DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT QUE LES NÉGOCIATIONS DE L’OMC ABOUTISSENT À LA CRÉATION D’UN SYSTÈME COMMERCIAL MONDIAL JUSTE ET ÉQUITABLE
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Deuxième Commission
6e & 7e séances – matin & après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS DEMANDENT QUE LES NÉGOCIATIONS DE L’OMC ABOUTISSENT À LA CRÉATION D’UN SYSTÈME COMMERCIAL MONDIAL JUSTE ET ÉQUITABLE
L’intégration des pays en développement au commerce mondial constitue l’un des leviers les plus importants pour assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici 2015, ont estimé aujourd’hui un certain nombre de délégations intervenant dans le débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission). Alors que des progrès ont été accomplis en ce qui concerne l’augmentation des flux d’aide publique au développement et l’allègement de la dette des pays pauvres très endettés, comme le relève le Document final du Sommet mondial de 2005, des solutions devront être trouvées, lors de la Réunion ministérielle de l’OMC, prévu en décembre à Hong Kong, aux déséquilibres persistant au niveau du commerce mondial, ont estimé la plupart des intervenants.
Plusieurs délégations ont estimé, à l’instar de celle de Singapour, que dans la perspective de ce nouveau cycle de négociations, les pays développés devraient consentir à éliminer les subventions et les aides qu’ils versent à leurs produits agricoles, et qui créent des distorsions au niveau des échanges en portant atteinte à la compétitivité des agriculteurs des pays en développement. Les subventions et les barrières tarifaires et douanières font obstacle à la croissance des pays en développement, et avaient été identifiées, lors de la réunion de Doha, comme l’un des obstacles les plus flagrants à éliminer en vue de créer un cadre d’échanges équitables entre le Nord et le Sud à l’issue du Cycle de négociations commerciales de Doha, a rappelé le représentant du Brésil.
La Réunion ministérielle de Hong Kong devra également se pencher sur la question du commerce de la banane, dont le contentieux a été porté devant l’OMC, et parvenir à un compromis, a déclaré le représentant du Guyana qui intervenait au nom de la Communauté des Caraïbes, et qui s’est inquiété de l’impact de la chute des prix des produits de base sur la croissance économique des pays en développement. Prenant l’exemple de son propre pays, qui fait partie des 18 pays pauvres très endettés ayant bénéficié de l’allègement de la dette décidé par le G-8 à Gleneagles, le représentant du Guyana a indiqué que cette remise de dette n’aurait aucun impact positif sur la croissance économique de son pays dans la mesure où le Guyana y gagne 8 millions de dollars, mais dans le même temps, perd 40 millions de dollars du fait de la décision de l’Union européenne de baisser unilatéralement le prix d’importation du sucre. Faisant écho à ces propos, le représentant de la République démocratique et populaire Lao, qui parlait au nom des pays en développement sans littoral, a attiré l’attention de la Commission sur les difficultés que rencontrent les pays enclavés pour exporter leurs produits de base, au moment où ces économies subissent de plein fouet la hausse des cours du pétrole.
Autre phénomène ayant un impact direct sur le ralentissement de la croissance et pouvant compromettre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, les catastrophes naturelles ont été mises à l’index, notamment par le représentant des Maldives qui en a souligné l’impact négatif croissant. Rappelant que son pays avait été touché par le tsunami de décembre 2004, le représentant a indiqué qu’aucune île de l’archipel des Maldives n’avait été épargnée par cette catastrophe qui a anéanti 62% des activités génératrices du revenu national des Maldives et provoqué le déplacement de plus de 7% de sa population, alors même que son pays était bien placé pour atteindre les OMD. Alors que plusieurs pays se sont exprimés en faveur de l’établissement d’un fonds d’assistance pour venir en aide aux pays affectés par de telles catastrophes, d’autres ont émis des réserves sur les modes de financements à ce jour privilégiés. C’est ainsi que, contrairement au Brésil et à la République du Congo qui défendaient la proposition française d’instituer un prélèvement sur les billets d’avion pour financer le Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose, le représentant du Guyana a mis en garde contre le risque de voir les ressources touristiques diminuer dans les pays en développement du fait du l’augmentation des coûts du transport aérien.
En fin de séance, le Président a annoncé que la Deuxième Commission se réunirait le vendredi 7 octobre dans la matinée pour suivre une présentation du Professeur Dani Rodrik, de la John F. Kennedy School of Government de l’Université de Harvard sur le thème : « Stratégies de croissance économique nationale dans la recherche de la prospérité ». Il a également indiqué que le lundi 10 octobre, la Commission entendrait une présentation du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo, sur le rapport intitulé « La situation économique et les perspectives mondiales en 2005 ». Cette présentation sera suivie d’un débat interactif avec les délégations.
Les représentants des pays et organismes suivants se sont exprimés aujourd’hui au cours du dernier jour du débat général de la Deuxième Commission: Burkina Faso, Myanmar, Maldives, Koweït, Mozambique, Népal, Colombie, Guyana (au nom de la CARICOM), Singapour, République du Congo, République populaire et démocratique de Corée, République de Corée, République islamique d’Iran, Uruguay, République démocratique et populaire Lao (au nom du Groupe des pays en développement sans littoral), Arménie, Jordanie, Iraq, Nigéria, Venezuela, Brésil et Organisation de la conférence islamique.
La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu vendredi, le 7 octobre, à 10 heures.
Débat général
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déploré l’accentuation des disparités économiques entre le Nord et le Sud, qui est aggravée par les déséquilibres de la mondialisation. Il a toutefois estimé que les perspectives ouvertes par le Sommet mondial de 2005 laissaient entrevoir quelques lueurs d’espoir. Saluant les progrès enregistrés dans le Document final sur la question du développement, il a souhaité que les promesses faites en matière d’aide publique au développement (APD) se traduisent maintenant dans les faits. Il a également reconnu les engagements pris envers l’Afrique, et qui visent à donner une impulsion au NEPAD, et a souligné les progrès concernant le développement rural et agricole. Il a insisté sur le lien entre promotion du développement durable et protection de l’environnement, et a invité la communauté internationale à s’engager davantage dans le financement du développement durable.
M. Kafando a fait part des actions entreprises par le Burkina Faso pour la réalisation des objectifs de développement durable. Il a noté l’élaboration du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté qui consolide le processus de décentralisation et encourage la participation des collectivités locales. Après avoir évoqué les progrès accomplis par son pays dans les secteurs économiques et sociaux, il a noté que le Burkina Faso faisait face à la pauvreté extrême et à une situation de déficit social. Il a déclaré qu’il convenait d’impliquer davantage le système des Nations Unies, à travers ses activités opérationnelles sur le terrain, dans toutes les actions en faveur des populations vulnérables, notamment en Afrique et dans les pays ayant des besoins spécifiques.
M. U WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) s’est félicité des résultats du Sommet mondial 2005, en particulier dans les domaines du développement et de la lutte contre la pauvreté. Il s’est félicité de la décision de certains pays développés, notamment de l’Union européenne, d’établir des échéanciers visant à atteindre progressivement, d’ici 2015, la part de 0,7% de leur PNB consacré à l’aide publique au développement. Le représentant a poursuivi en plaidant pour la poursuite des programmes d’allègement de la dette initiés par le G-8 au bénéfice de 18 pays pauvres très endettés (PPTE). Le Myanmar estime que l’assistance financière ne devrait pas être utilisée comme un outil coercitif, ou être allouée selon des conditionnalités d’ordre politique, a-t-il souligné. Il s’est opposé aux régimes de sanctions imposés à des pays en développement et aux pays les moins avancés, en faisant valoir que cette démarche sapait les perspectives à long terme de ces États. L’aide publique au développement devrait servir de levier pour mobiliser des investissements privés étrangers, a estimé le représentant du Myanmar, avant de rappeler que son pays se développait sans véritable assistance extérieure. « Malgré ce manque de soutien, la croissance moyenne de notre économie a été de l’ordre de 12,5% au cours des quatre dernières années », a-t-il indiqué, « et notre Gouvernement a construit 176 barrages, 60 000 kilomètres de route, et ouvert 124 universités et 188 hôpitaux, tandis que le taux de scolarité a atteint 98% ». Le représentant a ensuite mis en avant les questions de sécurité, en estimant que la sécurité et le développement étaient deux concepts étroitement liés dans les stratégies mises en œuvre par le Myanmar.
M. MOHAMED LATHEEF (Maldives) a souligné l’impact négatif croissant et alarmant des catastrophes naturelles sur l’économie et l’environnement mondiaux. Il a estimé qu’aucun pays, riche ou pauvre, n’était à l’abri des effets dévastateurs de ces désastres et de ceux du changement climatique. Il a rappelé que son pays avait été touché par le tsunami de décembre 2004. Aucune île de l’archipel des Maldives n’a été épargnée, a-t-il ajouté; 62% des activités générant notre PNB ont été détruits instantanément, et plus de 7% de la population ont été déplacés. Le représentant a insisté sur la situation économique critique des Maldives, indiquant que, pour la première fois, le pays n’avait d’autre choix que de demander un soutien financier et budgétaire à la communauté internationale. Il a fait remarquer qu’avant le tsunami, son pays était en bonne voie pour atteindre les OMD d’ici à 2015. Il s’est dit convaincu que cet élan pouvait être retrouvé grâce à l’aide des partenaires au développement.
M. Latheef a par ailleurs estimé que trop de promesses non tenues avaient été faites sur la question de la préservation de l’environnement, et il a appelé à la mise en place, dans les meilleurs délais, de normes de protection et de préservation internationales comme celles figurant dans le Protocole de Kyoto. Il a aussi noté l’importance de développer des sources d’énergie alternatives et propres, et a souligné la nécessité de prendre en compte de manière urgente les besoins spéciaux des petits États insulaires en développement et de mettre en œuvre, à cet égard, la Stratégie de Maurice. Le représentant a estimé que l’aide au développement jouait un rôle indispensable dans le processus de développement des pays défavorisés, et s’est dit encouragé par l’initiative lancée par l’Union européenne dans ce domaine. Il a exprimé le soutien de sa délégation au Document final du Sommet mondial de 2005, en notant que beaucoup de choses dépendraient de la manière dont le suivi et la réalisation de ces engagements seraient effectués.
M. NASER AL-GHANIM (Koweït) a plaidé pour une action collective dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement, adopté en mars 2002, et pour faciliter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. « Mon pays est convaincu que l’objectif de cette session doit être d’évaluer les progrès réalisés ou les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre des conférences et sommets sur le développement depuis 2000 », a dit M. Al-Ghanim. Abordant la question des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le représentant du Koweït a estimé que compte tenu de leur retard, les pays les moins avancés et les pays en développement devraient pouvoir disposer de mesures financières, humaines et technologiques suffisantes pour combler les retards. Il a souhaité ensuite que la prise de mesures d’allègement de la dette, comme celles récemment consenties à 18 pays pauvres par les États du G-8, ainsi que celle concernant l’augmentation progressive de l’aide publique au développement, s’accélère. De même, il a indiqué que les prochaines négociations de l’OMC prévues à Hong Kong, en décembre 2005, devraient permettre de parvenir à un accord sur la question cruciale des subventions à la production et à l’exportation, ainsi que sur celle des barrières tarifaires. Il a ensuite souligné que son pays avait transféré, au titre de l’aide au développement, plus de 12 milliards de dollars dans plus de 100 pays par le biais du Fonds de développement du Koweït, du Fonds de développement de l’OPEP et de la Banque africaine de développement. Cette contribution correspond à 1,3% du PNB du Koweït pour 2002-2003, a-t-il précisé, avant de plaider pour une plus grande coopération internationale et des transferts de technologies améliorés dans le secteur de la production d’hydrocarbures, afin de renforcer les critères de protection de l’environnement et de prévenir l’impact que peuvent avoir les catastrophes naturelles sur les installations d’extraction pétrolifère.
M. FILIPE CHIDUMO (Mozambique) a affirmé que le Document final n’avait pas rempli les attentes des pays en développement mais que ceci ne devait pas limiter la détermination des États à travailler ensemble pour le bien commun. Il a salué les engagements pris en ce qui concerne l’APD, la dette ou encore, les besoins spécifiques de l’Afrique. Il s’est félicité de la décision de l’Union européenne d’établir un calendrier pour parvenir à l’objectif de verser 0,7% du PNB de ses États membres à l’APD, et a émis l’espoir de voir les promesses des donateurs d’aide à l’Afrique être tenues. « Il faut saisir cet élan pour renforcer les propositions en matière de sources novatrices de financement », a-t-il ajouté. Il a aussi souligné l’importance des initiatives pour l’amélioration de la qualité de l’aide, y compris la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, qui demande, entre autres, un alignement de l’assistance internationale sur les priorités nationales. Il a expliqué que son pays était un des plus dépendants envers l’aide à l’Afrique et que le Mozambique attachait une grande importance à une meilleure efficacité de celle-ci.
Le représentant s’est félicité de la décision d’annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), dont le Mozambique, et a dit que cette mesure permettrait de réorienter ces ressources vers l’éradication de la pauvreté. Soulignant que le développement était d’abord une responsabilité nationale, il a indiqué que le renforcement des capacités et l’assistance technique étaient essentiels à la réalisation des objectifs de développement, dont les OMD. Il a par ailleurs constaté que les pandémies, comme celles du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose, compromettaient les efforts de développement et exigeaient de la communauté internationale un engagement plus important afin de les combattre. Il a enfin demandé que les défis auxquels l’Afrique fait face en matière commerciale, soient abordés de manière globale et que le Cycle de Doha répondent aux préoccupations des pays en développement.
M. BALA BHADRA BHARATI (Népal) a déclaré que le Document final du Sommet mondial de 2005 avait clairement souligné la nécessité d’engager des actions concrètes pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici 2015, notamment en ce qui concerne l’aide publique au développement, qui devrait passer progressivement d’ici 2010 à 130 milliards de dollars par an contre 80 milliards aujourd’hui. Par ailleurs, M. Bharati a salué l’initiative du G-8 de procéder à l’allègement de la dette de 18 pays pauvres, et à souhaité que cette mesure soit étendue à davantage de pays. Il a mis en avant les efforts déployés au niveau national par le Népal, en dépit de la menace terroriste qui pèse sur tout le pays, afin de mobiliser le secteur privé et la société civile, et pour promouvoir le commerce comme levier du développement. Les pays sans littoral et les pays les moins avancés devraient pouvoir bénéficier de régimes préférentiels et différenciés, afin de pouvoir réaliser, à l’horizon 2015, les Objectifs du Millénaire pour le développement, a déclaré le représentant du Népal.
Mme MARIA ANGELA HOLGUIN CUÉLLAR (Colombie) a estimé que les Nations Unies devaient centrer leurs efforts sur le renforcement des capacités nationales dans le domaine du développement, afin d’améliorer la compétitivité des pays du Sud dans un environnement propice au commerce. Elle a rappelé qu’en tant que pays à revenu moyen, la Colombie avait intégré dans ses politiques nationales les recommandations et objectifs des grands sommets et des conférences internationales. Elle a indiqué que le libre accès aux marchés internationaux était essentiel pour consolider un développement durable. Elle a affirmé que la réalisation des OMD devait débuter par la consolidation des cadres macroéconomiques, afin de renforcer les politiques de création d’emplois et d’amélioration de l’éducation.
Concernant la coopération Sud-Sud, elle a estimé qu’il fallait la renforcer dans les secteurs scientifique, financier, monétaire et technique. Elle a ensuite souligné le lien entre les migrations et le développement. « Il est urgent », a-t-elle poursuivi, « d’aborder cette question de manière cohérente et coordonnée afin d’en minimiser les effets négatifs ». Elle a à cet effet appuyé la tenue du Dialogue de haut niveau sur les migrations de 2006, espérant qu’il serait une opportunité pour les pays d’origine, de transit et de destination, de gérer ce phénomène en respectant la dignité et les droits humains des migrants et de leurs familles. Enfin, s’agissant de l’environnement, elle a mis l’accent sur la protection de la biodiversité et notamment des ressources génétiques. Elle a appuyé les solutions multilatérales, dont le Protocole de Kyoto, destinées à répondre au problème du changement climatique, et a appelé à une meilleure prévention des catastrophes naturelles.
M. GEORGES TALBOT (Guyana), qui est intervenu au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souhaité que, dans l’examen de la mise en œuvre des dispositions relatives au développement contenues dans le Document final du Sommet mondial de 2005, la Deuxième Commission s’efforce de donner un élan collectif aux efforts de la communauté internationale. Le représentant a mis en avant les spécificités des pays membres de la CARICOM, qui sont confrontés à diverses menaces venant du manque de diversification de leurs économies et de leur dépendance envers des produits de base dont les cours ne cessent de chuter. Ces pays sont aussi victimes des catastrophes naturelles, du crime transnational organisé, a relevé M. Talbot en plaidant ensuite pour un appui plus significatif des pays développés aux efforts des pays de la CARICOM. Nous nous efforçons de mettre sur pied un marché commun, a-t-il rappelé, en arguant que le commerce est l’un des piliers qui pourrait permettre à la région de parvenir au développement. Cela dépend toutefois de l’environnement économique mondial, a-t-il fait observer, souhaitant que la réunion de Hong Kong de l’OMC permette de parvenir à des compromis sur les subventions, mais également sur la question du commerce de la banane. Saluant la décision du G-8 d’alléger la dette de 18 PPTE, dont le Guyana a bénéficié, il a toutefois souligné que si son pays allait gagner environ 8 millions de dollars grâce à cette mesure, il perdrait cependant ensuite 40 millions de dollars du fait de la décision de l’Union européenne de réduire les coûts d’importation du sucre.
Le représentant s’est également inquiété de la proposition faite par la France et d’autres pays d’imposer une taxation internationale sur les billets d’avion pour financer certains programmes de développement, faisant valoir que cette décision pourrait nuire aux économies de pays en développement qui tirent une part importante de leurs revenus des activités et des recettes touristiques. Plaidant ensuite pour le renforcement de l’ECOSOC, dans son rôle de coordination de l’assistance internationale, M. Talbot a insisté sur la nécessité de mettre en place une matrice assortie d’indicateurs pour évaluer les progrès et les obstacles rencontrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Enfin, abordant la question des catastrophes naturelles, le représentant du Guyana a plaidé pour l’établissement d’un mécanisme d’alerte rapide dans la région des Caraïbes, et pour la création de programmes spécifiques d’assistance aux pays touchés par de telles catastrophes.
M. CHNG KIAN WEE (Singapour) a déclaré que la réussite des pays dépendait aujourd’hui de leur capacité à s’intégrer au système mondial. Afin de progresser dans la réalisation des OMD et autres objectifs de développement, il a estimé qu’il fallait un consensus reconnaissant que le développement n’est pas seulement une obligation morale mais également un impératif stratégique international ayant un impact direct sur tous les États. Constatant les disparités qui existent au niveau mondial, il a indiqué que l’actuel ordre international n’était pas viable ou durable. La pauvreté risque de nourrir l’instabilité, la guerre et le terrorisme, a-t-il expliqué, notant que les effets de ces phénomènes touchaient toute la communauté internationale. Pour faire face à cette situation, il a demandé le lancement d’une coopération internationale d’une ampleur sans précédent et de très haute qualité qui ne soit pas basée sur la seule défense d’intérêts nationaux. « Il nous faut mieux partager la responsabilité de la gouvernance mondiale », a-t-il recommandé.
Rappelant que chaque pays avait ses propres réalités, le représentant a souhaité qu’une marge de manœuvre politique suffisante soit accordée aux pays en développement pour leur permettre d’innover et de s’adapter, en tenant compte de leurs circonstances nationales uniques. Il a noté, qu’avec l’aide des pays développés, les pays en développement devaient eux-mêmes jouer un rôle actif dans leurs processus de développement et faire preuve de volonté politique ferme, notamment en adoptant et en appliquant des normes strictes de bonne gouvernance et les principes de l’État de droit. M. Kian Wee a jugé qu’il est essentiel de développer la coopération Sud-Sud, afin qu’à travers elle les pays en développement s’intègrent mieux dans la mondialisation. Il a estimé qu’au-delà du versement de l’APD, les pays développés devraient éliminer les subventions et les aides agricoles qui entravent la compétitivité des pays en développement. A cet égard, il a fait remarqué que la conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha représentait une opportunité pour résoudre les trop flagrantes inégalités entre le Nord et le Sud. Nous devons tous travailler pour parvenir à un résultat positif, après la tenue de la Réunion ministérielle de l’OMC à Hong Kong, en décembre prochain, a-t-il conclu.
M. JEAN-MARIE BOSSINA (Congo) a affirmé que la Deuxième Commission avait aujourd’hui la lourde mission de traduire en actes la volonté politique exprimée par les chefs d’État et de gouvernement dans le Document final du Sommet de 2005 en ce qui concerne les questions économiques, financières et commerciales. Il a estimé que tous les pays devaient s’unir pour combattre les effets du « tsunami de la pauvreté » qui dévaste de nombreuses régions du monde. Il s’est félicité des initiatives visant à assurer un financement plus substantiel du développement, comme celles de l’Union européenne en matière d’APD, et du G-8 concernant la dette. Il s’est aussi réjoui de constater que la Banque mondiale et le FMI envisagent d’étendre la mesure d’annulation de la dette à 20 autres pays. Toutefois, il a regretté les longs délais et les critères imposés aux pays souhaitant être éligibles à l’Initiative PPTE alors que les problèmes auxquels ils font face nécessitent souvent des interventions urgentes.
Le représentant a jugé insatisfaisant le fonctionnement de l’actuel système commercial mondial. Il a souhaité que la communauté internationale aide les pays en développement à restructurer et diversifier leurs économies pour les rendre compétitives. Il a par ailleurs estimé que le débat sur la question des processus de prise de décisions économiques à l’échelon mondial n’avait que trop duré. Saluant les recommandations faites lors du Sommet mondial à ce sujet, il a insisté sur l’importance de prendre les mesures nécessaires pour soutenir les réformes structurelles et macroéconomiques et ouvrir les marchés du Nord aux exportations des pays en développement. Indiquant que l’Afrique avait été marginalisée dans le processus de la mondialisation et que cela affectait ses chances de développement, il a souhaité que l’accent soit mis sur le renforcement de la coopération internationale pour la mise en oeuvre du NEPAD, et a demandé une solution à la question de la dette, et un appui aux efforts déployés par les pays africains dans les domaines du commerce, de l’éducation et de la santé.
M. SONG SE II (République populaire et démocratique de Corée) a estimé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement était une priorité et qu’il importait de créer des conditions plus justes et plus équitables dans l’ordre économique international. Il a déploré que les pays en développement ne soient pas consultés dans l’élaboration des programmes de développement, avant de déclarer que les préalables politiques et les conditionnalités ne sauraient être acceptés. Il faut adopter des mesures pratiques pour stabiliser les marchés des produits de base, a-t-il ensuite déclaré; établir des régimes préférentiels; renoncer aux pratiques injustes de subventions à la production et aux exportations, et enfin, lever les barrières tarifaires. Il a jugé inacceptable que certains pays soient marginalisés par des blocus et des embargos, qui sont non seulement des atteintes à leur souveraineté mais surtout des obstacles à leur développement économique. Le Gouvernement de la RPDC déploie tous les efforts pour revitaliser l’économie du pays, a-t-il dit, en déplorant des mesures adoptées unilatéralement par des pays étrangers et « la menace militaire permanente aux frontières du pays ». Enfin, il a estimé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement devait passer avant tout par l’annulation de la dette des pays en développement et l’augmentation des flux d’aide et d’investissements.
M. SHIN KAK-SOO (République de Corée) s’est félicité de l’engagement renouvelé des dirigeants mondiaux envers le développement, comme le stipule les termes du Document final du Sommet mondial. Il a estimé que les moyens de sortir le monde de la pauvreté existaient et qu’il fallait désormais lancer des actions concrètes en matière de stratégies de développement nationales, de partenariats mondiaux, et de financement du développement. Il a ainsi souligné l’importance de l’appropriation du développement et de la responsabilité de la gouvernance de chaque État, insistant sur le rôle que peuvent jouer les réformes dans le secteur financier et bancaire ainsi que dans les réglementations. Se félicitant des initiatives concernant l’augmentation de l’APD, il a exhorté tous les donateurs à améliorer la qualité et l’efficacité de l’aide en appliquant la Déclaration de Paris. Il a rappelé que, malgré la crise financière de 1997, son pays avait augmenté régulièrement son niveau d’APD, la doublant entre 2000 et 2004. Il a aussi expliqué que son pays créait des partenariats avec les pays en développement, à travers une coopération dans les secteurs des ressources humaines et de l’expertise en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC).
Le représentant a par ailleurs insisté sur le rôle du commerce en tant que moteur de la croissance, qui doit être renforcé. Selon lui, la conclusion du Cycle de Doha est essentielle tout comme le renforcement des capacités commerciales et la diversification des productions des pays. Rappelant l’attachement de la Corée à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption, il a fait part du travail que mène son pays, en collaboration avec l’ONU, pour mettre en place un Centre de gouvernance des Nations Unies en Corée. Afin d’atteindre les OMD, le représentant a également espéré qu’une attention particulière serait portée aux besoins spécifiques de l’Afrique, des PMA, des petits États insulaires en développement et des pays en développement sans littoral. Enfin, il a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour promouvoir le développement durable et a souhaité la réussite de la prochaine session de la Commission du développement durable et celle de la Conférence des parties à la Convention sur les changements climatiques.
M. JAVAD AMIN-MANSOUR (République islamique d’Iran) a déploré le ralentissement de la croissance dans les pays en développement depuis le début de l’année 2005, en raison notamment des écarts de prix croissants entre produits de base et produits d’importation. Déplorant ensuite que l’accès des produits des pays pauvres aux marchés financiers et commerciaux soit encore insuffisant, le représentant a estimé que sauf à voir la croissance économique influer positivement sur la création d’emplois, il serait difficile de lutter contre la pauvreté et, à terme, de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Certaines maladies réapparaissent, a-t-il poursuivi, avant d’évoquer les problèmes causés par la destruction de l’environnement et l’instabilité de l’approvisionnement en ressources énergétiques, au moment où les niveaux d’aide publique au développement sont largement insuffisants. Il a prôné des stratégies économiques ambitieuses et orientées vers l’obtention de résultats, estimant que le Document final du Sommet mondial 2005 manquait de précision et de cohérence. Le financement du développement est insuffisant et imprévisible, a-t-il déclaré en jugeant ensuite que bien que la décision du G-8 d’allègement de la dette de 18 pays pauvres soit une bonne initiative, elle ne sera pas suffisante si elle n’est pas étendue à d’autres pays. Abordant ensuite les fluctuations des prix du pétrole, le représentant a appuyé le principe d’une stabilisation des cours, soulignant toutefois que les pays producteurs doivent adapter leurs capacités de production afin de répondre à la demande et rendre l’offre adéquate. Pour cela, il a demandé aux pays développés de fournir aux pays en développement exportateurs de pétrole de nouvelles technologies d’exploitation respectueuses de l’environnement. Enfin, M. Amin-Mansour a plaidé pour l’introduction de technologies de pointe et écologiques pour l’extraction pétrolière, et a dit qu’en dépit de l’inflation constatée sur le marché des hydrocarbures, le litre de pétrole restait moins cher que celui d’eau minérale exportée des pays développés vers les pays en développement.
Mme NURY BAUZAN DE SENES (Uruguay) a déclaré que les Nations Unies devaient promouvoir la démocratisation des bénéfices de la mondialisation. Elle a fait part de l’attachement de son pays aux initiatives de renforcement de l’Organisation et de ses organes et agences spécialisées. Elle a espéré que ces propositions recevraient l’appui des pays développés, notamment par l’apport de ressources supplémentaires. Elle a appelé la communauté internationale à porter une attention particulière à la situation des pays à revenu moyen qui ont été, selon elle, exclus des bénéfices de l’APD sur la base de critères partiaux qui ne reflètent pas leurs réalités sociales et économiques, dont celui de l’impact de la dette. Si nous voulons atteindre les OMD et éradiquer la faim et la pauvreté, a-t-elle ajouté, nous devons fournir aux populations des emplois stables et décents pour que chacun puisse avoir les moyens de subvenir à ses besoins.
Il est essentiel de libéraliser le commerce et de promouvoir un marché ouvert et non discriminatoire, y compris dans le domaine de l’agriculture, ainsi qu’un système dénué de subventions à l’exportation et à la production. Elle a ainsi exhorté les pays développés et les autres pays en développement à tout faire pour assurer le succès du Cycle de Doha. Elle a cité l’exemple du Mercosur, qui favorise une plus grande intégration au niveau régional et sous-régional. Elle a ensuite indiqué que la libéralisation du commerce devait aussi s’accompagner d’autres mesures comme l’augmentation de l’APD et, à cet égard, elle a souhaité que le lien entre l’ONU et les institutions de financement multilatérales soit renforcé.
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique et populaire Lao), est intervenu au nom du Groupe des pays en développement sans littoral. Il a indiqué que les taux de croissances économiques des pays en développement avaient évolué ces trois dernières années à un niveau jamais vu depuis trente ans, et a ajouté qu’il en était de même pour les pays en transition. Cependant, les pays en développement sans littoral, tributaires des importations de pétrole, ont vu leur croissance ralentie par la récente hausse des cours, a-t-il dit, avant de plaider en faveur d’une meilleure coopération sur la question de l’énergie. Des mesures doivent également être prises pour combler les déséquilibres croissants entre pays en développement et pays développés, en intervenant sur l’aide publique au développement, et l’investissement étranger direct, de façon à parvenir à créer les conditions propices à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit. Il a invité la communauté internationale à procéder sans plus tarder à la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty en faveur des pays en développement sans littoral, conformément à ce qui a été décidé dans le Document final du Sommet mondial 2005. L’augmentation des ressources de financement du développement constitue une priorité pour les pays en développement sans littoral, a poursuivi le représentant, déplorant que, faute d’investissements étrangers directs, ces pays éprouvent des difficultés à contribuer au commerce mondial sur une base compétitive. S’agissant de l’augmentation des flux d’aide publique au développement, M. Kittikhoun a salué l’initiative de l’Union européenne de parvenir progressivement à 0,7% du PNB de ses États membres consacré à l’APD d’ici à l’année 2015, et à verser 0,20% de ce PNB à l’assistance aux pays les moins avancés d’ici à 2010. Depuis 1993, la participation des pays en développement sans littoral au commerce mondial a stagné, a-t-il déploré en indiquant qu’elle représentait 0,5% des échanges de biens et 0,7% des services, avant de renouveler l’appel du Groupe pour que les négociations de l’Organisation mondiale du commerce accordent une attention particulière aux produits qui concernent les pays en développement sans littoral, et pour que ces pays disposent d’appuis internationaux afin de pouvoir investir dans les infrastructures. Dans la perspective de la poursuite des négociations de Doha, le représentant a plaidé pour qu’un traitement préférentiel et différencié soit accordé aux pays enclavés.
Mme MARINE DAVTYAN (Arménie) a estimé que même si le Document final n’était pas assez ambitieux pour certains, il fournissait cependant une bonne base pour l’action collective des prochaines années. Elle a fait part de l’attachement de son pays aux questions du financement du développement et de l’annulation de la dette, se félicitant des initiatives de l’Union européenne et du G-8 dans ces domaines. Elle a insisté sur le rôle que joue le commerce dans le développement et a souhaité que soient déployés des efforts supplémentaires afin d’assurer un système international plus juste et plus ouvert. La représentante a souligné l’importance d’un accès aux marchés sans quota et en franchise de droits pour les produits des PMA, ainsi que la mise en place de stratégies pour améliorer la compétitivité et la diversité des exportations des pays en développement et en transition. Par ailleurs, elle s’est félicitée que le Document final aborde les défis que rencontrent les pays ayant des besoins spécifiques. Elle a rappelé, qu’en tant que pays enclavé dont la frontière occidentale est unilatéralement fermée par son voisin, l’Arménie condamnait avec force les mesures coercitives unilatérales. Ceci est contraire au Programme d’action d’Almaty et entrave non seulement le développement de notre pays mais aussi de toute la région, a-t-elle affirmé.
M. WALID AL-HADID(Jordanie) a estimé que les efforts de la Deuxième Commission devaient être concentrés sur les acquis des dernières grandes conférences et du Sommet mondial de 2005, qui bien qu’en dessous des attentes, marquent toutefois des avancées concrètes. Le représentant a notamment cité l’objectif agréé par certains pays développés d’atteindre, d’ici 2015, la part de 0,7% de leur PNB consacrée à l’aide publique au développement. De même, le représentant jordanien a-t-il souhaité que la prochaine réunion de l’Organisation mondiale du commerce de Hong Kong, en décembre 2005, et la réunion d’évaluation des résultats obtenus dans l’application du Consensus de Monterrey, prévue au Qatar en 2007, permettent de faire progresser davantage la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a ensuite mis en avant les stratégies de lutte contre la pauvreté développées dans son pays, notamment dans les domaines sociaux et de l’éducation, mais également dans la promotion du secteur privé, entre autres grâce à la mobilisation d’investissements étrangers directs. La Jordanie est considérée comme un pays à revenu intermédiaire, a poursuivi le représentant, déplorant que son pays n’ait pas accès aux facilités d’allègement de la dette.
M. SROOD NAJIB (Iraq) a déclaré que la communauté internationale devait déployer davantage d’efforts collectifs et coordonnés pour remédier au mauvais état de l’économie mondiale et mettre fin à la maladie et la pauvreté. Afin que tous les peuples puissent jouir d’un ordre économique équitable et bénéficier des bienfaits de la mondialisation, il a souligné le rôle essentiel que doit jouer l’APD dans le financement du développement et a souhaité qu’une solution soit trouvée au problème de la dette extérieure. A cet égard, il s’est félicité de la récente décision du G-8 d’annuler la dette de certains pays, espérant que d’autres pays agiront de même pour permettre le développement de nombreuses nations, et notamment celles sortant de conflits ou de guerres civiles. Par ailleurs, il a insisté sur l’importance des technologies modernes et a souhaité que la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information, prévu à Tunis en novembre prochain, aboutisse à des résultas positifs et utiles à tous.
Rappelant les guerres consécutives dont son pays a souffert, il a expliqué que celles-ci et les sanctions envers l’Iraq avaient entravé tous les efforts déployés pour assurer un niveau de vie décent à la population. Afin d’y parvenir, il a demandé aux pays donateurs de respecter leur engagements en matière d’aide à l’Iraq pour que le pays puisse se remettre sur la voie du développement. Il a fait part des mesures prises par son pays pour favoriser les investissements et le secteur privé. Toutefois, il a précisé que ces efforts de développement étaient entravés par les continuelles attaques terroristes que subit la population iraquienne. Notant que toute la communauté internationale était menacée par ce danger, il a demandé l’adoption de mesures pratiques pour faire face au terrorisme, notamment à travers une coopération internationale sous l’égide des Nations Unies.
M. OLUFEMI ANI (Nigéria) a jugé essentiel que les États membres ne reviennent pas sur les engagements pris et ne soient pas tentés des les appliquer de manière sélective. Comment traduire ces engagements en stratégies et en actions réalisables? S’est-il interrogé, en exhortant sur ce point les délégations à s’inspirer du rapport préparé par le Professeur Jeffrey Sachs, Conseiller spécial du Secrétaire général. Il faut que la Deuxième Commission envoie un message clair de soutien au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a-t-il poursuivi. Il s’est félicité des engagements pris par les pays développés, notamment de l’Union européenne, pour parvenir progressivement à allouer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Il est important également de soutenir la mise en place d’un mécanisme de financement international de la santé, a-t-il dit, en saluant la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés. Cependant, a-t-il ajouté en rappelant la position de principe adoptée par l’Union africaine, il importe d’étendre cette mesure à tous les pays très endettés une fois que le problème des pays les moins avancés aura été résolu. Le commerce doit jouer tout son rôle, a poursuivi le représentant du Nigéria, qui a posé les conditions d’une bonne conclusion des prochaines discussions de l’OMC à Hong Kong, à savoir notamment la levée des subventions et des barrières tarifaires et douanières, et un accès privilégié et différencié des produits africains sur les marchés des pays développés. Il a exprimé ensuite la détermination de sa délégation à œuvrer activement au succès des travaux préparatoires de la Conférence de 2006 sur les migrations internationales, avant d’apporter son appui à la restructuration de l’ECOSOC afin d’en faire une structure adaptée à la coordination des actions menées en faveur du développement et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Mme IMERIA NUNEZ DE ODREMAN (Venezuela) a rappelé les réserves émises par son pays sur le Document final du Sommet de 2005 qui, selon elle, représente un recul par rapport aux accords obtenus dans les conférences et sommets antérieurs. Indiquant qu’il n’y avait pas de modèle unique de développement, elle a fait valoir le droit des États de déterminer leurs propres priorités et stratégies de développement. Elle a estimé que le Consensus de Monterrey avait été un piège subtil tendu aux pays en développement puisque, trois ans plus tard, leurs populations ne vivent toujours pas de meilleures conditions, et les engagements pris n’ont pas été mis en œuvre. Elle a déploré l’imposition de conditionnalités qui portent atteinte à la souveraineté nationale des États en ce qui concerne la fourniture de l’APD. De plus, elle a condamné l’utilisation de mesures coercitives unilatérales, affirmant qu’elles devaient être rejetées par la communauté internationale. Le principe de la responsabilité commune mais différenciée doit avoir un statut égal aux autres principes convenus lors de sommets internationaux, a-t-elle estimé. S’agissant des questions institutionnelles, elle a jugé essentiel de renforcer l’ECOSOC pour qu’il puisse relever les défis actuels et a réclamé une réforme de la structure de pouvoir et de décision des institutions de Bretton Woods. Elle a déploré les difficultés énergétiques et les incidences du prix du pétrole qui ont un impact sur les pays en développement. Elle a souhaité que la communauté internationale parvienne à une stabilisation et à prix juste des hydrocarbures. Enfin, elle a fait observer que son pays consacrerait, pour chacune des 10 années à venir, 1,7% de son PIB à l’aide au développement et à la coopération Sud-Sud. Ceci tranche avec le peu de générosité et les conditionnalités imposées par les pays développés, a-t-elle relevé.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a invité la Deuxième Commission à poursuivre un ordre du jour du développement plus vaste que celui contenu dans le Document final du Sommet mondial 2005. Il a demandé une amélioration de la qualité de l’aide au développement et de son impact, et l’établissement de règles commerciales équitables. Il a ensuite salué la nouvelle taxe internationale sur les billets d’avion destinée à assurer le financement du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et a assuré que son pays l’appliquerait le plus rapidement possible, à l’instar de la France et du Chili qui prévoient son entrée en application en janvier prochain. M. Mota Sardenberg a ensuite rappelé l’attachement de son pays à la réduction des coûts de transferts de fonds, afin de rendre cette source de financement plus efficace. Abordant la question de la coopération Sud-Sud, le représentant du Brésil a souhaité son intensification, en particulier pour ce qui est des ressources énergétiques. Il a donné à cet égard en exemple la coopération entretenue par le Brésil, le Timor-Leste, la Guinée-Bissau, et le Venezuela. Il a plaidé ensuite pour le renforcement des transferts de technologies et de compétences afin de réduire la fracture numérique. M. Mota Sardenberg a salué ensuite la décision du G-8 de réduire la dette de 18 pays pauvres, tout en estimant que les pays à revenu intermédiaire devraient eux aussi être intégrés dans les plans d’allègement de la dette. Il s’est inquiété de la volatilité des flux financiers internationaux qui, le plus souvent, privent les pays en développement de ressources, avant de saluer l’initiative prévue par le Fonds monétaire international pour remédier à ce problème. Enfin, le représentant du Brésil a condamné les pratiques injustes qui, au niveau du commerce international, font obstacle au développement des pays défavorisés.
M. SHAHID HUSAIN, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a rappelé les regrets exprimés par de nombreux membres de l’OCI et d’autres participants au Sommet mondial de 2005, en ce qui concerne le fait que l’ONU n’ait pas su envoyer un message fort à la Réunion ministérielle de l’OMC de décembre prochain, à Hong Kong, sur la nécessité de mettre l’accent sur la dimension du développement du Cycle de Doha. Il a partagé pleinement les inquiétudes du Groupe des 77 sur cette question, ainsi que son appel à supprimer les subventions à la production et à l’exportation des pays développés, afin que les marchés internationaux soient accessibles et équitables pour tous. Il a aussi souligné la nécessité de faciliter les transferts de technologies et d’expertise des pays développés vers les pays en développement sous un régime de propriété intellectuelle plus libéral. Par ailleurs, il a réitéré son appel pour l’arrêt des mesures coercitives unilatérales à l’égard de pays en développement qui, entre autres, menacent la liberté commerciale et perturbent l’activité économique mondiale. Il a aussi estimé que dans sa lutte contre le terrorisme, la communauté internationale devait identifier et résoudre les causes des maux sociaux et économiques de la planète comme la pauvreté, l’occupation étrangère, l’imposition de conditionnalités ou encore les schémas commerciaux inéquitables.
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