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AG/EF/3113

CETTE ANNÉE ENCORE LES MONTANTS FINANCIERS TRANSFÉRÉS DU SUD VERS LE NORD SONT SUPÉRIEURS À L’AIDE AU DÉVELOPPEMENT, REGRETTENT DES ÉTATS À LA DEUXIÈME COMMISSION

10/10/05
Assemblée généraleAG/EF/3113
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Deuxième Commission

8e séance – matin


CETTE ANNÉE ENCORE LES MONTANTS FINANCIERS TRANSFÉRÉS DU SUD VERS LE NORD SONT SUPÉRIEURS À L’AIDE AU DÉVELOPPEMENT, REGRETTENT DES ÉTATS À LA DEUXIÈME COMMISSION


Les délégations demandent une réforme de l’architecture financière internationale qui donnerait plus de représentation aux pays en développement


Pour la deuxième année consécutive, le montant des transferts de capitaux des pays en développement vers les pays développés est plus élevé que celui combiné des flux d’investissements Nord-Sud et de l’aide publique au développement (APD), ont regretté ce matin la majorité des délégations qui se sont exprimées devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission).  Les flux des ressources financières de la planète vont beaucoup plus vers les pays développés que vers les pays en développement qui en ont pourtant le plus besoin. 


Ce phénomène affaiblit les capacités de développement des pays pauvres, a précisé le représentant de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom des pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), dans le cadre de l’examen des questions relatives au système financier international, à la crise de la dette extérieure, et à leur impact sur le développement.  Il a estimé que l’architecture financière internationale devrait être rendue suffisamment flexible pour accommoder les niveaux de développement économique respectifs des diverses régions du monde.  Ce système devrait être réformé de façon à donner aux pays en développement plus de voix dans le processus multilatéral de prise de décisions et d’élaborations de normes économiques et financières qui se déroule au sein des institutions de Bretton Woods.


M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint chargé du Département des affaires économiques et sociales, a, à l’ouverture de la réunion de ce matin, dressé le tableau de la situation économique et sociale dans le monde en 2005.  Il a indiqué dans sa présentation que les flux financiers du Sud en développement vers le Nord industrialisé avaient atteint, en 2004, 350 milliards de dollars américains.  Constatant que les flux de capitaux privés suivaient un mode cyclique, il a recommandé à la communauté financière internationale et aux pays en développement de créer un cadre plus favorable à l’investissement de ces fonds dans les pays à revenu moyen et à bas revenu.  Il a, à cet égard suggéré l’amélioration de l’information destinée aux investisseurs potentiels, et l’élaboration d’instruments pouvant atténuer les risques pris par les investisseurs. 


Par la voix de la délégation de la Jamaïque, le Groupe des 77 et de la Chine s’est particulièrement inquiété de l’inégale répartition des flux d’investissements étrangers directs (IED) allant vers les pays en développement, ainsi que de l’instabilité des flux de capitaux à long terme.  À ce sujet, la plupart des délégations ont insisté sur la nécessité de garantir les investissements à long terme de manière à permettre aux pays en développement d’élaborer des stratégies de développement inscrites dans la durée, en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Lors de son exposé, le Secrétaire général adjoint a également mis l’accent sur la mobilisation des ressources internes, notant le rôle que peuvent jouer, dans cette perspective, l’épargne nationale et les investissements.  Ce sont les pays qui possèdent une épargne importante qui connaissent une croissance accélérée, car ils sont capables d’investir davantage grâce à ces revenus, a-t-il relevé.  M. Ocampo a d’autre part constaté que si la tendance à la baisse en matière d’aide publique au développement (APD) s’était inversée depuis la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, en 2002, l’aide apportée avait surtout pris la forme d’allègement de la dette, d’assistance technique et de financement d’urgence.  En dehors de ces trois domaines, le montant réel de l’APD est resté identique à ce qu’il était au début des années 1990, a-t-il fait remarquer.


Au vu de la persistance des déséquilibres systémiques au niveau mondial, qui minent le développement des pays pauvres, plusieurs délégations ont demandé que des modifications de fond soient apportées au système financier international actuel.  Appuyant les remarques de M. Ocampo, les représentants de l’Inde et de la Malaisie ont appelé à une meilleure représentation des économies émergentes et des pays en développement dans les organes de conception de politiques et de prise de décision des institutions de Bretton Woods.  Ces changements doivent refléter le poids actuel des pays émergents dans l’économie mondiale, ont-ils souligné.  Pour le représentant de la Malaisie, une réforme de la répartition de l’actionnariat et de la représentation au sein de son Conseil des gouverneurs et de son Conseil d’administration renforcerait la légitimité du Fonds monétaire internationale (FMI).  Toujours à propos du FMI, le représentant de l’Inde a estimé que, par la pratique de taux d’intérêts différenciés, le Fonds continuait d’imposer, de manière détournée, des conditionnalités aux pays en développement.  L’imposition de ces conditionnalités a entraîné une baisse de l’ordre de 60% des flux financiers de soutien au développement depuis les années 1970, a-t-il estimé.  


La plupart des délégations ont salué l’initiative du G-8 visant à annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), en rappelant que le service de la dette extérieure drainait d’importantes ressources nationales qui pourraient être investies de manière plus utile en faveur du développement.  La plupart des États Membres prenant part au débat ont émis l’espoir que cette décision en entraîne d’autres, et que ses bénéfices viennent s’ajouter aux ressources allouées à l’aide publique au développement (APD). 


Les délégations suivantes se sont exprimées ce matin au cours des travaux de la Deuxième Commission: République dominicaine; Royaume-Uni; Azerbaïdjan; France; Jamaïque (au nom du Groupe des 77 et de la Chine); Indonésie (au nom de l’ANASE); Inde; Maroc; Bangladesh; Malaisie; Chine; Tanzanie; Équateur; Pakistan.  Un représentant du l’Organisation internationale du travail est également intervenu.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a fait une déclaration liminaire, et des officiels du Secrétariat et de la CNUCED ont présenté les rapports soumis à la Commission sur la question dont elle était saisie.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 11 octobre, à 10 heures, en examinant le point de son ordre du jour relatif à l’assistance économique spéciale à certains pays et à certaines régions.


Exposé de M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales: É tude de 2005 sur la situation économique et sociale dans le monde consacrée au financement du développement


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté l’Étude de 2005 sur la situation économique et sociale dans le monde qui est cette année consacrée au financement du développement et s’intéresse au suivi de la Conférence de Monterrey.  Il a expliqué que cette étude couvrait les six domaines abordés dans le Consensus de Monterrey: la mobilisation des ressources internes; l’utilisation du commerce; les flux financiers privés; l’aide publique au développement, la dette; et enfin, les questions systémiques. 


Il a indiqué que l’Étude avait montré que l’épargne nationale et les investissements pouvaient constituer un élément important de la performance des pays en développement.  L’association entre investissements et épargne est très claire, a-t-il poursuivi: les pays en développement qui investissent davantage accordent une part importante de leurs revenus et de l’épargne nationale aux investissements.  Il a noté que les pays qui connaissaient une croissance accélérée étaient ceux qui avaient une épargne importante au niveau national.  S’agissant du commerce, M. Ocampo a indiqué que le document insistait sur l’importance, telle que déclarée dans le Consensus de Monterrey, d’avoir des marchés internationaux ouverts, équitables et sans règles discriminatoires.  Il a aussi rappelé qu’il fallait conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs attiré l’attention sur les économies qui dépendent essentiellement de l’exportation de produits de base et font face à des défis particuliers, du fait du manque de dynamisme des marchés d’exportations.  Il a dit qu’il fallait élaborer des mécanismes pour faire face aux fluctuations de prix de ces produits.


M. Ocampo s’est interrogé sur la manière d’encourager des sources plus stables de financement externe et privé.  Outre les investissements étrangers directs (IED), il a constaté que les flux de capitaux privés suivaient un modèle procyclique.  Il a aussi relevé la sortie de capitaux des pays en développement vers les pays développés, ces transferts de fonds s’élevant à 250 milliards de dollars pour l’année 2004.  Il a aussi recommandé qu’on se penche sur la façon d’attirer les flux privés vers les pays à bas revenu, insistant notamment sur l’amélioration de l’information pour les investisseurs potentiels, et l’élaboration d’instruments pour atténuer le risque.  En ce qui concerne l’APD, il a déclaré que l’Étude montrait une amélioration de cette aide depuis la tenue de la Conférence de Monterrey, en 2002, notamment pour les pays moins avancés (PMA).  Toutefois, il a observé que cette aide avait surtout pris la forme d’un allègement de la dette, d’assistance technique et de financement d’urgence.  En dehors de ces trois domaines, le montant réel de l’APD n’est pas très différent du niveau des années 1990, a-t-il fait remarqué.  Il a ainsi estimé qu’il fallait augmenter le financement destiné aux projets de développement qui sont en cours et qui n’ont pas reçu de fonds adéquats ces dernières années.  Enfin, il a fait remarquer que si Monterrey avait mis fin à la tendance à la baisse de l’APD, même en poursuivant sa hausse actuelle, celle-ci n’atteindrait que la moitié de l’objectif de 0,7% du PNB en 2010.  Enfin, citant la récente Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, il a estimé qu’une part importante de l’aide devrait être canalisée vers le budget des pays récipiendaires.  Il a aussi souligné que la communauté internationale ne devait plus lier l’aide à certains projets et faire des engagements à long terme, ceci afin de permettre une meilleure prévisibilité de l’aide. 


Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs abordé la question de la dette.  Il a mis en avant l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) qui selon lui a été renforcée par la récente décision du G-8 d’annuler la dette de 18 pays.  Il a jugé que l’approche d’Évian, mise en œuvre par le Club de Paris, permettait de renégocier une fois pour toute le rééchelonnement de la dette.  Il a de plus souhaité la poursuite des discussions sur des mécanismes d’arbitrage concernant le problème de la renégociation avec les créanciers privés.  S’intéressant aux questions systémiques et aux déséquilibres macroéconomiques, il a noté que les risques sur le marché financier se concentraient davantage sur les segments non réglementés du marché.  Sur la question de la conception actuelle du système financier, il a notamment souligné que le Fonds monétaire international (FMI) devait jouer un rôle plus important pour assurer la compatibilité des politiques macroéconomique des différents pays.  Il faut envisager des fonds plus automatiques et sans conditionnalité pour supporter les chocs du système international, a-t-il ajouté.  Sur ce même sujet, il a fait valoir que l’emploi de droits de tirages spéciaux (DTS) pouvait constituer un mécanisme temporaire pour faire face aux risques, ou pouvait jouer un rôle en tant que mécanisme pour financer certains projets de développement.  Enfin, il a rappelé la discussion sur la représentativité et la participation des pays en développement dans le système international.  Il a insisté sur la nécessité de régler la question de la sous- représentation de l’Asie par rapport à son pouvoir économique, puisque la région représente actuellement un quart du PNB mondial.  Il a aussi indiqué que les pays africains, et de manière générale les pays à bas revenu, souffraient également de sous-représentation. 


En conclusion de cette présentation sur la situation économique et mondiale dans le monde en 2005, M. Ocampo a insisté sur le rôle de la coopération Sud-Sud qui s’est améliorée ces dernières années.  C’est le moment, a-t-il estimé, de s’intéresser aux formes novatrices de cette coopération, dont l’aspect technique est en hausse.  Il a signalé le rôle que pouvaient jouer les banques de développement, qui sont la propriété des pays en développement.  Il a aussi suggéré d’utiliser la coopération Sud-Sud en appui aux pays en développement en période de crise, et de lancer des consultations en matière de politiques macroéconomiques pour atteindre une meilleure cohérence entre les politiques mises en œuvre dans les pays en développement. 


Questions de politique macroéconomique


Rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/60/163)


Ce rapport du Secrétaire général évalue l’efficacité du système financier international en ce qui concerne la répartition des ressources financières et la mobilisation des ressources intérieures en faveur du développement.  Il passe en revue les récentes mesures visant à accroître la stabilité du système financier international, particulièrement en ce qui concerne les pays en développement.  Il examine, entre autres, les politiques visant à améliorer la surveillance multilatérale, à créer des mécanismes officiels supplémentaires de financement d’urgence, à mettre en œuvre le principe de restructuration de la dette souveraine, à soutenir la coopération Sud-Sud dans le système monétaire international, et à augmenter la participation des pays en développement aux décisions financières prises au niveau international.


Dans ce document, M. Kofi Annan insiste particulièrement sur la vulnérabilité des pays en développement face aux incertitudes et aux risques financiers mondiaux.  Afin de faire face à cette fragilité, il suggère notamment de prendre en compte les conséquences économiques des déséquilibres financiers et le caractère foncièrement procyclique des marchés financiers.  Le Secrétaire général estime aussi qu’en raison de la mondialisation financière, il devient nécessaire de surveiller non seulement les pays vulnérables aux crises mais aussi la stabilité de l’ensemble du système, en accordant une attention particulière à la cohérence des politiques économiques des grands pays.  Enfin, il constate que les débats sur la participation et la représentation dans les institutions financières internationales y ont apporté peu de progrès.  Selon lui, seule une réforme fondamentale mise en chantier par les dirigeants politiques peut opérer de véritables changements.


Rapport du Secrétaire général sur la crise de la dette extérieure et le développement (A/60/139)


Le Rapport du Secrétaire général intitulé « crise de la dette extérieure et développement », soumis en application de la résolution 59/223 de l’Assemblée générale, passe en revue les faits les plus récents relatifs à la dette extérieure des pays en développement et dresse une analyse de la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) de même que des difficultés financières rencontrées par les pays ayant atteint le point d’achèvement au titre de l’Initiative PPTE.  L’économie mondiale a connu en 2004 une forte croissance, en partie imputable aux résultats obtenus par les pays en développement, qui ont enregistré les plus forts taux de croissance depuis plus de trente ans, note le Secrétaire général dans son rapport, expliquant cette forte croissance par l’accroissement rapide des exportations de biens et de services.  L’augmentation des recettes, des exportations et des réserves, s’ajoutant à un ralentissement de celle des encours de la dette, s’est traduite en 2004 par des améliorations de plusieurs indicateurs traditionnels de l’endettement pour ce groupe de pays, indique le rapport, soulignant toutefois que plusieurs pays continuent de subir un fardeau de la dette qui est insupportable, et que le maintien des bons résultats commerciaux pourrait être compromis par des adaptations aux déséquilibres mondiaux ou par une hausse rapide des cours du pétrole. 


Le rapport indique que ces résultats sont imputables en grande partie à la progression des exportations de la Chine et de l’Inde, en forte progression, tandis que les pays en développement de toutes les régions, à l’exception de l’Asie du Sud, ont enregistré une augmentation de 20% ou plus de leurs exportations de biens et de services en 2004.  Il indique également que l’encours total de la dette des pays en développement a augmenté de 43 milliards de dollars, s’établissant à 1,7% en 2004 contre 9,3% en 2003.  L’encours de la dette des pays d’Afrique subsaharienne a pour sa part reculé de 5,6%, grâce notamment à l’Initiative PPTE.  La croissance du revenu national brut (RNB) des pays en développement a été supérieure à celle de la dette en 2004, ce qui s’est traduit pour tous ces pays par une amélioration du rapport dette totale/revenu, qui a été ramené en chiffres estimatifs, à 35,2 %, contre 38,6% en 2003, poursuit le rapport, notant que l’amélioration la plus nette a été constatée en Afrique subsaharienne, où le rapport dette/revenu est passé de 58% en 2003 à 49,3% environ en 2004.  Pour sa part, le total du service de la dette des pays en développement a diminué de près de 38 milliards de dollars, soit près de 10% entre 2003 et 2004, à l’exception du service de la dette à long terme de l’Afrique subsaharienne qui a augmenté de près de 3 milliards de dollars, soit 26,6% en 2004.


Évaluant ensuite les progrès enregistrés dans le cadre de l’Initiative PPTE, le Secrétaire général rappelle qu’en avril 2005, trois nouveaux pays, le Honduras, Sao Tomé-et-Principe et la Zambie, ont atteint leur point d’achèvement, portant ainsi à 18 le nombre des pays qui ont atteint ce stade, sur les 38 pays qui remplissent actuellement les conditions requises pour un allégement de la dette dans le cadre de l’Initiative PPTE.  Neuf pays se trouvent encore entre le point de décision et le point d’achèvement, indique le rapport, et les 11 pays restants, qui n’ont pas encore atteint leur point de décision au titre de l’Initiative, conservent le statut de pays dont la demande peut encore être examinée. Près de la moitié d’entre eux sont des pays touchés par des conflits et plusieurs ont accumulé d’importants arriérés de paiement de leur dette extérieure.  En mars 2005, la Côte d’Ivoire, le Myanmar, la Somalie, le Togo et le Libéria ne s’étaient pas encore dotés de documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP).  Des progrès ont été enregistrés dans quelques pays, dont le Burundi et le Congo, qui devraient atteindre leur point de décision en 2005, et la République centrafricaine qui devrait reprendre complètement son DSRP en 2005.  La République démocratique populaire lao est connue pour ses bons résultats macroéconomiques et elle remplit les critères d’admission à l’Initiative PPTE, mais les autorités de ce pays n’ont pas eu recours à l’allégement de la dette dans ce cadre, précise le Secrétaire général.  Pour les pays qui remplissent les seules conditions de l’Association internationale de développement (IDA) et de la Facilité pour la lutte contre la pauvreté et pour la croissance, mais qui n’ont pas encore bénéficié de l’Initiative PPTE, le FMI et la Banque mondiale ont repoussé de 2004 à la fin de 2006 l’application de la clause d’extinction, indique le rapport.


Il est de plus en plus admis que les pays pauvres très endettés, notamment ceux qui ont dépassé leur point d’achèvement, sont en retard dans la réalisation de leurs Objectifs du Millénaire pour le développement et ne seront probablement pas en mesure de les atteindre d’ici à 2015 sans une nette augmentation de l’aide au développement, constate le Secrétaire général, prenant l’exemple des pays pauvres très endettés qui ont atteint leur point d’achèvement entre 2000 et 2002 – Bolivie, Burkina Faso, Mauritanie, Mozambique, Ouganda et République-Unie de Tanzanie – et ont réalisé de modestes progrès au regard des Objectifs du Millénaire pour le développement mais sont très en retard par rapport aux objectifs fixés pour 2015.  Dans le cas de ces pays, le total des dépenses de santé en pourcentage du PIB est pratiquement demeuré stationnaire, évoluant d’à peine un ou deux points de pourcentage entre 1998 et 2002, tandis que l’espérance de vie à la naissance, exception faite de la Bolivie et de la Mauritanie, est en recul par rapport à 1990.  Compte tenu de ces éléments, le Secrétaire général a noté que l’IPPTE a certes débloqué des ressources qui sont capitales pour atteindre les OMD, qu’elles demeurent très en deçà des besoins, et a préconisé l’annulation complète de la dette des pays pauvres très endettés et une réduction plus forte de la dette des autres pays fortement endettés ne relevant pas de l’IPPTE et des pays à revenu intermédiaire.


En réponse à la demande d’annulation intégrale de la dette des pays pauvres très endettés, les dirigeants du G-8, sur la recommandation de leurs Ministres des finances, sont convenus le 8 juillet 2005 d’annuler à 100% l’encours des obligations de ces pays à l’égard du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement.  À cette fin, des contributions supplémentaires de donateurs seront allouées à l’IDA et au Fonds africain de développement, selon une répartition convenue, pour compenser le principal et les intérêts auxquels ces deux institutions renoncent du fait de l’annulation de la dette, note le rapport, précisant que le partage du fardeau implique aussi que les donateurs de pays non membres du G-8 devraient aussi contribuer et que le coût de l’allégement de la dette auprès du FMI devra être intégralement couvert, sans porter atteinte à la capacité de financement du Fonds, au moyen des ressources existantes de celui-ci.  Ce plan s’appliquera au départ aux 18 pays pauvres très endettés ayant atteint leur point d’achèvement et sera étendu à d’autres pays au fur et à mesure qu’ils atteignent ce point.  Il n’est pas fait mention des autres pays à faible revenu qui ne relèvent pas de l’IPPTE mais pourraient avoir besoin d’une annulation complète de leur dette pour atteindre leurs Objectifs du Millénaire pour le développement, constate le Secrétaire général.  Il aborde ensuite la question du rééchelonnement de la dette au Club de Paris, en particulier l’approche d’Évian, d’octobre 2003, par laquelle les créanciers du Club ont estimé, s’agissant du traitement de la dette des pays non PPTE à revenu faible et intermédiaire, qu’il fallait tenir compte non seulement des difficultés de financement mais aussi du problème, pour ces pays, de la gestion viable à moyen terme de la dette.  L’objectif étant d’adapter la restructuration de la dette aux besoins financiers du pays concerné, de veiller à la viabilité de la dette et d’aider ledit pays à sortir du processus des rééchelonnements, précise le Secrétaire général.


Parmi les six cas - Gabon, Géorgie, Iraq, Kenya, Kirghizistan et République dominicaine - auxquels est appliquée l’approche d’Évian, deux sont considérés comme non viables, à savoir l’Iraq et le Kirghizistan, note le Secrétaire général, avant de considérer que, bien que le Club de Paris présente l’approche d’Évian comme une amélioration des conditions qui s’appliquent généralement aux pays à revenu intermédiaire, des interrogations subsistent, notamment sur les facteurs permettant d’établir une distinction entre les problèmes de liquidités et de solvabilité qui ne sont pas clairement définis.  S’agissant des autres renégociations de dette, le rapport indique qu’à la suite du tsunami qui a frappé des pays d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est, en décembre 2004, les pays créanciers membres du Club de Paris ont convenu, pour les pays concernés, de repousser l’échéance des paiements dus en 2005 au titre du service de la dette. Les pays débiteurs pourront ensuite demander que les versements différés soient à nouveau rééchelonnés sur cinq ans.  Le Sri Lanka et l’Indonésie ont bénéficié d’un moratoire sur leur dette en raison du tsunami, ajoute le rapport.  Le rapport évoque également les cas de restructuration de la dette souveraine auprès de créanciers privés, prenant l’exemple de l’Argentine, en 2001, et de la République dominicaine, en 2005.  L’analyse économique de ces expériences met en évidence les facteurs suivants, notamment que la situation économique précédant le rééchelonnement était généralement caractérisée par une longue période de récession, accompagnée d’importants déficits budgétaires, et que malgré les prêts du FMI et plusieurs cycles de programmes du Fonds, la dégradation de l’économie n’avait pu être enrayée et, dans la plupart des cas, entraîné des retraits massifs de dépôts bancaires, provoquant une crise bancaire, crises qui ont généralement fait augmenter la dette publique.


Le Secrétaire général émet ensuite quelques propositions relatives aux cadres de rééchelonnement de la dette, soulignant que, selon certains analystes, le processus existant entraîne des retards coûteux lors de la demande de restructuration, les débiteurs ne sont pas efficacement protégés contre les actions en justice de la part de créanciers dissidents, l’incapacité des débiteurs à assurer le service de la dette à court terme ne s’accompagne pas d’une mesure d’interruption des paiements, qui préviendrait les actions en justice visant à obtenir le paiement de ces dettes.  À ce titre, d’autres instruments juridiques, tels que les accords bilatéraux relatifs aux investissements pourraient offrir une possibilité supplémentaire pour lancer des actions en justice contre les débiteurs, note le Secrétaire général, estimant que le plus intéressant des mécanismes de restructuration de la dette proposés est celui du FMI, dont les principaux éléments sont les suivants: prise des décisions relatives à la restructuration à la majorité absolue; sursis à l’introduction d’actions en justice de la part des créanciers; protection de l’intérêt des créanciers; priorité aux nouveaux financements; création d’un organe de règlement des litiges. L’Institut de finance internationale a également élaboré un code de conduite volontaire promouvant des principes en faveur de la stabilité des flux de capitaux et d’une restructuration équitable de la dette dans les pays émergents, principes axés selon quatre composantes: la transmission de l’information dans la transparence et en temps voulu au moment de l’émission et en cas de restructuration; le dialogue entre les débiteurs et les créanciers afin d’étudier toutes les solutions faisant appel au marché pour résoudre les problèmes de paiement du service de la dette et éviter les défauts de paiement; des actes de bonne foi, reposant sur le postulat que les émetteurs et les porteurs d’obligations conviennent de l’utilité d’une compréhension commune des pratiques optimales en matière de défaut de paiement; un traitement juste, fondé sur une politique de non-discrimination dans le traitement des créanciers en cas de défaut de paiement.


Dans ses conclusions, le Secrétaire général constate, à l’examen des tendances récentes, un ralentissement de l’accumulation de la dette et un allégement du poids du service de la dette. Malgré des progrès notables dans la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), on reconnaît de plus en plus que les PPTE ne sont pas en voie de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et qu’ils devront bénéficier d’une aide au développement supplémentaire considérable, notamment l’annulation de l’intégralité de leur dette, poursuit-il.  À cet égard, le G-8 a accepté dernièrement d’octroyer des fonds supplémentaires pour financer l’annulation de l’intégralité de la dette multilatérale des pays pauvres très endettés. Les modalités de la mise en œuvre de l’initiative du G-8 restent à être précisées, surtout pour ce qui est de l’additionnalité des ressources supplémentaires et de l’inclusion éventuelle d’autres pays bénéficiaires.  Pour les pays ayant atteint le point d’achèvement, le défi est d’arriver à un degré d’endettement tolérable à long terme tout en évitant de retomber dans le piège de la dette, considère le Secrétaire général, s’inquiétant toutefois d’informations allant dans le sens contraire. Pour assurer le service de la dette sans difficulté et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement à l’horizon 2015 sans augmenter les ratios d’endettement, il est nécessaire que les financements en faveur de la plupart des pays pauvres très endettés soient effectués exclusivement sur la base de dons, note-t-il ensuite, exhortant les donateurs à honorer l’engagement qu’ils ont pris d’accroître leur aide publique au développement et encourageant les créanciers et les débiteurs à faire preuve de responsabilité et à lier l’élément de libéralité de ces prêts à la capacité de paiement.


Introduction et débat général


Le représentant de la République dominicaine, estimant que le plus grand défi que doivent relever les économies est de parvenir à de forts taux de croissance, a suggéré que les politiques d’annulation de la dette soient intégrées aux politiques économiques et structurelles.  Pour le représentant du Royaume-Uni, le niveau de développement n’est pas forcément utile dans l’analyse de la dette.  Le représentant a ensuite dit qu’en ce qui concerne la dette, tous les pays ne seront pas concernés par les mesures d’effacement de la dette accordées à 18 PPTE.  Il s’est interrogé sur l’impact de ces mesures d’annulation de la dette sur la capacité des pays à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  La représentante de l’Azerbaïdjan a jugé pour sa part que, dans l’ensemble, les perspectives de développement étaient plutôt positives.  Elle s’est interrogée sur le rôle majeur qui serait joué par les flux de capitaux sur la croissance économique. 


Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. OCAMPO, a expliqué que, même si les flux de capitaux avaient augmenté fortement, il était difficile de dire s’ils ont un réel impact sur la croissance.  Comment gérer le fait qu’un grand nombre de pays peuvent être limités dans leur accès aux marchés des capitaux durablement? A demandé ensuite M. Ocampo.  Revenant sur les questions d’utilisation de l’aide publique au développement, M. Ocampo a indiqué que le soutien au budget ne constituait qu’une modalité, parmi tant d’autres, de l’APD, avant d’expliquer que la notion d’alignement supposait que l’aide soit intégrée dans les budgets nationaux et approuvée par les parlements.  Une plus grande quantité de fonds devrait passer par les budgets et organes nationaux des pays bénéficiaires, a précisé M. Ocampo, avant de s’interroger sur ce que l’on entend par viabilité de la dette.  Selon lui, il faudrait savoir si le paiement du service de la dette a des implications négatives sur le financement national de programmes de développement.  M. Ocampo a ensuite abordé la question de l’aménagement des structures d’exportation, afin de les diversifier et de garantir la pérennité des ressources d’exportation.


Le représentant de la France, constatant que la diversité des situations s’accroît entre les pays les plus intégrés aux marchés mondiaux et les autres, a jugé nécessaire, dans le cadre de l’aide publique au développement, de s’orienter vers l’aide budgétaire, et a souligné certains effets pervers de l’aide budgétaire.  Tous les programmes mis au profit des pays en développement doivent être alignés sur les priorités nationales, sans pour autant être de l’aide budgétaire, a-t-il poursuivi.  Par ailleurs, il a jugé que les ressources d’aide publique au développement devaient être stables et consistantes en volume, indiquant que les 0,36% de PIB consacrés à l’aide publique au développement visés en 2010 ne sont pas suffisants et que le renforcement de l’APD a besoin de ressources novatrices de financement.  S’agissant de la dette, la France n’est pas favorable à une approche généralisée de « dons » en remplacement de prêts, a-t-il dit, et elle souhaite que les pays puissent avoir accès à des mécanismes de financement variés.


Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint, M. OCAMPO, a admis le clivage croissant entre les pays qui ont accès aux marchés et les autres.  Il a poursuivi ensuite sur la pertinence des cycles de financement, tout en rappelant que le fait que les devises mondiales les plus reconnues et utilisées soient celles des pays industrialisés; le fait que des pays producteurs de matières premières dépendent à la fois des cours des matières premières et des taux de conversion de leurs monnaies en devises; et le fait que ces pays doivent emprunter en devises étrangères, ne facilitent pas leur situation.  Revenant ensuite sur l’absorption de l’aide dans les budgets nationaux, M. Ocampo a admis que le degré d’aide injectée dans les budgets nationaux déterminerait le niveau d’alignement.  Le volume de fonds disponibles en faveurs de l’aide publique au développement est un critère important du succès des programmes d’assistance, a-t-il dit, admettant que les ressources restent encore insuffisantes.  Enfin, pour ce qui est des « dons » par comparaison aux « prêts », il a estimé que les dons permettaient de maintenir un degré de viabilité à des pays qui éprouvent des difficultés à assurer le service de la dette. 


Mme ANN ORR, du Bureau du financement pour le développement du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement, publié sous la cote  A/60/163.  Elle a expliqué que ce rapport notait que les pays en développement, en tant que groupe, étaient toujours exportateurs nets de ressources financières.  Elle a noté que certains pays avaient recours à l’accumulation de réserves afin, soit de stabiliser leur devise, soit de créer une auto-assurance contre les instabilités économiques internationales.  Elle a insisté sur l’importance d’une surveillance multilatérale, qui doit être au cœur de la prévention des crises.  Il faut, a-t-elle poursuivi, identifier rapidement les vulnérabilités et porter attention aux domaines où les pays ont des faiblesses.  Avec la mondialisation financière, a-t-elle ajouté, la surveillance doit se porter sur l’ensemble du système financier.  Elle a estimé qu’il fallait renforcer le rôle du FMI pour qu’il appuie la gestion du système économique et financier mondial.  De plus, elle a constaté que le rapport mettait en avant les arrangements financiers régionaux, preuves, selon elle, de réformes graduelles dans le système financier international.  S’agissant de la dette, elle a souligné que si ce problème devait être réglé, il fallait aussi se pencher sur les mécanismes permettant un partage de la charge entre les créanciers et les débiteurs, notamment par la médiation et l’arbitrage.  Enfin, elle a rappelé que la discussion sur la participation et la bonne représentation des pays en développement dans le système financier international devait se poursuivre et aller au-delà du cadre des institutions de Bretton Woods.  La solution à cette question, a-t-elle conclu, dépend d’une volonté politique de réforme.


Mme ANH-NGA TRAN-NGUYEN, Chef de la Division de la dette et du financement du développement de la CNUCED, présentant le rapport du Secrétaire général, a indiqué que 18 pays sur 38 étaient devenus éligibles à l’Initiative PPTE, tandis que neuf pays sont encore dans la zone grise et que 11 pays n’ont pas atteint le point d’achèvement, en raison, entre autres, de conflits internes ou de problèmes d’endettement importants.  Ces 11 pays ne parviendront probablement pas à atteindre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en 2015, a-t-elle dit, rappelant que le Secrétaire général avait demandé l’annulation à 100% de la dette de ces pays.  Si le G-8 est parvenu à un Accord sur 18 pays, en juillet dernier à Gleneagles, Accord qui suppose l’octroi de financements compensatoires au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement, a précisé Mme Tran-Nguyen, l’Accord du G-8 ne précise pas quelles ressources de ces diverses institutions serviront dans le cadre de cette initiative.  L’Initiative du G-8 sera étendue à d’autres pays proches du point d’achèvement, a-t-elle ensuite dit, avant de souligner que le G-8 avait également initié des sources novatrices de financement du développement. 


Elle a également évoqué les modalités de rééchelonnement de la dette initiée dans l’Initiative d’Évian, afin de répondre aux problèmes rencontrés par les pays pauvres et les pays à revenu intermédiaire et d’éviter les restructurations prévues dans le cadre du Club de Paris.  S’agissant de la dette privée, elle a indiqué que huit pays avaient été identifiés dans le cadre d’une initiative pilote, notamment l’Argentine et la République dominicaine.  Mme Tran-Nguyen a indiqué ensuite que de telles initiatives avaient démontré que les mesures d’allègement et de rééchelonnement de dette avaient libéré des ressources pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, jugeant, en conclusion, que cette stratégie devait être placée plus globalement dans le cadre d’une action intégrée. 


Mme HARRIET SCHMIDT, Directrice du Bureau pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a pris la parole au nom de M. Anwarul K. Chowdhury, Secrétaire général adjoint et Représentant spécial pour ce Bureau.  Elle a ainsi rappelé que le Bureau avait, l’année dernière, insisté sur l’importance d’annuler la dette des PMA afin qu’ils puissent réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Elle a noté la difficile situation des PMA, qui ne pourront atteindre les OMD avant 2015 sans une augmentation substantielle de l’APD.  Se félicitant de la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 pays pauvres éligibles à l’Initiative PPTE, dont 13 PMA, elle a toutefois une augmentation de la dette totale à long terme de 26,6% en 2004.  Ceci concerne surtout les PMA, a-t-elle regretté.  Elle a indiqué que, comme reconnu lors du Sommet mondial de 2005, les PMA méritaient une attention particulière.  Toutefois, a-t-elle poursuivi, on est encore loin de l’objectif de verser 0,20% du PNB consacré à l’APD en faveur des PMA, comme cela a été demandé dans le Programme d’action de Bruxelles et le Consensus de Monterrey.  Les PMA ont fait beaucoup d’efforts pour créer un environnement propice, mobiliser leurs ressources domestiques et attirer l’investissement étranger direct (IED), mais ne peuvent se mettre sur la voie du développement sans une substantielle aide internationale financière, a-t-elle souligné.  Enfin, elle a espéré que les PMA seraient pris en compte dans l’appel lancé pour renforcer la représentation des pays en développement dans les structures de gestion et de prise de décisions du système financier international.  Elle a regretté qu’il n’y ait pas d’information suffisante sur les PMA dans les rapports officiels, et donc dans les débats.  Elle ainsi attiré l’attention sur la résolution adoptée par l’ECOSOC, qui demande d’inclure les PMA dans tous les rapports concernant les questions économiques et sociales.  Elle a espéré que les travaux de la Deuxième Commission renforceraient la détermination de la communauté internationale à honorer ses engagements.


M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque), intervenant au nom du Groupe des 77 et de laChine, a jugé prometteuses les décisions prises au cours de l’année écoulée pour trouver des solutions au problème de la dette des pays en développement, notamment celle initiée par le G-8 en faveur de 18 PPTE.  Cette initiative en appelle d’autres, a-t-il estimé, rappelant que parmi les 38 PPTE éligibles, certains ont déjà atteint le point d’achèvement mais connaissent des situations économiques difficiles du fait du poids de la dette à moyen et long terme.  La gestion de la dette devrait être intégrée dans les approches de développement national et d’achèvement des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit, ajoutant que la question de la dette devrait être gérée en tenant compte des chocs extérieurs, notamment au niveau commercial.  Des mesures spéciales sont nécessaires pour des pays émergeant d’un conflit ou pour des pays en conflit, a-t-il dit, ajoutant que créanciers et débiteurs devraient s’entendre sur des arrangements permettant de libérer des ressources indispensables au financement du développement. 


Néanmoins, ces ressources obtenues grâce à l’allègement de la dette devraient s’ajouter aux ressources allouées au développement, a-t-il dit, plaidant pour une augmentation substantielle des flux d’aide publique au développement.  Le Groupe des 77 et de la Chine s’inquiète de l’inégale répartition des flux d’investissements étrangers directs vers les pays en développement, a-t-il dit, avant de souligner que les réformes et conditionnalités imposées par le FMI et la Banque mondiale ne tiennent pas suffisamment compte des réalités nationales et vont à l’encontre des principes d’appropriation du développement.  Enfin, il s’est également inquiété de l’instabilité des flux de capitaux à court terme, jugeant ensuite que peu de progrès avaient été réalisés, notamment pour garantir aux pays en développement une place dans le processus de prise de décision. 


M. NIRUPAM SEN (Inde) a déploré la chute des flux d’investissements étrangers directs et de leur impact sur la croissance économique.  Abordant ensuite la question de la réforme des institutions financières internationales, le représentant de l’Inde a souligné que les conditionnalités imposées depuis les années 1970 avaient entraîné une baisse de l’ordre de 60% des flux de soutien au développement.  Il a estimé que, par la pratique de taux d’intérêts différenciés, le FMI continue d’imposer des conditionnalités aux pays en développement, et a indiqué que les conditionnalités qui s’appliquent aux droits de tirage au dessus des quotas supposent l’avis du Trésor des États-Unis.  Il faut redéfinir les règles, a-t-il dit, avec une logique économique différente tenant compte du poids et des spécificités de chaque pays, y compris s’agissant du droit de vote au sein des instances du FMI, a dit M. Sen.  S’agissant des flux de capitaux à court terme, dont la volatilité a été soulignée à de nombreuses reprises, le représentant de l’Inde a suggéré la mise en place d’un mécanisme de surveillance.  Il a prôné un contrôle des flux spéculatifs de capitaux, ce afin d’assurer la pérennité de certains investissements indispensables à la réalisation de la croissance économique et, à terme, des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le représentant de l’Inde a estimé qu’il fallait assurer la pérennité du fonds subsidiaire du FMI, dans le cas où il serait utilisé dans le cadre des mesures d’annulation de la dette du G-8 en faveur de pays pauvres très endettés.  


M. HASSAN ABOUTAHIR (Maroc) a noté que dans un système financier de plus en plus volatile, les pays en développement continuaient d’être globalement des exportateurs nets de capitaux au moment où ils en ont besoin pour mettre en valeur tout leur potentiel de croissance.  Il a salué l’annonce des pays de l’OCDE de relever leur niveau d’aide de 78,6 milliards de dollars en 2004 à 115 milliards de dollars d’ici 2010, ainsi que la proposition de l’Union européenne de doubler son aide et de la porter à 90 milliards d’euros d’ici 10 ans.  Il a de plus souhaité que le Plan d’action établi par la Banque mondiale en faveur de l’Afrique soit rapidement et résolument mis en œuvre, tout comme le doublement de l’aide pour l’Afrique d’ici à 2010 décidé par le G-8.  Il a estimé que la poursuite de politiques nationales plus saines et l’augmentation consistante de l’APD devaient s’accompagner de mesures ambitieuses au niveau des échanges commerciaux.  Le Cycle de négociations de Doha, a-t-il précisé, doit progresser rapidement pour aboutir à un accès au marché libre pour les produits et les services des pays en développement, afin de soutenir un rythme de croissance nécessaire à la réalisation des OMD.  Il a noté que cette libéralisation du commerce ne pourrait se faire sans des efforts notables des pays développés visant à lever les barrières tarifaires et non tarifaires posées face aux exportations originaires des pays en développement, et en particulier aux produits agricoles.  Il a souligné l’importance capitale de la participation des pays en développement à la prise des décisions économiques mondiales et à l’établissement des normes.  S’agissant de la dette, il a applaudi l’initiative du G-8 à l’égard de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), et a espéré que les ressources engagées par les donateurs pour financer cet allègement seraient additionnelles aux ressources allouées à l’APD.  Il a enfin encouragé la communauté des donateurs à trouver des solutions pour résoudre le problème de la dette d’autres pays en développement à faible, et de ceux à moyen revenu. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDURY (Bangladesh) a indiqué que les flux financiers de ces derniers mois avaient été favorables aux pays développés et non aux pays en développement, et a estimé qu’il était important de procéder sans délai à l’application de mesures consistantes pouvant permettre aux PMA et aux pays en développement d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a insisté sur une accélération du processus d’annulation de la dette publique et privée des PPTE, et pour une réforme des mécanismes de prises de décision des institutions de Bretton Woods.  Cette réforme devrait passer par un changement des procédures de vote au sein du FMI et de la Banque mondiale.  S’agissant de l’aide publique au développement, le représentant a indiqué qu’une bonne utilisation de l’aide se heurtait à des problèmes dans des pays ayant des institutions faibles et victimes de mauvaise gouvernance.  Il a rappelé que son pays avait obtenu en 2004 une aide publique au développement de l’ordre de 954 millions de dollars, en recul de 39,8% par rapport à 2003, tandis qu’au titre du remboursement de la dette, le Bangladesh avait décaissé 565 millions de dollars, soit 60% de l’APD qu’il a obtenue. 


M. K. S. NIJHAR (Malaisie) a fait observer l’encourageante performance de son pays qui connaît une croissance économique continue depuis quelques années.  Il a indiqué que le secteur privé constituait le principal moteur de croissance et que la gouvernance et la gestion des risques avaient été améliorées en Malaisie.  Il a estimé que si les efforts pour renforcer les systèmes financiers nationaux étaient importants, cela ne suffisait pas pour assurer une stabilité internationale en raison de l’interdépendance des marchés.  Il a affirmé que les pays en développement étaient très sensibles à la volatilité des flux financiers externes et que plus d’efforts devaient être accomplis pour réformer et restructurer l’architecture financière internationale, et en particulier le fonctionnement des institutions de Bretton Woods.  Il a jugé inadéquats les efforts effectués à cet égard, affirmant qu’il fallait assurer aux pays en développement une bonne représentation dans les institutions financières, qui reflète leur position dans l’économie mondiale. Il a estimé que la légitimité du FMI ne pourrait être qu’accrue par une réforme des quotes-parts et de la représentation au sein de ce Fonds.  Il a souligné l’importance de la tenue d’une réunion visant à examiner les quotes-parts de l’actionnariat des pays au FMI et a espéré que celle-ci permettrait d’y augmenter la part des pays en développement.


Mme BAI YONGJIE (Chine) a indiqué que, depuis le début de l’année 2005, la croissance économique mondiale était en baisse, bien que les pays en développement connaissent des taux de croissance plus élevés que la moyenne.  La hausse des cours du pétrole menace l’équilibre économique des pays en développement, a dit la représentante.  Abordant la question de la réforme du système financier international, elle a recommandé une réforme orientée vers une plus grande représentation des économies émergentes et des pays en développement au sein de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.  Elle a également exhorté le FMI à renforcer la surveillance des politiques fiscales des pays développés, notamment ceux qui émettent des devises, avant de plaider pour un mécanisme de contrôle des flux de capitaux.  Depuis les années 1990, la dette extérieure des pays à revenu intermédiaire à progressé de 114%, et celle des pays pauvres de 24% ces dernières années, a-t-elle indiqué, en prônant une approche énergique pour parvenir à l’allègement, voire à l’annulation de la dette des pays en développement.  Les institutions internationales devraient s’adapter aux réalités de ces pays dans leurs approches macroéconomiques, a-t-elle dit, soulignant que le niveau d’appropriation trop faible justifiait l’échec des politiques appliquées dans le passé.  Enfin, elle a annoncé que la Chine allait procéder à des mesures d’allègement de dette et d’accompagnement des pays en développement dans le cadre de partenariats privilégiés.


M. DJANKOU NDJONKOU, représentant de l’Organisation internationale du travail, a relevé les défis posés à l’emploi dans le monde en développement, qui sont étroitement liés à la croissance qui, en dépit de taux élevés de l’ordre de 5%, n’a pas eu d’impact direct sur la création d’emploi.  Il importe d’initier des politiques à l’échelle mondiale, a-t-il dit, afin de parvenir à un développement équitable, inclusif, reposant sur l’emploi et la sécurité humaine.  Il est en outre important de rappeler à quel point les réformes politiques contribueront à améliorer les perspectives économiques mondiales, a-t-il dit, prônant une meilleure coopération Sud-Sud, et un échange d’expériences et de technologies, dans le cadre d’un partenariat orienté vers l’élévation des niveaux de productivité, de compétitivité et de compétences des travailleurs.  La capacité accrue à appliquer des politiques génératrices de revenus et créatrices d’emploi a un impact décisif sur la stabilité des sociétés des pays en développement, a fait remarquer M. Ndjonkou. 


M. CELESTINE MUSHY (Tanzanie) a déclaré que s’agissant des questions relatives au système financier international et à la dette, il fallait continuer à construire sur la base du Document final du Sommet de 2005.  Il s’est inquiété du montant des transferts financiers des pays en développement vers les pays développés.  Cela démontre que ce qui est donné d’une main en matière d’aide est rapidement repris de l’autre, a-t-il regretté.  Il a suggéré que dans ces situations, le concept de l’efficacité de l’aide devrait s’appliquer à la fois aux pays développés et à ceux en développement.  Il a affirmé qu’il fallait prendre des mesures concernant la participation des pays en développement aux institutions financières internationales, où ils devraient avoir beaucoup plus voix au chapitre.  Il a exhorté la Commission à être assez audacieuse pour adopter une résolution qui pourrait, à cet égard, faire une réelle différence.  En ce qui concerne la dette, il a indiqué que son remboursement drainait les ressources essentielles des pays en développement qui pourraient être utilisées pour l’éradication de la pauvreté.  Saluant l’initiative du G-8 dans ce domaine, il a cependant demandé que le FMI et la Banque africaine de développement donnent des précisions sur les modalités de cette annulation.  Il s’est aussi dit préoccupé par les dettes des pays pauvres très endettés envers d’autres créanciers bilatéraux et multilatéraux.  Celles-ci devraient être examinées avec attention, en vue de leur annulation, a-t-il ajouté.  Enfin, le représentant a décrit la situation de son propre pays, qui a atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE en 2001.  Malgré l’impact positif des ressources tirées du programme, a-t-il précisé, les OMD ne seront sans doute pas atteints, car la Tanzanie a encore un fardeau de dette très lourd.  Il a noté que la dette par habitant de la Tanzanie, qu’il soit homme, femme ou enfant, y était encore de 234 dollars américains. 


Mme MARISOL NIETO (Équateur) a rappelé que l’éradication de la pauvreté constituait la priorité des Objectifs du Millénaire pour le développement, et a invité les pays développés à consentir une annulation de la dette contre des investissements publics pour le développement, et à veiller à l’augmentation de l’aide publique au développement.  Le rapport entre la dette extérieure et le PIB de mon pays est de 54,94%, a dit ensuite la représentante de l’Équateur, en invitant les créanciers à assouplir les critères de renégociation de la dette extérieure.  La viabilité de la dette est essentielle et ne peut être simplement considérée comme un indicateur technique, comme le considère le FMI, a-t-elle dit, jugeant qu’il est essentiel de débloquer des fonds pour répondre aux problèmes d’endettement des pays en développement et leur permettre d’investir dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  L’Équateur a bénéficié de mesures de restructuration de sa dette publique en échange d’investissements publics dans les secteurs sociaux, a-t-elle ajouté, prônant que ce genre de mesures soit plus utilisé.


Prenant la parole en fin de séance, le représentant du Pakistan a remercié les délégations pour les mots de sympathie exprimés envers son pays après le tremblement de terre survenu dans le courant du week-end.  Présentant à son tour ses condoléances aux Gouvernements et aux peuples de l’Afghanistan et de l’Inde, le représentant du Pakistan a dit que les conditions dans lesquelles devaient être déployés les secours étaient difficiles dans son pays, où la situation est aggravée par de grosses chutes de pluies.  Saluant l’élan de solidarité de la communauté internationale, il a réitéré l’engagement de son pays à travailler étroitement avec les agences spécialisées des Nations Unies. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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