L'ECOSOC ENTAME SON DÉBAT SUR LES QUESTIONS DE COORDINATION
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Conseil économique et social
Session de fond de 2006 – après-midi
L'ECOSOC ENTAME SON DÉBAT SUR LES QUESTIONS DE COORDINATION
Il se penche sur le thème la croissance économique durable pour le développement social
(Publié tel que reçu)
GENÈVE, 6 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a entamé, cet après-midi, son débat général consacré aux questions de coordination en tenant une discussion sur le thème retenu cette année pour ce débat, à savoir la «croissance économique durable pour le développement social, notamment l'élimination de la pauvreté et de la faim».
Présentant le rapport du Secrétaire général sur cette question, M. Patricio Civili, Secrétaire général adjoint pour la coordination des politiques et les affaires interinstitutions, a souligné qu'il est actuellement reconnu que la croissance économique ne permet pas en soi le développement social ni l'équité sociale, à moins de poursuivre des objectifs sociaux en tant qu'objectifs essentiels des politiques macroéconomiques. En d'autres termes, le taux de croissance économique est important, mais la qualité de cette croissance, mesurée à l'aune de sa capacité à générer le développement social, l'est encore davantage, a-t-il précisé.
Ouvrant ce débat, M. Hjalmar Hannesson, le Vice-Président du Conseil, a mis l'accent sur trois questions essentielles qui, selon lui, sont liées à la question de l'emploi: la croissance économique, la traduction de la croissance en développement social et les liens étroits entre croissance économique et développement social. Le prochain défi, a-t-il affirmé, est de parvenir à assurer l'équilibre délicat entre croissance économique, politiques sociales et développement.
Nombre d'intervenants ont insisté sur l'interdépendance entre croissance économique et développement social; la croissance ne se traduit pas automatiquement par des bénéfices pour les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables, elle a même souvent aggravé les inégalités. Un membre du Conseil a insisté sur la nécessité de réconcilier la croissance économique et une gestion saine de l'environnement, tout en favorisant l'équité et la cohésion sociales ainsi que la prospérité économique assortie d'emplois de haute qualité.
Les citoyens étant le meilleur atout économique de toute nation, les investissements publics dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la protection sociale doivent être considérés comme le meilleur investissement qui soit pour la capacité de production et la compétitivité de toute économie nationale, a-t-il été rappelé. L'éradication de la pauvreté dépend aussi de la réforme de l'organisation du commerce international dans le sens de l'universalité et de l'équité, de l'élimination de la dette et l'accès aux marchés par les pays du Sud, a-t-il été rappelé.
Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Finlande (au nom de l'Union européenne et d'autres pays), États-Unis, Fédération de Russie, Pakistan, Suisse, Chine, Brésil, Inde, Norvège, Guinée-Bissau. La représentante de l'organisation non gouvernementale Women's World Summit Foundation est également intervenue pour évoquer l'impact que pourrait avoir la mise en place d'un revenu minimum pour tous.
Demain matin, à 10 heures, le Conseil poursuivra son débat sur les questions de coordination en tenant une réunion-débat sur la croissance économique durable pour le développement social.
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION: LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DURABLE POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL, NOTAMMENT L'ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET DE LA FAIM
Présentations
M. HJALMAR HANNESSON, Vice-président du Conseil économique et social, a déclaré que trois problèmes principaux sont liés à la question de l'emploi: la croissance économique, qui est certes nécessaire, ne doit toutefois pas devenir une fin en soi; la traduction de la croissance en développement social, et notamment en éradication de la pauvreté et de la faim; enfin les liens étroits entre croissance économique et développement social, dans la perspective de la réalisation des objectifs de développement fixés par les Nations Unies. Le programme de développement qui émerge des conférences et sommets sociaux et économiques des Nations Unies indique un consensus général concernant la poursuite des objectifs économiques ultimes. Le prochain défi, a dit M. Hannesson, est de parvenir à l'équilibre délicat entre croissance économique, politiques sociales et développement, qui dépendent de nombreux facteurs variables selon les États. Les politiques doivent donc être adaptées pays par pays, et non dépendre d'une formule universelle. Dans la pratique, cette exigence revient à poser notamment la question de la priorité, ou non, du développement social sur la croissance économique, question pour laquelle aucune réponse définitive n'a été trouvée. S'il reste beaucoup à apprendre sur la manière de traduire la croissance économique en développement social, la réalisation des objectifs internationaux de développement est certainement une manière de faire en sorte que les progrès économiques aient un impact salutaire sur l'aspect social.
L'ECOSOC est particulièrement bien placé pour faciliter le partage des expériences acquises en matière économique et sociale. Il peut aussi servir de plate-forme pour l'approfondissement de la compréhension des facteurs affectant la croissance économique et le développement social, ainsi que leur importance relative pour le développement. Cette démarche nécessite une analyse plus large et plus complète, laquelle exige à son tour de tirer parti des connaissances et expériences d'autres secteurs, moins traditionnels. Il n'existe donc probablement pas de meilleur forum que le Conseil économique et social pour la promotion active et la recherche d'une meilleure compréhension des approches de la croissance et du développement social permettant une réduction de la pauvreté et de la faim, a dit M. Hannesson
M. PATRIZIO CIVILI, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour la coordination des politiques et les affaires interinstitutions, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la croissance économique durable pour le développement social, notamment l'élimination de la pauvreté et de la faim. Il est actuellement reconnu que la croissance économique ne permet pas en soi le développement social ni l'équité sociale, à moins de poursuivre des objectifs sociaux en tant qu'objectifs essentiels des politiques macroéconomiques. En d'autres termes, le taux de croissance économique est important, mais la qualité de cette croissance, mesurée à l'aune de sa capacité à générer le développement social, l'est encore davantage. Les résultats des efforts déployés en vue d'assurer la croissance économique et le développement social ne dépendent pas exclusivement des politiques et stratégies mises en œuvre au niveau national et de l'efficacité de l'aide au développement; les politiques internationales dans les domaines du commerce, de la finance, des investissements, des technologies, de la dette extérieure et de la gouvernance ont également un impact direct ou indirect, a souligné M. Civili. Le travail analytique concernant les liens entre croissance économique et développement social doit se poursuivre, a-t-il indiqué.
Le rapport du Secrétaire général consacré à la croissance économique durable pour le développement social, notamment l'élimination de la pauvreté et de la faim (E/2006/56) met en évidence le fait qu'il est de plus en plus largement admis qu'il y a entre la croissance économique et le développement social une relation réciproque, et présente un examen d'ensemble des tendances actuelles et des enseignements dégagés jusqu'à présent. Il en tire un certain nombre de conclusions, en particulier que les pays doivent adopter un modèle systématique, cohérent et participatif pour s'engager durablement dans la voie de la croissance économique et du développement social. De même, les politiques suivies doivent être conçues pour répondre aux besoins de chaque pays. Le rapport préconise également la création d'un environnement international favorable, par une plus grande cohérence des politiques suivies. Il insiste sur la nécessité d'une plus grande cohérence et d'une meilleure intégration des programmes menés par les organismes des Nations Unies à l'échelle du système. Le rapport signale une lacune conceptuelle qu'il faut combler entre les effets dynamiques des politiques économiques et ceux des politiques sociales et estime qu'il convient à cet égard de mener un ensemble de recherches systématiques.
Débat
M. HENRI RAUBENHEIMER (Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a dit qu'un climat propice est essentiel à la réalisation des objectifs de développement concernant la santé, l'éducation. La communauté internationale doit veiller à instaurer un tel climat. L'éradication de la pauvreté dépend aussi de la réforme de l'organisation du commerce international dans le sens de l'universalité et de l'équité, de l'élimination de la dette et l'accès aux marchés par les pays du Sud. Par ailleurs, la coopération internationale est indispensable pour l'éradication de la pauvreté et de la faim. Elle dépend aussi de l'existence des ressources nécessaires. L'ONU a un rôle important et central à jouer en matière de contrôle et de suivi des mesures de développement. Elle doit pour ce faire assurer une meilleure coordination de ses institutions spécialisées dans le développement et l'action sociale notamment. Le représentant a appelé tous les États membres à prendre des mesures concrètes et spécifiques afin de donner effet aux actions préconisées. De même, les pays développés doivent fournir des informations sur leurs efforts d'atteindre les objectifs internationaux en matière d'aide directe au développement. L'ECOSOC doit quant à elle assurer la coordination de la réalisation des objectifs de développement fixés lors des conférences et sommets des Nations Unies.
MME ANNELI VUORINEN (Finlande, au nom de l'Union européenne et d'autres pays) a souligné que l'élimination de la pauvreté est l'objectif principal qui sous-tend la coopération pour le développement dispensée par l'Union européenne. Elle a ajouté que l'Union européenne a adopté une stratégie globale visant à relever le défi du développement durable et à améliorer la qualité de vie et le bien-être de ses citoyens. Il faut réconcilier la croissance économique et une gestion saine de l'environnement, tout en promouvant l'équité et la cohésion sociales ainsi que la prospérité économique assortie d'emplois de haute qualité, a-t-elle poursuivi. L'investissement dans le capital humain, social et environnemental ainsi que l'innovation technologique sont des conditions préalables pour la compétitivité à long terme et pour la prospérité économique, la cohésion sociale, la qualité de l'emploi et une meilleure protection de l'environnement, a-t-elle insisté. Réduire la pauvreté de manière durable suppose de faire en sorte que la croissance économique d'aujourd'hui ne se fasse pas au détriment de l'environnement, tant il est vrai que les pauvres dépendent particulièrement des ressources environnementales et sont vulnérables aux conséquences de leur mauvaise utilisation. La démocratie, la participation et la responsabilité sociale sont souvent aussi importantes pour les citoyens que la croissance du produit national brut. Les citoyens étant le meilleur atout économique de toute nation, les investissements publics dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la protection sociale doivent être considérés comme le meilleur investissement qui soit pour la capacité de production et la compétitivité de toute économie nationale, a rappelé la représentante finlandaise. Le système des Nations Unies se doit de mettre au point des politiques et des pratiques de travail plus souples, plus cohérentes et mieux intégrées afin de répondre aux défis actuels, a-t-elle ajouté. L'ECOSOC devrait jouer un rôle de premier plan dans le cadre de cet effort, a-t-elle précisé.
MME MIRIAM K. HUGHES (États-Unis) a déclaré que les pays ayant adopté des politiques favorisant la propriété privée et l'esprit d'entreprise ont toujours obtenu de meilleurs succès que les autres en termes de croissance et de réduction de la pauvreté. Certes, le chemin n'a pas toujours été exempt d'obstacles, en témoignent les récessions périodiques et les inégalités. Mais l'esprit d'entreprise et les politiques éclairées ont toujours fini par triompher des obstacles. La création de richesse grâce à la liberté d'entreprise et à la propriété privée est une méthode éprouvée de développement. Les peuples prospèrent dans la liberté qu'un tel système politique et économique leur offre. Le rôle des gouvernements dans ce contexte est double: créer un environnement propice à l'exercice de l'initiative individuelle, source de richesses; et, grâce à des incitations économiques, canaliser cette richesse dans des investissements à long terme que sont l'éducation et la sécurité sociale. Que peuvent donc faire les Nations Unies pour aider les pays en voie de développement à promouvoir leur propre secteur privé? Elles peuvent se baser sur le principe que la propriété et la libre entreprise sont des facteurs fondamentaux de la création d'emplois et de revenus. Ainsi que le dit un rapport de la Banque mondiale, les emplois sont une priorité pour tous les pays, et surtout pour les pays les moins avancés. La création d'emplois passe par une aide aux entrepreneurs et par des aménagements législatifs. Les femmes, qui constituent jusqu'à trois-quarts de la main-d'œuvre de certains pays, ont tout à gagner à ces démarches, tout comme les jeunes à la recherche de leur premier emploi. Le système des Nations Unies doit faire du développement du secteur privé une part essentielle de son action. Il doit discuter de la manière de réformer les bureaucraties envahissantes ainsi que les politiques étatiques paralysant l'initiative individuelle. Les États-Unis appellent donc les organes normatifs et opérationnels de Nations Unies à améliorer de manière durable l'environnement des affaires dans le secteur privé des pays en voie de développement.
M. MIKOLAV CHULKOV (Fédération de Russie) a estimé que grâce à la réforme qu'il a engagée, l'ECOSOC devrait être mieux à même de parvenir aux objectifs qu'il s'est fixé en matière d'élimination de la pauvreté. Il a réaffirmé le principe de responsabilité nationale pour ce qui est des différentes stratégies mises en place à cette fin. La Fédération de Russie est favorable à l'adoption de mesures concrètes permettant de créer les conditions propices à l'élaboration de stratégies nationales en faveur de la croissance économique, a-t-il ajouté. Il a rappelé le rôle clef que doit jouer l'emploi dans toute stratégie visant à éliminer la pauvreté et la faim. Il faut accorder davantage d'attention à la réalisation dans les faits d'un travail décent, a-t-il également souligné. Malheureusement, ces dernières années, les activités visant à assurer la croissance économique ont accordé une attention insuffisante aux questions d'emploi, a affirmé le représentant russe. Il faut sans tarder remédier à cette lacune, a-t-il déclaré. À cet égard, la Fédération de Russie est favorable à la proposition du Secrétaire général visant à inscrire la question de l'emploi dans les stratégies nationales de développement, a-t-il indiqué.
M. ASAD M. KHAN (Pakistan) a déclaré qu'un certain nombre de principes de base guident toute son action en matière de développement économique et social: une gestion économique basée sur les principes de déréglementation, de libéralisation et de privatisation; une gouvernance renforcée, grâce à la démocratisation profonde de la société; une croissance économique axée sur l'économie rurale, tout en veillant à la stabilité macroéconomique; des investissements dans le capital humain notamment; et l'adoption de mesures en faveur des femmes. Le Pakistan, qui est à l'intersection de trois ensembles régionaux, vise aussi à la création de liens économiques bilatéraux et régionaux. Toutes ces mesures ont d'ores et déjà donné de bons résultats, comme le montre par exemple le taux de la croissance économique et la réduction de la pauvreté constatée. Cependant, le succès ou l'échec des mesures nationales dépendent aussi de l'environnement économique international. À ce titre, il convient de mener à bien le cycle de négociations de Doha, a dit le représentant, estimant que les règles du droit international doivent favoriser les pays les moins riches afin d'assurer leur pleine intégration dans l'économie mondiale. De plus, les pays industrialisés devraient lever progressivement les obstacles posés à la migration de la main-d'œuvre et promouvoir les transferts de technologies, outre l'assistance financière directe.
M. JOERG DE BERNARDI (Suisse) a indiqué que son pays considérait comme un «bon rapport» celui que le Secrétaire général a présenté sur le thème du segment du Conseil consacré aux questions de coordination. Ce rapport focalise l'attention du Conseil sur les défis spécifiques qui se posent aux acteurs politiques et présente une analyse du contexte dans lequel le système des Nations Unies est appelé à opérer. Enfin, il formule des recommandations pratiques. De l'avis de la Suisse, le segment de coordination serait encore mieux servi s'il pouvait adopter systématiquement le thème du débat de haut niveau du Conseil de l'année précédente. Le Conseil pourrait ainsi aborder dans leur suite logique les aspects politiques d'une question traitée par le débat de haut niveau, sa coordination dans l'ensemble du système et sa mise en œuvre.
Pour M. LA YIFAN (Chine), la croissance économique et le développement social sont interdépendants. Le développement social doit être l'objectif en même temps que le cadre spirituel de la croissance économique. La croissance sans équité risque d'entraîner des conflits sociaux. Le concept se retrouve dans un principe du Gouvernement chinois, celui de «développement coordonné», visant à la création d'emploi dans le cadre d'une conception intégrée du développement humain. La Chine compte pour ce faire renforcer encore l'état de droit. Pour combler l'écart entre riches et pauvres, le Gouvernement a développé les zones rurales et relevé les revenus des agriculteurs. D'autres mesures culturelles et sociales ont été prises dans les zones urbaines au niveau du renforcement de la sécurité sociale. L'incidence de la pauvreté est ainsi tombée à 2,5%. Ces programmes coûtent cher mais le Gouvernement s'efforce néanmoins de les renforcer. La communauté internationale doit créer des environnements propices à la pleine participation des peuples à leur développement. Les pays développés ont pris récemment des engagements très louables, notamment en matière de suppression de la dette, a dit le représentant. Quant aux institutions des Nations Unies, elles sont encore trop soumises aux contraintes financières. Le système onusien doit pourtant veiller à la concrétisation des objectifs de développement.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a relevé que le rapport présenté par le Secrétaire général sur la croissance économique durable pour le développement social insiste sur l'un des aspects les plus délicats, à savoir que la croissance ne se traduit pas automatiquement par des bénéfices pour les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. La croissance économique a même souvent aggravé les inégalités. Le Brésil est convaincu qu'un environnement économique international propice est absolument essentiel pour améliorer les vies des milliards de personnes qui appellent aujourd'hui à l'aide. La stabilité économique et la lutte contre l'inflation sont des conditions préalables pour toute politique de développement social durable, a par ailleurs affirmé le représentant brésilien. Il a estimé que les recommandations avancées dans le rapport du Secrétaire général s'agissant des mesures à prendre au niveau national auraient pu être plus spécifiques et plus ciblées en fonction des conditions et circonstances locales.
M. AJAI MALHOTRA (Inde) a déclaré que les réformes engagées en Inde depuis 1991 ont été axées sur la création d'emplois, l'éradication de la pauvreté et des inégalités entre campagnes et villes. La croissance économique est un facteur de création d'emplois. Un programme de soutien à l'activité agricole a permis de maintenir l'emploi et de relancer la production. Il n'y a pas de modèle universel, et l'Inde estime que la communauté internationale doit encourager les pays dans leur action, surtout les pays en voie de développement. Il faut aussi tenir compte du contexte international, qui peut avoir des effets néfastes sur les économies nationales. Certains États éprouvent encore des difficultés dans des secteurs précis. Les institutions multiculturelles doivent analyser ces situations et proposer des pistes d'action qui répondent aux intérêts à long terme de ces secteurs. La Banque mondiale a elle-même admis que la pauvreté n'est pas seulement une affaire de revenus, mais aussi d'insécurité et d'impossibilité de faire valoir ses droits. Le représentant indien s'est aussi dit peu convaincu par le besoin, pour les Nations Unies, de concentrer tous leurs efforts sur un changement de perspective au profit d'une approche intégrée, comme le préconise le Secrétaire général: ce qu'il faut avant tout, c'est trouver un moyen de mobiliser l'expertise disponible au sein de l'Organisation afin de les mettre au service des pays en voie de développement.
M. THORALF STENVOLD (Norvège) a estimé qu'il est temps de reconnaître qu'à elles seules, des mesures telles que la libéralisation et la privatisation ne suffisent pas à créer la croissance. Il faut donc promouvoir des politiques permettant d'assurer l'égalité pour tous dans les domaines économique et social et en matière de développement. Contrairement à des idées reçues, a poursuivi le représentant norvégien, les mesures prises par la Norvège pour promouvoir le bien-être social ont été prises bien avant que ne soient exploités les puits de pétrole. Autrement dit, il n'est pas nécessaire d'être riche avant d'être juste, a-t-il déclaré.
M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a dit que le rapport du Secrétaire général est une bonne analyse mais ne constitue pas pour autant une recette universelle. Le problème des pays pauvres, c'est d'avoir une croissance économique soutenue. Cette croissance doit aussi servir à quelque chose, car elle ne conduit pas obligatoirement au développement. Pour cela, il faut savoir pour qui et comment investir et assigner des objectifs précis. Seul le travail peut enrichir les populations. La bureaucratie préside à la corruption, a dit le représentant, dénonçant les obstacles qu'elle dresse devant l'action individuelle. Les responsables publics doivent répondre de leurs actes devant les populations. Les gouvernements doivent veiller à éradiquer la faim et la pauvreté, et instituer les conditions internes propres à la mise au travail des populations, en particulier des femmes. La pauvreté n'est pas seulement matérielle, mais aussi psychologique: le chômage, le chômage des jeunes en particulier, entraîne ainsi l'exclusion sociale, elle-même source de frustrations potentiellement désastreuses, voire terroristes. L'ECOSOC doit veiller à ce que ce dossier en particulier soit traité de manière beaucoup mieux coordonnée au sein des Nations Unies. Ainsi, le débat actuel sur l'emploi devrait faire l'objet d'un suivi l'année prochaine car, autrement, à quoi bon discuter ainsi année après année? Le représentant a estimé que la bonne gouvernance des pays pauvres est une condition indispensable de leur redressement économique et social.
MME LISINKA LLATOWSKA (Women's World Summit Foundation) a évoqué l'impact que pourrait avoir, en matière de développement social et d'élimination de la pauvreté et de la faim, la mise en place d'un revenu minimum pour tous. Si chaque personne recevait chaque année des biens et/ou des services pour un équivalent de 250 dollars, l'effet serait spectaculaire, en particulier pour les personnes gagnant entre 200 et 400 dollars par an, a-t-elle précisé. En quelques années, les personnes vivant dans l'extrême pauvreté pourraient devenir des citoyens productifs, de nouveaux marchés s'ouvriraient et des économies en développement pourraient commencer à s'épanouir, a-t-elle expliqué.
M. PATRIZIO CIVILI, Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques, a admis que certaines de ses recommandations auraient certes pu être plus concrètes et, donc, plus percutantes. Cependant, a-t-il ajouté, il ne faut pas non plus être trop directif, car les situations nationales sont toutes différentes. M. Civili s'est dit satisfait de constater que les interventions montrent des convergences quant au rôle des Nations Unies et de l'ECOSOC, de même que vis-à-vis des exigences de progrès dans la coordination de leurs activités. La coordination suppose la cohérence, l'esprit de suite dans les actions menées. M. Civili a aussi relevé d'utiles présentations d'expériences nationales (Inde, Chine, Brésil et Pakistan), une manière de faire qui correspond bien au mode de fonctionnement de l'ECOSOC.
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