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AG/AB/3854

LA CINQUIÈME COMMISSION EXAMINE LE FINANCEMENT DE L’OPÉRATION HYBRIDE UNION AFRICAINE-ONU AU DARFOUR, BUDGET LE PLUS ÉLEVÉ DES OPÉRATIONS DU MAINTIEN DE LA PAIX

03/06/2008
Assemblée généraleAG/AB/3854
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission

46e séance – matin


LA CINQUIÈME COMMISSION EXAMINE LE FINANCEMENT DE L’OPÉRATION HYBRIDE UNION AFRICAINE-ONU AU DARFOUR, BUDGET LE PLUS ÉLEVÉ DES OPÉRATIONS DU MAINTIEN DE LA PAIX


La Cinquième Commission (chargée des questions administratives et budgétaires) a examiné, ce matin, le budget de maintien de la paix le plus élevé dont elle a été saisie, celui de l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour (MINUAD).  Les ressources sollicitées pour la période allant du 1er juillet 2008 au 30 juin 2009 totalisent 1 699 millions de dollars.


Présentant la proposition budgétaire du Secrétaire général, le Contrôleur des Nations Unies, M. Warren Sach, a rappelé que le budget approuvé pour la période du 1er juillet 2007 au 30 juin 2008 était de 1 276 millions de dollars.  Le budget pour 2008-2009 représente donc une augmentation de plus de 33%, a-t-il précisé.  Il a indiqué que cet écart s’expliquait par le fait que la MINUAD avait été créée en août 2007 et que le premier budget de cette Mission comprenait les ressources nécessaires pour un déploiement progressif, entamé sur le terrain au 1er janvier 2008.  Pour l’année à venir, toutefois, le budget représente les besoins complets sur 12 mois, a-t-il fait valoir.


Tout en recommandant* d’approuver le montant sollicité par le Secrétaire général pour la MINUAD, Mme Susan McLurg, Présidente du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), a proposé que seulement la moitié de cette somme soit mise en recouvrement auprès des États Membres, afin de couvrir les besoins de la Mission du 1er juillet au 31 décembre 2008.


En effet, elle a estimé que le Secrétaire général devrait présenter un rapport à l’Assemblée générale, au plus tard au 30 novembre 2008, sur les progrès de mise en œuvre du budget et pour présenter, si nécessaire, une ouverture de crédits révisés et des mises en recouvrement supplémentaires.


Mme McLurg a également indiqué qu’au 31 mai 2008, les dépenses de la Mission pour 2007-2008 totalisaient 732,9 millions de dollars alors que les crédits ouverts avaient été de 1,275 millions de dollars.  Compte tenu du temps qui reste, le Comité consultatif estime qu’il sera difficile de parvenir au niveau de dépenses prévues de 1,17 milliard, a-t-elle dit, tout en reconnaissant qu’après cette phase de démarrage, les dépenses s’accéléreront et la fourniture de fonds appropriés deviendra critique.


Au cours du débat qui a suivi, plusieurs délégations, dont celle de l’Angola qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, ont reconnu que la complexité et le caractère exceptionnel de la Mission hybride exigeaient un budget important.  Rappelant que la contribution de son pays pour financer la MINUAD s’élèverait à 440 millions de dollars, le représentant des États-Unis a toutefois qualifié cet engagement de nécessaire pour restaurer la paix au Darfour.


Ce dernier a toutefois appuyé la recommandation du CCQAB de ne mettre que la moitié du budget proposé pour la MINUAD en recouvrement auprès des États Membres.  Privilégiant aussi cette approche, le représentant du Canada, qui prenait également la parole au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a estimé que le montant proposé se fondait sur des hypothèses trop optimistes, entraînant une mise à contributions inutilement élevée pour les États Membres.


Quant au représentant du Japon, il a souhaité que l’on réévalue, avant même d’adopter l’approche défendue par le CCQAB, les moyens demandés sur la base d’informations actualisées sur la réalité du déploiement.  Il serait ainsi possible, a-t-il assuré, de réduire de 30% le budget proposé, compte tenu de la situation actuelle.


Les délégations qui sont intervenues ont par ailleurs souligné les retards pris dans le déploiement de la MINUAD et appelé le Secrétaire général à prendre toutes les mesures nécessaires pour l’accélérer.  Le représentant du Canada a, quant à lui, regretté que la MINUAD ne semble pas plus robuste que la Mission de l’Union africaine au Soudan qu’elle a absorbée et a appelé le Gouvernement du Soudan à coopérer de manière plus ouverte.


Le représentant du Soudan a affirmé qu’il n’y avait pas de manque de coopération de la part de son gouvernement mais des lacunes dans la mise en place de la Mission, et notamment le manque de volonté de certains États Membres de mettre à disposition des hélicoptères.  Il a déclaré que son gouvernement continuerait d’œuvrer à la mise en place de la MINUAD.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à agir avec fermeté pour mettre fin à la terreur que mènent les mouvements rebelles qui, selon lui, continuent de faire obstacle à la réalisation des objectifs internationaux.


La Cinquième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 4 juin, à une heure qui sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


* Le rapport du CCQAB, qui n’est pas encore disponible dans toutes les langues officielles de l’ONU, sera publié sous la cote A/62/781/Add.14



FINANCEMENT DE L’OPÉRATION HYBRIDE UNION AFRICAINE-NATIONS UNIES AU DARFOUR (MINUAD)


Présentation et débat général


Mme ELSA CRISTINA DE JESUS PATACA (Angola), qui prenait la parole au nom du Groupe des États d’Afrique, a regretté que ce budget, qui représente la plus grande part du budget de maintien de la paix, soit introduit pour examen quatre jours seulement avant la clôture de cette reprise de session.  Notant le mandat difficile de la MINUAD et son retard de déploiement, elle s’est toutefois dite convaincue que la Mission sera rapidement dotée des effectifs autorisés.  La représentante a par ailleurs rappelé la nature exceptionnelle, complexe et multidimensionnelle de cette Mission.  La représentante s’est félicitée de la proposition du Secrétaire général de fournir des opportunités de formation professionnelle au personnel national et de le faire participer pleinement aux programmes pertinents, soulignant qu’il était essentiel de renforcer les capacités au Darfour.  En outre, elle a rappelé que le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) menait, depuis janvier 2008, un audit sur l’usage de mesures exceptionnelles prises pour la MINUAD.  Elle a constaté que le BSCI devrait achever cet audit en mai 2008 et faire rapport à l’Assemblée générale lors de sa soixante-troisième session.  Le Groupe des États d’Afrique, a-t-elle ajouté, estime qu’en raison de l’envergure, la taille et la nature hybride de la MINUAD, il était nécessaire de lui assurer des ressources suffisantes.  Elle s’est dite consciente des défis auxquels fait face la MINUAD pour son plein déploiement, alors que cette Mission n’a que six mois d’existence.


Intervenant au nom du Groupe CANZ, M. OLIVIER POULIN (Canada) a appuyé les efforts de l’Union africaine et de l’ONU pour la paix et la stabilité au Darfour par le biais de la MINUAD.  Il a souligné l’importance de soutenir les pays africains qui fournissent des contingents de police et de militaires à cette Mission.  Il a souligné les difficultés de la MINUAD en citant l’éloignement extrême, les problèmes logistiques et de communication et le manque de coopération du Gouvernement soudanais.  Le représentant a regretté que la MINUAD ne semble pas plus robuste que la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) qu’elle a absorbée.  Il a estimé que tout succès exigera une coopération accrue du Gouvernement du Soudan qu’il a appelé à coopérer de manière plus ouverte.


Par ailleurs, le représentant a relevé que le projet de budget de la MINUAD pour 2008-2009 était le budget de maintien de la paix le plus élevé de l’histoire des Nations Unies.  Il a regretté l’insuffisance d’informations pour les coûts opérationnels qui représentent la moitié du budget, en mentionnant notamment l’installation des infrastructures, les transports aériens et les rations alimentaires.  Notant que la Mission n’avait utilisé à ce jour qu’une faible partie des crédits ouverts, le représentant a estimé que le montant proposé se fondait sur des hypothèses trop optimistes, entraînant une mise à contributions inutilement élevée pour les États Membres.  C’est pourquoi, il a jugé utile de pouvoir s’appuyer sur des besoins révisés en fonction de l’évolution de la situation de terrain pour pouvoir se prononcer de façon définitive sur les moyens nécessaires.


M. DAVID TRAYSTMAN (États-Unis) a estimé que la réussite du processus de paix au Darfour et le succès de l’Opération Union africaine-ONU étaient essentiels si l’on souhaitait collectivement aider le peuple du Darfour.  Il s’est dit déçu des retards qui ont ralenti le déploiement de la MINUAD et a prié le Secrétaire général d’adopter toutes les mesures nécessaires pour l’accélérer.  Appuyant les demandes sollicitées par le Secrétaire général, il a indiqué que la mise en recouvrement de la contribution de sa délégation serait de 440 millions pour cette Mission.  Toutefois, a-t-il rappelé, sa délégation estime qu’un tel engagement est nécessaire dans les efforts de l’ONU pour contribuer à réduire la violence, répondre aux besoins humanitaires et restaurer la paix au Darfour.  Le représentant a par ailleurs soutenu la recommandation du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires selon laquelle seule la moitié du budget de la MINUAD devrait être mise en recouvrement auprès des États Membres, en attendant un rapport d’étape et, si nécessaire, une ouverture de crédits révisés.  Il a estimé que cette approche était appropriée compte tenu des retards qui empêchent le déploiement des troupes et d’autres facteurs imprévisibles qui ont un impact négatif sur la Mission.  Enfin, il a déclaré que l’approbation du budget proposé pour la MINUAD constituait un moyen important d’accélérer la fourniture d’assistance pour la population du Darfour qui souffre depuis longtemps.


M. MOHAMED YOUSIF IBRAHIM ABDELMANNAN(Soudan) a salué le partenariat intervenu entre l’Union africaine et les Nations Unies en coopération avec le Gouvernement du Soudan dans le but de déployer une mission chargée d’aider les parties soudanaises à promouvoir la paix.  Il a rappelé qu’il existait une stratégie de sortie très claire qui avait été précisée par la résolution 1769 du Conseil de sécurité.  Il a déclaré que le Gouvernement du Soudan continuera d’œuvrer à la mise en place de la MINUAD en regrettant que les mouvements rebelles continuent de mettre en cause la réalisation des objectifs de la communauté internationale.  Il a invité la communauté internationale à agir avec fermeté pour mettre fin à la terreur que mènent ces mouvements rebelles, lesquels sont appuyés par certains États Membres qui, selon ses termes, « pleurent des larmes de crocodiles devant la situation au Darfour ». 


Par ailleurs, le représentant a souhaité que l’on s’attaque aux causes profondes des taux de vacances très élevés en évitant de présenter des justifications non réalistes.  Il a regretté que le rapport indique que les voies de communication et de transport constituent un obstacle pour la Mission dans la mesure où il faut sept semaines pour se rendre de Port-Soudan au Darfour.  Il a soutenu qu’il y avait des routes goudronnées reliant le nord du Soudan au Darfour.  Par ailleurs, il a souhaité des informations détaillées sur les achats réalisés au cours des périodes précédentes avec des précisions sur celles réalisées dans la région.  Il n’y a pas de manque de coopération du Gouvernement du Soudan, mais des lacunes dans la mise en place de la Mission, a-t-il estimé en faisant référence au manque de volonté de certains États Membres de mettre à disposition de la Mission des hélicoptères.


M. JUN YAMADA (Japon) a souhaité obtenir une image claire de l’état du processus de déploiement avant de s’engager sur un budget de 1,69 milliard en deux versements de 849 millions respectivement le 1er juillet et le 1er décembre 2008.  Il a souhaité que l’on envisage la possibilité de réévaluer les moyens demandés sur la base d’informations actualisées sur la réalité du déploiement.  Le représentant a estimé qu’il était possible de réduire de 30% le budget proposé, compte tenu de la situation actuelle.  Il a demandé au Secrétaire général de présenter à l’Assemblée générale les informations les plus actualisées sur les préparatifs encours pour le déploiement.  Il a appuyé le Secrétaire général pour les efforts déployés pour surmonter les défis et risques de gestion importants de la plus grande Mission de l’histoire du maintien de la paix.


Documentation


Financement de la MINUAD pour l’exercice allant du 1er juillet 2008 au 30 juin 2009 (A/62/791 et Corr.1)


Ce rapport du Secrétaire général présente le budget de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour pour l’exercice allant du 1er juillet 2008 au 30 juin 2009, dont le montant s’élève à 1 699 710 000 dollars.


Ce budget couvre le déploiement de 240 observateurs militaires, 19 315 soldats, 3 772 membres de la Police des Nations Unies, 2 660 membres des unités de police constituées, 1 554 fonctionnaires recrutés sur le plan international, 3 455 agents recrutés sur le plan national, 548 Volontaires des Nations Unies et 6 agents fournis par des gouvernements.


Le mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour a été établi par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1769 (2007), pour une période initiale de 12 mois.  Conformément à cette résolution, la passation des pouvoirs de la Mission de l’Union africaine au Soudan à la MINUAD a eu lieu le 31 décembre 2007.  Le budget proposé prend pour hypothèse que la Mission poursuivra ses travaux comme décrit dans le rapport conjoint présenté par le Président de la Commission de l’Union africaine et le Secrétaire général (S/2007/307/Rev.1) et conformément aux décisions prises par le Conseil de sécurité.


Parmi les éléments qui ont permis d’établir ce budget, le rapport indique que, compte tenu de l’aggravation de l’insécurité au Darfour ces derniers mois et de la poursuite des pourparlers de paix sous les auspices des envoyés spéciaux pour le Darfour, il est supposé que les efforts de médiation menés sous la direction conjointe de l’Union africaine et de l’ONU se poursuivront au cours de l’exercice 2008-2009.  Il indique également que des élections nationales sont prévues au Soudan en 2009 et que le rôle d’appui que la MINUAD jouera à cet égard reste à préciser.  Il est prévu à l’heure actuelle que la Mission se borne à offrir une assistance technique aux mécanismes participant à l’élaboration d’un plan concernant la tenue d’élections locales au Darfour et d’un référendum sur le statut définitif du Darfour, souligne-t-il.  Il affirme également qu’il est prévu que la MINUAD dispose des capacités opérationnelles nécessaires à l’exécution des tâches liées à la sécurité qui relèvent de son mandat, notamment la protection des civils, surtout les groupes vulnérables.


Enfin, le rapport relève que les problèmes propres au Darfour, comme son éloignement, l’aridité du climat, l’insuffisance des communications, le manque d’infrastructure, l’insécurité et les longs transports par route depuis Port-Soudan pour les déplacements et les approvisionnements ont façonné le concept des opérations de la Mission.  Ces facteurs continueront d’influer notablement sur le rythme auquel la MINUAD deviendra pleinement opérationnelle et efficace, estime-t-il.


En conclusion, le Secrétaire général demande donc à l’Assemblée générale d’ouvrir un crédit d’un montant de 1 699 710 000 dollars pour le fonctionnement de la Mission pendant l’exercice 2008-2009.  Il lui demande aussi de mettre en recouvrement le montant de 141 642 500 dollars pour la période allant du 1er au 31 juillet 2008.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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