LA DEUXIÈME COMMISSION ADOPTE DES RÉSOLUTIONS DONT L’UNE RECOMMANDE L’ÉLARGISSEMENT DU NOMBRE DE PAYS BÉNÉFICIAIRES D’UNE RÉDUCTION DE DETTE
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LA DEUXIÈME COMMISSION ADOPTE DES RÉSOLUTIONS DONT L’UNE RECOMMANDE L’ÉLARGISSEMENT DU NOMBRE DE PAYS BÉNÉFICIAIRES D’UNE RÉDUCTION DE DETTE
La Commission a tenu une table ronde qui a encouragé
le système de l’ONU à soutenir les pays dans la réalisation des OMD
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a adopté aujourd’hui, sans vote, trois projets de résolutions. À cet égard, outre deux textes relatifs à la mise en valeur des ressources humaines et à l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin, la Commission a adopté un projet de résolution intitulé « Crise de la dette extérieure et développement » par lequel elle recommande à l’Assemblée générale d’encourager les efforts déployés par les pays pauvres très endettés et de demander à ces derniers de continuer à améliorer leurs politiques intérieures et leur gestion économique. Aux termes de ce projet de texte, l’Assemblée souhaiterait que les derniers pays pauvres dont la dette est insoutenable bénéficient d’un traitement similaire à la proposition faite par les pays du G-8 à Gleneagles tendant à annuler l’intégralité de l’encours de la dette des pays pauvres très endettés.
Après l’adoption de ces projets de résolution, la Deuxième Commission a tenu une table ronde sur le thème: « Rôle du système des Nations Unies dans l’appui aux stratégies de développement au niveau des pays, y compris les stratégies d’élimination de la pauvreté, dans la suite à donner au Sommet mondial de 2005 ». Au cours de cette discussion organisée par le Bureau de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales, quatre officiels du système des Nations Unies ont souligné les voies et moyens à travers lesquels l’Organisation pourrait intensifier son aide et son appui à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Soulignant dans ce cadre le rôle que peuvent jouer les équipes de pays des Nations Unies, les panélistes ont insisté sur l’importance de la participation de tous les partenaires, en particulier ceux du secteur privé et de la société civile, dans la formulation des stratégies de réduction de la pauvreté.
RÉSUMÉ DES PROJETS DE RÉSOLUTION ADOPTÉS PAR LA COMMISSION
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Le projet de résolution intitulé « Crise de la dette extérieure et développement » (A/C.2/60/L.51) a été adopté, sans vote et tel qu’oralement amendé par les délégations de la Deuxième Commission. Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale insisterait sur l’importance de promouvoir des politiques responsables concernant les prêts et les emprunts. Elle reconnaîtrait et encouragerait les efforts déployés par les pays pauvres très endettés, et demanderait à ces derniers de continuer à améliorer leurs politiques intérieures et leur gestion économique et de créer au niveau national un environnement qui favorise le développement du secteur privé, la croissance économique et la lutte contre la pauvreté. L’Assemblée insisterait sur le fait qu’on ne saurait utiliser un indicateur unique pour tirer des conclusions définitives sur la viabilité de l’endettement et, à ce sujet, inviterait le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à tenir compte, dans leurs évaluations, de la viabilité de la dette, et des bouleversements importants que causent notamment les catastrophes naturelles, les conflits, les changements concernant les perspectives de croissance mondiale ou les variations des termes de l’échange.
L’Assemblée générale se féliciterait de la proposition faite par les pays du G-8 à Gleneagles tendant à annuler l’intégralité de l’encours de la dette des pays pauvres très endettés à l’égard du Fonds monétaire international, de l’Association internationale de développement et de la Banque africaine de développement et souhaiterait que les derniers pays pauvres dont la dette est insoutenable bénéficient d’un tel traitement. Elle demanderait aux pays créanciers de continuer à veiller à ce que le traitement spécial accordé lors de la restructuration de la dette ne le soit qu’en cas de risque imminent de cessation de paiement, ne soit pas considéré par les pays débiteurs comme une solution de remplacement à des sources plus coûteuses de financement, et tienne compte de la situation propre à chaque pays. Par ailleurs, elle inviterait les pays donateurs, en fonction de l’analyse de la viabilité de la dette de chaque pays, à continuer à chercher à augmenter les subventions bilatérales aux pays en développement, qui pourraient contribuer à une meilleure viabilité de la dette à moyen et à long terme. Enfin, l’Assemblée appellerait tous les États Membres et les organismes des Nations Unies et inviterait les institutions de Bretton Woods, ainsi que le secteur privé, à prendre les mesures et dispositions voulues pour assurer l’exécution des engagements, accords et décisions des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide des Nations Unies, en particulier ceux traitant de la question de la dette extérieure des pays en développement.
Après l’adoption de ce texte, le représentant du Venezuela a réaffirmé la position de son pays, qui estime que le Document final issu du Sommet mondial de 2005 « est le produit de négociations peu démocratiques et non transparentes ». Il a déclaré que le contenu du Document ne répondait pas aux attentes de développement des peuples et des États et ne respectait pas le principe de souveraineté de ces derniers. Ne souhaitant pas s’opposer au consensus sur ce texte, il a toutefois indiqué que son pays se dissociait des paragraphes faisant mention du Sommet mondial de 2005.
ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT
Aux termes du projet de résolution relatif à la mise en valeur des ressources humaines (A/C.2/60/L.49) que les délégations ont adopté sans vote, l’Assemblée générale soulignerait que les investissements dans la mise en valeur des ressources humaines devraient faire partie intégrante des politiques et stratégies nationales de développement et, à cet égard, préconiserait l’adoption de politiques facilitant les investissements axés sur le renforcement des capacités et des infrastructures, y compris, notamment, l’éducation, la santé, la science et la technique. Elle demanderait que soit renforcée la coopération entre tous les partenaires du développement afin qu’ils puissent appuyer les efforts que font les pays en développement pour mettre en valeur leurs ressources humaines, tels qu’ils sont définis dans leurs stratégies nationales de développement.
Par ce projet de résolution dont elle sera saisie par la Deuxième Commission, l’Assemblée demanderait instamment que soit adoptée à l’égard de la mise en valeur des ressources humaines une optique intersectorielle qui combine, entre autres facteurs, la croissance économique, l’élimination de la pauvreté, la fourniture de services sociaux de base, l’accès à des moyens de subsistance durables, le renforcement du pouvoir d’action des femmes, la participation des jeunes, les besoins des groupes vulnérables de la société et des communautés autochtones locales, la liberté politique, la participation populaire et le respect des droits de l’homme, la justice et l’équité. Elle demanderait aux entités compétentes du système des Nations Unies d’accorder la priorité aux objectifs de la mise en valeur des ressources humaines, notamment en intégrant dans leurs programmes de développement des interventions qui appuient directement la mise en place de capacités scientifiques et technologiques qui soient compatibles avec les besoins, les ressources, la culture et les pratiques locaux.
FORMATION ET RECHERCHE
Le projet de résolution concernant l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin (Italie)(A/C.2/60/L.50) a été adopté sans vote par la Deuxième Commission. Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale engagerait tous les organismes des Nations Unies à utiliser pleinement et effectivement les facilités offertes par l’École des cadres. Elle encouragerait l’École des cadres à continuer de fournir une direction stratégique afin d’accroître l’efficacité opérationnelle, d’encourager la collaboration interinstitutions et de renforcer la culture de gestion, par son propre exemple, notamment en élaborant de nouveaux systèmes de gestion du comportement professionnel, de nouvelles structures souples de travail et de collaboration et des moyens économiques de fournir des services aux clients et bénéficiaires. L’Assemblée engagerait les organismes compétents des Nations Unies à collaborer étroitement à ces fins. De plus, elle déciderait que le paragraphe 5 de l’article IV du statut de l’École des cadres doit être amendé de sorte que les rapports biennaux sur les activités de l’École soient présentés au Conseil économique et social et non à l’Assemblée générale.
RÉSUMÉ DE LA TABLE RONDE
Lors de la table ronde qui a suivi l’adoption des trois projets de résolution, quatre panélistes, officiels de l’ONU, ont mis l’accent sur les moyens à explorer et à exploiter afin que le système des Nations Unies intensifie son appui aux pays, dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire du développement (OMD).
Il faut faire preuve d’ambition et déployer des mesures de soutien de grande ampleur, a estimé M. Turhan Saleh, Directeur du Groupe des Objectifs du Millénaire pour le développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Constatant la lenteur des progrès accomplis vers la réalisation des OMD ainsi que leur fragilité, il a identifié trois défis majeurs que doit relever la communauté internationale dans la promotion du développement. Il a ainsi déclaré qu’il fallait intensifier les investissements et les actions, pour atteindre les populations exclues et marginalisées et combler les lacunes qui existent dans les résultats à ce jour atteints. Il a ensuite noté qu’il fallait trouver les moyens de pérenniser les résultats initiaux afin d’assurer la durabilité des progrès accomplis. M. Saleh a enfin souligné que, bien que chaque État soit en premier responsable de son propre développement, il fallait aider les pays qui sont dans le besoin à faire face aux risques qui pèsent sur le processus de réalisation des OMD. Après avoir insisté sur l’importance de la participation de tous les partenaires, dont le secteur privé et la société civile, dans la formulation des stratégies, M. Saleh a indiqué que le système des Nations Unies pouvait aider les pays dans cette élaboration, notamment en évaluant les besoins de chaque pays en matière de capacités et d’institutions et en faisant l’analyse des choix et des compromis.
Dans son intervention, M. Richard Morgan, Directeur adjoint du Groupe de planification stratégique et de la direction des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a pour sa part souligné le rôle que peut jouer l’équipe de pays de l’ONU, notamment en ce qui concerne les questions transversales, comme l’égalité entre les sexes ou l’inclusion sociale, qui exigent notamment la création et le renforcement de liens entre différents ministères. Affirmant que les bénéfices des OMD devaient parvenir à chaque village, et à chaque quartier, il a noté que l’ONU travaillait déjà au niveau subnational et que l’équipe de pays pouvait fournir un appui direct aux autorités locales. M. Morgan a d’autre part mis en avant le rôle que pourrait potentiellement jouer l’Organisation pour aider les pays à implanter les innovations sur le terrain et évaluer ces expériences afin qu’elles soient adoptées au niveau national lorsqu’elles sont prometteuses ou se sont avérées fructueuses.
Pour sa part, M. Rogelio Fernandez Castilla, Directeur de la Division de l’appui technique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a insisté sur le rôle de l’équipe de pays en tant qu’intermédiaire neutre dans les négociations sur les stratégies de développement. « Il est important de pouvoir conduire, au niveau des équipes de pays, des évaluations régulières de l’impact des stratégies de développement », a-t-il estimé. Le système des Nations Unies a un rôle clef à jouer au niveau national pour faire avancer les stratégies de développement, a poursuivi M. Fernandez Castilla, jugeant que la confiance dans les partenaires au développement dépendait de la transparence des politiques mises en œuvre.
Enfin, Mme Azita Berar-Awad, Directrice du Groupe des politiques nationales du Département de l’intégration des politiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT), s’est penchée sur la mise en œuvre des stratégies nationales, en mettant l’accent sur la participation, la mobilisation de partenariats avec la société civile et le secteur privé, de même que sur la transparence et la bonne
gouvernance. À cause des critères posés par les instances internationales et la pression imposée par le contexte financier international, les politiques nationales n’ont plus le même impact qu’auparavant, a-t-elle cependant regretté. Elle a de ce fait lancé un appel en faveur d’une gestion plus équitable des bénéfices de la mondialisation. Mme Berar-Awad a ensuite exhorté les agences des Nations Unies à appuyer ces nouvelles stratégies de développement en soutenant l’application de normes universelles dans les politiques nationales.
Échange interactif
Répondant à une question du représentant du Royaume-Uni sur la situation des pays fragiles dont la capacité de mobilisation de finances publiques est limitée, M. Turhan Saleh a estimé qu’une réponse ne pouvait se faire qu’au cas par cas. M. Richard Morgan a quant à lui indiqué que dans les situations postconflits ou postcrises, des agences comme l’Unicef mettaient en place, parallèlement aux stratégies nationales, des filets de sécurité sociaux tels que la distribution de moustiquaires imprégnées, et l’équipement d’écoles ou de centres de santé. Pour sa part, Mme Berar-Awad a fait valoir que des institutions comme la Banque mondiale avaient mis en œuvre des stratégies adaptées aux pays fragiles.
Le représentant du Botswana a rappelé que si son pays était souvent cité comme une réussite pour être sorti du groupe des PMA, son économie repose encore trop sur les exportations de diamants et ne se diversifie pas assez vite. Il a regretté que le statut de pays à revenu moyen prive le Botswana de sources de financement pour les secteurs sociaux. Certains pays à revenus moyens relativement pauvres risquent de retomber dans la catégorie des pays les moins avancés si des mécanismes de financement idoines ne sont pas prévus, a-t-il averti. M. Saleh a pour sa part estimé que les problèmes rencontrés par les pays à revenus moyens ne provenaient pas du manque de ressources, mais de mauvais choix stratégiques qui créent des incidences négatives sur les finances publiques. Les pays à revenus faibles et les pays à revenus moyens doivent améliorer les institutions chargées des finances publiques, a ajouté Mme Berar-Awad. Concluant cet échange, M. Fernandez Castilla a souligné que la contribution de l’ONU devait se faire au niveau du renforcement des capacités et du maintien du dialogue avec les institutions, et a estimé que le rôle des agences des Nations Unies devait consister à appuyer le suivi et l’évaluation de ces politiques en s’appuyant sur des indicateurs clefs.
La Deuxième Commission tiendra sa prochaine séance le vendredi 9 décembre à 15 heures.
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