En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/3166

APPELS À LA HAUSSE DE L’APD, À L’ACCÈS AUX MARCHÉS ET À L’ALLÈGEMENT DE LA DETTE POUR ASSURER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

8/11/2006
Assemblée généraleAG/EF/3166
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

26e séance – matin


APPELS À LA HAUSSE DE L’APD, À L’ACCÈS AUX MARCHÉS ET À L’ALLÈGEMENT DE LA DETTE POUR ASSURER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE


En dépit d’efforts soutenus, les performances économique des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral restent modestes et leur situation précaire, ont regretté les délégations de la Deuxième Commission (Commission économique et financière).  La réunion de ce matin portait sur l’examen de la situation des groupes de pays en situation particulière et sur l’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA et du Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral, adoptés respectivement en 2001 et en 2003.


Les niveaux de l’aide publique au développement (APD), les difficultés d’accès aux marchés mondiaux et les taux insuffisants d’allègement de la dette ont été évoqués pour expliquer le maigre résultat obtenu par ces deux catégories de pays.  Dans un cadre aussi défavorable, les PMA ne font que stagner et régresser, s’est exclamé le représentant d’Haïti qui a estimé que la misère et la pauvreté extrême constituent un défi « embarrassant » que la communauté internationale a le devoir moral d’éradiquer.


Les partenaires du développement, et en particulier les pays développés, ont été appelés à honorer les engagements pris dans les deux Programmes d’action, s’agissant en particulier du renforcement des capacités et de l’aide au développement des infrastructures de transport de transit et à l’élaboration de dispositions juridiques adéquates.  Des délégations ont rappelé que les coûts de transport représentent en moyenne 13% des budgets des pays en développement sans littoral.  Dans certains cas, ils peuvent monter à 40%. 


Si la nécessité d’une assistance extérieure ne fait pas de doute, les deux catégories de pays doivent aussi travailler à l’appropriation de leurs stratégies de développement, à l’adoption des politiques macroéconomiques saines, au lancement de réformes institutionnelles et à la consolidation de la bonne gouvernance, ont souligné quelques délégations dont celles du Japon.  S’agissant en particulier des PMA, les délégations se sont félicitées de ce que le Dialogue de haut niveau que l’Assemblée générale a tenu, en septembre dernier, ait permis de réitérer les appels en faveur d’un ferme appui à ces pays et de prendre toute la mesure de l’immensité des tâches qui restent à accomplir.


En début de séance, la Deuxième Commission a adopté, par consensus, le projet de résolution sur l’assistance économique spéciale aux Philippines, après la marée noire causée par le naufrage d’un pétrolier, le 11 août dernier.  La Commission a également été saisie d’un projet de résolution*, présenté par l’Angola, sur l’assistance internationale pour le redressement économique de son pays.


Au cours du débat, les pays suivants ont pris la parole: Afrique du Sud, Finlande, Islande, République démocratique populaire lao, Bénin, Haïti, Zambie, Fédération de Russie, Japon, Inde, Bangladesh, Chine, États-Unis et Mongolie.


La Deuxième Commission continuera ses travaux vendredi 10 novembre à 11 h 30 avec l’examen des questions liées au développement et à l’élimination de la pauvreté.  Elle poursuivra ensuite le débat sur les questions relatives aux groupes de pays en situation particulière.


* A/C.2/61/L.10/Rev.1


RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE: ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE À CERTAINS PAYS ET À CERTAINES RÉGIONS


Décision sur le projet de résolution A/C.2/61/L.8/Rev.1


La Deuxième Commission a adopté par consensus le projet de résolution relatif à l’assistance économique spéciale aux Philippines (A/C.2/61/L.8/Rev.1).  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale assurerait de sa solidarité et de son soutien le Gouvernement et le peuple des Philippines.  Elle inviterait les États Membres et les organes des Nations Unies concernés ainsi que les institutions financières internationales et les organismes de développement à fournir aux Philippines une assistance économique et technique supplémentaires pour les opérations de relèvement et de remise en état.  L’Assemblée inviterait également la communauté internationale et le système des Nations Unies et d’autres organisations internationales à accroître leur aide en vue de renforcer les capacités des Philippines en matière de gestion des risques liés aux catastrophes et de préparation en prévision des catastrophes. 


GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE


Présentation de rapports


M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint et Haut représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a présenté le rapport du Secrétaire général pour l’examen global approfondi à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2010 (A/61/82).  Il a rappelé que le Programme d’action de Bruxelles constitue le cadre fondamental du partenariat entre PMA et leurs partenaires du développement, ajoutant que cette idée a été réaffirmée pendant le Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale.  Malgré certains progrès, la situation socioéconomique des PMA reste précaire et exige une attention constante, a-t-il poursuivi.  Compte tenu des tendances actuelles, il est peu probable que les PMA réalisent les OMD dans les délais impartis.  Le Haut Représentant a souligné que la responsabilité première du développement incombe aux gouvernements des PMA eux-mêmes qui doivent toutefois bénéficier de l’aide des partenaires du développement et du système des Nations Unies.  Il a rappelé que les objectifs du Programme sont assortis de calendriers et fournissent des outils d’évaluation, tout comme des moyens de planifier et de mobiliser des ressources.


En dépit d’une croissance économique notable, la pauvreté extrême n’a pas diminué dans les PMA.  Dans près de la moitié d’entre eux, plus de 50% de la population vit dans une pauvreté extrême.  Les indicateurs sociaux, concernant notamment l’éducation et l’égalité entre les sexes, s’améliorent dans les PMA qui sont soutenus par la communauté internationale, a-t-il toutefois nuancé.  Des progrès ont, en effet, été réalisés dans l’augmentation du volume de l’APD et de l’aide non liée.  Pour conclure, le Haut Représentant a expliqué que le rapport du Secrétaire général identifie les obstacles, les contraintes et les défis dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.  Le rapport souligne qu’une mise en œuvre efficace passe par un renforcement des capacités des pays, un partenariat honnête et une approche intégrée.


M. Chowdhury a poursuivi sa présentation en présentant le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty (A/61/302).  Il est indiqué, dans ce rapport, que les faibles performances économiques des pays en développement sans littoral sont essentiellement dues à des facteurs géographiques.  L’éloignement des marchés mondiaux, le manque d’infrastructures et l’existence de procédures administratives inadaptées sont les premières causes de la contre-performance des pays en développement sans littoral.  Les coûts de transport restent trop élevés et la faiblesse des capacités commerciales a un impact direct sur le PNB de ces pays.


Le rapport indique cependant que les pays enclavés ont déployé beaucoup d’efforts pour faciliter la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty.  Cette action s’est notamment traduite par la mise en place de cadres juridiques de gestion des systèmes de transport de transit.  Un certain nombre d’accord régionaux et sous-régionaux ont été conclus par les pays enclavés et leurs voisins ayant un accès la mer.  En Afrique de l’Ouest, par exemple, on a vu l’Organisation maritime d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale introduire la promotion et l’usage d’un système de transport par conteneurs sur le réseau routier de ces deux sous-régions.  Ceci a rendu possible une meilleure régulation des activités de transports routiers transfrontières.  En Afrique et en Asie, la Banque africaine de développement (BAD) et son équivalent asiatique, ainsi que les commissions régionales de l’ONU ont répondu au défi posé par la question des transports.  En Asie, la Commission économique pour la région d’Asie-Pacifique (CESAP) s’est ainsi profondément impliquée dans la coordination des efforts d’équipements en infrastructures de transports de transit.  


Dialogue interactif


Le représentant de la République démocratique populaire lao a indiqué que la moyenne des ressources financières que les pays sans littoral consacrent aux activités de transports représente généralement 13% de leurs recettes budgétaires. Mais pour certains pays, ce montant peut représenter 40%.  Les pays sans littoral sont totalement dépendants des infrastructures de transport de leurs voisins et de leurs législations commerciales, a noté le représentant, avant de juger insuffisants les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme d’Almaty.  Il a donc demandé au Haut Représentant de redoubler d’efforts pour faire avancer la mise en œuvre de ce Programme  et d’accorder une place spéciale aux transports dans la préparation, en 2008, de l’évaluation quinquennale de la mise en œuvre du Programme.


Le représentant de l’Afghanistan a regretté, pour sa part, que la question de la sécurité n’ait pas été évoquée dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’Almaty.  Sans sécurité, il ne peut y avoir de développement, a-t-il estimé, avant que les représentants du Paraguay et de la Bolivie se soulignent que le rapport ne parle pas non plus de la situation des pays enclavés d’Amérique du Sud.  Leur homologue du Bénin s’est plaint que les pays développés, les institutions de Bretton Woods et les autres organismes de financement ne fournissent pas suffisamment de ressources pour la création des infrastructures dont ont besoin les PMA pour réaliser les objectifs du Programme d’action de Bruxelles.  Que peut faire le Bureau du Haut Représentant pour sensibiliser les donateurs et les organismes de financement?  Quel est le lien entre le niveau de l’APD et la capacité des pays à mettre les Programmes d’action de Bruxelles et de l’Almaty? s’est demandé, de son côté, le représentant du Japon.


Le Haut représentant pour les PMA, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement a reconnu que l’évaluation quinquennale de la mise en œuvre des engagements d’Almaty doit mettre l’accent sur la question des transports, avant de reconnaître aussi que la sécurité est un élément central du développement.  Répondant ensuite à la question posée par le représentant du Bénin, le Haut Représentant a indiqué que l’annulation des dettes a mis à la disposition des PMA des ressources qu’il leur appartient maintenant d’utiliser à bon escient.  L’argent provenant des remises de dette peut être investi dans le développement des infrastructures bien que les besoins en la matière soient immenses, a dit le Haut Représentant.  « Nous travaillons sur cette question avec la Banque mondiale et les banques régionales afin de mettre en place des mécanismes préférentiels de financement des infrastructures », a dit M. Chowdhury.  D’autre part, de nombreux organismes, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) ont réorienté leurs politiques et leurs actions pour pouvoir mieux venir en aide aux PMA et aux pays ayant des besoins spéciaux.  Ceci se vérifie dans le domaine de l’assistance d’urgence et de l’aide spéciale accordées à ces pays en cas de catastrophes, a indiqué M. Chowdhury.  


Notre Bureau, a poursuivi le Haut Représentant, a aussi mis en place un plaidoyer en faveur des stratégies de mobilisation de ressources en faveur des PMA.  Mais les PMA eux-mêmes ont besoin d’améliorer leur gouvernance interne.  Ceux qui l’ont fait ont vu le niveau d’assistance internationale, qui leur est fourni, être maintenu ou augmenté, a noté le Haut Représentant.  Venant à la question du Japon, il a reconnu que le niveau de l’APD a augmenté ces dernières années.  Mais cela n’est pas suffisant, a estimé M. Chowdhury, en estimant que les pays pauvres ont aussi besoin d’un meilleur accès au marché et d’un traitement spécial et différencié.    


Débat général


M. PETER LE ROUX (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que la mise en œuvre du Programme d’Action de Bruxelles nécessite un engagement de la part des pays en développement, tout comme des partenaires du développement.  Il est vital, a-t-il poursuivi, que ce partenariat soit renforcé, et ce, dans l’intérêt de la croissance économique et du développement durable.  Il a déploré l’insuffisance de progrès dans la mise en œuvre de ce Programme et a rappelé qu’il est essentiel que les engagements pris soient respectés.  Malgré les efforts déployés par les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles et de celui d’Almaty, le soutien des différents partenaires reste insuffisant et parfois totalement absent, a-t-il souligné.  Il a ainsi appelé tous les partenaires du développement à s’acquitter de leurs engagements, afin que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient réalisés dans les délais impartis. 


Mme TARJA FERNÁNDEZ (Finlande) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays qui y sont candidats, que l’évaluation quinquennale à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, qui a eu lieu au mois de septembre au Siège, s’était déroulé dans un esprit constructif.  On y a constaté que les pays les moins avancés (PMA) avaient atteint un taux de croissance moyen de 7% qui permettrait d’y réduire régulièrement la pauvreté, comme cela avait été prévu à Bruxelles.  L’Union européenne s’en félicite.  La déclaration faite au mois de septembre par la présidence de l’Union européenne résume et reste la position de base des pays de cette entité en ce qui concerne les politiques à poursuivre au cours des cinq prochaines années de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, a dit Mme Hernandez.  Concernant les problèmes des pays qui ont besoin d’une assistance spéciale, elle a dit que les pays sans littoral, qui font partie de cette catégorie, recevraient tout l’appui de l’Union européenne en ce qui concerne la mise en œuvre des engagements du Programme d’action d’Almaty, adopté en 2003.  Cependant, a tenu à préciser la représentante finnoise, l’Union européenne pense que le commerce à lui seul ne pourra pas résoudre tous les problèmes de développement des pays enclavés.  C’est pourquoi l’Union européenne mettra l’accent sur le concept « Aid for Trade » basé sur une coopération commerciale qui pourra aider ces pays à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  


M. HARALD ASPELUND (Islande) a réaffirmé que le Programme d’action de Bruxelles est un élément essentiel de la stratégie mondiale visant à améliorer la situation des PMA.  Il a souligné que son pays s’engage à atteindre le taux de 0,15 à 0,2% d’aide publique au développement (APD) aux PMA.  Il s’est inquiété de ce que la pauvreté extrême ait augmenté dans de nombreux PMA.  Il a souligné le besoin urgent d’un effort international substantiel pour inverser cette tendance, ajoutant que l’Islande est déterminée à jouer la part qui lui revient.  Il a, à cet égard, expliqué que 70% de l’APD de son pays est allé aux PMA.   La sécurité alimentaire est un élément important de notre stratégie de coopération au développement, a-t-il poursuivi.  Rappelant que le poisson est une des sources principale de protéine pour de nombreuses personnes dans les PMA, il a passé en revue les projets bilatéraux de pêcheries que son pays a lancés.  En matière d’éducation, le représentant a souligné le lien très étroit entre analphabétisme et pauvreté.  Il a rappelé que son pays a mis un accent particulier sur l’éducation et la formation dans sa stratégie de coopération au développement.  Se tournant vers les pays en développement sans littoral, il a estimé que l’aide au commerce est une initiative importante qui permet de réduire les effets de l’isolement géographique et qui, en conséquence, doit faire partie de la politique de développement des PMA.  Mon pays, a-t-il conclu, continue à plaider pour une libéralisation accrue du commerce international.  La suspension du Cycle de Doha pourrait ralentir l’intégration de ces pays dans l’économie mondiale.  Il est donc urgent de reprendre les négociations, a estimé le représentant.


M. ALOUNKÈO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré, au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, que ces pays étaient de plus en plus isolés et exclus des échanges commerciaux mondiaux.  Ils souffrent aussi de marginalisation en ce qui concerne les investissements étrangers directs (IED), du fait de leur manque de compétitivité et de leur incapacité à devenir attractifs.  Les pays sans littoral ont besoin d’aide pour renforcer leurs capacités humaines et techniques en matière commerciale.  Ils appellent la communauté internationale à favoriser la mise en œuvre des engagements contenus dans le Consensus de Sao Paulo et dans le Document final du Sommet mondial de 2005.  Ces deux textes reconnaissent l’extrême vulnérabilité des pays en développement sans littoral et tracent les voies à suivre pour faciliter leur intégration à l’économie et au commerce mondial, a dit le représentant.  Il a ensuite indiqué que le Groupe des pays en développement sans littoral a tenu sa première grande réunion le 14 septembre dernier à La Havane en marge du 14ème Sommet des pays membres du Mouvement des non-alignés.  Les chefs d’États et de gouvernements des pays enclavés ont, à cette occasion, adopté la « Déclaration de La Havane », dans laquelle ils ont réaffirmé leur volonté d’établir des partenariats efficaces et fonctionnels avec leurs partenaires de développement afin de faciliter la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty.  Dans cette Déclaration, les dirigeants des pays enclavés ont aussi affirmé leur volonté de parler d’une seule voix dans les négociations de l’OMC.  Malgré les énormes défis qu’ils doivent relever, les pays enclavés restent déterminés à poursuivre les réformes en faveur desquelles ils s’étaient engagés lors de la négociation du Programme d’Almaty.  Ils rappellent à leurs voisins, ayant un accès à la mer, la nécessité de travailler ensemble pour mettre en place des systèmes et des infrastructures de transport de transit efficaces et créer des organes régionaux de gestion commune de ces systèmes. 


M. JEAN-MARIE EHOUZOU (Bénin) a espéré que la réunion de haut niveau tenue par l’Assemblée générale en septembre dernier sur la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles ne sera pas une réunion de plus dans les annales de l’histoire des Nations Unies mais qu’elle constituera un nouvel élan dans la prise en compte des besoins spécifiques des PMA.  Il a rappelé qu’il a été reconnu, unanimement, que malgré les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme, la situation socioéconomique des PMA reste précaire et que si cette tendance se maintenait un grand nombre de ces pays n’atteindront pas les OMD.  Le constat a aussi été fait sur l’insuffisance de l’assistance de la communauté internationale par rapport aux besoins réels des PMA, en matière de renforcement de leurs capacités institutionnelles, de production, d’infrastructures, d’investissement et de ressources financières.  Le représentant a fait observer que le dialogue de l’Assemblée générale a offert aux PMA eux-mêmes l’occasion de prendre toute la mesure de l’immensité des tâches qui restent à accomplir.  Il s’est réjoui de ce que les chefs d’État et de gouvernement ont renouvelé leurs engagements à répondre aux besoins spécifiques des PMA, en progressant vers la réalisation des objectifs fixés pour la lutte contre la pauvreté et pour la paix et le développement.


Tout en ayant à l’esprit que les PMA sont avant tout eux-mêmes responsables de leur propre développement, nous insistons sur l’impérieuse nécessité pour la communauté internationale, en particulier les pays développés et les organisations internationales d’appuyer de façon concrète les efforts des PMA dans un esprit de responsabilité partagée, a poursuivi le représentant, en préconisant que les PMA intensifient leurs efforts visant la consolidation de la bonne gouvernance, le renforcement de leurs capacités de productives et la réalisation d’une croissance économique soutenue.  Le représentant a souligné que les partenaires au développement devront participer à la recherche de solutions au problème de la faiblesse structurelle et de la vulnérabilité des PMA, notamment en versant comme promis 0,2% de leur PNB à l’APD destinée aux PMA, et en accordant à tous leurs produits un accès préférentiel aux marchés, en franchise de droits et hors contingentement.


M. WILLIAM EXANTUS (Haïti), s’exprimant au nom de la Communauté de la Caraïbe (CARICOM) a rappelé que tous les membres de la Caricom sont confrontés à des problèmes de développement et que, de fait, la question des PMA retient leur attention.  Il a attiré l’attention sur le fait que les petits États insulaires en développement de la Caricom font partie du groupe de pays les plus vulnérables et que parmi eux, Haïti se trouve en situation encore plus particulière et mérite

l’attention solidaire du Groupe et de la Communauté internationale.  Le niveau de croissance et de richesses produites dans le monde a atteint des niveaux sans précédent, a-t-il fait observer, mais les innovations technologiques et le contexte de la mondialisation ont mis à rude épreuve les modestes performances des pays en développement.  Dans un cadre aussi défavorable, les PMA ne font que stagner et régresser, a-t-il insisté.


S’intéressant plus particulièrement au Programme d’action de Bruxelles, il a affirmé qu’il est à l’heure actuelle, et de loin, le meilleur et le plus ambitieux ensemble d’objectifs jamais conçus en faveur des PMA. Il a souligné que depuis son lancement en 2001, les PMA, pris dans leur ensemble, ont réalisé plus de 6% de croissance, le taux le plus rapide jamais atteint auparavant par les pays en développement.  Haïti n’a pu réaliser qu’un modeste 1,5% de croissance, tout en voyant son PNB par habitant, régresser régulièrement au cours des six dernières années, a-t-il regretté.  S’il faut attribuer cette maigre performance à l’instabilité sociopolitique du pays, il importe de mentionner aussi le manque chronique de ressources, notamment le niveau de l’APD qui demeure inférieur aux sommes promises par les bailleurs de fonds.  Le représentant a aussi imputé la situation à la hausse du prix du pétrole.  Pour conclure, il a rappelé que la misère et la pauvreté extrême constituent un défi embarrassant que la communauté internationale a le devoir moral d’éradiquer.  Il ne fait pas de doute que les éléments des efforts et actions à entreprendre pour promouvoir le développement durable des PMA doivent s’articuler, du côté de la communauté internationale, autour de l’APD, de la dette et du commerce.  Du côté des gouvernements des PMA, les efforts doivent viser l’appropriation des processus de conception et de définition des stratégies de développement, l’adoption de politiques macroéconomiques saines et le lancement de réformes institutionnelles sérieuses. 


M. TENS.C. KAPOMA (Zambie) a déclaré, au nom des pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), que la majorité des populations de cette région vit avec moins de deux dollars par jour.  La SADC estime que les politiques proposées par la communauté internationale pour faire face à cette situation devraient comprendre plus d’aide publique directe au développement.  La SADC a fait beaucoup de progrès en matière de sécurité.  Les élections qui se sont tenues en Zambie, et plus récemment en République démocratique du Congo, sont le signe tangible d’une évolution positive, a estimé M. Kapoma.  La région de la SADC se rend compte que le commerce est un facteur essentiel de mobilisation de ressources pour le développement.  C’est pourquoi elle accorde beaucoup d’importance à la résolution de la question de l’accès au marché et qu’elle demande la reprise, le plus vite possible, des négociations du Cycle de Doha.  Manquant cruellement d’infrastructures, les pays de la SADC demandent à leurs partenaires de développement de leur accorder une aide spéciale en la matière, a encore dit le représentant zambien.


M. NIKOLAY V. CHULKOV (Fédération de Russie) a estimé que la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles doit demeurer une priorité.  Il a, à cet égard, rappelé que son pays s’est engagé à aider les PMA, notamment en réduisant les droits de douane et en adoptant un régime spécial de préférences à l’importation de produits venant des PMA.  Il n’y a pas de limitation de quantité en ce qui concerne les importations provenant des PMA, a-t-il précisé, signalant par là que son pays participe à de nombreuses mesures visant à réduire le fardeau des PMA.  S’agissant du Programme d’Action d’Almaty, il a attiré l’attention sur la participation de la Fédération de Russie dans la mise en œuvre de ce Programme.  Il a signalé que son pays a conclu, l’année dernière, un accord avec la Mongolie et la Chine pour le transit des marchandises et a pris une part active dans les projets conjoints organisés par la CESAP.  Pour conclure, il a affirmé que son pays compte poursuivre ces mesures et assurer la mise en œuvre de ces deux Programmes.


M. KAZUO SUNAGA (Japon) a estimé que la réunion de haut niveau au cours de laquelle a été menée l’évaluation quinquennale de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles a été un succès.  Sur le plan commercial, le Japon a pris des mesures en faveur des PMA, en vue de leur permettre d’exporter sur son marché sans droit de douanes et sans quotas ou contingentement.  Mais la seule ouverture des marchés ne suffit pas.  Les PMA et les autres pays bénéficiant d’un accès préférentiel doivent aussi améliorer la qualité de leurs produits en respectant les normes agréées, a estimé le représentant.  Le Japon a lancé une initiative dans le cadre de laquelle il aidera les PMA à améliorer leur productivité et leur contrôle de qualité, a annoncé le représentant en ajoutant que ce cadre d’assistance fournira aussi aux PMA une aide financière pour l’amélioration des infrastructures routières et portuaires.  Le Japon tiendra cet engagement quel que soit le résultat du Cycle de Doha, a indiqué M. Sunaga.


M. MUFTI MOHAMMED SAYEED (Inde) a estimé que le Programme d’Action d’Almaty fournit un cadre pour permettre le développement d’un système de transport et de transit efficaces.  Pour qu’il y ait des solutions réelles et viables aux problèmes de transport des pays enclavés, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes et les défis des pays de transit d’une manière globale, a-t-il souligné, ajoutant qu’il s’agit de construire des routes, chemins de fer et ports, tout en assurant l’entretien des structures.  Il a jugé essentiel que la communauté internationale et les autres pays donateurs engagent des ressources financières et techniques supplémentaires pour le renforcement des capacités et de l’infrastructure.  Les pays en développement de transit doivent relever de nombreux défis, a-t-il insisté, signalant à cet égard que l’Inde accorde une importance particulière à l’établissement de relations de coopération avec ses deux voisins enclavés, le Bhoutan et le Népal.  S’agissant du Programme d’action de Bruxelles, il a rappelé que les partenaires de développement doivent appuyer les efforts des pays les moins avancés (PMA) pour parvenir à des taux de croissance plus élevés et réduire la pauvreté, et ce, par le biais de l’APD, de l’annulation de la dette et de l’amélioration de l’accès aux marchés.  La question de la dette, a-t-il poursuivi, est cruciale pour les PMA.  Il a salué l’initiative d’annulation de la dette des PMA et s’est réjoui de voir ces intentions politiques traduites en actes concrets.  Il a, à ce titre, indiqué que son pays a annulé la dette de cinq pays qui étaient lourdement endettés.


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que certains PMA sont en train de régresser.  Malgré leur grande pauvreté, les PMA ont du consacrer près de 6 à 8 milliards de dollars au service de leur dette, chaque année, jusqu'à l’an dernier, a regretté le représentant.  Le Cycle de Doha devrait veiller à faire sortir les PMA de l’exclusion dont ils souffrent dans le système commercial multilatéral, a-t-il souhaité.  Certains PMA, comme le Bangladesh souffrent,

d’autre part, du réchauffement climatique.  Selon des projections scientifiques, le niveau des océans devrait monter de 23 pieds au cours des prochaines décennies.  Ceci serait une catastrophe pour de nombreux pays en développement pauvres.  Le Bangladesh y perdrait une bonne partie de son territoire, notamment ses terres les plus fertiles.  Des mesures urgentes doivent être prises pour mettre fin à ce phénomène.  Rappelant qu’un citoyen bangladais vient de recevoir le prix Nobel de la paix pour son action dans le domaine de l’aide aux plus déshérités à travers la création du microcrédit, il a voulu que cet exemple montre à la communauté internationale que l’aide aux pauvres est possible et que les pauvres que l’on aide à peu de prix peuvent devenir des êtres humains productifs.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a souligné que si la croissance économique des PMA s’est approchée du taux souhaité de 7%, la majorité des PMA se sont retrouvés dans une pauvreté plus grande.  Il a signalé que le fardeau de la dette ne fait que s’alourdir et que l’APD n’a que très peu augmenté.  Il a rappelé que le Dialogue de haut niveau qui s’est tenu en septembre a donné lieu à l’adoption d’une Déclaration réaffirmant les engagements de toutes les parties et a estimé qu’il s’agit d’un pas significatif pour le déploiement d’efforts supplémentaires pour les cinq années à venir.  Il a expliqué que son pays s’est engagé en faveur des PMA.  Des subventions ont été accordées à 49 PMA, les dettes de 36 PMA ont été annulées et un accès hors taxe a été établi pour les importations de 39 PMA.  S’intéressant au Programme d’action d’Almaty, il a estimé que la mise en œuvre du Programme nécessite des efforts conjoints entre pays enclavés et pays de transit, mais aussi de tous les partenaires, et notamment les donateurs du monde développé et les institutions internationales pertinentes.  La Chine, a encore dit le représentant, est un pays en développement de transit.  Elle comprend donc parfaitement les préoccupations des pays en développement sans littoral et s’est engagée à fournir des infrastructures de transit.  Le représentant a ainsi signalé que 13 accords multilatéraux et bilatéraux sur le transport ont été signés et qu’une route reliant la Chine, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan va être construite.


M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a déclaré que toutes les nations devraient aider les PMA à sortir de la pauvreté.  L’administration américaine a placé le développement au centre de sa politique étrangère et de ses pourparlers commerciaux.  L’APD américaine a augmenté substantiellement pour atteindre 5 milliards de dollars, et cette aide a notamment augmenté en direction de l’Afrique.  Les États-Unis sont la première source d’aide humanitaire et d’aide en cas de catastrophe, a rappelé le représentant.  La politique des États-Unis vise à donner à chaque pays les moyens de se sortir lui-même de la pauvreté en participant aux échanges mondiaux.  Pendant longtemps, les États-Unis ont été le premier importateur de biens provenant des pays en développement.  Ceci a permis à beaucoup d’entre eux de sortir de la pauvreté et de devenir des pays émergents.  Cependant, il faut aussi reconnaître que les pays du Sud ont besoin de faciliter le développement des échanges commerciaux entre eux en réduisant les barrières douanières qu’ils posent face aux produits des autres pays en développement.  Ceci pourrait créer de nombreuses opportunités de création de richesses.  Tout en soutenant l’ouverture des marchés au niveau multilatéral dans le cadre du Cycle de Doha, les États-Unis se sont aussi lancés dans la conclusion d’accords commerciaux bilatéraux avec de nombreux pays en développement.  À ce jour, 11 accords de ce type sont conclus ou en voie de l’être, a indiqué le représentant.  En vue d’aider les pays les plus  défavorisés, le Président Bush a, d’autre part, créé le « Millenium Challenge Account », qui met à la disposition des pays en développement des ressources quand ils respectent les termes de la bonne gouvernance et de l’économie de marché.


M. PUREVJAV GANSUKH (Mongolie) a estimé que le commerce est essentiel pour que les pays en développement sans littoral puissent mobiliser des ressources pour leur croissance et leur développement.  Il s’est félicité de ce que le Programme d’action d’Almaty facilite la participation progressive des pays enclavés au commerce international.  Un meilleur accès aux marchés pourrait indubitablement réduire les désavantages causés par les handicaps naturels, a-t-il estimé.  Il a fait observer que des améliorations à court terme de l’accès aux marchés ne sauraient, à elles seules, soulager le fardeau des pays enclavés.  Les mesures d’accès aux marchés ne peuvent être efficaces que si elles sont accompagnées d’efforts soutenus pour améliorer la capacité de production des pays, a-t-il précisé.  Il a, à cet égard, appelé la communauté internationale à honorer ses engagements et à aider l’accès à leurs marchés des pays en développement sans littoral.  En tant que pays enclavé, la Mongolie déploie des efforts considérables pour coopérer et promouvoir les intérêts spécifiques des pays en développement sans littoral, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que son pays s’est proposé d’accueillir la prochaine réunion des ministres du commerce en 2007.  Ce sera l’occasion pour les pays enclavés en développement et leurs partenaires de développement de promouvoir la coopération pour atteindre les OMD et mettre en œuvre le Programme d’action d’Almaty. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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