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AG/EF/3118

TABLE RONDE « ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ »: LA PROMOTION DE L’ÉQUITÉ EST UN FACTEUR ESSENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS

21/10/05
Assemblée généraleAG/EF/3118
Department of Public Information • News and Media Division • New York

TABLE RONDE « ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ »: LA PROMOTION DE L’ÉQUITÉ EST UN FACTEUR ESSENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a organisé cet après-midi conjointement avec la Troisième Commission une table ronde sur le Rapport sur le développement mondial de 2006: Équité et développement établi par la Banque mondiale.  Coprésidée par Aminu Bashir Wali, du Nigéria, Président de la Deuxième Commission et par Francis Butagira, de l’Ouganda, Président de la Troisième Commission; la table ronde a également vu la participation de Francisco Ferreira, coauteur principal du Rapport sur le développement mondial de 2006, de Duncan Campbell, Directeur du Groupe des politiques internationales au Département de l’intégration des politiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales de l’ONU. 


L’équité est un terme normatif, qui implique un jugement, a indiqué Francisco Ferreira, ajoutant que ce concept représente une réalité différente selon la personne qui l’utilise.  Par équité, nous entendons d’une part l’égalité des chances et, d’autre part, le fait d’éviter d’être condamné à vivre dans des conditions d’extrême pauvreté, l’équité s’entendant ici comme une chance, une opportunité dans une acception très abstraite, a-t-il dit.  S’interrogeant ensuite sur les raisons pour lesquelles il y a si peu d’équité dans le monde, M. Ferreira a souligné que les inégalités politiques étaient renforcées par les inégalités économiques, elles-mêmes influencées par les inégalités socioculturelles, les trois étant liés dans une approche triangulaire.  Prenant l’exemple de la place des femmes dans de nombreuses sociétés, M. Ferreira a illustré le concept d’absence d’équité en soulignant la manière dont l’inégalité socioculturelle a des incidences sur l’inégalité économique, qui elle-même influe sur les inégalités dans le domaine politique. 


Évoquant ensuite les indicateurs qui peuvent permettre de mesurer les chances offertes aux uns et aux autres, M. Ferreira a dit que certains indicateurs comme la mortalité infantile, pouvaient fournir des informations précises, dans la mesure où, dans un pays comme le Salvador, ce taux de mortalité varie d’une part entre couches sociales, mais aussi par rapport aux données recueillies dans d’autres pays.  Selon qu’une mère a fait des études ou non, il y a des écarts de 25 pour 1 000 en matière de mortalité infantile, a-t-il indiqué.  Cet écart est un bon indicateur du décalage des chances et des inégalités à la naissance.  Il en va de même, dans une étude menée en Équateur, s’agissant cette fois de l’approche cognitive, puisque le constat dressé est que la plupart des enfants dont les mères n’ont pas été scolarisées accusent déjà un retard d’apprentissage dès l’âge de six ans, sans que ces enfants ne soient en aucun cas responsables de ce retard. 


La notion d’équité est importante en matière de développement, a fait valoir M. Ferreira, soulignant qu’un entrepreneur qui a de bonnes idées mais peu de moyens ou de garanties ne pourra faire aboutir son projet faute de crédits et d’assurances.  Voilà pourquoi l’absence d’équité peut retarder le développement, a-t-il dit, étendant son analyse à la sphère politique où le pouvoir est parfois concentré entre les mains d’un seul groupe.  Comment peut-on lutter contre les inégalités et renforcer le concept d’équité?  Pour M. Ferreira, un tel exercice suppose d’agir à trois niveaux en renforçant les capacités des pauvres, en élargissant l’accès aux marchés et en investissant sur ces marchés, l’objectif étant de parvenir à une situation où tout le monde pourrait être gagnant (« win-win » situation), et à tirer avantage de situations inégalitaires.  Mais pour ce faire, il importe de maintenir un équilibre, une constante dans l’investissement que ce soit en temps de crise ou en période de croissance, a-t-il expliqué, car à court et moyen termes, si vous investissez dans ceux qui ont le moins de chances de réussir, les effets seront plus rapides car les sociétés où les chances sont les mieux réparties sont les plus prospères.


Concrètement, comment agir pour rompre le cycle de transmission intergénérationnel des pièges de l’inéquité? s’est ensuite interrogé Duncan Campbell, Directeur du Groupe des politiques internationales du Département de l’intégration des politiques à l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Il a expliqué qu’une grande partie du travail de l’OIT consistait à intervenir à une étape ou une autre de ce cycle de pièges, prenant comme exemple les efforts déployés pour mettre un terme au travail des enfants qui, au-delà de la dimension éthique, relève d’une approche visant à briser le cycle de la pauvreté en renvoyant ces enfants à l’école.  L’éducation des filles en particulier a des répercussions positives sur de nombreux domaines, a fait observer M. Campbell, notamment sur la croissance de la population.  En effet, a-t-il dit, le Rapport sur le développement mondial de 2006 nous apprend que certains facteurs qui ne sont pas, par nature, économiques, ont des conséquences économiques, d’où la nécessité de privilégier des approches cohérentes entre les différentes politiques, par exemple entre l’éducation et les politiques du marché du travail, car, a-t-il fait valoir, l’opportunité d’un travail décent constitue la voie la plus sûre pour sortir de la pauvreté. 


Cependant, a fait observer Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, dans le contexte actuel d’accroissement des inégalités, combiné à un ralentissement de la croissance, le risque de récession a un impact immédiat sur la réduction des dépenses publiques qui aggrave les perspectives d’investissements indispensables à la promotion de l’équité.  Cela est vrai au niveau des États, mais également entre les États, a poursuivi M. Sundaram.  Il a rappelé que la libéralisation financière internationale n’avait pas permis un transfert de ressources des plus riches vers les plus pauvres, mais plutôt l’inverse, tout comme l’ouverture des marchés des pays riches aux produits agricoles, même si elle intervenait aujourd’hui, ne permettrait pas d’inverser une réalité qui est que les produits des pays en développement sont supplantés, au niveau de la consommation, par ceux cultivés dans des pays à climat tempéré.  Revenant sur les politiques mises en œuvre dans les années 90 par les institutions de Bretton Woods, M. Sundaram a déploré que les mesures d’ajustement structurel et de fiscalisation élevée aient bridé les potentialités de croissance des pays en développement, jugeant que dans le contexte de la réforme de ces institutions, un degré d’appropriation plus élevé des politiques de développement devrait être privilégié, ce dans un souci d’équité.


Interrogé, entre autres par les délégations de la Jamaïque et du Royaume-Uni sur les stratégies à adopter pour transformer cette analyse sur la notion d’équité en changements pratiques en matière de politiques publiques, M. Ferreira a jugé que toutes les politiques suivies jusqu’à présent n’étaient pas antinomiques avec la notion d’équité, notamment concernant les privatisations, avant de souligner que, pour passer de la théorie à l’action, certaines stratégies de réduction de la pauvreté étaient déjà en œuvre dans certains pays pour renforcer la notion d’équité en investissant dans les couches sociales les plus défavorisées.  Pour M.  Sundaram, il est temps de s’assurer que l’action est basée sur les meilleures connaissances possibles en matière de politiques publiques même s’il a reconnu qu’un décalage pouvait exister entre les études et l’opérationnalisation au sein des institutions internationales.  Répondant au représentant de la Belgique qui s’interrogeait sur le conflit possible entre une action à long terme orientée vers la bonne gouvernance et des gains rapides en matière d’équité, M. Ferreira a observé que l’inéquité ne pouvait être réduite que par l’amélioration de la gouvernance.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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