LA DEUXIÈME COMMISSION S’INFORME DES RÉSULTATS DE LA RÉUNION ANNUELLE ENTRE LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL (FMI) ET LA BANQUE MONDIALE
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Deuxième Commission
Table ronde – après midi
LA DEUXIÈME COMMISSION S’INFORME DES RÉSULTATS DE LA RÉUNION ANNUELLE ENTRE LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL (FMI) ET LA BANQUE MONDIALE
C’est pour tenir informée la Commission économique et financière (Deuxième Commission) des résultats des dernières réunions des institutions de Bretton Woods que le Bureau pour le financement du développement du Département des affaires économiques et financières de l’ONU (DESA) a organisé, cet après-midi, une rencontre entre des officiels du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale et les délégations.
Les réunions annuelles des Conseils des Gouverneurs de la Banque mondiale et du FMI se sont tenues les 9 et 20 septembre derniers à Singapour. Elles ont été précédées, le 17 septembre, par les réunions ministérielles du Comité financier et monétaire international, organe directeur des politiques du FMI et par celles, le 18 septembre, du Comité de développement, forum conjoint de la Banque mondiale et du FMI.
Ouvrant le débat, le Sous-Secrétaire général de l’ONU au développement économique, Jomo Kwame Sundaram, a rappelé que les économies mondiales risquent de faire face bientôt aux conséquences du surendettement des États-Unis, principale économie et premier marché à l’exportation de la planète ainsi qu’à une baisse possible du dollar américain, monnaie d’échange et de réserve de la plupart des pays. Les effets collatéraux du déficit budgétaire américain et les menaces de récession que fait peser l’éclatement de la bulle immobilière ne sont pas à négliger, a dit le Sous-Secrétaire général. À ces menaces, il a ajouté la hausse des prix de l’énergie, dont certaines économies ont commencé à pâtir au cours de la seconde moitié de l’année 2006.
À Singapour, le FMI a, pour la première fois, commencé à répondre aux appels des pays en développement qui demandent, depuis un certain nombre d’années, une réforme de son fonctionnement. Le FMI, a rappelé l’intervenant, avait perdu un nombre appréciable de ses clients après leur rejet et leur remise en question des politiques qu’il a préconisées aux lendemains des crises financières asiatique et argentine. Aussi à Singapour, une modification des quotes-parts au capital de Fonds et donc des droits de vote au sein du Conseil d’administration et du Conseil des Gouverneurs, a-t-elle été accueillie avec satisfaction. D’autre part, le Comité financier et monétaire s’est vivement inquiété de l’effondrement des négociations du Cycle commercial de Doha, lancées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Les hypothétiques retombées bénéfiques de la libéralisation commerciale ont été remises en question par certains pays développés, qui ont estimé qu’on avait peut-être trop demandé aux pays en développement, en matière d’ouverture des marchés. Le risque de voir s’effondrer leurs bases de production, parfois très étroites, a été évoqué par de nombreux experts, a souligné Jomo Kwame Sundaram.
FMI: l’indispensable réforme face à un avenir incertain
Le Directeur des relations extérieures au FMI, Massood Ahmed, a passé en revue les déclarations conjointes, faites à Singapour, par les responsables du FMI et de la Banque mondiale. Dans le communiqué conjoint sur la question du transfert net des ressources des pays en développement, les Gouverneurs du Fonds et de la Banque ont précisé qu’ils se sont réunis « pour discuter des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’agenda de développement destiné à faciliter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Dans ce cadre ont été examinées les propositions faites par la Banque mondiale sur les questions de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, de même que celles ayant trait aux priorités de sa coopération avec les pays à revenu intermédiaire. Tout en constatant la forte croissance économique qui a caractérisé l’économie mondiale au cours des cinq dernières années, la Banque et le FMI ont mis en garde les décideurs politiques des pays en développement face à un environnement plus compétitif et plus difficile, en les exhortant à prendre des mesures de garanties.
Revenant à la question des quotes-parts, le Directeur a souligné que le FMI est conscient depuis longtemps de la nécessité de donner une meilleure représentation à ceux de ses membres qui, au fil du temps, ont vu leurs positions s’affermir. Aussi, la Chine et le Mexique font-ils partie des pays dont les droits de voix ont été reconnus insuffisants par rapport à la place qu’ils occupent dans l’économie mondiale. Passant à la question de la surveillance des économies et de leurs finances, dont le FMI a la charge, Massood Ahmed a souligné le consensus sur la nécessité d’en améliorer les mécanismes et de les rendre plus aptes à refléter la situation réelle de chaque pays. Lors des crises, on a constaté que les surveillances avaient souvent été déficientes et incapables d’anticiper les évènements, notamment dans les pays émergents.
Le FMI doit donc s’équiper d’instruments de prévention des crises plus efficaces et d’outils de financement réellement opérationnels. En la matière, le Fonds doit cependant travailler en étroite collaboration avec les autres institutions économiques et financières. La question de la dette a également été évoquée à Singapour. L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative d’allègement de la dette du G-8 ont été saluées. Mais les experts se sont aussi inquiétés des risques de ré-endettement que courent les pays qui, redevenus éligibles à l’obtention de prêts sur le marché des capitaux privés, sont en train d’étudier de nouveaux emprunts, parfois très lourds, pour lancer les travaux d’infrastructures nécessaires à l’attraction des investissements étrangers directs (IED).
Banque mondiale: accorder la priorité à l’Afrique subsaharienne
Le Vice-Président par intérim de la Banque mondiale pour les affaires extérieures, la communication et les affaires de l’ONU, Kevin Kellems, a indiqué que 2005 a été une année forte pour la Banque mondiale en matière de prêts. La Banque a mis à la disposition de ses États-clients les plus pauvres un milliard de dollars. Partageant les inquiétudes de son collègue du FMI sur l’éventuel ré-endettement des pays, le Vice-Président s’est félicité de ce que beaucoup de pays africains aient mené à bien des réformes difficiles, ouvrant ainsi la voie à un soutien efficace à leur secteur privé. En l’occurrence, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est un cadre d’action promoteur.
Toutefois, en Afrique, des problèmes urgents, notamment de santé et d’éducation, doivent d’abord être résolus. À Singapour, il a été décidé de mettre tous les projets de santé et d’éducation destinés à l’Afrique subsaharienne sous la rubrique prioritaire « fast track ». L’autre secteur dans lequel la rencontre de Singapour a estimé que l’Afrique avait besoin de mesures d’urgence est celui de l’énergie. La montée des cours des hydrocarbures a eu des impacts dévastateurs sur les économies des pays les plus défavorisés ou enclavés. Les pays à revenu intermédiaire ont, quant à eux, essentiellement besoin d’une aide au renforcement de leurs capacités pour générer plus de croissance dans les domaines où ils sont compétitifs. Dans ces pays, l’amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption ont été identifiées comme des priorités, à Singapour.
FMI: réforme, quotas, droits de votes, et postes de responsabilités
Quelle est la différence entre quotes-parts et droits de vote au FMI? a demandé le représentant de la Finlande. Un pays, lui a-t-il été répondu, contribue au capital du Fonds conformément à ses quotes-parts qui représentent son « actionnariat ». Tout emprunt que fait ce pays au Fonds doit aussi respecter le niveau de ses quotes-parts. Le droit de vote ne correspond pas toujours aux quotes-parts puisque les décisions du FMI sont généralement prises par consensus. La réforme engagée à Singapour visait à revoir la répartition des quotes-parts et par conséquent, l’influence que cela entraîne au niveau des droits de votes, au cas où une décision est prise aux voix.
Dans la formule actuelle, les quotes-parts d’un pays représentent le poids de son économie dans l’économie mondiale. Quant au vote, chaque pays a une voix, au départ, quel que soit la part de l’économie mondiale qu’il contrôle. Le nombre final de voix est calculé en additionnant le pourcentage de quotes-parts du pays à sa voix. Des propositions ont été faites pour que le niveau du PNB soit, à l’avenir, considéré dans la répartition des voix, l’objectif final étant de redonner et de renforcer la légitimité et l’universalité du FMI.
Les critères sur lesquels devrait s’appuyer le Fonds pour considérer la situation d’un pays ont été débattus à Singapour où une discussion s’est engagée sur la pertinence d’utiliser le niveau de réserves financières d’un pays pour juger de la stabilité de ses finances ou de calculer ses risques d’être en crise. Selon la formule que certains ont défendu, le Fonds ne doit considérer aucun pays en situation de déséquilibre financier ou budgétaire tant qu’il a suffisamment de réserves de changes pour s’assurer trois mois d’importations.
À Singapour, les discussions ont aussi porté sur la représentation des pays dans les postes de responsabilités au sein du FMI. Beaucoup de pays en développement n’ont pas de nationaux dans les structures et les organes décisionnels du Fonds, ce qui peut donner l’impression que le FMI est mal informé sur leurs réalités ou insensible à leurs spécificités. Pourquoi le débat sur la réforme des institutions de Bretton Woods ne serait-il pas public et de ce fait plus transparent? s’est énervé le représentant du Venezuela.
Aider l’Afrique à se sortir de la pauvreté: réforme, gouvernance et lutte contre la corruption pour parvenir à la prospérité
Des questions relatives à la gouvernance et la surveillance ont été étudiées à Singapour. Selon le représentant de la France, la Banque mondiale ne peut pas faire de la gouvernance et de la lutte contre la corruption les principaux axes de ses interventions ou les critères centraux de ses décisions. La question de la corruption n’était qu’un sous-point des propositions de gouvernance présentées par la Banque à Singapour, a-t-il été rappelé. La Banque mondiale n’a jamais dit que la lutte anticorruption allait devenir son premier objectif. Elle reconnaît simplement qu’il ne peut, raisonnablement, y avoir de croissance soutenue et de création de richesses si des investisseurs potentiels s’éloignent d’un pays à cause de sa mauvaise gouvernance et son niveau de corruption.
Le Président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, a déclaré que « le chemin de la prospérité ne peut partir que d’une base de gouvernance solide ». Chaque dollar consacré au développement doit viser un objectif identifié au préalable. La transparence doit être instaurée par un travail conjoint avec les gouvernements et les sociétés civiles. Les Africains eux-mêmes l’ont dit à Singapour : davantage de soutien pour parvenir à la prospérité, ce qui n’est possible que dans un cadre plus transparent. En présentant ses propositions sur la bonne gouvernance à Singapour, la Banque ne faisait qu’inviter pays et donateurs à aider les Africains dans la voie de la bonne gouvernance.
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