LA DEUXIÈME COMMISSION ÉLÈVE LES DROITS DE L’HOMME AU RANG D’OUTIL IMPORTANT DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
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Deuxième Commission
27e & 28e séances – matin et après-midi
LA DEUXIÈME COMMISSION ÉLÈVE LES DROITS DE L’HOMME AU RANG D’OUTIL IMPORTANT DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Elle approuve l’organisation au Qatar de l’évaluation du Consensus de Monterrey et réaffirme la souveraineté des Palestiniens sur leurs ressources
La persistance et l’aggravation de la pauvreté dans de nombreux pays sont dues à la mauvaise gouvernance et au non-respect des droits de l’homme. C’est le constat qu’ont établi aujourd’hui les membres de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui examinait les questions de la lutte contre la pauvreté et du développement. Les États Membres, les organismes des Nations Unies et les autres parties prenantes ont été encouragés à faire en sorte que les droits de l’homme soient systématiquement abordés lors des débats sur le développement, en tant qu’outil important pour l’élimination de la pauvreté.
Une participation accrue des communautés et de la société civile a donc été préconisée, en tant qu’instrument essentiel de promotion et du respect des droits de l’homme. Ce faisant, les délégations ont souscrit aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la célébration de la Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006) et de la Journée internationale du microcrédit.
Allant plus loin que Kofi Annan, le représentant des États-Unis a jugé faux de penser que le versement de l’aide publique au développement (APD) est une solution miracle à la question de la pauvreté. En dehors de l’aide, ce dont les pays concernés ont le plus besoin, c’est d’éliminer les obstacles, contraires aux droits de la personne, qu’ils ont parfois érigés eux-mêmes devant la création de richesses, d’entreprises et d’emplois. Le représentant a cité les multiples initiatives qui condamnent des pans entiers de l’entreprenariat potentiel des pays pauvres à rester dans un secteur informel qui n’a pas accès aux financements nécessaires à l’émergence de petites et moyennes entreprises (PME).
Il est trop simple de conclure que la persistance de la pauvreté est due à l’absence des droits de l’homme au niveau national, s’est insurgé le représentant de la Malaisie. Qu’en est-il de la dimension internationale? Aujourd’hui, la richesse des 48 pays les plus pauvres, soit le quart des États Membres de l’ONU, est inférieure à celle des personnes les plus riches vivant dans les trois économies mondiales les plus opulentes alors même que trois milliards de personnes, soit la moitié de l’humanité, vivent avec moins de 2 dollars par jour, 640 millions n’ont pas de toit, 400 millions pas d’eau potable et 270 millions pas de soins de santé. Un milliard de personnes ne savent ni lire ni écrire, s’est encore offusqué le représentant.
Toutes les délégations ont convenu de la nécessité de maintenir la question de l’élimination de la pauvreté au centre de l’agenda international. L’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a demandé au Secrétaire général de recommander à l’Assemblée de décréter la période allant de 2007 à 2016, « Deuxième Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté ».
La Commission a poursuivi, cet après-midi, le débat qu’elle avait engagé sur le Groupe de pays en situation particulière, qu’elle reprendra mardi prochain. Elle a, par ailleurs, adopté à l’issue d’un vote un projet de résolution relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien et de la population arabe dans le Golan syrien occupé, sur leurs ressources naturelles. Elle a ensuite adopté par consensus un projet de texte relatif au suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui a abouti à l’adoption du « Consensus de Monterrey ». Par ce texte, la Commission recommande à l’Assemblée de répondre positivement à la proposition du Qatar d’accueillir au deuxième semestre 2008, la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Consensus.
La Commission économique et financière poursuivra ses travaux mardi 14 novembre.
ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT
Mise en œuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006 )
Présentant le rapport du Secrétaire général sur la célébration de l’Année internationale du microcrédit (2005) (A/61/307), M. JOHAN SCHÖLVINCK, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DESA), a déclaré que le rapport fait une brève évaluation du lien qui existe entre la célébration de la Journée internationale pour l’éradication de la pauvreté et les droits de l’homme. Le rapport contient une analyse sur la nécessité d’adopter une approche basée sur les droits de l’homme dans les efforts de lutte contre la pauvreté. Les droits de l’homme sont en effet un outil efficace dans la promotion de la lutte contre la pauvreté. Le rapport passe en revue les conditions dans lesquelles se déroule la célébration de la Journée internationale, à travers le monde, en se servant des réponses fournies par les États, les organes de l’ONU et les ONG, aux questionnaires qui leur ont été soumis à cet effet, a indiqué M. Schölvinck.
L’Année internationale du microcrédit peut devenir un point de ralliement favorable au lancement de campagnes nationales et mondiales soutenant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a poursuivi M. Schölvinck. Le rapport recommande que les États Membres, le système de l’ONU et tous les partenaires au développement soient encouragés à faire des droits de l’homme une donnée transversale de toutes les discussions sur le développement.
M. ADRIE DE GROOT, Directeur à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a ensuite sommairement présenté le rapport sur la célébration de la Journée internationale de la pauvreté (A/61/308). Dans ce document, le Secrétaire général recommande notamment que l’Assemblée générale encourage les États Membres, les organismes de l’ONU et toutes autres parties, à faire en sorte que les droits de l’homme soient systématiquement abordés au cours des débats sur le développement en tant qu’outil de lutte contre la pauvreté. L’Assemblée devrait aussi encourager les États qui ne le font pas encore à célébrer la Journée internationale en y associant les citoyens et les organismes de la société civile.
Dialogue interactif
Le représentant des États-Unis a relevé que le rapport du Secrétaire général note que la persistance de la pauvreté est en grande partie due à l’absence des droits de l’homme dans les pays qui souffrent de ce mal. Les États-Unis ne pensent donc pas que le seul transfert de ressources financières à travers l’aide publique au développement (APD) soit la formule qui permettra d’éliminer la pauvreté à travers le monde. La solution se trouve dans la facilitation de la création d’entreprises afin de permettre aux initiatives individuelles de sortir du secteur informel et de s’exprimer dans la création des petites et moyennes entreprises, qui sont le principal moteur de la création d’emplois. Il ne faudrait donc pas essayer d’éviter le débat qui s’impose sur la question des marchés. La seule création d’un cadre favorable au fonctionnement de marchés actifs permettra de donner un coup de fouet à l’entreprenariat, a insisté le représentant.
M. SCHÖLVINCK a repris la parole pour s’étonner que la question de la pauvreté, dont discute la Commission économique et financière ne soit pas également examinée par la Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles. Ce thème devrait devenir commun aux deux Commissions, compte tenu de ses profondes implications politiques et sociales, a-t-il estimé.
Coopération pour le développement industriel
La Commission a été saisie d’une note du Secrétaire général transmettant le rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) sur la coopération pour le développement industriel (A/61/305). Le Directeur général explique que l’ONUDI fait porter l’essentiel de ses activités sur trois domaines thématiques où sa contribution peut être des plus importantes: réduction de la pauvreté grâce à des activités productives, renforcement des capacités commerciales, énergie et environnement. La coopération Sud-Sud bénéficie d’une attention particulière en tant que moyen de promouvoir le développement industriel et de stimuler la croissance du commerce et la diffusion de la technologie afin de favoriser la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tout particulièrement en Afrique et dans les pays les moins avancés (PMA).
Le Directeur général rend également compte de l’appui de l’ONUDI au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et des mesures qu’elle prend pour renforcer ses partenariats avec d’autres organismes des Nations Unies et contribuer à assurer une plus grande cohérence des programmes dans les activités de développement que mènent ces organismes, notamment sur le terrain. Il explique que la division entre le Nord et le Sud demeure et qu’un fossé se creuse progressivement à l’intérieur du Sud, les PMA ayant de plus en plus de difficultés à trouver la voie qui leur permettra de s’intégrer dans l’économie mondiale. De plus, les incidences de l’extrême pauvreté comme de la détérioration de l’environnement sont graves et entravent sérieusement la voie vers une croissance économique et un développement durable.
Aussi, un développement industriel rapide mais durable est essentiel pour aider les régions désavantagées, pour créer des emplois pour les jeunes, pour diffuser des technologies de production plus propres et faisant appel à des sources d’énergie renouvelables ainsi que pour intégrer les pays en développement dans les chaînes de valeur mondiales, poursuit le Directeur général. Il préconise également que soit accélérée d’urgence la coopération Sud-Sud, qui doit compléter la coopération Nord-Sud. Enfin, il réaffirme la volonté de l’ONUDI de continuer à jouer un rôle primordial dans les domaines suivants: développement du secteur privé, croissance de la productivité, renforcement des capacités commerciales, responsabilité sociale de l’entreprise, protection de l’environnement, utilisation rationnelle de l’énergie et promotion des sources d’énergie renouvelables.
M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a fait observer que les différents sommets et conférences, tels que le Sommet du Millénaire ou la Conférence internationale sur le financement du développement, témoignent de l’unité et de la solidarité de la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté. L’éradication de la pauvreté reste le défi de notre époque, a-t-il souligné, ajoutant qu’il est honteux que plus d’un milliard de personnes vivent dans l’extrême pauvreté alors que de réels progrès matériels ont été effectués. Pour lutter contre la pauvreté, il faut que la sécurité humaine soit assurée, a-t-il poursuivi. Dans notre monde, de plus en plus interdépendant, cela signifie de protéger les libertés vitales des populations, en particulier contre les menaces que sont les privations, les maladies et les crises économiques, a-t-il précisé, ajoutant qu’il s’agit là des fonctions de tout État bien gouverné.
L’éradication de la pauvreté est cruciale pour la stabilité mondiale et la paix, a-t-il martelé. Il a expliqué que la raison profonde de la privation mondiale réside dans les conditions de pauvreté abyssale qui caractérise les États les moins avancés du monde. Rappelant que la pauvreté est en partie déterminée par la capacité des ménages à avoir accès au capital, il a insisté sur l’importance que revêt l’accès aux microcrédits pour démarrer une entreprise, se protéger contre les catastrophes naturelles ou couvrir les soins de santé. Le microcrédit est devenu une des stratégies clefs pour l’éradication de la pauvreté et en particulier pour rendre aux femmes leurs droits, a-t-il précisé, se félicitant, à cet égard, de ce que le prix Nobel de la paix ait été décerné à son inventeur.
Débat général
Mme TARJA FERNÁNDEZ (Finlande) a déclaré, au nom de l’Union européenne, qu’il y a 12 ans un consensus s’est fait lors du Sommet sur le développement social qui s’est tenu à Copenhague en 1995, que le plein emploi et l’intégration sociale de tous les citoyens d’un pays sont les principaux défis à relever par chaque État pour parvenir à un développement durable. La Déclaration de Copenhague a lancé un appel en faveur d’une approche de développement centrée sur la promotion du bien-être humain, a rappelé la représentante. Depuis lors, la communauté internationale a systématiquement orienté ses actions vers la lutte contre la pauvreté. Le concept « un travail décent pour tous » a été réaffirmé par le Sommet mondial de 2005 et la question du plein emploi et d’un travail pour tous sera mise au centre des travaux de la prochaine session de la Commission du développement social, a indiqué la représentante finlandaise. Durant la Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, qui a duré de 1997 à 2006, le nombre de pauvres, vivant à travers le monde, a diminué de 100 millions. Mais il reste beaucoup à faire et l’Union européenne souligne que chaque pays doit prendre, à cet égard, ses responsabilités. Chaque nation doit, en effet, mettre en place une stratégie nationale de réduction de la pauvreté. Cette lutte passe par l’adoption de règles strictes de bonne gouvernance, a estimé Mme Fernández. L’Union européenne se félicite des initiatives comme celle de la création de la Banque Grameen et, à cet égard, félicite son créateur Mohammed Yunus pour son prix Nobel de la paix.
M. GEORGE TALBOT (Guyana), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, s’est réjoui de ce que les différents sommets et conférences des Nations Unies aient donné à la communauté internationale une énergie nouvelle dans la lutte contre la pauvreté. Il reste beaucoup à faire, a-t-il toutefois souligné, rappelant que plus d’un milliard de personnes vivent dans la pauvreté extrême, souffrent de faim et de malnutrition, et sont privés d’eau potable. Il a fait observer qu’en ce qui concerne le Groupe de Rio, la répartition des richesses s’avère grandement inégale. C’est la pauvreté extrême qui empêche la croissance des pays sud-américains, a-t-il précisé, ajoutant que le manque d’infrastructures diminue l’attrait pour les investisseurs. Il convient de traiter la pauvreté de façon intégrale et holistique. Rappelant qu’en Amérique latine et aux Caraïbes, la réalisation des OMD passe nécessairement par une élimination de la pauvreté, il a fait observer que près de 90% des Latino-Américains vivant dans la pauvreté extrême sont dans des pays à revenu moyen et pas dans les pays les plus pauvres.
Il s’agit d’un défi considérable qui implique de revoir l’approche avec laquelle on aborde la question de la pauvreté, a-t-il estimé, préconisant, à cet égard, que l’accent soit mis sur les personnes pauvres plutôt que les pays pauvres. Pour conclure, il a lancé un appel aux partenaires du développement, les exhortant à mettre en œuvre les promesses faites, et notamment celle de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD). Le représentant a également insisté sur la nécessité de créer un environnement international propice au sein duquel il serait possible pour ces pays de développer une économie durable basée sur les investissements, la compétitivité, le transfert de technologies et la formation. Il est essentiel que la communauté internationale fasse des efforts concertés et coordonnés pour réaliser ces objectifs, a-t-il martelé.
M. PRAYONO ATIYANTO (Indonésie) a déclaré, au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), que malgré les taux de croissance appréciables qu’atteignent de nombreux pays, la pauvreté va croissante à travers le monde. L’ANASE soutient la célébration de l’Année internationale du microcrédit, car ce concept et outil a fait ses preuves dans les efforts de lutte contre la pauvreté. Mais le microcrédit ne suffira pas à sortir de la pauvreté les populations concernées tant que des déséquilibres flagrants persisteront dans le système commercial mondial. Les efforts des pays en développement pour améliorer le sort de leurs populations resteront vains tant que la répartition des richesses mondiales ne sera pas plus juste. Ceci passe par une remise en cause des cadres économiques, financiers et commerciaux actuels. Au niveau régional, l’ANASE s’efforce de réduire les disparités qui existent entre certains de ses États Membres de manière à mieux répartir le développement dans sa région. L’ANASE s’est associée à des partenaires comme la Banque mondiale, pour élaborer des stratégies régionales de réduction de la pauvreté. L’ANASE facilite ainsi l’intégration de ses membres les plus défavorisés, dont l’un est un pays sans littoral, à ses structures de production et de création d’emplois et de richesses, a précisé le représentant.
M. JALEL SNOUSSI (Tunisie) s’est alarmé du bilan de la faim dans le monde qui montre que malgré l’abondance et la prospérité, ce fléau gagne paradoxalement du terrain. Ce constat accablant, a-t-il fait observer, montre que la faim et la pauvreté ne sont pas une fatalité mais notamment le produit d’un contexte économique mondial évoluant à diverses vitesses. Il a précisé que ce contexte est perfectible et réparable pour peu que le consensus mondial contre la pauvreté soit assorti de perspectives opérationnelles et que les engagements pris soient traduits en actions concrètes. À défaut d’une véritable volonté politique d’action et d’un environnement international propice au développement, a-t-il poursuivi, le combat contre la pauvreté ne sera gagné que très partiellement. Il a rappelé que la situation du continent africain n’est pas conforme au calendrier de réalisation des OMD et, partant, s’est montré en faveur de la proposition de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) d’établir une nouvelle architecture de l’aide, une sorte de « Plan Marshall » en faveur de l’Afrique.
Selon la CNUCED, a-t-il précisé, cette approche, consistant à doubler l’aide, à en redéfinir les mécanismes et à en rationaliser les modes d’intervention, permettrait à l’Afrique d’atteindre la trajectoire de croissance nécessaire à la réalisation des OMD. Le combat contre la pauvreté ne pourra être fiable que dans le cadre d’un partenariat mondial, a-t-il fait observer. Pour conclure, il a souhaité insister sur le fait que 852 millions d’êtres humains souffrent de la faim et que toutes les cinq secondes un enfant meurt. On ne peut manquer d’être effaré de savoir qu’au terme de cette séance matinale de la Deuxième Commission consacrée à l’élimination de la faim et de la pauvreté, plus de 2 000 enfants auraient entre-temps péri de famine, a-t-il fait remarquer.
M. A. VIJAYA RAGHAVAN (Inde) a déclaré que les stratégies de développement doivent mettre l’accent sur la croissance économique, génératrice de richesses et d’emplois. Dans de nombreuses régions, la pauvreté est due à des instabilités politiques et sociales héritées de structures datant de l’ère coloniale et accentuées par les réformes imposées par les institutions financières internationales. En Afrique subsaharienne, les politiques d’ajustement structurel n’ont rien fait pour favoriser une stabilisation des pays qui étaient déjà politiquement fragiles. En Asie, certaines régions vivent dans les mêmes conditions de fragilité. L’Inde, a souligné le représentant, estime que la communauté internationale doit concevoir une forme d’appui spécial à l’Afrique qui s’enfonce dans la pauvreté depuis le milieu des années 1980. Après avoir énuméré quelques unes les actions que son pays a prises en faveur de l’Afrique, notamment la fourniture de médicaments essentiels à des prix avantageux, il a demandé aux pays industrialisés de faire plus d’efforts concernant l’augmentation de l’APD, l’élimination de la dette, l’ouverture de leurs marchés aux produits africains et l’appui à des nouvelles politiques économiques basées sur les vrais besoins de chaque pays. Il faut réhabiliter le rôle de l’état dans la conduite des affaires des pays, notamment en ce qui concerne l’économie, car comme l’Inde l’a dit à plusieurs reprises, la main invisible d’Adam Smith est invisible parce qu’elle n’existe pas, a rappelé le représentant.
M. DUONG HOAI NAM (Viet Nam) s’est réjoui des progrès effectués depuis dix ans en matière de lutte contre la pauvreté et la faim. Certains pays sont en bonne voie de parvenir à la réalisation des OMD. Il est néanmoins inacceptable, a-t-il poursuivi, qu’aujourd’hui encore un milliard de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et que plus de cinq millions d’enfants meurent chaque année de faim et de malnutrition. Le représentant a également attiré l’attention sur l’élargissement des écarts de développement autant au niveau international que national, rappelant que cela constitue une menace pour la paix et la sécurité. Il est nécessaire de réagir de façon plus active au niveau national, régional et international, a-t-il souligné, ajoutant que la lutte contre la pauvreté exige des efforts systématiques et une utilisation plus efficace des ressources. Rappelant que le commerce est un moteur puissant de la croissance économique, il a estimé que les pays en développement doivent bénéficier d’une aide pour développer leurs capacités d’exportation, tout comme d’un meilleur accès aux marchés. Si l’on veut que les OMD soient réalisés à temps, la communauté internationale doit renforcer sa coopération de manière interactive et complémentaire, a-t-il insisté, ajoutant que le bon résultat de la coopération est dans l’intérêt des pays développés comme des pays en développement.
Pour conclure, il a fait part d’un certain nombre de résultats concrets obtenus par son pays en matière de lutte contre la pauvreté. En 2004, le Viet Nam est parvenu à réduire la pauvreté de moitié, soit avec une avance de 10 ans sur le calendrier prévu. Près de 88% des pauvres reçoivent des soins médicaux gratuits et il n’y a plus de logements provisoires dans 2 000 communes et cinq provinces, a-t-il poursuivi. Il a souhaité souligner que ces résultats doivent être imputés, outre aux efforts nationaux de mobilisation des ressources dans de nombreux domaines, à l’appui et à l’aide précieuse des organisations du système des Nations Unies, des donateurs et des ONG.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) s’est félicité que le microcrédit ait été reconnu comme un outil efficace de lutte contre la pauvreté. Au Bangladesh, le nombre de personnes récipiendaires de microcrédit a été multiplié par sept depuis l’introduction de ce concept, a indiqué le représentant. Le Bangladesh est fier d’être reconnu comme un leader en la matière. Le microcrédit a réhabilité l’esprit communautaire des populations du Bangladesh et de nombreux pays en développement dont les cultures ne sont pas basées sur l’individualisme prôné dans les sociétés libérales, a dit le représentant. Le microcrédit, a-t-il poursuivi, est d’autre part un outil d’autonomisation des femmes. Illustrant ses propos en invoquant le modèle bangladais de la Banque Grameen, le représentant a estimé que le dernier lauréat du prix Nobel de la paix a démontré que les femmes pauvres sont des débitrices fiables et qu’elles font un très bon usage des sommes qui leur sont confiées. Les femmes du Bangladesh, qui ont reçu un petit crédit, contribuent à l’amélioration de la vie des familles et à la stabilisation sociale. Le microcrédit leur a permis de devenir des actrices actives de la vie politique et socioéconomique du pays, a dit M. Chowdhury. Cependant, a-t-il poursuivi, il faut faire d’autres efforts pour permettre aux bénéficiaires de microcrédits de réussir leur sortie de la pauvreté. Le Bangladesh estime que les structures de microcrédit doivent être soutenues par des politiques ambitieuses de scolarisation et de santé pour faciliter un développement humain meilleur et durable.
M. PETER LE ROUX (Afrique du Sud) a déclaré, au nom des États du Groupe des 77 et de la Chine, que l’élimination de la pauvreté était une condition essentielle de la promotion du développement durable. C’est le plus grand défi auquel fait face la communauté internationale, a estimé le représentant. L’Année internationale du microcrédit et la Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté ont permis à la communauté internationale de se rendre compte de l’importance de cette question. Au vu de l’impact négatif de la pauvreté et de la nécessité de lui faire face, le Groupe des 77 et la Chine demandent au Secrétaire général de recommander à l’Assemblée générale de décréter la période 2007-2016, deuxième Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté, a déclaré le représentant sud-africain.
Mme BAI YONGJIE (Chine) a souligné que ces dix dernières années, la communauté internationale a déployé des efforts sans précédent pour lutter contre la pauvreté. Elle a salué cette mobilisation de tous les secteurs de la société qui, a-t-elle précisé, a permis à de nombreuses personnes de sortir de la pauvreté et de vivre une vie décente. Elle a toutefois regretté que le fossé entre riches et pauvres et entre pays du Nord et ceux du Sud se soit élargi, illustrant par là que l’éradication de la pauvreté reste un défi à long terme. Le développement économique devrait être au centre des efforts de la lutte contre la pauvreté, a-t-elle poursuivi. L’éradication de la pauvreté dépend du développement économique. À cette fin, elle a estimé que la communauté internationale, et les pays développés en particulier, doivent accorder une plus grande attention aux difficultés des pays en développement et honorer leurs engagements en matière d’assistance financière et technologique, d’annulation de la dette et d’accès aux marchés.
La représentante a, en outre, préconisé que la lutte contre la pauvreté soit menée parallèlement à des stratégies de promotion de la science, de l’éducation et de la santé publique. Pour conclure, elle a fait part des avancées de son pays en la matière et a notamment souligné que 200 millions de personnes vivant en zone rurale ont aujourd’hui accès à de la nourriture en suffisance et que le nombre total de pauvres du pays est descendu à 23,65 millions. Elle a en outre fait observer que le Gouvernement chinois et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont créé un Centre international de réduction de la pauvreté en Chine lequel vise à promouvoir les transformations politiques, à renforcer les échanges internationaux et à faciliter la coopération Sud-Sud.
M. MOHAMAD NIZAN MOHAMAD (Malaisie) a déclaré que près de trois milliards de personnes, soit la moitié de l’humanité, vit dans la pauvreté. Quelque 640 millions d’entre elles n’ont pas de logement décent, 400 millions manquent d’eau potable et 270 millions n’ont aucun accès à des soins de santé modernes. Près d’un milliard de gens sont incapables de lire ou d’écrire et le PNB des 48 pays les plus pauvres, soit 25% des États Membres de l’ONU, représente moins de la moitié de la valeur financière des personnes les plus riches qui vivent dans les trois pays les plus opulents du monde, a relevé M. Mohamad. Au vu de ces réalités, la Malaisie est surprise que le rapport du Secrétaire général se contente de tirer la conclusion selon laquelle la pauvreté serait due à l’absence de respect des droits de l’homme. Même si le lien entre pauvreté et droits de l’homme existe, on ne saurait lui donner une importance démesurée, a estimé le représentant avant de relever, d’autre part, que le lien entre pauvreté et terrorisme est lui aussi clairement établi. Mais il est étonnant, s’est-il encore étonné, que la lutte contre le terrorisme ne soit perçue que sous un angle militaire.
Mme SANSANEE SAHUSSARUNGSI (Thaïlande) a estimé que la pauvreté est une question qui relève des droits de l’homme. Fermer les yeux sur l’extrême pauvreté est une violation des droits de l’homme fondamentaux, en particulier du droit à une vie digne et décente, a-t-elle insisté. Rappelant que la malnutrition et l’extrême pauvreté sont encore monnaie courante dans la plupart des PMA, elle a souligné qu’il est temps d’agir avec vision et courage. Les pays développés et les pays en développement doivent faire preuve de volonté. La croissance économique étant le moteur du développement, le commerce doit être favorisé, a-t-elle ajouté. Elle a, à cet égard, estimé que l’accès aux marchés est crucial pour permettre aux pays en développement de générer des revenus et sortir ainsi ses citoyens de la pauvreté. C’est pourquoi la Thaïlande soutient l’initiative « Aide pour le commerce », a-t-elle précisé. La pauvreté ne saurait se réduire à des chiffres car elle implique de nombreuses dimensions, y compris celle de la sécurité alimentaire, a poursuivi la représentante. Un niveau de sécurité alimentaire peut être atteint s’il y a accès à l’eau potable, a-t-elle ajouté pour illustrer la nécessité urgente d’assurer un accès aux terres et à l’eau, et de protéger les populations des catastrophes naturelles. Elle a conclu en affirmant que son pays a effectué de nombreux progrès en matière de réalisation des OMD; le nombre de pauvres étant passé de 17,9 millions en 1988 à 6,2 millions en 2002.
Mme MARGARET HUGHES FERRARI (Saint-Vincent-et-les Grenadines), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a exprimé l’intention de la CARICOM de demander une réforme de l’architecture financière internationale et une reprise des négociations du Cycle de Doha qui tiennent compte des besoins de développement des pays concernés. Face à la multiplication des catastrophes naturelles, les pays de la CARICOM ont aussi besoin que les pays développés tiennent les promesses qu’ils ont faites en matière d’APD, a dit Mme Ferrari. « Nous sommes proches de la date limite qui avait été fixée pour la réalisation des OMD, dont celui ayant trait à la réduction de moitié du niveau de pauvreté d’ici à 2015», a-t-elle fait remarquer. Mais au rythme actuel, aucun des États de la CARICOM ne pourra atteindre ces objectifs, a-t-elle déploré.
M. BASHEER F. ZOUBI (Jordanie) a indiqué que les chefs d’États de la Croatie, de l’Équateur, de la Géorgie, du Honduras, de l’Indonésie, de la Jordanie, du Maroc, du Pakistan, du Paraguay et du Sri Lanka se sont réunis en septembre 2006 à New York pour lancer officiellement l’Initiative du G-11. Cette initiative vise la création de plates-formes pour la croissance et le développement. Ceux qui l’ont lancée comptent jouer un rôle pivot dans la promotion de la paix et de la stabilité mondiale, a-t-il précisé. Il a fait observer que les pays du G-11 ont connu des avancées économiques notables, notamment en matière de croissance du PIB, de participation au commerce international et d’investissements étrangers directs (IED). Toutefois, a-t-il nuancé, la pauvreté et le chômage restent des défis majeurs et sont exacerbés par la vulnérabilité de ces pays face aux chocs extérieurs. Le représentant a estimé que les pays à revenu intermédiaire doivent bénéficier d’aide, s’ils veulent accélérer la croissance, sortir des millions de personnes de la pauvreté et faire bénéficier tous les segments de leur population des fruits de ces réformes.
M. DMITRY MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a appuyé soutient les efforts fournis par l’ONUDI pour répondre aux besoins des États Membres en matière d’industrialisation. La Fédération de Russie partage les objectifs thématiques que s’est fixés l’ONUDI et soutient les actions qu’elle engage en usant de ses avantages comparatifs par rapport aux autres organismes des Nations Unies. La délégation russe exhorte l’ONUDI, le PNUD, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à améliorer leur collaboration en vue de résoudre les difficultés que rencontrent les pays en matière de promotion du développement, au niveau national. Cette collaboration devrait en particulier faciliter la création de petites et moyennes entreprises.
M. GANSUKH PUREVJAV (Mongolie) s’est dit préoccupé par le manque de progrès et les résultats inégaux de la Stratégie mondiale de réduction de la pauvreté. En dépit de tous les engagements qui ont été pris ces 10 dernières années, nous n’observons aucune percée décisive dans l’éradication de la pauvreté, ni au niveau international ni au niveau national, a-t-il regretté. Soulignant que les progrès ont été inégaux et que la réalisation des OMD reste freinée par les capacités restreintes des pays en développement, il a réaffirmé qu’un soutien continu de la part de la communauté internationale reste nécessaire dans la guerre contre la pauvreté. Il a fait part des progrès réalisés par son pays en matière de développement socioéconomique et a souligné notamment que les salaires dans le secteur privé ont augmenté de 33% et qu’une allocation mensuelle est donnée à chaque enfant de Mongolie. Il s’est dit convaincu que ces initiatives d’impact rapide contribueront à réduire la pauvreté et réaliser les OMD. Il a également indiqué que son gouvernement a modifié les législations en matière de taxes, dans le but de favoriser un environnement d’investissement propice, atteindre la croissance économique et créer des opportunités d’emplois. Enfin, rappelant que son pays est sur la bonne voie quant à la réalisation des objectifs fixés dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la parité entre les sexes, il a regretté que la pauvreté persiste. Un partenariat efficace s’avère plus que nécessaire pour réussir à réduire la pauvreté de manière significative, a-t-il plaidé.
Mgr CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a déclaré que la charité et la miséricorde doivent toujours exister pour faire face aux besoins des pauvres. La dimension « droits de l’homme », qui s’ajoute désormais à la lutte contre la pauvreté, en fait une obligation juridique et morale. Les pauvres ont droit à la justice, à un travail décent, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation et au logement, a rappelé l’Observateur du Saint-Siège. La célébration des journées ou années internationales dédiées à la lutte contre la pauvreté doit donc viser à sensibiliser les opinions publiques et les décideurs à ces droits inviolables. Le Saint-Siège a parrainé des études sur la lutte contre les différents aspects de la pauvreté. Celle sur les femmes, le développement et la paix, a mis un accent particulier sur le rôle des femmes dans la promotion d’un développement économique et social durable, a annoncé le prélat.
M. MYINT LWIN (Myanmar) a fait observer que la célébration annuelle de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté est un bon moyen de rappeler l’importance qu’il y a à diminuer de moitié la pauvreté d’ici à 2015. Il a expliqué que son pays a, en la matière, effectué des progrès importants, en soulignant que 24 zones spéciales de développement ont été désignées dans les États et départements du pays. Rappelant que le Myanmar est un pays essentiellement agricole, il a indiqué que la priorité du développement a été accordée à ce secteur. Il a fait état de diverses avancées, comme la construction de nombreux barrages et stations de pompage. Il a, en outre, indiqué que depuis 1988, près de 64 000 km de routes et 219 ponts ont été construits. De nombreuses écoles et universités ont ouvert leurs portes et plus de 831 hôpitaux, cliniques et dispensaires ont été créés dans des zones où il n’y avait pas d’accès aux services médicaux, a-t-il poursuivi. Il a, en outre, expliqué qu’une attention toute particulière a été portée à la réduction du fossé entre zones urbaines et zones rurales. Enfin, se félicitant de la célébration de l’Année internationale du microcrédit en 2005, il a souligné que le microfinancement offre une occasion remarquable de sortir de la pauvreté et de développer des capacités économiques.
M. PHOMMA KHAMMANICHANH (République démocratique populaire lao)jugé impératif d’aider les PMA à mettre en œuvre les engagements pris à Bruxelles. D’un autre coté, les pays développés doivent tenir les promesses contenues dans le Plan d’action de Bruxelles. Ces différents efforts aideraient les PMA à réaliser les OMD qui sont la clef de la lutte contre la pauvreté. Notre pays, a dit le représentant, encourage les pays à rechercher et à mettre en œuvre des mécanismes de mobilisation des ressources de financement. Étant un pays sans littoral de l’Asie du Sud-Est, la République démocratique populaire lao est consciente de la nécessité de concevoir et de mettre en œuvre des stratégies qui permettraient aux pays enclavés de mieux s’insérer dans les mécanismes d’échanges régionaux et internationaux, a dit le représentant en indiquant que son pays s’est fixé comme objectif de sortir de la liste des PMA d’ici à 2020. La République démocratique populaire lao s’efforce de créer un cadre d’investissement et de gouvernance qui la rende attractive aux yeux des IED, a dit le représentant.
M. UZI MANOR (Israël) a expliqué que le MASHAV, créé en 1958 en tant que partie du Ministère des affaires étrangères d’Israël, œuvre à élargir les programmes de coopération au développement israéliens au monde entier. Le MASHAV vise à partager les connaissances, l’expertise et les technologies qui ont permis le propre développement de l’État d’Israël, a-t-il précisé, ajoutant qu’il a créé des programmes dans plus de 140 pays depuis sa création. Il a aussi expliqué que le MASHAV a établi un programme spécialisé dans la question des femmes et favorisant le développement de programmes de microcrédits. Il s’agit, a-t-il précisé, de casser le cercle vicieux de la pauvreté qui veut que les pauvres aient des dettes qui les rendent dépendants et vulnérables et, les maintiennent, en conséquence, dans la pauvreté. Le représentant s’est ainsi félicité de ce que les programmes de formation développés par le MASHAV aient contribué à sortir les gens de la pauvreté.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a déclaré que les citoyens de Saint-Marin ont aujourd’hui un des niveaux de vie les plus élevés d’Europe. Soixante-dix pour cent des citoyens du pays sont propriétaires de leurs maisons alors qu’il y a encore 40 ans, leurs parents souffraient de la pauvreté et devaient émigrer pour assurer leur survie. Saint-Marin sait donc de quoi il s’agit lorsque l’on parle de pauvreté. Mais, s’est dit convaincu le représentant, la pauvreté n’est pas uniquement due à la répartition inégale des ressources, des richesses ou des opportunités économiques, sociales ou politiques. Elle est aussi due aux violations des droits de l’homme, a-t-il argué. Ces droits sont ceux de l’accès à l’éducation, à la santé, à la sécurité sociale et à toutes les libertés politiques et d’expression. Saint-Marin partage les points de vue dont le Secrétaire général fait part dans le rapport relatif au rôle central de l’emploi dans l’éradication de la pauvreté.
M. TIRTHA RAJ WAGLE (Népal) a estimé que l’éradication de la pauvreté ne peut être complète si les bienfaits de la croissance et du développement ne parviennent pas aux pauvres. Il faut s’assurer qu’ils puissent défendre leurs droits, a-t-il précisé. Il s’est félicité de ce que la première Décennie des Nations Unies pour l’éradication de la pauvreté et la célébration de la Journée internationale aient permis le partage des meilleures pratiques et promu la collaboration entre tous les partenaires du développement. Il a expliqué que pour son pays l’éradication de la pauvreté reste l’objectif prioritaire et que le Gouvernement népalais cherche à mettre en œuvre des programmes en faveur des pauvres. Rappelant que l’agriculture est le secteur principal de l’économie et qu’elle compte pour 80% des moyens de subsistance de la population active, il a indiqué que le Gouvernement a cherché à améliorer les conditions de vie des agriculteurs et à développer la commercialisation de leurs produits. Il a en outre mentionné que le Népal est près de réaliser l’objectif visant à diminuer de moitié la pauvreté d’ici à 2015. Toutefois, a-t-il nuancé, et en dépit des nombreux efforts collectifs, la situation des populations vivant dans une pauvreté extrême dans de nombreux pays est loin d’être satisfaisante. Le représentant a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des actions rapides et concrètes pour honorer les promesses qui ont été faites aux pauvres.
M.ABDUL MAJID SAAD (Libye) a estimé que la pauvreté est un affront à la dignité humaine et une anomalie. C’est un défi moral que doit relever l’humanité. Les efforts déployés à ce jour ont porté peu de fruits. La mondialisation, que vantaient certains, en prétendant qu’elle résoudrait tous les problèmes économiques de la planète, s’est révélé n’être qu’un slogan creux. Les pays en développement ont vite découvert qu’ils n’avaient pas de droit à la parole dans la définition du système commercial international, conçu pour bénéficier aux pays riches uniquement, a dit le représentant libyen. Il a ensuite déploré le peu de cas que l’on fait des populations des pays pauvres de plus en plus touchés par les catastrophes naturelles. « La pauvreté semble être devenue leur lot naturel », s’est-il étonné, en appelant les pays industrialisés à « faire preuve de la volonté politique nécessaire » au respect des promesses faites lors des grandes conférences internationales. En ce qui la concerne, la Libye assumera sa part dans la lutte contre la pauvreté. Elle a récemment lancé le « Projet Kadhafi pour la sauvegarde de la mère et de l’enfant en Afrique », a annoncé le représentant avant d’annoncer que son pays encourage, d’autre part, ses hommes d’affaires à diriger leurs investissements directs vers les « pays frères » d’Afrique.
M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte, a expliqué que la pauvreté et la solidarité sont au cœur des activités de l’Ordre depuis plus de 900 ans, en soulignant qu’il intervient aujourd’hui dans le domaine médico-social et humanitaire dans plus de 120 pays. Les bénévoles assurent les premiers soins, les services sociaux et les opérations de secours d’urgence et d’aide humanitaire dans de nombreux pays, a précisé l’Observateur qui a ajouté que l’Ordre travaille en partenariat étroit avec les États Membres, les institutions spécialisées et les ONG locales et internationales. Il a ensuite présenté plusieurs initiatives pilotes pour illustrer la vocation humanitaire de l’Ordre et les projets de développement qu’il défend. En Afghanistan de l’Ouest, a-t-il expliqué à titre d’exemple, 20 000 enfants, dont 40% de filles, ont maintenant accès à une meilleure éducation grâce aux écoles construites sous les auspices de l’Ordre depuis 2002. En Inde, un projet pilote de microcrédit, dans les villages côtiers touchés par le tsunami de décembre 2004, a permis à 32 groupes de femmes de démarrer des entreprises de petite taille. L’Observateur s’est dit convaincu qu’en raison de ses principes humanitaires, de sa neutralité, de son impartialité et de son indépendance, l’Ordre de Malte a un rôle important à jouer dans le domaine des secours humanitaires et dans celui du développement.
GROUPE DES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE
Suite du débat général
M. O. A. OWOAJE (Nigéria) a estimé que la récente évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles est arrivée à point nommé. La participation des États Membres et des autres membres de la communauté internationale, y compris les organisations internationales, les ONG, le secteur privé et la société civile a montré la volonté de tous de remédier à la situation socioéconomique des PMA, en renforçant les partenariats et en permettant la réalisation des OMD. Le représentant a souligné que les progrès qui ont été observés n’ont pas été le lot de tous les PMA. Il n’a pas attribué ce fait à un manque d’engagement ou à une absence de volonté politique de la part des gouvernements mais bien à l’insuffisance du soutien des partenaires du développement.
Abordant la question de la coopération Sud-Sud, il a expliqué que son pays a poursuivi des programmes d’assistance aux PMA à travers des mécanismes bilatéraux, sous-régionaux et régionaux. Il a fait part d’un programme de coopération et d’assistance technique, le « TAC », qui vise à renforcer les capacités. En vertu de ce programme, des Nigérians qualifiés ont été engagés par d’autres pays dans les domaines médical, juridique ou de l’enseignement. Le représentant a exhorté tous les partenaires à aider les PMA, en augmentant notamment le volume et la qualité de l’APD et en œuvrant à renforcer les capacités. Ces mesures seules ne vont pas suffire à transformer la situation économique des PMA, a-t-il précisé, ajoutant qu’il faut qu’elles soient accompagnées d’une réforme du système économique mondial et d’une amélioration de l’accès aux marchés des produits des PMA.
Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a déclaré que la promotion des systèmes de transports de transit efficaces doit se faire de manière suivie, en respectant des critères de simplification et d’harmonisation des réseaux et des procédures de passage des frontières. Il faut aussi simplifier et harmoniser les critères de transparence en ce qui concerne les règles relatives au transit et aux frontières. L’Azerbaïdjan exhorte la communauté internationale à faciliter la reprise rapide des négociations de Doha, en veillant à y inclure des mesures favorables au commerce des pays enclavés, comme cela a été recommandé dans le Programme d’action d’Almaty. Sur le plan régional, a poursuivi la représentante, l’Azerbaïdjan se félicite des progrès accomplis dans la réhabilitation et la reconstruction de ses lignes de chemins de fer et des voies routières qui la lient à la frontière russe. Malheureusement des difficultés se posent sur la portion routière de 631 kilomètres du corridor international de transport TRACECA, qui traverse le territoire azéri toujours occupé par l’Arménie. Deux autres tronçons de routes importants, situés respectivement le long de la frontière avec l’Iran et de celle avec l’Arménie, ne sont pas aussi fonctionnels du fait de l’occupation arménienne, a accusé la représentante.
M. WIDHYA CHEM (Cambodge) a souligné l’importance que revêtent la paix et la stabilité pour le développement durable. Sans croissance et progrès, la paix n’est pas durable, a-t-il précisé. Pour cette raison, le Gouvernement du Cambodge a adopté un plan de stratégie nationale de réduction de la pauvreté, ainsi qu’un plan de développement pour les années 2006-2010. Pour renforcer l’économie du pays et améliorer sa compétitivité sur les marchés mondiaux, le Gouvernement continue de mettre l’accent sur le développement des capacités humaines et institutionnelles et la promotion de la coopération régionale, a-t-il poursuivi. Il a indiqué que la croissance économique a atteint le taux de 13,4% et que le niveau de la pauvreté est passé de 47% à 35% entre 1994 et 2004. Constatant avec regret que dans les PMA près de 1,3 milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour, il a réitéré la nécessité de mettre en œuvre les engagements pris au niveau international et notamment ceux relatifs aux questions d’accès aux marchés et de partage des connaissances. Le progrès économique et social dans les pays pauvres contribuera à la stabilité et à la prévisibilité de la sécurité internationale, a-t-il souligné. La communauté internationale doit agir le plus vite possible, a-t-il plaidé avant d’ajouter qu’il ne s’agit plus d’un acte de générosité envers les pauvres mais bien d’une nécessité pour le monde entier.
M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a estimé que le rôle des organisations régionales et sous-régionales doit être renforcé pour permettre un meilleur suivi de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty. Il a expliqué que son pays s’engage fermement à aider les pays en développement sans littoral qui sortent de conflits, en leur permettant notamment de reconstruire les infrastructures politiques, sociales et économiques. Il s’est félicité de la décision du Gouvernement de l’Afghanistan d’établir une Commission de facilitation du commerce et du transport afin de faciliter et d’harmoniser les procédures du passage aux frontières et d’augmenter l’efficacité des opérations de transit. L’Afghanistan devrait pouvoir participer pleinement aux projets et programmes économiques de la région, a-t-il souligné. Le représentant s’est également félicité des activités menées par les Commissions régionales des Nations Unies pour faciliter le commerce et l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) des pays en développement sans littoral.
Il a espéré que les différents accords portant sur la création de réseaux d’autoroutes à travers l’Asie et élaborés dans le cadre de la Commission économique et sociale pour la région d’Asie-Pacifique (CESAP) seront bientôt mis en œuvre. Enfin, il a rappelé que son pays accueillera la 63ème session de la CESAP en avril 2007 et a espéré que cette session fournira l’occasion d’évaluer la mise en application du Programme d’action d’Almaty. Pour conclure, il a réitéré le fait que son pays accorde une grande importance aux problèmes et aux besoins des pays en développementsans littoral. Il a ainsi fait part de différents programmes établis pour assurer la mise en œuvre du Programme, et notamment l’adoption, par le Gouvernement, d’une Stratégie de développement des infrastructures de transport qui prévoit la construction de 50 000km d’autoroutes et de plus de 2 000km de rails dans le pays.
SOUVERAINETÉ PERMANENTE DU PEUPLE PALESTINIEN ET DE LA POPULATION ARABE DANS LE GOLAN SYRIEN OCCUPÉ SUR LEURS RESSOURCES NATURELLES
Décision sur un projet de résolution
La Commission a adopté par 141 voix pour, six voix contre (Australie, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie et Palau), et six abstentions (Cameroun, Canada, Côte d’Ivoire, Haïti, Nauru et Ouganda), le projet de résolution pertinent paru sous la cote (A/C.2/61/L.13/Rev.1). Aux termes de ce texte présenté et amendé oralement par l’Égypte, l’Assemblée générale réaffirmerait les droits inaliénables du peuple palestinien et de la population du Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, notamment leurs ressources en terre et en eau. L’Assemblée reconnaitrait le droit du peuple palestinien de demander réparation en cas d’exploitation, d’altération, de destruction, d’épuisement ou de mise en péril de ses ressources naturelles par suite de mesures illégales prises par Israël, la puissance occupante, dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. L’Assemblée générale espérerait que cette question sera réglée dans le cadre des négociations entre les parties palestiniennes et israéliennes relatives au statut définitif.
Explications de vote
Avant la mise aux voix de ce projet de texte, le représentant d’Israël a noté l’intérêt particulier qu’a son pays à améliorer la situation de l’économie palestinienne. Il y a encore quelques années, plus de 150 000 Palestiniens travaillaient chaque jour en Israël et contribuaient énormément au bien-être de la partie palestinienne, a-t-il rappelé. Ce projet de résolution, qui est déséquilibré, ne contribuera pas à l’amélioration des conditions sur le terrain et ne servira pas la reprise des pourparlers entre les deux parties. Rien, a prévenu le représentant, ne peut être atteint en cherchant à isoler l’une des parties. Ce texte anti-israélien est contre-productif, a-t-il ajouté avant d’appeler la communauté internationale à chercher les vraies causes de la situation difficile dans laquelle vivent les Palestiniens. Elles sont dues, a-t-il affirmé, à la violence et au terrorisme que promeut le Gouvernement du Hamas. Israël vote donc contre ce projet de résolution et demande à tous ceux qui veulent réellement favoriser le processus de paix à en faire de même.
En revanche, la représentante de El Salvador a annoncé son vote positif, en vertu de l’engagement de son pays à défendre les principes du droit international. Mais, a-t-elle nuancé, El Salvador aurait aimé que le texte soit un peu plus équilibré.
Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Finlande a expliqué son vote positif par sa conviction que les ressources d’un territoire qui a été saisi par la force des armes, quel qu’il soit, ne devraient pas être illégalement exploitées par une puissance occupante. L’Union européenne a tenu à réaffirmer la validité, dans ce cas, de la quatrième Convention de Genève de 1949 en ce qui concerne les territoires occupés. La violation des droits des Palestiniens constitue un acte illégal à l’égard de la Convention. L’Union européenne pense, a cependant à son tour nuancé le représentant, que les questions que soulève le projet de résolution doivent être débattues dans le cadre d’un dialogue sur le statut permanent. L’Union européenne reste engagée à travailler avec le Quatuor et les pays arabes afin de trouver une résolution au conflit du Moyen-Orient. La résolution adoptée aujourd’hui, a encore précisé le représentant, ne doit pas être considérée comme préjugeant du résultat des négociations. Concernant la barrière de séparation et l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), le représentant a souligné que la position de l’Union européenne, qui est connue, reste inchangée.
Le représentant des États-Unis a réitéré l’appui constant de son pays aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Le Président Bush l’a réaffirmé dans sa volonté de soutenir la création d’un État palestinien vivant en paix aux cotés d’Israël, a-t-il rappelé. Mais il est clair, a-t-il tempéré, que comme l’a demandé le Quatuor, les Palestiniens doivent renoncer au terrorisme et reconnaître Israël. Expliquant son vote négatif, le représentant a jugé qu’il ne revient pas à l’Assemblée générale de s’immiscer dans une question qui devrait être débattue et résolue par les parties elles-mêmes.
Le représentant du Canada a lui aussi estimé que ce projet de texte ne contribue pas positivement au règlement de la question palestinienne. Rappelant son abstention, le représentant a regretté, d’autre part, que des délégations parlent de l’avis consultatif de la CIJ sur la barrière de séparation sans reconnaître les légitimes soucis de sécurité d’Israël. Sur cette question, le Canada ne croit pas que l’avis consultatif de la CIJ ait force de loi internationale, a-il-dit.
L’Observateur de la Palestine s’est élevé contre les observations selon lesquelles le projet de résolution manque de pertinence. Les actions d’Israël sur le terrain, a-t-il souligné, font obstruction aux efforts de paix. Il a rappelé que la dernière attaque israélienne contre Beit Hanoun, qui a coûté la vie à des femmes et des enfants, s’est faite au mépris du droit international. Les remarques du représentant israélien, a-t-il estimé, sont outrageantes et inacceptables. Il s’agit d’une insulte à la communauté internationale qui a essayé de faire respecter les principes auxquels elle croit. L’Observateur a enfin remercié les États Membres qui ont voté en faveur du texte et a précisé que ce dernier revêt une importance capitale pour le peuple palestinien. Ce vote montre le large soutien de la communauté internationale pour tout effort visant à ce que tous les États respectent les mêmes normes et assument les mêmes responsabilités. Aucun État n’est au-dessus des normes internationales, a-t-il insisté.
MISE EN ŒUVRE ET SUIVI DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Après ces explications de vote, la Commission a adopté, par consensus, le projet de résolution relatif à cette question, paru sous la cote (A/C.2/61/L.34). Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale déciderait que la Conférence internationale de suivi sur le financement, qui sera chargée d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, aura lieu à Doha au Qatar au deuxième semestre de l’année 2008, à une date qui reste à déterminer, en consultation avec le pays hôte, compte tenu du calendrier ordinaire des Nations Unies. L’Assemblée déciderait également de commencer à préparer la Conférence de suivi au cours de sa présente session.
Explication de position
Le représentant du Qatar a remercié les délégations d’avoir adopté le texte par consensus et leur a assuré que son pays fera tout pour assurer le succès de la Conférence de suivi.
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