INTÉGRER LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU DÉVELOPPEMENT DURABLE POURRAIT ÊTRE BÉNÉFIQUE, SUGGÈRE UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION
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Deuxième Commission
Table ronde- Après-midi
INTÉGRER LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU DÉVELOPPEMENT DURABLE POURRAIT ÊTRE BÉNÉFIQUE, SUGGÈRE UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION
Quatre experts ont, cet après-midi, insisté sur l’importance d’intégrer la lutte contre les changements climatiques dans les stratégies nationales de développement durable, au cours d’une table ronde organisée par la Commission économique et financière (Deuxième Commission). Ils ont estimé que l’intégration, dans tous les secteurs du développement, de mesures visant à faire face aux défis climatiques était le meilleur moyen de renforcer les synergies et de s’assurer de l’efficacité des politiques d’atténuation et d’adaptation des pays aux conséquences du réchauffement de la planète.
M. Mohan Munasinghe, Vice-Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et Président de l’Institut Munashinghe pour le développement, a fait remarquer que le lien entre développement et climat était de plus en plus reconnu et qu’il fallait maintenant intégrer cet aspect dans l’élaboration des stratégies de développement. Énumérant les conséquences des changements climatiques, dont les phénomènes météorologiques extrêmes que l’on observe de plus en plus, il a indiqué que ceux-ci avaient un impact important sur les capacités et les efforts de développement des pays. Tant que les ministères des finances, de l’énergie ou de l’agriculture ne seront pas convaincus de l’importance de traiter des changements climatiques, les choses ne changeront pas, a-t-il affirmé, en notant que les seules activités d’un ministère de l’environnement ne suffisaient pas pour relever le défi actuel. M. Munasinghe a par ailleurs estimé qu’en raison des conséquences à long terme des émissions de gaz à effet de serre sur les modèles de développement actuellement en vigueur, il fallait rapidement réduire celles-ci. Ces émissions ont augmenté de 70% au cours des 30 dernières années, et cette tendance va se poursuivre, a-t-il dit. Il a affirmé qu’il fallait à la fois combiner des mesures d’atténuation et d’adaptation et changer les politiques à tous les niveaux, aussi bien à l’échelle mondiale qu’au niveau communautaire. Il s’agit, alors que l’on traite des priorités que se donnent les pays, que ce soit la lutte contre la pauvreté ou d’autres sujets, de tenir aussi compte des changements climatiques dans les mesures que l’on prend pour atteindre les objectifs que l’on se fixe, a-t-il expliqué.
M. Rolph Payet, Conseiller spécial auprès du Président des Seychelles, a, dans son intervention, mis l’accent sur l’importance d’intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques de promotion du développement durable, de sorte que la nécessité de l’adaptation soit prise en compte dans les processus de prise de décisions. Parlant plus particulièrement des Seychelles, M. Payet a indiqué que son pays a élaboré une stratégie de développement dont l’application s’étend jusqu’à l’année 2017, ainsi qu’un plan de gestion de l’environnement pour les années 2000-2010. Le Gouvernement des Seychelles est conscient de l’importance de protéger l’environnement, et il a pris soin d’intégrer cette question dans les divers programmes qu’il met en œuvre, a-t-il précisé. Le Conseiller spécial a en outre indiqué que tous les secteurs devaient être sensibilisés aux problèmes posés par les effets des changements climatiques afin de permettre d’intégrer cette question aux stratégies de développement. Il a fait observer que l’éducation a, à cet égard, un rôle important à jouer, et qu’il convenait aussi d’investir dans la recherche et le développement, et de stimuler le partage d’expériences et de connaissances. M. Payet a ensuite attiré l’attention de la Deuxième Commission sur la récente création, par le Président des Seychelles, de la « Fondation de l’élévation du niveau de la mer », une initiative qui permet de mobiliser des ressources financières pour les stratégies d’adaptation et de partager les bonnes pratiques en la matière.
Faisant également part de l’expérience acquise par son pays, M. Christian Brodhag, Délégué interministériel au développement durable au Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables de la France, a expliqué que la France avait adopté sa stratégie de développement durable dès 2003, et que celle-ci est basée sur la stratégie européenne en la matière. Il a noté que cette stratégie nationale visait à minimiser les politiques défavorables au développement durables et à éviter les prises de décisions qui seraient contraires à la politique menée en matière de lutte contre les changements climatiques tout en identifiant le niveau institutionnel nécessaire pour répondre aux divers problèmes. C’est un moyen d’assurer les synergies et de trouver les liens entre les différentes politiques sectorielles pour qu’elles puissent contribuer ensemble au développement durable, a-t-il précisé. Toutefois, M. Brodhag s’est inquiété du fait que la question des changements climatiques risque d’être mise en première ligne au détriment sans doute de celle du développement durable, alors que les deux questions devraient plutôt être intégrées. Il a en effet indiqué que les changements climatiques bénéficiaient d’une apparence d’urgence, d’une compréhension intuitive de la part des décideurs et de l’opinion publique, et de mesures sans doute plus faciles à prendre et à appliquer, contrairement au domaine du développement durable. Pour répondre à ces défis, il a affirmé qu’il fallait prouver l’efficacité et l’intérêt concret des stratégies de développement durable, notamment par les échanges de bonnes pratiques et d’expériences.
Mme Le-Yin Zhang, Chargée de cours à l’Unité de planification du développement du Univesity College de Londres, a, pour sa part, affirmé qu’il fallait accorder une attention toute particulière au renforcement des capacités d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques au niveau des sociétés et des foyers, plutôt qu’au niveau sectoriel. Aucun environnement durable ne peut être atteint sans que les problèmes des pauvres soient résolus, a-t-elle insisté. Rappelant que les changements climatiques aggravent la vulnérabilité des pauvres et restreignent toute amélioration de leurs conditions de vie, elle a fait observer que ces effets négatifs peuvent, par exemple, être palliés par le renforcement des capacités d’adaptation et d’atténuation de la société et des foyers pauvres. Mme Le-Yin Zhang a dit que les effets des changements climatiques se répercutent d’autant plus sur les pauvres que la société ne parvient pas à réduire leur impact sur cette tranche de la population. Elle a donc encore une fois insisté sur l’importance de renforcer les capacités des populations et des foyers pauvres.
Échange interactif
Répondant aux questions des représentants de la Thaïlande et de l’Indonésie sur les mesures politiques concrètes à prendre pour favoriser l’intégration des politiques, M. Munasinghe a indiqué qu’il fallait d’abord s’intéresser au développement, puis y intégrer les politiques climatiques. Cela nous amène à la question du renforcement des capacités, qui est un élément crucial pour que le développement devienne durable, a-t-il poursuivi, en répondant ainsi à une interrogation du représentant de l’Inde qui s’interrogeait sur la possibilité de toute action, au vu du peu de moyens dont disposent les pays en développement pour lutter contre les changements climatiques.
Mme Le-Yin Zhang a pour sa part insisté sur les nécessaires transferts des technologies, qui pourraient permettre d’assurer le développement des pays en voie de développement. Elle a affirmé qu’il fallait ouvrir de nouvelles voies vers le développement. Ces nouvelles voies exigent que l’on s’appuie sur des innovations technologiques, a-t-elle estimé. Mettre en marche de ce genre de politiques nécessite que l’on se repose sur de nombreuses années d’expériences, sur des ressources humaines importantes, et sur des investissements substantiels, éléments qui manquent aux pays en développement.
Interrogé par la représentante du Togo sur la position de la France concernant le lien entre le développement des biocarburants et la hausse des cours des céréales, M. Brodhag a rappelé que la politique française s’inscrivait dans le cadre européen et ne causait pas actuellement de tels problèmes. Notre espoir repose principalement sur les biocarburants de deuxième génération qui permettent d’utiliser la cellulose comme matière première, ce qui est une piste d’avenir qui permet justement de ne pas créer de compétition entre les besoins en alimentation et ceux de l’industrie des biocarburants, a-t-il assuré.
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