée sur des règles et des principes précis.


M. GEORGE O. OWUOR (Kenya), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que les efforts de développement de l’Afrique dépendaient d’un environnement socioéconomique mondial sain et complémentaire.  Il a fait remarquer que le continent africain avait fait des progrès considérables pour promouvoir la bonne gouvernance, notamment par le Mécanisme d’examen par les pairs du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Toutefois, il s’est inquiété des menaces que font peser sur ces réformes l’imminente dépression économique mondiale, dont les effets seront exacerbés par les changements climatiques, l’imprévisibilité des flux de capitaux et la faiblesse ou l’absence d’infrastructures.  Il a précisé que ces effets étaient plus prononcés en Afrique, continent qui compte la majorité des PMA du monde.  M. Owuor s’est cependant dit encouragé par les engagements de la communauté internationale envers les besoins de l’Afrique.  Il a ajouté sa voix aux appels pour une conclusion rapide et réussie des négociations commerciales du Cycle de Doha, prenant en compte la requête que les pays africains ont faite afin que soient réduites les importantes subventions agricoles accordées par les pays développés d’Europe et d’Amérique du Nord à leurs producteurs.  Doha doit aussi permettre d’améliorer l’accès aux marchés des pays développés des exportations africaines, a souligné le représentant.  Afin d’améliorer la part de l’Afrique dans le commerce international, a-t-il poursuivi, nous appelons nos partenaires au développement à fournir aux pays africains des ressources adéquates, dont des investissements étrangers directs en faveur des infrastructures de base. 


En outre, M. Owuor a exhorté ces partenaires à atteindre le montant de 72 milliards de dollars annuel de financement en faveur de l’Afrique pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tel que cela a été demandé par le Secrétaire général.  S’agissant de la dette, il a constaté que les mesures d’allégement avaient permis de réduire celle-ci en Afrique de 205,7 milliards de dollars en 1999 à 144,5 milliards en 2007.  Il a toutefois déploré que la dette privée de l’Afrique ait augmenté, passant de 92,4 milliards à 110,2 milliards de dollars au cours de la même période.  Il a ainsi appelé au renforcement des facilités créées pour alléger la dette des pays pauvres africains très endettés qui ne sont pas éligibles à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).  Le représentant a indiqué que les événements survenus récemment dans l’économie mondiale illustraient la nécessité d’un mécanisme de gouvernance du système financier international qui soit plus inclusif et sensible aux besoins de toutes les catégories de pays.  Il a appelé à une plus grande participation des pays africains dans les processus de prise de décisions des institutions de Bretton Woods notamment.  Enfin, il a souhaité que la Conférence de Doha sur le financement du développement soit l’occasion de traiter des questions macroéconomiques de manière complète et équilibrée. 


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a pris la parole au nom des pays les moins avancés (PMA) et a indiqué que la crise financière actuelle pose des risques sérieux et crée un cercle vicieux de récession dans ces pays.  Elle s’est inquiétée qu’une telle situation ne vienne saper les avancées réalisées par les pays en développement.  Les grandes économies mondiales, a-t-elle poursuivi, doivent mettre en œuvre des actions urgentes et efficaces pour contrer la crise financière.  Outre une action de réhabilitation à court terme, il est également essentiel de s’atteler aux faiblesses profondes existant dans la régulation et la gestion des risques du secteur financier, a-t-elle ajouté.  La représentante du Bangladesh a ensuite expliqué qu’en dépit d’un manque sérieux de ressources dans les pays en développement, les flux de capitaux allant de ces pays vers les pays développés continuent d’être importants, atteignant 792 milliards de dollars en 2007.  Ces flux de ressources paradoxaux, qui vont des plus pauvres vers les plus riches, renforcent un déséquilibre mondial qui doit de toute urgence être corrigé, a-t-elle insisté. 


D’autre part, Mme Jahan a fait remarquer que les flux des ressources des institutions de Bretton Woods ont, ces dernières années, été eux aussi négatifs.  Ces institutions sont actuellement en déficit, a-t-elle précisé, arguant que ce fait entrave leur capacité à jouer un rôle crédible dans le système international.  Elle a souhaité que ces institutions permettent un accès sans condition à leurs ressources, en particulier pour les PMA.  Elle a également plaidé pour une réforme de la gouvernance de ces institutions.  La représentante du Bangladesh s’est, par ailleurs, inquiétée du fardeau de la dette.  En dépit des initiatives, la dette extérieure et les obligations liées à la dette des pays en développement continuent de croître, a-t-elle déploré.  Les taux d’intérêt sur le long terme dans le monde développé ont augmenté, et la dette des pays en développement a, par conséquent, atteint des niveaux ingérables, a-t-elle souligné.  Tout en reconnaissant les bienfaits des initiatives d’allégement de la dette, elle a toutefois regretté qu’elles ne récompensent pas les pays à bas revenu qui réussissent à maintenir une dette peu élevée.  En outre, ces initiatives n’ont pas permis aux pays concernés de dégager suffisamment de ressources, a-t-elle ajouté, avant de faire remarquer que l’allégement de la dette ne devrait pas remplacer l’aide publique au développement.  Pour conclure, s’inquiétant des effets désastreux de la crise alimentaire sur les PMA, Mme Jahan a souhaité que les organisations internationales, y compris les institutions de Bretton Woods, offrent un financement rapide et favorable aux pays en développement pour leur permettre de faire face aux contraintes budgétaires qu’ils affrontent.


M. WILLIAM A HEIDT (États-Unis) a dit comprendre les inquiétudes relatives au ralentissement économique mondial, qui survient après une période de croissance sans précédent.  Il a affirmé que les États-Unis étaient engagés dans la recherche d’un dialogue constructif pour trouver les voies à suivre afin de parvenir aux objectifs de développement communs.  La situation actuelle de nos marchés ne changera pas notre engagement, a-t-il assuré.  Il a rappelé que son pays et la communauté internationale réagissaient aux crises actuelles.  Il a à cet égard cité la promesse des pays du G-7 de travailler ensemble et individuellement pour prendre des mesures décisives indispensables au maintien de la santé financière du monde.  Il a déclaré que les États-Unis continueraient à œuvrer rapidement, et de manière décisive, pour restaurer la stabilité et la confiance envers les marchés financiers, notamment par les canaux existants tels que le G-7, le G-20, le FMI et le Forum de stabilité financière (FSF).  M. Heidt a précisé que beaucoup restait à faire, mais que les États-Unis s’attacheraient à travailler avec tous leurs partenaires à travers le monde pour assurer que l’impact de la crise soit le moins possible négatif sur le système financier mondial.  Il a noté que les événements de ce week-end montraient que le système multilatéral répondait avec engagement et un sentiment d’urgence à la crise financière.  Il a ajouté que les débats de la Deuxième Commission seraient également importants et devaient être axés sur la recherche de résultats positifs.


Mme BAI YONGJIE (Chine) a averti que la crise financière se répand rapidement à travers le monde, n’épargnant ni pays développés, ni pays en développement.  Cette crise, a-t-elle précisé, montre que le système financier international a des problèmes profondément enracinés et doit être réformé en profondeur.  Elle a dès lors préconisé que les membres de la communauté internationale renforcent leur coopération pour faire face à cette crise et accélérer la réforme du système financier international, de sorte à créer un cadre institutionnel qui permette un développement sain de l’économie mondiale.  Elle a estimé que la réforme du système financier international devrait mettre l’accent sur l’établissement d’un système inclusif et ordonné qui reflète les nouveaux modèles émergents au sein de l’économie mondiale et donne plus de poids aux pays en développement dans les institutions financières internationales.  À cet égard, Mme Bai s’est réjouie des efforts déployés par le FMI depuis le début de l’année 2008, pour améliorer la représentation des pays en développement en son sein.  Le FMI, a-t-elle poursuivi, devrait jouer un plus grand rôle dans le maintien de la stabilité des marchés financiers, l’amélioration des politiques de surveillance des pays qui disposent d’une grande réserve de liquidités, et le renforcement de l’évaluation des risques créés par les marchés financiers.


S’intéressant ensuite au problème de la dette, Mme Bai a fait remarquer que l’allégement du fardeau de la dette pour les pays en développement est essentiel pour l’éradication de la pauvreté et pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  La communauté internationale, a-t-elle insisté, devrait offrir une assistance réelle aux pays en développement pour leur permettre de se sortir du cercle vicieux de la dette et parvenir au développement.  Les pays développés, en tant que créditeurs majeurs, devraient honorer leurs engagements et accroître leur aide et la portée des initiatives d’allégement de la dette, a ajouté la représentante de la Chine.  Elle a également précisé que ces initiatives devraient être mises en œuvre en conformité avec les stratégies nationales de développement.  Avant de conclure, elle s’est inquiétée des défis posés à la croissance économique des pays en développement par la montée des prix du pétrole et des denrées alimentaires.  Elle a souhaité que la communauté internationale s’attelle activement à résoudre ces problèmes et reconnaisse que la hausse des prix est le résultat d’une combinaison de facteurs et non pas uniquement attribuable à l’augmentation de la demande dans les pays en développement.  Cette conception ne reflète pas la réalité et ne contribue pas à établir une approche constructive, a-t-elle souligné.


Mme JOHANNA HART (Australie), qui prenait la parole au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a constaté la volatilité des prix des produits de base, mais elle s’est dite encouragée par la volonté des décideurs, à travers le monde, à prendre ces défis à bras-le-corps.  Elle a notamment cité le cadre complet d’action établi par l’Équipe spéciale du Secrétaire général sur la crise alimentaire, ainsi que les actions envisagées par l’Accord d’Accra, de la CNUCED.  Elle a précisé que ces mesures visaient à répondre aux questions liées aux produits de base de manière pragmatique et durable.  S’agissant de la dette, elle s’est félicitée des progrès enregistrés et visibles à travers les indicateurs de l’année 2007.  Toutefois, elle a reconnu que la viabilité de la dette restait un problème crucial pour de nombreux pays à bas revenu.  Elle a souhaité que la coopération entre toutes les parties prenantes soit renforcée afin de tirer tous les bénéfices des cadres existants, dont celui de l’Initiative PPTE et de l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale.  À cet égard, elle a appuyé les efforts visant à rendre les institutions financières internationales plus efficaces et responsables, et les a exhortées à offrir une représentation plus large aux pays en développement.  Elle a déclaré que les travaux de la Deuxième Commission devaient saluer les réformes entreprises au FMI et dans d’autres institutions à cet égard, rappelant que ce processus était continu.  Mme Hart a enfin fait part de l’intention du CANZ à prendre part activement aux négociations relatives à l’élaboration du document final de la Conférence de Doha sur le financement du développement et a encouragé toutes les délégations à œuvrer pour un usage efficace et pratique des ressources et des efforts collectivement déployés.  


Mme NADIA M. OSMAN (Soudan) a estimé que la crise de la dette devait être examinée dans le contexte des crises financière, alimentaire et énergétique, qui affectent les efforts déployés pour parvenir au développement durable.  Elle a affirmé qu’il fallait accorder une attention particulière aux problèmes de la dette auxquels font face certains pays et groupes d’États, comme les PMA qui ne font pas partie de PPTE.  Selon elle, le fardeau de la dette perpétue un cercle vicieux de la pauvreté et de la dépendance à l’aide et compromet les efforts de développement.  Elle a noté que le Soudan avait une dette extérieure de 31,9 milliards de dollars, en décembre 2007, 56% de cette somme étant constitués par des intérêts et des pénalités de paiement.  La représentante a ajouté que cette dette représentait environ 65% du PNB du pays et 468% de ses exportations. 


Outre les entraves que cet état de chose pose au développement, elle a souligné que la dette sapait les efforts du Gouvernement du Soudan pour s’acquitter des obligations des accords de paix, ainsi que ceux visant la reconstruction et la réhabilitation des zones affectées par les conflits.  Elle a demandé que la communauté internationale reconnaisse les réalisations accomplies par le pays et respecte pleinement son engagement d’assistance en faveur du processus de paix.  Des lacunes ou des retards en matière d’assistance des donateurs, ou des chocs externes, limiteraient la capacité du Soudan à s’acquitter de ses obligations, a-t-elle fait remarquer.  Mme Osman a déclaré que le pays avait entrepris une série de réformes économiques, sociales et politiques, notamment en procédant à une gestion prudente de son budget.  Elle a aussi mis en avant la création d’une Division de la dette extérieure au sein de la Banque centrale du Soudan qui, entre autres, élabore une stratégie de gestion de la dette.  Toutefois, Mme Osman a admis qu’en dépit de ces efforts, le pays n’avait pas bénéficié d’initiatives d’allégement de la dette qui demeurent, à son avis, « otages de conditions politiques ».  Elle a demandé de mettre un terme à ce type de discrimination, particulièrement envers les pays qui remplissent les critères techniques qui leur permettraient de bénéficier de ces initiatives. 


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a insisté sur l’importance de mettre en place un système international mieux régulé et structuré qui assure la stabilité du financement pour le développement.  La réforme de l’architecture financière internationale, demandée par les pays en développement depuis plusieurs années, prend aujourd’hui un caractère urgent, a-t-elle fait remarquer.  Elle a ajouté que la débâcle actuelle et le ralentissement de l’économie mondiale exigent la mise en place de politiques de surveillance et de régulation des systèmes bancaires et financiers.  En outre, elle a fait remarquer que la sévérité de la situation actuelle, dont les conséquences ont déjà commencé à se faire sentir dans les pays en développement, fait appel à un approfondissement des engagements du Consensus de Monterrey et leur respect.  La Conférence de Doha de suivi sur le financement du développement devrait offrir plusieurs opportunités à cet égard, a-t-elle précisé.


Mme Blum a relevé l’importance que les différentes propositions de réforme de l’architecture financière internationale soient centrées sur les besoins financiers des pays en développement.  Elle a également précisé que dans une situation de panique, telle que celle à laquelle on assiste aujourd’hui, il est crucial de rétablir la confiance pour assurer à tous un accès aux marchés de capitaux.  Il est également fondamental que les autorités financières internationales mettent en place des principes directeurs destinés à accroître la transparence des marchés.  Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont un rôle important à jouer pour identifier des actions et des solutions concrètes face aux effets de la crise actuelle, a-t-elle estimé.  Outre l’établissement d’une meilleure gouvernance à tous les niveaux institutionnels, la représentante colombienne a également souhaité que les pays développés s’engagent dans la mise en œuvre de mesures urgentes, à éviter que l’accès des pays en développement aux crédits et au commerce international ne soit restreint.  Pour conclure, Mme Blum a fait remarquer que la crise financière ne devrait pas faire oublier les autres problèmes, comme l’instabilité des cours des produits de base.  Elle a, dans cette perspective, relevé l’importance d’établir un système commercial multilatéral libre et juste, en particulier pour les produits agricoles.


M. ALEXANDER S. ALIMOV (Fédération de Russie) a fait remarquer que la sévère crise qui secoue les marchés financiers en ce moment exige la création d’un mécanisme de régulation qui constitue aujourd’hui une « priorité absolue ».  Il a précisé qu’il n’est pas nécessaire de reconstruire totalement le système, mais plutôt de s’atteler à corriger ses défauts en utilisant les éléments de l’architecture financière internationale existante.  Il a estimé fondamental que le nouveau système tienne compte des expériences négatives et qu’il soit plus flexible, mieux adapté aux nécessités actuelles, et mieux protégé contre les risques et les excès.  En outre, il est impératif qu’il soit juste pour tous les pays, a-t-il ajouté.  Le représentant russe a également préconisé que ce nouveau système ne soit pas orienté vers un seul pays et une seule monnaie.


M. Alimov a ensuite attiré l’attention sur les priorités identifiées par le Président Medvedev, parmi lesquelles figurent notamment la nécessité de systématiser les institutions de régulation nationales et internationales, l’importance d’assurer une transparence maximale de l’information, et l’impératif de lever les barrières au commerce international et à la circulation des capitaux.  Il a affirmé que son pays est prêt à s’engager dans un dialogue ouvert avec toutes les parties, en vue de l’édification d’un tel système.  Il a, de surcroît, annoncé que la Fédération de Russie entend faire une contribution tangible pour la création d’un système financier international durable.  Dans cette perspective, le Président Medvedev entend progresser dans l’objectif de faire de la monnaie russe, le rouble, une monnaie de réserve régionale, a-t-il précisé.  En outre, le Gouvernement russe travaille activement à établir un centre financier international en Fédération de Russie.  S’intéressant ensuite à la question de la dette, M. Alimov a plaidé en faveur de l’adoption de mesures efficaces pour éviter l’accumulation répétée de la dette dans les pays les plus pauvres.  Il a, à cet égard, appuyé la proposition d’élaboration d’un code de conduite pour des prêts responsables.  Il a également souligné que son pays entend contribuer à la solution du problème de la dette et qu’il a, dans cette perspective, effacé la dette de pays africains pour un montant de près de 10 milliards de dollars.  Un accord de règlement de la dette entre l’Iraq et la Fédération de Russie a aussi été signé cette année pour un montant de 12,9 milliards de dollars, a également précisé le représentant.


M. ALI MOHAMMED AL-ABBAD AL-HURABI (Arabie saoudite) a soutenu que son pays occupait une place unique dans l’économie mondiale, étant donné qu’il reste le plus grand producteur et exportateur de pétrole au monde.  Il a indiqué que l’Arabie saoudite occupe le premier rang dans le domaine du commerce interarabe, qui représente près de 30% du volume total du commerce national saoudien.  Le pays se place également au premier rang mondial en ce qui concerne les exportations vers les autres pays arabes, et l’Arabie saoudite est le pays arabe qui reçoit le plus d’investissements étrangers directs (IED).  Il a aussi noté que son pays était classé au 23ème rang sur 178 États en ce qui concerne la compétitivité en matière d’investissements.  Il a mis en avant les mesures prises par le Gouvernement de Ryad pour renforcer le développement économique national, notamment par le développement industriel.  Le Gouvernement saoudien a créé deux nouvelles « villes industrielles » dans les vingt dernières années pour maintenir la diversification de la base industrielle du pays et pour renforcer sa stratégie d’indépendance en termes de ressources, dit M. Al-Hurabi. 


M. D. RAJA (Inde) a fait remarquer que les effets de la crise financière commencent à se faire ressentir dans l’économie réelle.  Il a tout particulièrement souligné que même si la crise n’est pas née dans les pays en développement, elle risque d’y avoir un impact certain sur les efforts de développement.  Dans ce contexte, il a souhaité que les pays développés prennent des mesures efficaces pour faire en sorte que leurs engagements en matière de financement de développement soient tenus et ne pâtissent pas de la situation actuelle.  Il a également fait valoir que de nombreux pays en développement auront besoin de davantage de soutien pour faire face aux effets de la crise.  Le représentant indien a constaté que l’appel en faveur d’une vraie gouvernance multilatérale n’aurait pu être lancé plus vigoureusement qu’il ne l’est par cette crise financière.  La crise a également permis de tester le rôle et l’efficacité des institutions financières internationales, en particulier le Fonds monétaire international (FMI), a-t-il précisé.  Pour obtenir une vraie coordination mondiale, la pleine participation des pays en développement à la recherche des solutions est essentielle, a-t-il ajouté.  M. Raja a ainsi appelé à une réforme et à une démocratisation des institutions de Bretton Woods de manière à renforcer le poids et la participation des pays du Sud.  Une telle réforme, a-t-il souligné, devrait en outre mieux répondre aux besoins et aux préoccupations des pays touchés par les opérations de ces institutions.  Il a fortement suggéré que les Nations Unies, compte tenu de leur rôle et de leur légitimité unique, supervisent ce processus de réforme.


Le représentant de l’Inde a constaté qu’avant même les premiers signes de la crise, les pays en développement ne bénéficiaient pas d’un environnement international propice au développement.  Il a, à cet égard, attiré l’attention sur le montant des ressources qui vont des pays en développement vers les pays développés, montant qui n’a jamais cessé de croître et qui se montait en 2007 à environ 800 milliards de dollars.  S’il y a eu une augmentation des flux de capitaux privés à destination des pays en développement, ces flux ne sont toutefois pas stables et orientés vers le développement, a-t-il déploré.  En outre, l’APD continue de décliner, a-t-il déploré, faisant par là valoir la situation critique dans laquelle se trouvent les pays en développement.  Attirant ensuite l’attention de la Commission sur le fardeau de la dette, M. Raja a noté que les cadres d’analyse de la viabilité de la dette ne sont ni transparents, ni objectifs.  Il a souhaité que la communauté internationale envisage de prendre de nouvelles mesures en la matière, voir de créer une Commission internationale de la dette.  Ce nouveau mécanisme, a-t-il précisé, devrait compter avec la participation des pays en développement, et non plus se baser sur des organismes dominés par les donateurs ou sur les cadres d’action du FMI, qui sont exclusivement définis par les créditeurs.


Le monde financier, tel que nous le connaissions, a changé le mois dernier, a déclaré M. AHMAD HAMZAH (Malaisie), en précisant que ces évènements avaient démontré la fragilité des marchés, fussent-il les plus sophistiqués.  Parmi les raisons de cette crise, il a indiqué que les cadres de régulation, de reddition de compte et de surveillance n’avaient pas su anticiper les liens et les interactions des composantes complexes du système financier moderne.  Il faut se défaire de l’idée que, laissés à eux-mêmes, les marchés financiers s’auto-corrigeront, a-t-il poursuivi.  Il a estimé que cela se passerait peut-être à terme, mais que le coût social serait trop élevé et la correction trop longue à venir.  Soulignant qu’il fallait revenir « à la base », il a affirmé que la raison d’être des marchés n’était pas de permettre à des « petits génies de la finance » de s’enrichir et qu’il fallait mettre un terme au « capitalisme de casino ».  Il a suggéré de trouver un mécanisme qui fera la promotion de réponses multilatérales rapides aux situations comme celles qui existent actuellement.  Il s’est inquiété que les effets de la crise financière génèrent un élan en faveur du protectionnisme et de l’isolationnisme, dont par exemple l’introduction de nouvelles barrières telles que celles dites « vertes » de la part du monde développé. 


Par ailleurs, M. Hamzah a estimé que si le leadership des États-Unis n’était plus suffisant dans les négociations commerciales, il était cependant encore nécessaire.  La situation actuelle entrave la capacité de meneur que pouvait jouer ce pays, a-t-il ajouté.  Pour faire face à ces menaces, le représentant a estimé que le monde développé devait faire face à ses erreurs et les rectifier.  Il a notamment affirmé qu’il fallait donner leur place légitime aux économies émergentes dans le système économique mondial.  En outre, il a proposé de prendre des mesures pour assurer que tout le monde en développement serve de moteur de croissance dans de pareilles circonstances à l’avenir.  Il a dit que cela nécessitait une augmentation et une intensification de l’APD et des mesures qui lui sont liées. 


M. NOR-EDDINE BENFREHA (Algérie) a souligné que la conjoncture économique actuelle est très préoccupante en raison des effets multiples que la crise financière peut avoir sur l’ensemble des marchés et, par voie de conséquence, sur la croissance mondiale.  En effet, a-t-il expliqué, l’extrême volatilité des marchés financiers, qui est à l’origine des crises en chaîne qui touchent les marchés des produits alimentaires et énergétiques, a des effets significatifs sur l’économie réelle.  Le représentant algérien a noté que la tendance actuelle de la mondialisation des marchés n’est pas de nature à favoriser la croissance et le développement durable des pays en développement.  Elle participe paradoxalement à la marginalisation d’une grande partie de ces pays, a-t-il souligné, avant de faire remarquer que cette tendance contraignante contribue à l’anéantissement des progrès réalisés pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. Benfreha a ainsi constaté que la réforme du système financier international est plus que nécessaire pour remédier à ses dysfonctionnements structurels.  Elle devrait se faire tout en tenant compte du rôle croissant que jouent les pays en développement dans l’économie mondiale.  Il a fait remarquer que le système financier international doit s’appuyer sur des règles prudentes, non discriminatoires, et transparentes, ainsi que sur une surveillance multilatérale effective pour prévenir les crises.  Le représentant algérien a en effet estimé qu’une surveillance multilatérale adéquate est le moyen le plus sûr pour préserver les économies vulnérables des crises financières cycliques.  Il a en outre souligné que l’universalité du FMI et de la Banque mondiale est tributaire d’une participation équitable des pays en développement à leurs mécanismes de prise de décisions.  De plus, la concertation entre les institutions de Bretton Woods et les Nations Unies devrait atteindre un bon niveau qualitatif pour une mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey, a ajouté le représentant.  Pour conclure, il a déploré que la question de la dette et de l’endettement pèse toujours sur les économies d’un grand nombre de pays.  Les Nations Unies, a-t-il préconisé, devraient continuer à focaliser leurs moyens d’analyse sur l’interrelation entre le système financier international et le développement pour pallier aux aléas de la gouvernance économique et financière actuelle.


M. DAMPTEY B. ASARE (Ghana) a estimé que les pays pauvres faisaient désormais face à une « triple menace », la crise financière venant s’ajouter à la hausse des prix alimentaires et énergétiques.  Il a indiqué que pour des pays comme le sien, les coûts de la crise pourraient se faire sentir pendant longtemps.  Un déclin des exportations vers les économies avancées générera une baisse des investissements qui détériorera elle-même les conditions économiques et entraînera la faillite d’entreprises et l’éclatement d’urgences dans le domaine bancaire, a-t-il expliqué.  Il a demandé que les grandes puissances économiques prennent des actions immédiates pour lutter contre les turbulences financières et assister les pays pauvres à y faire face.  S’agissant des produits de base, il a rappelé que ces produits et leurs exportations, étaient extrêmement importants pour les pays en développement.  Tout en reconnaissant les développements récents, favorables en la matière, il a déclaré que les conditions qui prévalent actuellement au sein de l’environnement international continuaient à saper les capacités du continent africain à optimiser les gains de l’exploitation de ses ressources naturelles.  Il a souligné qu’il était de l’intérêt commun de tous les pays de s’assurer que le marché des produits de base ne soit pas une source d’instabilité macroéconomique. 


Le représentant a aussi salué les initiatives d’allégement de la dette prises ces dernières années, mais a rappelé qu’un certain nombre de pays à bas revenu avaient toujours des problèmes avec le manque de viabilité de leur dette.  Pour régler les problèmes de la dette, il a souligné l’importance de la responsabilité commune des créditeurs et des débiteurs; ainsi que le besoin d’adopter des pratiques responsables d’emprunts, de créer la transparence dans les institutions financières internationales, et de prendre les besoins de développement comme base pour l’allégement ou l’annulation de la dette.  Enfin, il s’est inquiété de l’impasse dans laquelle sont les négociations commerciales du Cycle de Doha, rappelant l’agenda en faveur du développement qui devrait régir ces discussions.  Il  a souligné la nécessité d’établir un marché international ouvert. 


M. ASAD M. KHAN (Pakistan) a rappelé que lors des débats de ces dernières années aux Nations Unies, les faiblesses du système financier international ont été mises en évidence.  Les Nations Unies avaient pressenti ce ralentissement économique et la crise financière qui vient d’éclater, a-t-il souligné.  Face à ce constat, il a plaidé pour l’adoption d’une feuille de route qui détaille des actions à court, moyen et long terme afin, notamment, de mettre un terme à la chute des marchés financiers, de contenir la contagion en essayant de prévenir les effets dévastateurs potentiels, et de retrouver la confiance des investisseurs.  Il a fait remarquer que plusieurs leçons peuvent être tirées de la crise actuelle.  Tout d’abord, s’il y a un véritable engagement et une volonté politique, des ressources financières conséquentes peuvent être dégagées rapidement, a-t-il souligné.  Il a également indiqué que l’importance de lutter contre l’opacité et les lacunes de régulation des marchés financiers mondiaux a pu être constatée.


Le représentant pakistanais s’est ensuite inquiété des répercussions de la crise sur les efforts déployés par les pays en développement, ainsi que sur les avancées qu’ils ont réalisées.  Les plus pauvres et les plus vulnérables seront les plus touchés, a-t-il averti.  Dans ce contexte, il a plaidé pour une réforme du système financier international et en faveur du renforcement de la structure de gouvernance des institutions financières internationales.  Il s’est, à cet égard, réjoui des appels lancés par la Banque mondiale en faveur d’un nouveau multilatéralisme qui aille au-delà de la finance et du commerce pour prendre également en considération les défis pressants du développement et les effets des changements climatiques.  M. Khan a souligné qu’il est maintenant temps pour les Nations Unies de prendre l’initiative de promouvoir un dialogue véritablement mondial et inclusif pour trouver des solutions aux défis actuels.  Parmi ces défis, il a tout particulièrement attiré l’attention sur le fardeau de la dette et souhaité, entre autres, que la communauté internationale analyse le problème de la dette en relation avec les chocs exogènes.  Pour conclure, il a lancé un appel pour la reconnaissance de l’importance des produits de base pour le processus de développement et a souhaité que ces produits soient en tête de l’agenda international.  Dans cette perspective, il a demandé à la communauté internationale de soutenir les efforts des pays en développement au niveau national, notamment en œuvrant à intégrer les producteurs locaux dans les chaînes d’approvisionnement internationales.


M. HIRUT ZEMENE (Éthiopie) a plaidé pour une réforme de la gouvernance des institutions financières internationales et de leurs méthodes de surveillance des marchés financiers, jugeant urgent d’introduire de nouvelles mesures visant à aider les pays à bas revenu à faire face à l’impact de la crise financière actuelle. Il a ainsi appelé à un engagement supplémentaire des partenaires en développement, particulièrement les institutions financières, en faveur des mesures multilatérales actuellement en cours d’élaboration pour lutter contre cette crise. Il a également redouté une baisse des investissements directs étrangers (IDE) et du commerce international des pays les moins avancés et non-exportateurs de pétrole, tels que l’Éthiopie, du fait de la situation actuelle. De plus, la dépréciation du dollar aura un impact sur les importations des pays en développement et des pays sans littoral, a-t-il averti.


Prenant l’exemple de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, M. Zemene s’est prononcé pour la création de mécanismes sûrs de suivi des engagements pris par les partenaires de développement, soulignant que la crise financière faisait peser une « pression insurmontable » sur les pays en développement.  Il s’est déclaré préoccupé par la baisse de l’aide publique au développement et a dit attendre beaucoup de la Conférence d’évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey qui se tiendra en novembre à Doha.  Il a expliqué que l’allégement de la dette dont avait bénéficié l’Éthiopie lui avait permis de financer des projets dans le secteur économique et social, tout en estimant que de nouvelles ressources permettraient d’aider le Gouvernement de l’Éthiopie à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a enfin appelé à une réaction internationale coordonnée à la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie, expliquant que les ressources de nombreux pays, dont l’Éthiopie, étaient consumées par les crises actuelles au lieu d’être consacrées à la réalisation des OMD.


M MOHAMMED F. AL-ALLAF (Jordanie) a noté que les pays en développement souffraient du fardeau de la dette extérieure, un problème qui se fait toujours plus aigu au fur et à mesure que passe le temps et qui menace les réformes entreprises par ces pays pour réaliser leurs objectifs de développement.  Il a soutenu que le volume de la dette extérieure avait augmenté de manière sans précédent récemment, à cause de la flambée des prix des denrées alimentaires et des produits énergétiques.  Il a souligné que le fardeau de la dette sapait les capacités concurrentielles des appareils économiques des pays en développement, le service de la dette absorbant une partie importante de leur PNB et leur infligeant des retards dans la mise en œuvre des stratégies de développement.  S’agissant de son propre pays, la Jordanie, le représentant a fait valoir que le Gouvernement cherchait à repositionner l’économie jordanienne afin de la rendre plus concurrentielle et à effacer son endettement.  Il a indiqué que ces efforts avaient porté leurs fruits et que la dette ne représentait plus que 5 milliards de dollars en 2008, son encours étant l’équivalent de 3% du PNB du pays.  Le représentant a précisé que le pays avait restructuré son économie, et avait axé l’utilisation de ses ressources pour pouvoir éponger la dette extérieure, et que la baisse de cet encours était aujourd’hui le résultat de la conclusion d’accords de rachat de la dette conclus au Club de Paris.  Toutefois, en dépit du processus de réforme et de restructuration de l’économie, la Jordanie souffre encore du poids de cette obligation, a-t-il indiqué.  Comme tous les autres pays en développement, nous restons vulnérables aux chocs extérieurs, a-t-il ajouté.  Il a insisté sur la nécessité de trouver des sources nouvelles et novatrices de financement pour lutter contre l’impact négatif de la dette sur les pays en développement et a souhaité que ces efforts se fassent de manière coordonnée sur le plan international. 


M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) s’est réjoui des mesures prises par les institutions financières internationales pour faire face aux défis posés par la crise financière actuelle.  Il a soutenu la politique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) visant à renforcer la régulation des marchés financiers et à accroître la transparence des institutions et des instruments financiers.  Toutes les mesures possibles doivent être prises pour renforcer les politiques macroéconomiques et éviter une récession globale, a-t-il averti.  M. Sergeyev a également reconnu que la dette extérieure constitue l’un des principaux obstacles au développement durable, soulignant qu’elle a des répercussions sur la stabilité économique et la sécurité des pays en développement.  L’allégement de la dette, a-t-il poursuivi, doit permettre de libérer des ressources qui puissent être directement utilisées pour des activités de développement.  Il s’est félicité que les situations des pays en développement et des économies en transition se soient améliorées ces dernières années, tout en appelant la communauté internationale à reconnaître ce progrès.  Il a par ailleurs lancé un avertissement à la communauté internationale pour qu’elle évite à tout prix une accumulation de dettes insoutenables par ces pays.


Le représentant ukrainien s’est félicité de la proposition relative à la réforme de la gouvernance des institutions de Bretton Woods et a tout particulièrement dit que son pays soutenait les efforts destinés à octroyer une plus grande représentation aux pays en développement dans la prise de décisions.  Il a estimé qu’une telle réforme était essentielle pour l’efficacité et la crédibilité de ces institutions.  M. Sergeyev a clos son intervention en assurant que son pays prend toutes les mesures nécessaires pour minimiser l’impact de la crise financière sur son économie nationale.


M. TACHASIT PRASITTIRAT (Thaïlande) a estimé que la Deuxième Commission n’aurait pu choisir un moment plus approprié qu’aujourd’hui pour débuter ses travaux portant sur les questions financières.  Tout en soulignant la responsabilité qui incombe en premier à chaque pays en matière de prévention et de gestion des crises macroéconomiques, il a fait remarquer que les efforts nationaux ne sauraient être couronnés de succès sans le soutien d’un environnement économique international stable et sûr.  Le représentant thaïlandais a, à cet égard, regretté que les institutions financières internationales, qui pourtant devraient contribuer à la création d’un tel environnement, aient toujours en place un système d’assistance et de soutien aux pays qui laisse à désirer.  Le système financier international a clairement besoin de régulation, notamment afin de freiner les flux de capitaux spéculatifs qui déstabilisent les marchés financiers, a-t-il fait remarquer.  Quant aux institutions de Bretton Woods, elles devraient de toute urgence surveiller les irrégularités financières et lancer des avertissements de manière précoce dès que cela s’avère nécessaire, a-t-il ajouté.  Il a également fait remarquer que le défi le plus ardu à relever reste pour chaque pays de trouver un équilibre entre le maintien de conditions attractives pour les investisseurs et une exposition minimale aux fuites de capitaux à court terme.


Tout en soulignant que l’impact, qu’aura la crise financière sur chaque pays, n’est pas encore complètement connu, M. Prasittirat a constaté que la crise alimentaire a frappé de nombreux pays, dont les pays les moins avancés (PMA).  Il a tenu à assurer que son pays n’imposerait aucune restriction à ses exportations de denrées alimentaires, en espérant que cette mesure contribuera à calmer la flambée des prix des denrées alimentaires et notamment du riz.  Enfin, rappelant que la spéculation a joué un grand rôle dans le déclenchement de la crise alimentaire actuelle, il a encouragé la communauté internationale à lutter contre les distorsions causées par les spéculateurs, qui affectent le marché des produits de base, qu’il s’agisse de celui des produits alimentaires ou de celui des produits énergétiques.


Estimant qu’il n’y avait aucun doute concernant un déclin de la croissance de l’économie mondiale, M. GUILLERME PATRIOTA (Brésil) a déclaré qu’il fallait que tous les pays travaillent ensemble pour prévenir une détérioration supplémentaire des perspectives économiques mondiales.  Il a déclaré que des modifications importantes du cadre de régulation actuel, qui s’est avéré inefficace, étaient nécessaires.  Il a salué l’action coordonnée prise récemment par les banques centrales de pays développés et d’États en développement, mais a estimé que les Nations Unies ne pouvaient ignorer cette question.  À cet égard, il a rappelé l’appel de plusieurs délégations en faveur de la tenue d’un dialogue de haut niveau visant à examiner l’architecture financière internationale.  En outre, il a noté que la crise actuelle mettait l’accent sur la nécessité de régler le problème de la dette, puisque selon lui, la persistance de cette question fait partie de l’instabilité qui mine les marchés.  Il a rappelé que de nombreux pays n’avaient pu être inclus dans les initiatives d’allégement de la dette. 


Le représentant du Brésil a fait valoir que la crise que le monde traverse actuellement allait peut-être empêcher les pays en développement de rééchelonner leur dette dans les délais.  Il a demandé que la communauté internationale soit particulièrement sensible aux besoins des pays en développement en la matière, y compris à ceux des pays à revenu intermédiaire.  Il a argué que tous les efforts devaient être faits pour préserver la position des pays en développement sur les marchés de crédits, pour que les effets de la crise ne se propagent pas au monde en développement.  La santé financière des pays en développement, acquise par le biais de processus d’ajustement douloureux, doit être assurée, a-t-il insisté.  Le représentant a enfin noté que la Conférence de Doha serait l’occasion de réaffirmer les engagements du Consensus de Monterrey, et il a rappelé que la Deuxième Commission jouait un rôle clef en ce qui concerne les discussions relatives au système financier et aux produits de base. 


M. EDUARDO MEŇEZ (Philippines) a déclaré qu’il serait intéressant pour la Deuxième Commission d’entendre de nouveau M. Nouriel Roubini, Professeur à l’Université de New York, sur la crise financière, en rappelant que M. Roubini avait prévu la situation à laquelle le monde fait actuellement face devant cette même Commission l’année dernière.  Il a également estimé que les discussions actuelles sur la déclaration finale de la prochaine Conférence de Doha devaient refléter l’impact de la crise actuelle sur le Consensus de Monterrey.  Par ailleurs, la gravité de la situation que nous vivons actuellement, a-t-il ajouté, doit convaincre tous les gouvernements de rechercher des solutions immédiates et de s’entendre pour éviter que des crises similaires ne se reproduisent.  M. Meňez a enfin affirmé que les organisations régionales telles que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est et l’Association de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) devront débattre de réponses coordonnées à apporter à cette crise dans le cadre d’une approche plus large.  À ce titre, il a noté que la Présidente des Philippines, Mme Gloria Macapagal-Arroyo, avait appelé aujourd’hui l’ANASE, ainsi que la Chine, le Japon et la République de Corée, à se réunir en marge de la prochaine réunion Asie-Europe pour aborder ces questions.


M. PAUL LOLO (Nigéria) a souligné qu’alors que la crise financière bat son plein, les populations des pays en développement et des pays développés assistent, impuissantes, à l’érosion des barrières de sécurité qu’elles pensaient avoir construites.  Il a fait remarquer que cette crise n’était pas imprévisible, du moins aux yeux des pays en développement, en raison du manque flagrant de gouvernance au sein du système financier international.  Ces lacunes, a-t-il précisé, ont aggravé les déséquilibres, les deux poids deux mesures, et le manque de transparence du système.  Malheureusement, la communauté internationale doit encore comprendre le message et réagir, a-t-il déploré.  Il a expliqué que les pays en développement regardent avec intérêt la rapidité avec laquelle les pays du G-7 répondent à cette crise financière.  Il a, à cet égard, souligné qu’il est évident que lorsqu’il y a un engagement et une vraie volonté politique, les ressources peuvent être mobilisées à temps, pour contrer les effets de la crise sur le court terme, tout en assurant la mise en place de mesures de régulation.  M. Lolo a souligné que les actions prises par le G-7 pour répondre à la crise montrent qu’il serait possible de faire davantage pour l’aide publique au développement et les autres engagements internationaux.


Le représentant nigérian a ensuite préconisé que soit mis en place un mécanisme de restructuration de la dette qui soit impartial, complet et transparent.  Le système actuel, a-t-il souligné, est largement favorable aux pays créditeurs.  Il a également expliqué que bien que son pays soit sorti du Club de Paris, il n’en est pas davantage sorti du problème de la dette extérieure.  Il a souhaité que la communauté internationale s’attelle à la question de la viabilité de la dette pour y répondre de manière appropriée.  M. Lolo a également souhaité que l’Assemblée générale lance un appel clair et fort qui dénonce les conséquences, pour les efforts de développement des pays en développement, de certains des plafonds budgétaires imposés par le Fonds monétaire international.  Il a en outre relevé l’importance de faire en sorte que les règles de prêts soient sous-tendues par un principe de partage des risques, de sorte à protéger les emprunteurs de certains prêteurs de fonds véreux.


M.KENJU MURAKAMI (Japon) a mis en avant les actions entreprises par son pays pour faire face aux turbulences financières actuelles.  Il a constaté que l’économie mondiale allait certainement connaître un ralentissement marqué, et que le resserrement des conditions d’octroi de crédits allait augmenter le risque de ralentissement des flux de capitaux privés vers les économies émergentes.  Il a fait valoir que la Banque du Japon avait pris des mesures coordonnées avec d’autres banques centrales pour fournir des liquidités en dollars des États-Unis notamment.  Il a précisé que le Japon avait fourni 20 milliards de dollars la semaine dernière et a annoncé que davantage serait fait dans les semaines à venir.  Le représentant a en outre rappelé l’annonce qu’ont faite les Ministres des finances du G-7 et les Gouverneurs des banques centrales de prendre des actions décisives pour appuyer les institutions financières.  Il a ajouté que ces engagements du G-7 avaient été appuyés par le FMI.  Il a soutenu qu’afin de minimiser une réaction en chaine de la crise financière, au cours du week-end dernier à Washington, le Gouvernement du Japon avait suggéré de créer, sous les auspices du FMI, un schéma pour offrir des prêts d’urgence aux pays qui sont aux prises avec ces turbulences financières.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTTIÉRREZ (Guatemala) a estimé ironique que les questions qui intéressent la Deuxième Commission aujourd’hui soient justement les principaux vases communicants existant entre les économies industrialisées et les économies en développement, qui sont la raison de la propagation des effets de la crise financière actuelle.  Aucun pays n’est à l’abri des effets pernicieux de la crise, a-t-il averti.  Il a fait remarquer qu’en l’absence d’une réglementation appropriée, il y a un risque d’accumulation par les pays de dettes impossibles à rembourser.  Il a expliqué que la pénurie de capitaux et le climat de méfiance ont propagé cette crise bancaire aux économies industrialisées et, ensuite, aux autres pays, dont les pays en développement.  Cette réaction, a-t-il précisé, confirme le caractère interdépendant de l’économie mondialisée.  Il a, à cet égard, préconisé que les réactions soient, dès lors, concertées.  Il a fait remarquer que les premières réactions face à la crise, qui sont certes audacieuses, mais lancées de façon non coordonnée, n’ont pas porté leurs fruits.  Ce n’est que lorsque les pays se mettront ensemble qu’une réponse adéquate pourra être trouvée, a-t-il insisté.


Faisant observer que laisser les marchés agir sans entrave et sans réglementation a montré ses limites, il a relevé la nécessité d’opérer une réforme du système financier international et des institutions de Bretton Woods.  À la veille de la Conférence de Doha sur le financement du développement, il importe que la communauté internationale se pose la question de la nécessité d’une telle réforme, a-t-il souligné.  Il a également relevé l’importance de faire face à cette crise, mais aussi aux éventuelles crises qui éclateront dans l’avenir.  Il a ainsi espéré que les travaux de la Deuxième Commission permettront de préparer le succès de la Conférence de Doha.


M. MOHAMED A.A. ALHRAF (Jamahiriya arabe libyenne) a indiqué que les pays développés devaient faire preuve de volonté politique et mieux comprendre les pays en développement de façon à apporter de véritables réformes au fonctionnement des institutions financières internationales.  Il a notamment insisté sur l’importance de donner plus de voix aux pays en développement au sein des institutions de Bretton Woods et de mettre en place un mécanisme de contrôle et de surveillance des marchés financiers.  Il a souligné l’importance stratégique des produits de base, source principale de revenu des pays en développement, qui en dépendent pour financer leur développement socioéconomique.  Tout en notant la hausse des prix de certains de ces produits, il a néanmoins noté que les États qui dépendaient d’un seul produit risquaient de subir davantage les effets des chocs externes.  Il a appelé la communauté internationale à les aider à diversifier leur production et à leur accorder un meilleur accès aux marchés internationaux.  Par ailleurs, il a mis en avant la nécessité de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations commerciales du Cycle de Doha.  À cet égard, il a affirmé que les pays développés devaient faire preuve de souplesse et de volonté politique.  Il a en outre rappelé qu’il fallait placer les besoins des pays en développement au cœur de ces négociations.  Le représentant a par ailleurs souhaité que la dette des pays en développement soit annulée afin que ceux-ci, et particulièrement les PMA, puissent affecter cet argent à la lutte contre la pauvreté et la faim.  


Notant la croissance économique encourageante de l’Afrique ces dernières années, il a estimé que la poursuite de ces efforts exigeait que l’on s’attaque aux lacunes existant en matière d’APD.  Il a de plus demandé une assistance en faveur des pays africains en ce qui concerne l’atténuation des conséquences des changements climatiques et celles de la crise alimentaire.  Dans cette perspective, il a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre rapidement les engagements pris lors de la Réunion de haut niveau sur les besoins de l’Afrique, tenue à la mi-septembre.  Enfin, il a souligné la détermination de son pays à améliorer ses performances économiques, notamment en créant un climat toujours plus favorable aux investissements étrangers.


M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a souhaité que la communauté internationale lance une action multilatérale concertée pour faire face aux effets des crises actuelles, ces dernières menaçant de saper les avancées de ces dix dernières années.  Il y a un danger de pousser des millions de personnes sous le seuil de la pauvreté et d’inverser les acquis de nombreux pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il averti.  Il a expliqué que son pays a cherché à maintenir sa stabilité macroéconomique.  La croissance économique a atteint 7,2% l’an dernier en Tanzanie et les exportations y ont augmenté de 30%, s’est-il réjoui.  Toutefois, il a indiqué que depuis quelques mois, la Tanzanie a connu une augmentation importante de l’inflation.  En ce qui concerne la dette, M. Mero a expliqué que son pays continue de bénéficier d’un allègement, en vertu de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés.  À la fin décembre 2007, le Gouvernement tanzanien avait reçu un allégement de la dette de 2 milliards et 301,7 millions de dollars de la part des institutions multilatérales, de 867,6 millions de dollars de la part du Club de Paris, de 184,6 millions de la part d’États non membres du Club de Paris, et d’un montant de 171,2 millions dollars provenant du rééchelonnement de la dette, a précisé M. Mero.  Le représentant tanzanien a souligné que son pays, conscient de l’humiliation causée par l’endettement, a pris des mesures prudentes pour réduire sa dépendance aux ressources financières externes.  Dès lors, l’année prochaine, le budget national sera financé par les revenus strictement nationaux, a-t-il notamment indiqué.  M. Mero a par ailleurs déploré l’échec des négociations commerciales du Cycle de Doha, relevant à cet égard l’importance que ces discussions revêtent pour son pays, qui est très dépendant de l’agriculture.  Il a estimé que l’agenda de Doha pour les produits de base devrait être redéfini et a appelé les partenaires au développement à s’engager en faveur de l’Initiative d’aide au commerce.


Mme KAUTHER SAFAA AHMED (Iraq) a fait part de la détermination de son pays à traiter du problème des dettes accumulées lors du précédent régime.  Elle a précisé que des négociations avaient été entreprises avec le Club de Paris, et que l’Iraq avait réglé ses dettes avec 37 autres États.  Elle a souligné que le pays possédait des richesses humaines et matérielles importantes, mais que les dettes de la guerre héritées de « la période de la dictature » entravaient sa reconstruction.  Elle a demandé une participation efficace de la communauté internationale pour libérer l’Iraq des conséquences de ces dettes et créer un environnement favorable à la promotion de l’investissement.  Elle a remercié les Émirats arabes unis, qui ont annulé toutes les dettes de l’Iraq, et a exhorté tous les amis et partenaires internationaux du peuple iraquien à suivre cet exemple pour aider l’Iraq à surmonter cette étape critique de son histoire.  Rappelant que l’objectif ultime était de réaliser le développement économique durable du pays, elle a mis en avant les succès importants obtenus par le Gouvernement de l’Iraq au niveau économique, dont la réduction des taux d’inflation et de chômage.  De plus, elle a indiqué que le pays s’efforçait de réduire le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement, et de réaliser la sécurité alimentaire pour sa population.  La représentante a enfin réitéré l’appel lancé par sa délégation à tous les États afin qu’ils suivent l’exemple des pays qui ont aidé l’Iraq en réduisant ou en éliminant toutes ses dettes.  Cela permettra à l’Iraq de prendre sa place dans la construction économique internationale, a-t-elle assuré. 


M. ALI MCHUMO, Fonds commun pour les produits de base, a affirmé que, du fait de la crise alimentaire mondiale, il était désormais clair pour la communauté internationale que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne pourraient être atteints sans prendre en compte le secteur des produits de base.  Expliquant que ces matières premières étaient vitales pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, et qu’elles représentaient le principal moyen de subsistance dans la plupart des économies de pays en développement, il a jugé nécessaire de se pencher sur les conditions structurelles du marché des produits de base pour trouver une solution à la crise alimentaire.  C’est une nécessité renforcée par la phase de baisse des prix de ces produits dans laquelle le monde semble être entré et qui pourrait avoir un grave impact sur l’économie des pays dépendants des exportations de produits base, a-t-il indiqué.


Afin de parvenir à un cadre global débouchant sur des solutions durables, le Fonds commun pour les produits de base a crée l’Initiative globale sur les produits de base, en collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, a expliqué M. Muchmo. Cette initiative pourrait servir de point de départ pour parvenir à un consensus mondial soutenu par toutes les parties prenantes et géré par tous les décisionnaires politiques et économiques aux niveaux national et international, a-t-il affirmé.  Il a conclu en jugeant nécessaire la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale appelant la communauté internationale à renforcer la base des ressources du Deuxième compte du Fonds commun pour les produits de base, afin d’aider cette institution à financer de nouveaux projets dans les pays en développement.


Documentation


Rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/63/96)


Le présent rapport retrace les évolutions récentes des flux internationaux de capitaux publics et privés vers les pays en développement et les difficultés créées au plan international par la crise financière.


Le document indique que les importants transferts nets de ressources financières des pays en développement vers les pays développés se sont poursuivis et même accrus, pour atteindre 792 milliards de dollars en 2007.  Par ailleurs, il relève une augmentation des apports de capitaux du secteur privé vers les pays en développement, l’investissement étranger direct (IED) ayant connu une hausse notable en 2007, sans subir de répercussions perceptibles de la crise financière ou de celle du crédit.  Toutefois, le Secrétaire général estime dans ce rapport que, sur fond de faiblesse persistante des marchés financiers mondiaux, les menaces à la stabilité du système se sont intensifiées, notamment suite à la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie.


En outre, le rapport met en avant le décalage entre les objectifs et les résultats en matière d’aide publique au développement (APD).  Selon les engagements pris lors de la Conférence de Monterrey en 2002 et lors du Sommet du G-8 de Gleneagles en 2005, l’aide publique au développement (APD) des principaux donateurs devait augmenter de plus de 60% entre 2004 et 2010.  À mi-parcours de cette période, l’APD des donateurs membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) n’a pourtant augmenté que de 15%, note le Secrétaire général.  L’APD des principaux donateurs, qui avait atteint 0,33% du PNB total des donateurs en 2005, est retombée à 0,31% en 2006 et 0,28% en 2007, déplore-t-il.


S’agissant de la crise des marchés du crédit, le rapport explique que, depuis plusieurs années, une forte croissance mondiale, et des taux d’intérêt relativement bas s’accompagnant d’une demande accrue d’avoirs à rendement et risque plus élevés, ainsi qu’une innovation financière rapide ont généré un desserrement des conditions d’octroi des prêts.  La correction de cette accumulation de carences a débuté au printemps de 2007 et, en juillet et août, sur fond d’incertitudes concernant la solvabilité de nombre d’institutions financières des États-Unis et d’Europe, constate-t-il.


Le document souligne que les efforts consacrés à répondre à la crise du marché des prêts hypothécaires à risque (« subprimes ») aux États-Unis ont soulevé des problèmes de politique générale supplémentaires touchant: l’amélioration de la structure de gouvernance des institutions financières internationales; le renforcement des bases de la surveillance et de la coopération sur les politiques relatives aux questions systémiques essentielles; l’étude du rôle du financement public des pays émergents et en développement; et la clarification des modalités qui doivent régir les rapports avec les pays à faible revenu.  La crise financière actuelle met en lumière, une fois de plus, les aspects multilatéraux indispensables à la création et au maintien de marchés financiers sains, soutient le Secrétaire général dans ce rapport. 


Parmi ses autres conclusions, le rapport préconise de redoubler d’efforts en faveur de la réforme des structures de gouvernance des institutions financières internationales.  S’agissant de la stabilité financière au niveau mondial, il est d’une importance capitale de parvenir, par la coopération, à un consensus sur le rôle que doit jouer le FMI en matière de surveillance et sur ses principales attributions, y indique M. Ban Ki-moon.  Le document recommande aussi de renforcer les instruments d’aide aux pays à faible revenu, qui sont aux prises avec de fortes hausses des prix des produits alimentaires et de l’énergie.


Rapports sur les questions de politique macroéconomique


Le rapport intitulé « Vers une solution durable aux problèmes de la dette des pays en développement » (A/63/181) passe en revue l’évolution récente de la situation concernant la dette extérieure des pays en développement et décrit les progrès accomplis dans le cadre des initiatives d’allègement de la dette et de son rééchelonnement par le Club de Paris.  Ce rapport montre que les ratios d’endettement moyens des pays en développement ont continué de s’améliorer en 2007, mais qu’il existe d’importantes disparités entre pays.  Plusieurs pays à faible revenu enregistrent un déficit de leurs comptes courants et doivent faire face à la détérioration de la situation extérieure. 


En effet, le rapport indique qu’alors que la moyenne d’un pays à un autre révèle une réduction nette de l’endettement extérieur des pays en développement et en transition, il apparaît que par-delà les moyennes, cette amélioration est imputable en partie aux résultats obtenus par un petit nombre de grands pays et à ceux de quelques pays qui, au milieu des années 90, avaient des ratios d’endettement extrêmement élevés.  En outre, l’amélioration des ratios d’endettement est due en partie à une conjoncture extérieure favorable qui joue un rôle important dans l’évolution de la dette extérieure des pays en développement.  Une crise économique dans le monde développé et une aversion plus grande au risque de la part des investisseurs internationaux pourraient inverser la tendance favorable actuelle, souligne le rapport.  De fait, il existe déjà des signes indiquant qu’il s’agit là d’une possibilité à prendre au sérieux.


S’agissant de l’allègement de la dette, le rapport indique que depuis le début de 2007, les progrès réalisés dans le cadre de l’Initiative PPTE renforcée se sont poursuivis à un rythme moins rapide.  Le temps moyen nécessaire aux pays entre le point de décision et le point d’achèvement a augmenté et approche maintenant les quatre ans (contre deux ans pour les pays qui ont participé à l’initiative d’origine).  Le rapport indique aussi que l’allègement de la dette ne garantit pas en soi que les pays ayant atteint le point d’achèvement atteindront des niveaux d’endettement viables à long terme.  Ces pays sont encore confrontés à plusieurs défis, notamment l’accroissement de la diversification des exportations, le financement des stratégies de réduction de la pauvreté, la gestion des chocs externes, l’amélioration de l’utilisation des ressources et l’adoption de pratiques efficaces de gestion de la dette.


Le rapport sur les Tendances et perspectives des produits de base (A/63/267) souligne que depuis 2002 les cours des produits de base sont à la hausse, une hausse très large qui s’est accélérée au cours des 18 derniers mois dans tous les principaux groupes de produits de base.  Dans ce rapport, le Secrétaire général explique qu’alors que cette augmentation des cours des produits de base a amélioré les perspectives de croissance et de développement des pays qui les produisent, la flambée des cours des combustibles et des denrées alimentaires est préoccupante, en raison de ses conséquences sur la croissance économique mondiale et sur la réduction de la pauvreté.


Le commerce des produits de base est d’importance vitale pour les pays qui en sont exportateurs comme pour ceux qui en sont importateurs, poursuit le rapport.  Un grand nombre de pays en développement, et notamment les plus pauvres, sont très dépendants des exportations de produits primaires.  Ces exportations sont d’importance critique pour l’emploi et le revenu, et sont également une importante source de recettes publiques, qui, pour une large part, sont affectées au financement du développement.  D’autre part, les pays importateurs ont besoin d’avoir un accès prévisible et d’un coût raisonnable aux matières premières, afin d’entretenir la croissance de leurs industries et de satisfaire la demande de consommation de leurs populations.  Le rapport souligne à cet égard que les turbulences récentes observées sur les marchés des produits de base ont montré que tous les pays ont intérêt à s’assurer que ces marchés ne deviennent pas une source d’instabilité économique mondiale et de troubles sociaux et politiques.


Le rapport déplore que les membres de l’Organisation mondiale du commerce n’aient pas pu se mettre d’accord sur la réforme des prix des produits agricoles.  Or, les cours très élevés des produits agricoles diminuent la portée des arguments avancés pour maintenir les subventions élevées qui sont versées à leurs producteurs, ainsi que le degré de protection élevé des produits agricoles, souligne-t-il.  Il ajoute que la douzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement a examiné de façon détaillée la problématique des cours des produits de base, et qu’on s’y est mis d’accord sur les mesures à prendre pour résoudre les problèmes importants de commerce et de développement associés à l’économie des produits de base.


Enfin, l’action menée pour tenter de résoudre la crise alimentaire mondiale, qui est causée par le renchérissement des denrées alimentaires, a pris de l’ampleur.  Après la Conférence de haut niveau tenue à Rome en juin 2008 sur la sécurité alimentaire, l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire a produit en juillet 2008 un plan d’action détaillé, pour résoudre la crise mondiale des prix des denrées alimentaires de façon cohérente et coordonnée, est-il stipulé dans ce rapport.

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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