LES PARTICIPANTS À UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION RAPPELLENT QUE LE DÉVELOPPEMENT PASSE NÉCESSAIREMENT PAR L’APPROPRIATION NATIONALE
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Deuxième Commission
12e séance – matin
LES PARTICIPANTS À UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION RAPPELLENT QUE LE DÉVELOPPEMENT PASSE NÉCESSAIREMENT PAR L’APPROPRIATION NATIONALE
Comment le système des Nations Unies pour le développement peut-il répondre de façon optimale aux besoins et priorités de différents pays dans le cadre des efforts qu’ils déploient en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement? C’est la question que se sont posée, ce matin, des représentants de pays bénéficiaires, de pays donateurs, et du système des Nations Unies, lors d’une table ronde organisée par la Deuxième Commission, sur les activités opérationnelles de développement des Nations Unies.
Les participants se sont intéressés aux différentes méthodes qu’il faudrait adopter pour amener le système de l’ONU, à travers ses activités de soutien au développement, à mieux répondre aux besoins spécifiques des pays et à contribuer au renforcement de l’appropriation nationale des politiques et des projets. Les représentants de l’Albanie et du Rwanda, deux des huit pays-pilotes du programme « Une ONU », ont ainsi rendu compte de la mise en œuvre de cette réforme, qui est destinée à améliorer la cohérence et l’efficacité de la réponse du système de développement des Nations Unies aux problèmes qui se posent sur le terrain.
Ainsi, le Directeur général de la planification économique au Ministère des finances et de la planification économique du Rwanda, Prosper Musafiri, a rappelé que la réforme « Une ONU » consiste en un programme commun, mené sur un cadre budgétaire commun des activités de l’ONU, placé sous une seule autorité de coordination et dont les composantes opérationnelles sont logées dans une seule infrastructure d’accueil. Chaque agence onusienne, a-t-il précisé, a préparé un plan d’action annuel de mise en œuvre de ce programme commun et une évaluation régulière de sa mise en œuvre est prévue. M. Musafiri a fait observer que cette réforme est un exercice conjoint que mènent l’Organisation, le Gouvernement du Rwanda et ses partenaires au développement. Il a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale à chaque étape de la mise en œuvre du programme commun.
Pour sa part, Mme Albana Vokshi, Directrice du Département pour la coordination des stratégies extérieures et de l’assistance au Conseil des Ministres de l’Albanie, a expliqué que d’ici à la fin 2007, le Gouvernement albanais aura approuvé une nouvelle stratégie nationale qui définira les priorités pour les années à venir, dans le cadre de la préparation du programme « Une ONU ». Soulignant que la plupart des priorités financées par l’ONU dans les années précédant 2005 n’étaient pas celles que l’Albanie avait identifiées, elle a salué les vertus du programme-pilote, qui a le mérite de s’aligner sur les priorités nationales et de contribuer ainsi au renforcement des capacités.
D’autres pays ont également tiré le bilan de leur collaboration avec le système onusien. Ainsi, M. Jean Max Bellerive, Ministre de la planification et de la coopération externe d’Haïti, a indiqué que la faiblesse des institutions, la carence des capacités dont souffre l’administration centrale et le faible niveau de confiance des partenaires ont ramené certaines vieilles pratiques de la coopération, comme par exemple l’utilisation excessive des organisations non gouvernementales; la perte de contrôle par l’État haïtien des politiques de développement et la duplication de certaines actions menées par le système des Nations Unies. M. Bellerive s’est réjoui de la récente élaboration par son gouvernement d’un Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté, et a estimé que sa mise en œuvre sera un baromètre intéressant qui permettra d’évaluer la capacité des agences à ajuster leurs programmes et projets aux priorités nationales.
L’expérience de mon pays avec le système de l’ONU a été une occasion de promouvoir l’appropriation nationale en démontrant notre leadership, a en revanche indiqué M. Henri Raubenheimer, Directeur du développement économique au Département des affaires étrangères de l’Afrique du Sud. Il a estimé que pour renforcer les capacités nationales, il importe de ne pas imposer à tous les pays un modèle unique de développement. Il a indiqué que son pays procéderait à une évaluation de toutes les activités de l’Équipe de pays des Nations Unies afin de garantir que l’Afrique du Sud bénéficie de toutes les ressources et de tous les avantages que peut offrir le système de développement de l’ONU. Il s’agit certes d’analyser ce qui a été fait, mais aussi d’envisager l’avenir et d’identifier les moyens qui permettraient d’utiliser davantage le potentiel et l’expertise des Nations Unies, a-t-il affirmé.
Intervenant au titre des pays donateurs, M. John Sawers, représentant du Royaume-Uni auprès des Nations Unies à New York, a relevé l’importance fondamentale de laisser les pays contrôler leur processus de développement par le biais d’une stratégie unique qui soit au service du gouvernement concerné et non l’inverse. D’une manière générale, M. Sawers a recommandé que les pays tirent mieux parti des activités existantes au sein de la communauté internationale. Beaucoup doit être fait pour s’aligner sur les priorités des États, a-t-il poursuivi. D’un autre côté, il existe des défis importants à relever en ce qui concerne l’élaboration des politiques à mettre en œuvre pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, a estimé M. Sawers.
M. Bruce Jenks, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau des partenariats du Programme des Nations Unies pour le développement, a argué que la question de l’avantage comparatif du système des Nations Unies avait pris une grande importance alors que la base des ressources disponibles s’était amenuisée. La capacité d’adaptation des Nations Unies aux priorités nationales est centrale, a-t-il insisté. Il a en outre estimé que le dialogue sur la réforme des Nations Unies devait accorder une attention particulière à la gestion des connaissances, qui est un élément clef pour aller de l’avant et rationaliser les activités de développement.
« Le PNUD a-t-il évalué la manière dont l’érosion des ressources ordinaires pourrait avoir un impact sur les activités opérationnelles dans les pays? » a demandé la représentante de la Thaïlande, dans le cadre du débat qui a suivi les présentations. Il faut un financement régulier et ordinaire, car sans un bon approvisionnement des budgets, il est difficile de diriger une organisation, a répondu M. Jenks. Mais si les pays donnent une bonne orientation stratégique aux Nations Unies, s’ils ont défini un bon cadre et une bonne stratégie et que les ressources disponibles s’inscrivent dans ce cadre, la contribution des Nations Unies sera alors importante. M. Sawers a souligné que les pays donateurs devaient faire des efforts pour assurer le financement de base des activités de développement de manière pragmatique. Mais, a-t-il fait observer, ils réagiront avant tout en fonction des besoins et des attentes des pays bénéficiaires, tout en restant attachés à l’exigence de la bonne gouvernance. Le représentant du Royaume-Uni a également fait observer que le secteur privé a un rôle à jouer dans la réalisation des OMD, pour l’atteinte desquels, a-t-il rappelé, il faut engager tous les secteurs.
Répondant à une question du représentant de la République centrafricaine portant sur le rôle joué par les ONG et la société civile dans la coordination des activités du système des Nations Unies dans son pays, le représentant d’Haïti a expliqué qu’il existe une concurrence au niveau des offres salariales et des opportunités qui sont offertes par les ONG et par le système des Nations Unies, concurrence qui draine les rares compétences qui restent dans le pays. Il a aussi souligné que plus de 75% des fonds engagés pour le document de Stratégie de réduction de la pauvreté étaient passés par des ONG, avant d’appeler les Nations Unies à ne pas utiliser systématiquement les ONG pour ce genre de travail. Il faudrait d’abord évaluer les capacités du gouvernement concerné à mettre en œuvre les projets qui sont proposés au bénéfice de sa population.
Mme Volkshi a quant à elle expliqué qu’en ce qui concerne l’Albanie, la prise en main nationale du processus de développement est totale. Des consultations avec toutes les parties prenantes et la société civile sont organisées, de manière à ce que tout le monde soit bien informé des priorités de développement. En effet, il est important de s’assurer qu’en cas de changement de gouvernement le pays continuera sur la même voie, a-t-elle précisé. Puis, répondant à une question sur la valeur ajoutée du programme-pilote, elle a expliqué que présenter un programme unique basé sur les priorités nationales représente une grande plus-value par rapport à des programmes qui seraient séparément proposés et menés par différentes agences, comme c’était le cas avant. Détaillant également les avantages du système « Une ONU », M. Musafiri, du Rwanda, a d’abord affirmé que celui-ci permettait une plus grande cohérence et assurait que toutes les interventions des entités des Nations Unies étaient alignées sur les priorités nationales. Il a aussi fait valoir que le système de gestion mis en place au Rwanda était basé sur l’obtention de résultats, avec une évaluation des progrès accomplis par le biais d’indicateurs clairs. De plus, il a estimé que ce programme avait permis au Rwanda de mieux s’approprier l’ensemble des activités offertes par l’ONU, et donc, en gros, le processus de développement.
Outre les panélistes représentant Haïti, le Rwanda, l’Albanie, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les délégations de l’Australie, du Burundi, des États-Unis, du Portugal, de la République centrafricaine, du Soudan, de la Suisse, et de la Thaïlande ont participé aux échanges.
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