LE LIEN ENTRE MIGRATIONS INTERNATIONALES ET DÉVELOPPEMENT AU CENTRE DU DÉBAT DE LA DEUXIÈME COMMISSION SUR LA MONDIALISATION ET L’INTERDÉPENDANCE
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Deuxième Commission
15e et 16e séances – matin et après-midi
LE LIEN ENTRE MIGRATIONS INTERNATIONALES ET DÉVELOPPEMENT AU CENTRE DU DÉBAT DE LA DEUXIÈME COMMISSION SUR LA MONDIALISATION ET L’INTERDÉPENDANCE
Parmi les phénomènes que crée ou qu’accentue la mondialisation, ceux des migrations internationales, du choc des cultures, de la corruption transnationale et de la fracture numérique, ont été débattus aujourd’hui à la Commission économique et financière (Deuxième Commission) par une quarantaine de délégations.
L’écart technologique grandissant entre pays riches et pays pauvres et l’impact qu’il a sur l’acquisition des connaissances indispensables à une participation effective aux échanges économiques mondiaux, devient le premier facteur des inégalités que l’on observe dans le contexte de la mondialisation, ont constaté de nombreuses délégations.
Si à la fracture numérique on ajoute la fuite des cerveaux, que facilite les migrations internationales, on se rend compte qu’il reste aux pays en développement, très peu d’espoir de vaincre la pauvreté et de réaliser, dans les délais impartis, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La représentante du Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement a déclaré que les PMA, dont sont issus 5% des migrants mondiaux, ont perdu, au cours des deux dernières décennies, leurs meilleures ressources humaines.
En moyenne, ces pays ont vu partir 34% de leurs diplômés. Des pays comme Haïti, Samoa, le Cap-Vert, la Gambie, la Sierra Leone, le Mozambique et le Libéria ont perdu 45 à 83% de leurs cadres les mieux instruits, a souligné Mme Schmidt pour démontrer l’ampleur du phénomène. Autre facteur d’inquiétude, la plupart de ces migrants qualifiés ne semblent pas envisager un retour dans leurs pays d’origine, ce que semble indiquer la modicité de leurs transferts de fonds, qui sont beaucoup plus faibles que ceux des ressortissants des autres pays en développement.
Contrant les thèses qui veulent faire des transferts de fonds des migrants une source sûre du financement du développement, les représentants de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, du Bangladesh et du Pakistan ont précisé que ce n’est pas de l’argent des migrants que les pays en développement ont le plus besoin mais de leurs connaissances et de l’expertise qu’ils ont acquises à l’étranger. Bien que les travailleurs émigrés bangladais aient en moyenne rapatrié 4,5 milliards de dollars par an, le représentant de ce pays a préféré qu’ils rentrent au pays pour y devenir des moteurs de la croissance. La représentante du Pakistan a aussi jugé que la perte de connaissances et d’expertises causée par la fuite des cerveaux ne peut être compensée par les transferts de fonds.
D’autres délégations, dont celles de l’Algérie et du Soudan, se sont inquiétées de la montée, dans les pays d’accueil, de l’intolérance, de la xénophobie et du racisme. Ils sont dus, selon le représentant algérien, à un réflexe de peur attisé par des cercles politiques, contre les migrants, surtout quand ils sont d’origine musulmane. On fait volontairement un amalgame entre migration, Islam, terrorisme et tensions sociales, a-t-il dénoncé. Le débat sur la migration, a prévenu ce représentant, ne devrait pas, comme le veulent certains pays, instrumentaliser la coopération au développement pour en faire un outil de contrôle ou de limitation de la migration.
Après avoir réaffirmé que son pays, qui a accueilli en 2005 plus d’un million de migrants permanents, est fier d’être une nation d’immigrants, la représentante des États-Unis a mis en doute le bien-fondé de la création d’un Forum mondial sur les migrations internationales proposé par le Dialogue de haut niveau que l’Assemblée générale a tenu en septembre dernier. La délégation américaine n’a pas partagé ce fait, le point de vue de l’Union européenne dont un membre, la Belgique, se propose d’accueillir la première réunion du Forum.
L’autre grand centre d’intérêt débattu aujourd’hui avec passion par les délégations a été celui de la lutte contre la corruption et de la restitution des avoirs détournés aux pays d’origine. Alors que la Convention des Nations Unies est entrée en vigueur en décembre 2005, les appels à une adhésion massive se sont multipliés en prévision de la première Conférence des États parties qui se tiendra au mois de décembre prochain en Jordanie.
La Deuxième Commission poursuivra le débat entamé sur les différents aspects de la mondialisation et de l’interdépendance demain, vendredi 20 octobre, à 10 heures.
MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE
Rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement (A/60/871)
Le rapport du Secrétaire général souligne que les migrations internationales constituent un moyen idéal de promouvoir le codéveloppement, c’est-à-dire l’amélioration coordonnée ou concertée de la situation économique tant dans les régions d’origine que dans les régions de destination compte tenu de leur complémentarité. Il porte sur les différentes manières dont les migrations internationales peuvent contribuer au codéveloppement et présente un examen exhaustif des aspects pluridimensionnels des migrations internationales. Cette question a fait l’objet du Dialogue de haut niveau que l’Assemblée générale a entamé le 14 septembre dernier.
Les États Membres partagent à présent un ensemble d’objectifs ayant trait aux migrations, explique le Secrétaire général, soulignant qu’ils devraient notamment œuvrer à améliorer les retombées des migrations internationales pour le développement, à veiller à ce que les migrations empruntent essentiellement des voies légales, à assurer la protection des droits des migrants et à éviter l’exploitation des migrants, en particulier ceux qui sont en situation de vulnérabilité. Le rapport s’intéresse également aux incidences des migrations internationales sur les pays de destination et les pays d’origine et notamment aux incidences sur le marché de l’emploi. Il aborde les migrations comme outil de développement et souligne que les envois de fonds peuvent financer le développement, s’ils sont mis au service de politiques viables. Il insiste sur les questions des droits et de l’égalité entre les sexes et attire notamment l’attention sur les migrants en situation irrégulière qui sont particulièrement exposés à l’exploitation parce qu’ils ne peuvent, généralement, pas faire appel à la protection des autorités ou hésitent à le faire.
Le Secrétaire général insiste également sur l’intégration et souligne à ce titre que, comme tous les résidents du pays d’accueil, les migrants doivent s’attacher à comprendre les lois et les valeurs de la société d’accueil et respecter les droits des autres, en particulier leur identité culturelle, à charge pour la société d’accueil de respecter la diversité culturelle et les droits des migrants. La compréhension mutuelle a tout à gagner des possibilités d’enrichissement social et culturel qu’offre la migration, martèle-t-il. Il rappelle, à cet égard, que les gouvernements doivent protéger les migrants contre la discrimination, le racisme et la xénophobie, notamment par des mesures concrètes permettant d’empêcher que leurs droits fondamentaux soient violés ou qu’il y soit porté atteinte.
Le Secrétaire général préconise, en outre, de combattre le trafic et la traite des personnes en établissant toute une série de mesures. Pour être efficaces, elles doivent être multiformes et comporter des éléments de prévention, d’enquête, de poursuite et de protection des victimes, souligne-t-il. Enfin, il fait le point sur le cadre normatif international et les modes de coopération intergouvernementale qui ont été conçus afin d’améliorer la gestion des migrations, autant au niveau mondial que régional.
Commentant le rapport, Mme Hania Zlotnik, Directrice de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a souligné que le dialogue, qui a vu la participation de près de 130 États Membres aux sessions plénières et de nombreux représentants des agences des Nations Unies et membres de la société civile et du secteur privé, a prouvé que cette question pouvait être débattue au sein des Nations Unies. Elle a souligné que le Dialogue a mis l’accent sur quelques messages clefs, comme la reconnaissance que la migration est un phénomène croissant et un élément clef autant pour les pays en développement que pour les pays développés. Le Dialogue a aussi mis l’accent sur le fait qu’il s’agit d’une force positive pour le développement et enfin, sur l’importance de renforcer la coopération internationale en la matière. Mme Zlotnik a fait observer que le débat a mis en évidence le lien intrinsèque entre la migration internationale, le développement et les droits de l’homme. Elle a estimé qu’il est nécessaire de disposer de données ponctuelles et plus précises sur les migrations internationales et ce, en vue de l’élaboration de politiques cohérentes en la matière. Elle a, à cet égard, fait part du souhait de nombreuses délégations de voir se réaliser le projet de Forum global sur les migrations internationales et le développement, ajoutant que la Belgique s’est proposée de tenir la première réunion de ce Forum en 2007.
Rapport du Secrétaire général sur l’innovation, la science et la technologie au service du développement dans le contexte de la mondialisation (A/61/286)
Présentant ce rapport, M. PATRIZIO CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions, a, en matière de développement, insisté sur le rôle multidimensionnel et déterminant de la science, de la technologie et de l’innovation. Les technologies de l’information et des communications (TIC) constituent un moteur de la mondialisation, a-t-il expliqué, et en retour, les forces de la mondialisation ont des répercussions sur le développement des technologies. Il a regretté qu’un écart demeure dans le monde, d’autant plus que la science, la technologie et l’innovation peuvent promouvoir la compétitivité des pays et, partant, faire avancer les objectifs du développement durable. Le rapport du Secrétaire général, a-t-il dit, met en exergue les préoccupations majeures des pays en développement. Il formule des recommandations et met l’accent sur les politiques que les pays en développement pourraient mettre en œuvre pour développer les connaissances et la recherche scientifique et encourager l’utilisation de ces connaissances en vue du développement. Il faut, a-t-il préconisé, mettre en place des politiques pour appuyer l’éducation scientifique et ce, en tenant compte de l’évolution constante du savoir scientifique et de la technologique. Il a estimé qu’un des défis essentiels est de garantir la diffusion du savoir scientifique et technologique en limitant les coûts élevés des droits de propriété intellectuelle. Il a enfin fait part du projet de création d’une base de données internationale sur le savoir et la recherche qui permettrait aux pays en développement d’avoir accès au savoir scientifique et technologique.
Culture et développement
Mme SARAH TITCHEN, Spécialiste des programmes culturels à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a fait un exposé sur la question de la culture et du développement. La culture, telle que la considère aujourd’hui l’UNESCO et dont la définition est incluse dans la Convention sur la diversité culturelle, est la base sur laquelle doit se construire tout développement durable, a-t-elle dit. Dans le cadre de la mondialisation, il convient d’assurer la coexistence harmonieuse d’individus et d’expressions culturelles différentes. Ceci doit se faire dans un cadre où les droits de l’homme, dont les droits culturels, sont respectés. La Déclaration universelle sur la diversité culturelle est le premier outil dont dispose l’UNESCO pour encourager le renforcement d’une interconnexion entre la culture et le développement, a indiqué Mme Titchen. La Convention, adoptée en 2005, établit pour la première fois le lien entre culture et développement dans le droit international. Elle demande que des mesures soient prises aux niveaux national et international pour s’assurer que ce lien est pris en compte dans les politiques de développement et notamment, dans la lutte contre la pauvreté. L’UNESCO travaille, à cet égard, avec les pays africains pour que ces principes soient pris en compte dans l’élaboration des projets du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). En Afrique, par exemple, le développement du tourisme devra se faire, en respectant la culture des peuples. Le prochain rapport que publiera l’UNESCO sur la question mettra un accent particulier sur la diversité culturelle dans la promotion du développement et de la mondialisation.
Rapport du Secrétaire général sur l’action préventive et la lutte contre la corruption et le transfert de fonds d’origine illicite et la restitution de ces fonds et avoirs aux pays d’origine (A/61/177)
Présentant le rapport, Mme LUCIE HRBKOVA, Représentante du Bureau de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a indiqué que depuis l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies contre la corruption, de nombreux États ont continué à la ratifier. La première session de la Conférence des États parties à la Convention, qui est un mécanisme d’examen et d’application de la Convention, devrait se tenir en décembre 2006, la Jordanie ayant proposé de l’accueillir. Le Secrétaire général demande donc à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de ratifier la Convention. Les États parties à la Convention, a encore indiqué la représentante, ont estimé que le problème sur lequel un accent particulier doit être mis, et qui doit être rapidement résolu, est celui de la restitution aux pays d’origine des fonds détournés et des sommes provenant de la corruption. Pour que la lutte contre ce fléau soit efficace, il est indispensable qu’au plan national les systèmes de justice pénale soient dotés des moyens nécessaires.
Rapport du Secrétaire général sur l’intégration des économies en transition à l’économie mondiale (A/61/269)
M. ROB VOS, Directeur du Service de l’analyse et de l’élaboration des politiques du Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que le rapport fait état des progrès réalisés par les économies en transition dans l’intégration à l’économie mondiale pendant les années 2004-2005. Il examine les avancées de l’intégration à travers différents canaux, comme le commerce des biens et services, les flux des capitaux et la migration des forces de travail, et une attention toute particulière est mise sur l’intégration à l’Union européenne de plusieurs de ces pays. Les résultats économiques récents des économies en transition sont admirables, a-t-il poursuivi, celles-ci ayant notamment réalisé des progrès dans le renforcement de l’intégration aux marchés mondiaux. Ces progrès ont été favorisés par la croissance du commerce mondial et le prix élevé des produits de base notamment, a-t-il expliqué. Il a, en outre, précisé que des politiques fiscales et monétaires prudentes ont contribué à la stabilisation économique et amélioré l’environnement pour les investissements.
Dans 12 des 19 pays de l’Europe du Sud-Est et de la Communauté d’États indépendants (CEI), la croissance n’a pas été suffisante pour contrer les pertes de revenus dues au passage à l’économie de transition, a-t-il tempéré. Et malgré les progrès récents, la pauvreté demeure, a-t-il ajouté. Il a enfin mis en exergue le rôle important qu’a joué l’Union européenne pour cimenter les réformes institutionnelles de ces pays. Grâce à l’intégration à l’Union européenne, la plupart des nouveaux membres peuvent s’insérer dans des secteurs à forte valeur ajoutée comme l’industrie automobile ou celle des TIC, a-t-il également fait observer. Il a ajouté que les incertitudes croissantes sur la suite de l’élargissement de l’Union européenne ont des conséquences sur l’avenir de certains pays de l’Europe du Sud-Est.
Mme HARRIET A. SCHMIDT, a pris la parole pour le Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement. Commentant les constats et les recommandations du Secrétaire général sur l’innovation, la science et la technologie, elle a dit que l’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles avait reconnu l’importance de la capacité des PMA à absorber des techniques et des connaissances nouvelles pour pouvoir surmonter la pauvreté. Le quatrième engagement du Programme d’action traite de cette question et parle de la construction et du renforcement des capacités de production dont ont besoin les PMA pour devenir parties aux échanges de la mondialisation. La création de capacités de production et d’exportation agricoles est particulièrement importante pour les PMA, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement. Le Secrétaire général le relève bien dans son rapport, a noté la représentante, en soulignant que la coopération Sud-Sud pouvait, à cet égard, jouer un rôle central. Les trois quarts des pauvres de la planète vivent en zones rurales et ce sont dans ces zones que l’agriculture manque de capitaux et de connaissances.
Les gens continuent à y utiliser des technologies complètement obsolètes et ne savent pas travailler en tenant compte des changements météorologiques, a remarqué la représentante. Le Bureau du Haut Représentant demande donc que les fruits de la recherche agricole et technologique soient mis à la disposition des agriculteurs de ces pays vulnérables. Conjugué à l’élimination des subventions agricoles dans les pays riches, ce genre d’effort donnerait aux pauvres des zones rurales des PMA, et des autres pays vulnérables, plus de chances de se sortir de la pauvreté.
Parlant ensuite de la question des migrations internationales, la représentante a indiqué que les ressortissants des PMA ne représentent que 5% de ces flux mondiaux, soit 10,5 millions de migrants. Parmi ces migrants, on trouve 23% de réfugiés et 46,5% de femmes. Les petits pays sont perdants dans ce phénomène, qui les a privés de leurs meilleurs cerveaux. Quelque 34% des migrants en provenance des PMA et des petits États insulaires sont des gens extrêmement éduqués qui estiment n’avoir aucun avenir dans leurs petits pays d’origine. Pire, dans des pays comme Haïti, Samoa, le Cap-Vert, la Gambie, la Sierra Leone, le Mozambique et le Libéria, 45% à 83% de ceux qui sont partis, sont les gens les mieux éduqués du pays. Les transferts de fonds de ces migrants sont nettement plus faibles que ceux des migrants des pays à revenu moyen. Ceci indique que la plupart d’entre eux ne comptent pas rentrer dans leurs pays d’origine, a regretté la représentante.
Débat général
M. ANDRIES OOSTHUIZEN (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe de 77 et de la Chine, a estimé que la mondialisation pourrait améliorer le résultat général des économies des pays en développement, notamment en permettant l’ouverture des marchés à leurs exportations et les transferts des technologies. Il a insisté sur la disparité entre pays qui ont pu s’adapter et bénéficier de la mondialisation et d’autres, comme les PMA, qui en restent exclus. La science, la technologie et l’innovation revêtent une importance cruciale pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il estimé, regrettant que de nombreux pays soient confrontés à des difficultés dans le développement et l’utilisation du savoir scientifique et des technologies qui pourraient leur servir à satisfaire leurs besoins économiques, sociaux et de développement. Pour atteindre les objectifs convenus au niveau international, y compris les OMD, il importe de déployer des efforts particuliers pour développer les capacités tant au niveau individuel qu’institutionnel, grâce au transfert de technologies et à la constitution de partenariats. Le représentant a, à cet égard, fait part de la décision prise récemment, au Brésil, par le Groupe des 77 et la Chine, de transformer le Réseau des organisations scientifiques des pays du tiers monde (TWINSO) en Consortium pour la science, la technologie et l’innovation pour le Sud (COSTIS) pour contribuer à la promotion et au développement du savoir et de la technologie dans les pays du Sud.
S’agissant des migrations internationales, le représentant s’est réjoui de la tenue du Dialogue de haut niveau qui, à son sens, prouve l’importance de cette question et la nécessité d’y accorder une attention toute particulière. La complexité de la question appelle une approche holistique, a-t-il estimé, et il importe de nouer des partenariats et d’assurer des réponses coordonnées. Il a, en outre, souligné que les objectifs partagés par tous les États Membres pourraient constituer la base d’une entente commune. Rappelant enfin le lien entre pauvreté, exclusion sociale et migrations, il a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts afin d’inverser la tendance du sous-développement et de la pauvreté. Abordant la question des envois de fonds, il a jugé impératif d’en promouvoir des conditions plus justes, plus sûres et plus rapides. Ces envois de fonds ne sauraient être considérés comme un substitut à l’aide publique au développement (APD), a-t-il, en outre, précisé.
Mme TARJA FERNANDEZ (Finlande) a déclaré, au nom de l’Union européenne, que malgré les efforts déployés à ce jour, les bénéfices de la mondialisation continuent à être répartis de manière inéquitable entre pays et régions. L’Union européenne se félicite du rapport présenté par le Secrétaire général sur le rôle de la science, de l’innovation et des technologies dans la promotion du développement. Ce document expose bien le rapport qui existe entre la promotion de la société de l’information et celle du développement, a estimé Mme Fernandez. Le fossé numérique, qui est à la fois une conséquence et une cause des inégalités, sera l’un des obstacles que la communauté internationale devra aplanir, si elle veut trouver des politiques de développement qui aient une chance de réussir.
Passant à la question de la corruption, Mme Fernandez a dit que l’Union européenne voit en la Convention un outil essentiel dans la lutte contre ce phénomène. La corruption est responsable des faibles performances des économies et des administrations et ses effets portent surtout préjudice aux couches de population les plus pauvres et les plus vulnérables. Les efforts de lutte contre ce fléau doivent donc s’appuyer sur des mesures énergiques et sur un renforcement de la règle du droit. Le Consensus européen sur le développement, qui a été adopté en décembre 2005, met un accent particulier sur la lutte contre la corruption, a précisé la représentante finlandaise. L’Union européenne participera activement à la première Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption, au mois de décembre en Jordanie, a-t-elle indiqué, en espérant que cette rencontre permettra aux pays de se mettre d’accord sur les méthodes et les moyens d’application des termes de ce traité. Concernant la migration, la représentante a annoncé que la Belgique accueillera, l’an prochain, le premier forum mondial sur ce phénomène. L’Union européenne espère que le dialogue entamé au mois de septembre dernier à New York se poursuivra dans le même esprit.
M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande) a souligné que son pays est conscient qu’une nouvelle ère de migrations internationales a commencé. Il a rappelé qu’il y a 10 ans son pays comptait peu d’étrangers, du fait de son éloignement, mais qu’aujourd’hui, une proportion importante de la main d’œuvre est étrangère. Notre expérience est fortement positive, a-t-il précisé, rappelant que les migrations internationales peuvent contribuer à la croissance économique. Les migrations sont extrêmement bénéfiques pour tous et pour les migrants eux-mêmes, lorsqu’elles sont contrôlées et que les droits de l’homme et des migrants sont respectés, a-t-il poursuivi. Il s’est tout de même inquiété des effets pervers des migrations sur les femmes, mettant notamment en exergue le fait que ce sont surtout elles qui sont intégrées dans les secteurs informels de l’économie. Il est préoccupant de constater que les tendances actuelles en matière d’emploi des femmes vont dans la mauvaise direction, a-t-il souligné, ajoutant qu’une autre source de préoccupation est l’augmentation du trafic d’êtres humains. La lutte contre ce genre de trafic devrait être la priorité, a-t-il estimé, rappelant que ce problème touche de nombreux pays, qu’ils soient de destination, d’origine ou de transit.
M. NIKOLAY V. CHULKOV (Fédération de Russie) a estimé que la tâche consistant à harmoniser les mécanismes de la mondialisation pour les rendre compatibles avec les exigences du développement devait être confiée à l’ONU. Le dernier Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales a permis de mesurer l’importance de ce phénomène et ses enjeux politiques, économiques et financiers, a relevé le représentant. Il a proposé la création d’un centre de statistiques sur les migrations avant d’indiquer que sur le plan national, son pays a mis en place un cadre de lutte contre les déplacements illégaux des personnes et contre les trafics d’êtres humains. Dans le même temps, la Fédération de Russie s’efforce de faciliter les transferts de fonds des migrants légalement installés sur son territoire. Concernant la corruption, a poursuivi le représentant, la Fédération de Russie est signataire de la Convention des Nations Unies, qu’elle a, par ailleurs, ratifiée. La question de la corruption a été évoquée par le Gouvernement russe lors du Sommet du G-8, qui a eu lieu à Saint-Pétersbourg, a révélé le représentant. Son pays, a-t-il dit, met un accent particulier sur la lutte contre le blanchiment d’argent, dont ont souffert beaucoup de pays en transition de la CEI. La Fédération de Russie partage la conclusion du Secrétaire général selon laquelle ces pays ont connu des progrès inégaux. Le représentant a cependant regretté que le rapport ne fasse aucune recommandation sur la manière dont les pays en transition concernés pourraient sortir des impasses dans lesquelles ils se trouvent. On sait, en effet, que ces derniers ont du mal à passer de l’économie centralisée au libre marché.
M. AL-HULAIBI (Bahreïn) a estimé que le développement nécessite l’acquisition des connaissances et des technologies pour pouvoir notamment s’adapter aux changements du monde actuel. Il faut créer la société de l’information, ainsi qu’il en a été convenu au Sommet mondial de Genève et de Tunis, a-t-il voulu. Il faut favoriser le transfert de connaissances qui pourront contribuer à promouvoir les OMD. Rappelant l’importance de l’innovation, de la science et de la technologie pour le développement, il a souhaité que tous les États s’engagent dans des nouvelles formes de solidarité et de partenariats entre toutes les parties prenantes. Il faut combler la fracture numérique et promouvoir un développement coordonné et juste pour tout le monde, a-t-il insisté. Il faut un engagement fort, a-t-il martelé, ajoutant que la solidarité doit être autant nationale qu’internationale.
M. ANIL BASU (Inde) a déclaré que la révolution des TIC offre au monde un outil qui devrait permettre à chacune de ses composantes de faire face aux défis de la mondialisation. Il est surprenant que l’élimination des distances, que permettent les TIC, se soit accompagnée par la mise en place, par certains États, de barrières sévères destinées à empêcher le déplacement des personnes. La question des migrations, qui ne devrait pas être perçue comme un problème, n’existe que parce que les riches ne veulent pas voir des gens en provenance de régions moins favorisées venir leur disputer des emplois, a estimé M. Basu. Les migrations créent à la fois des opportunités et des défis, a-t-il plaidé. Les pays développés ont, en effet, dans certains secteurs de pointe, un besoin insatiable de personnel spécialisé dont les pays du Sud regorgent. Mais ces derniers ne se contenteront plus longtemps de transférer de la matière grise sans recevoir de compensation dans d’autres domaines, a prévenu le représentant indien. Les négociations sur l’accès aux marchés pourraient être placées sous cet angle, de manière à créer une situation où toutes les parties sont gagnantes. Le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques mondiales en 2006 note qu’une augmentation des migrations permet aux populations des pays à haut revenu de jouir d’une meilleure qualité de vie, a relevé M. Basu. L’Inde pense que les Nations Unies devraient faciliter la mise en place d’un dialogue qui permette aux pays de se parler sur un pied d’égalité de la manière d’optimiser les bénéfices mutuels des migrations, tout en en réduisant les effets négatifs.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a expliqué qu’il a fallu de nombreuses années pour se rendre compte que les Nations Unies constituent une enceinte appropriée pour aborder le dialogue sur les migrations. Maintenant, il faut créer un mécanisme de suivi qui permette la transition entre ce dialogue et des mesures efficaces pour gérer les migrations, a-t-elle souligné. Elle a, à cet égard, estimé que le leadership des Nations Unies est essentiel, notamment pour créer les conditions nécessaires à la création de partenariats. Elle a également souhaité qu’en la matière, les intérêts communs dépassent les simples intérêts nationaux.
La représentante a attiré l’attention de la Commission sur la Déclaration adoptée à la sixième réunion de la Conférence sud-américaine sur les migrations, laquelle prévoit des mesures coordonnées pour une bonne gestion des migrations et rejette la pénalisation de la migration illégale. Elle a souligné que le principe de responsabilité partagée a été évoqué, à cet égard. Ce principe, a-t-elle insisté, a une portée et une implication très concrètes en termes de droit international. La Colombie, a-t-elle rappelé, a d’ailleurs demandé à la communauté internationale de reconnaître ce principe dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Ce sont les crimes transnationaux qui doivent être empêchés, réprimés et punis, en vertu de la législation internationale en vigueur et du principe de responsabilité partagée, et pas les migrations illégales, a-t-elle nuancé.
M. MOHAMED SOFIANE BERRAH (Algérie) a déclaré que les politiques fondées sur le lien entre migrations et développement doivent reposer sur des principes de respect des droits de l’homme, de solidarité et d’intérêt partagé. Il est important que l’architecture des valeurs et des normes internationales encadrant les migrants et les membres de leurs familles, jouisse de l’adhésion de tous les États et soit profondément marquée par le souci de promouvoir l’universalité de leurs droits. La volonté de faire de ces migrants un facteur de cohésion et de stabilité internationale, ainsi qu’un vecteur de développement créateur de richesses au bénéfice de tous, doit également recevoir un soutien universel, a recommandé M. Berrah. On constate malheureusement l’existence d’un réflexe de peur, qui se développe en particulier dans les pays du Nord, dans un monde qui est pourtant globalisé et interdépendant, a-t-il regretté. Ce réflexe existe surtout à l’égard des migrants de confession musulmane et trouve son origine dans l’amalgame qui est fait entre Islam et terrorisme, qui tend à s’enraciner dans les esprits, attisé par des cercles xénophobes et racistes, a constaté le représentant de l’Algérie. Ce discours, a-t-il ajouté, veut faire croire que les migrations sont un facteur de tension, de désintégration sociale et d’instabilité.
Pour trouver des réponses appropriées aux défis des migrations, il est important de mettre en place un cadre de coopération internationale forgé dans un esprit de partenariat, a poursuivi le représentant. Ce cadre se déclinerait non pas seulement comme l’expression d’une solidarité agissante entre les peuples, mais aussi comme la traduction d’une complémentarité et d’un partage de responsabilités, afin de faire des migrations un gain mutuellement bénéfique entre pays du Sud et du Nord. Par contre, inscrire le débat dans une approche qui vise l’instrumentalisation de la coopération aux fins du contrôle et de la limitation des mouvements migratoires serait se détourner du fond du problème. Les solutions qui découleraient de ce genre de démarche ne seraient pas effectives à long terme, a prévenu M. Berrah.
M. TOUFIQ ALI (Bangladesh) a estimé qu’il est erroné et injuste de caractériser tous les mouvements transfrontières de « migrations ». Dans le monde actuel, où les forces économiques fondamentales de l’offre et de la demande régissent les activités, nombreuses sont les personnes qui se déplacent pour une brève période. Il importe, a insisté le représentant, d’établir une distinction très claire entre ces deux phénomènes au risque de commettre de graves erreurs politiques. Le Bangladesh considère les mouvements à court terme comme des « emplois à l’étranger ». Les envois de fonds des migrants, a poursuivi le représentant, représentent 4,5 milliards de dollars par an. Lorsque ces personnes rentrent au Bangladesh, elles sont les moteurs de la croissance, du fait qu’elles ont appris des technologies et acquis un savoir-faire sophistiqué. Si l’économie mondiale continue de croître, la demande en main d’œuvre expatriée va augmenter, a-t-il souligné, insistant sur les avantages considérables de la circulation transfrontière à court terme. Les États d’origine et d’accueil peuvent retirer de nombreux bénéfices des migrations à court terme et beaucoup ont déjà mis en place des mesures dans ce sens. Pour conclure, il a insisté sur l’importance d’impliquer le secteur privé parce qu’il occupe une position centrale dans les migrations à court terme, les États devant tout de même rester maîtres du processus.
Mme MIRIAM K. HUGHES (États-Unis) a déclaré que les États-Unis, qui ont accueilli plus d’un million de migrants permanents en 2005, sont fiers d’être un pays d’immigration. Les États-Unis sont d’avis qu’il faut permettre à ces migrants, dont certains sont de futurs nationaux américains, de contribuer au développement de leurs pays d’origine. C’est pourquoi, ils soutiennent la facilitation des transferts de fonds. Légalistes et ouverts, les États-Unis sont cependant de plus en plus inquiets par le développement de l’émigration illégale et de la criminalité qui l’accompagne ou la facilite. C’est pourquoi, les États-Unis ont participé avec intérêt au Dialogue de haut niveau sur la migration. Tout en soutenant la création d’un cadre de dialogue régulier sur les migrations, a conclu le représentant, les États-Unis s’inquiètent cependant du flou qui entoure l’éventuel mandat du Forum et du fait qu’il risque de faire double emploi avec des initiatives qui existent déjà. Nous pensons que ce forum n’aurait pas de véritable valeur ajoutée, a estimé la représentante.
M. LIU ZHENMIN (République populaire de Chine) a souligné que la mondialisation a fait que les liens économiques et politiques entre les États sont de plus en plus liés aux intérêts nationaux alors que, dans le même temps, les États ont de plus en plus de mal à relever les défis de la mondialisation. Il a ainsi préconisé que les États collaborent pour que la mondialisation profite à tous et a insisté sur le rôle clef que les Nations Unies ont à jouer. La mondialisation a offert de nombreux avantages mais comporte de nombreux risques et il faut se poser la question de savoir comment en profiter, a-t-il estimé.
La mondialisation, a-t-il poursuivi, devrait être basée sur la participation universelle et viser le développement commun. Elle devrait également respecter la diversité mondiale. Le monde ne saurait devenir monolithique, a-t-il insisté, rappelant que c’est la diversité qui crée la vitalité. Aussi, a-t-il préconisé que le libre choix des gouvernements dans le domaine du développement soit respecté. La Chine, a-t-il fait valoir, a trouvé ses propres solutions, intimement liées à ses réalités. Le représentant a expliqué que cette voie de développement intègre développement interne et ouverture sur l’extérieur. Rappelant l’importance de la culture pour chaque pays et chaque peuple, il a prôné le respect des différences et souhaité que soit établi un monde de cultures diversifiées et de cohabitation harmonieuse.
M. TRI THARYAT (Indonésie) a annoncé la candidature de son pays à l’organisation, en 2007, de la deuxième Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption. L’Indonésie félicite la Jordanie, qui accueillera la première session de cet évènement au mois de décembre prochain, a dit M. Tri Tharyat. Dès sa prise de fonctions il y a deux ans, le Président Susilo Bambang Yudhoyono a lancé un programme anti-corruption qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de notre pays, a indiqué le représentant en notant que l’Indonésie a ratifié la Convention des Nations Unies, le 19 septembre dernier. La démarche qu’adopte au niveau national le Gouvernement indonésien fait participer la société civile et toute personnalité de bonne moralité. Il est ainsi permis aux individus et aux organisations de la société civile de fournir des informations sur toute activité, comportement ou enrichissement suspects. Une étude menée conjointement par la Banque mondiale et l’Université nationale d’Indonésie montre qu’en 2005, les pots de vin versés aux officiels et fonctionnaires gouvernementaux ont baissé. S’ils représentaient 10,8% du montant des coûts de production et des contrats de l’État en 2001, ils ont chuté à 6,4% en 2005. C’est un premier pas dans la bonne direction, a souligné le représentant.
Prenant la parole après son compatriote, M. SIUAJI RAJA a estimé que les solutions à la question des migrations internationales exigent une préparation plus grande entre les pays d’origine, de transit et de destination. Le dialogue doit être renforcé en vue de maximiser les bénéfices de la coopération internationale. En la matière, le bien-être des migrants doit être la principale préoccupation et la priorité première des États, a-t-il ajouté. Rappelant que les migrants sont souvent soumis à diverses formes d’exploitation et de discrimination, il a insisté sur l’importance de promouvoir la protection de leurs droits. Abordant brièvement la question de l’envoi des fonds à l’étranger, il a appelé à une réduction des frais de transferts. S’agissant de la proposition du Secrétaire général de créer un forum consultatif, il a estimé qu’il s’agirait là d’une évolution logique du Dialogue tenu aux Nations Unies. Le représentant a enfin préconisé que les futures discussions privilégient les aspects multidimensionnels des migrations et identifient des moyens appropriés d’en maximiser les bénéfices et d’en minimiser les impacts négatifs. L’objectif principal des discussions devrait être une meilleure compréhension du phénomène des migrations, de ses racines et de son impact sur le développement, a-t-il préconisé.
M. DAMPTEY BEDIAKO ASARE (Ghana) a souligné que les migrations internationales peuvent d’une part, avoir des impacts positifs sur la croissance économique en fournissant des opportunités de revenus et en favorisant le transfert de technologies, et d’autre part avoir des effets négatifs comme la fuite des cerveaux. Il s’est montré persuadé que les pays peuvent coopérer et rendre les migrations bénéfiques pour les migrants, les pays d’origine et les pays d’accueil. Il a préconisé des études et des analyses pour rendre les politiques plus cohérentes. La discussion sur les migrations est trop souvent émotionnelle, a-t-il regretté, rappelant à cet égard, qu’une meilleure connaissance du phénomène est plus que jamais cruciale. Il a expliqué que pour son pays, la fuite des cerveaux est un problème central. Bien que le Ghana ait un bon système éducatif, la situation économique ne peut fournir d’emplois adéquats aux diplômés. De fait, de nombreux étudiants des universités ghanéennes partent rapidement après l’obtention de leurs diplômes, a-t-il poursuivi. Il a appelé à plus d’éthique dans les pratiques de recrutement et a également demandé que les pays de destination qui absorbent les professionnels compétents d’autres pays contribuent aussi à l’éducation et la formation dans les pays d’origine. Enfin, il a expliqué que le Ghana a lancé, avec le soutien du Département pour le développement international (DFID), l’Organisation internationale pour la migration (OIM) et l’Union européenne, des programmes permettant aux professionnels ghanéens de la diaspora de faire profiter leur pays de leur expertise. À terme, notre objectif est que plus de Ghanéens participant à ces programmes temporaires restent au Ghana de manière permanente, de façon à contribuer au développement du pays, a-t-il souligné.
Mme MARGARET HUGHES FERRARI (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a plaidé, au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), pour que la communauté internationale soutienne mieux ces pays en ce qui concerne le financement du développement, les IED, et les transferts de technologie. La CARICOM, dont les États exportent, d’autre part, beaucoup de migrants des secteurs sociaux, dont ceux de la santé, de l’éducation, des services hôteliers et de la restauration, souhaite que soient établies des règles de migrations plus humaines et plus respectueuses des droits des migrants. En ce qui concerne la corruption, la plupart des pays de la CARICOM ont ratifié la Convention pertinente des Nations Unies, a indiqué le représentant, avant d’exprimer l’intention de la CARICOM de protéger son secteur des services financiers par le respect des normes internationales en vigueur dans les domaines des dépôts bancaires et de la lutte contre le blanchiment d’argent, a dit la représentante.
M. B. G. CHIDYAUSIKU (Zimbabwe) s’exprimant au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé que la mondialisation offre de nouvelles opportunités pour l’intégration des pays dans l’économie mondiale mais qu’elle pose également de nombreux défis, plus particulièrement pour les pays en développement. Il a fait observer qu’au niveau national, des mesures économiques liées à la mondialisation ont été prises, comme la suppression des contrôles des échanges de capitaux ou la privatisation d’avoirs publics, si bien que les États doivent réduire leurs dépenses sociales pour diminuer les déficits budgétaires et essayer d’atteindre la croissance économique. Cela ne correspond pas aux OMD, a-t-il souligné, faisant référence à la nécessité, pour la réalisation de ces Objectifs, d’augmenter les dépenses en dans le domaine des services publics.
La croissance économique ne s’accompagne pas toujours d’une réduction de la pauvreté, a-t-il en outre fait observer, rappelant qu’à l’heure actuelle 1,2 milliard de personnes vivent encore dans la pauvreté. La libéralisation du commerce ne serait en soi être la panacée. Il faut que les pays soient soutenus et assistés dans le renforcement de leurs capacités commerciales. Le représentant a également attiré l’attention sur le fait que la mondialisation est caractérisée par un écart technologique qui est une des causes du fossé socioéconomique grandissant entre pays en développement et pays développés. Il a appelé la communauté internationale à aider la sous-région à investir dans l’éducation et la formation en sciences et en technologie. Abordant ensuite la question des migrations internationales, il a fait observer que la sous-région a perdu beaucoup de personnes compétentes parties s’installer à l’étranger. Il a déploré que son pays se trouve en manque de médecins, d’infirmières et d’enseignants. Il faut trouver les moyens de limiter la perte de personnel professionnel et compétent, a-t-il insisté.
Mme ROZINA TUFAIL (Pakistan) a axé son intervention sur les migrations internationales. Après s’être félicitée de la tenue, le mois dernier, du Dialogue de haut niveau, elle a estimé que cet évènement démontrait le désir qu’ont la majorité des États de débattre de cette question et de trouver des solutions aux problèmes qu’elle pose et aux chances qu’elle offre. Tout au long de l’histoire, les êtres humains sont allés à la quête des moyens qui pourraient leur offrir une vie meilleure, a rappelé Mme Tufail, en soulignant que le développement des moyens de transport contribue, aujourd’hui, à l’accélération de ce phénomène. Bien que les envois de fonds des migrants ne soient pas, sur le plan financier, négligeables, ils sont cependant loin d’avoir l’importance qu’on veut leur prêter, ces derniers jours. Il ne faudrait pas, a dit la représentante, vouloir faire croire au monde que ces envois de fonds privés peuvent prendre la place de l’aide au développement (APD). Ce que les pays d’origine des migrants attendent de leurs ressortissants, ce n’est pas leur argent, mais les connaissances qu’ils ont acquises et qui font défaut au développement de leur pays. Quant au Dialogue sur les migrations, le Pakistan attend de lui qu’il offre un cadre de consensus susceptible d’énoncer des recommandations sur les politiques à adopter pour assurer des migrations dignes et un traitement respectueux des droits des migrants, s’est expliqué la représentante.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil), s’exprimant au nom du MERCOSUR, a expliqué que le MERCOSUR s’est attelé à la question des migrations dès le début de sa création. Les instruments qui sont établis ont force juridique et contribuent à jeter les bases de la politique migratoire en Amérique du Sud, a-t-il poursuivi. Il a ainsi fait part de l’adoption d’une déclaration qui reconnaît aux États le droit de contrôler leurs frontières mais leur interdit de pénaliser la migration illégale. La déclaration condamne aussi les pratiques xénophobes et la déportation. Le représentant a également expliqué que les accords du MERCOSUR visent à assurer les droits des migrants. Ainsi, ont été consacrés les droits de regroupement familial pour assurer la stabilité de la situation du migrant. D’autres droits ont été consacrés tels que celui d’envoyer des fonds dans le pays d’origine ou celui d’inscrire les enfants au registre d’état civil. Le représentant a, également, souligné que l’égalité de droits entre migrants et ressortissants du pays d’accueil a été consacrée. Ces résultats montrent qu’il est possible de trouver des solutions communes grâce à un dialogue international, a-t-il conclu.
S’exprimant, cette fois, au nom de son pays, il a fait observer que la corruption retarde le développement parce qu’elle détourne des ressources qui devraient être affectées au développement ou à la résolution de graves problèmes sociaux. La corruption entache la réputation du secteur public, a-t-il ajouté avant d’expliquer que son pays a effectué de nombreux progrès en la matière et est déterminé à mettre un terme aux transferts de ressources illégales. Il a mentionné que le Brésil a adopté une loi contre la corruption et est partie à la Convention des Nations Unies. Il ne faut pas confondre, a-t-il mis en garde, corruption et absence de bonne gouvernance. Les cas de corruption sont, en effet, aussi visibles dans les démocraties les plus établies. Il serait donc injustifié de suspendre l’aide au développement pour contraindre les pays à intensifier la lutte contre la corruption. Il faut au contraire renforcer la coopération internationale pour assurer le succès à la lutte contre la corruption.
M. MAGDI MOFADAL (Soudan) a souligné que les migrations n’ont pas seulement des conséquences négatives, en souhaitant qu’elles soient davantage étudiées sous leurs aspects positifs. Les migrations, a-t-il dit, sont un facteur de connaissance entre groupes humains et cultures. Les perceptions négatives qu’ont en ce moment les populations des pays riches envers ce phénomène viennent du fait que certains gouvernements et groupes politiques, mus par des raisons inavouables, leur présentent les migrations comme une menace. Le représentant a regretté la montée du racisme et de la xénophobie dans de nombreux pays industrialisés, lesquelles sont promues par des gens qui véhiculent des préjugés et des mensonges contre d’autres groupes humains ou religieux simplement parce qu’ils ne croient pas en l’égalité des personnes. Pendant un certain nombre d’années, a poursuivi le représentant, les envois de fonds des migrants soudanais vers leur pays d’origine étaient la première source de devises étrangères. Notre pays, a-t-il affirmé, a alors mis en place un cadre de dialogue avec sa diaspora pour la faire participer à la construction du pays. La communauté internationale devrait encourager le retour des expatriés vers leurs pays d’origine. Ceci leur permettrait, s’est expliqué le représentant, de contribuer à la reconstruction, notamment après les conflits ou lors d’embargos unilatéraux. Ces pays ont besoin de compétences techniques et humaines de ces fils et filles.
M. LUCA DALL’OGLIO, Organisation internationale pour la migration (OIM), s’est réjoui de la prise de conscience croissante de l’importance des questions liées aux migrations. Le Dialogue de haut niveau a permis une discussion sans confrontation sur la manière de renforcer les effets positifs de phénomène. Il a réaffirmé la volonté de l’OIM de participer au suivi des résultats de ce Dialogue. Il a souhaité que davantage d’attention soit accordée à la nécessité de faire des migrations un élément favorable au développement, comme l’intégration de la question dans la planification du développement et le renforcement des capacités susceptibles de gérer plus efficacement les questions liées à la mondialisation du marché du travail. Le représentant a également prôné l’amélioration de la coordination entre les agences pour qu’elles travaillent ensemble en exploitant leur expertise respective. Il faut renforcer la coordination entre les gouvernements, a ajouté le représentant, en soulignant que les organisations et les processus consultatifs régionaux ont été reconnus comme un espace utile pour abriter un dialogue efficace sur la question des migrations.
M. TAE-WOO LEE (République de Corée) a déclaré que les migrations peuvent être bénéfiques à la fois aux pays d’origine et à ceux de destination. Quand ils sont mal intégrés, les migrants peuvent créer des tensions sociales, des troubles sociaux, des tensions politiques ou des défis dans le domaine de la sécurité, a cependant averti le représentant. Le Groupe mondial sur l’étude de la migration, qui vient d’être créé, devrait soutenir le renforcement de la coordination et de la coopération entre les organisations internationales travaillant dans le domaine des migrations et du développement, a dit M. Tae-Woo. La République de Corée se réjouit de l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies contre la corruption, a-t-il dit par ailleurs, en exhortant tous les pays à la ratifier comme la République de Corée qui va le faire bientôt. En mai 2005, le Gouvernement coréen a fait adopter un Pacte national anticorruption auquel doivent adhérer tous les partis et hommes politiques, le secteur des affaires et les organisations de la société civile. Les milieux universitaire, de l’industrie pharmaceutique, des travaux publics, de la construction ou encore des finances s’y sont déjà volontairement joints.
M. SALIHU AHMED-SAMBO (Nigéria) a souligné que la Déclaration du Millénaire a consacré l’espoir que les aspects positifs de la mondialisation puissent être exploités afin de garantir une croissance économique équitable entre tous les pays. Six ans après l’adoption de la Déclaration, nos espoirs sont restés vains, a-t-il fait observer. Rappelant que la majorité des Conférences et Sommets, comme la Conférence de Monterrey ou le Programme d’action de Bruxelles, n’ont pas eu d’impact significatif sur le développement, il a estimé que le moment était temps
d’agir. Abordant la question des migrations internationales, il a estimé que la tenue du Dialogue de haut niveau a témoigné de l’intérêt de tous pour cette question mais aussi de la volonté commune d’affronter les défis que les migrations posent, autant aux niveaux national qu’international. Il a rappelé que le fossé économique et social croissant entre les pays, les bénéfices inégaux de la mondialisation, la pauvreté, les conflits et l’insécurité sont des facteurs qui engendrent les migrations internationales. Les aspects positifs de la migration sont réels, a-t-il poursuivi, mais les aspects négatifs sont clairs.
Le représentant a déclaré que la migration de la main d’œuvre, même si elle vient répondre à une demande de la part du marché du travail des pays de destination, prive les pays d’origine de certaines compétences. Les migrations internationales devraient être bénéfiques pour toutes les parties, a-t-il insisté. Il a expliqué que le Nigéria a adopté une stratégie nationale de développement visant à éradiquer la pauvreté, promouvoir la santé et garantir la croissance. Il a indiqué que des assistants spéciaux ont été mandatés pour aider le Président à régler les questions de la diaspora et du trafic des êtres humains, notamment. Il s’est réjoui de la proposition du Secrétaire général de créer un Forum consultatif pour créer des stratégies de migration coordonnées à tous les niveaux.
S’agissant de la lutte contre la corruption, le représentant a souligné que le Nigéria s’est réjoui de l’entrée en vigueur de la Convention contre la corruption. Il a également expliqué que son pays a déployé des efforts acharnés pour la mettre en œuvre et pour renforcer ses capacités juridiques et institutionnelles dans le but d’éviter les détournements de fonds et le blanchiment d’argent. Même s’il s’est montré satisfait des résultats, il a estimé que la bataille n’est pas terminée et a demandé que la communauté internationale vienne renforcer ces efforts, par une assistance technique et un renforcement des capacités.
Mme MUDITHA HALLIYADDE (Sri Lanka) a déclaré que les migrations se sont de plus en plus féminisées, au cours des dernières décennies. Les femmes représentent en effet dans certains pays 70% à 80% des migrants potentiels. Le drame pour toutes ces femmes est que bien souvent, elles finissent exploitées, travaillant dans les secteurs informels comme bonnes ou femmes de ménage, avec des salaires de misère irrégulièrement versés. Beaucoup de ces femmes sont victimes de violence, d’abus et d’exploitation sexuels. Elles sont aussi victimes du trafic des êtres humains et du proxénétisme. De leur côté, les pays développés s’arrangent de plus en plus pour sélectionner les migrants, n’acceptant l’entrée sur leur territoire que des gens instruits et qualifiés, a accusé Mme Halliyade. Ce pillage des compétences prive, aujourd’hui, les pays en développement de leurs ressources les plus précieuses. Leurs services de santé et d’éducation ont ainsi perdu les cadres dont ils ont besoin pour fonctionner. Ironie du sort, les spécialistes qui ont quitté leurs pays d’origine ont cependant à faire face, dans les pays d’accueil, au racisme, à la discrimination, et à la xénophobie. Ceci montre l’urgence qu’il y à établir des règles de migration plus justes et plus respectueuses des droits humains, a alerté la représentante.
M. JIMMY D. BLAS (Philippines) a souligné que la question des migrations internationales revêt une importance toute particulière pour son pays, du fait qu’une grande partie de sa population travaille à l’étranger. Nous devons prévoir des mécanismes de gestion solides si nous voulons que les bénéfices de la migration profitent autant aux pays d’origine, qu’à ceux de destination et, remédier à leurs conséquences négatives pour les pays d’origine, a-t-il insisté. Il a prôné la tenue de consultations continues entre pays d’accueil et pays d’origine et proposé qu’elles se déroulent sous les auspices des Nations Unies. Il a attiré l’attention sur les mesures que son pays a mises en œuvre, telles que
la création de différentes institutions qui répondent aux besoins des migrants et optimisent leur contribution au développement des pays d’accueil. Le représentant a rappelé que la dimension des droits de l’homme ne saurait être dissociée de la question des migrations et a prié instamment la communauté internationale de ratifier la Convention internationale pour la protection des droits des migrants et de leurs familles. Il a aussi réitéré le fait que les envois de fonds des migrants peuvent jouer un rôle important dans le pays d’origine, signalant, à cet égard, que son pays a été coauteur de la résolution de l’année dernière, sur cette question.
M. HOSSEIN ALIZADEH (République islamique d’Iran) a déclaré que les migrations internationales ont des causes facilement identifiables. L’accélération des départs, l’envie et le besoin de partir qui frappent les sociétés du Sud ne sont que le résultat d’une mondialisation injuste qui exploite et qui ne rend pas leur juste dû aux pays en développement. Les migrations, a-t-il poursuivi, ne doit cependant pas être examinée sous le seul angle Sud-Nord car il y a aussi une migration Sud-Sud, dont les flux sont égaux à ceux de l’autre. Il serait donc dans l’intérêt de tous les pays d’examiner les migrations dans le contexte des objectifs de développement agréés au niveau international, y compris les OMD. Une bonne gestion des migrations aux niveaux national, régional et international doit être un des objectifs du Forum mondial sur les migrations, a-t-il proposé.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a reconnu que la mondialisation est une opportunité unique pour la croissance économique et le développement social. Il s’est dit conscient des difficultés que son pays va devoir affronter dans la réalisation de son développement durable, compte tenu du rétrécissement de la marge de manœuvre laissée aux pays en matière de politique économique. Le représentant s’est tout de même réjoui des avantages, à long terme, de l’ouverture des marchés, du multiculturalisme ou de la réduction des coûts de production. Il a exprimé la volonté de son pays de signer des accords culturels et économiques avec d’autres États de « notre village planétaire ». Nous ne devons pas nous laisser distraire par des mesures protectionnistes, a-t-il conseillé, en faisant référence au secteur de l’agriculture. Le représentant a rappelé que son pays appuie fermement le transfert des technologies et des connaissances qui, a-t-il souligné, ne peuvent qu’améliorer notre croissance collective.
M. UZI MANOR (Israël) a déclaré que le Centre pour la coopération internationale (MASHAV), du Ministère israélien des affaires étrangères et le Centre Golda Meir du Mont Carmel pour la formation internationale (MCTC) ont mis un accent particulier, ces dernières années, sur la coopération internationale pour le développement. Au cours des cinq dernières années, MASHAV et le MCTC ont mené, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe centrale, et en Asie centrale, des formations de terrain sur le développement des microentreprises. En septembre 2005, une conférence internationale a été organisée au Mont Carmel sur « les migrations et les problèmes d’égalité entre les sexes dans la réalisation des OMD ». Quelque 56 femmes, leaders dans leurs 40 différents pays d’origine, y ont pris part, dont 20 femmes ministres. À la fin de cette rencontre, les participantes ont adopté la Déclaration de Haïfa, qui demande à la Conseillère spéciale des Nations Unies pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme de transmettre les conclusions de ce séminaire au Dialogue de haut niveau sur les migrations. En tant que pays de forte immigration, Israël a une immense expérience en matière d’intégration et aimerait la partager avec d’autres. L’expérience et l’expertise israéliennes pourrait à améliorer la coordination des politiques, les mesures de migration et les politiques de développement, a indiqué le représentant.
M. BRUCE BAIRD (Australie) a rappelé que depuis 1945, près de six millions de migrants se sont établis en Australie et s’est félicité qu’il ait été reconnu par l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) comme « pays d’immigration par excellence ». Il a estimé qu’une bonne gestion des migrations doit passer par des canaux légaux, sûrs et cohérents, soulignant que faciliter la migration légale sert entre autres à protéger les droits des migrants. La gestion de la migration exige la création de bonnes capacités administratives, a-t-il poursuivi. Il faut renforcer les capacités nationales, a-t-il dit en appelant la communauté internationale à appuyer les États dans ces efforts mais ceux visant à élaborer et appliquer des politiques cohérentes en matière de migration. Il a, en outre, estimé que ces politiques doivent être intégrées dans les programmes de développement nationaux, y compris dans les stratégies de réduction de la pauvreté. Les approches régionales constituent une forme efficace de gestion des migrations, a-t-il enfin estimé. S’agissant de la proposition de créer un Forum consultatif mondial, le représentant a souligné que sa réussite dépendra de la valeur qu’il pourra ajouter aux mécanismes existants. Il a jugé plus utile que ce Forum se concentre sur le renforcement des capacités dans le domaine des migrations et vienne compléter les processus consultatifs existants, au niveau régional.
M. GRÉGOIRE LOMBA (Gabon) a déclaré qu’au regard du nombre sans cesse croissant des populations immigrées et de l’importance des contributions qu’elles apportent au capital économique et social des pays d’accueil et d’origine, il importe de donner au problème des migrations internationale la même attention qui est accordée aux autres questions dont est saisie l’ONU en matière de développement. Il s’est félicité de ce que le Dialogue de haut niveau ait permis à la communauté internationale d’avoir une vision d’ensemble de cette question. Ce Dialogue a permis de mettre en lumière la corrélation qui existe entre la migration et le développement. Il a identifié les chances multiples que des politiques adéquates, saines et bien coordonnées pourraient offrir aux pays d’origine et de destination. Ce Dialogue a aussi permis de mieux percevoir les défis à relever, notamment en matière d’intégration économique et sociale des migrants, de promotion et de respect de leurs droits, et de sauvegarde de leur dignité humaine. Le Gabon, a conclu le représentant, souscrit à la recommandation du Secrétaire général de créer un Forum consultatif ouvert à tous les États Membres, à la société civile et au secteur privé, pour maximiser les bienfaits des migrations et en réduire les effets négatifs.
Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti) a expliqué que le lien entre migration et développement trouve une illustration significative dans le contexte de son pays. Elle a ainsi fait observer que les transferts de fonds qui se montaient à seulement 8,7% du PIB en 1999, sont passés à environ 30% en 2004. Ces fonds contribuent à la réduction de la pauvreté en Haïti en soutenant les besoins de consommation des familles pauvres, a-t-elle souligné. Elle a également indiqué que la diaspora haïtienne a partagé, à un modeste niveau, ses qualifications et connaissances lors de retours provisoires. Le phénomène migratoire a également eu
plusieurs impacts moins positifs sur le développement d’Haïti, notamment en terme de fuite de cerveaux, a-t-elle nuancé, citant qu’on estime à plus de 70%, le nombre de citoyens haïtiens les plus instruits vivant dans les pays de l’OCDE. Afin de maximiser les synergies positives entre migration et développement, elle a recommandé quelques actions spécifiques consistant par exemple, à faciliter la migration de main d’œuvre provisoire et saisonnière; régulariser le statut des nombreux migrants installés illégalement dans les pays d’accueil; protéger les droits et les intérêts des migrants; promouvoir la rétention et le retour des nationaux hautement qualifiés; ou encore, tirer le plus grand profit du potentiel des rapatriements de fonds et des capacités de la diaspora.
M. BENEDICT L. LUKWIYA (Ouganda) s’est félicité des résultats du Dialogue de haut niveau. Pour améliorer l’impact des migrations sur le développement, a-t-il préconisé, des solutions politiques doivent être trouvées au niveau international. Ces solutions doivent encourager la coopération et le dialogue entre les pays d’origine et les pays de destination. Des accords bilatéraux doivent être conclus entre ces deux groupes d’États, afin d’offrir aux migrants un certain degré de protection. Pour lutter contre le « pillage » des cerveaux, les pays pauvres doivent faciliter les contacts avec leur diaspora afin d’encourager les retours au pays et faire connaître les opportunités qui y existent, a encore préconisé M. Lukwuiya.
Mme IRENA ZUBČEVIĆ (Croatie) a rappelé que son pays appartient au groupe des économies en transition et a mis l’accent sur différentes questions liées à cette situation. Elle a expliqué qu’en dépit de bonnes performances économiques, son pays connaît un taux de chômage élevé, ce qui, a-t-elle insisté, constitue une entrave au développement et à la prospérité. Ce fait montre que la croissance économique n’est pas suffisante, si elle n’est pas associée à des réformes institutionnelles et structurelles, a-t-elle fait observer. Elle a expliquée que parmi les facteurs entravant l’intégration à l’économie mondiale figurent le niveau insuffisant d’éducation, une utilisation inappropriée des innovations scientifiques et un marché du travail manquant de souplesse. Elle a ensuite fait part des avancées de son pays en matière de développement et a insisté sur l’importance d’effectuer des changements structurels au niveau national. Soulignant que l’intégration régionale est fondamentale, elle a, pour conclure, indiqué que son pays œuvre pour la stabilisation politique et le renforcement des liens commerciaux avec les pays voisins.
M. ULADZIMIR A. GERUS.(Bélarus) s’est révolté contre le fait que les ressortissants d’Europe de l’Est n’occupent aucun poste de responsabilité au Secrétariat des Nations Unies ou dans les organismes spécialisés du système. C’est peut-être pour cela que les rapports soumis aujourd’hui à la Commission ne contiennent aucune recommandation sur l’amélioration de la situation économique et sociale des pays en transition, a-t-il insinué. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a des représentations dans les pays de la CEI, pourrait pourtant informer la communauté internationale sur la réalité de la situation qui est dramatique, a tranché le représentant. Quand on parle des OMD, il faut savoir que rares sont les pays en transition qui peuvent les atteindre. Mais, s’est-il encore indigné, dix ans à peine après l’effondrement de l’Union soviétique, on demande déjà aux pays en transition de remplir des conditions inacceptables pour leur accès à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Groupe de pays pratiquement sans voix dans les arcanes économiques, financières ou commerciales internationales, les pays en transition d’Europe de l’Est ont fort heureusement trouvé une aide du coté du Groupe des 77 et la Chine qui ont accepté d’inclure leurs doléances sur leur propre agenda, a dit le représentant en s’élevant contre les « injustices systémiques » dont souffrent son pays et tous ceux de sa catégorie.
Mme RASCHA OSMAN (Suisse) a estimé que, par leur vocation universelle, les Nations Unies sont le cadre privilégié pour l’examen de certains aspects importants des migrations et notamment, de son impact sur le développement. Elle a estimé que le Dialogue de haut niveau a contribué au renforcement de la coopération internationale et à l’ouverture de voies novatrices permettant de conjuguer, au mieux, migrations et développement. La délégation suisse estime qu’une plus grande attention doit être portée à l’intégration des aspects
migratoires dans les politiques de développement, par exemple dans le cadre des stratégies nationales de réduction de la pauvreté ou dans une politique d’intégration sociale par la formation et la participation au marché du travail. La représentante a également attiré l’attention sur l’importance de poursuivre des efforts dans la lutte contre la traite des êtres humains, qualifiant cette dernière de « triste réalité qui demeure une honte pour la communauté internationale ».
Abordant la question de la corruption, elle a fait observer que les avoirs accumulés de manière illicite, par des personnes politiquement exposées, et transférés à l’étranger, constituent des patrimoines publics dont le pays aurait le plus grand besoin pour la reconstruction, la réhabilitation et le développement. Cette accumulation à l’étranger de fonds illicites sape l’intégrité des places financières internationales et contrecarre leurs efforts pour lutter contre la criminalité financière et le blanchiment d’argent, a-t-elle également estimé. Elle a ajouté que le problème des fonds illicites soulève les questions de développement et de bonne gouvernance, de l’entraide judiciaire et de la coopération internationale, tout comme celles de la souveraineté nationale et de l’immunité. Elle a fait part des rencontres organisées dans son pays, entre experts gouvernementaux, pour améliorer la coordination entre les experts des ministères de la justice, des finances et des affaires étrangères. De réels progrès ont été réalisés en matière de restitution de fonds illicites, en particulier vers les pays d’origine, conformément à la Convention des Nations Unies, a-t-elle précisé.
M. ANDRIY NIKITOV (Ukraine) a déclaré que son pays s’est engagé en faveur de l’épanouissement de la société civile; de l’indépendance de la justice; de la liberté d’expression; et de la lutte contre la corruption. Hier, a-t-il annoncé, le Parlement ukrainien a ratifié la Convention contre la corruption. Économie en transition, le pays a fait des progrès notables vers l’établissement d’une économie de marché. L’Ukraine s’est engagée à démanteler les obstacles administratifs qui portaient préjudice à la création d’entreprises et au libre échange et a mis fin aux monopoles d’État. Mais beaucoup de défis restent à relever, a reconnu le représentant en soulignant l’importance de la coopération internationale. Membre de l’OMC, l’Ukraine est convaincue que le commerce sera son instrument d’intégration à la mondialisation mais elle demande aux institutions de l’ONU et aux institutions financières internationales de lui fournir plus d’assistance. La délégation ukrainienne soumettra un projet de résolution sur cette question, a promis le représentant.
M. N’GOLO FOMBA (Mali) a rappelé que le phénomène des migrations n’est pas nouveau, mais qu’il a revêtu une nouvelle dimension, en raison de ses effets sur les populations résidentes. Il a expliqué que le Mali, sur une population évaluée à 11,7 millions, compte environ 4 millions de personnes qui vivent en dehors du territoire national. Pour gérer cette importante diaspora qui contribue énormément au financement de l’économie malienne -environ 225 millions de dollars pour les seuls Maliens vivant en France-, le Mali a depuis fort longtemps établi des cadres de concertation avec certains pays de destination, a-t-il précisé. Le
problème de la migration internationale pour le cas de pays comme le Mali, doit être examiné en relation avec des facteurs tels que les subventions qui
paupérisent les cultivateurs de coton et les jettent sur le chemin de l’exode. Au
lieu d’exporter plus de produits, pour lesquels nous avons des avantages comparatifs, nous nous retrouvons malgré nous exportateurs de main d’œuvre, a-t-il poursuivi, ajoutant que ceci réduit les chances du pays d’atteindre les OMD à l’échéance indiquée. Le représentant a expliqué que sa délégation recommande vivement l’élimination desdites subventions, afin que les paysans du Mali et d’ailleurs, qui en sont victimes, aient la possibilité de faire l’option de rester chez eux et qu’ils ne soient plus contraints de fuir la misère à tout prix.
M. ALBERT GHIGO (Malte) a souligné la nécessité, pour son pays, d’un appui international dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. Débordé par les flux d’immigrants illégaux qui débarquent sur ses côtes, Malte a connu, ces derniers mois, une crise insoutenable à laquelle elle ne pouvait faire face sans aide extérieure, a dit M. Ghigo. Comme l’a dit le Premier Ministre de Malte, l’« immigration clandestine est la face inacceptable du phénomène des migrations » et il faut y mettre fin, a voulu le représentant.
M. SLAVKO KRULJEVIĆ (République serbe) a souligné qu’en dépit d’un environnement économique international favorable qui a permis aux pays en transition d’obtenir de meilleurs résultats, c’est l’adhésion à l’Union européenne (UE) qui a joué un rôle essentiel. Il a mentionné le processus d’adhésion à l’UE qui encourage la mise en place des réformes et notamment, celle visant à développer une économie de marché et des institutions publiques fiables. Il a estimé que la perspective d’une adhésion à l’UE ne peut avoir que des répercussions positives pour les États européens du Sud-Est et a exprimé l’intention de son pays de reprendre, au plus vite, ses négociations avec l’UE. Le renforcement de la coopération régionale et la création d’une zone de libre-échange dans la région est d’une importance particulière pour la République serbe, a-t-il souligné. Il a, à cet égard, regretté la décision de certains pays de recourir à des tarifs douaniers pour certains produits. Rappelant que la République serbe a un taux de chômage très élevé et que, près de 485 000 de ses citoyens vivent encore dans la pauvreté, le représentant a souligné que malgré les efforts du Gouvernement, l’assistance de la communauté internationale demeure nécessaire.
Mme DETAILLE (Belgique) a déclaré que, prenant pour la seconde fois la parole au cours des travaux de la Deuxième Commission, sa délégation a tenu à affirmer que les préparatifs du forum mondial sur les migrations internationales se feront de manière transparente. Il tiendra compte des soucis exprimés par toutes les délégations qui se sont exprimées aujourd’hui, a dit la représentante.
Mme DZIUNIK AGHAJANIAN (Arménie) a expliqué que son pays, à l’instar de nombreux pays en transition, a connu une vaste émigration à la suite de l’effondrement de son économie et du blocus qui lui a été imposé. Elle a souligné que si elle s’est caractérisée au départ par une émigration de main d’œuvre moins qualifiée, la fuite des cerveaux est devenue la tendance dans les années qui ont suivi. Citant le Secrétaire général, elle a rappelé que l’intégration des économies en transition par les mouvements de main d’œuvre peut avoir des effets positifs, comme en témoignent, par exemple, les envois de fonds. Elle a, à cet égard, indiqué que les transferts de ces fonds ont augmenté de 20% en moyenne depuis 2001, jusqu’à arriver au chiffre de 1 milliard de dollars en 2005. Ce qui est près de six fois plus que l’aide publique au développement, a-t-elle précisé. Elle a également indiqué que les migrants arméniens ont créé près d’un demi-million d’emplois dans le monde et a souhaité que des études soient menées dans cette direction.
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