LA PERTINENCE DU CONSENSUS DE MONTERREY RESTE PLUS QUE JAMAIS INDISCUTABLE, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS À LA DEUXIÈME COMMISSION
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Deuxième Commission
11ème séance – matin
LA PERTINENCE DU CONSENSUS DE MONTERREY RESTE PLUS QUE JAMAIS INDISCUTABLE, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS À LA DEUXIÈME COMMISSION
« Si le Consensus de Monterrey était pertinent en 2002, il l’est encore plus aujourd’hui », a déclaré ce matin, la représentante de l’Australie alors que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) achevait son débat sur la mise en oeuvre et le suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement, tenue à Monterrey en 2002. Cette affirmation a été soutenue par plusieurs délégations, dont celle de la Norvège, qui a rappelé que la Conférence de Monterrey avait créé un partenariat mondial bien équilibré entre domaines national et international; entre pays développés et pays en développement; et enfin, entre secteur public et secteur privé.
Les représentantes de l’Australie et de la Norvège ont insisté sur l’importance de l’aide publique au développement (APD) dans la lutte contre la pauvreté. La fourniture de cette aide devra, plus que par le passé, s’accompagner d’une responsabilité accrue en matière de gouvernance et de réformes pour les pays qui en sont bénéficiaires, a souligné la représentante de l’Australie. Pour sa part, la représentante de la Norvège a estimé que malgré l’augmentation de ses flux, l’APD ne suffirait pas pour que les pays défavorisés puissent parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Elle a plaidé en faveur d’un compromis immédiat sur l’annulation de la dette des pays en développement et pour la création d’un cadre de coopération internationale dans ce domaine.
Tout en réaffirmant le soutien de son pays au Consensus de Monterrey, le représentant des États-Unis a estimé que l’accent devait autant être mis sur la mobilisation de ressources au niveau national que sur des questions multilatérales comme l’APD, le commerce et la dette. Pour expliquer la faiblesse des ressources nationales, et citant le rapport d’une Commission des Nations Unies, il a dénoncé les pratiques de corruption, et l’accumulation dans des organismes financiers étrangers, de sommes énormes par des élites d’États en développement, qui privent ainsi leurs pays de fonds importants qui pourraient être investis dans le développement. Parlant de l’aide et du Consensus de Monterrey, le représentant a rappelé la création, par le Président Bush, du « Millenium Account », qui met à la disposition des pays qui font preuve de bonne gouvernance, des fonds de développement. Sur la question du commerce, le représentant a rappelé l’engagement pris par son pays de lever ses subventions agricoles et ses barrières tarifaires aussitôt que les autres puissances économiques seront prêtes à faire la même chose.
Sur les questions liées au commerce, de nombreuses délégations, dont celles du Mali et de Cuba, ont demandé une plus grande ouverture des marchés, ainsi que la levée des barrières douanières et la suppression des subventions à l’exportation, notamment dans le secteur agricole. De nombreuses délégations, dont celles de l’Iraq et de l’Indonésie, ont souhaité que soient déployés des efforts supplémentaires pour que les engagements pris à Monterrey soient traduits en actions concrètes. Dans cette perspective, la majorité des intervenants au débat se sont félicités de l’offre de la délégation du Qatar de tenir, en 2007, une conférence d’examen quinquennale de la mise en œuvre des recommandations et des engagements de la Conférence de Monterrey.
À l’ouverture de la séance, la représentante de la Jamaïque a présenté, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, deux projets de résolution relatifs aux questions de politique macroéconomique, et intitulés « Système financier international et développement »* et « Crise de la dette extérieure et développement »**.
Avant le débat sur la mise en œuvre des textes issus de la Conférence de Monterrey, la Deuxième Commission a entendu ce matin une présentation sur les résultats des consultations multipartites sur le thème « problèmes systémiques: renforcement de la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux en appui au développement ». Mme Jo Marie Griesgraber, Présidente de la « New Rules for Global Finance Coalition », a déclaré au cours de sa présentation que les consultations avaient abouti à l’énoncé de 18 recommandations qui visent à réduire l’instabilité financière internationale et à fournir des propositions concrètes et réalisables en matière de financement pour le développement. Dans le cadre de l’exposé, M. Randall Dodd, Directeur du Financial Policy Forum a, pour sa part, insisté sur quelques-unes des propositions, qui recommandent de donner la préférence aux emprunts en devises locales, à la gestion des risques liés aux fluctuations de prix des produits de base, et au rétablissement des banques nationales de développement, dont l’existence avait été contestée par le « Consensus de Washington ».
Les délégations dont la liste suit ont pris la parole ce matin au cours des travaux de la Deuxième Commission: Cuba, République du Congo, République démocratique populaire lao, Indonésie, Mexique, Australie, Norvège, États-Unis, République de Moldova, Cap-Vert, Libye, Iraq, et Mali.
La Deuxième Commission tiendra sa prochaine séance le mercredi 19 octobre, à 15 heures, pour examiner les points de son ordre du jour relatifs à la planification des programmes, et aux technologies de l’information et des communications au service du développement.
* Document publié sous la cote A/C.2/60/L.2
** Document publié sous la cote A/C.2/60/L.3
Exposé de la New Rules For Global Finance Coalition sur les résultats des consultations multipartites « Les problèmes systémiques: renforcement de la cohérence des systèmes monétaires financiers et commerciaux internationaux en appui au développement »
Déclarations liminaires
Mme JO MARIE GRIESGRABER, Présidente de la New Rules for Global Finance Coalition, a expliqué le processus des consultations multipartites. Elle a dit que celles-ci s’étaient déroulées à cinq endroits: New York, Washington D.C., Lima, Nairobi et New Delhi. Ces consultations, a-t-elle noté, ont rassemblé des universitaires et des ONG afin de faire des propositions concrètes et réalisables pour résoudre les problèmes de l’instabilité financière et du manque de financement pour le développement et la lutte contre la pauvreté. Elle a indiqué que la New Rules for Global Finance Coalition avait fait au total 18 recommandations, qui proviennent de ses propres conclusions, étant donné que les représentants des Gouvernement présents aux consultations n’avaient pas d’autorité pour négocier un texte. Mme Griesgraber a émis l’espoir que la réunion d’évaluation quinquennale de la mise en œuvre des recommandations de la Conférence de Monterrey (Monterrey + 5) se déroule au niveau politique le plus élevé, et que le processus préparatoire de cet évènement, ainsi que la réunion elle-même et son suivi, soient le plus inclusif possible, notamment en ce qui concerne la participation de la société civile.
M. RANDALL DODD, Directeur du Financial Policy Forum, a pour sa part parlé de trois recommandations qui ont été faites au cours des consultations, et qui concernent les mécanismes de gestion des risques financiers: les prêts en devises locales; la gestion des risques liés aux fluctuations des prix des produits de base; et la mise en place de banques nationales de développement. Il a proposé que les prêts aux pays en développement soient faits en devises locales. À cet égard, il a souligné les risques de vulnérabilité liés aux variations de taux de change pour les pays en développement, et s’est interrogé sur la manière dont ces pays pourraient éviter cette exposition aux fluctuations des devises étrangères. Les emprunts se font en euros ou dollars américains, a-t-il expliqué, en estimant qu’il existe apparemment un problème de fond, si les pays en développement ne peuvent emprunter dans leurs propres devises. Il a toutefois insisté sur le retour d’investissements dont peuvent bénéficier les investisseurs internationaux s’ils opèrent dans les monnaies locales. Il a aussi noté que ce type d’opération permettrait aux pays en développement de faire mûrir leurs propres marchés financiers. Il a ensuite rappelé la dépendance des pays en développement envers les exportations des produits de base et a recommandé une meilleure gestion des risques liés aux fluctuations de leurs cours. La gestion des cours des produits de base doit être incorporée dans les budgets des pays et dans leurs politiques nationales, a-t-il insisté. À cet égard, il a fait valoir l’importance de mettre en place des mécanismes de compensation. Les cours des produits de base sont en ce moment en hausse, a-t-il constaté, et c’est le moment de mettre de l’argent de côté afin de prévenir leur prochaine baisse. Il a rappelé que les banques nationales de développement avaient été considérées comme un échec et avaient donc été abolies. On a trop facilement pensé que le marché remplirait le rôle auquel elles étaient destinées, ce qui ne s’est malheureusement pas produit, a-t-il noté. Il a donc recommandé de recréer ce type de banques, afin que les pays en développement puissent trouver les financements à long terme dont ils ont besoin pour certains secteurs essentiels et pour les groupes les plus vulnérables de leur société. Il a estimé qu’il fallait que soit menée une nouvelle réflexion sur ces banques, en vu d’améliorer leur gouvernance et l’efficacité des instruments qu’elles offrent.
Abordant la question des liquidités en temps de crise, FRANK SCHROEDER, Économiste en chef au Bureau de New York de la Fondation Friedrich Ebert, a évoqué les problèmes qui se posent dans les programmes de restructuration de la dette, notamment l’urgence à reconnaître le problème, la nécessité d’en sortir rapidement, et enfin, la précipitation des créances à saisir les tribunaux pour recouvrer leurs fonds. Au sein du Groupe des 20, nous sommes en train d’élaborer un code de conduite et une procédure de solvabilité internationale qui se présenteront sous la forme d’un cadre juridique que toutes les parties devront accepter, sous l’égide du FMI, pour permettre la restructuration de la dette, a indiqué M. Schroeder. Il a souhaité que ce mécanisme favorise le dialogue entre créanciers et débiteurs, et permette la création d’une procédure d’arbitrage qui crée un certain sens de prévisibilité. Ce mécanisme pourra être saisi pour toutes les formes de dette, qu’elle soit publique ou privée, et réunira tous les créditeurs et débiteurs au sein d’un forum permettant la circulation des informations, qui est importante, et la stimulation des politiques les plus susceptibles de conduire à la croissance économique. Le Fonds monétaire international n’a pas pu jouer le rôle de facilité pouvant accorder des crédits d’urgence à certains pays qui ont eu à faire face à de violents chocs extérieurs, a dit M. Schroeder en soulignant que certains pays s’étaient éloignés du FMI et avaient préféré accumuler des devises au niveau national, afin de créer des mécanismes d’auto-assurance contre les crises financières. Cette pratique coûte beaucoup d’argent à ces pays, qui doivent maintenir d’importantes réserves en devises, a indiqué M. Schroeder. Il a suggéré que la communauté financière internationale augmente le niveau des fonds d’aide d’urgence en utilisant les Droits de tirage spéciaux (DTS).
Reprenant la parole, Mme Griesgarber, Présidente de la New Rules for Global Finance Coalition, a estimé que cette proposition revenait à demander une augmentation des ressources du Fonds monétaire international. Pour nous, a-t-elle dit, le problème qui se pose au FMI est celui du manque de représentativité des pays en développement. Nous avons émis 14 recommandations, dont la première consiste à redistribuer les sièges et les votes de base des instances de direction du Fonds, afin par exemple que l’Afrique parvienne à 11,3% du quota de voix. Il est choquant par exemple que, sur la base d’un accord tacite qui date de plus d’un demi siècle, les États-Unis continuent de désigner l’un de leurs citoyens comme Président de la Banque mondiale et l’Europe l’un des siens comme Directeur général du Fonds monétaire international. Ces institutions sont censés appartenir aux citoyens du monde et travailler en leur faveur, mais elles ne font preuve d’aucune transparence, alors que, pour prendre un exemple, la Réserve fédérale américaine publie régulièrement certains de ses résultats et informe le public américain sur l’état de son économie, a fait remarquer Mme Griesgarber. Il faut que les institutions financières internationales s’ouvrent beaucoup plus et instaurent en leur sein de véritables règles de bonne gouvernance, a-t-elle indiqué.
M. OSCAR DE ROJAS, Directeur du Bureau du financement du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), est revenu sur les rapports, sur les consultations tenues sur la question de la dette et sur la mise en œuvre et le suivi du Consensus de Monterrey, qui ont été présentés hier. Il a indiqué que ces rapports avaient mis en exergue la relation qui existe entre la question de la dette et celle de la poursuite des objectifs définis dans le Consensus de Monterrey.
Échange interactif
Au cours de l’échange qui a suivi la présentation des panélistes, le représentant des États–Unis a regretté le manque de participation des États et des autres parties prenantes aux consultations tenues sous l’égide de la « New Rules For Global Finance Coalition » (NRGFC) et a estimé que la présentation des points de vue qui y avaient été exprimés était déséquilibrée. Mme Griesgraber, Présidente de la NRGFC, a répondu que la Coalition avait, avant chacune des réunions, lancé des invitations au secteur privé, aux différentes agences de l’ONU et aux représentants des Gouvernements. Elle ne pouvait donc être accusée d’avoir seulement prêté attention aux représentants de la société civile.
La délégation de la Barbade a demandé si les intérêts des petits États, notamment des petits États insulaires en développement, pourraient être pris en compte par le système de vote régissant la gouvernance du FMI, de la Banque mondiale, et d’autres institutions multilatérales.
M. Dodd, Directeur du Financial Policy Forum, a répondu à une autre inquiétude exprimée par la délégation des États-Unis concernant le risque de voir certains pays imprimer sans contrôle des devises locales - faire tourner la « planche à billets » - pour faire face à leurs problèmes de trésorerie dans les situations d’inflation galopante et de perte de valeur de la monnaie. Il a estimé que l’histoire montrait que les États se servaient de cette stratégie comme option en dernier recours. Emprunter dans sa propre devise permet généralement de s’imposer davantage de discipline monétaire, a-t-il relevé, en notant que le problème immédiat des pays en développement n’était pas l’inflation. S’agissant d’une question du représentant de la Républicaine dominicaine sur la vulnérabilité des pays lorsque leur dette devient insoutenable et qu’elle est rédigée en devises étrangères fluctuantes, le conférencier a indiqué que ce risque résidait dans le déséquilibre qui existe entre l’accumulation d’une dette rédigée en devises fortes à un taux non constant, et des rentrées fiscales qui, elles, sont en devises locales perdant leur valeur. Si les taux de change du dollar ou de l’euro augmentent, cela a des effets négatifs sur les pays en développement, a-t-il souligné. L’emprunt rédigé en devises locales donnerait un coût moins élevé à la dette, a-t-il conclu.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Système financier international et développement
Crise de la dette extérieure et développement
Présentation de projets de résolution
Après avoir présenté à la Commission deux projets de résolution publiés sous les cotes A/C.2/60/L.2 et A/C.2/60/L.3 et respectivement intitulés « Système financier international et développement », et « Crise de la dette extérieure et développement » au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de la Jamaïque a indiqué que ce groupe de pays soumettrait aussi un nouveau texte sur la question de la création de la facilité de financement international.
Mise en œuvre et suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement
Suite et fin du débat général
Poursuivant l’examen de la mise en œuvre des recommandations du Consensus de Monterrey, M. LUIS ALBERTO AMOROS (Cuba) a déploré le fait que les pays pauvres continuent de transférer 436 milliards de dollars par an de financements vers les pays riches, versés au titre du service de la dette. Les pays du Sud paient par ailleurs 100 milliards de dollars de taxes douanières sur leurs produits pour que ceux-ci accèdent aux marchés des pays développés, alors que ces derniers versent chaque année près de 300 milliards de dollars de subventions à la production et à l’exportation de leurs produits agricoles. Les États-Unis ne consacrent que 0,1% de leur PNB à l’aide publique au développement et préfèrent se retirer des accords du Consensus de Monterrey plutôt que de les honorer, a dénoncé M. Amoros. Il a suggéré que les pays donateurs s’engagent sur des échéanciers précis, afin de remplir leurs obligations d’ici 2015. Le représentant de Cuba a indiqué ensuite qu’il était urgent de donner voix au chapitre aux pays en développement dans la définition des politiques économiques et sociales que les institutions internationales souhaitent voir appliquées, jugeant que s’ils ne sont partie prenante à leur conception, les pays du Sud ne peuvent s’assurer l’appropriation de ces politiques. Poursuivant sur les sources alternatives de financement du développement, M. Amoros a plaidé pour le respect des engagements relatifs à l’allègement de la dette et à la levée des barrières commerciales et des mesures coercitives unilatérales. À ce titre, il a dénoncé le blocus « injuste et unilatéral » imposé par les États-Unis à Cuba depuis quarante ans, estimant que cette pratique y retarde la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. MAURICE MALANDA (République du Congo) a souligné le lien étroit qui existe entre mise en œuvre du Consensus de Monterrey et réalisation des objectifs de développement convenus au plan international. Il a mis en avant l’importance d’accélérer la mobilisation de ressources additionnelles pour le financement du développement. Il a estimé qu’il fallait encourager toutes les initiatives prises ou annoncées en matière d’aide publique au développement (APD). Rappelant la responsabilité qui incombe en premier à chaque pays, dont le sien, il a indiqué que son Gouvernement s’était doté d’un Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) qui met l’accent, entre autres, sur l’emploi des jeunes, la lutte contre la mortalité infantile, et la réduction des déséquilibres macroéconomiques. Il a tout particulièrement insisté sur l’importance de la lutte contre la drépanocytose, affirmant que son Gouvernement avait fait du combat contre cette maladie génétique une priorité. Il a par ailleurs espéré que le DSRP élaboré par le Gouvernement de la République du Congo serait rapidement validé en vue de rendre le Congo éligible au statut de pays pauvre très endetté (PPTE). Il a noté que ce statut pourrait permettre au pays de recevoir les ressources dont il a tant besoin pour parvenir aux OMD. Il a de plus souligné l’engagement du Congo à mettre en oeuvre le Plan de mise en œuvre d’Action 21, ainsi que le Programme d’action de Johannesburg. Enfin, il s’est dit favorable à l’offre du Qatar d’accueillir en 2007, à Doha, la première réunion d’évaluation quinquennale de la mise en œuvre des recommandations issues de la Conférence de Monterrey.
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a estimé qu’il était indispensable que les pays en développement parviennent à mobiliser des ressources internes pour financer le développement. Mais, a-t-il poursuivi en parlant des pays sans littoral, la taille limitée de leurs marchés et le coût élevé des transports compromettent leurs perspectives de croissance. Il a invité les pays développés à ne pas négliger les besoins en infrastructures des pays en développement, saluant à ce titre le fait que l’Union européenne ait convenu d’un échéancier pour atteindre, en 2015, les 0,7% du PNB qu’elle doit verser à l’aide publique au développement. Les sources alternatives de mobilisation de ressources de financement doivent être explorées, a-t-il ensuite dit, avant de souhaiter que le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme devienne rapidement opérationnel. Le représentant de la République démocratique populaire lao a rappelé que les coûts de transports dans les pays sans littoral étaient de 50% supérieurs à ceux des pays disposant d’un littoral marin, ce qui sape la compétitivité des économies enclavées. Nous appelons par conséquent à une conclusion équitable des négociations commerciales du Cycle de Doha, afin de permettre aux produits des pays sans littoral d’accéder aux marchés des pays développés sans contraintes excessives, conformément aux dispositions agréées à Almaty, a-t-il dit.
M. PRAYONO ATIYANTO (Indonésie) a rappelé que les deux tiers des pauvres du monde vivaient dans la région Asie-Pacifique et qu’il fallait donc faire preuve de forte volonté politique pour y éradiquer la pauvreté. Il a estimé que les partenariats régionaux et la coopération étaient essentiels dans les domaines du commerce, des investissements, et du renforcement des capacités, notamment en ce qui concerne les pays ayant des besoins spécifiques. Il a souligné qu’il fallait continuer à chercher les meilleurs moyens de mobiliser des ressources en faveur du développement aux niveaux national et international. Il a noté que les efforts internes devaient être complétés par un cadre international favorable et encourageant. Le représentant a aussi souligné l’importance de l’APD, se félicitant de l’établissement de calendriers dans ce domaine. Insistant sur l’efficacité de l’aide, il a estimé qu’une augmentation de l’APD devrait être accompagnée de moyens soutenant une meilleure capacité d’absorption dans les pays bénéficiaires. Il a par ailleurs noté qu’une conclusion favorable du Cycle de Doha serait cruciale pour la promotion du développement. Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de traitement spécial et différencié, d’accès aux marchés pour les produits des pays en développement, et de réduction des subventions agricoles. Enfin, il a remercié le Gouvernement du Qatar de son offre d’accueillir la conférence d’examen du suivi de la Conférence de Monterrey.
M. CARLOS RUIZ MASSIEU (Mexique) a salué les pays qui consacrent déjà 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement ainsi que ceux qui ont établi des échéanciers afin de remplir cette condition d’ici 2015. De même, il s’est félicité de l’annulation par le G-8 de la dette extérieure de 18 PPTE, tout en soulignant que cette mesure s’imposait, puisque beaucoup de pays consacrent à leur service de la dette beaucoup plus de ressources qu’ils n’en reçoivent de l’aide publique au développement. Le Consensus de Monterrey est un tout, a-t-il tenu à rappeler en insistant sur la nécessité de parvenir à un compromis final sur les négociations commerciales du Cycle de Doha, qui doivent être axées sur le développement, et sur la réforme de la gouvernance économique internationale. La réunion de suivi de la mise en oeuvre des recommandations de Monterrey, prévue en 2007, ne saurait se transformer en lieu de renégociation du Consensus de Monterrey, a prévenu M. Ruiz Massieu, en estimant qu’au contraire le défi à relever était maintenant d’élargir le spectre de la mise en œuvre à d’autres sphères incluant le secteur privé et la société civile. Par ailleurs, a-t-il ajouté, il nous appartiendra de définir une matrice et des indicateurs de réalisation des principales dispositions contenues dans le Consensus de Monterrey.
Mme REBEKAH GRINDLAY (Australie) a exprimé l’appui de son pays au Consensus de Monterrey et en a noté la pertinence à l’heure actuelle. Elle a mis en avant les grandes difficultés que rencontre la région Asie-Pacifique pour atteindre les OMD et a dit que son pays y concentrait par conséquence l’essentiel de son aide. Elle a indiqué que l’Australie avait pour objectif d’accroître son APD de 4 milliards de dollars australiens par année d’ici 2010, ce qui représenterait un doublement de l’aide, comparativement au niveau de 2004. Toutefois, a-t-elle souligné, cette aide s’accompagne de responsabilités en matière de gouvernance et de réformes pour les pays bénéficiaires. Pour l’Australie, l’augmentation de l’APD par des moyens traditionnels est simple, peu chère et transparente, a-t-elle relevé; c’est pour cette raison que l’Australie ne participera pas à la Facilité internationale de financement ou à la proposition de taxe sur les billets d’avion. Elle a par ailleurs pris note des besoins spécifiques et des vulnérabilités des petits États insulaires en développement (PEID). Elle a indiqué que l’Australie avait augmenté son aide à ses voisins PEID et a souligné son soutien à la Stratégie de Maurice. Enfin, elle a estimé que la libéralisation du commerce était cruciale et a exhorté les pays développés et en développement à conclure le Cycle de Doha d’ici 2006. Elle a particulièrement insisté sur la réforme de l’agriculture, affirmant qu’un meilleur accès aux marchés, la réduction des soutiens nationaux, et l’élimination de subventions à l’exportation aideraient les exportateurs agricoles de nombreux pays en développement.
Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que le Consensus de Monterrey établissait un partenariat équilibré entre domaine national et international, entre pays développés et pays en développement et enfin, entre secteur public et secteur privé. Si nous souhaitons atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, nous devons faire des progrès plus rapide pour accroître le budget alloué à l’aide, a-t-elle dit, invitant les donateurs à concrétiser leur promesse de verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Nous avons également besoin d’un compromis immédiat sur l’annulation de la dette des pays en développement a-t-elle dit, en se félicitant du fait que cette priorité soit maintenant inscrite à l’ordre du jour du G-8 et en considérant que cette annulation de la dette ne devait pas se faire aux dépends des autres ressources d’aide existantes et que la Banque mondiale devait bénéficier de compensations extrabudgétaires avant 2015. Un allègement de la dette des pays à revenu intermédiaire non PPTE fortement endettés est indispensable, a-t-elle poursuivi. Elle a appuyé l’approche adoptée à Évian par le Club de Paris et le principe d’un échange de la dette contre des projets économiques orientés vers la croissance. Il est nécessaire de mettre en place un cadre de coopération internationale systématique pour annuler la dette des pays les plus pauvres, a-t-elle dit en plaidant pour la mise en place de mécanismes de viabilisation de la dette et de mobilisation de ressources supplémentaires. La Norvège n’utilise pas son aide publique au développement pour alléger la dette des pays débiteurs, a-t-elle poursuivi, avant de qualifier ce genre de pratique de « recyclage ». Elle a enfin invité les pays en développement à appliquer la Déclaration de Paris sur une utilisation plus efficace de l’aide, une meilleure appropriation, et une meilleure visibilité budgétaire.
M. SICHAN SIV (États-Unis) a réaffirmé le soutien de son pays au Consensus de Monterrey. Il a déclaré que grâce à une croissance rapide des revenus des grands pays en développement, près de 70% de la population du monde en développement vivaient dans des pays en voie de parvenir à l’objectif d’éradication de la pauvreté. M. Siv s’est dit convaincu que la mobilisation des ressources nationales méritait autant d’attention que les questions multilatérales comme l’augmentation de l’aide, la promotion d’un commerce libre, juste et équitable, et la réduction de la dette. Il a noté que le rapport de la Commission des Nations Unies sur le secteur privé et le développement avait estimé que les pays en développement disposaient de 9,400 milliards de dollars qui ne pouvaient malheureusement être mobilisés pour le développement. Ce fait résulterait des pratiques de corruption et d’un niveau inadéquat de protection de la propriété privée et des contrats d’affaires, a-t-il affirmé. Il a indiqué que des marchés compétitifs, une législation efficace en terme de droits de propriété et un bon fonctionnement de l’état de droit profiteraient aux pauvres.
Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de l’initiative américaine de créer le Compte pour le Millénaire. Ce Compte représente l’engagement des États-Unis envers le Consensus de Monterrey, a-t-il indiqué. Soulignant le rôle de leader que jouent les États-unis dans le processus de négociations commerciales du Cycle de Doha, M. Siv a rappelé que devant l’Assemblée générale de l’ONU le président Bush s’était engagé à éliminer toutes les subventions agricoles dès que d’autres pays seraient prêts à faire la même chose. S’agissant de l’APD, il a noté que son pays avait fourni 19 milliards de dollars d’aide au développement en 2004, soit près du double du niveau de son assistance en 2000, et près de l’équivalent du quart de toute l’assistance fournie par les pays développés cette même année.
M. VSEVOLOD GRIGORE (Moldavie), s’exprimant au nom du Groupe de GUAM (Azerbaïdjan, Georgie, Moldavie et Ukraine), a jugé essentiel de mettre en œuvre le Consensus de Monterrey pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Les préoccupations particulières des pays en transition doivent être davantage prises en compte, a-t-il dit, tout en reconnaissant que la mise en œuvre du Consensus de Monterrey commençait avant tout au niveau national. L’intégration des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les plans nationaux, la bonne gouvernance, la transparence et la bonne gestion des finances publiques sont des priorités pour les États du GUAM, a-t-il dit. Il a indiqué que ces États étaient en train d’adhérer à la Convention contre la corruption. Les États du GUAM se sont engagés à améliorer le climat des affaires au plan national, afin de stimuler l’investissement étranger direct, a dit M. Grigore, avant d’exhorter les pays riches à accroître les flux d’aide publique au développement. Il a ensuite plaidé pour une réduction des coûts des transferts d’argent des travailleurs migrants, avant de souligner que l’augmentation de ces flux financiers les rendait aujourd’hui supérieurs aux montants d’aide alloués par les pays développés aux pays en développement. Il a ensuite déploré le fait que les transferts financiers Sud-Nord soient plus importants que ceux allant des pays riches vers les pays pauvres. Il faut inverser cette tendance, qui est dommageable aux économies en développement et en transition. Le représentant a salué l’approche d’Évian, initiée par le Club de Paris, sur la gestion de la dette des pays à revenu intermédiaire, et a souhaité que ce fardeau soit allégé, afin de permettre aux économies en transition de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. JOSE MARIA SILVA (Cap-Vert) a rappelé que beaucoup de pays en développement avaient vu dans le Consensus de Monterrey une source d’espoir, qui s’est malheureusement peu à peu amenuisé avec le temps. Les pays en développement ne peuvent s’acquitter de leurs engagements que dans la mesure où les pays développés honorent les leurs, a-t-il dit, insistant en particulier sur la situation des pays sans littoral et les petits États insulaires en développement. Au Cap-Vert, des politiques économiques orientées vers l’encouragement à l’investissement étranger direct n’ont pas abouti, faute d’infrastructures, a-t-il dit. Grâce au concours des bailleurs de fonds, en particulier la Banque mondiale, le Cap-Vert est désormais en mesure d’améliorer ses infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, a-t-il dit, avant de juger que la procédure d’annulation de la dette arrêtée par le G-8 était de nature à relancer la croissance. Cependant, a-t-il observé, le succès de cette mesure dépend du maintien de niveaux élevés d’aide publique au développement. Le représentant salué à cet égard la décision prise par l’Union européenne de parvenir progressivement au versement de 0,56% puis de 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement en 2010 et en 2015.
M. ELMAHDI MEJBRE (Jamahiriya arabe libyenne) a déploré la participation insuffisante des pays en développement à la gouvernance économique mondiale, qui perdure en dépit des dispositions prévues dans le Consensus de Monterrey. La mobilisation des ressources pour le développement fait partie des objectifs arrêtés à Monterrey, a poursuivi le représentant de la Libye, en exhortant les pays développés à parvenir au plus vite à l’objectif d’allouer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Il s’est félicité des efforts déployés au niveau régional et sous-régional, en particulier en Afrique, pour mobiliser des ressources alternatives indispensables au financement du développement. Enfin, a-t-il dit s’agissant des pays africains qui ne parviendront pas à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement en 2015, il importe que dans le cadre du NEPAD, les bailleurs de fonds soutiennent des programmes de soutien aux secteurs de la santé, de l’éducation, et de l’agriculture.
M. MUHSIN ABDULMAJID (Iraq) a jugé que des efforts supplémentaires devaient être déployés pour faire en sorte que le Consensus de Monterrey soit traduit en actions quantifiables et permette de réaliser d’ici 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a salué l’échéancier de l’Union européenne qui a décidé d’atteindre l’objectif de verser 0,7% du PNB à l’aide publique au développement d’ici 2015, avant d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation critique à laquelle font face les pays pauvres et les pays à revenu intermédiaire fortement endettés. Il a souhaité à ce titre que le G-8 étende sa mesure d’annulation de la dette de 18 PPTE à d’autres États, et a rappelé que le Gouvernement de l’Iraq fait aujourd’hui face à une économie délabrée à cause d’une mauvaise gestion marquée par la corruption. L’Iraq reste cependant le deuxième producteur de pétrole au monde, a-t-il dit, en estimant que cette donnée devait convaincre les partenaires de soutenir le redressement économique de son pays.
M. N’GOLO FOMBA (Mali) a rappelé que le Consensus de Monterrey avait établi que la lutte contre la pauvreté était une responsabilité partagée, avant de mentionner certaines des mesures arrêtées lors de cette conférence. Le représentant a cité, entre autres, la mobilisation de ressources nationales, la participation du commerce international au financement du développement, l’investissement étranger direct, l’accroissement de l’aide publique au développement, et le traitement de la dette et de son service. D’une façon générale, les pays en développement ont fourni assez d’efforts pour la mise en place d’un bon système de gestion des affaires publiques à travers des politiques de libéralisation économique, d’assainissement des finances publiques, de lutte contre la corruption, a-t-il indiqué. Dans le même temps, la tendance à la baisse de l’aide publique au développement a été inversée, pour connaître une augmentation à laquelle il faut ajouter les différents allègements de la dette, en particulier la récente mesure adoptée par le G-8 en faveur de 18 PPTE dont le nôtre, a dit le représentant.
Poursuivant sur la mobilisation de l’épargne nationale, le représentant a indiqué que dans le cadre du financement du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, le Mali comptait mobiliser 265 millions de dollars, mais qu’en raison d’une croissance moins importante que prévue, d’une conjoncture internationale défavorable, et compte tenu du fait que la moitié de la population malienne vit avec moins de un dollar par jour, le pays a rencontré quelques difficultés. Il a également déploré la pratique des subventions à la production et à l’exportation de produits agricoles. Dans le cas du coton, un produit sur lequel le Mali bénéficie d’un avantage comparatif, ces subventions versées aux producteurs des pays riches ont fait baisser les cours mondiaux, et ont entraîné une paupérisation accrue des producteurs maliens. S’agissant des investissements étrangers, M. Fomba a noté que les capitaux allaient en général là où le risque est faible, avant de plaider pour le respect des engagements pris à Monterrey, en ce qui concerne les volumes d’aide publique au développement et la libéralisation du commerce mondial.
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