LE RÈGLEMENT DES QUESTIONS DE LA DETTE ET DU COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS DE BASE JUGÉ INDISPENSABLE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
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Deuxième Commission
7e& 8e séances - matin & après-midi
LE RÈGLEMENT DES QUESTIONS DE LA DETTE ET DU COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS DE BASE JUGÉ INDISPENSABLE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
Malgré la mise en œuvre des programmes d’annulation de dette, tels que l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et les mesures prises par les pays du G-8 en 2005 à Gleneagles, de nombreux pays en développement ne réaliseront pas les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) 2015, ont pronostiqué les délégations devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui examinait, aujourd’hui, les questions de politique macroéconomique.
Alors que dans le rapport qu’il a soumis à l’Assemblée générale sur le commerce des produits de base, le Secrétaire général relève que la forte demande créée par l’essor de la Chine et de l’Inde a contribué à la hausse des cours des produits de base et des matières premières, des délégations, dont celle de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont fait observer que le blocage des négociations du Cycle de Doha, lancé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, et les mesures protectionnistes des pays du Nord ont, de facto, exclu les produits de base d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et des Caraïbes des marchés internationaux.
« Le Groupe des 77 et la Chine notent, avec regret, l’accent mis sur le besoin de développer le commerce Sud-Sud de ces produits alors que les pays en développement tireraient beaucoup plus de ressources de l’ouverture des marchés des pays industrialisés » a déclaré le représentant sud-africain, en notant, par exemple, que seul un commerce agricole juste donnerait aux pays du Sud les moyens de générer les bénéfices dont ils ont besoin pour financer leur développement et réaliser les OMD.
S’agissant de la dette, plusieurs délégations, dont celle de Saint-Vincent-et-les Grenadines ont attiré l’attention de la Commission sur la nécessité de faire bénéficier les pays à revenu intermédiaire des mesures de l’Initiative PPTE. « Les pays dits à revenu moyen connaissent, en matière de dette, les mêmes problèmes que ceux des pays pauvres très endettés », a déclaré, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines, en plaidant aussi pour plus de transparence dans le fonctionnement des marchés financiers et dans la circulation des flux d’investissements étrangers directs (IED).
S’élevant contre la gestion actuelle de la dette, à l’échelle internationale, le représentant des Philippines a estimé qu’il est anormal que toutes les responsabilités du remboursement de la dette reposent sur les épaules des débiteurs. Le risque devrait être partagé avec les créanciers, a dit le représentant, en notant que même au cours des procédures d’annulation de dettes, les pays créanciers s’arrangent, non seulement pour imposer des réformes économiques à leurs débiteurs, mais aussi pour modifier le paysage politique des pays emprunteurs et y créer un contexte favorable à leurs investisseurs.
Au cours du débat, de nombreuses délégations se sont plaint du fonctionnement des institutions financières internationales et de la mainmise des grands pays « qui vivent au-dessus de leurs moyens réels », grâce à l’épargne mondiale. Les pays en développement détiennent 70% des réserves de devises, a affirmé le représentant du Bangladesh, en dénonçant le fait qu’ils ne peuvent se prévaloir de ces sommes pour garantir leurs emprunts. Son homologue des États-Unis a plutôt imputé les problèmes de financement de développement à un manque de transparence dans la gestion des affaires publiques et au non-respect des clauses des contrats signés avec les investisseurs et des dispositions relatives au droit à la propriété.
Chaque pays est le premier responsable de son propre développement; les aides de la communauté internationale ne devant être perçues que comme un soutien, a souligné, pour sa part, le représentant de la Finlande, au nom de l’Union européenne. Réitérant la validité du Consensus de Monterrey, le représentant finlandais a néanmoins prévenu que la croissance durable, dont ont besoin tous les pays, ne peut exister que si ses fruits sont équitablement répartis.
L’accès universel à l’éducation, à la santé et à un emploi décent sont les objectifs que doit s’assigner la communauté internationale, a estimé le représentant, en rappelant que l’Union européenne a adopté un calendrier au terme duquel elle devrait parvenir à verser 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD), en 2015, après avoir atteint le taux de 0,56% en 2010. Attachée à la réussite du Cycle de Doha, l’Union européenne prône une ouverture progressive des marchés, accompagnée d’un renforcement des règles de gouvernance commerciales et de réductions équitables des subventions versées aux producteurs agricoles, a affirmé le représentant de la Finlande.
Les thèmes abordés au cours du débat l’avaient déjà été quelques heures plus tôt par Kenneth Rogoff, Titulaire de la Chaire Thomas D. Cabot en politiques publiques et Professeur d’économie à l’Université Harvard. Parlant de l’avenir de la mondialisation et de la complexité croissante des défis qu’elle pose, l’orateur a cité, parmi ces défis, les inégalités de revenus et de richesse au sein des pays et entre eux. La mondialisation se caractérise aussi, a-t-il dit, par le fait que ce sont les pays en développement qui financent les économies des pays industrialisés.
La Commission économique et financière poursuivra ses travaux demain, mardi 10 octobre, à 10 heures, pour débattre de la mise en œuvre et du suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement.
Table ronde sur « L’avenir de la mondialisation: complexité croissante des défis et recherche de solutions »
Discours liminaire
Parlant de l’avenir de la mondialisation, de l’interdépendance qu’elle crée entre les pays, de la complexité croissante des défis qu’elle pose et de la recherche des solutions à leur apporter, M. KENNETH ROGOFF, Titulaire de la Chaire Thomas D. Cabot en politiques publiques et Professeur d’économie à l’Université Harvard, a d’abord souligné que la mondialisation n’est pas un fait nouveau. Celle que l’on connaît aujourd’hui se distingue cependant des formes que la mondialisation a connues dans le passé, par ses outils techniques, notamment les moyens de transport et de communication. Aujourd’hui, par exemple, les échanges de marchandise se font grâce au transport par conteneurs et plus par un commerce maritime en vrac comme c’était le cas aux XVIIIème et XIXème siècles. La mondialisation moderne se distingue aussi par l’amélioration des moyens de production, l’accroissement des inégalités entre pays et au sein même des pays et l’aggravation des différences de revenus. Aujourd’hui les 10% des personnes les plus riches de la population des Etats industrialisés contrôlent au moins 45% des revenus économiques et financiers. Les différences de revenus les plus fortes s’observent dans les pays émergents où une élite contrôle parfois de 50% à 60% des richesses, a précisé M. Rogoff.
Parlant des échanges financiers, il a souligné qu’au XIXème siècle, les pays sous colonisation britannique recevaient beaucoup plus de fonds de leur métropole qu’aujourd’hui. Mais si elle se distingue aujourd’hui par l’intégration de la Chine et de l’Inde dans les principaux échanges commerciaux, la mondialisation se caractérise aussi par le fait que les pays riches et industrialisés sont, en fait, financés par les pays pauvres et en développement. Il y a plus de flux financiers du Sud au Nord qu’il n’y en a du Nord au Sud. Les emprunts qui permettent, par exemple, au peuple et au gouvernement américains de financer leur mode de vie et leur niveau élevé de consommation proviennent de la Chine. Les États-Unis, qui sont le pays les plus endetté de la planète, empruntent, en effet, 70% des économies et des réserves de change générées par l’activité des gouvernements, des entreprises et des peuples des autres pays du monde et notamment des pays émergents. La mondialisation financière a permis ce genre de comportement et la question que se posent aujourd’hui les économistes et les observateurs avertis, est de savoir si les États-Unis vont tomber de l’échelle de la dette sur laquelle ils grimpent sans arrêt et de plus en plus haut.
Le monde a connu une longue période de stabilité quand les pays se servaient de l’étalon or sur lequel se fondait leurs réserves monétaires et le cours de leur monnaie. La période la plus stable a duré de 1860 à 1913, a indiqué Kenneth Rogoff. La mondialisation moderne n’a cependant pas que des aspects négatifs, a-t-il poursuivi, en soulignant que les politiques monétaires encouragées depuis quelques décennies ont quand même permis de réduire globalement l’inflation et de la stabiliser. Ce qu’on peut reprocher à la mondialisation, a reconnu Kenneth Rogoff, c’est l’accroissement des inégalités et l’exclusion de régions entières de ses échanges et de ses bénéfices. Si Thomas Friedman déclare à ses lecteurs que le « monde est plat », ce n’est cependant qu’une vue de l’esprit, car en réalité, le monde ressemble plutôt à une série de montagnes russes, avec leurs pics, sur lesquels sont juchés les individus et les pays riches, et leurs creux, dans lesquels végètent des peuples et des pays dont la paupérisation s’accroît. La mondialisation ne rend donc pas vraiment les gens plus riches. Au contraire, elle ne semble profiter qu’à une minorité, même si d’un autre coté elle peut créer ou renforcer des classes moyennes dans les pays qui ont su s’insérer dans ses cycles de production et d’échanges.
Malgré les difficultés créées par la mondialisation, il faut cependant écarter la thèse selon laquelle l’ouverture des marchés financiers est responsable du déclenchement des nombreuses crises financières qui se sont produites au cours de la dernière décennie, a dit M. Rogoff. Toutes les crises que l’on a connues au cours des années 1990 sont le fruit de la tentative de certains États de maintenir des taux de change fixes. Ces pays ont commis l’erreur de penser qu’ils pouvaient se fermer à la mondialisation. On peut regretter l’échec des négociations du Cycle de Doha car si elles avaient été bien menées, elles auraient permis de tirer des dizaines de millions de gens de la pauvreté dans les pays et les régions du monde les plus défavorisées. Les subventions agricoles sont le principal obstacle à la création d’un système commercial international vraiment juste et qui puisse profiter à tous. Elles coûtent plusieurs dizaines de milliards de dollars aux pays en développement. Mais d’un autre coté, ces pays perdent aussi beaucoup de revenus potentiels du fait des obstacles qu’ils érigent devant un commerce plus libre et plus ouvert, a estimé Kenneth Rogoff, en mentionnant le manque de compétitivité que créent les barrières douanières.
« Nous avons besoin d’une meilleure gouvernance mondiale sur tous les plans, et c’est à ce niveau que l’ONU peut jouer un rôle central », a dit l’expert en rappelant que le déclenchement de la Deuxième guerre mondiale était dû au sentiment d’exclusion et d’injustice que l’Allemagne et le Japon avaient ressenti après la fin du conflit de 1914-1918 et la signature du Traité de Versailles. Depuis 1945, a poursuivi M. Rogoff, les pays d’Asie ont multiplié plusieurs fois leurs capacités de production et leurs revenus nationaux. L’appareil de sécurité internationale en place depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale ne répond donc plus aux besoins et aux réalités d’aujourd’hui. L’ONU est la seule enceinte de dialogue où les États peuvent débattre des solutions qui doivent être apportées à cette situation. Les mesures proposées, il y a quelques semaines à Singapour, par le Fonds monétaire international (FMI) ne sont que le début de la démarche dans laquelle doit s’engager la communauté internationale afin de mieux intégrer les nouvelles grandes économies dans le système de sécurité international. L’ONU à un rôle crucial à jouer dans ce processus, a dit Kenneth Rogoff.
Échange interactif
Répondant aux questions et remarques d’un certain nombre de délégations, et concernant notamment des questions d’équité dans les échanges, de stabilité financière, d’emplois, et de migration, Kenneth Rogoff a dit qu’une croissance rapide s’accompagne généralement du creusement des inégalités déjà existantes. Le cas des États-Unis où les mesures fiscales ont contribué à enrichir encore plus les riches, est l’exemple à ne pas reproduire. Les États-Unis empruntant en moyenne 800 milliards de dollars par an, cette fiscalité peut faire douter des discours qui sont tenus sur un retour aux équilibres budgétaires et financiers. La politique adoptée à ce jour fait craindre un atterrissage en catastrophe de l’économie américaine. Les pertes que l’on observe en ce moment sur le marché immobilier semblent donner de la crédibilité à ces craintes. Si un crash financier se produisait aux États-Unis, il faudrait que d’autres pays, comme le Japon, dont l’économie semble sortir de sa longue léthargie, prennent les devants pour devenir les locomotives de la croissance mondiale.
Parlant de la question de la migration, Kenneth Rogoff a fait observer que l’Europe, dont les hommes politiques et les populations se plaignent de la migration venue du Sud, devrait plutôt s’en féliciter. Du fait du vieillissement de sa population, l’Europe a besoin des bras et des taux de fécondité assez élevés de ses migrants, si elle veut demeurer productive, a estimé M. Rogoff.
Comment peut-on combattre les inégalités créées par la mondialisation? a demandé le représentant de la République de Corée. Quel est le niveau d’inflation acceptable pour un gouvernement et un pays? Et est-il vrai que les pays devraient absolument libéraliser leur cadre commercial en levant le maximum de barrières douanières possible en vue d’être plus compétitifs? a demandé, à son tour, le représentant du Nigéria. Celui du Bangladesh, qui est un PMA, a, pour sa part, indiqué que l’épargne de son pays estimé à 3 milliards de dollars, a été placée aux États-Unis sous forme de bons du trésor. Mais est-il normal que quand il veut emprunter auprès de banques commerciales américaines, le Bangladesh doive accepte de payer des taux de remboursement de 12% à 15%?
La République de Corée est le pays dont l’économie a le plus progressé et changé depuis 50 ans, a relevé M. Rogoffen répondant à la délégation. Le succès de la Corée est venu du commerce et du maintien d’une croissance élevée. Il est donc difficile de trouver une réponse à la question des inégalités dans ce contexte économique où tout se joue sur la compétitivité des entreprises et des biens. Concernant la question de l’inflation, posée par le Nigéria, il n’y a pas de taux qui soit « acceptable » ou recommandable, a poursuivi M. Rogoff, en faisant remarquer que toute solution à envisager tient aux réalités économiques et politiques de chaque pays et de l’environnement dans lequel il s’opère. Si certains pays acceptent des taux d’inflation de 10%, dans d’autres États, ce taux peut être jugé inacceptable.
Concernant les barrières douanières, moins il y en a et mieux cela vaut, a estimé Kenneth Rogoff, en soulignant cependant que la levée de ces obstacles doit se faire dans un cadre commun et à travers des accords entre partenaires commerciaux. Si un pays n’est pas prêt et n’a pas de perspectives lui permettant d’être rapidement compétitif quand il entend s’ouvrir aux échanges, des espaces devraient lui être offerts par les négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le fait qu’il y a ait un énorme déséquilibre financier causé par la situation des États-Unis semble compliquer la recherche d’une solution qui soit satisfaisante pour tous les pays.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/61/136)
Ce document, qui a été présenté par M. MANUEL F. MONTES, Chef de la Section de l’analyse et de l’élaboration des politiques du Département des affaires économiques et sociales, complète les rapports du Secrétaire général sur le suivi et la mise en œuvre des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement -Conférence de Monterrey- ainsi que ceux sur la crise de la dette et le développement. Le rapport analyse l’évolution récente des flux de capitaux internationaux publics et privés vers les pays en développement, la croissance des réserves de change et les efforts déployés pour renforcer le rôle joué par le système financier international dans l’appui à la stabilité financière.
Dans l’introduction du rapport, le Secrétaire général attire l’attention de la communauté internationale sur le fait qu’en 2005, les pays en développement ont continué d’accroître leurs transferts extérieurs nets de ressources financières vers les pays développés, atteignant environ 527 milliards de dollars. Les transferts nets des pays en transition vers les pays développés ont augmenté, atteignant 80 milliards de dollars. Cette évolution des transferts ne correspond pas aux attentes de l’après-guerre, à savoir que la croissance des populations et la pénurie relative de capitaux dans les pays en développement attireraient des ressources financières en provenance des pays riches, relève Kofi Annan, en constatant qu’au lieu de cela, ce sont les transferts nets des pays en développement et en transition vers les pays riches qui ont augmenté de manière spectaculaire.
Parlant de la constitution des réserves de change, le Secrétaire général rappelle qu’il n’existe pas de définition universellement acceptée du montant qu’elles doivent atteindre dans un pays donné. En vertu de l’article XII du GATT, il incombe au Fonds monétaire international (FMI) de déterminer à quel moment les réserves d’un pays sont tombées à un niveau justifiant la mise en place de restrictions de change ou de restrictions commerciales prévues aux articles XV et XVIIIB, mais le FMI n’a jamais reçu pour mandat de déterminer à quel moment les réserves sont « excessives », souligne Kofi Annan.
L’intégration croissante des pays en développement dans les marchés de capitaux internationaux a débouché sur une modification sensible des facteurs utilisés pour évaluer le niveau approprié des réserves internationales. Mais en l’absence d’une « assurance collective » sous la forme de prêts au titre de la balance des paiements qui soient suffisants pour faire face à de brusques mouvements de flux de capitaux ou de recettes d’exportation, la volatilité des capitaux et des marchés des produits de base justifie la constitution de réserves plus importantes durant les périodes d’abondance qui serviront d’auto-assurance contre les crises. Dans le système de Bretton Woods, on considérait comme suffisantes des réserves équivalant à la valeur de trois à quatre mois d’importation.
Tirant des conclusions sur les politiques menées par les pays et par les institutions financières internationales, le Secrétaire général indique que la surveillance multilatérale et le processus associé de coordination et de coopération sur les politiques économiques demeurent au centre des efforts de prévention des crises financières. Avec les progrès de l’intégration financière, l’objet même de la surveillance est de plus en plus la stabilité de l’ensemble du système. L’accord récent visant à renforcer la surveillance exercée par le FMI en obtenant le concours de pays importants pour le système financier et, le cas échéant, d’entités formées par des groupes de pays dans les consultations multilatérales sur les problèmes revêtant une importance systémique ou régionale, est une évolution tout à fait bienvenue. Ces consultations devraient servir de cadre à un débat multilatéral et devenir un moyen important de lancer une action commune, recommande le Secrétaire général.
Cependant, le succès du débat multilatéral dépendra de la participation de tous les pays, qui doivent donc avoir les moyens de se faire entendre. Il est donc particulièrement important de continuer à examiner la structure des organes directeurs des institutions financières internationales afin que l’on parvienne rapidement à des décisions sur une réforme complète et sur un calendrier précis, déclare le Secrétaire général. La communauté internationale doit continuer à aider les pays à faible revenu à traiter des aspects macroéconomiques du problème du développement, et notamment à préserver la stabilité de leur endettement. À ce sujet, le Secrétaire général estime qu’il est de plus en plus important d’offrir des conseils sur les politiques macroéconomiques à suivre et une assistance technique.
Il faut également surveiller la viabilité de l’endettement, afin d’éviter un nouvel alourdissement de la dette alors qu’elle vient d’être réduite par des initiatives récentes de réduction, recommande le Secrétaire général. Du fait de la multiplication des initiatives internationales, régionales et nationales, de nombreux pays en développement se trouvent devant de nombreux objectifs de réformes alors que leur capacité financière et leur capacité d’exécution sont limitées. Il faut donc établir un ordre de priorité entre les actions à entreprendre pour renforcer le système financier de chaque pays, recommande encore Kofi Annan.
Rapport du Secrétaire général sur l’évolution récente de la dette extérieure (A/61/152)
Ce rapport, qui a été présenté par Mme ANH-NGA TRAN-NGUYEN, Chef de la Section de la dette et du financement du développement à la Division des stratégies de la mondialisation et du développement, contient des analyses de la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale. Il parle aussi de la problématique du financement de la dette des pays à faible revenu. Les conclusions du rapport évoquent les problèmes liés à l’endettement privé et au financement du développement dans ces pays.
Dans la première partie du document, le Secrétaire général note que l’endettement extérieur des pays en développement aura atteint en 2005, 2 800 milliards de dollars, soit une augmentation de 1,6% par rapport à 2004. Le ralentissement sensible de l’endettement extérieur de ces pays est dû principalement à la diminution de l’encours de la dette de l’Amérique latine et des Caraïbes qui ont renégocié leur dette. Les pays de l’Afrique subsaharienne ont également réduit l’encours de leur dette, principalement grâce à l’application de l’Initiative PPTE, relève Kofi Annan.
Toutefois, la réduction de l’endettement extérieur a été compensée par une augmentation de la dette intérieure dans toutes les régions du monde qui a régulièrement augmenté au fil des 10 dernières années avec le développement des marchés financiers intérieurs dans les pays en développement. Parlant de l’allègement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE) le Secrétaire général indique qu’au cours du premier semestre de 2006, le Congo a atteint le point de décision et le Cameroun le point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Au cours de la période allant de 2004 à 2006, seul le Burundi, en août 2005, et le Congo, en 2006, en ont atteint le point de décision, ce qui reflète un ralentissement sensible des progrès accomplis par le reste des pays qui n’ont pas encore fait l’objet d’un examen au titre de l’Initiative.
À ce jour, seulement 19 pays, c'est-à-dire moins de la moitié de ceux qui sont admis à bénéficier de l’Initiative, ont atteint le point d’achèvement au titre de la mise en œuvre de l’Initiative renforcée en faveur des PPTE, et 10 pays pauvres, très endettés, sont à une étape intérimaire entre les points de décision et d’achèvement. Soucieux de résoudre enfin le problème de la dette des pays les plus pauvres, le G-8 a annoncé, en juillet 2005, la mise en place de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM), qui annule la totalité de la dette due au FMI, à l’IDA et au Fonds africain de développement (FAD) par ceux de ces pays qui ont passé avec succès l’Initiative PPTE. On espère que l’IADM permettra de réduire le ratio dette/exportations, qui est d’environ 140% après l’allègement au titre de l’Initiative PPTE, à environ 52%.
Toutefois, 10 ans après le lancement de l’Initiative PPTE, on peut affirmer qu’elle n’a pas réussi à atteindre tous ses objectifs. Les pays souhaitant en bénéficier ont été en butte avec des procédures lourdes et complexes qui ont pesé davantage sur des institutions déjà fragiles. La communauté internationale tenant à éviter de retomber dans un cycle coûteux d’allègement de dettes, la Banque mondiale et le FMI ont élaboré un cadre général définissant des règles prudentielles de prêt et d’emprunt fondées sur la notion de « capacités à payer ». Ce nouveau cadre identifie un certain nombre de seuils en fonction de la capacité des institutions et de la qualité des politiques, tels que mesurés par l’outil dénommé « Evaluation de la politique et des institutions nationales » (CPIA) composée de 20 indicateurs groupés en quatre catégories à savoir la gestion de l’économie, les politiques structurelles et les politiques d’inclusion sociale, la gestion du secteur public et le fonctionnement des institutions.
Conçues pour encourager les pays à renforcer leur gouvernance et leurs institutions afin d’avoir plus largement accès aux financements dont ils ont besoin pour leur développement, ces CPIA prennent une importance croissante alors que la « bonne gouvernance » est devenue le dernier thème à la mode en économie du développement. Or, il est extrêmement difficile de mesurer la bonne gouvernance et les institutions d’un pays car, estime le Secrétaire général, c’est une question subjective qui fait intervenir des concepts qui ne sont pas forcément familiers dans toutes les cultures.
Le Secrétaire général prévient que l’amélioration de la situation des pays pauvres très endettés en matière de dette extérieure ne doit pas conduire à un relâchement des efforts. Les banques centrales des principaux pays développés ont manifesté leur intention de poursuivre les relèvements de taux d’intérêt pour faire face aux tensions inflationnistes dues à la persistance des prix élevés du pétrole. D’autre part, les déséquilibres courants entre principaux partenaires commerciaux ont atteint des niveaux dangereusement élevés et un règlement non coordonné de ces déséquilibres pourrait menacer la croissance de l’économie mondiale et, par contrecoup, donner lieu à une nouvelle crise de la dette.
Dans l’immédiat, avertit le Secrétaire général, la principale préoccupation est le risque d’une brusque sortie des capitaux investis dans les marchés émergents. La place croissante des mouvements de capitaux privés dans le système financier international pose un certain nombre de défis. Les gouvernements doivent être conscients du fait que ces mouvements suivent les cycles économiques et présentent une grande volatilité. Ils doivent donc adopter des mesures prudentielles. Il faut d’autre part garder à l’esprit que la nouvelle architecture financière internationale fait une place plus large aux agences de notation qui jouent un rôle clef dans l’accès des pays aux marchés internationaux. De ce fait, elles doivent faire preuve de plus de transparence.
Compte tenu de l’importance du financement obligataire, il importe également d’étudier l’adoption de mécanismes appropriés qui permettraient de réaliser des restructurations de la dette dans de bonnes conditions. En dépit de l’amélioration constatée, beaucoup de pays restent lourdement endettés. Des approches novatrices pourraient donc être introduites afin de permettre des conversions de dettes plus importantes. Malgré la bouffée d’air qu’ils donnent aux pays endettés, les allègements de dette ne répondent pas à la question du financement du développement des pays à faible revenu. On pourrait envisager un juste équilibre entre dons et prêts, en faisant varier la part des dons en fonction de la rentabilité potentielle des projets à financer.
Rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) relatif aux tendances et aux perspectives mondiales concernant les produits de base (A/61/202)
Dans ce document, la CNUCED souligne que depuis 2003, les cours internationaux des produits de base se sont nettement redressés. Les facteurs explicatifs de cette hausse des cours varient d’un produit à l’autre, mais on retrouve à chaque fois la forte croissance économique que connaît la Chine, les bonnes perspectives économiques de l’Inde et des États-Unis, la reprise économique qui s’est produite au Japon et en Europe, et les entrées spéculatives de fonds sur les marchés des métaux et de l’énergie.
Le commerce Sud-Sud représente un élément particulièrement dynamique du commerce mondial des produits de base, en raison surtout du fort taux de croissance des pays en développement où la consommation de produits de base par habitant est en forte augmentation. Ce nouveau dynamisme devrait être mis à profit pour soutenir le développement et réduire la pauvreté, recommandent les auteurs du rapport. La suspension du Cycle de négociations de Doha de l’OMC signifie que l’amélioration espérée du fonctionnement des marchés mondiaux des produits agricoles et les mesures de soutien en faveur des pays en développement, notamment le mécanisme d’aide au commerce, risquent de ne pas se concrétiser à court terme, relève le rapport.
En conséquence, le développement des secteurs des produits de base restera fondamentalement déterminé par les politiques propres à chaque produit, aux plans international, régional et national. Le mécanisme d’aide au commerce devrait être considéré indépendamment des aléas du Cycle de Doha et pas comme un simple moyen d’aider les pays à s’adapter à la libéralisation du commerce, estime la CNUCED. Ce mécanisme, recommandent-ils, devrait soutenir l’amélioration de la capacité commerciale et, compte tenu des besoins des pays les moins avancés (PMA) et d’autres pays à économie vulnérable, être fortement axé sur les produits de base.
Ces dernières années, les échanges entre pays en développement ont donné l’essentiel de l’élan aux marchés des produits de base. La demande croissante de l’Asie a en partie favorisé l’expansion des échanges Sud-Sud, ainsi que la hausse soutenue des prix des produits de base. Les pays en développement devront évaluer la manière dont le commerce des produits de base peut davantage contribuer à une croissance et à un développement général qui profitent à tous. Cela supposera sans doute l’élimination des obstacles aux échanges.
Dans les conclusions, la CNUCED relève qu’actuellement, l’assistance technique à l’appui de l’élaboration des politiques et du renforcement des capacités revêt une importance croissante. Mais l’Équipe spéciale internationale sur les produits de base créée à la onzième session de la CNUCED n’est malheureusement pas encore opérationnelle, car l’appui financier des États Membres fait défaut.
Commentant ce rapport, M. MEHMET ARDA, Chef de la Section des produits de base à la Division chargée du commerce des biens et des services à la CNUCED, a souligné que malgré la bonne tenue de certains produits de base, dont les cours sont à la hausse depuis 2003 après avoir connu une baisse continue de 1997 à 2003, le niveau de ces cours de certains produits reste trop inconstant et fluctuant. L’offre ne suit pas toujours la demande, en ce qui concerne certaines matières premières. À ce déséquilibre, on a vu s’ajouter des tendances artificielles et purement spéculatives qui sont la vraie cause de la montée des cours de certains produits, notamment dans le domaine énergétique. Si d’un coté les pays en développement exportateurs de certains produits agricoles ont vu leurs recettes augmenter, de l’autre, ils ont aussi dû faire face à la hausse des prix de l’énergie. Les pays exportateurs de pétrole n’ont pas toujours été gagnants car les entreprises chargées de l’exploitation de leurs ressources sont généralement des multinationales étrangères. Ayant souvent bénéficié de conditions préférentielles d’investissement, la plupart d’entre elles n’ont pas reversé aux pays les royalties qui leur aurait permis de retenir localement, à des fins d’investissements nationaux, le fruit de la hausse des prix de l’énergie.
La majorité des bénéfices réalisés a, en effet, été rapatriée dans les pays d’origine des multinationales, comme le prévoyaient les codes d’investissement étranger adoptés il y a une décennie. La plupart de ces codes d’investissement stipulaient que tant que les entreprises étrangères ne récupéraient pas leur investissement initial, elles ne reverseraient pas au pays d’accueil de royaltie liée à l’évolution du marché. La plupart des compagnies ont donc déclaré que la hausse des cours de l’énergie leur avait seulement permis de rentrer dans leurs investissements initiaux.
Échange interactif
Répondant à une question du représentant du Nigéria, M. Arda a expliqué que la montée des cours du pétrole affecte la compétitivité des pays en augmentant le coût des transports. Les pays sans littoral sont les plus affectés par le phénomène. Du fait du coût onéreux des transports, leurs exportations de produits de base perdent de leur compétitivité, a indiqué M. Arda en prenant l’exemple du coton burkinabé ou tchadien. Faisant déjà face aux productions occidentales subventionnées, le coton de ces pays pâtit lourdement de la cherté des transports. Par contre, les pays exportateurs de produits naturels entrant dans la fabrication de biocarburant vont voir leurs bénéfices augmenter, a noté le représentant de la CNUCED. Les exportateurs de sucre ont ainsi fait de bonnes recettes ces dernières années avec la montée des cours du sucre, ce produit entrant dans la fabrication des biocarburants que l’on emploie de plus en plus pour compenser la hausse des prix du pétrole ou réduire les niveaux de pollution. Concernant toujours les exportations de matières premières, le développement accéléré de la Chine et de l’Inde, qui construisent à tour de bras d’importantes infrastructures, joue un rôle positif sur le commerce des matières premières. Ces deux pays entretiennent, en effet, une importante demande en matériaux de construction, dont le bois et la pierre.
À la proposition d’augmenter les liquidités dans l’économie internationale, M. MONTES, Chef du Service de l’analyse et de l’élaboration des politiques du Département des affaires économiques et sociales a répondu qu’il n’y a actuellement pas de pression pour augmenter les liquidités. La question demeure de savoir si le FMI a suffisamment de ressources pour faire face à une crise, a-t-il ajouté, précisant qu’il importe également de se poser la question sur les moyens d’allouer les ressources du Fonds.
Déclaration liminaireM. ANWARUL K. CHOWDHURY, Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PIED) et les États en développement sans littoral, s’est montré satisfait du Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale qui a porté sur l’examen du Programme d’action de Bruxelles. Il s’est réjoui de l’adoption d’une résolution réitérant l’engagement de la communauté internationale face aux besoins particuliers des PMA. Il en a profité pour rappeler que ces pays doivent recevoir un soutien plus important de la part de la communauté internationale et que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne pourront y être réalisés qu’avec la mise en application effective des engagements pris dans le cadre du Programme de Bruxelles.
Faisant référence aux rapports présentés précédemment, il a estimé que l’assistance en matière de politique macroéconomique devrait mettre davantage l’accent sur les besoins des pays les plus démunis. S’agissant de la prévention des crises, il a préconisé que la communauté internationale accorde également davantage d’attention aux besoins spécifiques des PMA, rappelant, à cet égard, que le nombre croissant des initiatives noient ces pays qui n’ont qu’une capacité très limitée à s’adapter aux réformes.
Le Haut Représentant a souligné qu’il y a eu des progrès dans l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) et de l’aide non assortie de conditions pour les PMA. Il ne faut pas oublier qu’une des questions majeures reste la faiblesse de ressources des PMA pour financer leur développement, a-t-il insisté, et cela exige une solution. Il a ainsi rappelé que cette solution pourrait être réalisée par une augmentation de l’APD à 0,20% du PIB des pays donateurs. La prévisibilité de l’aide est essentielle pour que l’APD parvienne à ses objectifs, a-t-il ajouté.
Les PMA étant surtout dépendants des matières premières, il a rappelé qu’un accord sur les produits agricoles qui tienne compte de la vulnérabilité de ces pays s’avère urgent. La suspension des négociations du Cycle de Doha fait craindre que les améliorations dans le fonctionnement des marchés mondiaux des produits agricoles et les mesures de soutien aux PMA ne se matérialisent pas dans un avenir proche, a-t-il regretté. Il a fait observer que le secteur des matières premières dépendra surtout de politiques spécifiques menées au niveau national, régional et international et a estimé que ces politiques devraient être favorables aux producteurs des PMA.
Débat général
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud), a, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, demandé un changement rapide dans la manière dont sont prises les décisions et conçues les politiques au FMI et à la Banque mondiale. Les pays en développement veulent pouvoir faire prévaloir leur droit à la parole et exigent une plus grande transparence dans les processus de prise de décisions. Les conditionnalités qui accompagnent les programmes d’ajustement économiques, a poursuivi le représentant, ont porté atteinte à l’appropriation des politiques qu’on demande aux pays en développement de mettre en œuvre sur les plans économiques, sociaux et financiers. Le Groupe des 77 et la Chine demandent donc qu’une plus grande marge de manœuvre leur soit accordée dans la conception de leurs politiques qui doivent, pour être efficaces, correspondre aux réalités nationales. Nous apprécions, a reconnu le représentant, l’accord conclu dernièrement sur le renforcement des mécanismes de surveillance du FMI. Toutefois, a-t-il tempéré, beaucoup d’efforts restent à faire pour mettre en place les conditions qui permettraient de stabiliser le cadre financier et le système financier international. Il est urgent de réduire la volatilité des flux de capitaux à court terme et d’améliorer la transparence des transferts de capitaux et des informations y afférentes, a précisé le représentant.
Concernant la question de la dette, il s’est félicité des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Initiative PPTE. Il s’est particulièrement dit satisfait que la Banque mondiale, le FMI et la Banque africaine de développement (BAD) aient commencé à accorder aux pays africains, éligibles à l’Initiative, des réductions appréciables de leur dette multilatérale. Cependant, il a indiqué que le Groupe des 77 et la Chine aimeraient voir l’annulation totale de la dette des pays pauvres dont le service de la dette est clairement insoutenable. Les crédits de développement accordés à ces pays devraient, d’autre part, prendre la forme de dons, a voulu le représentant. Il est aussi important, a-t-il poursuivi, d’accorder au secteur des produits de base et des matières premières toute l’attention requise. La plupart des pays en développement sont extrêmement dépendants de leurs exportations de produits de base, a-t-il insisté, en regrettant l’absence d’ouverture des marchés au Nord qui pénalise lourdement le secteur agricole des pays du Sud et qui réduit à néant les efforts de diversification de la production.
Se voulant précis, le représentant a dénoncé les tarifs douaniers prohibitifs, les crêtes tarifaires et la multiplication des barrières non tarifaires. Il a noté, avec inquiétude, l’accent mis par le Secrétaire général sur le commerce Sud-Sud des produits de base au lieu de le mettre sur le manque d’ouverture des marchés du Nord aux produits agricoles du Sud. Le représentant a enfin regretté que le Groupe de travail sur les produits de base, créé lors de CNUCED XI, soit sevré des ressources financières qu’on lui avait pourtant promises à Sao Paulo. Les Objectifs du Millénaire ne seront pas atteints en 2015 si les États ne respectent pas les engagements pris en termes de coopération et de partenariat pour le développement, a-t-il prévenu.
M. JARL-HAKAN ROSENGREN (Finlande), au nom de l’Union européenne, a réitéré la validité des principes établis par le Consensus de Monterrey et rappelé que chaque pays est responsable de son propre développement Ces efforts nationaux doivent être soutenus par la communauté internationale, a-t-il néanmoins reconnu. Il a fait observer que, dans le système économique actuel, les défis de développement ne peuvent être relevés par les gouvernements, le secteur privé et la société civile qu’avec une vision stratégique forte. Promouvoir la croissance économique à partir du dynamisme induit par le secteur privé est essentiel mais pas suffisant, a-t-il aussi reconnu. Il a souligné que la durabilité de la croissance économique dépend de la prévention d’un environnement stable. Les bénéfices d’une telle croissance ne pourront être répercutés à l’ensemble de la population que si les défis des inégalités extrêmes, des écarts de revenus et de l’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi sont relevés. L’égalité et la cohésion sociale sont des éléments essentiels pour la prospérité à long terme, a-t-il insisté. Il a réaffirmé la volonté de l’Union européenne de renforcer les mécanismes et les partenariats pour appuyer une bonne gouvernance sur le plan national et international. Une bonne gouvernance n’inclut pas uniquement la lutte contre la corruption mais également le respect des droits de l’homme, l’adhésion aux principes démocratiques et l’état de droit, tout comme une gestion économique, financière, social et environnementale saine.
Dans le domaine de l’aide, a rappelé le représentant, l’Union européenne a adopté un calendrier visant à atteindre le taux de 0,7% du PIB en 2015, avec un taux intermédiaire de 0,56% pour 2010. Il a précisé que l’Union européenne accorde une importance particulière à la qualité de l’aide et a illustré son propos en faisant référence au « Consensus européen pour le développement » qui établit les principes d’une meilleure cohérence et efficacité de l’aide grâce à l’amélioration de la coordination, de l’harmonisation et de la complémentarité. Il a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne au programme de Doha et a regretté la suspension des négociations. Il a ajouté que l’Union européenne reste résolue à prôner l’ouverture des marchés, la libéralisation progressive du commerce et le renforcement des règles multilatérales. Les membres de l’OMC, a-t-il appelé, doivent être prêts à recommencer les négociations sur cette base, dès que les circonstances le permettront. L’Union européenne, a affirmé le représentant, attachée à un résultat qui comprendrait de vraies coupes dans les tarifs, des baisses effectives dans les subventions et des flux commerciaux réels, bénéficiant à tous les membres de l’OMC.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), s’est dit encouragé par l’augmentation du montant de l’APD. Cette somme, a-t-il néanmoins souligné, représente 0,34% du PIB du monde industrialisé et reste donc en deçà des 0,7% promis, il y a environ 30 ans. L’ANASE, a-t-il dit, estime que tous les progrès accomplis en matière d’APD ne serviront pas à grand chose sans une véritable réforme du système financier international. Le représentant a donc soutenu les premières mesures prises par le FMI et la Banque mondiale, en arguant que la modification des quotas de vote au sein des organes dirigeants en vue de refléter les changements intervenus dans le monde est un premier pas appréciable. Mais, a-t-il nuancé, nous attendons que les pays développés s’engagent dans la seconde phase de la réforme.
Parlant ensuite de la situation des pays de l’ANASE, il a indiqué qu’ils ont continué à attirer un niveau appréciable d’investissements étrangers directs (IED). L’an dernier, la région a reçu 38 milliards de dollars d’IED. Entre 1995 et 2004, l’ANASE a reçu 241 milliards de dollars d’IED, a-t-il rappelé, avant d’indiquer que la région a réalisé, à la fin de l’année 2004, des échanges commerciaux d’une valeur de 3 000 milliards de dollars, ce qui la place parmi les principaux blocs commerciaux du monde.
M. GEORGE TALBOT (Guyana), au nom du Groupe de Rio, a fait observer que les efforts des membres du Groupe de Rio pour atteindre une croissance économique, éliminer la faim et la pauvreté, réaliser un développement qui soit durable et satisfaire les besoins de base de leurs populations, ont été sapés par des crises financières internationales récurrentes. Rappelant les besoins en matière de ressources financières pour le développement, et plus particulièrement d’IED que connaît la région d’Amérique latine et des Caraïbes, il s’est montré résolument en faveur de toutes les mesures qui pourraient mener à la création d’un système financier international stable. Il a, à cet égard, regretté qu’en dépit d’une croissance de l’IED, résultant des activités de fusion et d’acquisitions transfrontières, les investissements « Greenfield » se soient affaiblis.
S’il s’est réjoui de l’augmentation ad hoc des quotas de la Chine, de la Corée, du Mexique et de la Turquie au sein du FMI, il a souligné que les réformes actuelles ne répondent pas de façon adéquate à la question de la sous-représentation des pays en développement. Il a préconisé que le processus de réformes pour une architecture financière internationale stable et renforcée repose sur une participation élargie et renforcée des pays en développement à la prise de décision et au processus de définition des normes économiques. Il a enfin attiré l’attention sur le fardeau de la dette, soulignant que l’amélioration de la situation des pays en développement en la matière masque, en réalité, le problème de la dette d’un certain nombre de pays qui sont aux prises avec des taux de remboursement très élevés.
Mme MARGARET HUGHES FERRARI (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a déclaré, au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que l’avancée de la mondialisation a rendu les économies de la CARICOM très sensibles aux transactions financières. Comme les autres petites économies vulnérables, celles de la CARICOM sont extrêmement vulnérables à la circulation des capitaux. La baisse des flux d’IED et d’APD, qu’elles recevaient auparavant, pose un danger existentiel aux pays de la CARICOM, a dit la représentante. En ce qui concerne la question de la dette, a-t-elle relevé, le rapport présenté par le Secrétaire général indique que les solutions apportées commencent à porter des fruits. Mais si les pays éligibles à l’Initiative PPTE ont pu en bénéficier, il n’en est pas de même de tous les pays qui auraient pourtant besoin d’une réduction substantielle de leur dette, a regretté Mme Hughes. Une attention particulière devrait être accordée à tous les PMA, aux pays sans littoral et aux petits États insulaires en développement, a-t-elle plaidé. La communauté internationale devrait, d’autre part, faire un effort pour trouver une solution aux problèmes que rencontrent les pays à revenu intermédiaire. Leurs problèmes ne sont pas différents des pays pauvres très endettés, a-t-elle estimé.
M. ALEXANDER V. ANANIEV (Fédération de Russie) a fait observer que la dynamique positive des indicateurs d’endettement extérieur des pays en développement donne des raisons d’être optimiste. Il a expliqué que cette situation a été favorisée par une conjonction de facteurs internes et externes et que la croissance de l’économie globale a eu des bénéfices sur les exportations et les réserves de devises étrangères dans les pays en développement. Mais il a avoué partager les préoccupations du Secrétaire général sur l’incertitude et les risques qui persistent. Les déséquilibres ont atteint un niveau dangereux, a-t-il estimé. Il a attiré l’attention sur les risques d’une solution non coordonnée et désorganisée de ces déséquilibres qui pourrait menacer la croissance économique globale et avoir des effets désastreux sur le volume des exportations et le revenu des pays en développement. Cela pourrait même, a-t-il averti, déclencher une nouvelle crise de l’endettement.
Le représentant a attiré l’attention sur la contribution de son pays dans la solution aux problèmes d’endettement. Il a souligné que la Fédération de Russie a contribué à la stabilisation du système financier international par le remboursement de sa dette extérieure au FMI et au Club de Paris, et par l’aide qu’elle a apportée aux pays les plus pauvres. Cette aide est substantielle, a-t-il indiqué en affirmant que la contribution russe, à l’Initiative PPTE, figure parmi les plus importantes. En matière d’annulation de la dette, mon pays occupe la troisième place après le Japon et la France, a-t-il aussi affirmé. Le représentant a enfin souligné que la Russie s’est efforcée de donner un nouvel élan à l’annulation de la dette des pays africains, en annulant un montant total de 2,2 milliards de dollars.
M. ABDELLAH BENAMELLOUK (Maroc) a réitéré l’attachement de son pays à une bonne mise en œuvre de l’Initiative PPTE et a souhaité que tous les moyens soient mobilisés pour permettre à un plus grand nombre de pays à revenu faible et lourdement endettés d’être éligibles et d’en tirer tous les bénéfices. Il a également salué les réductions de dette effectuées à travers l’Initiative IADM. Il a insisté sur le fait que le cadre de soutenabilité de la dette développé par la Banque mondiale et le FMI au profit des pays à revenu faible, devrait être suffisamment flexible et adapté aux spécificités de chaque pays.
Il a appelé les donateurs à octroyer davantage de dons et de prêts hautement concessionnels au profit de cette catégorie de pays afin de leur permettre de financer les projets de développement, sans aggraver leurs indicateurs de la dette. Pour pouvoir atteindre, d’ici à 2015, les OMD sans avoir à faire face à des problèmes de service de la dette, a poursuivi le représentant, la plupart des pays qui bénéficient de l’Initiative PPTE auront besoin de recevoir un financement sous forme de dons plus important.
M. BENFREHA NOR-EDDINE (Algérie) a déclaré que l’Assemblée générale devrait reconnaître la nécessité de résoudre rapidement la question de la dette. Le respect des niveaux agréés d’APD permettrait, d’autre part, aux pays les plus fragiles de bénéficier des ressources dont ils ont besoin, a-t-il poursuivi, avant de se déclarer inquiet de l’accroissement des flux financiers Sud-Nord, dû au paiement des intérêts de la dette. Il serait souhaitable, a-t-il préconisé, que les pays en développement aient accès à des fonds spéciaux pour ne pas avoir à faire usage de leurs réserves financières pendant les périodes de crise financière. Tout en reconnaissant les efforts faits à Singapour, il a néanmoins jugé insuffisant le traitement de la seule question des quotas au sein des institutions de Bretton Woods. Si on veut impulser un véritable changement et une réforme de leur gouvernance, il faudra toucher aux missions de fond des deux institutions.
M. EUGENE LEONG (Singapour) a attiré l’attention sur le rôle du capital privé dans le développement économique et souligné, qu’il importe de réfléchir aux moyens de maximiser ses avantages et en atténuer les risques. La fuite de capitaux peut entraîner des dégâts économiques importants, a-t-il insisté, en rappelant l’importance qu’il y a à mener des efforts internationaux, notamment en matière de gouvernance, de surveillance multilatérale, de prévention des crises et de transparence. Le capital étranger appuyant la croissance économique, les pays doivent prendre des mesures pour les attirer. Ces principes ont été consacrés par le Consensus de Monterrey, a souligné le représentant en insistant sur la nécessité pour les pays d’adapter leurs stratégies à leur propre réalité. En tant qu’économie ouverte, a-t-il indiqué, Singapour n’a pas de système de contrôle des capitaux. Il gère ses taux de change dans le cadre d’un panier de devises pondéré. La participation du secteur privé permet, dans ce contexte, une diminution des coûts financiers et un partage des risques avec le gouvernement. Le représentant a conclu en saluant les membres du FMI pour avoir renforcé le droit de vote de certains pays et reconnu l’importance que les pays en développement aient plus de voix.
M. SIMON ADEKANYE (Nigéria) a reproché au FMI de ne jamais être aux cotés des pays quand ceux-ci ont besoin de financements pour éviter de sombrer dans une situation de crise. Le FMI se soucie plus de rendements dans les investissements que du partage des risques que prennent les pays, a accusé M. Adekanye en souhaitant que le Fonds réserve des capitaux auxquels les pays pourraient faire appel à des taux d’emprunts préférentiels. Le représentant a ensuite déclaré que les mesures de réforme initiées à Singapour étaient très insuffisantes. L’Afrique subsaharienne reste toujours exclue des mécanismes d’établissement des politiques et des centres de décision des institutions de Bretton Woods, a-t-il rappelé. Il est urgent, a-t-il estimé, de réparer cette injustice, les pays africains étant ceux dans les affaires desquels le FMI et la Banque mondiale interviennent le plus. Les pays africains devraient avoir le droit de leur demander des comptes quand leurs recettes ne fonctionnent pas ou quand elles empirent, comme c’est souvent le cas, les situations qu’elles étaient censées résoudre. Concernant la question de la dette, nous avons entendu beaucoup de déclarations stipulant que des progrès avaient été faits, a noté le représentant en relevant que personne n’a mentionné que le rapport du Secrétaire général indique aussi que le montant de la dette extérieure des pays en développement a augmenté de 1,6% au cours de la période à considérer. L’Initiative PPTE ne suffit pas à générer les ressources dont les pays qui y sont éligibles ont réellement besoin pour financer leur développement, a-t-il tranché.
M. YUAN YUAN (Chine) a fait observer que la sécurité et la stabilité financière sont des conditions essentielles à la croissance de l’économie mondiale. Depuis quelque temps, bien qu’aucune crise financière systémique ne se soit produite, les risques financiers n’ont pas baissé, a-t-il souligné, ajoutant que l’accroissement des déséquilibres dans la croissance mondiale, la fragilité des systèmes financiers des pays en développement et les changements dans le paysage économique posent de nouveaux défis. Il a préconisé que soit renforcé le dialogue et la coopération pour réformer le système financier international et notamment dans le domaine des mécanismes internationaux de prise de décision. Il s’est félicité de la récente mise à niveau des quotas du FMI et espéré que les pays fassent montre de davantage de volonté politique pour renforcer la voix et la représentation des pays en développement. Il a également souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la coopération en matière de renforcement des ressources humaines et des capacités dans le domaine financier. Les mécanismes de coordination financière internationale devraient être améliorés, a-t-il en outre préconisé, insistant notamment sur l’importance qu’il y a, à ce que les institutions financières internationales renforcent leur surveillance des politiques fiscales des pays dont les devises constituent la plus grande partie des réserves.
Le problème de la dette nuit au développement économique et social des pays en développement, a-t-il dit, à son tour, soulignant que ce problème a des causes politiques et historiques et qu’il est directement lié à un ordre économique injuste et irrationnel, au niveau international. Il a exhorté la communauté internationale à fournir, aux pays en développement, l’aide nécessaire pour les sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Il a également souhaité que les institutions internationales ne politisent pas les situations dont elles se saisissent et se concentrent sur la réduction de la pauvreté et le développement. Il a, en outre, préconisé qu’elles respectent les besoins spécifiques des pays en développement et proposent des moyens de développement adaptés aux conditions locales. Il faut éviter, a voulu le représentant, de copier les modèles des pays développés et de souligner, de manière simpliste, l’importance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. La réduction de la pauvreté, le développement et d’autres questions encore sont bien plus urgentes, a-t-il estimé.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que malgré les initiatives prises à ce jour, le poids de la dette extérieure des pays en développement s’alourdit. Les efforts faits jusqu'à maintenant n’ont donné aucun résultat satisfaisant. Beaucoup de pays éligibles à l’Initiative PPTE ont des dettes insoutenables et le Groupe d’évaluation de cette Initiative a conclu que la réduction de la dette ne pourra, à elle seule, assurer une dette viable aux pays affectés. L’actuel système monétaire international est inéquitable et inefficace, a encore dénoncé le représentant. Les réserves monétaires des pays en développement s’élèvent à 3,36 trillions de dollars, ce qui représente 71% du total des réserves financières mondiales. Mais alors que les règles du FMI bloquent ces fonds, les pays en développement sont obligés d’emprunter à des taux très élevés pour financer leurs propres efforts de développement. Nous devons mettre fin à cette aberration, a tranché le représentant. Un nouveau système doit permettre aux PMA d’emprunter à 0% d’intérêt, en se servant de leurs réserves monétaires comme garantie d’emprunt, a-t-il prescrit. Les pays en développement restent extrêmement sous-représentés dans les organes de décision des institutions de Bretton Woods, a-t-il dénoncé en appelant à une réforme qui leur donne les voix qui leur reviennent de droit. Au sein de ces institutions, il serait indispensable de revoir la répartition des rôles, des postes et des fonctions, afin de rendre leur travail plus juste et plus crédible, a encore préconisé le représentant.
M. C. K. CHANDRAPPAN (Inde) a souligné que malgré les perspectives de croissance mondiale pour 2006, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. Il a prévenu notamment que les risques de pression inflationniste, la hausse et la volatilité du prix du pétrole et les déséquilibres continuent de persister. La suspension du Cycle de Doha est une autre source de préoccupation, a-t-il ajouté. À la base des déséquilibres actuels, le représentant a décelé des problèmes structurels fondamentaux. L’absence de solutions menace la stabilité financière et le bien-être économique de tous les pays. Le représentant a donc souhaité que soit renforcée la participation des pays en développement dans les institutions de Bretton Woods, estimant notamment que des réformes fondamentales dans la répartition des quotas au sein du FMI s’avèrent indispensables à sa crédibilité et son efficacité.
Il a insisté sur le fait que la bonne gouvernance, au niveau international, est un moyen de réaliser les objectifs importants de développement. Il a néanmoins mis en garde contre une approche séquentielle consistant à faire de la gouvernance, au niveau national, une condition préalable au développement. Il serait, par ailleurs, logique, a encore dit le représentant, que les Nations Unies fournissent les directives d’une réforme complète du système financier, monétaire et commercial et fassent la promotion de la mise en œuvre de l’Agenda du développement. Le Conseil économique et social (ECOSOC) dispose d’un tel mandat mais pas du pouvoir qu’il faut, a-t-il fait observer, en préconisant le renforcement de cette instance et en souhaitant notamment qu’il évalue régulièrement les activités des institutions financières, monétaires et commerciales internationales.
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a centré son intervention sur la question des produits de base, en déclarant que la plupart des pays qui en dépendent ne sont toujours en mesure de profiter d’une ouverture des marchés. Le soutien au renforcement des capacités de production et d’approvisionnement, dans le secteur des produits de base et des matières premières, devrait donc devenir une partie essentielle de l’assistance technique fournie à ces pays. Cette assistance doit comprendre une aide de haut niveau pour concevoir et appliquer des stratégies, des politiques et des mesures pouvant contribuer à promouvoir un développement basé sur le commerce des produits de base et sur la diversification de la production. La recherche et le développement des capacités, au niveau national, doivent être soutenus par la communauté internationale. Le lien entre le développement du secteur des produits de base et la pauvreté doit clairement être pris en compte, de manière à ce que les questions liées aux produits de base deviennent une composante incontournable des efforts de lutte contre la pauvreté, a dit la représentante mongole.
M. WELLINGTON GODO (Kenya) a regretté que depuis le Consensus de Monterrey très peu ait été fait en matière de respect des engagements pris vis-à-vis des pays en développement, notamment en ce qui concerne l’APD, les IED et la dette extérieure. Les pays en développement sont actuellement encore aux prises avec des problèmes d’extrême pauvreté et de sous-développement, a-t-il fait remarquer. Il a recommandé que la communauté internationale examine ces questions dans le cadre des OMD, c’est-à-dire en tenant compte de la date butoir de 2015. Le fardeau de la dette, a-t-il poursuivi, a des effets négatifs sur les pays en développement et sur leurs aspirations à atteindre un développement réel. Il a fait observer que des ressources destinées, à la base au financement des infrastructures et aux dépenses de santé ou d’éducation, ont dû être réaffectées au paiement du service de la dette. Ce scénario va à l’encontre de nos efforts pour réaliser les OMD, a-t-il précisé. Il a réaffirmé le besoin urgent de trouver une solution durable et honnête à cette situation et a souhaité qu’elle règle non seulement le problème de la dette extérieure, mais également celui lié à la dette totale des pays en développement.
M. TENS C. KAPOMA (Zambie) a regretté que, six ans après l’adoption de la Déclaration du Millénaire, l’écart entre riches et pauvres ne fasse que se creuser. Il a ensuite déclaré que son pays applaudit les trop rares pays développés qui ont tenu leur promesse de verser 0,7% de leur PNB à l’APD et il a exhorté les autres à déployer des efforts similaires. La Zambie, a-t-il affirmé, a fait beaucoup d’efforts depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles et sa population connaît, en ce moment, des conditions de vie légèrement meilleures qu’il y a cinq ans. Le représentant a donc appelé la communauté internationale à aider les pays pauvres à maintenir des taux de croissance élevés. Il a prévenu que le taux de 5% de croissance que son pays connaît depuis quelques années n’a pas suffi à réduire, de manière visible, la pauvreté dans toutes les régions. La pauvreté continue de frapper, de manière disproportionnée, les populations rurales, en particulier les femmes.
Mme NADIA OSMAN (Soudan) a fait observer que la dette extérieure constitue une entrave au développement économique et social des pays en développement, et plus particulièrement des PMA. Dans le cas de ces PMA, le fardeau de la dette perpétue le cercle vicieux de la pauvreté et de la dépendance à l’aide et empêche la réalisation des plans et stratégies nationaux de développement, a-t-elle souligné. Elle a expliqué que son pays est accablé par une dette de 27,7 milliards de dollars. Les estimations indiquent, qu’en termes réels, la dette s’élève à environ 690% en moyenne des exportations de biens et services sur une période de trois ans. La représentante a également ajouté qu’en 2005, la dette de son pays s’élevait à 87,7% du revenu intérieur brut, ce qui l’a rendu extrêmement insoutenable. Cette situation mine les efforts de reconstruction et de réhabilitation du gouvernement, de même qu’elle entrave la réalisation des OMD, a-t-elle prévenu. Elle a rappelé que son pays a mis en place toute une série de réformes économiques, sociales et politiques, en œuvrant notamment à la libéralisation du commerce. En dépit de ces politiques et au moment même où il déploie des efforts de paix et d’élimination de la pauvreté, le Soudan n’a bénéficié d’aucune initiative d’annulation de la dette, a dénoncé la représentante, en exhortant la communauté internationale à accélérer ses efforts pour annuler la dette de son pays, conformément aux engagements qu’elle a pris pour soutenir le retour de la paix. En aucun cas, a-t-elle dit, la communauté internationale ne doit assortir cette annulation de conditionnalités.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a avoué que les conditionnalités qu’imposent les institutions de Bretton Woods à leurs débiteurs inquiètent fortement son pays. Les nouvelles directives adoptées par le FMI en 2002 ont, dans une certaine mesure, levé certaines de ces conditionnalités, a-t-il reconnu. Mais dans le même temps, a-t-il dénoncé, les mesures draconiennes qui ont été ajoutées à celles qui existaient déjà du coté de la Banque mondiale n’ont rien arrangé. Le Myanmar demande aux pays riches de tenir les engagements qu’ils ont pris en matière d’APD. Les pays les plus fragiles ont besoin de cette aide pour avoir une chance de réaliser les OMD. La suspension du Cycle de Doha est très décevante, a poursuivi le représentant, en estimant que les espoirs que plaçaient les pays du Sud de voir s’ouvrir les marchés mondiaux à leurs produits de base, notamment agricoles, sont en train de s’évanouir. Face aux difficultés du Cycle de Doha, il faudra, plus que jamais, veiller à assurer des cours acceptables aux produits de base des pays en développement.
M. SAKIAS TAMEO (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a rappelé l’importance qu’il y a à créer une architecture financière internationale stable et transparente qui puisse contribuer à la croissance économique et au développement durable des pays en développement. Il s’est montré préoccupé par l’absence de progrès enregistrés dans la réforme de l’architecture financière internationale, en particulier pour ce qui est de la participation des pays en développement dans les processus de prise de décisions, que ce soit dans les institutions de Bretton Woods ou dans d’autres institutions économiques et financières.
Il a également attiré l’attention sur le fardeau de la dette, en particulier pour son pays. Il a souligné que les rares ressources dont son pays dispose sont utilisées pour le paiement de la dette et que cela a des conséquences sérieuses sur les investissements dans les infrastructures de développement et dans la réponse aux besoins en matière de santé et d’éducation. Le représentant a affirmé que son pays doit faire face à des défis considérables pour la réalisation des OMD, tels que l’éradication de la pauvreté, l’accès universel à l’éducation primaire et la lutte contre le VIH/sida ou le paludisme. Il a ainsi appelé à un règlement rapide, efficace et durable du problème de la dette des pays en développement.
M. JIMMY BLAS (Philippines) a déclaré que, trop souvent, les contrats régissant les règlements des dettes sont trop biaisés en faveur des créanciers, qui ne partagent aucun risque mais qui s’assurent toujours d’être gagnants, quoi qu’il arrive. Dans un système juste et transparent, les responsabilités et les risques devraient être partagés entre le créancier et le débiteur. Quand un pays en développement a du mal à honorer les échéances de sa dette, il fait face à deux options fort déplaisantes et aussi désagréables l’une que l’autre, soit il est incapable de faire face à ses paiements et il sombre dans la faillite, soit il accepte un cadre d’assistance économique et financière qui, en réalité, lui enlève toute souveraineté sur les décisions concernant son propre avenir.
La communauté internationale, a donc souhaité le représentant, doit mettre en place un cadre consensuel et équitable de lois et de règlements déterminant comment doit s’opérer la restructuration de la dette souveraine, a estimé le représentant. Les programmes de réduction de dette ne devraient pas ressembler à des prises d’otages, avec demande de rançon, ni donner aux pays puissants les moyens de déstabiliser la politique intérieure du pays endetté pour la remodeler à leur propre goût. Les pays qui sont dans le besoin doivent pouvoir emprunter quand ils en ont vraiment besoin. Or, curieusement, a dit constater le représentant, c’est à ce moment là que l’on refuse généralement de les laisser emprunter pour éviter une situation de crise. La communauté internationale doit accepter que, dans le cadre de la réalisation des OMD, les pays qui sont dans le besoin puissent échanger leur dette contre un investissement dans les secteurs de lutte contre la pauvreté, au lieu de continuer à servir, en priorité, la dette extérieure.
M. JASON N. LAWRENCE (États-Unis d’Amérique) a fait une brève déclaration pour souligner que le secteur financier des pays en développement n’a parfois pas le niveau de transparence requis pour attirer des investissements étrangers. Il a, à cet égard, insisté sur la nécessité de mobiliser des ressources nationales pour attirer ces investissements et d’œuvrer vers plus de transparence et de stabilité, notamment en respectant les termes des contrats signés et les dispositions relatives au droit à la propriété.
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