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AG/EF/3115

DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT LE RESPECT DES ENGAGEMENTS DU CONSENSUS DE MONTERREY AFIN DE FACILITER LA RÉALISATION DES OMD

12/10/05
Assemblée généraleAG/EF/3115
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Deuxième Commission

10ème séance – matin & après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT LE RESPECT DES ENGAGEMENTS DU  CONSENSUS DE MONTERREY AFIN DE FACILITER LA RÉALISATION DES OMD


Des États rejettent l’idée de considérer l’argent envoyé par les migrants 

à leurs familles pauvres comme une source novatrice de financements du développement


L’allègement de la dette extérieure, la mise en œuvre et le suivi des recommandations issues de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, qui a eu lieu en mars 2002, et leur impact sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici 2015, étaient cet après-midi au cœur des débats de la Commission économique et financière (Deuxième commission). 


À cet égard, le représentant de la Chine a estimé qu’en dépit d’une augmentation des volumes d’aide publique au développement, qui atteignent aujourd’hui 78 milliards de dollars par an, la réalisation des OMD à la date prescrite était fortement compromise par un certain nombre de facteurs.  Il a à cet égard cité l’instabilité des marchés financiers et les déséquilibres entre les montants des transferts de ressources qui s’effectuent, d’une part des pays en développement vers les pays industrialisés, et d’autre part des pays riches vers les pays moins nantis.  Prenant l’exemple de son pays, qui a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, et a été inscrit par le G-8, lors du Sommet de Gleneagles, sur la liste des pays éligibles à une annulation complète de leur dette extérieure, le représentant de la Tanzanie a indiqué qu’en dépit de réformes soutenues qui ont permis à l’économie nationale d’atteindre un taux de croissance de 6,7% par an et d’augmenter ses réserves en devises, son pays ne pourra atteindre les OMD en 2015.  Pour sa part, tout en saluant les propositions novatrices visant à mobiliser des ressources additionnelles au profit du financement du développement, la représentante de la Thaïlande a souhaité que plus d’informations soient données aux délégations sur les critères de collecte des nouvelles taxes proposées, et sur les modalités de gestion des fonds qui seront levés par les nouveaux outils de mobilisation de ressources.


Au nom de l’Union européenne, le représentant du Royaume-Uni a précisé que deux idées de création d’outils novateurs de mobilisation de ressources de financement étaient actuellement à l’étude, la première, introduite en 2004 par la France et son propre pays, vise l’établissement d’une Facilité de financement internationale, tandis que la seconde, plus récente, suggérée par la France et appuyée par plusieurs pays de l’Union européenne, propose la création d’une taxation internationale sur les billets d’avion.  À ce titre, le Chili a annoncé que son pays appliquerait cette taxe dès janvier 2006, à hauteur de 2% du prix de chaque titre de transport aérien.  D’autres ressources alternatives, comme celle concernant la mobilisation des sommes issues des transferts d’argent des migrants peuvent contribuer au financement de programmes de développement économique dans les pays en développement, a fait observer le représentant de l’Organisation pour les migrations internationales, qui a souligné que ces transferts étaient parfois supérieurs aux investissements étrangers directs dans certaines pays et que 15 à 20% de ces montants pouvaient êtres canalisés vers des activités économiques génératrices de revenus.  Des délégations, dont celles du Mexique, du Pérou, du Guatemala, de l’Équateur et d’El Salvador se sont cependant élevées avec force contre ce concept, qui suppose que les États s’arrogent le droit de planifier l’usage qui doit être fait de ressources qui servent à la survie des familles des expatriés et des migrants. 


Ce matin, au cours de la table ronde organisée par la Commission sur le thème:« Allègement de la dette extérieure et réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement: défis et possibilités », Vikram Nerhu, Directeur du Département des politiques économiques et de la dette à la Banque mondiale, a indiqué que la celle-ci allait procéder à l’application de la décision d’annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés prise par le G-8 de Gleneagles.  Cette décision sera mise en œuvre à partir du 1er juillet 2006 par la Banque mondiale, a dit M. Nehru, en indiquant que la Banque africaine de développement et le Fonds monétaire international l’appliqueraient probablement à partir du 1er janvier 2006.  Alors que le représentant de la Banque mondiale s’inquiétait de savoir si les pays donateurs honoreraient leur engagement de verser des compensations aux institutions financières internationales sollicitées dans l’application de l’initiative du G-8, Neil Watkins, représentant de l’organisation « Jubilee USA Network », a appelé les pays en développement à ne pas honorer le service de leur dette.  Rappelant que la CNUCED avait indiqué que les pays africains avaient emprunté 540 milliards de dollars, pour la période allant de 1970 à 2002, et en avaient remboursé 550 milliards, M. Watkins s’est interrogé sur l’origine des 300 milliards de dollars que ces pays sont toujours censés devoir rembourser aux institutions financières internationales. 


Les délégations et organisations dont la liste suit se sont exprimées cet après-midi au cours des travaux de la Deuxième Commission: Jamaïque (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne), Bangladesh, Chine, Inde, République-Unie de Tanzanie, Pérou, Pakistan, Suisse, Cambodge, Algérie, Thaïlande, Qatar, Guyana (au nom de la CARICOM), Salvador, Équateur, Guatemala, Mexique, et Organisation pour les migrations internationales.  En début de séance, MM. Oscar de Rojas et Alexandre Tepelkov, du Bureau du financement du développement au Département des affaires économiques et sociales ont présenté le rapport du Secrétaire général sur le point de l’ordre du jour examiné par la Commission.  Mme Harriet Schmidt, Directrice du Bureau des pays les moins avancés, des pays sans littoral, et des petits États insulaires en développement, a lu une présentation au nom du Représentant spécial en charge de ces pays, M. Anwarul Chowdury.


La Deuxième Commission poursuivra son débat sur la mise en œuvre et le suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement demain, jeudi 13 octobre, à 11 h 30, après avoir suivi, à 10 heures, une présentation sur les résultats des consultations multipartites sur le thème:  « Problèmes systémiques: renforcement de la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux en appui au développement.


Table ronde sur le thème « Allègement de la dette extérieure et réalisation des OMD: défis et possibilités »


Déclarations liminaires


M. TOM SCHOLAR, représentant du Royaume-Uni auprès du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, a donné à la Commission un bref aperçu des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui se sont tenues, il y a deux semaines, à Washington.  Rappelant l’annonce des Ministres des finances du G-8 concernant l’annulation de la dette extérieure de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), M. Scholar a indiqué que les discussions relatives à cette question s’étaient déroulées de juin à septembre 2005 et qu’il ne s’agissait plus d’une proposition du G-8 mais du G-24.  Il a expliqué que les efforts d’allègement de la dette s’inscrivaient dans les efforts généraux des institutions internationales visant à aider les pays en développement à atteindre les OMD.  L’allègement de la dette n’est pas une fin en soi, mais un moyen à mettre au service d’un objectif, celui du développement durable, a-t-il précisé.  Il a estimé qu’un endettement raisonnable pouvait être un moyen important de financer le développement et que les ressources financières privées offraient d’immenses possibilités d’investissements pour les pays en développement.  Toutefois, il a aussi averti que ce mode de financement comportait de grands risques et que les pays en développement avaient besoin d’assistance technique pour bien le gérer et l’utiliser.  Il a fait remarquer que ce mode de financement n’était pas recommandable pour les pays dont le niveau d’endettement était déjà très élevé.  S’agissant de l’allègement de la dette, il a souligné que cette solution avait un coût pour les créanciers et qu’elle pouvait aussi influencer la perception qu’ont les bailleurs de fonds des pays qui en sont bénéficiaires, compromettant ainsi leurs perspectives d’accès au crédit.  Certains pays ont d’ailleurs préféré ne pas recourir à cet allègement pour ne pas entacher leur image, a-t-il noté.


M. Scholar a estimé que les ressources tirées de l’allègement de la dette ne seraient jamais suffisantes pour permettre à un pays d’atteindre les OMD.  Ce mécanisme, en tant qu’allocation de ressources, ne peut être qu’un outil de financement complémentaire parmi beaucoup d’autres, a-t-il insisté.  Concernant la viabilité de la dette, il a indiqué que ce n’était qu’un concept technique.  Il a dit que la définition de la « viabilité » devait se centrer sur l’analyse d’indicateurs budgétaires et économiques.  Au FMI et à la Banque mondiale, nous sommes convaincus que la communauté internationale doit adopter une démarche très souple en matière d’allègement de la dette, a-t-il soutenu.  Il faut voir, pour chaque pays, quel est le bon dosage à trouver entre les différents instruments qui sont disponibles.  Il a déclaré que le FMI et la Banque mondiale faisaient aujourd’hui preuve d’une plus grande flexibilité dans l’usage des différents instruments dont ils disposent.  Il a aussi annoncé que le FMI s’apprêtait, d’ici à la fin du mois, à mettre en place un mécanisme de soutien aux pays en développement pour les aider à faire face aux chocs financiers extérieurs.  Il a de plus noté l’adoption d’un nouvel instrument de soutien politique qui permettra de donner aux bailleurs de fonds des signaux leur indiquant qu’un pays est prêt à utiliser de manière efficace les ressources financières qui seraient mises à sa disposition.


S’agissant de la récente proposition d’annulation de la dette avancée par les Ministres du G-8, il a estimé qu’il fallait maintenant en identifier les modalités d’application et de mise en œuvre.  Cela devrait être terminé à la fin de l’année, a-t-il poursuivi, afin que le mécanisme choisi soit présenté aux différents Conseils d’administration.  Il a indiqué que le processus à mettre en œuvre dans les pays bénéficiaires de la réduction de la dette devrait rapidement être lancé.  Il a conclu en notant qu’en dehors d’un financement approprié, d’un bon équilibre entre dons et prêts et de l’existence d’un volume de ressources suffisant, il était essentiel que la communauté internationale parvienne à une bonne conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, afin d’aider les pays en développement à mobiliser les financements qui leur permettraient d’atteindre les OMD.


M. VIKRAM NEHRU, Directeur du Département des politiques économiques et de la dette à la Banque mondiale, a souligné la complexité des processus d’annulation de la dette.  Si le premier objectif pour les pays éligibles à l’Initiative PPTE qui ont atteint le point d’achèvement est celui de l’annulation de leur dette, le second doit être de dégager des ressources supplémentaires en réduisant les montants que ces pays allouaient au service de leur dette extérieure, tandis que le troisième est de garantir la viabilité financière des institutions financières internationales qui ont fourni les fonds nécessaires à l’annulation.  Ces trois éléments doivent être intégrés de manière concomitante pour permettre de procéder à la mise en œuvre des mesures d’annulation de la dette agréées lors du Sommet du G-8 de Gleneagles, a dit Vikram Nehru.  Au niveau de la Banque mondiale, les 18 pays qui ont atteint le point d’achèvement bénéficieront d’une annulation de 100% de leur dette, mais dans un second temps, les aides allouées à ces 18 pays au titre de l’Association internationale pour le développement (IDA) seront versées grâce à des fonds mis à la disposition de l’IDA par les pays donateurs de manière à préserver sa capacité de financement et, dans un troisième temps, les pays donateurs devront verser des compensations à la Banque mondiale.  Au total 38 pays devraient être concernés à terme par l’Initiative PPTE, a expliqué M. Nehru, mais une vingtaine d’entre eux ne sont pas encore parvenus au point d’achèvement qui leur permettrait de bénéficier des procédures d’annulation de la dette de la part de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de la Banque africaine de développement.  S’agissant des modalités, il reste encore à définir les montants sur la base desquels seront évaluées les annulations de dette, a dit M. Nehru, en soulignant que la Banque mondiale serait l’un des plus gros contributeurs aux procédures d’annulation de dette.  Concernant les dates d’application de la mesure définie par le G-8, M. Nehru a expliqué qu’elle interviendrait le 1er juillet 2006 pour la Banque mondiale et probablement le 1er janvier 2006 pour la Banque africaine de développement et le Fonds monétaire international.  L’idée exprimée par le G-8 et par nos partenaires est de faire en sorte que ces PPTE n’accumulent pas de nouvelles dettes élevées, a-t-il dit, avant d’indiquer qu’un mécanisme de suivi allait être mis en place pour prévenir ce genre de risque. 


M. NEIL WATKINS, Coordonnateur national du réseau d’ONG « Jubilee USA Network », a expliqué que ce réseau comprenait 70 organisations actives aux États-Unis, dont entre autres, des groupes religieux et communautaires, et des organisations de protection de l’environnement.  Il a souligné l’importance de l’annulation de la dette pour permettre aux pays pauvres d’atteindre les OMD.  C’est un problème de moralité et de justice, a-t-il insisté, pas seulement un problème économique.  Saluant la proposition du G-8 d’annuler la dette de 18 pays éligibles à l’Initiative PPTE, il a cependant estimé que les institutions financières internationales n’auraient pas agi dans ce sens sans la pression et l’attention soutenue du public.  Malgré ce geste, neuf personnes sur 10 vivant dans les pays en développement ne seront pas concernées par cette annulation, a-t-il regretté.  Il faut une annulation de la dette plus importante, a-t-il suggéré, en demandant d’accroître, entre autres, le nombre de pays visés et le nombre de créanciers concernés.  Il a noté que 60 pays avaient besoin d’une annulation immédiate de leur dette pour atteindre les OMD.  Il a indiqué que les 56 milliards de dollars d’annulation proposés par le G-8 ne représentaient que 10% de la dette extérieure des pays à faible revenu.  Il a de plus noté que le discours de la crise de la dette s’était pour l’instant trop centré sur les pays les plus pauvres, citant l’exemple du Brésil qui, malgré ses revenus, consacre trois fois plus au service de la dette qu’à la santé.  Il a aussi relevé que l’accord auquel est parvenu le G-8 ne concernait pas tous les créanciers et que des pays restaient très endettés auprès de banques régionales notamment.  Il s’est de plus opposé au lien établi entre l’annulation de la dette et la mise en oeuvre de certaines politiques économiques qui n’ont, selon lui, pas fait leur preuve en matière de réduction de la pauvreté. 


M. Watkins a par ailleurs insisté sur l’importance de s’assurer que les recettes de l’annulation de la dette parviennent à ceux qui en ont besoin.  Il faut que la société civile puisse exiger qu’on rende compte aux populations, a-t-il suggéré, en demandant également des mesures novatrices de suivi de l’allocation des ressources.  Il a aussi mis l’accent sur la « dette illégitime », qui est celle provenant de projets qui ont échoué ou n’ont jamais été mis en œuvre en raison de pratiques de corruption.  Il a estimé que les créanciers ne pouvaient dans ces cas attendre le remboursement de ces dettes.  Il a estimé que les créanciers devaient prendre leur part de responsabilité dans ce genre de situation, en raison des mauvaises décisions qu’ils prennent lors de l’octroi de prêts.  L’annulation de la dette n’est pas un acte de charité, c’est un acte de justice, a-t-il insisté.  Il a relevé que de 1970 à 2002, la CNUCED a observé que les pays africains avaient emprunté 540 milliards de dollars et en avaient remboursé 550 milliards durant la même période.  Comment l’Afrique peut-elle toujours devoir 300 milliards de dollars aujourd’hui sur ces mêmes prêts? s’est-il étonné.  Il a appelé à des actions plus audacieuses, et s’est joint à l’appel lancé par des organisations de la société civile de pays en développement et par ces ONG, qui demandent aux pays pauvres de refuser de payer les intérêts d’une dette abusive.  Le refus de payer serait le meilleur moyen d’attirer l’attention des créanciers et de trouver des solutions viables à ce problème, a estimé M. Watkins en exhortant les États à prévenir une nouvelle crise de la dette en versant aux pays pauvres des dons et non pas des prêts pour leur développement.


M. BARRY HERMAN, Conseiller principal auprès du Bureau chargé du financement du développement au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a rappelé qu’un processus de mise en œuvre des recommandations sur la mobilisation des ressources de financement du développement avait été enclenché depuis la Conférence de Monterrey sur le financement du développement de mars 2002.  Il a jugé que si quelques progrès avaient été à cet égard constatés, il appartiendrait cependant à la réunion de suivi de la Conférence de Monterrey, prévue en 2007 au Qatar, d’identifier les principales avancées et les obstacles qui se posent encore.  M. Herman a indiqué qu’au sein de la commission préparatoire de l’évaluation de la mise en œuvre du processus de Monterrey, des consultations quadripartites constantes ont été menées et maintenues entre la Banque mondiale, la CNUCED, le FMI et les Nations Unies.  Nous avons établi des contacts avec diverses parties prenantes en Europe et aux États-Unis, a-t-il ensuite dit, en précisant que ces travaux s’étaient notamment déroulés avec des organismes du secteur privé, comme la banque d’investissements Morgan Stanley, et avec la société civile. 


À Monterrey, il avait déjà été convenu que pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, les pays en développement, et les PPTE en particulier, avaient besoin d’un allègement de leur dette, a-t-il rappelé, soulignant que le Consensus de Monterrey pouvait être traduit en politiques nationales orientées vers la réduction de la dette et la mobilisation de ressources alternatives pour financer le développement.  L’Argentine est parvenue à une restructuration financière sans participation des institutions financières internationales, a-t-il observé, précisant que le Gouvernement argentin avait émis des bons du trésor et que la demande avait dépassé l’offre, ce qui prouve bien qu’il n’y avait pas une totale perte de confiance du public envers l’économie du pays. 


Revenant ensuite sur les consultations multipartites sur la dette, M. Herman a indiqué que l’objectif premier était de rendre la dette viable au plan national, notamment en intervenant dans le domaine fiscal.  Ce genre d’action fait partie des priorités de l’assistance technique, a-t-il souligné.  La seconde priorité est de trouver les voies et moyens d’améliorer la transparence entre créanciers et débiteurs, ce qui se fait sous la pression de la société civile, car les contribuables sont soucieux de savoir comment leurs impôts sont utilisés, a-t-il ajouté.  Enfin, le troisième volet consiste en l’édification d’un mécanisme de cadrage de la dette, a-t-il dit. 


Débat interactif

Dans le cadre du débat interactif qui a suivi les présentations des conférenciers, M. SCHOLAR, du Fonds monétaire international (FMI), a souligné, face aux inquiétudes du représentant de la Zambie, qu’il n’y aurait pas de nouvelles conditionnalités imposées aux pays concernés par les mesures d’annulation de la dette proposées par le G-8.  Les seules conditionnalités seront celles posées par l’Initiative PPTE, a-t-il souligné en notant d’autre part que la date butoir de mise en œuvre de la décision du G-8 serait choisie lors de la tenue des prochains Conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale.  Elle dépendra du stade auquel se trouvera le financement compensatoire de l’annulation de la dette et de celui des projets en cours, qui ne doivent pas être perturbés par cette mesure.  Répondant à une question du représentant du Royaume-Uni sur les progrès accomplis par les pays pauvres très endettés bénéficiaires de la mesure du G-8, mais qui auparavant étaient déjà éligibles à l’Initiative PPTE, M. Scholar a estimé que l’action du G-8 n’était pas le signe d’un échec de l’Initiative PPTE.  Celle-ci a permis de dégager des ressources supplémentaires importantes au bénéfice des pays qui sont éligibles à son programme, a-t-il noté.  S’agissant des conditionnalités, jugées trop nombreuses et trop difficiles à satisfaire par un grand nombre de délégations, il a émis l’espoir qu’elles fassent l’objet d’une rationalisation et soient présentées de manière plus cohérente, et a souligné que la Banque mondiale avait procédé à leur examen dans ce but.  Suite à une question du représentant du Nigéria qui s’est étonné que la viabilité de la dette soit jugée comme un concept purement technique et que le contexte social et économique des pays n’y soit pas pris en compte, M. Scholar a déclaré qu’avant de formuler des recommandations, le FMI et la Banque mondiale ont besoin de données économiques et financières précises.  C’est au vu de ces indicateurs qu’ils décident de la viabilité de la dette d’un pays. 


M. VIKRAM NEHRU, de la Banque mondiale a, quant à lui, indiqué que le processus de consultations concernant le cadre de l’allègement de la dette avait été long et avait pris en compte les positions des parties prenantes, dont les organisations de la société civile.  Face aux questions de plusieurs délégations sur le risque d’une nouvelle accumulation de dettes insoutenables, il a estimé que s’il faut envisager de verser des ressources sous forme de dons, il faut aussi être conscient que cette démarche sera plus coûteuse pour les bailleurs de fonds, et que ses implications se répercuteront immanquablement sur la cotation des pays et leur capacité à obtenir des prêts sur les marchés financiers privés ou multilatéraux.  Le représentant du Burkina Faso a voulu savoir si les bénéficiaires de l’annulation de dette proposée par le G-8, dont fait partie son pays, pouvaient contracter de nouveaux prêts.  M. Nehru lui a répondu que si ces pays en avaient effectivement la possibilité, ils devraient cependant le faire de manière prudente pour éviter de retomber dans un nouvel endettement insoutenable.


À une question du représentant de l’Italie concernant le Club de Paris, M. Nehru, a répondu que le Club adaptait ses réactions aux circonstances de chaque pays et n’avait pas d’approche uniforme.  Il n’y a pas de recette unique et systématique du traitement de la question de la dette, a estimé pour sa part BARRY HERMAN, du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, avant de parler de la démarche d’Évian, préconisée par le Club de Paris, qu’il a qualifiée comme l’une des meilleures approches de rééchelonnement de la dette.  Il a plaidé pour la création d’un mécanisme consultatif entre débiteurs et créanciers, fonctionnant sur le modèle de la CNUCED, sous l’égide des Nations Unies, et a estimé que cela permettrait de réduire l’incertitude et faciliterait les négociations entre les pays débiteurs et leurs créanciers sur les modalités de paiement de leur dette.  Évoquant la pratique des échanges de dette contre des programmes de développement dits « processus de swap », il a rappelé que le Club de Paris avait initié un modèle de procédure d’échange de dette contre le développement, et a précisé que ce modèle concernait uniquement la dette publique. 


Le représentant du Brésil est revenu sur les propos de M. Watkins, de « Jubilee USA Network », selon lesquels le Brésil dépenserait plus pour rembourser sa dette que pour maintenir son système de santé et le bien-être de sa population.  Si tel n’était pas le cas, a estimé le représentant, il serait plus difficile pour le Brésil de trouver des investisseurs ou d’obtenir des prêts, qui lui coûteraient aussi plus chers.  Sans ces ressources extérieures, qui permettent de maintenir la croissance du pays, les conditions de vie de la population se dégraderaient, a-t-il noté.  Ne vaut-il donc pas mieux commencer par payer la dette, puis investir dans la santé? a-t-il demandé au conférencier.  M. Watkins a répondu que si un certain nombre de pays qui ne sont pas concernés par la décision du G-8 décidaient ensemble de ne pas régler leur dette, les bailleurs de fonds seraient obligés de tenir enfin compte du contexte économique, des besoins sociaux et humains, et de la situation difficile de ces pays.  Ils adopteraient alors une nouvelle approche sortant du cadre de l’actuelle orthodoxie financière internationale.  Sous la pression des ONG et des organisations de la société civile, les bailleurs de fonds seront, un jour prochain, obligés d’adopter des approches novatrices sur la résolution de la question de la dette, a-t-il déclaré.


Revenant sur les propos de M. Nehru, M. Watkins a mis en garde contre les retards enregistrés dans l’application de la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés.  Il a dit que chaque mois perdu coûte la vie à de nombreux pauvres dans les pays en développement.


Mise en place et suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement


Rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre et le suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement (A/60/289)


Ce rapport actualise l’étude approfondie de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et réaffirme, entre autres, les principaux axes d’intervention figurant dans le rapport établi par le Secrétaire général en ce qui concerne le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, qui s’est tenu les 27 et 28 juin 2005.  Il fait le point sur les initiatives et les engagements les plus récents et les plus importants pris par les gouvernements et les autres grands acteurs institutionnels et non institutionnels, comme la décision, en mai 2005, de l’Union européenne d’atteindre au plus tard en 2009 l’objectif qu’elle s’est fixée de consacrer 0,5% de son PNB à l’assistance publique au développement (APD), ou encore, les engagements pris en faveur de l’amélioration de la qualité de l’aide dans la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, qui a été publiée en mars 2005.  Dans ce rapport, M. Kofi Annan souligne également les propositions visant à créer des mécanismes novateurs de financement du développement.  Il constate que le G-8 a salué le projet pilote, proposé par le Royaume-Uni, d’une Facilité de financement internationale pour l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, ainsi que la suggestion des Gouvernements français et brésilien de prélever une contribution de solidarité sur les billets d’avion.


De plus, le Secrétaire général relève les propositions d’allègement de la dette extérieure, telle que celle approuvée en juillet 2005 lors de la Réunion du G-8 à Gleneagles, qui vise une remise complète de leur dette extérieure aux pays pauvres très endettées (PPTE) qui ont atteint le point d’achèvement du Programme PPTE.  Par ailleurs, il insiste sur les progrès à accomplir dans les négociations commerciales multilatérales du Cycle de Doha en faveur du développement.  Il souligne l’importance de la sixième Conférence ministérielle de l’OMC qui doit avoir lieu à Hong Kong en décembre 2005 et rappelle que ce cycle de négociations commerciales devrait se conclure en 2006. 


Enfin, le Secrétaire général aborde la question du renforcement de la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux en appui au développement, en estimant notamment que les ajustements opérés dans l’architecture financière internationale ne peuvent avoir d’effets si tous les pays membres ne sont pas des partenaires égaux.  Il juge aussi qu’il faut améliorer la coopération et la coordination internationales afin de déterminer les actions à mener pour diminuer les déséquilibres mondiaux sans pour autant ralentir la croissance économique.


Rapport résumant le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, établi par le président de l’Assemblée générale (A/60/219)


Ce document contient le résumé du deuxième Dialogue de haut niveau sur le financement du développement qu’a tenu l’Assemblée générale au Siège des Nations Unies les 27 et 28 juin derniers.  Le thème du Dialogue de haut niveau était: « Le Consensus de Monterrey: bilan de mise en oeuvre et travaux à prévoir ».  Le résumé des travaux rappelle que 28 ministres, 11 vice-ministres et de nombreux hauts représentants de plus de 80 gouvernements ont participé au Dialogue.  Le texte résume les idées et les mesures relatives au financement du développement mises en avant par les intervenants, notamment en ce qui concerne la mobilisation des ressources financières au niveaux national et international; le commerce international; le renforcement de la coopération technique et financière internationales, ainsi que les questions de la dette extérieure, du renforcement de la cohérence, et de la compatibilité des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux.


Présentation de rapports


M. OSCAR DE ROJAS, Directeur du Bureau du financement du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), en présentant le premier rapport du Secrétaire général sur la question à l’ordre du jour de la Commission, a indiqué que ce document avait été établi en collaboration étroite avec les institutions financières internationales.  Dans ce rapport, le Secrétaire général souligne les importantes initiatives prises dans les domaines de l’aide au développement, de la dette extérieure et des problèmes systémiques depuis le mois de juin 2005.  En 2004, le volume total de l’aide publique au développement est passé à 78 milliards de dollars, a dit Oscar de Rojas, ajoutant que l’Union européenne s’est engagée, en mai 2005, à atteindre, en 2015, l’objectif des 0,7% du PNB de ses États membres consacrés à l’aide publique au développement, avec un objectif médian consistant à verser 0,5% du PNB de ses membres à l’APD en 2010.  Grâce à ces mesures, l’aide publique au développement devrait progresser de 50 milliards de dollars en 2010, a poursuivi M. de Rojas, avant de souligner les engagements conjoints pris entre pays développés et pays en développement pour une meilleure utilisation de l’aide. 


Abordant la question des sources de financement novatrices, il a mentionné la proposition faite par la France et le Royaume-Uni, et appuyée par le Brésil et le Chili, d’une contribution de solidarité tirée de la vente des billets d’avion, avant de mentionner le projet pilote de mécanisme de financement de développement que représente l’« Alliance mondiale pour la vaccination », qui dispose d’un appui de départ de la France et du Royaume-Uni.  M. de Rojas a salué la décision du G-8 de créer un fonds d’affectation spécial pour permettre aux pays en développement de surmonter les chocs provoqués par la détérioration des termes de l’échange qui affecte les cours des produits de base, et s’est félicité de la décision d’annulation de la dette de 18 PPTE prise par le G-8.  S’agissant des questions systémiques, il a prôné l’introduction de « mécanismes macroprudentiels » dans les économies nationales afin de contrer les déséquilibres cycliques.  Il a enfin suggéré une réforme du Fonds monétaire international afin d’y renforcer la participation des pays en développement à la prise de décisions, et d’y initier une réelle gouvernance économique mondiale, avant d’inviter les États membres à demeurer engagés dans la réforme des mécanismes de financement du développement, et pour augmenter les flux financiers destinés à la facilitation de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


M. ALEXANDRE TREPELKOV, Chef de la Section des partenariats et du plaidoyer au Bureau du financement du développement (DESA), a présenté l’addendum au rapport du Secrétaire général relatif aux consultations multipartites sur le financement du développement, et a précisé que l’objectif de ces consultations visait à mobiliser les diverses parties prenantes, à mobiliser des ressources pour le financement du développement, à promouvoir des pratiques optimales, et à procéder à des échanges d’informations sur l’application des engagements pris et des accords conclus lors de la Conférence de Monterrey.  Il a précisé que l’objectif était d’établir un livre bleu, un manuel permettant aux pays en développement d’identifier les contraintes qui existent dans la définition de leurs politiques financières.  Ce livre bleu, qui sera finalisé dans le courant du mois de novembre 2005 à New York, définit par ailleurs le rôle des grandes parties prenantes impliquées dans la définition des politiques.  S’agissant de la dette, il a souligné que les trois éléments retenus dans le livre bleu consistaient à s’assurer de la viabilité de la dette; à maintenir le dialogue entre débiteurs et créanciers, et enfin, à réduire les risques et les incertitudes financières, ceci dans l’objectif de la réalisation des OMD.  Concernant le rôle des partenariats public/privé, orientés vers le développement, M. Trepelkov a indiqué que leur portée pouvait s’étendre des aspects financiers aux questions de transferts de technologies.  Les consultations multipartites qui ont eu lieu se sont penchées sur les questions systémiques, et notamment sur la vulnérabilité financière des pays en développement découlant des insuffisances de l’architecture financière internationale actuelle, et ont émis des propositions visant à rendre les économies des pays en développement plus résistantes aux chocs extérieurs, et notamment aux fluctuations des taux de change et des cours des produits de base. 


Échange interactif


Évoquant le projet pilote de financement international sur la vaccination, qui a été lancé par la France et le Royaume-Uni, la représentante de l’Espagne a souligné que son pays soutenait cette initiative, comme le font d’autres pays membres de l’Union européenne.  Pour le représentant du Chili, même en atteignant le seuil de 0,7% du PNB que les pays développés doivent allouer à l’aide publique au développement, il sera difficile de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici 2015.  Il a regretté que le rapport du Secrétaire général ne fasse pas mention de la décision du Chili d’imposer une taxe de 2% de leur prix sur tous les billets d’avion pour financer le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. 


Abordant la question de la dette, le représentant du Royaume-Uni a assuré que depuis le début du mois de septembre, le G-8, sous la conduite de son pays, s’était assuré que le financement par les institutions financières internationales de l’annulation de la dette des 18 PPTE serait compensé par des contributions des pays donateurs. 


Reprenant la parole, les officiels du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU ont reconnu que les rapports ne contenaient pas toujours les dernières statistiques et les données les plus récentes, et se sont félicité du fait que le Chili soit le premier pays à mettre en oeuvre, au 1er janvier 2006, la taxe sur les billets d’avion. 


Mme HARRIET SCHMIDT, Directrice du Bureau pour les pays moins avancés (PMA), les pays sans littoral en développement et les petits États insulaires en développement (PEID), a fait une déclaration au nom de M. Anwarul K. Chowdhury, Secrétaire général adjoint et Haut Représentant en charge de ce Bureau.  Elle a dit que les PMA étaient enfermés dans un « piège de la pauvreté » dans lequel la faible croissance économique des pays et les faibles revenus de leurs habitants limitent les capacités d’épargne nationale.  Elle a souligné que les PMA avaient besoin d’une assistance spéciale car ils ne pouvaient par leurs propres moyens satisfaire leurs besoins de base, quelles que soient les politiques qu’ils appliquent ou la qualité de leur gouvernance.  Elle a appelé les partenaires de développement à respecter leur engagement de faire passer l’aide publique au développement (APD) destinée aux PMA de 0,15% à 0,20% de leur PNB d’ici 2010, comme cela est préconisé par le Programme d’action de Bruxelles.  Saluant les récentes promesses de l’Union européenne et du G-8 en matière d’aide aux pays les plus pauvres, elle a estimé que l’aide devait s’aligner sur les stratégies de développement des pays, afin de renforcer l’appropriation nationale des programmes de développement et d’être réellement efficace.  Elle a noté que 32 des 50 PMA avaient déjà complété leur Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), les autres devant y parvenir d’ici 2006.  Concernant le soutien budgétaire comme nouveau moyen de transfert de ressources, elle a indiqué que cette démarche avait permis d’augmenter le pouvoir d’achat des pauvres et donc de diminuer la faim et la malnutrition.  Ces progrès, a-t-elle poursuivi, doivent encourager les donateurs à augmenter leur aide budgétaire.  L’aide versée sans conditionnalité et sur une base prévisible est plus que jamais nécessaire, pour mettre en oeuvre les objectifs nationaux de développement qui une fois atteints permettraient sans doute de réaliser certains OMD, a-t-elle dit. 


M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque) a pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il s’est félicité de la décision de l’Union européenne d’établir un calendrier pour parvenir à l’objectif de verser 0,7% de son PNB à l’APD, ainsi que des efforts déployés pour explorer la création de sources de financement novatrices.  Notant que les pays en développement avaient fait des efforts pour mobiliser leurs ressources internes et attirer l’investissement étranger, il a regretté que, malgré cela, le volume des ressources soit toujours trop bas pour leur assurer une croissance économique durable.  Une augmentation substantielle de ressources est donc nécessaire, a-t-il insisté.  Il a demandé que les engagements du Document final du Sommet mondial de 2005 relatifs à ce sujet soient honorés.  Les ressources domestiques doivent être complétées par un financement provenant du commerce international, l’IED et l’APD, a-t-il ajouté.  Il a en plus demandé que soient prises des mesures pour faire face à la volatilité des flux financiers à court terme. 


S’agissant du rôle des Nations Unies, le représentant a estimé qu’elles devaient envoyer des messages clairs, notamment en ce qui concerne le commerce et les secteurs financier et monétaire.  Il a demandé que l’ONU ait un rôle significatif dans l’élaboration de l’environnement économique mondial.  À cet égard, il a suggéré de renforcer le rôle de l’Organisation en fournissant des fonds accrus et prévisibles à la coopération pour le développement, et de renforcer le rôle de l’ECOSOC.  Par ailleurs, il s’est opposé à l’imposition de conditions politiques liées à la fourniture de l’aide.  Cela entrave les progrès des pays récipiendaires, a-t-il estimé.  Enfin, il a jugé essentiel que l’Assemblée générale approuve l’offre du Qatar de tenir une conférence de suivi sur le financement du développement en 2007, afin d’identifier les moyens d’avancer sur la base du Consensus de Monterrey. 


M. MICHAEL O’NEILL (Royaume-Uni), qui a pris la parole au nom de l’Union européenne, a appuyé le partenariat entre pays en développement et pays développés selon les termes définis par la Conférence de Monterrey sur le financement du développement.  Ce partenariat suppose que les pays en développement assument la responsabilité première de la création des conditions indispensables à une bonne utilisation de l’aide, a relevé le représentant.  Parmi les objectifs fixés à Monterrey, a-t-il rappelé, il y avait la mobilisation des ressources nationales, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, et l’intégration des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les stratégies nationales avant 2006.  Le représentant a insisté sur la nécessité pour tous les pays d’adhérer à la Convention sur la lutte contre la corruption, et de privilégier les questions environnementales dans les politiques nationales.  S’agissant du commerce, il a indiqué que l’Union européenne était disposée à faire aboutir les négociations commerciales de l’agenda du développement du Cycle de Doha au cours de la Réunion ministérielle de l’OMC à Hong Kong, en décembre 2005. 


Concernant l’aide publique au développement (APD), il a rappelé que quatre pays sur cinq parmi ceux qui atteignent le seuil de 0,7% de leur PNB à consacrer à l’APD appartiennent à l’Union européenne.  L’objectif arrêté lors du Conseil européen des 16 et 17 juin 2005 est de parvenir à 0,56% d’ici 2010 et à 0,7% en 2015, a-t-il ensuite indiqué, soulignant que les pays ayant intégré l’Union après 2002 avaient comme plafond d’atteindre le taux de 0,33% en 2015.  Il a indiqué que les engagements pris par l’Union européenne devraient augmenter de 80 milliards de dollars les volumes d’APD versés par les États membres de l’Union européenne à l’horizon 2010.  Abordant la question de la qualité et de l’efficacité de l’aide, le représentant du Royaume-Uni a invité les Nations Unies à jouer un rôle dans la mise en œuvre de la Déclaration de Paris, qui vise à établir des indicateurs d’utilisation de l’aide d’ici 2010.  Sur la question des mécanismes de financement novateurs, le représentant du Royaume-Uni, au nom de l’Union européenne, a soutenu le principe de création de sources de financement alternatives aux flux actuels d’aide publique au développement, citant notamment la taxe sur les billets d’avion, ainsi que les flux financiers générés par les travailleurs migrants.  Par ailleurs, s’agissant des procédures d’annulation de dette, comme celle initiée lors du G-8 de Gleneagles, il a assuré que l’Union européenne était disposée à envisager l’extension de cette mesure au-delà des 18 PPTE actuellement concernés.  Que voulons-nous comme type d’examen et de suivi de la Conférence de Monterrey, en 2007? a ensuite demandé le représentant.  Tout en saluant la proposition du Qatar d’accueillir cette rencontre, il a estimé que plusieurs types de forums pourraient être utilisés pour procéder à l’évaluation des progrès accomplis depuis Monterrey, sans pour autant forcément avoir recours à la formule « +5 ».


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a mis l’accent sur les réformes entreprises par son pays, qui ont permis des progrès considérables dans le secteur socioéconomique.  Toutefois, il a noté qu’une aide des partenaires de développement était toujours nécessaire pour parvenir aux OMD dans les délais établis.  Saluant  l’engagement de l’Union européenne d’augmenter l’APD en faveur des PMA, il a appelé d’autres pays à s’inspirer de ce geste.  De plus, il a demandé que la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 PPTE soit étendue à d’autres PMA par tous les créanciers bilatéraux et multilatéraux.  Selon lui, l’assistance ne peut contenir de conditionnalités et doit se présenter surtout sous forme de dons.  Il a par ailleurs estimé que la Facilité internationale de financement constituait un outil efficace pour trouver des ressources supplémentaires.  M. Chowdhury a également souligné que l’aide seule ne pouvait suffire au développement et que le commerce avait un rôle central à y jouer.  Il a ainsi déploré les barrières diverses auxquelles font face les exportations des PMA à l’heure actuelle.  Il a mis en avant l’importance d’une conclusion réussie du Cycle de Doha en faveur du développement qui doit, selon lui, comprendre, entre autres, un meilleur accès aux marchés, une flexibilité des règles, et des périodes de transition plus longue pour leur mise en œuvre.  Il a enfin demandé que les investissements étrangers directs (IED) soient redirigés vers les PMA, et que ces investissements contribuent efficacement au développement.


M. LIU LIQUN (Chine) a estimé qu’en dépit d’une augmentation des volumes d’APD depuis 2002, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement à l’horizon 2015 demeure compromise, notamment en raison de l’instabilité des marchés financiers.  D’où la nécessité pour la communauté internationale d’augmenter l’aide au développement et d’honorer les engagements pris lors de la Conférence de Monterrey, a-t-il dit, saluant à ce titre la décision de l’Union européenne d’atteindre progressivement, d’ici 2015, les 0,7% du PNB consacrés à l’aide publique au développement, ainsi que la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 PPTE, annoncée en juillet dernier à Gleneagles.  Le commerce est également la clef du développement, a fait valoir le représentant de la Chine, souhaitant que la réunion de Hong Kong clôture de façon positive le Cycle de négociations de Doha.  La Chine soutient les propositions britannique de créer la Facilité de financement internationale, et française de taxation sur les billets d’avion, a-t-il poursuivi, tout en estimant que les pays en développement ont besoin de programmes de renforcement des capacités sur la mobilisation nationale des ressources financières orientées vers des activités de développement.  La Chine appuie les projets de ses entreprises visant à contribuer au renforcement des capacités des pays en développement, a-t-il dit, en rappelant les initiatives annoncées en faveur des pays en développement par le Président Hu Jintao lors du Sommet mondial 2005, parmi lesquelles l’accès au marché chinois pour certains produits agricoles, et l’assistance dans le domaine de la santé. 


M. SARTAJ SINGH CHHATWAL (Inde) a plaidé pour une meilleure cohérence des systèmes financier, monétaire et commercial internationaux, et pour l’amélioration des processus de prise de décision en matière économique au niveau international.  Il faut prendre en compte le déficit démocratique qui existe dans ce domaine, a-t-il estimé en insistant sur une meilleure participation des pays en développement aux instances dirigeantes des institutions de Bretton Woods.  Il a souligné l’importance sur le développement de l’aide, du commerce, de la dette et de l’investissement, quatre secteurs qui sont liés.  On ne peut parler d’annulation de la dette, et se limiter uniquement au financement fourni par le FMI, a-t-il relevé.  On ne peut espérer un développement durable sans transfert de ressources et de technologies, a-t-il ajouté.  Il a jugé essentiel de lever les barrières qui entravent non seulement le commerce, mais également le développement, et qui ont été érigées par les pays industrialisés.  S’agissant des sources novatrices de financement du développement, il s’est félicité des propositions de création d’une Facilité internationale de financement, et des contributions de solidarité.  Mais ces sources ne doivent pas créer un fardeau supplémentaire pour les pays en développement, a-t-il averti.  Il a par ailleurs estimé que la surveillance, et les instruments dont dispose à cet égard le FMI, reflétaient les efforts du Fonds pour parvenir à une économie mondiale plus intégrée.  Toutefois, cette surveillance doit être juste et équivalente pour tous les membres du FMI, a-t-il dit.  Enfin, il s’est interrogé sur la nécessité de créer un bureau élargi ou un comité exécutif au Conseil économique et social, afin que l’ECOSOC traite efficacement avec les institutions financières et commerciales internationales, et il a demandé que les rencontres annuelles entre l’ECOSOC et ces institutions servent à donner vie à cet objectif. 


M. REMINISCERE P. MWASHA (Tanzanie) a rappelé que la Conférence de Monterrey avait marqué un tournant en matière de propositions sur le financement du développement, en particulier parce qu’elle suggérait l’établissement de partenariats entre secteur public et secteur privé pour accroître les ressources allouées au développement.  Soulignant les efforts consentis par les pays en développement, notamment par le biais des programmes d’ajustement structurel ou de libéralisation de l’économie, pour renforcer la bonne gouvernance et pour mobiliser des ressources nationales, il a invité les pays développés à répondre favorablement à ces mesures drastiques en concédant une annulation totale de la dette.  En Tanzanie, les réformes ont permis de parvenir à un taux de croissance de 6,7% et une multiplication par quatre des ressources nationales, qui atteignent 125 milliards de shillings tanzaniens par mois en 2005, a-t-il indiqué.  Il a jugé toutefois que ce n’est que dans le cadre de partenariats élargis que les Objectifs du Millénaire pour le développement seraient atteints.  L’établissement de règles plus équitables dans le commerce international et l’augmentation des flux d’aide publique au développement sont à cet égard indispensables, a-t-il estimé.  Il a plaidé pour une réforme en profondeur de l’architecture financière internationale qui assurerait une meilleure représentativité des pays en développement et augmenterait leurs pouvoirs dans les processus de prise de décision des institutions de Bretton Woods. 


Mme CLAUDIA ALEMAN (Pérou) a regretté que le « Partenariat pour le développement » se concentre de façon exagérée sur l’APD.  Cette aide peut éventuellement réduire la pauvreté mais ne crée pas nécessairement de développement, a-t-elle estimé, en soulignant que son pays n’adhérait pas à cette approche qui tend à donner aux pays du Sud une image d’assistés.  Afin d’encourager le développement, elle a réclamé la création d’un système commercial mondial juste, transparent et commercial, et d’un système financier international sans normes discriminatoires.  Elle a suggéré une augmentation des flux d’investissements étrangers directs (IED) et une augmentation des transferts de technologies.  Elle a aussi insisté sur la résolution de la question de la dette tout en se félicitant de l’annonce du G-8 d’annuler la dette de 18 PPTE, elle a cependant souhaité que cette décision s’étende à tous les PPTE.  S’agissant des pays à revenu moyen comme le Pérou, elle a appelé la communauté internationale à prendre en compte leurs besoins spécifiques.  Elle a expliqué que la capacité limitée des pays en développement d’accroître les investissements, en raison de leur faible marge de manoeuvre pour dégager des financements, rendait difficile l’amélioration des infrastructures dans ces pays.  Pourtant, a-t-elle affirmé, l’équipement en infrastructures permettrait de créer des emplois, ou encore, de stimuler la compétitivité des économies.  Elle a déclaré que l’investissement dans l’infrastructure constituait la clef d’une croissance économique rapide et de progrès dans la réduction de la pauvreté. 


M. ASAD M. KHAN (Pakistan) a décrit le développement comme une application judicieuse de la technologie, de l’utilisation de la main-d’œuvre et de l’investissement du capital.  Le capital est l’un des principaux facteurs du développement, a-t-il fait observer, en déplorant que le facteur « capital » fasse cruellement défaut aux pays en développement.  Au Pakistan, nous sommes parvenus à réduire le déficit budgétaire en gelant les budgets alloués à la défense et en contrôlant la gestion des entreprises publiques, ce qui a permis de ramener notre déficit de 8% à 4%, a-t-il souligné.  Les recettes à l’exportation ont évolué de plus de 100% et l’IED a été multiplié par quatre en cinq ans, tandis que le déficit de la balance des paiements était ramené à 5 milliards de dollars en l’espace de cinq ans, grâce à une réduction des versements faits au titre du service de la dette.  M. Khan a encouragé les pays développés à poursuivre les efforts pour augmenter l’aide publique au développement et alléger la dette des pays en développement, avant de demander l’établissement de règles commerciales plus équitables.  Il est important, a poursuivi Asad M. Khan, de revenir sur la pratique des subventions agricoles et autres mesures « anti-dumping » qui réduisent nos capacités d’accès aux marchés du Nord.


M. THOMAS GASS (Suisse) a indiqué que la Suisse continuerait à contribuer activement au partenariat global établi à Monterrey, notamment en poursuivant ses appuis directs et indirects dans les domaines du renforcement de la gouvernance et de celui des capacités de gestion de ses partenaires bilatéraux.  L’Afrique restera le continent privilégié de la coopération suisse pour le développement, a-t-il noté.  S’agissant des propositions sur la mobilisation de sources nouvelles de ressources du financement du développement, il a émis des réserves sur les mécanismes de mobilisation de ressources au niveau global mais s’est dit prêt à étudier des mécanismes plus limités et de nature volontaire, comme la taxe de solidarité sur les billets d’avion.  Le représentant a souligné l’importance non seulement d’augmenter le volume de l’APD mais aussi son efficacité et son impact.  En ce qui concerne les transferts de fonds des migrants, il a estimé que ceux-ci méritaient d’être davantage valorisés dans le cadre du financement pour le développement.  Il a souhaité que certaines questions, dont la réduction des coûts de transferts, soient abordées dans ce domaine.  Se félicitant des récentes mesures prises en matière de réduction de la dette, il a toutefois insisté sur le rôle du commerce dans la lutte contre la pauvreté.  Il s’est dit favorable à l’introduction d’une certaine flexibilité dans les accords commerciaux pour tenir compte des situations particulières des pays pauvres lors de la prochaine Réunion ministérielle de l’OMC. 


M. CHEM WIDHYA (Cambodge) a indiqué que le Gouvernement cambodgien avait lancé une politique macroéconomique visant la stabilité économique et la création de conditions propices à l’investissement étranger direct afin de soutenir une croissance durable.  Pour stimuler la croissance économique, il est important de pouvoir lutter efficacement contre la pauvreté et, à cette fin, de mobiliser des ressources de financement dans le cadre de l’aide publique au développement, a dit M. Widhya.  Il a indiqué que son pays évaluait en ce moment la possibilité d’intégrer les ressources de l’APD dans le budget national, et il a encouragé les pays développés à poursuivre leurs efforts d’augmentation des volumes d’APD et d’annulation de la dette extérieure des pays pauvres endettés.  Enfin, le représentant du Cambodge a souhaité que la réunion d’évaluation quinquennale de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, prévue en 2007, et que le Qatar se propose d’accueillir, permette d’examiner les progrès accomplis et les obstacles qui se posent.  


M. MACIN GAOUAOUI (Algérie) a déclaré que l’APD restait insuffisante malgré les augmentations enregistrées depuis le Sommet du Millénaire.  Il a salué toutes les initiatives prises récemment dans ce domaine, ainsi que la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 PPTE.  Il a toutefois affirmé que l’aide ne devait pas être conditionnelle, et que les pays en développement devaient assumer la responsabilité de leurs stratégies nationales de développement.  Il a noté que si le financement pour le développement ne pouvait reposer seulement sur l’APD, celle-ci devait néanmoins en demeurer la principale ressource.  Il s’est notamment dit en faveur d’une aide plus importante pour soutenir les budgets des pays en développement.  Par ailleurs, il a mis en avant le rôle du commerce international comme moteur de développement et en tant que facteur essentiel de mobilisation des ressources.  Il a estimé que les négociations en cours à l’OMC devaient réaffirmer et renforcer la dimension « développement » du Cycle de négociations de Doha.  Il s’est dit convaincu que la suppression des subventions agricoles et une plus grande ouverture des marchés du Nord aux produits des pays en développement permettraient à ceux-ci de mobiliser des ressources pour lutter contre la faim et la pauvreté.  Il a enfin souhaité que les sources traditionnelles de financement du développement soient complétées par des sources novatrices, qui n’alourdiront pas le fardeau de l’endettement des pays en développement, mais seront destinées à la lutte contre la faim et la pauvreté et à celle contre les grandes pandémies. 


Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) s’est dite persuadée que sur la base d’un partenariat mondial s’inspirant des décisions prises lors des sommets et conférences consacrés au développement depuis 2000, la communauté internationale avait la possibilité de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement à l’horizon 2015.  Cependant, a-t-elle dit, les efforts constatés à ce jour ne sont pas satisfaisants.  Elle a notamment jugée insuffisante la mesure d’annulation de la dette décidée par le G-8, qui ne concerne que 18 PPTE, alors que davantage de pays pauvres et à revenu intermédiaire souffrent de lourds fardeaux d’endettement.  De leur côté les pays en développement doivent mettre en œuvre des politiques nationales garantissant une utilisation optimale de l’aide internationale et des remises de dette obtenues ces dernières années, a dit la représentante.  Elle a jugé important que les flux de capitaux des pays en développement vers les pays développés, défavorables aux premiers, s’inversent, afin de libérer des ressources indispensables au financement du développement.  Abordant les approches novatrices de financement du développement, elle a jugé les discussions en cours prometteuses, mais a souhaité avoir davantage d’informations sur les critères de collecte des taxes proposées et sur les modalités d’utilisation des fonds collectés.  Elle a également souhaité que les négociations de l’OMC à Hong Kong, prévues en décembre prochain, soient l’occasion de lancer un nouveau message sur la question du versement de subventions à la production et à l’exportation de produits agricoles, et sur celle de la levée de toutes les mesures qui créent des distorsions sur les marchés, afin de conclure positivement l’agenda du développement de Doha.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que la Conférence de Monterrey avait été un succès car elle avait connu la participation de tous les partenaires au développement qui y ont travaillé dans un esprit de consensus.  Il a dit que son pays s’attachait à renforcer les progrès accomplis à partir de Monterrey et avait donc offert, lors du Segment de haut niveau sur le financement du développement du Sommet mondial de 2005, d’accueillir la première conférence quinquennale d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, à Doha en 2007.  Par ailleurs, il a déclaré que le Sommet mondial de 2005 avait relancé une dynamique de coopération multilatérale dans le domaine du développement et que les questions du financement pour le développement qui ne portaient pas à controverse devaient faire l’objet de mesures coordonnées et rapides.  Il a insisté sur l’importance de la coopération Sud-Sud, et a mis l’accent sur les possibilités importantes qui existent pour le lancement d’actions communes qui permettraient la pleine mise en œuvre des directives de Monterrey.  Il a souligné que l’initiative du Qatar de tenir la première conférence d’examen de ce partenariat découlait de sa foi dans le bien-fondé du Consensus de Monterrey.  Nous ne voyons aucune nécessité de renégocier les principes qui ont été établis à Monterrey, a-t-il conclu, en espérant que l’esprit de collaboration qui avait prévalu lors de l’adoption du Consensus caractérise le processus préparatoire de sa conférence d’examen.


M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a souligné que les envois de fonds par les migrants et leurs transferts de fonds représentaient pour certains pays des flux financiers plus importants que les investissements étrangers directs.  Entre 15% et 20% de ces transferts d’argent pourraient êtres canalisés et réinvestis dans le financement d’activités économiques dans les pays en développement, a-t-il dit, avant d’annoncer que le Bénin accueillerait en 2006 à Cotonou, une conférence ministérielle des PMA, co-organisée avec l’OIM, et consacrée à l’amélioration des services servant à ces transferts de fonds et à la rationalisation de leur utilisation.  Par ailleurs, a-t-il dit, au-delà de cet aspect, l’OIM agit dans le domaine de l’identification des ressources humaines au sein de la diaspora afin d’aider au retour des expatriés dans leur pays, où ils peuvent avoir un rôle important à jouer dans le développement. 


M. GEORGE TALBOT (Guyana) est intervenu au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et a dit que les membres de la CARICOM faisaient face à des défis importants, notamment en ce qui concerne la réduction du niveau de leur endettement, la stimulation du secteur privé et le développement d’un secteur public plus efficace.  Il a indiqué que les États de la CARICOM avaient créé une économie et un marché communs, car la performance économique de chacun de ces petits pays dépendait en grande partie d’un cadre macroéconomique international cohérent.  Ceci est essentiel pour que nos pays parviennent au OMD, a-t-il souligné.  Toutefois, il a déploré que dans plusieurs cas, ces efforts soient vains.  Il a ainsi noté qu’on ne prenait pas en compte le temps et les ressources nécessaires dont ces pays ont besoin pour s’ajuster au changement de politique internationale concernant l’exportation d’un produit essentiel de la région, qui est le sucre.  Il a aussi souligné que, malgré leur fort taux d’endettement, ces pays étaient considérés comme des pays à revenu moyen et ne bénéficiaient donc pas de mesures d’allégement de la dette ou d’augmentation de l’APD.  Il a aussi rappelé que tous les membres de la CARICOM avaient, au cours de ces 10 dernières années, été touchés par des catastrophes naturelles, qui ont entravé leurs capacités de développement.  Il a par ailleurs souligné le manque de personnels qualifiés dans les pays de la CARICOM, ainsi que l’impact du VIH/sida sur la région, qui est  une des plus touchées au monde.  Ceci illustre comment nos États membres sont affectés par l’incohérence et les manquements des politiques internationales, qu’elles soient macroéconomiques, financières ou commerciales, a regretté M. Talbot. 


Les représentants d’El Salvador, de l’Équateur, du Guatemala, du Pérou et du Mexique ont pris la parole en fin de séance sur la question des envois de fonds par les migrants.  Ils ont estimé que ces transferts ne constituaient pas une source de financement du développement, car il ne revient pas aux Gouvernements de décider de l’usage qui est fait de ces fonds privés.  Cet argent, fruit du travail des migrants et de leurs familles, leur appartient, et ils en font un usage strictement privé. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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