Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. KEMAL DERVIS, ADMINISTRATEUR DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT (PNUD)

22/10/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. KEMAL DERVIS, ADMINISTRATEUR DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT (PNUD)


L’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé, aujourd’hui, le rapport intitulé « Relèvement économique après le conflit : permettre l’ingéniosité locale », au cours d’une conférence de presse tenue au Siège de l’ONU à New York. 


Il n’existe pas de modèle universel pour garantir le relèvement postconflit d’un État mais, certains éléments sont essentiels, a indiqué Kemal Dervis, en citant l’appropriation nationale du processus de relèvement, le redressement des capacités étatiques, l’importance des politiques macroéconomiques, les mécanismes de croissance ou la réduction des inégalités.


L’Administrateur du PNUD était accompagné de la Directrice du Bureau du PNUD pour la prévention des crises et le relèvement, Mme Kathleen Cravero, qui a fait une présentation spécifique de la situation et le rôle des femmes dans le relèvement. 


Le rapport, a expliqué M. Dervis, regroupe l’expérience acquise, non seulement par le PNUD mais par l’ensemble de la famille des Nations Unies.  La phase difficile du relèvement postconflit, qui est une partie intégrante du mandat du PNUD, vient de faire l’objet d’un accord entre les Nations Unies et la Banque mondiale sur la manière de renforcer les synergies.


Les défis sont gigantesques, a averti l’Administrateur du PNUD.  Nous n’avons pas toutes les solutions mais, le rapport traite d’un certain nombre de facteurs clefs.  Il présente des exemples de réussite comme le Mozambique, et d’autres cas dans lesquels les pays sont au contraire restés embourbés dans des situations de faible croissance après les conflits.


Le rapport met aussi l’accent sur l’importance fondamentale qu’il y a à réhabiliter les capacités publiques et étatiques, qui se sont écroulées durant le conflit, a expliqué M. Dervis, pour qui le contexte actuel de la crise financière mondiale montre la complémentarité entre État et marché.  Toutefois, a-t-il poursuivi, sur le front politique, il faut veiller aussi, à rassembler les anciens ennemis et, à cet égard, il est essentiel que les élections n’aboutissent pas à la concentration des pouvoirs entre les mains du vainqueur.  Il faut, a dit l’Administrateur du PNUD, un partage du pouvoir. 


Quant aux soutiens extérieurs durables, ils sont fondamentaux mais ils doivent se concentrer sur le relèvement de l’État, se gardant de créer une dépendance à long terme et soutenir les dynamiques nationales.


Pour sa part, Mme Cravero a rappelé que les femmes souffrent de manière disproportionnée des crises et ne bénéficient pas toujours du processus de paix.  C’est pourquoi le rapport soulève quatre recommandations spécifiques.  La fin d’un conflit peut être une chance très importante de réduire les inégalités, y compris les discriminations à l’égard des femmes.  Mais, a averti la Directrice, ces progrès ne sont pas automatiques.  On a vu des exemples où la condition des femmes a, au contraire, régressé après les conflits. 


Les femmes peuvent et doivent être les actrices de leur propre relèvement, lequel peut représenter une étape déterminante du processus de consolidation de la paix.  Les questions touchant la condition des femmes doivent être intégrées dans tous les programmes et projets postconflit, pas seulement au nom des impératifs moraux mais au nom du bon sens économique, comme l’ont démontré plusieurs études sur le terrain.  Il faut, enfin, accorder aux femmes une participation égale dans les processus de relèvement postconflit.


Le rôle des femmes dans ce relèvement est aussi un élément clef du programme en huit points du PNUD en faveur de leur autonomisation et de l’égalité des sexes, a rappelé Mme Cravero, pour qui les femmes doivent être considérées comme des contributeurs à la solution des problèmes et des décideurs dans le relèvement économique et l’instauration d’une paix durable.


L’Administrateur du PNUD a, par ailleurs, souhaité que la communauté internationale continue de traiter les problèmes à long terme et ne pas se laisser dominer par les pressions à court terme dues à la crise économique actuelle.  Évoquant, dans ce contexte, les signes éventuels d’une diminution de l’aide, il a dit ne pas avoir, à ce stade, noté de coupure dans les montants prévus.  En revanche, il n’a pas caché ses inquiétudes quant aux budgets 2009 et 2010, estimant qu’il y aura des pressions à la baisse. 


M. Dervis a fait observer que les montants de l’aide publique au développement (APD) ne représentent que des proportions très faibles du produit intérieur brut (PIB) des États donateurs, soit, en général, moins de 0,5%.  Comparée aux sommes investies actuellement dans le règlement de la crise financière, l’APD devient dérisoire.  Cela signifie que les engagements pris par les États peuvent et doivent être honorés, a pressé l’Administrateur du PNUD, en faisant état d’autres difficultés, comme les signes déjà visibles de baisse des prêts accordés par les banques privées aux pays en développement. 


Kemal Dervis a souhaité que la famille des Nations Unies continue de jouer son rôle, en demandant à la communauté internationale de ne pas négliger deux domaines essentiels à long terme à savoir, l’élimination de la pauvreté et la lutte contre les changements climatiques.  Il a, par ailleurs, fait observer que la crise alimentaire du printemps est en train de changer de nature. 


Désormais, nous faisons face moins à une crise due aux cours mondiaux des denrées alimentaires, qui ont d’ailleurs déjà baissé même si localement les prix peuvent rester très élevés, a noté l’Administrateur.  Avec la crise économique mondiale, ce ne sont plus les prix élevés qui limitent l’accès à la nourriture mais bien la chute du pouvoir d’achat des consommateurs, a simplifié M. Dervis.  La crise alimentaire est donc devenue une crise de la pauvreté liée notamment à l’augmentation du taux de chômage.  Il devient donc urgent de régler non seulement la question alimentaire au sens étroit mais aussi celle de l’emploi. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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