AG/EF/3211

SUR FOND DE CRISE FINANCIÈRE, LA DEUXIÈME COMMISSION ENTEND ENVOYER DES MESSAGES CLAIRS POUR TRAITER DES DÉFIS MONDIAUX ACTUELS

06/10/2008
Assemblée généraleAG/EF/3211
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

2e et 3e séances

Matin et après-midi


SUR FOND DE CRISE FINANCIÈRE, LA DEUXIÈME COMMISSION ENTEND ENVOYER DES MESSAGES CLAIRS POUR TRAITER DES DÉFIS MONDIAUX ACTUELS


« Un avertissement qu’on ne peut ignorer », « ce que la mondialisation peut avoir de pire », « une crise du développement ».  Ce sont les mots choisis aujourd’hui par les membres de la Deuxième Commission (économique et financière), au premier jour de leur débat général, pour décrire l’impact des crises alimentaire, énergétique, financière et des changements climatiques sur la réalisation des objectifs internationaux de développement. 


Réunis dans un climat qu’ils ont qualifié de « sombre » et « grave », les États Membres ont souligné l’importance particulière des travaux de la Deuxième Commission, au cours des semaines à venir, pour traiter des défis mondiaux actuels. 


Si nous devons retenir une leçon des crises que nous affrontons actuellement, c’est que retarder nos actions ne peut que rendre les choses plus difficiles, a averti Mme Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en affirmant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient en péril. 


Elle a estimé, comme de nombreuses délégations, qu’il fallait réformer les mécanismes de régulation et de supervision internationale, d’une part, et augmenter l’aide publique au développement (APD) d’autre part; mieux coordonner l’aide, réduire les subventions agricoles dans les pays industrialisés et investir davantage dans les infrastructures du monde en développement.


Pour sa part, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, Sha Zukang, s’est inquiété que les mesures relatives à l’aide, au commerce ou encore à l’allégement de la dette deviennent otages de la situation d’ensemble actuelle, alors que son Département estime que la croissance économique mondiale pourrait tomber à moins de 2% en 2008.


Il a rappelé le rôle central de la Deuxième Commission pour traiter des défis actuels et envoyer un message clair, dans ses diverses résolutions, selon lequel  « les forces du marché doivent s’accompagner d’un contrat social plus inclusif » .


Outre la nécessité de renforcer les mécanismes de contrôle et de surveillance financiers, la Présidente de la Deuxième Commission, Mme Uche Joy Ogwu (Nigéria), a affirmé que les États Membres devaient, par leurs travaux, lancer un appel en faveur de la reprise et de la conclusion positive du Cycle de négociations commerciales de Doha et pour que la réunion de Poznań sur les changements climatiques aboutisse à des actions claires permettant de parvenir à un régime post-Kyoto d’ici à 2009.


Le représentant d’Antigua-et-Barbuda, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et celui de la France, au nom de l’Union européenne, ont de plus, comme de nombreuses délégations, mis en avant l’importance de parvenir à un résultat substantiel lors de la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, chargée d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, qui doit se tenir du 29 novembre au 2 décembre 2008, à Doha.


La majorité des délégations, comme celle de l’Ouganda, de l’Indonésie, qui parlaient au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), ou encore du Mexique, représentant le Groupe de Rio, ont mis l’accent sur la nécessité pour les États de renforcer le partenariat mondial et de travailler en coopération pour répondre aux défis mondiaux qui se posent actuellement en matière de développement.  Aucun pays ne peut y faire face seul, ont-ils rappelé de concert. 


Invité pour faire une déclaration liminaire à l’occasion de cette première journée de débat général, M. Ricardo Hausmann, Directeur du Centre de développement international de l’Université Harvard et professeur de développement économique à l’École de gouvernement Kennedy, a mis en en avant les moyens à mettre en œuvre pour relever les défis de développement actuels et rendre le monde plus équitable. 


Il a insisté sur l’importance des taux de croissance à long terme, liés selon lui aux exportations.  Les pays ne deviennent pas plus riches en exportant davantage les mêmes produits, mais plutôt en diversifiant leurs exportations, a-t-il fait remarquer.  Parlant d’une « sophistication des exportations », il a affirmé que les ressources brutes devaient être transformées en produits finis à valeur ajoutée, ce qui passe par la mise en place d’infrastructures, de réglementations et de spécialisations supplémentaires et diversifiées.


Outre celles déjà citées, les délégations suivantes ont pris la parole lors du débat de la journée: Bangladesh (au nom des pays les moins avancés), Japon, États-Unis, Tunisie, Brésil, Kenya (au nom du Groupe africain), Fédération de Russie, Chine, Algérie, Jamaïque, Inde et Colombie.  Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) est aussi intervenu. 


La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mardi 7 octobre, à 10 heures. 



Déclarations liminaires


Mme UCHE JOY OGWU (Nigéria), Présidente de la Deuxième Commission au cours de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a déclaré que les récentes turbulences financières, la crise mondiale alimentaire, les prix croissants de l’énergie et les effets des changements climatiques, prouvaient plus que jamais que les États du monde étaient interdépendants et qu’il fallait répondre par des solutions globales à tous ces défis.  Elle a dit qu’il fallait rester engagé envers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et ne pas se servir de la crise financière actuelle « comme d’une excuse pour ne pas honorer les engagements précédents ». 


La Présidente a déclaré que cette année marquait une étape importante pour la réalisation des OMD, car la communauté internationale se trouve à mi-parcours du délai d’exécution de ces Objectifs, qui avait été fixé à l’année 2015.  Nos réponses à ces nouveaux défis –la crise financière, la crise alimentaire mondiale, la crise énergétique et les changements climatiques— détermineront notre succès à parvenir aux OMD, a-t-elle estimé.  Mme Ogwu a souhaité que la Deuxième Commission envoie un message clair, démontrant la détermination des pays à travailler ensemble et à traiter de ces questions, même s’ils sont affectés de manière diverses par ces crises.  S’agissant de la crise financière, elle a demandé « que New York et Doha montrent comment la traiter et comment renforcer les mécanismes internationaux de contrôle et de surveillance des mécanismes financiers, afin de réduire ce type de risque à l’avenir ».  Concernant la crise alimentaire, la Présidente a espéré que la Commission lancerait un appel ferme et clair en faveur de la pleine mise en œuvre de l’Agenda de Rome, afin que le monde puisse faire des progrès en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et contre la faim.  Elle a aussi souhaité que les États Membres lancent un appel en faveur de la reprise et de la conclusion positive du Cycle des négociations commerciales de Doha, ce qui donnerait à l’économie mondiale la relance dont elle a tant besoin.  La Présidente a enfin demandé aux délégations de lancer un appel urgent pour que la réunion de Poznań sur les changements climatiques aboutisse à des actions claires permettant un terme positif aux négociations portant sur un régime post-Kyoto d’ici à 2009. 


Mme Ogwu s’est dite convaincue qu’au cours des prochaines semaines, ces messages seraient formulés par les délégations et que la Commission redoublerait d’efforts pour assurer que les OMD deviennent une réalité pour les personnes les plus désavantagées de la planète. 


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a fait observer que la Deuxième Commission se réunissait en pleine tempête financière.  La crise financière mondiale a des conséquences importantes sur les économies,  a-t-elle poursuivi.  Un nombre important de pays en développement souffre d’une baisse de la demande émanant des principaux pays développés; ce cercle vicieux, causé par l’effondrement des crédits et la baisse de la confiance dans l’investissement, menace de saper l’économie mondiale, a-t-elle souligné, avant de préciser que la crise financière exacerbe les difficultés déjà existantes et qui sont causées par les prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie. 


Elle a fait remarquer qu’en dépit des récentes annonces de la Banque mondiale relatives aux progrès réalisés dans la réduction de la pauvreté, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est en péril.  Il faut faire de notre mieux pour éviter une récession, a averti la Vice-Secrétaire générale.  Il faut également réformer les mécanismes de régulation et de supervision internationale, a-t-elle ajouté, avant de faire observer que la Conférence de Doha sur le financement du développement offre l’opportunité de trouver des solutions aux faiblesses systémiques révélées par les turbulences d’aujourd’hui.


Mme Migiro s’est par ailleurs dite convaincue que les OMD peuvent être réalisés d’ici à 2015.  Elle a fait observer que la réunion de haut niveau consacrée aux OMD a donné un nouvel élan et, plus particulièrement, a contribué au lancement d’initiatives et à la prise d’engagements concrets pour combler les lacunes de mise en œuvre.  Elle a estimé, à cet égard, que la Conférence d’évaluation des OMD de 2010, que se propose d’organiser le Secrétaire général, pourra contribuer à l’objectif de leur réalisation.  Enfin, rappelant que le Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique a estimé que le financement nécessaire pour la réalisation des OMD dans les pays de ce continent s’élève à 72 milliards de dollars par année, elle a appelé la communauté internationale à augmenter son aide publique au développement (APD), à mieux coordonner l’aide, à réduire les subventions agricoles dans les pays du Nord, et à investir beaucoup plus dans les infrastructures du monde en développement.


Si nous devons retenir une leçon des crises que nous affrontons actuellement, c’est que retarder nos actions ne peut que rendre les choses plus difficiles, a ensuite averti Mme Migiro.  Elle a ainsi souligné que la communauté internationale ne peut remettre à plus tard ses investissements dans la productivité agricole, tout comme elle ne peut remettre à plus tard l’adoption de stratégies d’adaptation aux changements climatiques.  Un engagement politique de haut niveau est par conséquent essentiel, a-t-elle poursuivi, en ajoutant que l’implication de tous les acteurs est, à cet égard, cruciale.  La crise financière ne doit pas venir détourner les efforts de la communauté internationale, a-t-elle conclu.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que la Deuxième Commission entamait son débat général et ses travaux à un moment où se produisent des turbulences financières mondiales.  L’environnement macroéconomique est de plus en plus déséquilibré et vulnérable aux chocs et aux crises, a-t-il ajouté.  Il a indiqué que selon les estimations du Département des affaires économiques et sociales (DAES), la croissance économique mondiale pourrait ralentir à moins de 2% en 2008 et que les perspectives pour 2009 demeuraient inquiétantes.  Il a déclaré que ce ralentissement, combiné à la hausse des prix alimentaires et des cours de l’énergie, menaçait les progrès déjà obtenus en faveur des OMD.  Notant que les États Membres n’avaient pas honoré leurs promesses en matière d’assistance, il a fait remarquer qu’il y avait une donnée inquiétante et constante selon laquelle l’aide, le commerce et l’allégement de la dette seraient otages de cette sombre situation d’ensemble. 


Face à ce constat, Sha Zukang a estimé que la Deuxième Commission devait se concentrer sur certaines questions importantes.  Il a estimé que la Commission devait traiter, dans ses diverses résolutions, des défis systémiques actuels et envoyer un message clair selon lequel « les forces du marché doivent s’accompagner d’un contrat social plus inclusif ». 


Rappelant les appels lancés en faveur de réformes fondamentales de la gouvernance économique mondiale, le Secrétaire général adjoint a jugé que la situation actuelle exigeait l’adoption d’une nouvelle approche comprenant notamment des règles et des outils contre-cycliques plus efficaces.  Il a dit qu’il fallait adopter des politiques permettant une meilleure gestion des risques financiers et économiques, ainsi que des politiques sociales qui soient plus universelles. 


Parmi les autres questions à traiter par les délégations, le Secrétaire général adjoint a insisté sur l’importance de coordonner le travail de la Deuxième Commission avec le processus préparatoire de la Conférence de Doha sur le financement du développement pour que cet événement, prévu dans moins de deux mois, génère des résultats substantiels.  Il a par ailleurs rappelé que cette année marquait le début de la deuxième Décennie pour l’éradication de la pauvreté.  « Pour qu’elle soit réussie, nous devons promouvoir des stratégies nationales de développement plus larges et plus inclusives qui abordent tous les aspects de la pauvreté », a-t-il préconisé.  M. Sha a en outre souligné que la Commission pouvait jouer un rôle central en ce qui concerne la promotion de la santé publique, en insistant sur ses liens avec le développement dans un monde à l’économie de plus en plus globalisée.  Ceci poserait des jalons sur le chemin des initiatives que le Président de l’Assemblée et le Secrétaire général comptent lancer sur cette question et renforcerait aussi les fondations de l’évaluation ministérielle que le Conseil économique et social (ECOSOC) compte organiser en 2009 sur la mise en œuvre du Programme mondial de santé, dit le Secrétaire général adjoint.


Il a aussi fait remarquer que la Commission pouvait aider à trouver des réponses aux défis de financement qui se posent en matière de lutte contre les changements climatiques.  Il faut élaborer des stratégies d’adaptation et d’atténuation compatibles avec les autres défis auxquels nous faisons face, dont la réduction de la pauvreté et la promotion d’un développement véritablement durable, a-t-il poursuivi.  Il a déclaré que cette lutte nécessiterait non seulement une révolution technologique, mais aussi un changement dans les valeurs.  Il a souhaité que la Commission envoie un message fort en faveur de négociations sur un accord efficace et équitable en matière de changements climatiques en facilitant notamment l’atteinte d’un consensus sur les normes communes à adopter par les États.


Sha Zukang a enfin insisté sur les besoins spécifiques qu’ont certains États, comme les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral.  Il a souhaité que la communauté internationale fasse beaucoup plus d’efforts pour les aider.


M. RICARDO HAUSMANN, Directeur du Centre du développement international de l’Université de Harvard et Professeur de développement économique de l’École de gouvernement Kennedy, a souhaité attirer l’attention de la Deuxième Commission sur les différents moyens à mettre en œuvre pour relever les défis de développement actuels et rendre le monde plus équitable.  Il a tout d’abord fait remarquer que les revenus des populations aux États-Unis sont 50 fois plus importants que ceux de celles du Malawi, du Burundi, de la République démocratique du Congo, de la République Unie de Tanzanie, du Niger, de la Sierra Leone et de la Guinée-Bissau.  L’espérance de vie au Japon, en Australie et en Norvège est deux fois supérieure à celle qui existe en Angola, en République centrafricaine, au Mozambique et en Zambie.


Comment expliquer ces différences? s’est-il demandé.  M. Haussmann a expliqué que selon les études menées, la différence se trouve dans les taux de croissance à long terme.  La croissance est un facteur important, et quand elle est forte, la richesse s’accumule avec le temps qui passe, a-t-il souligné.  Les générations qui bénéficient du fruit de ces facteurs seront capables de faire des progrès notables.


M. Hausmann a ensuite pris les Pays-Bas comme exemple.  Il a indiqué que ce pays, lorsqu’il était le plus riche du monde, avait un revenu par habitant quatre fois supérieur au pays le plus pauvre connu à l’époque, qui était le Népal.  Aujourd’hui, les pays les plus pauvres sont le Malawi, le Burundi, la République démocratique du Congo et la République-Unie de Tanzanie, a-t-il expliqué.  Mais aujourd’hui, ce sont d’autre pays en développement, comme la Bolivie, le Viet Nam et le Lesotho qui sont quatre fois plus riches que les pays les plus pauvres, a poursuivi le Professeur Hausmann.  La Fédération de Russie, la Malaisie et l’Afrique du Sud sont, à leur tour, quatre fois plus riches que ces derniers, a-t-il ajouté.  Et aujourd’hui, les Pays-Bas sont 21 fois plus riches que le Népal, a-t-il dit en faisant remarquer le phénomène d’accumulation de richesses dans certaines régions du monde.  La croissance est un phénomène relativement récent, a-t-il souligné, expliquant que son absence entraînait dans les zones pauvres, une autre absence: celle de l’augmentation de revenus durables.


Se demandant ensuite s’il y a une relation directe entre la croissance et l’impérialisme, il a fait remarquer que le colonialisme espagnol n’avait pas causé d’augmentation de revenu par habitant en Espagne. 


En Amérique latine, a-t-il poursuivi, il y a eu une baisse de revenu par habitant après l’indépendance, par rapport aux pays occidentaux.  « L’Afrique a également connu une baisse de revenu après l’indépendance de ses pays », a estimé Ricardo Hausmann.  Il a ensuite fait observer que des pays qui n’ont jamais été colonisés, comme l’Afghanistan ou la Thaïlande, étaient également en retard sur le plan du développement économique, tandis que des pays qui n’ont jamais colonisé d’autres pays, comme la Suisse, la Norvège ou la République de Corée, devenaient riches. 


M. Hausmann s’est ensuite intéressé aux meilleurs résultats obtenus par certains pays, s’agissant de leur revenu per capita.  Il a fait observer que parmi les 24 pays les plus riches, aucun n’a connu son meilleur revenu per capita avant l’an 2000, ce qui montre que les meilleures périodes de croissance du revenu par tête d’habitant qu’ils aient connues sont récentes.  Par contre, des 112 pays en développement, combien ont connu leur produit intérieur brut (PIB) maximum avant l’an 2000?  Cinquante-huit pour cent d’entre eux ont connu leur apogée avant 2000, a estimé Ricardo Hausmann.  Les pays ne deviennent pas plus riches en exportant davantage les mêmes produits, mais ils deviennent plutôt plus riches en diversifiant leurs exportations, a fait remarquer le panéliste.  La « sophistication des exportations » est importante, a-t-il insisté.  Prenant le cas de pays riches en ressources naturelles qui ne connaissent pourtant pas de croissance, il a expliqué que le vrai problème réside dans le fait que ces ressources brutes sont mal liées aux produits finis à valeur ajoutée qui en sont tirés.  Les pays ont besoin de plus d’infrastructures, de réglementations et de spécialisations pour diversifier leurs exportations et leur base économique, a indiqué M. Hausmann.  Prenant l’exemple de la Finlande, pays qui exporte du bois, il a fait remarquer que ce pays aurait pu passer à une autre étape, celle de l’exportation de meubles, mais ne l’a pas fait.  Du bois, ils sont passés à la construction de machines pour couper le bois, puis à des machines qui servent à couper autre chose, puis à la fabrication de produits de l’ère numérique.  « Il faut suivre la voie dans laquelle on peut exceller, devenir bon et être un leader », a souligné M. Haussmann.


C’est l’expansion des capacités humaines qui sous-tend le renforcement des capacités de croissance, a-t-il insisté.  À cet égard, il a fait remarquer que de telles avancées ne peuvent survenir sans l’appui du gouvernement.  Ce dernier doit écouter et savoir où sont les possibilités et les obstacles, a-t-il souligné.  Les problèmes que rencontre chaque pays lui sont spécifiques, et les solutions à leur apporter requièrent des connaissances locales, a-t-il conclu.


Discussion interactive


Au cours de l’échange qui a suivi la présentation liminaire de M. Ricardo Hausmann, le représentant du Costa Rica a dit qu’il partageait l’idée selon laquelle un pays doit se concentrer sur les ressources qui lui sont propres, et les exploiter afin d’accélérer son niveau de croissance.  Toutefois, il a noté que tout bon résultat dépendait de l’ouverture des marchés et de l’accès qu’y ont les produits du pays concerné.  En réponse, M. Hausmmann a indiqué que lorsqu’un pays en développement améliore sa capacité à être concurrentiel dans un certain domaine ou sur un certain produit, cela lui donne un avantage en raison des bas salaires et du coût faible de la main-d’œuvre dans les pays du Sud.  Si le pays en question réussit à atteindre un niveau de productivité comparable à celui de pays plus riches, il sera automatiquement plus concurrentiel, a-t-il souligné.  Toutefois, il a admis que le protectionnisme des pays riches était la première menace qui se pose à ce modèle. 


C’est pourquoi il est essentiel que les négociations du Cycle de Doha aboutissent à l’ouverture des marchés des pays les plus riches, a-t-il insisté. 


Répondant au représentant de la Malaisie qui a demandé s’il y avait réellement une « culture » du développement économique, M. Hausmann a noté qu’il existait trois facteurs clefs favorables à la croissance: la confiance entre les membres de la société; la perception d’une responsabilité personnelle de l’individu et du pays en ce qui concerne leur avenir; et l’attitude positive à adopter à l’égard des innovateurs.  Il a jugé qu’il n’était pas trop tard pour chaque pays de développer ses exportations, comme l’a fait la Chine ces dernières années.


Quelles sont les perspectives de croissance et de compétitivité dans le contexte actuel de crise financière? a demandé le représentant de la République dominicaine.  M. Hausmann a estimé que la situation actuelle était la conséquence d’une croissance trop élevée, qui s’est accompagnée de nombreux déséquilibres ces dernières années, l’un d’eux étant le large déficit budgétaire trop important des États-Unis.  Cette crise financière va mener à un ralentissement des dépenses aux États-Unis, ce qui fait partie d’un ajustement difficile, mais qui est devenu inévitable, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué qu’on pouvait s’interroger sur le type de croissance que le monde connaîtra au moment où les États-Unis ne seront plus le moteur de la dépense et de la consommation.  Les pays qui ont des excédents, comme la Chine, ont la possibilité d’adopter des politiques expansionnistes pour devenir le moteur de croissance dans l’économie mondiale, a-t-il déclaré. 


Interrogé sur les politiques de redistribution par le représentant de l’Afrique du Sud, M. Hausmann a estimé que les pays où les progrès sociaux étaient lents connaissaient en fait des problèmes de croissance.  Enfin, le représentant du Bangladesh a noté qu’il n’y avait en effet pas d’objectif établi en ce qui concerne le niveau de croissance nécessaire au développement.  M. Hausmann a répondu en soulignant que la voie qui mène au développement doit être liée aux marchés et a mis en avant le lien entre exportations et croissance.  S’agissant de la réciprocité, jugée comme essentielle par la délégation bangladaise, il a admis que les pays développés pourraient faire plus pour favoriser le développement dans d’autres pays, notamment en ce qui concerne les flux de capitaux.


M. Ricardo Hausmann a toutefois fait remarquer que les effets positifs des flux de capitaux ne compensaient pas leurs effets négatifs, comme la dévaluation de la monnaie nationale qu’ils peuvent provoquer.  Il a rappelé que la Chine avait connu un taux de croissance exceptionnel sans importer de capitaux. 


Débat général


M. JOHN ASHE (Antigua-et-Barbuda), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que la fonction première de la Deuxième Commission est de promouvoir le développement économique et social afin de fournir de meilleures conditions de vie à toutes les populations du monde.  Cet objectif, a-t-il précisé, passe par la formulation de politiques, la promotion des normes internationales, la coopération pour le développement, et l’évaluation de la mise en œuvre des engagements souscrits.  Il a souligné que le Groupe des 77 et la Chine ont averti depuis plusieurs années que la communauté internationale s’est engagée dans une voie de développement qui n’est pas durable.  Les déséquilibres systémiques et les instabilités persistent, a-t-il souligné, précisant notamment que les inégalités se multiplient dans le commerce international et le traitement de la question de la dette. 


Ces inégalités entraînent la marginalisation de certains pays, qui sont les plus vulnérables, et affectent la gouvernance mondiale.  Le Groupe des 77 et la Chine a demandé que la communauté internationale s’attelle à résoudre ces problèmes, a-t-il répété, déplorant qu’elle ait choisi jusqu’à ce jour de les ignorer.  Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a également regretté que la communauté internationale ait échoué dans la mise en œuvre de ses engagements, et notamment s’agissant d’allouer 0,7% du produit intérieur brut (PIB) des pays développés à l’aide publique au développement et de réduire le fardeau de la dette des pays les moins avancés.  En outre, la communauté internationale n’a pas réussi à créer un environnement commercial international qui soit orienté en faveur du développement; elle n’a pas su mettre en œuvre un partenariat global pour le développement.  Elle n’a pas su non plus régler les problèmes de cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux, a ajouté M. John Ashe, en soulignant, à cet égard, que ces lacunes ont contribué à l’accentuation de certaines situations de crise.


M. Ashe a déploré qu’aucun cadre n’existe pour concevoir des plans permettant de faire face aux crises alimentaire, énergétique, et financière actuelles ainsi qu’aux effets des changements climatiques.  Ces défis sont majeurs pour la croissance économique et le développement durable, a-t-il averti.  Rappelant que le Président de l’Assemblée générale a, dans son discours d’ouverture de la soixante-troisième session, souligné qu’un autre monde est possible, le représentant d’Antigua-et-Barbuda a fait remarquer que la Deuxième Commission joue un rôle crucial à cet égard.  « Pouvons-nous, au sein de ce Comité, commencer à nous atteler à accomplir notre travail en ayant à l’esprit les objectifs soulignés par le Président et imposés par les circonstances actuelles? », s’est interrogé M. Ashe.  Le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine a ensuite attiré l’attention sur les opportunités qui s’offrent à la communauté internationale pour commencer à faire la différence.  L’agenda de travail de la Deuxième Commission, la Conférence de suivi sur le financement du développement qui se tiendra à Doha, au Qatar, en novembre prochain, la Conférence sur les changements climatiques qui se tiendra à Poznań, en Pologne, en décembre 2008 et celle qui aura lieu à Copenhague, au Danemark, en 2009, sont à cet égard des chances à saisir, a estimé M. Ashe.


M. PHILIPPE DELACROIX (France), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a fait observer que les travaux de la Deuxième Commission prennent, cette année, un relief particulier.  Il a noté que les progrès réalisés vers l’atteinte des objectifs de développement agréés au plan international risquent d’être remis en cause par les impacts des changements climatiques, par l’augmentation des prix des produits alimentaires et des coûts de l’énergie, et par la crise financière.  Il a également précisé que les travaux de la Deuxième Commission devront tenir compte des résultats positifs des rencontres internationales qui ont eu lieu au cours de cette année, citant à cet égard la tenue du premier Forum pour la coopération pour le développement, la CNUCED XII, et la réunion de haut niveau sur les besoins de développement de l’Afrique.  Le représentant de la France a enfin préconisé que la dynamique dont ont bénéficié ces événements soit mise à profit lors de l’important rendez-vous de Doha, où se tiendra la Conférence internationale de suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement.


S’intéressant plus particulièrement aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. Delacroix a assuré que l’Union européenne (UE) reste déterminée à accomplir sa part dans la mise en œuvre des programmes qui permettront de les atteindre.  À cet effet, les chefs d’État et de gouvernement européens ont adopté en juin dernier un Agenda d’action pour la réalisation des OMD. 


Cet Agenda fixe les étapes intermédiaires à atteindre d’ici à 2010, fournit des exemples d’actions prioritaires de l’UE, et indique concrètement comment une aide européenne accrue peut se traduire en progrès mesurables sur le terrain, a-t-il précisé.  Il a répété que l’UE ne ménagera pas ses efforts pour aider la communauté internationale à tenir ses engagements, en particulier en Afrique sub-saharienne.  En ce qui concerne le financement du développement, le représentant a souhaité que, compte tenu de l’importance majeure de la Conférence de Doha, les délégations concentrent leurs efforts sur sa préparation.


Le représentant de la Présidence de l’Union européenne a également plaidé en faveur de l’intensification des efforts de la communauté internationale dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a expliqué que l’UE avait placé les changements climatiques au cœur de ses actions.  L’adoption du « paquet climat et énergie » constitue à cet égard l’une des principales priorités de la Présidence française de l’UE, a-t-il souligné.  M. Delacroix a également fait remarquer que l’année dernière a marqué un « tournant décisif » sur la question avec la tenue de la Conférence sur le climat, qui a eu lieu à Bali en Indonésie.  Il a par ailleurs fait remarquer que les changements climatiques sont inséparables des autres menaces pesant sur l’environnement, comme, par exemple, la perte de la biodiversité.  Il a ainsi plaidé pour une coopération renforcée dans ces domaines et à tous les niveaux.  Avant de conclure, il a souligné que l’UE souscrit entièrement aux propositions de la Présidente de la Deuxième Commission visant à améliorer les méthodes de travail de la Commission et a souhaité que la rationalisation de l’agenda soit poursuivie.  Dans ce contexte, il a exhorté les délégations à réfléchir à l’opportunité de maintenir chaque année à l’ordre du jour certaines des résolutions adoptées.


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que la mauvaise situation économique actuelle menaçait tous les pays et représentait « ce que la mondialisation peut avoir de pire ».  Elle a estimé que cette crise était le résultat d’un échec dû à l’insuffisance de mesures de régulation.  Celles-ci auraient pu prévenir la prise de risques excessifs par les acteurs opérant dans les systèmes financiers des pays industrialisés.  Elle a rappelé que 47 des 49 PMA avaient été classés par la FAO comme étant des pays en déficit alimentaire, et que 20 étaient considérés comme traversant une crise alimentaire.


Notant que les importations alimentaires pourraient augmenter de 100% dans les PMA, elle a indiqué qu’il fallait trouver des mesures contre les distorsions qui existent sur les marchés internationaux, et qui sont notamment dues aux subventions, aux barrières tarifaires et à d’autres mesures qui restreignent les exportations alimentaires des pays en développement vers les pays industrialisés.  Elle a aussi souhaité un accroissement du soutien au secteur agricole des PMA, qui pourrait se faire à travers l’aide publique au développement et les investissements étrangers directs (IED), et a réitéré l’appel lancé pour la création d’une Banque alimentaire mondiale. 


S’agissant des changements climatiques, Mme Jahan a estimé qu’un accord post-2012 devait comprendre des engagements juridiquement contraignants en ce qui concerne les ressources dont ont besoin les PMA pour mettre en place des mesures d’adaptation.  La représentante a de plus souligné que le financement de ces mesures devait provenir de ressources autres que celles de l’APD et qu’il fallait garantir aux PMA un accès abordable aux technologies propres et aux savoirs appropriés. 


En matière de pauvreté, la représentante a souligné la nécessité pour l’ONU d’aligner son indice de pauvreté et ses critères sur ceux de la Banque mondiale, qui a estimé que les pauvres étaient ceux gagnant moins de 1,25 dollar par jour, ceci en raison de la dépréciation actuelle du dollar et de l’inflation.  Mme Jahan a indiqué qu’il fallait réunir la volonté politique nécessaire pour mener à terme, et avec succès, les négociations du Cycle commercial de Doha.  Elle a demandé que les pays développés et ceux en développement qui en sont capables offrent un accès sans contingentement et en franchise de droit à tous les produits provenant des PMA, avant même la conclusion du Cycle de Doha. La représentante a en outre estimé que la gouvernance des institutions de Bretton Woods devait être revue, et qu’à cet égard une attention particulière devait être prêtée aux PMA.  Sur la question de la dette, elle a rappelé que celle-ci demeurait un fardeau de taille pour les PMA.  Si un pays remplit les critères pour être classé parmi les PMA, il devrait être éligible à une annulation pure et simple de sa dette, a-t-elle préconisé.  Enfin, elle a rappelé que le Programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA, prenait fin en 2010 et que l’ONU préparait une quatrième Conférence sur les PMA.  Elle a souhaité que celle-ci soit l’occasion d’élaborer un nouveau cadre stratégique orienté vers l’action pour la décennie à venir.


M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fait remarquer que la Deuxième Commission se réunit au moment où le système financier mondial est au bord de l’effondrement, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la communauté internationale tout entière.  Il a souligné que les pays en développement, et particulièrement les plus vulnérables d’entre eux, subiront les effets de la crise financière et du ralentissement de l’économie mondiale.  Cette crise, a-t-il poursuivi, aggravée par la crise alimentaire et la hausse des prix du pétrole, menace de mettre fin aux progrès réalisés à ce jour, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté.  En outre, ces défis menacent d’accroître encore les disparités entre les pays et au sein même des États, a-t-il ajouté. 


Le représentant de la Barbade a fait observer que la petite taille et l’ouverture restreinte des économies des pays de la CARICOM rendent ces derniers extrêmement vulnérables aux aléas de l’économie mondiale.  Cette période d’instabilité et de volatilité du système financier international, a-t-il précisé, va accroître considérablement les coûts d’emprunts financiers et ceux du service de la dette.  Elle aura en outre un impact négatif important sur les secteurs économiques clefs de la CARICOM, comme le tourisme, a-t-il ajouté. 


Pour toutes ces raisons, il a appelé la communauté internationale à agir de toute urgence pour trouver une solution durable à la crise actuelle, avant de souhaiter que cette solution tienne compte des préoccupations et des intérêts de tous les pays en développement.


« S’il y a une leçon à tirer de la crise actuelle, c’est que la réforme du système financier et économique international doit être la priorité de la communauté internationale », a souligné M. Hackett.  Il a fait remarquer que la structure de gouvernance actuelle du système financier international n’est pas assez inclusive et n’est pas à même de gérer une économie mondiale complexe et interdépendante.  Il y a une asymétrie entre un monde de plus en plus sophistiqué, bien qu’instable, et les institutions qui le régulent et le supervisent, a-t-il souligné, avant d’estimer que c’est dans l’intérêt de tous les pays de réformer ce système, qui n’est pas démocratique, en un système plus ouvert, plus transparent et plus inclusif. 


Dans cette perspective, le représentant de la Barbade a relevé l’importance de la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement, et a dit qu’il était persuadé que ce processus permettra de définir des moyens pratiques pour améliorer les faiblesses de la gouvernance économique et financière mondiale.  Pour conclure, le représentant de la Barbade a attiré l’attention sur les effets désastreux des ouragans qui se sont produits cette année et ont affecté la région des Caraïbes, et il a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts d’aide aux pays touchés.  Soulignant que de telles catastrophes rappellent les dangers posés par les changements climatiques, il a plaidé en faveur d’une action urgente, complète et décisive pour lutter contre ce phénomène.


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie), prenant la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a rappelé l’environnement mondial dans lequel la Commission se réunit.  Il a estimé que la crise financière actuelle semblait différente de celle subie par la majorité des membres de l’ANASE en 1997-1998 puisqu’elle a son origine au cœur même d’un système dont l’effondrement pourrait mener à une récession mondiale.  Il a déclaré que cette crise mondiale devait, comme les changements climatiques, être traitée immédiatement, notamment parce qu’elle entrave les efforts à déployer en faveur de la réalisation des objectifs de développement.  Il a estimé que la Deuxième Commission devait examiner les questions inscrites à son ordre du jour -du financement pour le développement aux technologies de l’information et de la communication- de manière à trouver des solutions efficaces aux crises actuelles.  « Il nous faut une ONU plus forte », a-t-il dit en soulignant la nécessité d’une réponse collective aux défis qui se posent.  M. Natalegawa a souhaité que la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement soit « l’occasion de raviver l’esprit de partenariat et de solidarité pour financer les objectifs de développement souscrits au niveau international, y compris en respectant les promesses faites en matière d’aide publique au développement (APD) et en faveur des PMA. »  Il a noté que sa délégation considérait que le projet de document final de cette Conférence était une bonne base de travail pour l’avenir, tout en précisant que le processus préparatoire devait tenir compte des nouveaux défis et des questions émergentes. 


Par ailleurs, le représentant a estimé que les Nations Unies devaient parvenir à un consensus politique clair pour encourager les membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à reprendre les négociations du Cycle de Doha.  Pour l’ANASE, il faut œuvrer à l’ouverture de nouveaux marchés, surtout pour les pays en développement, et promouvoir le développement.  Il a aussi insisté sur la nécessité de faciliter l’accession de tous les pays en développement à l’OMC, y compris les PMA. 


S’agissant des changements climatiques, il a demandé que le travail de la Deuxième Commission permette que des progrès soient accomplis à Poznań et que les États Membres parviennent ensuite à des résultats satisfaisants à Copenhague. 


Enfin, il a noté qu’il est important que soit promu un véritable partenariat dans les travaux de la Commission.  C’est dans cet esprit, marqué par le dialogue, que les pays de l’ANASE ont pu progresser et avancer vers la création d’un marché commun en 2015, a-t-il souligné. 


M. SHIGEKI SUMI (Japon) a souligné que la hausse des prix des denrées alimentaires et des cours du pétrole a menacé les conditions de vie des plus pauvres.  Il a fait remarquer que les réunions de la quatrième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD IV) et celle du G-8, qui a aussi eu lieu au Japon, ont répondu à ces problèmes, par la formulation de politiques et la mise en place d’une assistance.  Il a à cet égard annoncé qu’une aide d’un montant de près de 1,1 milliard de dollars a été prévue pour fournir de la nourriture et promouvoir la production agricole dans les pays en développement.  De surcroît, le Japon entend soutenir les pays africains, notamment, en les aidant à accroître leur production de riz, a-t-il dit. 


Le représentant japonais a par ailleurs rappelé que la réunion du G-8 de cette année a consacré une grande part de ses discussions à la santé, l’éducation et l’eau.  Le Japon, a-t-il poursuivi, a consenti, toujours cette année, un don supplémentaire de 560 millions de dollars au Fonds global de lutte contre le VIH/sida.  En outre, en tant que plus grand donateur dans le domaine de l’eau et des installations sanitaires, le Japon entend renforcer davantage son engagement dans ce domaine, a dit M. Sumi.  S’intéressant ensuite au développement de l’Afrique et soulignant les différentes questions abordées lors de la TICAD IV, le représentant japonais a assuré que son pays s’engage en faveur de l’avenir de l’Afrique.  Un mécanisme de suivi a en outre été établi, afin d’assurer, au niveau ministériel, une évaluation des progrès effectués, a-t-il précisé.  D’autre part, M. Sumi a expliqué que le Japon a mis en place un partenariat pour la lutte contre les changements climatiques, doté d’un montant de 10 milliards de dollars, et compte élargir son assistance aux pays en développement qui œuvrent à la stabilité du climat et à la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.  Il s’est également félicité de l’initiative, lancée par son pays, de réduire l’utilisation de l’air conditionné au Siège des Nations Unies, sous le label « Cool UN ».  Pour conclure, il a souligné que les dirigeants du G-8 entendent atteindre l’objectif de réduire d’au moins 50% les émissions de polluants de leurs pays respectifs d’ici à 2050.


M. T. VANCE McMAHAN (États-Unis) a rappelé que la Deuxième Commission a, au fil de ses travaux, essayé de s’atteler aux questions les plus urgentes.  Il a, à cet égard, souligné que les travaux de cette année se déroulent dans un contexte de bouleversements financiers, et de hausse des prix des denrées alimentaires et du pétrole.  Le monde se  heurte également à des défis graves dans le cadre des négociations commerciales du Cycle de Doha, a-t-il ajouté.  Dans ce contexte, il a souhaité que la Conférence de Doha sur le financement du développement se déroule dans un climat de dialogue constructif, de sorte qu’un consensus puisse être atteint entre toutes les parties pour mettre fin aux divergences.  Pour ce qui est des changements climatiques, le représentant des États-Unis a estimé que le monde a ouvert un nouveau chapitre « optimiste et ambitieux » en adoptant, en décembre dernier, le Plan d’action de Bali qui ouvre la voie pour un accord post-Kyoto à mettre en œuvre après 2012.  La Conférence de Poznań mérite, à cet égard, l’attention la plus grande de la part des négociateurs, a-t-il souligné.  M. McMahan a expliqué que sa délégation attend de cette Conférence qu’elle aboutisse à l’adoption d’un document qui soit efficace, et dont les conséquences de l’application des termes soient économiquement acceptables.  Le document doit aussi répondre à tous les points soulevés dans la Déclaration sur les changements climatiques de Bali.


Dans un environnement économique interdépendant, trouver une solution efficace exige que tous les acteurs jouent leur rôle, a poursuivi le représentant américain.  Il a ainsi expliqué que le Président Bush s’est engagé à ce qu’un accord soit trouvé dans le cadre des négociations commerciales du Cycle de Doha, avant qu’il ne quitte ses fonctions en janvier prochain.  Il a par ailleurs relevé l’importance que tous les pays veillent à assurer, au niveau national, un environnement propice à une croissance économique durable.  Dans cette perspective, le Gouvernement américain a, ces dernières semaines, déployé des efforts sans précédent pour tenter de stabiliser le secteur financier, a-t-il expliqué.  Il a fait remarquer que pour nombre de pays en développement, le défi principal sera de continuer à travailler à partir des réformes qui ont déjà été faites pour réduire les distorsions macroéconomiques et augmenter les investissements.  Un engagement en faveur d’une meilleure gouvernance est également crucial, a-t-il ajouté. 


Rappelant l’importance d’améliorer l’efficacité de l’aide, une question qu’il a qualifiée de « cruciale pour le succès du développement », M. Mc Mahan a attiré l’attention sur le plan d’urgence pour la lutte contre le VIH/sida, créé par le Président des États-Unis, et dont le financement se monte à 48 milliards de dollars sur cinq ans.  Il s’agit du plus grand engagement de toute l’histoire en matière d’assistance à la santé, a-t-il précisé.


M. HABIB MANSOUR (Tunisie) a rappelé que les crises alimentaire, financière et énergétique ainsi que la menace climatique fragilisaient les acquis et les perspectives de développement.  Il a aussi constaté que l’agenda de développement butait encore sur une insuffisance de mise en œuvre, et a estimé que la volonté politique et le principe humain de solidarité devaient être les moteurs de tout partenariat mondial.  Il a noté que dans un contexte de crise, l’urgence immédiate l’emportait sur les projets à moyen terme et grevait des ressources déjà insuffisantes.  Il a appuyé l’idée du Secrétaire général de tenir un sommet sur les OMD en 2010, rappelant que les Nations Unies ont joué un rôle de chef de file pour créer un « équilibre entre les enjeux de la mondialisation et les contraintes du développement ».  Il a d’autre part appuyé le point de vue des délégations qui ont demandé l’établissement d’un mécanisme de suivi concernant la mise en œuvre des engagements pris en faveur de l’Afrique.  De même, M. Mansour a souhaité l’établissement d’un mécanisme de suivi des engagements qui seront pris dans le cadre de la Conférence de Doha sur le financement du développement, qui doit se tenir du 29 novembre au 2 décembre 2008.  Il a espéré que cette Conférence serait un « véritable tournant pour consolider les acquis et lancer une nouvelle dynamique en matière de financement du développement » et que l’accent serait mis sur les besoins de l’Afrique.  Rappelant la régression du volume de l’aide publique au développement (APD) ces dernières années, le représentant a en outre fait remarquer que les sources novatrices de financement du développement constituaient une première réponse à ce problème.  Dans ce cadre, il a soutenu que le Fonds de solidarité mondial, créé par l’Assemblée générale en 2002 sur une proposition tunisienne, était un instrument d’intervention qu’il fallait rendre opérationnel. 


M. Mansour a en outre affirmé que la lutte contre les changements climatiques devait être intégrée dans les stratégies nationales de développement et être prise en compte dans toute approche internationale de financement du développement.  Estimant que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques devait rester la principale enceinte d’examen et de négociations en la matière, il a déclaré que le financement et le transfert de technologie devaient rester au centre des questions à débattre.  Il a aussi estimé que cette lutte ne pouvait avoir lieu au détriment du développement, et a souligné la nécessité de respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Enfin, il a insisté sur le besoin de mettre en place une société de l’information ouverte, équilibrée et orientée vers le développement en mettant en œuvre les résultats du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) de 2005.  En conclusion, il a déclaré que le véritable problème à résoudre se situait dans la mise en œuvre des engagements pris, déclarant qu’il s’agissait avant tout d’une question de volonté politique.


M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a estimé que les événements récents remettaient en question les concepts utilisés par la communauté internationale en ce qui concerne le développement social et économique.  « C’est un avertissement qu’on ne peut ignorer », a-t-il dit.  Il a affirmé que la Deuxième Commission devait traiter de la crise financière et de ses conséquences pour l’assistance au développement et la croissance économique mondiale. 


Il a précisé qu’il fallait tout faire pour que les engagements internationaux sur le financement du développement soient épargnés des effets de la crise.  À cet égard, il a noté que la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement serait l’occasion d’établir un mécanisme de suivi des promesses du Consensus de Monterrey.  S’agissant du commerce, il a souhaité que les membres de l’OMC trouvent la volonté nécessaire pour conclure positivement le Cycle de Doha, permettant ainsi aux pays en développement de réaliser pleinement leur potentiel en matière d’exportation.  Il a en outre souligné que la réduction et l’élimination des subventions et des barrières commerciales par les grandes économies du monde seraient une contribution majeure au traitement, à long terme, des défis actuels, puisque cela encouragerait les agriculteurs des pays en développement à accroître leur production. 


Le représentant brésilien a soutenu que l’exemple de son pays montrait que la production de biocombustibles était écologiquement viable.  Il a dit qu’elle n’avait pas contribué à la hausse des prix des denrées alimentaires et qu’elle pouvait être élargie sans affecter la production alimentaire.  Il a précisé que la culture de la canne à sucre au Brésil n’avait pas été faite au détriment de la production alimentaire.  Pour mieux faire comprendre cette question, le Brésil tiendra une conférence internationale sur les biocombustibles en novembre 2008, a-t-il annoncé.  S’agissant des changements climatiques, il a insisté sur le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il a enfin déclaré que son pays était engagé à contribuer à la création d’une économie mondiale durable et équitable.  Dans cette perspective, il a mis l’accent sur l’assistance technique et financière qui peut être mobilisée à travers la coopération Sud-Sud, en tant que complément aux sources traditionnelles d’aide. 


Mme JANE STEWART, Représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a, à l’instar des autres intervenants, fait observer que les travaux de la Deuxième Commission commencent au moment où le monde affronte de sérieux défis dans les domaines économique et financier, défis qui sont aggravés par les menaces posées par les changements climatiques et l’insécurité alimentaire.  Dans ce contexte, elle a tenu à attirer l’attention sur une autre crise qui touche 2 milliards de personnes et qui freine les efforts de développement: la crise du travail.  Selon les estimations de l’OIT, en raison des turbulences économiques, 5 millions de personnes supplémentaires pourraient, cette année, venir grossir les rangs des chômeurs, a souligné Mme Stewart.  Dans ce contexte difficile, elle a estimé crucial que la communauté internationale se rappelle que le développement durable ne pourra être atteint sans la création d’emplois et la promotion du travail décent.


La représentante a rappelé qu’en juin 2008, les négociations tripartites de l’OIT ont abouti, entre autres, à l’adoption d’une « Déclaration sur la justice sociale pour une mondialisation équitable ».  Cette Déclaration, a-t-elle précisé, souligne que la cohérence des politiques et le leadership des gouvernements, entreprises et partenaires sociaux, sont essentiels pour atteindre une mondialisation plus juste.  La Déclaration définit un nouveau paradigme qui préconise d’élargir les opportunités du travail décent par la combinaison de politiques équilibrées, justes, cohérentes et durables.  L’OIT, a ajouté Mme Stewart, entend faire usage de ce nouvel outil lors de sa soixante-troisième session.  Faisant observer que ces bonnes intentions ne suffisent pas, elle a appelé à l’édification de partenariats à tous les niveaux et à une action cohérente entre toutes les organisations multilatérales


M. CLAUDE HELLER (Mexique), qui s’exprimait au nom des pays du Groupe de Rio, a d’abord évoqué la question de financement du développement.  Il a estimé que la Réunion de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), organisée le 25 septembre au Siège des Nations Unies, avait mis en évidence la nécessité d’agir pour venir en aide aux populations dans le besoin, ce qui sous-entend, a-t-il affirmé, la création d’une alliance mondiale pour le développement efficace.  Il a appelé les partenaires internationaux à se servir de la volonté politique affichée lors de cette réunion pour faire avancer les négociations dans ce sens.  Il a également jugé que les migrations internationales étaient l’un des phénomènes les plus prégnants dans le contexte de la mondialisation, et qu’elles devaient donc être débattues aux Nations Unies, et notamment au sein de la Deuxième Commission.  Il a déclaré que le mécanisme de suivi du Dialogue de haut niveau de 2006 sur cette question, qui sera mis en place cette année, devait être périodique et envisager la question des migrations de manière globale afin de prendre un compte tous les éléments qui s’y attachent.


Les pays à revenu moyen sont un autre sujet de préoccupation du Groupe de Rio, a poursuivi M. Heller. Il a appelé à la prise en compte des travaux des Conférences de Madrid, San Salvador et Windhoek dans le traitement de cette question.  Parallèlement, il a souligné la solidarité du Groupe de Rio avec les pays appartenant à d’autres catégories, tels qu’Haïti, qui est un pays membre du Groupe de Rio, et les pays en développement sans littoral. À ce titre, il a salué l’adoption de la Déclaration d’évaluation à mi-parcours du Programme d’action d’Almaty, la semaine dernière.  Il a enfin estimé que la négociation d’une résolution sur la Conférence internationale pour la coopération Sud-Sud devait occuper une position centrale dans les débats de la soixante-troisième Assemblée générale.  La coopération entre pays de l’hémisphère Sud est un outil efficace pour le développement, a-t-il déclaré, jugeant que le Plan d’action de Buenos Aires, datant de 1978, devait être actualisé.  Il a conclu en abordant la contribution que le Groupe de Rio entendait faire dans le domaine de l’innovation technologique en encourageant le développement scientifique de la région et en stimulant les transferts de technologie destinée au secteur productif.


M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a déclaré que le monde possédait aujourd’hui tous les outils pour mettre en valeur le potentiel du continent africain et l’aider à parvenir à la prospérité.  Évoquant l’état d’abondance dans lequel vit une partie du monde, il a déploré que plusieurs centaines de milliards de dollars aient été récemment dépensés dans le cadre de plans de rachat bancaires, alors que l’objectif d’un triplement de l’aide à l’Afrique d’ici 2010 reste à atteindre.  Il a observé que les niveaux de l’aide publique au développement (APD) avaient au contraire baissé, selon les statistiques de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), et a suggéré que l’économie mondiale pourrait être en meilleur état si la communauté internationale avait tenu ses engagements envers le continent africain.


M. Muburi-Muita a ainsi estimé que la réponse de la communauté internationale aux besoins de l’Afrique, tels qu’énoncés dans la Déclaration politique sur les besoins de développement de l’Afrique, avait été uniquement rhétorique, et que les engagements pris ne s’étaient pas traduits dans les faits. Si des progrès ont été accomplis, le continent reste toutefois en retard dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il affirmé, jugeant que les promesses déjà faites étaient suffisantes, et que seule manquait la volonté politique pour les traduire en réalités. 


À cet égard, il a souligné l’importance de la création d’un mécanisme de suivi des engagements pris envers l’Afrique.  Par ailleurs, il a observé que les pays en développement payaient le plus lourd tribut aux crises alimentaire, énergétique et financière actuelles.  Évoquant le réchauffement climatique, il a regretté que la communauté internationale dépense des ressources importantes pour établir les responsabilités de chacun au lieu d’agir, alors que l’Afrique, a-t-il dit, subit les effets d’un phénomène dont elle est la moins responsable du fait de ses faibles émissions de dioxyde de carbone.


M. NAWAF SALAM (Liban), qui prenait la parole au nom du Groupe des États arabes, a noté les nombreux défis à relever dans le monde, dans un cadre économique mondial de plus en plus incertain.  Il s’est dit gravement préoccupé par le déclin de l’APD, précisant que l’allégement et l’annulation de la dette ne devaient pas faire partie des ressources de cette assistance.  Il a demandé aux pays développés d’honorer les engagements pris et d’atteindre l’objectif qui avait été agréé de verser 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD.  De plus, il s’est inquiété que certains pays en développement ne soient pas en mesure de parvenir aux OMD et a appuyé la création d’un mécanisme de suivi quant à leur mise en œuvre.  Sur la question des changements climatiques, il a réitéré l’importance d’accorder un même poids aux trois piliers du développement durable.  Il a ajouté que les objectifs à atteindre dans ce domaine devaient reposer sur le principe du respect de la responsabilité commune mais différenciée, tout en tenant compte des capacités respectives de tous les pays.  Il a exprimé une certaine préoccupation concernant la feuille de route de la Déclaration de Bali dont la mise en œuvre ne progresse pas de manière appropriée, ce qui pourrait compromettre l’obtention d’un résultat à Copenhague en décembre 2009. 


Par ailleurs, le représentant a regretté l’apparition de nouvelles formes de protectionnisme dans le domaine commercial, telles que les barrières non tarifaires.  Il a appelé les pays développés à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour sortir de l’impasse actuelle les négociations du Cycle de Doha et pour faciliter l’adhésion des pays en développement à l’OMC.  S’agissant du financement du développement, M. Salam a demandé que la prochaine Conférence de Doha traite des questions émergentes, qui peuvent avoir un impact négatif sur le développement, et qu’elle renforce les mécanismes de suivi de la mise en œuvre des engagements pris.  Il a aussi insisté sur l’importance de trouver des sources novatrices de financement du développement.  Il a de plus mis l’accent sur le renforcement de la coopération Sud-Sud, qui doit compléter celle qui existe du Nord vers le Sud.  L’assistance financière fournie par le biais de cette coopération ne doit pas être considérée comme une forme d’APD, a-t-il ajouté.  Il a enfin appuyé le renforcement de l’unité de coopération Sud-Sud en tant qu’entité distincte du système de l’ONU et s’est félicité de la tenue d’une conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, en 2009. 


M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a fait remarquer qu’alors que la soixante-troisième session de l’Assemblée générale entame ses travaux dans des circonstances critiques, il importe de rééquilibrer l’économie mondiale et de répondre aux défis actuels avec un nouvel esprit en tenant compte des intérêts de toutes les nations.  Il a souligné que le rejet du deux poids deux mesures est d’une importance cruciale pour la coopération socioéconomique, tout particulièrement dans un contexte où la dimension économique prend de l’ampleur dans les questions de politique globale.  Alors que nous dépassons l’inertie d’une idéologie unipolaire dans les politiques mondiales, il est nécessaire de modifier notre partenariat pour le développement, a-t-il insisté.  Le représentant russe a fait remarquer que les crises actuelles montrent que le système de gouvernance globale tel qu’il existe ne peut pas faire face aux défis. 


Il est évident que les tentatives de réguler l’économie et les finances mondiales en se basant sur un seul État sont futiles, a-t-il ajouté, précisant que laisser à une seule partie le soin de dicter les règles du jeu mondial ne fonctionne pas.  M. Churkin a préconisé que soit trouvée une nouvelle forme de leadership collectif en conciliant les intérêts mutuels et la responsabilité de tous les États pour guider l’avenir du monde.


Les Nations Unies ne peuvent rester à distance des crises alimentaire, financière et énergétique qui secouent le monde et entravent les progrès à accomplir dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que sa délégation soutient les efforts déployés par le système des Nations Unies, et en particulier, par l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire, pour faire face au problème de la hausse des prix des denrées alimentaires.  Il a dit soutenir l’initiative du Bélarus d’organiser un débat thématique sur l’efficacité de l’énergie et les sources d’énergie renouvelables, ainsi que celle du Turkménistan de convoquer une conférence internationale visant à assurer un transport sûr de l’énergie.  S’intéressant ensuite aux changements climatiques, il a assuré que la position de la Fédération de Russie en la matière n’a pas changé: la stabilisation des émissions de gaz à effet de serre ne sera possible qu’avec la participation de tous les pays, en tenant compte de leurs capacités et du niveau de leur impact sur les changements climatiques.  Pour conclure, il a relevé l’importance de la prochaine Conférence de Doha sur le suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement, et a souhaité que les discussions de la Deuxième Commission sur ce sujet viennent enrichir les négociations, plutôt que les dupliquer.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que le monde faisait face à une « crise du développement », précisant que « le moteur économique traditionnel mondial s’était pris à son propre piège », que les prix des ressources énergétiques et la détérioration de l’environnement économique externe menaçait la croissance d’économies émergentes, et que la plupart des pays en développement n’avaient pas bénéficié d’une chance de développement.  Il a affirmé qu’il fallait travailler ensemble pour faire face à ces défis, et tout d’abord en renforçant le partenariat mondial en faveur du développement.  Il a précisé que les pays développés devaient fournir une véritable assistance, qui soit alignée sur les besoins des pays en développement, et promouvoir le transfert de technologie et l’investissement tout en améliorant les capacités de ces États en matière de développement durable.  Par ailleurs, il a estimé qu’il fallait réformer l’architecture financière internationale et assurer une sécurité dans ce domaine, ce qui est dans l’intérêt de tous les pays.  Il a souhaité que cette réforme reflète les changements économiques actuels et donne plus de voix aux pays en développement.


Le représentant de la Chine a en outre souligné l’importance de parvenir à un régime commercial équitable, ouvert et non discriminatoire, jugeant indispensable de parvenir à une conclusion équilibrée du Cycle de Doha et d’éviter le protectionnisme.  S’agissant de la sécurité alimentaire, il a noté qu’il fallait appuyer le rôle de coordination de l’ONU dans ce domaine et œuvrer pour une stratégie internationale de coopération pour augmenter la production agricole et les réserves alimentaires mondiales.  En ce qui concerne les changements climatiques, il a mis en avant le principe de responsabilité commune mais différenciée, qui doit être respecté, et il a insisté sur la nécessité pour les pays développés de tenir leurs promesses en matière de ressources de financement, de transfert de technologie, d’adaptation et de renforcement des capacités humaines et techniques.  Il a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la coopération Sud-Sud, que la Chine souhaite étendre. 


Enfin, il a estimé que l’approche de développement de son pays était basée sur la promotion du bien-être des personnes et combinait un développement économique rapide et sûr au progrès social. 


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque) a souligné que la Deuxième Commission se réunit à un moment qui pourrait être qualifié de « pire », alors que tous les pays en développement sont confrontés à des défis complexes et effrayants qui menacent d’entraver leurs efforts et leurs progrès en matière de développement.  En dépit des avancées, la pauvreté qui prévaut dans les pays en développement demeure alarmante, a-t-il fait remarquer.  Ces pays n’ont jamais été autant marginalisés au sein de l’économie mondiale.  Et le fossé entre ceux-ci et les pays développés s’est élargi, a-t-il souligné.  Le représentant jamaïcain a estimé que cet état de fait démontre clairement l’urgence et la nécessité de s’atteler à relever les défis actuels.  Cet état de chose montre également que le développement devrait être considéré comme une priorité de l’agenda des Nations Unies, a-t-il ajouté, soulignant que le développement est un droit pour tous et non le privilège d’un petit nombre.  Dans ce contexte, M. Wolfe s’est réjoui des efforts déployés pour renforcer le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC) et, plus particulièrement, du lancement de l’Examen ministériel annuel et du Forum pour la coopération en matière de développement.  Il a également relevé l’importance de la prochaine Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Doha à la fin du mois de novembre prochain.


Le représentant de la Jamaïque a souligné que le plein respect des engagements pris reste un impératif moral et politique.  Il a ensuite attiré l’attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire, soulignant que ces derniers sont peu à peu relégués au rôle d’« orphelins » au sein du système international, surtout s’agissant de l’aide publique au développement et de l’allégement de la dette.  La catégorisation des pays à revenu intermédiaire, qui se base avant tout sur le revenu per capita, masque les réalités, les défis et les vulnérabilités dont ils souffrent, a-t-il déploré.  Soulignant que la majorité des pays de la région des Caraïbes font partie des pays les plus endettés, il a souhaité que la communauté internationale réexamine sa position et que les institutions financières internationales modifient leur approche à l’égard de ces pays.  Il a, dans ce contexte, demandé que ces institutions reconnaissent les États de la Communauté des Caraïbes comme une catégorie spéciale de petits États à revenu intermédiaire vulnérables et hautement endettés. 


M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a affirmé que la nécessité d’une coopération mondiale n’avait jamais été aussi évidente qu’aujourd’hui.  Il a précisé que la Deuxième Commission devait traiter des défis mondiaux actuels de manière décisive.  Il a soutenu que la crise alimentaire mondiale était une préoccupation humanitaire grave et une menace sérieuse pour la stabilité économique et politique du monde.  Pour y répondre, il a estimé qu’il fallait, à court terme, verser une aide monétaire et alimentaire supplémentaire aux pays en développement affectés.  Mais à long terme, a-t-il poursuivi, les investissements accrus, la recherche et le développement du secteur agricole sont essentiels, non seulement pour répondre à cette crise, mais aussi pour traiter du problème persistant de la pauvreté rurale dans les pays en développement.  Il a ajouté qu’il fallait éliminer les subventions agricoles dans les pays développés pour permettre aux agriculteurs des pays en développement de bénéficier de la commercialisation de leur production.  Il a aussi soutenu que l’Afrique ne devait pas tomber dans le piège de redevenir un simple fournisseur de matières premières.  Il nous faut générer une valeur ajoutée menant à l’exportation d’aliments manufacturés tout en répondant à nos besoins alimentaires nationaux, a-t-il dit. 


Il a indiqué que, pour sa délégation, cette session était l’occasion de progresser vers la création d’un environnement favorable au développement durable et au renforcement de la mise en œuvre des engagements pris pour parvenir aux objectifs internationaux de développement.  L’Ouganda appelle tous les délégués de cette Commission à rejoindre le consensus sur des questions essentielles comme le commerce, le financement pour le développement, le développement durable et les changements climatiques, a-t-il lancé.  Il a enfin relevé que les réunions de haut niveau tenues ces dernières semaines aux Nations Unies témoignaient de la pertinence de l’ONU en tant que plate-forme universelle pour élaborer des approches communes aux problèmes économiques actuels.  Le représentant a de plus souhaité une réforme de la gouvernance économique internationale, notamment par le renforcement de la présence et du nombre de voix des pays en développement dans les processus de prise de décisions et d’élaboration des normes au sein des institutions multilatérales. 


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a estimé que la résorption de la crise qui secoue la finance internationale requiert la conjugaison de tous les efforts de la communauté internationale.  Ces efforts, a-t-il précisé, passent par la surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques en vue de remédier aux déséquilibres globaux et de lutter contre les pratiques spéculatives à l’origine des graves perturbations des marchés.  Il a fait observer que si l’apport de la mondialisation est indéniable pour l’intégration des marchés et la croissance mondiale, elle reste un facteur de mondialisation d’une grande partie des pays en développement.


Le représentant algérien a souligné que les contraintes dues aux crises alimentaire et énergétique mondiales, aux changements climatiques et au désordre dans le domaine financier menacent de réduire considérablement les progrès accomplis en matière de développement.  Il a également fait remarquer que l’agenda pour le développement reste tributaire de la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement.  À cet effet, il a estimé « salutaire » que l’ensemble des pays en développement jouent leur rôle dans le cadre des politiques économiques mondiales par le biais d’une participation équitable à la prise de décisions au sein des institutions financières et commerciales internationales.  Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, et l’Organisation mondiale du commerce ne peuvent se prévaloir du caractère universel si elles restent dirigées selon les mêmes mécanismes de prise de décisions qui accordent peu de place aux pays en développement, a-t-il averti.  M. Benmehidi a ensuite souligné qu’une meilleure prise en charge des questions pressantes du développement requiert la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale, relevant à cet égard l’importance que revêt la Conférence de suivi sur le financement du développement qui se tiendra à Doha.  Pour conclure et tout en se félicitant de la prise de conscience mondiale sur l’impact de l’évolution du climat, le représentant algérien a plaidé pour une approche intégrée en matière de changement climatique, approche qui, a-t-il précisé, doit inclure des mesures d’adaptation, de transfert de technologie et de partage des bonnes pratiques.


M. SUSHILKUMAR SHINDE (Inde) a rappelé que les questions examinées par cette Commission –soit le développement, l’économie et l’environnement- étaient celles qui attiraient toute l’attention internationale et a demandé que les débats fournissent des suggestions concrètes et une direction pour que le monde puisse faire face à ces défis.  Il a affirmé que les questions de l’APD, des flux de capitaux, de la dette, des subventions agricoles, des barrières non tarifaires, des négociations commerciales, de la perte d’espace politique, entre autres, exacerbaient les problèmes des pays en développement et devaient être réglées rapidement.  Il a soutenu qu’on ne pourrait éviter l’impact de la crise financière sur les efforts de développement actuels, et a espéré que la Conférence de Doha examinerait cette question.  Cette crise envoie un message pour que soient modifiés les systèmes financiers et leurs modes de régulation, a-t-il poursuivi. Le représentant a de plus fait valoir que cette crise démontrait la nécessité d’ouvrir un espace politique afin de permettre aux pays en développement de choisir les politiques appropriées à leur situation spécifique.  Il a rappelé que par le passé, les institutions de Bretton Woods avaient limité les choix disponibles. L’Inde estime qu’il faut revoir le fonctionnement de ces institutions ainsi que l’articulation de toute l’architecture financière internationale.  Les Nations Unies, qui ont la légitimité requise, doivent retrouver leur rôle directeur en matière de politique économique internationale, a dit M. Shinde. 


Sur la question des changements climatiques, il a regretté que l’approche habituelle se poursuive, arguant que des efforts devaient être faits pour revoir le régime de propriété intellectuelle afin que certaines technologies puissent bénéficier à tous les pays.  Il a aussi déploré les tentatives visant à ignorer la responsabilité historique qui revient aux pays riches dans ce domaine et les a appelé à respecter les impératifs de développement des pays du Sud.  Par ailleurs, il a insisté sur le défi énergétique auquel le monde fait face, alors qu’il faut notamment assurer à tous un accès à l’électricité.  Il a indiqué qu’il fallait employer des stratégies énergétiques efficaces et rationnelles et augmenter constamment la part d’énergie renouvelable et durable dans la consommation de chaque pays.  Il a cité en exemple l’Inde, où les compagnies qui distribuent l’électricité doivent en fournir une proportion à partir de sources d’énergie renouvelable.  Il a aussi souligné que l’Inde était l’un des pays les plus « efficaces » d’un point de vue énergétique et qu’elle avait introduit des normes pour les appareils ménagers et un code de conservation de l’énergie pour les bâtiments commerciaux notamment. 


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a fait remarquer que lorsque la Deuxième Commission s’est réunie l’année dernière, il y avait déjà des signes qui menaçaient les perspectives de développement.  Aujourd’hui, les spectres d’une récession économique, la hausse des prix des denrées alimentaires et du pétrole, ainsi que l’intensité croissante des catastrophes naturelles se font sévèrement ressentir, a-t-elle souligné.  Dans ce contexte, Mme Blum a préconisé que la Deuxième Commission s’attelle à l’analyse de cette crise.  La crise alimentaire demande une attention particulière, a-t-elle poursuivi.  Elle a, à cet égard, préconisé que la Commission continue sur la lancée des travaux de la Conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture organisée à Rome et veille, notamment, au suivi de la mise en œuvre des actions au sein du système des Nations Unies.  Elle a en outre souhaité qu’une place soit faite à l’analyse des aspects de ce problème relatifs à l’énergie.


La représentante colombienne a par ailleurs estimé que la Conférence sur le financement du développement qui se tiendra prochainement à Doha offre une opportunité importante pour envisager des actions concrètes dans des domaines clefs, s’agissant notamment de l’établissement d’un système commercial ouvert et équitable et d’un système financier international qui soit plus représentatif.  Elle a souhaité que la Conférence aille plus loin que la simple réaffirmation des engagements et répondent concrètement aux défis posés par la situation économique actuelle.  Ainsi, elle a préconisé que le document qui sera adopté à Doha tienne notamment compte de la nécessaire régulation des marchés financiers et de l’importance d’élaborer des mécanismes qui offrent des liquidités en cas d’urgence.  Il faudra également s’intéresser à la question des flux de capitaux illicites, notamment en ce qui concerne le financement du terrorisme, a-t-elle ajouté.  S’intéressant ensuite aux changements climatiques, Mme Blum a estimé que la valeur des travaux de la Deuxième Commission sera mesurée par sa capacité à promouvoir l’autonomie et l’indépendance de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto, en tant que processus essentiels pour s’attaquer aux différentes dimensions de ce problème.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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