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CPSD/374

LE SAHARA OCCIDENTAL CONTINUE D’OCCUPER LES DISCUSSIONS DE LA QUATRIÈME COMMISSION QUI A ENTAMÉ SON DÉBAT GÉNÉRAL

11/10/2007
Assemblée généraleCPSD/374
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

5e séance – après-midi


LE SAHARA OCCIDENTAL CONTINUE D’OCCUPER LES DISCUSSIONS DE LA QUATRIÈME COMMISSION QUI A ENTAMÉ SON DÉBAT GÉNÉRAL


Alors que la Nouvelle-Zélande est citée en exemple pour son traitement des  Tokélaou, le Royaume-Uni défend son refus de négociations sur les Falkland (Malvinas)


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entendu cet après-midi les derniers pétitionnaires venus soutenir soit l’indépendance du Sahara occidental que réclame le Front POLISARIO, soit à l’inverse, le statut d’autonomie proposé par le Maroc.  Après ces plaidoyers les délégations des États Membres ont entamé le débat général des travaux de la Commission.


Deux anciens membres du Front POLISARIO, ralliés aux thèses du Maroc, ont témoigné en faveur du plan d’autonomie marocain et dénoncé « la tyrannie » qu’exercerait dans les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie, le mouvement indépendantiste auquel ils ont auparavant appartenu.  Les camps de Tindouf peuvent-ils être considérés comme des camps de réfugiés, alors qu’ils sont sous le contrôle de l’armée algérienne? ont demandé certains pétitionnaires favorables à la légitimation d’une souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.


Dans le camp favorable à l’indépendance du territoire, un élu de la Communauté de Madrid a dressé une comparaison entre Timor-Leste et le Sahara occidental: le Maroc est aussi malade du Sahara occidental que l’Indonésie l’était du Timor oriental, a-t-il affirmé.  Le terrorisme s’est alors épanoui en Indonésie tout comme il est en train d’apparaître au Maroc, a-t-il averti.  Le pétitionnaire en a conclu que l’autonomie n’était pas la solution à proposer à la question.


Après ces interventions, les représentants d’une douzaine d’États Membres se sont exprimés pour faire le point sur les progrès effectués dans le cadre de la Deuxième décennie internationale de l’élimination du colonialisme 2001-2010.


Plusieurs délégations ont déploré que le Sahara occidental soit toujours à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.  Le représentant de l’Afrique du Sud a déclaré que son pays était préoccupé par les atrocités commises contre des Sahraouis dans les portions de territoire occupées par le Maroc.  L’absence de mise en œuvre du droit à l’autodétermination explique de telles atteintes aux droits de l’homme, a-t-il estimé.  Des délégations se sont félicitées des pourparlers entamés entre le Maroc et le Front POLISARIO, ce qui ne signifie pas cependant qu’il faille mettre de coté les principes régissant la notion universellement reconnue d’autodétermination, ont-elles souligné.


Plusieurs intervenants, dont le représentant du Pakistan, ont évoqué le cas des îles Tokélaou, la délégation de l’Indonésie les qualifiant comme un « exemple extraordinaire », pour rappeler que la politique adoptée par la Nouvelle-Zélande devait à juste titre être perçue comme un modèle que devraient suivre d’autres puissances administrantes.  La délégation pakistanaise a parlé du cas du Jammu-et-Cachemire et s’est dit convaincue qu’un règlement pacifique tenant compte des aspirations de la population du Cachemire ouvrirait une ère nouvelle de confiance mutuelle et de coopération en Asie du Sud.


Alors que le Royaume-Uni est la puissance administrante contrôlant le plus grand nombre de territoires non autonomes, sa délégation a expliqué que la politique de ce pays était d’« encourager les territoires à accéder à l’indépendance si tel était leur souhait ».  S’estimant mise en cause au sujet des Falkland (Malvinas), la délégation britannique a répété la « position constante de son pays » selon laquelle il ne peut y avoir de négociations sur le statut de ces îles tant que les populations de l’archipel elles-mêmes ne le souhaitent pas.


La Quatrième Commission poursuivra ses travaux lundi matin à 10 heures.



DEMANDES D’AUDITION CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL


Déclarations


M. FABIAN MARTIN MARTIN, Secrétaire général du parti indépendant de Lanzarote, majoritaire dans l’île des Canaries, a déclaré que la question du statut du Sahara occidental devenait au fil du temps toujours moins claire, moins sûre et moins évidente.  Les Canaries ont des liens étroits avec le Maroc et avec le peuple sahraoui, a-t-il déclaré, ce qui explique que les îles Canaries subissent les conséquences de ce conflit.  Il a lancé un appel pour la reprise des négociations qui, selon lui, pourraient faire renaître l’espoir et permettraient la mise en place d’une solution politique durable au Sahara occidental.  Il a estimé qu’il fallait permettre à la société sahraouie de s’administrer elle-même en créant des institutions adéquates.  Il a rappelé que l’accord politique devait être le fruit d’un dialogue fructueux et sincère, et a dénoncé les intentions politiques déstabilisatrices de certaines parties.  « La résolution de ce conflit dépend uniquement de la bonne volonté des deux parties concernées », a-t-il conclu. 


M. JOSE MANUEL ROMERO GONZALEZ, avocat représentant l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme, a estimé qu’il fallait aller de l’avant et ne plus regarder en arrière, raison pour laquelle le plan proposé par le Maroc présente un grand intérêt.  L’essentiel est d’assurer un avenir meilleur à la population sahraouie et à ses enfants, a-t-il souligné.  L’orateur, tout en reconnaissant que la revendication indépendantiste ne s’éteindrait pas, qu’il y aurait toujours des « dissidences », et que celles-ci pourront s’exprimer dans le cadre démocratique proposé par le projet marocain d’autonomie.  Évoquant l’autogestion régionale envisagée, celle-ci va plus loin que dans la plupart des pays de la région, a-t-il estimé.  En outre, une amnistie très large est envisagée, ce qui montre, selon M. Gonzalez, la bonne volonté des autorités marocaines, et représente le meilleur moyen de parvenir à la réconciliation.


M. MIGUEL ANGEL PUYOL GARCIA, Directeur de la fondation espagnole ASBL, a déclaré ne plus avoir de respect et de sentiment d’amitié envers le Front POLISARIO par lequel il estime avoir été « berné », ce qui n’est pas le cas des sentiments qu’il a envers le peuple sahraoui.  Il a évoqué son expérience humanitaire personnelle dans les camps de Tindouf; expérience qui lui permet, selon lui, de parler de la situation sur le terrain en connaissance de cause.  Il a dénoncé le fait que, trop souvent, le matériel humanitaire ne parvenait pas à destination des personnes nécessiteuses, en citant l’exemple d’un enfant de 12 ans qui lui aurait demandé de « ne rien donner à la Croix-Rouge », car « il ne recevrait rien ».  Après avoir déploré le fait que le Front POLISARIO l’ait empêché de se rendre dans les camps de Tindouf, il a demandé à la Commission d’intervenir pour assurer la distribution de l’aide humanitaire et pour traduire en justice les responsables des vols de matériels humanitaires.  Enfin, il a tenu à rappeler la présence de milliers de Sahraouis en Mauritanie.


M. JAN STRÖMDAHL, qui représentait le Comité suédois pour le Sahara occidental, a rapporté le témoignage d’une jeune femme victime de la répression marocaine, en expliquant que ce récit était révélateur de la situation qui prévaut dans le territoire.  L’orateur a noté que le Sahara occidental était le plus vaste territoire non autonome au monde.  Il a estimé que l’Espagne avait commis le tort énorme de mettre fin à sa présence coloniale sans écouter la population, ce qui explique que, de facto, le Maroc y est un occupant illégal.  Il a appelé l’Espagne à jouer le rôle qui doit être le sien et l’Union européenne à reconnaître la République arabe sahraouie démocratique.


M. MOSTAFA BOUH, ancien membre du bureau politique du Front POLISARIO, a estimé que l’impasse actuelle était due à une interprétation erronée du principe d’autodétermination.  Dans bien des cas, cette dernière n’a pas toujours mené au choix de l’indépendance mais plutôt à l’intégration ou à l’autonomie au sein d’un autre État.  Une solution politique négociée est la seule voie possible, selon lui, le Maroc s’étant engagé sur la voie démocratique et en faveur de l’autonomie.  M. Bouh a vu dans la participation massive des Sahraouis aux dernières élections marocaines l’adhésion de la population au projet d’autonomie.  Cela montre aussi que le Front POLISARIO n’est pas le seul et unique représentant de la population sahraouie, a-t-il estimé.  L’intervenant a dénoncé la souffrance de la population réfugiée dans le sud algérien et la torture qui serait pratiquée par des membres du POLISARIO dont certains sont aujourd’hui membres de la direction du mouvement.  M. Bouh a dit avoir été témoin de ce genre de choses en tant qu’ancien cadre du POLISARIO.  Il a vanté « la logique claire et non maximaliste qui sous-tend le plan d’autonomie marocain. 


Mme GAJMOULA EBBI, Présidente du Comité pour le regroupement des familles sahraouies (COREFASA), a déclaré que la question du Sahara occidental restait un obstacle à la stabilité, à la paix et à la sécurité dans la région du Maghreb.  Elle a estimé que ce conflit avait paralysé le développement économique et social de la région.  Elle a évoqué la résolution 1754, qui appelle à la reprise des négociations sans conditions préalables, et la proposition marocaine de statut d’autonomie limitée du Sahara occidental.  Elle a rappelé que cette initiative avait été applaudie par la communauté internationale et par le Conseil de sécurité, et a déploré que les divers cycles de négociations, et notamment celui placé sous les auspices de l’ONU à Manhasset, n’avaient toujours pas mené à un accord.  Selon elle, cet état de choses contribue à fragiliser la situation et a donc des conséquences sur la stabilité de la région.  Elle a appelé à un dialogue fructueux et marqué par la bonne volonté.  « Le Maroc a fait un pas en avant avec son initiative; les élections de septembre 2007 sont un exemple de la large participation de la population du Sahara et cela confirme leur volonté de suivre le Maroc dans son initiative », a-t-elle déclaré.  Enfin, la pétitionnaire a demandé à la Commission d’encourager les parties aux négociations, en rappelant l’opportunité que représentait, dans ce cadre, la proposition marocaine. 


Mme KALTHOUM KHAYATI, Vice-Présidente du Conseil royal consultatif aux affaires sahariennes et Présidente de l’Association de défense de la femme sahraouie, a regretté que la Quatrième Commission soit saisie de la question du Sahara occidental, alors que le colonisateur espagnol l’a évacué depuis trois décennies.  Citant Amnesty International, et s’estimant en cela confirmée par sa propre expérience, Mme Khayati a dénoncé « la situation prévalant dans les camps de Tindouf, en particulier la séparation des familles ».  « Ces camps peuvent-ils être considérés comme des camps de réfugiés, alors qu’ils sont sous le contrôle de l’armée algérienne ?», a-t-elle demandé.  Lorsqu’elle a réalisé que le Front POLISARIO bernait la population des camps, a-t-elle indiqué, elle a décidé de rentrer dans son pays, le Maroc.  La pétitionnaire a ensuite vanté le plan

d’autonomie marocain en en soulignant les atouts.  Il s’agit selon elle d’« une solution politique permettant de mettre un terme au conflit, ainsi que d’un instrument de développement susceptible de bénéficier non seulement au Sahara mais aussi à toute la région. »


M. JAVIER MORILLAS GOMEZ a dénoncé l’« industrie de l’immigration qui se développe de l’autre côté du détroit de Gibraltar ».  Il a dénoncé une menace terroriste considérée comme « importante, dangereuse et croissante dans une région politiquement explosive ».  Il a déclaré que, concernant les affrontements qui ont eu lieu tout au long de l’histoire de la question du Sahara occidental, on aurait pu sauver beaucoup de vies si la communauté internationale avait exercé des pressions sur le Maroc pour faire du peuple sahraoui un peuple libre.  M. Gomez a rappelé que le référendum était reconnu par l’ONU comme étant la seule solution au conflit.  Par conséquent, il a estimé qu’il fallait travailler dans la légalité internationale et faire appliquer les résolutions pertinentes des Nations Unies.  Le pétitionnaire a proposé un financement de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) par le Maroc sur la base des ressources que ce pays retire de l’exploitation des ressources de la région.  Enfin, il a réitéré son appel pour l’organisation d’un référendum libre au Sahara occidental. 


Mme LINDSEY M. PLUMLEY, membre de la Fondation américaine pour le Sahara occidental, a souligné que les Sahraouis attendaient toujours en plein désert que les promesses qui leur ont été faites soient tenues.  La communauté internationale est sans doute fatiguée de cette situation, mais elle ne doit pas pour autant accepter une solution excluant l’indépendance du Sahara occidental, a-t-elle souligné.


Débat général


Mme NUNEZ MORDOHE (Cuba) a rappelé que la fin de la Deuxième Décennie pour l’élimination du colonialisme arrivait à échéance dans trois ans, mais qu’il reste beaucoup à faire pour que tous les peuples puissent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination.  « La décolonisation doit continuer à être une priorité pour les Nations Unies », a-t-elle insisté.  Selon elle, pour obtenir son éradication, il faut l’appui total des puissances administrantes.  La représentante a ainsi rappelé que certaines d’entre elles refusaient toujours de coopérer avec le Comité spécial des 24.  Les résultats obtenus avec la Nouvelle-Zélande montrent les bénéfices que l’on peut tirer de la coopération, a déclaré la représentante de Cuba.  Elle a rappelé l’utilité de l’envoi de missions de visites de l’ONU dans les territoires non autonomes et l’organisation de séminaires régionaux qui, selon elle, augmentent la capacité des Nations Unies à venir en aide à ces territoires et permettent de mobiliser l’opinion publique internationale. 


Elle a évoqué la question de Porto Rico, considéré comme un cas relevant de pratiques coloniales, et a appelé les États-Unis à assumer leurs responsabilités et à organiser un référendum libre dans ce territoire.  Elle a apporté son soutien à la lutte que mène Porto Rico depuis des années contre la domination coloniale des États-Unis d’Amérique.  En ce qui concerne le Sahara occidental, elle a rappelé qu’il s’agissait là d’une question qui relève directement de la compétence des Nations Unies et elle s’est félicitée de la tenue des négociations en cours, conformément aux termes de la résolution 1754.  Elle a plaidé en faveur de la tenue d’un référendum d’autodétermination dans la région du Sahara occidental.  Enfin, elle a rappelé que Cuba continuait à offrir des possibilités d’étude à des habitants des Îles Falkland/Malvinas, en précisant que 16 nouvelles bourses leur avaient été accordées cette année.  Pour conclure, elle a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la décolonisation et a appelé à la poursuite du travail mené à cet effet au sein de cette Commission


M. ASIM IFTIKHAR AHMAD (Pakistan) a évoqué le cas de Tokélaou, en rappelant que la politique de la Nouvelle-Zélande sur cette question avait été qualifiée à juste titre d’exemplaire et qu’il espérait que cet exemple serait suivi par d’autres puissances administrantes.  Concernant le Sahara occidental, il a estimé que le dialogue était la meilleure façon de parvenir à une solution.


Rappelant que le droit à l’autodétermination était un droit fondamental, le représentant du Pakistan a cité la Charte de l’ONU et la Résolution 1514 (XV) de 1960 et estimé que celle-ci s’appliquait précisément à des conflits comme celui du Proche-Orient, ou au différend qui existe entre son pays et l’Inde sur la question du Jammu-et-Cachemire.  Le Pakistan soutient le « juste combat » du peuple palestinien pour la paix et la liberté, a ajouté le représentant.  Il s’est d’autre part dit convaincu qu’un règlement pacifique, et répondant aux aspirations du peuple du Cachemire, ouvrirait une ère nouvelle de confiance mutuelle et de coopération en Asie du Sud.


M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) s’est exprimé au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Il a déclaré que la SDAC souscrivait à la déclaration du Mouvement des non-alignés.  Il a apporté son appui au processus de décolonisation du Sahara occidental, et ce conformément au principe énoncé dans la Charte des Nations Unies et dans la Résolution 1514 de l’Assemblée générale.  « Ce peuple devrait être libre et autorisé à fixer son propre avenir sans interférences extérieures», a-t-il déclaré.  M. Kapambwe a rappelé que la SADC soutenait la Résolution 1754 dans laquelle le Secrétaire général préconise la reprise des négociations sans condition préalable et avec, à la clef, l’organisation d’un référendum libre et juste.  Il s’est félicité des négociations qui avaient eu lieu à Manhasset et de la participation de toutes les parties à ces pourparlers. 


En tant que représentant d’une région qui a connu diverses formes de domination étrangère tout au long de son histoire, telles que l’esclavage ou l’apartheid, M. Kapambwe a dit qu’il savait à quelles épreuves était confronté le peuple du Sahara occidental.  « Il faut prêter l’oreille à ces enseignements », a-t-il mis en garde, rappelant que tout pas en avant qui se ferait contre la volonté du peuple sahraoui était semblable à une tentative de bâtir sur des sables mouvants.  « Aucune force ne peut éliminer la volonté d’un peuple qui veut être libre », a déclaré M. Kapambwe.   Il a rappelé que l’instauration de la liberté et de la justice dans cette région profiterait à tout le monde.  Selon lui, « ce sont là deux piliers nécessaires à la paix et à la sécurité internationale ». Alors que les prochaines séries de négociations arrivent, il a dit espérer qu’elles tiendront compte de l’expérience de l’Afrique australe. 


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que la politique du Royaume-Uni était d’encourager les territoires non autonomes à accéder à l’indépendance si tel était leur souhait.  La bonne gouvernance est cruciale pour les territoires d’outre-mer, a-t-elle ajouté.  Notre gouvernement a, à cet égard, invité ces territoires à adapter leurs institutions et cela s’est récemment produit aux îles Turks et Caïques, à Gibraltar, et dans les îles Vierges britanniques, a-t-elle précisé. 


La représentante britannique a précisé que son pays était désireux de continuer à coopérer étroitement avec la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation.


M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré s’associer pleinement à la déclaration faite par la Zambie au nom de la SADC et à la déclaration de Cuba, qui préside le Mouvement des non-alignés.  Il a loué les efforts de la communauté internationale pour régler la question du Sahara occidental et a déploré l’attitude du Maroc sur cette question.  M. Kumalo a part ailleurs regretté qu’en dépit de ses efforts, le Maroc ne reconnait toujours pas les revendications du peuple sahraoui.  « Les revendications territoriales du Maroc ont été rejetées par un avis consultatif de la Cour Internationale de Justice en 1975 », a rappelé Dumisani Kumalo.  Le cas qui nous préoccupe ici est donc une question de décolonisation. 


L’Afrique du Sud s’est félicitée des négociations qui prennent place en vertu de la résolution 1754, et sur la base de propositions avancées par les deux parties au conflit, a dit le représentant.  Il a dit que sa délégation espérait que ces négociations allaient mener à une solution juste et politiquement durable sur cette question.  Il a tenu à rappeler que les deux propositions, celle du Maroc et celle du Front POLISARIO, étaient toutes deux reconnues par la Résolution 1754 et, par conséquent, se trouvent à égalité, contrairement à ce que prétendent les autorités marocaines.  Il a estimé que la proposition marocaine ne pouvait être déclarée comme respectant le droit des peuples à l’autodétermination, tel qu’il est énoncé dans la Charte des Nations Unies.  L’Ambassadeur sud-africain s’est dit préoccupé par des informations alarmantes concernant les violences perpétrées à l’encontre du peuple sahraoui.  Ces violations des droits de l’homme sont le résultat de l’absence de mise en œuvre du droit à l’autodétermination de ce peuple, a-t-il souligné. « Il s’agit là d’un défi pour notre continent », a conclu M. Kumalo. 


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a félicité la Nouvelle-Zélande qui a donné « un exemple extraordinaire » avec le processus mené dans l’archipel des Tokélaou.  Il y a encore malgré cela des territoires où la décolonisation n’a pas été achevée, a-t-il rappelé.  Faire davantage, avoir une approche novatrice, examiner les différentes options: c’est par ce genre de démarche que l’on peut définir des statuts adaptés aux situations des différents territoires non autonomes, a estimé le représentant indonésien.


Concernant spécifiquement les Falkland (Malvinas), l’Indonésie demande la reprise de pourparlers entre les deux parties à la dispute qui existe concernant ce territoire et se félicite que les relations se soient améliorées entre l’Argentine et le Royaume-Uni, a dit M.Natalegawa.  Concernant le Sahara occidental, l’Indonésie se félicite de la reprise des contacts directs entre les deux parties.


M. AHMED GEBREEL (Libye) a déclaré être particulièrement conscient du rôle des Nations Unies dans la question de la décolonisation.  Il s’est félicité des négociations en cours sur la question du Sahara occidental et a espéré qu’elles apporteront la paix et la stabilité à cette région.  Il a réitéré l’importance de la coopération des puissances administrantes avec l’ONU et notamment avec la Quatrième Commission pour que l’on puisse atteindre les objectifs de la Deuxième Décennie pour la décolonisation.  Pour le représentant, les visites et les missions de l’ONU dans les territoires non autonomes sont utiles, et il a appelé les puissances administrantes à mettre fin à leurs agissements coloniaux dans ces territoires.  Enfin, il a établi, en ce qui concerne la violation des droits de l’homme, un parallèle entre la situation au Sahara occidental et la situation en Palestine, la seule différence étant que « la barbarie utilisée par la puissance occupante est beaucoup plus présente en Palestine. »


M. EL-SHERBINI (Égypte) a estimé qu’il était nécessaire de réaffirmer l’importance du rôle des Nations Unies en matière de décolonisation.  L’élimination du colonialisme a été et continue d’être l’une des grandes priorités de l’action de l’ONU, a-t-il dit.  Cela suppose le renforcement de la communication entre le Comité spécial des 24 et le Département des affaires politiques, afin que soient définis les meilleurs moyens de faire respecter le droit des peuples à l’autodétermination.  Il est d’autre part nécessaire de promouvoir les missions du Comité spécial des 24 sur le terrain dans les territoires non autonomes.  L’éradication du colonialisme ne souffre aucune exception, a conclu le représentant, en indiquant que son pays attendait avec impatience que tous les peuples occupés jouissent enfin de la liberté, recouvrent tous leurs droits, et établissent leur propre État souverain, cette exigence s’appliquant au peuple palestinien.


Mme FRIEDA NANGULA ITHETE (Namibie) a déclaré s’associer à la déclaration faite par la Zambie au nom de la SADC.  Elle s’est félicitée du rapport du Secrétaire général sur le Sahara occidental, et plus particulièrement de ses recommandations concernant la reprise des négociations sans conditions préalables entre les parties.  Elle a espéré que cette troisième série de négociations parvienne finalement à trouver une solution politique juste et durable à ce conflit.  « Le peuple du Sahara occidental a le droit d’exercer son droit à l’autodétermination, comme tous les autres peuples », a-t-elle souligné, rappelant que ce droit à l’autodétermination était un droit fondamental consacré dans la Charte des Nations Unies.  Par conséquent, ce conflit constitue « un défi pour l’Organisation », a estimé Mme Ithete. 


Elle a dénoncé les tentatives de légalisation de la présence du Maroc sur le territoire du Sahara occidental et a mis en garde contre toutes les tentatives d’abandon des principes du Plan Baker.  Cela contribuerait à la déstabilisation de la région, a-t-elle averti.  Mme Ithete a également appelé à la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies et à l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui.  Enfin, elle a lancé un appel à la Mission des Nations Unies au Sahara occidental (MINURSO) et au Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies pour qu’ils surveillent davantage les violations des droits de l’homme dans cette région.  « Nous tenons d’autre part à souligner que le peuple palestinien a les mêmes droits que ceux que doit exercer le peuple sahraoui », a-t-elle rappelé en conclusion. 


M. BOOMETSWE MOKGOTHU (Botswana) a réaffirmé d’emblée le droit à la souveraineté du Sahara occidental.  Le respect de la liberté et de la justice est au cœur du mandat de l’Organisation des Nations Unies, a-t-il souligné.  Toute nation privant une autre de ses droits porte atteinte à notre conscience collective et aux nobles principes et objectifs de l’ONU.  Le Botswana se félicite des pourparlers entamés entre le Maroc et le Front POLISARIO, ce qui n’implique pas pour autant un abandon des principes régissant l’ONU en matière d’autodétermination.  Avec la résolution 1754, le Conseil de sécurité a réaffirmé toutes ses décisions précédentes, a dit M. Mokgothu.  La liberté et la démocratie ne sont pas négociables et le peuple du Sahara occidental doit pouvoir choisir entre les trois options qui sont sur la table: autonomie, indépendance ou intégration.  « La question du Sahara occidental est une question de décolonisation », a réaffirmé la délégation du Botswana.  Et c’est à la population de choisir au mieux de ses intérêts.  La communauté internationale doit donc faire plus pour appuyer le processus de négociations actuel, a conclu l’intervenant.


M. ADI GHASSAN KHAIR (Jordanie) a réitéré son engagement en faveur des principes de cette Organisation et du droit à l’autodétermination pour tous les peuples, y compris le peuple palestinien, a-t-il précisé.  Il a rappelé les obligations des puissances administrantes qui, conformément à la Charte des Nations Unies, doivent favoriser les progrès des peuples administrés et protéger les ressources des territoires non autonomes.  Les puissances administrantes devraient s’engager à renoncer à toute activité économique qui porterait atteinte aux ressources de ces territoires, et des programmes devraient être mis en place pour aider les régions qui ne sont pas indépendantes à accélérer leur développement économique et social, a dit le représentant.  « Le PNUD a ici un rôle à jouer », a-t-il déclaré, « et il faut trouver les ressources financières pour pouvoir financer ces programmes d’aide. »


Il a plaidé en faveur de plus de coopération et de contact entre les institutions spécialisées des Nations Unies et les organisations régionales afin d’accroître l’efficacité de leurs interventions.  Selon lui, les institutions spécialisées des Nations Unies devraient également mettre en place des programmes relatifs à l’environnement pour aider les territoires non autonomes.  Il a enfin déclaré que les informations relatives à ces différentes questions devaient être publiées et plus largement diffusées afin que tous les habitants des territoires non autonomes puissent en bénéficier. 


Mme LIPUO MOTEETEE (Lesotho) a émis l’espoir qu’il n’y aurait pas une troisième décennie de la décolonisation.  Évoquant la situation du Sahara occidental, elle a déploré que ce territoire soit toujours à l’ordre du jour de la Commission.  Elle s’est dite préoccupée par les informations faisant état de violations des droits de l’homme dans le territoire, tout en se déclarant encouragée par les négociations entreprises par les deux parties.


M. CRISPIN S. GREGOIRE (Dominique) s’est exprimé au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et a déclaré que la décolonisation des 16 territoires encore non autonomes était une des tâches principales des Nations Unies.  « Il faut plus que de simples réformes coloniales, il faut leur accorder l’indépendance conformément aux principes de la Charte des Nations Unies », a-t-il déclaré.  Selon lui, l’attention et les ressources qui ont été consacrées à cette lutte ont été insuffisantes et pourtant « nous ne sommes qu’à trois ans de l’échéance de la Deuxième Décennie pour la décolonisation », a-t-il rappelé.  M. Grégoire a déclaré que la plupart des États des Caraïbes étaient des membres associés des Commissions économiques régionales des Nations Unies et avaient participé à certaines Conférences internationales de l’Organisation et à des sessions spéciales de l’Assemblée générale.  Cela représente l’évolution naturelle du processus d’autodétermination et aide les territoires concernés à se « préparer » à se gouverner de manière autonome, a-t-il estimé.  Par conséquent, la CARICOM souscrit à l’approche de l’Assemblée générale selon laquelle il est envisagé de faire participer les territoires non autonomes aux programmes techniques du Conseil économique et social (ECOSOC).


M. Grégoire a déclaré que l’examen par l’ONU du processus de décolonisation s’était enlisé, mais que ce processus pouvait être relancé en mettant en œuvre les décisions déjà prises par l’Assemblée générale.  La CARICOM apporte son soutien au processus d’autodétermination du peuple du Sahara occidental et appelle à la résolution du conflit par une solution politique garantissant les droits fondamentaux du peuple sahraoui, a dit le représentant de la Dominique.  Enfin, M. Grégoire a déclaré que la CARICOM poursuivrait ses efforts pour garantir le droit fondamental à l’autodétermination aux territoires encore non autonomes et qu’elle apporterait tout son soutien aux travaux relatifs à cette question.


M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a estimé vital que l’ONU poursuive ses efforts en matière de décolonisation si elle veut parvenir à l’élimination totale du colonialisme d’ici 2011.  Au sujet du Sahara occidental, il s’est félicité de l’initiative marocaine en faveur de l’autonomie, considérée par le Conseil de sécurité comme « sérieuse et crédible pour aller de l’avant vers un règlement de ce différend ».  La responsabilité de la Quatrième Commission est « aujourd’hui d’aider les deux parties et les pays voisins à consolider le processus de négociations », a-t-il conclu.


Mme GRACE MUJUMA (République-Unie de Tanzanie) s’est associée à la déclaration de la Zambie faite au nom de la SADC.  Elle s’est félicitée du contenu du rapport du Secrétaire général sur le Sahara occidental et de ses recommandations.  Rappelant que la décolonisation n’était pas terminée, elle a demandé que cette question reste une priorité pour les Nations Unies.  « Il faut redoubler d’efforts pour aller de l’avant et ne pas décevoir les peuples des territoires non autonomes», a-t-elle recommandé.  Mme Mujuna s’est étonnée que si peu ait été accompli lors de la Deuxième Décennie pour la décolonisation alors que tant de résolutions et de décisions avaient été prises en la matière. 


Mme Mujuma a appelé les puissances administrantes à coopérer pleinement avec la Commission sur la question des territoires non autonomes.   Elle a cependant noté l’exception que constituait l’expérience des îles Tokélaou, et s’est félicitée des efforts déployés pour y organiser prochainement un deuxième référendum.  Elle a déclaré qu’elle espérait que cette expérience servira de catalyseur pour d’autres régions.  Elle s’est également félicitée des négociations menées entre le Front POLISARIO et le Maroc, à Manhasset, et a plaidé en faveur de cet « esprit de dialogue » qui doit continuer à prévaloir pour aboutir à une solution politique durable au Sahara occidental.  « Le règlement de ce conflit passe par le dialogue », a-t-elle rappelé.  Mme Mujuma s’est dite préoccupée par la situation humanitaire qui se détériore au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés.  Par conséquent, elle a demandé à toutes les parties de coopérer pour permettre aux groupes humanitaires de faire leur travail et à la Mission des Nations Unies (MINURSO) de pouvoir organiser un référendum au Sahara occidental en s’acquittant pleinement de son mandat.  « Il faut garantir le droit des territoires non automnes à utiliser leurs ressources dans leur propre intérêt », a-t-elle conclu.


Droit de réponse


La représentante du Royaume-Uni a exercé son droit de réponse, adressé plus particulièrement à Cuba et à l’Indonésie « au sujet des îles Falkland ».  Il ne peut y avoir de négociations tant que les îles elles-mêmes ne le souhaitent pas, a-t-elle indiqué, rappelant qu’il s’agissait là d’une position constante du Royaume-Uni.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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