UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION SOULIGNE QUE LE CONSENSUS DE MONTERREY GAGNERAIT À EXAMINER LE FINANCEMENT DE LA PROMOTION DE L’ÉGALITÉ
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Deuxième Commission
Table ronde
UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION SOULIGNE QUE LE CONSENSUS DE MONTERREY GAGNERAIT À EXAMINER LE FINANCEMENT DE LA PROMOTION DE L’ÉGALITÉ
Il est temps d’intégrer des initiatives de financement de la promotion de l’égalité entre les sexes dans le processus de suivi du Consensus de Monterrey, ont souligné les participants à la table ronde organisée cet après-midi par la Commission économique et financière (Deuxième Commission). À l’heure où la majorité des pauvres sont des femmes, où les femmes gagnent un peu moins de 50% du salaire des hommes, et où la violence à leur encontre reste une cause majeure de leur mortalité, il importe d’inclure ces questions dans le débat plus grand du développement durable, ont unanimement affirmé les participants à la table ronde dont le thème était « Financement de la promotion de l’égalité des sexes dans le contexte du suivi du Consensus de Monterrey », et dont l’organisation s’inscrit dans les préparatifs de la Conférence d’évaluation de la mise en œuvre des engagements pris dans le Consensus de Monterrey, prévue en 2008 à Doha au Qatar. Le Consensus avait été adopté à l’issue des travaux de la Conférence intergouvernementale sur le financement du développement, qui a eu lieu en 2002 dans la ville de Monterrey, au Mexique.
Ouvrant le débat cet après-midi, Mme Isabella Bakker, Professeur de sciences politiques à l’Université York (Canada) a fait observer que bien que le Consensus de Monterrey fasse référence à la promotion de la femme, cette question n’est pas directement intégrée dans les domaines d’action principaux de son programme. Il n’y a qu’un appel à prendre en considération la dimension des deux sexes dans la mise en application des politiques et programmes préconisés, mais aucun cadre clair n’est inscrit dans le Consensus, notamment au niveau des délais ou d’un ensemble d’arrangements institutionnels servant la promotion de l’égalité des sexes, a-t-elle regretté. Le manque d’attention porté à cette question par le processus de suivi de la mise en œuvre des engagements de Monterrey doit être redressé, car il est clair que l’intégration d’une perspective de genre dans le financement du développement est cruciale pour l’efficacité du processus entier, a-t-elle insisté. Mme Bakker a également rappelé l’importance d’assurer un financement adéquat des institutions de promotion de l’égalité, ainsi que l’a préconisé la Plate-forme d’Action de Beijing.
Faisant écho à cette idée, M. Mohamed Chafiki, Directeur des études et des prévisions financières au Ministère des finances et de la privatisation du Maroc, a déclaré qu’il était d’avis que les Ministères des finances devraient, à l’instar de celui du Maroc, introduire une budgétisation qui soit sensible à la question du genre. La « genderisation » du budget au Maroc s’est faite en plusieurs phases, à commencer par la tenue de réunions visant à sensibiliser les différents Ministères à l’approche de l’élaboration de ce type de budgets, a-t-il expliqué. Un « rapport genre » d’évaluation des politiques publiques a ensuite été réalisé, et une carte de la pauvreté, vue sous une perspective de genre, a été élaborée, afin d’être utilisée par les « budgets genres » pour un meilleur ciblage des politiques publiques. M. Chafiki a expliqué que des projets sont ensuite développés à partir de ces données. Le budget devient lisible et facilite les partenariats autour de ces projets, notamment ceux menés avec les organisations non gouvernementales. Cette budgétisation sensible au genre assure que le processus de planification et de programmation budgétaire ne peut plus faire l’économie d’une approche genre, a dit le représentant marocain. En outre, une telle démarche rend les gouvernements comptables de leurs actions en la matière et permet une appropriation de la dimension genre par la société civile, a-t-il précisé.
Mme Stephanie Seguino, Professeur d’économie à l’Université du Vermont, aux États-Unis, s’est, quant à elle, penchée sur les manières de réformer les politiques macroéconomiques afin qu’elles renforcent le financement de la parité. Elle a affirmé que la promotion de la parité entre les sexes passe avant tout par la croissance de l’emploi. Quand il n’y pas suffisamment d’emplois. Ce sont les femmes qui souffrent en premier du chômage, a-t-elle indiqué. À cet égard, faisant observer que la lutte contre l’inflation est une des contraintes majeures à la création d’emplois, elle a plaidé pour que soient trouvés d’autres moyens pour lutter contre l’inflation en dehors de ceux traditionnellement utilisés, ce qui permettrait de baisser les taux d’intérêt, de susciter l’octroi de crédits plus importants et donc de créer des emplois pour les femmes. Elle a aussi suggéré que les devises étrangères gardées en réserve soient libérées en faveur du financement de la parité. Cette disponibilité de ressources peut mener à des taux d’inflation plus bas, ce qui à son tour stimulera l’investissement, a-t-elle précisé.
Les obstacles aux changements et à la transformation résident dans la nature régressive de l’agenda actuel de libéralisation économique et dans le retour des États hautement sécuritaires et militarisés, a fait observer Mme Mariama Williams, Chargée de recherche à l’International Gender and Trade Network. Elle a fait observer que les crises des marchés financiers et le manque d’intégration de politiques sociales dans les réformes macroéconomiques viennent porter des contraintes aux droits des femmes et à leur promotion. Ainsi, bien que la libéralisation économique ait été déclarée « neutre et égalitaire » et qu’on ait pensé d’une manière ou d’une autre qu’elle mènerait à la promotion des femmes, les résultats ont été décevants. Mme Williams a souligné que la libéralisation du commerce a été initialement présentée à tort comme la panacée et la réponse à la plupart des problèmes, et a estimé qu’il faut mieux réfléchir à la manière dont le système commercial international influence le financement de la promotion de l’égalité. Il faut accorder une attention toute particulière à la manière dont les initiatives d’aide au commerce peuvent promouvoir l’égalité et contribuer au financement de la promotion de la femme, a-t-elle recommandé. En outre, il convient de s’intéresser tout particulièrement à l’enchevêtrement entre les politiques macroéconomiques, les politiques sociales, la responsabilité sociale des entreprises, le commerce et le développement, a-t-elle ajouté.
Renversant l’intitulé de cette table ronde, M. Manuel Montes, Chef du Service de l’analyse et de l’élaboration des politiques du Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES) a mis en lumière la manière dont la parité entre les sexes peut influencer le développement. Il a rappelé que ce dernier exige des investissements et qu’un des secteurs critiques de ceux-ci est le foyer. Assurer que les femmes ont accès aux mêmes salaires et services sociaux que les hommes permettrait de mettre des ressources de côté, en terme d’argent et de temps, ce qui permettrait ensuite des investissements dans les foyers, a-t-il insisté. Il a de plus affirmé que, selon de nombreuses études, dans les couches de la société les plus pauvres, les femmes avaient tendance à épargner davantage et donc à investir dans des biens tangibles, ce qui est un facteur positif pour l’investissement et le développement. M. Montes s’est également dit d’avis qu’il faut élaborer et mettre en œuvre des politiques publiques, commerciales et d’investissement afin d’assurer l’emploi et un travail décent.
Ce n’est pas tant le financement du développement qui doit être pris sous l’angle sexospécifique, mais bien l’ensemble du processus de développement, a fait observer le délégué de l’Egypte après ces présentations. Il a ensuite souhaité savoir quels seraient, de l’avis des panélistes, les sujets qui devraient être impérativement abordés à la Conférence de suivi du Consensus de Monterrey qui se tiendra à Doha en 2008. Une représentante d’ONG a pris la parole pour demander que la question du travail décent et de la promotion de l’emploi pour les femmes devient partie intégrante et sujet de discussion à la Conférence de suivi. Intervenant sur cette idée, M. Chafiki a expliqué que la promotion du travail décent pour les femmes a été intégrée dans les « budgets genre » du Maroc. À une intervenante qui regrettait que la discussion n’ait pas abordé la situation des petites filles, qui sont pourtant les « femmes de demain », il a expliqué que les projets mis en œuvre dans le cadre de l’utilisation de ces budgets ont accordé une attention toute particulière à la situation des fillettes pauvres. Enfin, parmi les questions que les panélistes ont souhaité mettre en exergue figuraient notamment l’importance de faire le lien entre les préoccupations que causent les systèmes financiers internationaux avec les préoccupations du système des Nations Unies; l’importance de procéder à des changements draconiens des politiques monétaires actuelles; la nécessité de procéder à une évaluation plus réaliste du commerce et du développement et l’importance d’augmenter la part de l’APD en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 13 novembre, à 10 heures.
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