DEUXIÈME COMMISSION: LA RÉCENTE FLAMBÉE DES COURS DU PÉTROLE EST ACCUSÉE DE DEVENIR UN OBSTACLE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
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Deuxième Commission
2e & 3e séances – matin & après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: LA RÉCENTE FLAMBÉE DES COURS DU PÉTROLE EST ACCUSÉE DE DEVENIR UN OBSTACLE À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
« Les travaux de la Deuxième Commission s’ouvrent alors que la croissance économique mondiale connaît un ralentissement et que les déséquilibres mondiaux se creusent, » a déclaré ce matin le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo, qui a par ailleurs relevé les inquiétudes générées par la hausse des cours du pétrole. Cette brusque flambée des cours des hydrocarbures pose des défis de taille à la croissance économique, en particulier dans les pays en développement, a estimé M. Ocampo. Le représentant du Japon a indiqué pour sa part que, compte tenu de l’impact de la montée des cours du pétrole sur les économies nationales, cette question devrait faire l’objet d’une réflexion approfondie en Deuxième Commission, dans la mesure où ses effets sont de nature à ralentir davantage la croissance économique, moteur clef de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
En ouvrant le débat général de la Commission économique et financière, son Président, Aminu Bashir Wali, du Nigéria, avait placé les travaux de cette session sous le signe de la mise en œuvre effective des dispositions relatives au développement adoptées lors du Sommet mondial 2005. Ce Sommet, a-t-il souligné à la suite du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a abouti à l’adoption d’une série de mesures concrètes, comme l’engagement d’adopter et de mettre en place d’ici 2006 des stratégies nationales de développement pour atteindre les objectifs de développement, y compris les OMD, ou encore, l’engagement de mettre en place un partenariat pour le développement mondial, qui avait été convenu en 2002 à Monterrey. Le Sommet mondial a également réaffirmé les promesses concernant divers domaines essentiels du développement durable comme l’eau, les établissements humains, l’énergie ou les changements climatiques, a indiqué le Président avant d’insister sur les décisions du Sommet concernant le financement du développement, en particulier des nouveaux engagements visant à augmenter le volume de l’aide publique au développement (APD).
Tout en se félicitant des succès du Sommet mondial, le représentant du Viet Nam a regretté la montée des cours du pétrole, qui accroît les difficultés des pays en développement qui déjà font face aux effets négatifs dune mondialisation inéquitable dont ils sont exclus des bénéfices, ce qui compromet la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. A son tour, le représentant des Philippines a souligné la complexité de la situation dans laquelle se retrouvent les pays à revenu intermédiaire déjà fortement endettés, du fait de la flambée actuelle des cours du pétrole qui provoque un déséquilibre croissant de la balance commerciale de ces pays. Pour trouver des solutions aux menaces qui pointent à l’horizon, le représentant des Philippines a proposé la tenue d’un Sommet mondial consacré à la question du pétrole, afin d’intensifier la coopération internationale sur les questions énergétiques, de promouvoir des accords limitant les coûts du pétrole, et d’explorer des ressources énergétiques alternatives, notamment les éoliennes ou l’énergie solaire.
Au cours du débat de la Commission, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo, a suggéré que des accords soient passés entre pays producteurs et pays consommateurs d’hydrocarbures, afin d’alléger les déséquilibres en matière de balance des paiements. « C’est le marché qui détermine les cours du brut pétrolier », a rétorqué le représentant de la République islamique d’Iran, en rejetant toutes les thèses qui voudraient faire croire à une spéculation de la part des pays producteurs. Pour sa part, le représentant du Koweït a fait remarquer que les prix avaient augmenté de manière subite au cours des derniers mois, et non pas de manière graduelle comme on l’observe généralement au fil des années. Il a estimé que cette brusque hausse était due à certains facteurs, dont notamment les catastrophes naturelles, qui ont conduit à l’arrêt des activités de certaines raffineries. Malgré cette flambée des prix, a-t-il indiqué, les bénéfices engrangés par les pays producteurs de pétrole ont été en partie redistribués aux pays en développement par le biais du Fonds de développement de l’OPEP qui a d’ores et déjà octroyé aux pays défavorisés des financements de l’ordre de 7,5 milliards de dollars.
S’agissant de l’ordre du jour de la Deuxième Commission, dont les travaux se sont ouverts ce matin, le représentant du Royaume-Uni a souhaité qu’il soit recentré sur les questions sur lesquelles « les délégations peuvent générer une réelle valeur ajoutée ». Il a à cet égard prôné une plus profonde rationalisation de l’ordre du jour de la Commission, notamment par un regroupement des points à débattre, et par une augmentation du nombre de débats interactifs. Répondant à cette requête, le Président de la Deuxième Commission a annoncé que plusieurs réunions parallèles de grand intérêt seraient organisées au cours de cette session, portant notamment sur le rôle des femmes ou sur la mobilisation du secteur privé dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Les représentants des pays suivants se sont exprimés aujourd’hui au cours du débat général de la Deuxième Commission: Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne), Jamaïque (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Pakistan, Fédération de Russie, Indonésie (au nom de l’ANASE), Ghana, Viet Nam, Fidji, Egypte, Maroc, Namibie (au nom de la SADC), Japon, Philippines, Bangladesh, Thaïlande, Inde, Algérie, Sénégal, Cambodge, Cuba, Tanzanie, Tunisie, Kenya. La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est également exprimée. Les Etats-Unis ont exercé leur droit de réponse.
Le débat général de la Deuxième Commission se poursuivra demain, mardi 4 octobre, à 10 heures.
Déclaration du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales
M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que cette session de la Deuxième Commission était marquée par le rassemblement historique des dirigeants mondiaux qui a lieu lors du Sommet mondial de 2005. Il a noté qu’au cours de ce Sommet, ils avaient réaffirmé leur foi dans le multilatéralisme et exprimé un engagement fort pour la réalisation de l’agenda de développement de l’ONU. M. Ocampo a souligné certains résultats du Sommet qui sont pertinents pour les travaux de la Deuxième Commission, comme l’engagement d’adopter et de mettre en place d’ici 2006 des stratégies nationales de développement pour atteindre les objectifs de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ou encore, l’engagement de mettre en place un partenariat pour le développement mondial, qui avait été convenu à Monterrey. M. Ocampo a aussi rappelé que le Sommet de 2005 avait réaffirmé les promesses concernant divers domaines essentiels du développement durable comme l’eau, les établissements humains, l’énergie ou les changements climatiques. Il a par ailleurs insisté sur l’adoption d’un accord sur les aspects clefs de la réforme de l’ONU. Parmi ceux-ci, a-t-il poursuivi, il y a eu un accord sur le renforcement de l’ECOSOC en vue de le rendre plus fort et plus efficace. Le Secrétaire général adjoint a ensuite estimé que l’ampleur du Programme de développement des Nations Unies exigeait que l’ECOSOC modifie en profondeur ses méthodes de travail, et que ceci dépendrait largement des résultats qui seraient obtenus à l’issue de cette session de l’Assemblée générale. M. Ocampo a appelé les délégués à donner effet aux décisions relatives à la rationalisation et au renforcement des travaux de l’ECOSOC sans délai.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a par la suite insisté sur les décisions du Sommet concernant le financement du développement. Il s’est félicité des mesures visant à améliorer et renforcer la coopération Sud-Sud et des nouveaux engagements visant à augmenter l’aide publique au développement (APD). Selon lui, si ces promesses viennent à être honorées et que les principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide sont respectés, il y aurait une avancée majeure dans la coopération internationale, notamment en faveur de l’Afrique sub-saharienne. Il a aussi souligné l’importance pour les États de faire preuve de plus de volonté politique, afin d’achever rapidement les négociations commerciales du Cycle de Doha, qui doit favoriser le développement des pays les plus faibles. Saluant l’initiative d’annulation de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), il a toutefois rappelé que la majorité des populations pauvres du monde vivaient dans des pays en développement à revenu intermédiaire qui, malheureusement, ne sont pas encore éligibles aux bénéfices du programme PPTE.
M. Ocampo a par ailleurs constaté que la Deuxième Commission se réunissait alors que la croissance économique mondiale connaissait un ralentissement, et que les déséquilibres mondiaux se creusaient. Il a aussi relevé l’inquiétude générée par la hausse des cours du pétrole, affirmant qu’elle posait des défis de taille à la croissance économique, en particulier dans les pays en développement. Dans la perspective de la réalisation des OMD, il s’est dit préoccupé des impacts potentiels de cet environnement extérieur sur les efforts déployés par les pays en développement pour atteindre les OMD. Il a insisté sur l’importance des débats que tiendra la Commission en ce qui concerne les questions liées à une mondialisation plus équitable et plus inclusive, ainsi que sur la question de l’éradication de la pauvreté, au moment où l’Assemblée générale se prépare à faire, l’an prochain, l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles pour les pays les moins avancés. Enfin, alors qu’un dialogue de haut niveau doit avoir lieu en 2006 sur ce sujet, il a mis en lumière la nécessité d’aborder la question des migrations internationales, notamment en ce qui a trait à la mobilité des travailleurs qualifiés des pays en développement vers les pays riches. Il a conclu en espérant que la Deuxième Commission aide à concrétiser les décisions et les attentes générées par le Sommet mondial de 2005.
É change interactif
Le représentant de la République dominicaine a rappelé que son pays était l’un des sept pays pilotes pour l’examen de la mise en œuvre de mécanismes permettant de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et a estimé que les pays du Sud avaient besoin d’une mobilisation accrue de fonds alloués au développement, de même que de flux supplémentaires de capitaux privés. Le représentant a ensuite évoqué les vulnérabilités dont souffrent les États insulaires en développement, en particulier dans la région des Caraïbes.
Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. OCAMPO a qualifié d’initiative importante la décision prise par la République dominicaine d’analyser, secteur par secteur, la réalisation des OMD, et a assuré que les fonds et agences de développement des Nations Unies tiendraient compte de ces analyses. S’agissant des coûts énergétiques et de la dépendance accrue aux produits pétroliers, dont les prix sont de plus en plus élevés, M. Ocampo a souhaité que des accords soient passés entre pays producteurs et pays consommateurs, afin d’alléger les déséquilibres des balances de paiements. Il a jugé ensuite que la vulnérabilité de certains États insulaires devrait faire l’objet d’une discussion plus approfondie et plus élargie, en tenant compte par exemple, de la question cruciale des primes d’assurance dans les pays des Caraïbes.
Concernant la hausse du prix de l’énergie et surtout du pétrole, le représentant du Koweït a regretté que certaines dimensions de celle-ci n’aient pas été abordées par M. Ocampo. Il a noté que les prix avaient augmenté de manière subite au cours des derniers mois, et non graduellement pendant les dernières années. Il a constaté que même si la demande était plus importante, les réserves de pétrole étaient abondantes et que les producteurs faisaient de leur mieux pour satisfaire la demande. Il s’est interrogé sur un possible déficit de production dans les activités de raffinage, qui affecte les produits dérivés. Le représentant s’est aussi interrogé sur les effets des catastrophes naturelles sur les cours du pétrole. Il a ainsi cité l’exemple de raffineries dont le travail s’est arrêté du fait de ces catastrophes. Les technologies ne sont d’autre part pas suffisamment renouvelées par les pays développés, a-t-il estimé. Ainsi, il a souhaité l’amélioration des technologies actuellement disponibles et leur diffusion dans les pays exportateurs d’énergie. Par ailleurs, il a rappelé que l’OPEP avait fourni 7,5 milliards de dollars d’aide au développement, et a estimé que le débat sur cette question devrait être abordé de manière mieux informée et plus équitable.
Pour sa part, le représentant du Paraguay a insisté sur les conséquences de la hausse du prix du pétrole pour les pays sans littoral. Rappelant l’importance du commerce dans le processus du développement, il a estimé que trop peu d’attention avait été consacré à la question de la création d’emplois par ce biais. Nous devons donner un relief particulier aux questions de développement et insister sur les relations commerciales qui peuvent être accompagnées de création d’emplois, a-t-il précisé. Plus nous pourrons créer des emplois, a-t-il poursuivi, plus nous aurons de sécurité, de stabilité démocratique et de conditions de vie décentes.
Le représentant de la République islamique d’Iran qui abordait la question des effets des cours du pétrole sur les économies nationales, a admis que l’accroissement de la demande énergétique avait pesé sur les prix des hydrocarbures, mais a ensuite fait valoir que les cours d’autres sources énergétiques avaient également augmenté. C’est le marché qui définit les cours du pétrole, a poursuivi le représentant, en faisant observer que les pays producteurs de pétrole, par le biais du fonds de développement de l’OPEP, avaient versé à ce jour 7,4 milliards de dollars aux pays en développement.
Le représentant du Cameroun a évoqué les avancées contenues dans le Document final du Sommet mondial de 2005 sur les questions relatives au développement, et a estimé que les critiques et le scepticisme venaient souvent du fait que les décisions prises étaient très rarement appliquées. « Il est temps que nous appliquions et mettions en œuvre les engagements pris », a-t-il insisté, en soulignant à ce titre le rôle important qui revient aux Gouvernements du Nord, et en souhaitant que les pays en développement bénéficient de plus de soutien et de pouvoir de participation aux prises de décision.
Le représentant de la Barbade est intervenu sur la question de l’allègement de la dette en faveur des pays à revenu intermédiaire. Il a fait estimé que le fardeau de l’endettement était trop lourd pour ces pays, qui pour équilibrer leurs budgets et satisfaire leurs besoins nationaux, cherchent à mobiliser des capitaux privés au niveau international. Il a interrogé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales sur les moyens qui pouvaient être mobilisés pour mettre l’élimination de la dette des pays à revenu intermédiaire à l’ordre du jour de l’agenda mondial sur le développement.
La représentante de Cuba a attiré l’attention sur la question du commerce, souhaitant qu’elle soit traitée de manière plus approfondie. Elle a regretté que sur cette question le Document final du Sommet mondial 2005 reste presque muet. Elle a aussi estimé que, lors de sa présentation, M. Ocampo avait été trop optimiste en affirmant que les conditions des échanges commerciaux pour les pays en développement s’étaient améliorées de façon sensible. Un certain nombre d’éléments contredisent cette affirmation, a-t-elle estimé en parlant notamment de la difficulté qu’ont rencontrée les pays en développement pour placer la question du développement au centre du Cycle de Doha, ou encore les obstacles délibérément posés aux échanges commerciaux actuels, dont, notamment, les subventions agricoles.
Le représentant de la France, pour sa part, a fait écho aux propos du délégué du Cameroun, en se félicitant de la manière positive dont M. Ocampo avait présenté les résultats du Sommet 2005. Il a qualifié ceux-ci d’extrêmement encourageants et même parfois impressionnants. Il s’est dit encouragé par le fait que tous les États s’étaient engagés dans des efforts visant la réalisation des OMD ou avaient renouvelé leur volonté de mettre en œuvre le Consensus de Monterrey. Le représentant a par ailleurs souhaité obtenir plus de détails sur la réforme des fonds et programmes des Nations Unies, en rappelant que le Sommet 2005 avait réaffirmé leur rôle central en matière de promotion du développement. Du point de vue de la France, a-t-il dit, les actions de l’Assemblée générale et de la Deuxième Commission seront essentielles dans cette réforme.
M. OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a pris la parole pour indiquer que le Sommet mondial 2005 avait servi de catalyseur à un grand nombre d’initiatives en matière de développement, que ce soit celles de Paris, ou encore celles relatives à l’appropriation des mécanismes de développement. Il a mis l’accent sur le compromis trouvé sur l’allègement de la dette des PPTE. Abordant la question énergétique, il a reconnu que l’origine du problème actuel était imputable à la forte demande, et a indiqué que les difficultés rencontrées en matière de raffinage et dans les périodes suivant les catastrophes naturelles qui ont frappé les Etats-Unis avaient eu une influence sur la brusque augmentation des cours du pétrole. S’agissant de l’allègement de la dette, il a prôné de poursuivre l’approche de Paris, à savoir le rééchelonnement de la dette par le Club de Paris, qui a été appliqué dans le cas de l’Iraq et le sera prochainement au profit du Nigeria. M. Ocampo a souligné la nécessité de poursuivre les discussions sur l’allègement de la dette privée. Certains grands pays comme l’Argentine ont réussi à renégocier leur dette, a-t-il noté, tout en relevant que cela n’avait cependant pas été le cas pour tous les pays. M. Ocampo est revenu sur la question de l’aide publique au développement, rappelant que selon une étude de l’OCDE, seul un quart de l’APD déclarée parvient réellement aux bénéficiaires. Pour faire face à cet état de choses, il a jugé utile que l’APD soit canalisée à travers les budgets des pays bénéficiaires, qui en retour assureraient aux donateurs la mise en place de mesures efficaces de bonne gouvernance. Les prix élevés des matières premières profitent aux pays en développement, a-t-il dit ensuite, expliquant ainsi la croissance qu’ont connu plusieurs pays en développement. Cependant, l’existence de subventions à la production et à l’exportation pratiquées dans les pays du Nord, de même que la situation des pays en développement importateurs de produits agricoles, devront faire l’objet d’une attention particulière dans le cadre des négociations du Cycle de Doha, a-t-il dit.
D ébat général
SIR EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni), qui intervenait au nom des États de l’Union européenne, a réaffirmé l’engagement pris par ce groupe de pays en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Rappelant que les pays en développement et les pays en transition devaient adopter des mécanismes de gestion transparente et de bonne gouvernance, le représentant du Royaume-Uni a invité les donateurs à s’acquitter de leurs promesses, indiquant à ce titre que l’Union européenne avait pris l’engagement, à travers chacun de ses membres, de parvenir, en 2015, à l’objectif de verser 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement, ce qui devrait augmenter annuellement celle-ci de 50 milliards de dollars. Poursuivant sur les questions commerciales et d’environnement, le représentant a souhaité que cette session de la Deuxième Commission permette de faire de réels progrès, à quelques semaines de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, prévue dans deux mois à Hong Kong. M. Jones Parry a également souligné les efforts déployés par l’Union européenne dans les domaines de l’éducation et de la santé, l’Union s’efforçant d’élargir l’accès aux traitements anti-rétroviraux dans les pays en développement dans ce dernier secteur. «Dans les semaines à venir, nous devrons insister sur les questions sur lesquelles nous pouvons générer une réelle valeur ajoutée », a-t-il dit, prônant une plus profonde rationalisation de l’ordre du jour de la Commission, notamment par un regroupement des points à débattre, et une augmentation du nombre de débats interactifs.
M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque) qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait ressortir les grandes lignes de la situation économique mondiale, en évoquant d’une part la hausse du prix du pétrole et l’accroissement des déséquilibres et, d’autre part, des échanges internationaux plus importants, notamment en ce qui concerne le commerce Sud-Sud. Il a souligné la question de l’annulation de la dette de certains pays éligibles à l’Initiative PPTE. Le représentant s’est ensuite notamment félicité de l’attention portée à l’Afrique et a constaté qu’il y avait une reconnaissance croissante des besoins spécifiques des pays les moins avancés (PMA) des pays en développement sans littoral, et des petits États insulaires en développement (PEID). D’autres pays à bas et moyen revenu ont aussi besoin d’une attention particulière, a toutefois noté M. Neil en estimant qu’il fallait maintenant traduire les bonnes intentions en actions. Il a aussi indiqué que les OMD ne couvraient pas tous les besoins et objectifs de développement d’une nation ou de la communauté internationale, et qu’il était donc nécessaire de progresser en ce qui concerne les questions liées au commerce; au système financier et à l’architecture financière internationale; aux technologies, et à la gouvernance économique mondiale.
M. Neil a regretté qu’après l’accord obtenu en juillet 2004 à Genève entre les ministres du commerce sur certaines questions cruciales, le processus n’ait pas avancé. Il s’est dit déçu que le Sommet de 2005 n’ait pu convenir d’un message clair à envoyer à la Réunion ministérielle de l’OMC prévue à Hong Kong en décembre prochain. Il a insisté sur la nécessité d’un système commercial multilatéral qui soit plus juste, sans barrières abusives, et qui réserve un traitement spécial et préférentiel aux pays en développement. Il a réitéré l’appel du Groupe des 77 et de la Chine en faveur de l’élimination de toutes les subventions à l’exportation que versent les pays développés à leurs producteurs et à leurs opérateurs économiques, ainsi que pour un meilleur accès aux marchés des pays du Nord des produits en provenance des pays en développement. S’agissant de la gouvernance économique mondiale, M. Neil a estimé que le renforcement du rôle de l’ECOSOC, tel que convenu dans le Document final du Sommet de 2005, pourrait servir de base d’action. Il a par ailleurs souhaité que les institutions financières internationales parviennent à des résultats rapides en ce qui concerne l’examen de la représentation et la participation de tous les États à leurs processus de gouvernance et de décision.
Le représentant a par ailleurs insisté sur l’importance d’un accroissement des flux de capitaux et des investissements étrangers directs pour le financement du développement des pays en développement. Il a estimé que la conférence d’examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du Consensus de Monterrey serait l’occasion de renouveler les efforts de mobilisation de l’aide publique au développement (APD) et a souhaité que les modalités d’organisation de cette réunion soient déterminées lors de cette session de la Deuxième Commission. M. Neil a aussi rappelé que la Deuxième Commission devait commencer les préparatifs du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales, prévu pour 2006. Enfin, il a réitéré l’attachement du Groupe des 77 et de la Chine s’agissant de la mise en œuvre d’Action 21, du Programme pour la mise en œuvre d’Action 21, et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg. Il a estimé qu’il était temps d’appliquer les décisions prises lors de la première session de la Commission du développement durable. Inquiet de l’incidence accrue et des effets destructeurs des catastrophes naturelles sur les pays en développement, il a appelé à assister les pays les plus vulnérables à ces catastrophes et à appuyer la mise en place du Cadre de Hyogo.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan), a estimé que les tendances économiques étaient moins optimistes cette année que l’an dernier en raison de l’augmentation des cours du pétrole et des matières énergétiques, et a indiqué que le Document final du Sommet mondial 2005 contenait néanmoins des mesures concrètes pouvant aider les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Rappelant les engagements pris par les pays en développement, notamment en matière de bonne gouvernance, M. Akram a exhorté les pays donateurs à atteindre pour leur part les buts qui leur avaient été assignés. Il a plaidé ensuite pour que les montants d’aide et les investissements soient plus importants afin que les flux nets de ressources financières circulant à travers le monde soient inversés et deviennent positifs en faveur des pays en développement. La réunion de l’Organisation mondiale du commerce de Hong Kong devrait être l’occasion de parvenir à une série d’accords, notamment sur les tarifs douaniers non agricoles; sur un moratoire anti-dumping; ainsi que sur l’élimination des subventions à la production et à l’exportation des produits agricoles que versent les pays du Nord à leurs producteurs et exportateurs, a souhaité le représentant. M. Akram a également plaidé pour une stabilisation des prix des produits de base, ainsi que pour la poursuite des discussions relatives à la propriété intellectuelle. Le processus de mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet de 2005 devrait inclure des dispositions claires s’agissant du financement du développement, a-t-il ensuite dit, insistant sur l’importance pour les donateurs d’accroître leurs contributions au financement du développement.
La mise en œuvre des accords ne pourra être effective que lorsque la définition précise du rôle des différents acteurs sera claire, a-t-il dit, suggérant que chaque Objectif du Millénaire pour le développement soit inscrit dans une matrice qui contienne des cibles et des indicateurs permettant d’en évaluer le succès, ce dans le cadre d’une approche axée sur les résultats. Il a souhaité que le Département des affaires économiques et sociales travaille étroitement avec le PNUD dans la mise en œuvre de cette matrice, qui pourrait se faire par le biais de mécanismes d’évaluation par les pairs, faire l’objet d’un examen par l’ECOSOC, et ensuite faire l’objet d’une conférence ministérielle annuelle dans le cadre de l’Assemblée générale. La définition de cette matrice et des indicateurs pourrait s’inspirer du système DAD élaboré pour le suivi de l’aide dispensée aux pays touchés par le Tsunami, a suggéré M. Akram. Revenant ensuite sur le rôle de l’ECOSOC, il a souhaité que celui-ci soit renforcé dans un certain nombre de domaines dont l’élaboration de recommandations et de politiques en matière de développement. L’ECOSOC devrait aussi jouer le rôle de forum pour la coopération et le développement en intégrant les différentes agences, les institutions de Bretton Woods, et d’autres acteurs, dans l’évaluation des politiques menées dans le domaine du développement. Le renforcement du rôle de l’ECOSOC se ferait aussi en matière de réponse aux situations d’urgence; en matière de coordination des actions menées par les Nations Unies; et enfin, en faveur de l’appui aux travaux de la nouvelle Commission de consolidation de la paix.
M. ANDREY I. DENISOV (Fédération de Russie) s’est félicité des résultats du Sommet mondial de 2005. Il a estimé que cinq ans après le Sommet du Millénaire et trois ans après la Conférence de Monterrey, la volonté politique pour atteindre les OMD venait d’être renforcée. Il a estimé que, lors des travaux de la Deuxième Commission, il fallait définir le programme de mise en œuvre des décisions convenues au Sommet de 2005 sans pour autant répéter les discussions qui ont déjà eu lieu. Il a déclaré que toute décision concernant le financement du développement devait se faire sur la base du consensus. Selon lui, l’imposition d’initiatives pourrait avoir des incidences négatives sur le processus de Monterrey qui a été construit de manière équilibrée. Il a affirmé que l’augmentation de l’APD était un objectif important et que la Fédération de Russie s’employait à augmenter ses capacités de donateur. Toutefois, il a souligné qu’une augmentation du volume de l’APD ne serait pas suffisante et qu’elle devrait s’accompagner d’une meilleure efficacité dans l’emploi de l’aide. Notant que le commerce représentait une opportunité supplémentaire de générer des ressources de financement, il a dit qu’il fallait mettre son potentiel au service de la réalisation des OMD, et s’est dit très satisfait de la reconnaissance, dans les résultats du Sommet 2005, de la nécessité d’inclure tous les pays dans le système commercial multilatéral, et de leur faciliter l’entrée à l’OMC. Il a émis l’espoir que la réunion de Hong Kong soit non seulement une étape importante dans les négociations du Cycle de Doha mais aussi pour la réalisation des OMD en général.
Par ailleurs, le représentant de la Russie a souligné l’importance d’améliorer la gouvernance mondiale en ce qui concerne la gestion de l’environnement. Il a cité les réunions importantes à venir dans ce domaine comme la première Conférence des États parties au Protocole de Kyoto. A cet égard, il a fait valoir qu’il fallait promouvoir le dialogue sur des actions à long terme et renforcer la coopération basée sur les institutions existantes. S’agissant des activités opérationnelles des Nations Unies, il a estimé que les décisions du Sommet de 2005 reflétaient bien les moyens d’augmenter l’efficacité du système de développement de l’ONU. Toutes les actions pour la réforme doivent être basées sur la consultation et sur les décisions des États Membres, a-t-il déclaré, en notant qu’il fallait respecter les principes d’intégrité institutionnelle et les mandats des différents fonds, programmes et agences. Enfin, il a ajouté que les nouvelles sources de financement ne devaient pas se substituer aux contributions volontaires aux activités opérationnelles qui doivent continuer de refléter la nature apolitique et neutre du travail des Nations Unies. Il a conclu en assurant que la Russie, prochain pays à prendre la présidence du G8, était prête à participer pleinement aux efforts pour la mise en oeuvre et la réalisation des décisions convenues lors du Sommet mondial de 2005.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) qui intervenait au nom des pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a rappelé que 1,2 milliards d’êtres humains continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté dans les pays en développement, et a estimé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et le respect des engagements pris dans le cadre des grandes Conférences et Sommets était une priorité à respecter. Il a souhaité que les écarts de développement soient pris en considération au niveau international et fassent l’objet de mesures déterminantes en matière de financement du développement. Il a indiqué que la région Asie-Pacifique allait pouvoir désormais bénéficier de la mise en place d’une nouvelle structure, notamment la Commission du développement de l’ANASE. Il a ensuite plaidé pour une réelle mobilisation de la communauté internationale dans le cadre de la prochaine Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce à Hong Kong, en décembre 2005, et s’est félicité du Nouveau partenariat stratégique Asie-Afrique qui vise à étendre les relations entre ces deux continents. Il a plaidé de nouveau pour que les pays développés consacrent au plus vite 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, afin de permettre aux pays en développement, et aux PMA en particulier, de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. De plus, il a insisté quant à la nécessité de parvenir à un compromis sur l’allègement de la dette des pays à revenu intermédiaire, en tenant compte du handicap posé au développement de ces États par la durabilité de la dette. Revenant sur les discussions qui devront se tenir à Hong Kong, dans le cadre de l’OMC, le représentant a invité les pays développés à répondre positivement aux besoins des pays en développement en matière d’accès équitable de leurs produits aux marchés mondiaux. Il a invité la communauté internationale à poursuivre ses efforts dans le soutien au redressement des pays touchés par le Tsunami, avant d’aborder la nécessité de promouvoir des énergies nouvelles et renouvelables afin de surmonter la demande importante en énergie.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a rappelé que lors du Sommet mondial, les pays en développement avaient souligné les obstacles qui empêchent la majorité de l’humanité d’atteindre le développement durable, et qu’ils avaient appelé à concrétiser un partenariat mondial permettant d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), alors que la réalisation des OMD progresse très lentement, notamment en Afrique. Il s’est ensuite félicité que le Sommet ait adopté un Document final, même s’il est le résultat de compromis qui ont modéré ses ambitions. Il a relevé que des engagements avaient été pris d’atteindre les OMD; d’augmenter l’APD; de combattre la corruption et de favoriser la bonne gouvernance; de développer des sources innovantes de financement du développement; de réduire la dette des pays pauvres; de libéraliser le commerce, et de renforcer la coopération de la communauté internationale avec le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Pour s’assurer que ces engagements ne soient pas à nouveau sans lendemain, nous devons tous relever le défi que constitue leur mise en œuvre, a poursuivi M. Effah-Apenteng. Il a jugé encourageant que les rencontres annuelles du FMI et de la Banque mondiale en septembre aient abouti à un accord relatif au financement de l’annulation de la dette.
Il a ensuite souligné que des réformes dans les pays en développement, couplées à une aide plus efficace, ne suffiraient pas à assurer le développement durable si le programme de développement de Doha, portant sur le commerce, n’était pas conclu. A l’approche des réunions ministérielles de Hong Kong, il a appelé les membres de l’OMC à véritablement libéraliser le commerce. Il est nécessaire de réformer les politiques commerciales en matière agricole pour assurer l’accès au marché et éliminer les subventions agricoles, il convient d’ouvrir les marchés dans le domaine des biens et des services, et il faut augmenter l’aide au commerce afin d’aider les pays en développement à bénéficier des opportunités en matière de commerce international, a dit le représentant. Au moment où les nations sont à nouveau en mesure d’accomplir un geste de solidarité significatif, les Nations Unies doivent mettre leur expertise technique au service des pays en développement pour leur permettre d’atteindre les OMD, a-t-il poursuivi. Il a conclu en saluant la publication du rapport « Investir dans le développement: plan pratique pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement ».
M. NGUYEN TAT THANH (Viet Nam) a souligné que les institutions économiques internationales prévoyaient cette année un taux de croissance de l’économie mondiale bien plus faible qu’au cours de l’année précédente, notamment en raison des prix élevés du pétrole. Cette situation accroît les difficultés des pays en développement, qui font face aux effets de la mondialisation dont ils ne partagent pas les bénéfices. Ces pays doivent aussi s’accommoder d’un système économique international inéquitable, de flux d’investissement étranger inégaux, et d’une aide publique au développement (APD) largement insuffisante. Le Document final du Sommet mondial nous laisse pourtant espérer que la situation va s’améliorer, a relevé M. Thanh, avant d’insister sur le déficit en démocratie du système commercial multilatéral, qui est inéquitable. De nombreux pays en développement sont ainsi victimes de mesures protectionnistes injustifiées, alors que les négociations de Doha sont dans l’impasse, notamment sur le volet agricole. Le représentant a espéré que la sixième Réunion ministérielle de l’OMC, prévue à Hong Kong au mois de décembre, permettrait d’y remédier.
M. Nguyen Tat Thanh a ensuite rappelé l’importance de l’aide publique au développement (APD) et des investissements étrangers directs pour les pays en développement, qui peuvent ainsi renforcer leurs capacités nationales en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a souligné que l’augmentation des flux d’investissement restait précaire, et que les trois quarts de ces investissements bénéficiaient essentiellement, depuis plus d’une décennie, à dix pays, toujours les mêmes. De même, il a déploré que la plupart des pays développés soient encore loin de verser 0,7% de leur PIB à l’APD et, tout en saluant la dernière initiative du G8, il a appelé à accélérer le processus d’annulation de la dette. Enfin il a souligné qu’en dépit de difficultés telles que les catastrophes naturelles et les épidémies, le Viet Nam avait maintenu un taux de croissance annuelle de 7,5% et continuait à progresser vers l’intégration économique régionale.
M. FILIMONE KAU (Fidji) s’est associé à l’appel lancé lors du Sommet mondial 2005, en faveur d’actions rapides et décisives en faveur du développement et de l’éradication de la pauvreté. Il a toutefois regretté que le Document final donne à la réforme une attention plus importante que celle portée à la pauvreté, aux maladies, ou au développement. Il a affirmé que, dans un monde ou les défis sont liés, on ne pouvait espérer la sécurité pour une minorité en laissant de côté un milliard d’êtres humains qui souffrent de la pauvreté. Il a ainsi exhorté les partenaires commerciaux à reconnaître les difficultés spécifiques auxquelles font face les économies en développement et à leur fournir un soutien spécial lors de l’élimination des traitement différenciés et préférentiels. Pour parvenir aux objectifs convenus lors du Sommet 2005, il a indiqué qu’il fallait créer un système financier et commercial équitable. Le cadre existe pour y parvenir, a-t-il poursuivi.
Saluant l’initiative de l’Union européenne en faveur d’une augmentation de l’APD, il a souhaité que ces fonds et ceux d’autres donateurs servent à galvaniser la mise en œuvre de projets dans les pays en développement. Il a aussi remercié les partenaires de Fidji comme l’Inde, l’Union européenne ou la Banque asiatique de développement, pour l’aide qu’ils fournissent à son pays dans sa réforme de l’industrie du sucre. Par ailleurs, réaffirmant la centralité du développement durable, il a souligné l’importance de mettre en œuvre tous les accords et plans d’action visant à promouvoir la réalisation des OMD. Il a notamment insisté sur la mise en oeuvre des actions convenues dans la Stratégie de Maurice pour les petits États insulaires en développement. Soulignant l’importance de la coopération Sud-Sud, il a estimé qu’il était souvent plus judicieux de répondre à certains aspects du développement aux niveaux régional ou national. La communauté internationale pour sa part doit fournir le soutien économique et structurel dont ont besoin les gouvernements pour élaborer leur propre plan de mise en œuvre économique.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Egypte) a rappelé que plusieurs rapports avaient été publiés depuis une année sur le suivi des grandes conférences internationales et sur la réalisation des OMD. Il a plaidé pour la mise en place d’un système commercial équitable, et ce dans la perspective de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce de Hong Kong, prévue en décembre 2005, en souhaitant que l’on parvienne rapidement à un accord global sur l’arrêt des subventions à la production et à l’exportation de produits agricoles, et qu’un accord soit conclu sur la question des barrières tarifaires. L’Egypte se félicite du compromis trouvé lors du Sommet du G8 de Gleneagles sur l’allègement de la dette de 18 pays parmi les plus endettés, a dit le représentant en insistant cependant sur la nécessité d’élargir cette mesure à des pays à revenu intermédiaire en mettant à profit la stratégie de « swap », à savoir l’échange de dette en faveur de programmes de développement. S’agissant de l’Afrique, il a souhaité que la communauté internationale réponde aux besoins de ce continent en matière de ressources de financement et de transfert de technologies, et contribue à renforcer les nouveaux mécanismes proposés au niveau régional, notamment le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ainsi que les institutions africaines de financement des activités de développement. Abordant la question de l’augmentation considérable des prix du brut, il a plaidé pour la promotion d’énergies nouvelles et renouvelables grâce aux transferts de technologies. Le représentant de l’Egypte a d’autre part apporté tout son appui à la réunion que les Nations Unies prévoient de convoquer en 2006 sur les migrations et le développement. Le problème de l’exode des compétences humaines et des difficultés que rencontrent les diasporas à transférer des fonds traduit la perte immense que subissent les pays en développement, a estimé le représentant.
M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) s’est associé à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, et a estimé que même si le Document final ne répondait pas à toutes les préoccupations des pays en développement, nombre d’engagements pourront néanmoins avoir des répercussions positives sur le terrain s’ils sont appliqués immédiatement. Rappelant que les pays en développement s’étaient engagés à mettre en place et à appliquer des stratégies nationales de développement, il a aussi qualifié de prometteur l’établissement d’un calendrier concernant les objectifs d’APD. Il a d’autre part noté les engagements des pays développés en matière d’allégement de la dette, en se réjouissant de la décision prise récemment par le G8 et en encourageant les institutions financières internationales à trouver des solutions aux problèmes d’endettement des pays en développement.
M. Benmellouk a par ailleurs salué le lancement de la Facilité financière internationale pour la vaccination et le projet pilote de taxe sur les billets d’avion, auquel le Maroc a adhéré. Concernant ces sources novatrices de financement, il a souhaité qu’elles ne se substituent pas aux formes traditionnelles d’APD. Il a regretté qu’en matière de commerce international, le Document final du Sommet de 2005 n’ait pas répondu aux intérêts des pays en développement et n’ait pu envoyer un message clair à l’OMC. Il a jugé essentiel d’œuvrer pour l’achèvement du cycle de Doha en veillant à prendre en compte les intérêts spécifiques des pays en développement. Il a aussi insisté sur l’importance, pour les pays développés et en développement en mesure de le faire, de s’efforcer de garantir un accès libre et sans quotas aux exportations des PMA, en rappelant que son pays s’était déjà engagé dans ce sens s’agissant des PMA africains. Enfin, le représentant a attiré l’attention de la Commission sur l’importance des questions relatives aux migrations internationales, et particulièrement sur la question de la réduction des coûts des transferts de fonds des travailleurs migrants vers les pays en développement.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) qui intervenait au nom de la Communauté des États de l’Afrique australe (SADC), a indiqué que cette région était l’une des plus en retard dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Selon la Banque mondiale, 38% des populations des pays de la SADC vivent avec moins de un dollar par jour et cette situation est aggravée par la prévalence du VIH/sida qui est l’une des plus élevées au monde. En 2001, plus d’un million de personnes sont décédées des suites de cette maladie, a-t-il dit, appelant à l’élaboration de directives pour la prévention et l’accompagnement de cette maladie, en particulier en matière de transmission du virus de la mère à l’enfant. Pour que les pays de la SADC parviennent à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, il est impératif que des efforts substantiels soient consentis par la communauté internationale, a-t-il ajouté, faisant valoir que l’encours de la dette est de 78,1 milliards de dollars pour l’ensemble de la SADC, ce qui compromet l’investissement dans les secteurs éducatifs et sociaux.
M. Andjaba a demandé l’annulation de la dette totale pour les PPTE et pour les pays à revenu moyen ou intermédiaire lourdement endettés et qui éprouvent des difficultés à résorber leur dette. A la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, en 2002, nous avons admis que le commerce avait un rôle clef dans le domaine du développement, a-t-il dit, en souhaitant que des solutions soient trouvées, d’ici décembre 2005 à Hong Kong, sur la question des subventions agricoles. Le représentant de la Namibie a enfin abordé la question de l’aide publique au développement, et a plaidé pour une augmentation substantielle des ressources allouées au développement, conformément aux engagements réaffirmés lors du Sommet mondial de 2005. Il a fait état des mesures prises, au sein de la SADC, afin de parvenir rapidement à une croissance de l’ordre de 5 à 7%, en soulignant que cette région avait connu des avancées remarquables en matière de démocratie et de bonne gouvernance.
M. KAZUO SUNAGA (Japon) a souligné la nouvelle mission assignée aux États membres après le Sommet de 2005, afin de transformer les engagements historiques pris au cours de la rencontre en actions décisives. Dans cette perspective, il a souhaité que la Deuxième Commission examine les questions économiques mondiales et particulièrement, la récente hausse du prix du pétrole qui selon lui sape les efforts pour la mobilisation de ressources de financement du développement. Il a d’autre part espéré que les travaux de la Commission se pencheraient sur le danger que posent les maladies infectieuses comme la grippe aviaire et le SARS. A cet égard, il a estimé qu’il fallait, pour y faire face, lancer une action concertée pour notamment aider les pays en développement qui sont vulnérables à ces menaces émergentes. Par ailleurs, il a salué la décision d’établir une Commission de consolidation de la paix, affirmant que celle-ci donnerait enfin aux Nations Unies la capacité de répondre à ce défi de manière globale. Ceci, a-t-il ajouté, nécessitera l’implication du Conseil de sécurité mais aussi d’autres organes compétents de l’ONU.
M. Sunaga a également insisté sur les catastrophes naturelles, se félicitant de voir que le Document final en faisait mention. Leur impact économique et social a longtemps été sous-estimé par la communauté internationale, dont l’ONU, a-t-il précisé. Il a rappelé que le tsunami et les ouragans Katrina et Rita avaient démontré l’importance d’une action mondiale et coordonnée pour faire face à ces défis. Il a ainsi encouragé tous les États Membres à profiter de cette nouvelle prise de conscience et à participer aux discussions faisant suite au Cadre d’action de Hyogo, adopté lors de la Conférence sur la prévention des catastrophes naturelles, tenue à Kobé en janvier dernier. Il a fait valoir l’importance que son pays attachait à la sécurité humaine, concept reconnu dans le Document final. Il a aussi mis en lumière le grand potentiel, selon lui, de la coopération Sud-Sud. Ces deux approches, a-t-il conclu, peuvent contribuer grandement à la réalisation des objectifs de développement, dont les OMD. Enfin, il a fait part de l’engagement de son pays à mettre pleinement en œuvre les engagements du Document final.
S’associant à l’intervention du Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu’à celle de l’ANASE, M. LAURO L. BAJA (Philippines) a affirmé qu’il était de l’intérêt collectif de s’attaquer aux problèmes de la lutte contre la pauvreté et de la promotion du développement durable afin d’atteindre les objectifs de développement, y compris les OMD. Ce n’est que par la mise en oeuvre des engagements convenus lors des réunions et conférences des dernières années, a-t-il poursuivi, que nous pourrons atteindre l’objectif de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015. Il a estimé que les avancées en matière de développement dépendaient maintenant de la mise en œuvre des engagements pris, et qu’il ne fallait pas avoir peur, durant cette session, de trouver des moyens créatifs de coopération pour progresser vers ces buts. Il a insisté sur le problème de la résolution du service de la dette excessive des pays à revenu intermédiaire.
Il a ainsi rappelé que, lors du Sommet mondial de 2005, la Présidente des Philippines avait fait demandé l’adoption d’une initiative qui permettrait de transformer la moitié du service de la dette en financement pour le développement. Ces fonds, a-t-il poursuivi, sont essentiels pour la réalisation des OMD; mais en raison de la hausse du prix du pétrole et de l’insuffisance des ressources locales, nous avons besoin de l’assistance des donateurs et des institutions financières internationales. Il a précisé que cette initiative de transformation de la dette en fonds pour des projets de développement n’était pas une annulation ou un moratoire, mais un moyen créatif d’aborder cette question pour les pays à revenu moyen. Il s’agit pour ceux-ci de canaliser leurs ressources en faveur du développement plutôt que pour le remboursement de la dette.
M. Baja a par ailleurs estimé qu’il fallait créer une coopération internationale en ce qui concerne les questions de l’énergie, afin que le coût croissant de celle-ci n’entrave pas les efforts de développement. Il a souhaité une coopération similaire pour les migrations internationales afin que les pays d’origine, de destination et de transit puissent tous bénéficier de ces mouvements de populations. Il faut un mécanisme international efficace pour répondre aux aspects multidimensionnels des migrations, notamment ceux politiques, sécuritaires et économiques, a-t-il conclu.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDURY (Bangladesh) a insisté sur les contraintes posées à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment la montée des prix du pétrole, le poids de la dette, et les barrières tarifaires. Evoquant la prochaine Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, prévue à Hong Kong, il a souhaité qu’elle soit le lieu de parvenir à un compromis sur la levée des barrières tarifaires et des subventions aux exportations et à la production agricole. Il faut prendre des mesures pour augmenter l’aide publique au développement, a-t-il dit, en ajoutant que la question de l’annulation de la dette extérieure devait également être réglée, dans le prolongement de ce qui a été décidé par le G8 à Gleneagles. Il a ensuite plaidé pour que l’Initiative PPTE soit élargie à davantage d’États, et a par ailleurs estimé que les besoins des PMA devaient davantage être pris en considération dans les stratégies de lutte contre la pauvreté.
Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) s’est félicitée de l’adoption du Document final du Sommet de 2005, en jugeant toutefois que les décisions sur les questions relatives au développement ne reflètent pas encore une détermination des pays développés à mettre en œuvre les engagements pris lors des différentes conférences internationales. Pour qu’un programme de développement réussisse, il faut qu’il soit cohérent et que les pays en développement se l’approprient, a-t-elle dit. Elle a donc invité ces pays à poursuivre leurs efforts vers davantage de bonne gouvernance sociale, politique et économique, avant de souligner que la Deuxième Commission devait être le forum au sein duquel les Etats devaient s’assurer de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. La Thaïlande, a-t-elle dit, est disposée à conclure dans les temps le cycle de négociation sur l’agenda commercial de Doha, centré sur le développement. La représentante de la Thaïlande a souhaité que davantage d’attention soit accordée à la coordination des secours en cas de catastrophe naturelle, annonçant que son pays avait initié le 26 septembre 2005 un fonds d’assistance régionale doté de 10 millions de dollars. Le but de ce fonds est de renforcer les capacités technologiques de réponse à de telles catastrophes.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a estimé que tout plan de mise en oeuvre du Document final du Sommet mondial 2005 ne devrait pas occulter l’objectif fondamental de la croissance économique rapide des pays en développement afin de leur permettre de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, et celui, en particulier, de réduction de la pauvreté et du chômage. L’objectif fondamental de chaque gouvernement est de défendre les moyens d’existence des gens ordinaires, a-t-il dit. Le représentant a ajouté qu’en l’absence d’élimination des subventions agricoles par les pays développés et du non-accès de leurs produits au marché des produits agricoles des pays du Nord, la libéralisation forcée des économies des pays en développement mènerait à une récession. Imposer une direction politique claire à la Réunion ministérielle de l’OMC de Hong Kong est indispensable, bien que, malgré un large soutien politique manifesté dans les négociations de groupe, cela n’ait pas été possible dans le Document final du Sommet mondial, a relevé le représentant.
Le représentant indien a en outre affirmé que pour protéger les moyens d’existence d’une population, la souveraineté de l’État était importante, et que ce qui érodait l’autonomie de l’espace politique devait être réformé et contrôlé, d’où, a-t-il ajouté, la nécessité de réformer les institutions de Bretton Woods et de contrôler les flux de capitaux spéculatifs. Une mesure du genre de la taxe Tobin n’est pas seulement un moyen de financement innovant, mais c’est aussi un renforcement de l’autonomie politique des États à travers le contrôle des flux de capitaux spéculatifs, a-t-il assuré. Le représentant a espéré que la mise en œuvre des accords contenus dans le Document final contribuera à créer un environnement économique international plus favorable, et susceptible de mieux appuyer les efforts de développement.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que le Sommet mondial avait permis de prendre la mesure du profond décalage qui subsiste entre les déclarations généreuses de la communauté internationale et la réalité douloureuse vécue par des millions de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour et souffrant, souvent dans l’indifférence, de la famine et des maladies endémiques. Il a affirmé que le Document final du Sommet s’était écarté des objectifs qui lui avaient été tracés, les débats relatifs à la réforme institutionnelle et aux droits de l’homme « ayant indûment relégué les questions de développement au second plan ». Le développement doit demeurer au centre des préoccupations de la communauté internationale et des Nations Unies, a-t-il dit, car sans développement, il ne peut y avoir de paix et de sécurité internationales. M. Baali a donc appelé à renforcer le partenariat mondial fondé sur le principe du partage des responsabilités et des bénéfices, et à relancer la coopération internationale pour le développement. Celle-ci reste insuffisante par manque de volonté politique pour traduire sur le terrain les engagements pris, a-t-il ajouté, constatant que la problématique du développement restait posée, cinq années après la Déclaration du Millénaire.
Tout en reconnaissant que des efforts avaient été consentis en matière d’aide publique au développement (APD), d’allégement de la dette des pays pauvres et de lutte contre les maladies, M. Baali a appelé les pays riches à honorer l’engagement de verser 0,7 % du PNB des pays développés à l’APD, à résorber le fardeau de l’endettement, à rendre le système commercial plus ouvert et plus équitable pour les pays du Sud, et à réduire la fracture numérique. Soulignant les sacrifices consentis par les pays en développement pour se réformer, il a dénoncé le manque de moyens fournis en dépit des promesses et la persistance de règles inéquitables régissant l’économie internationale. Il a alors appelé la communauté internationale à prêter une attention particulière à l’Afrique, et à soutenir les efforts du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il a ensuite évoqué l’appui de l’Algérie aux conventions relatives à l’environnement, évoquant notamment le problème de la désertification, et a conclu en appelant les partenaires de développement à participer au nouvel élan de la coopération Sud-Sud.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a constaté que l’économie mondiale faisait face à un ralentissement du fait notamment de la flambée des cours de l’énergie, du sous-emploi persistant ou encore des disparités dans la diffusion de l’information. Il a estimé que ces obstacles appelaient des décisions hardies afin de faciliter le développement de toutes les nations. Il a déclaré qu’il fallait définitivement mettre fin à la faim, à la malnutrition et à l’insécurité alimentaire qui prévalent en Afrique. Il a aussi souhaité que ce continent soit intégré davantage au commerce mondial, grâce à une libéralisation plus grande des échanges commerciaux. « Il nous faut faire participer l’Afrique à la révolution numérique », a-t-il ajouté, en invitant à un meilleur financement du Fonds de solidarité numérique. Le représentant a rappelé que, la semaine dernière, le G8 avait confirmé la mesure d’annulation de la dette de 18 PPTE, dont le Sénégal; il a demandé la mise en œuvre immédiate et sans conditions préjudiciables, de cet accord. S’agissant du financement du développement, il a souhaité la concrétisation des promesses d’accroissement d’APD, et des propositions comme celle ayant trait à la facilité de financement internationale, ou au projet pilote de taxe sur les billets d’avion.
Décrivant la situation du Sénégal, il a fait valoir que son pays se situait parmi ceux ayant obtenu les meilleures performances en Afrique, avec un taux de croissance annuel moyen de 5%. Il a noté que la stratégie du développement du Sénégal s’inscrivait dans la durée, grâce à l’investissement dans les ressources humaines, les infrastructures de qualité, et la promotion d’un environnement propice à l’initiative privée. Enfin, il a souligné les priorités spécifiques à l’Afrique en faisant toutefois remarquer que le NEPAD tardait à se concrétiser faute de financements et d’appuis multilatéraux conséquents. Il a aussi relevé l’importance pour ce continent de développer son agriculture, notamment par le transfert de technologies, ainsi que de lutter contre la désertification et de contrer les grandes pandémies.
M. CHEM WIDHYA (Cambodge) a rappelé que sans une augmentation de l’aide au développement (APD), de nombreux États, et notamment les pays les moins développés (PMA), ne parviendront pas à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Cet échec mettrait en péril la sécurité économique et la stabilité politique des nations, y compris celles des nations riches, a-t-il prévenu, avant d’appeler les pays développés à tenir leur engagement d’augmenter l’APD en faveur des PMA. Saluant le rôle joué par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), il a appelé à établir un système commercial équitable et non discriminatoire afin de garantir l’accès des produits des pays en développement aux marchés mondiaux. Les quelques biens exportables que produisent les PMA doivent pouvoir profiter de la libéralisation du commerce, a-t-il ajouté, avant de déplorer que les disparités entre les économies du Nord et du Sud aient été aggravées par la mondialisation. Il a donc demandé aux pays développés de créer un environnement économique international favorable, qui soutienne les efforts fournis par les pays en développement pour renforcer leurs institutions démocratiques et assurer un développement à long terme.
Le Cambodge, qui fait partie des PMA, doit encore relever le formidable défi que représente l’élimination de la pauvreté, notamment en milieu rural, a ensuite expliqué M. Widhya, qui a détaillé les mesures envisagées. Il a ensuite expliqué que le Gouvernement cambodgien mettait en œuvre une Stratégie rectangulaire de bonne gouvernance, basée sur des réformes. Le pays enregistre désormais une croissance moyenne de 6 à 7% par an et s’efforce d’en redistribuer les gains de façon équitable, tout en promouvant une utilisation durable des ressources naturelles. Par ailleurs, le Cambodge a ajouté un neuvième objectif aux OMD, qui porte sur le déminage, les engins explosifs et l’assistance aux victimes. Les résultats de la politique macroéconomique mise en œuvre depuis 1993 commencent à se faire sentir, même si des réformes sont encore nécessaires pour assurer une équité sociale. Dans le cadre des efforts de réduction de la pauvreté et du VIH/Sida, le Gouvernement met l’accent sur l’intégration et la cohésion. M. Widhya a ensuite souligné que les pays développés étaient les principaux bénéficiaires de la mondialisation, et que si les pays en développement étaient les premiers responsables de la situation actuelle, les pays développés détenaient aussi une part de responsabilité dans la mesure où ils contrôlent largement la finance, la technologie et le commerce internationaux, ainsi que l’accès au marché mondial. Il a donc appuyé le Plan d’action de Doha, avant d’appeler à se concentrer sur des actions concrètes. La Deuxième Commission doit prendre des décisions innovantes afin d’améliorer la vie quotidienne des peuples les plus pauvres, a-t-il conclu.
Mme ILEANA NUÑEZ MORDOCHE (Cuba) a déclaré que les résultats du Sommet mondial concernant les questions de développement n’étaient pas encourageants et contrecarraient les espoirs et les efforts de la plupart des nations et des peuples du monde, et notamment du monde en développement, qui pensait mettre ce sujet au centre d’un tel grand événement. Selon la représentante, tout cela crée un contraste avec l’absence de nouveaux engagements et de solutions complètes aux problèmes urgents tels que, entre autres, le financement du développement, la dette extérieure, les questions systémiques et la gouvernance internationale. Des questions fondamentales pour les pays en développement comme le commerce ont virtuellement été écartées, ce qui est une claire illustration du manque de volonté politique des pays développés face à leurs propres obligations. Les déclarations de la majorité des dirigeants des pays pauvres au cours du Sommet ont rappelé une fois de plus au monde les problèmes graves qui affectent leurs populations, comme la progression alarmante de la pauvreté, la malnutrition, les maladies, l’exclusion sociale, et toutes sortes de maux subis par ces sociétés, a souligné Mme Nuñez Mordoche, en précisant que nombre de responsables du Sud avaient identifié comme menaces réelles l’ordre économique international actuel, et le manque de sérieux et de volonté des pays développés en ce qui concerne le respect de leurs engagements.
La représentante a en outre assuré que la Deuxième Commission devait s’employer à rechercher la meilleure façon de remettre le développement à la place prééminente qui lui revient dans l’ordre du jour de l’Organisation. De même, elle a estimé qu’il ne pourra y avoir de partenariat réel pour le développement, s’il est fondé sur l’injustice, et l’imposition de conditions et de fardeaux onéreux sur les pays dans le besoin. Il n’y aura pas de progrès réels dans les domaines relevant du développement économique et social si cette coopération ignore les intérêts, les priorités et les besoins des nations les plus pauvres, a-t-elle ajouté.
M. TUVAKO MANONGI (Tanzanie) a souligné que les conditions économiques, commerciales et financières mondiales avaient une incidence sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et a estimé que les bénéfices de la mondialisation devaient être mieux partagés. Le représentant a plaidé pour un partenariat plus ferme, marqué par des objectifs précis et réalisables, conformément à ce qui a été agréé à la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, en 2002. Le Document final du Sommet mondial de 2005 est très important, a-t-il dit, et ce Sommet reflète des engagements précis qu’il nous appartient maintenant de réaliser dans un esprit collectif. Il est important qu’il existe un climat international propice reposant sur la bonne gouvernance, la transparence, la mobilisation des ressources par les pays développés, et la promotion d’un système commercial plus équitable. Sur ce point, il a jugé que le Programme de Doha accusait un retard grave, notamment pour ce qui est de la levée des barrières tarifaires ainsi que de celle des subventions à la production et aux exportations agricoles. Le secteur agricole demeure l’épine dorsale des économies de la plupart des pays en développement et ce secteur contribue pour 25 à 95% des échanges commerciaux de ces pays, dont il occupe entre 40 et 90% de la population active, a-t-il dit, avant de plaider pour la poursuite de l’effort d’allègement de la dette consentie par le G8 aux PPTE.
M. ALI HACHANI (Tunisie) s’est associé à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, et a estimé que le Document final n’avait pas apporté toutes les réponses escomptées et que son résultat était mitigé. Il a toutefois affirmé que le Sommet 2005 avait permis aux ODM d’être le catalyseur d’une nouvelle dynamique pour le développement. Il a déclaré que la pauvreté était le plus grand défi de l’agenda international et que sans véritables perspectives de développement et un partenariat international coordonné, les risques d’instabilité pèseraient encore sur le monde. Il a insisté sur l’APD comme préalable et moteur de toute stratégie de mobilisation des ressources financières nationales. A cet égard, il a noté le rôle du Fonds Mondial de solidarité, que la communauté internationale est appelée à rendre opérationnel, et a apporté son soutien à une conférence de suivi du sommet de Monterrey, qui aurait lieu au courant de 2007 au Qatar. Il a aussi appelé la communauté internationale à appuyer les pays à revenu intermédiaire en tenant compte de leurs besoins spécifiques, notamment par un recyclage de leur dette et par sa conversion en projets sociaux afin de stimuler le développement.
Par ailleurs, le représentant de la Tunisie s’est félicité de la tenue en 2006 d’un Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales. Il a ainsi rappelé la grande importance que la Tunisie accordait à cette question, notamment en ce qui concerne les flux financiers générés par les immigrés qui restent mal ou peu exploités en matière de financement du développement. S’agissant de la fracture numérique, il a jugé qu’elle était symptomatique d’un contexte mondial traversé par divers antagonismes d’ordre économique, social, politique et culturel. Indiquant que la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information se tiendrait du 16 au 18 novembre prochain à Tunis, il a fait valoir que ceci constituait une opportunité pour établir une société de l’information équilibrée et accessible à tous.
Mme JUDITH MBULA BAHEMUKA (Kenya) a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait invité à créer des partenariats mondiaux robustes entre Nord et Sud pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a invité les pays développés à intensifier leurs efforts pour porter la part de leur PIB consacrée à l’aide publique au développement à 0,7%; à intensifier également les flux d’investissements étrangers directs et, enfin, à poursuivre l’effort d’allègement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE), à l’instar des mesures consenties par le G8 à Gleneagles. Elle a demandé la levée des subventions à la production et à l’exportation des produits agricoles des pays développés, jugeant que le succès du Cycle de Doha dépendrait de la prise en compte des besoins des pays en développement en matière d’accord sur les capacités d’offre et de compétitivité. Elle a ensuite prôné un renforcement de la coopération Sud-Sud, en y associant tous les secteurs, notamment le secteur privé et la société civile. La coopération Sud-Sud passe par des efforts d’intégration sous-régionaux et interrégionaux, a-t-elle dit, en prenant l’exemple du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). S’agissant de la mise en œuvre de l’Agenda 21, elle a estimé qu’il fallait disposer d’un cadre propice et institutionnalisé, invitant à renforcer le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en lui donnant une base financière et scientifique adaptée à ses besoins et à ses missions.
Mme FLORENCE CHENOWETH, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a parlé des activités de la FAO en faveur de la réalisation des objectifs internationaux de développement, particulièrement en matière d’éradication de la faim et de la pauvreté. Pour avoir un impact sur la pauvreté, a-t-elle ajouté, il faut comprendre comment les revenus, la réduction de la faim, l’éducation, la santé et l’environnement, entre autres, sont liés. Elle a salué la reconnaissance, dans le Document final, de l’importance du développement des secteurs rural et agricole pour atteindre les OMD. Elle a fait observer certains signes encourageants concernant les ressources consacrées à ces secteurs. Elle a affirmé que, suite au Sommet, la FAO était prête à participer à la réforme des Nations Unies. Elle a aussi affirmé que la FAO donnerait une attention particulière aux questions et situations qui pourraient influencer négativement les efforts de développement, comme par exemple la grippe aviaire. Elle a expliqué que la FAO fournissait un soutien aux pays touchés par cette maladie pour la contrôler et établir des réseaux régionaux de surveillance.
Par ailleurs, elle a souligné que l’organisation continuerait de donner la priorité aux besoins spécifiques des groupes spéciaux de pays comme les petits États insulaires en développement (PEID), les PMA et les pays sans littoral en développement. A cet égard, elle a indiqué la tenue d’une conférence des Ministres de l’agriculture des PEID en novembre cette année, qui permettra de suivre les progrès dans ce secteur, à la suite de la Réunion de Maurice. Mme Chenoweth a également fait remarquer que le Programme spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire faisait coopérer 100 pays. Un des aspects essentiels du travail de la FAO est son soutien au NEPAD, a-t-elle ajouté, en affirmant qu’avec une volonté politique et la mobilisation des ressources internes et externes, il était possible de changer la situation de l’agriculture en Afrique. Enfin, elle a déclaré que la FAO s’employait à élaborer des partenariats avec des institutions qui partageaient les mêmes buts et a émis l’espoir que plus de ressources soient allouées à l’Alliance internationale contre la faim.
Droit de réponse
La représentante des États-Unis, faisant référence à l’intervention de Cuba ou son pays était nommément cité, a affirmé que l’embargo américain contre Cuba était une question bilatérale qui ne devait pas être débattue à l’Assemblée générale. Ceci est une manière de détourner la question des droits de l’homme à Cuba, a-t-elle estimé. Elle a déclaré que la situation économique de Cuba était due aux lacunes du gouvernement actuel. Celui-ci n’est pas la victime qu’il prétend être, a-t-elle ajouté, mais un tyran qui punit ceux qui ont des vues divergentes, et nie les libertés fondamentales dont devraient jouir les Cubains. Elle a indiqué que son pays ne pouvait soutenir une quelconque ouverture politique vers un tel gouvernement.
A son tour, la représentante de Cuba a rappelé que l’Assemblée générale avait approuvé ces 13 dernières années la résolution sur la nécessité de mettre fin à l’embargo des États-Unis contre Cuba. Elle a estimé que c’était là le témoignage du rejet de la communauté internationale envers une politique injuste et criminelle. C’est un mensonge de dire que l’embargo n’est qu’un simple problème de nature bilatérale, a-t-elle affirmé; c’est une guerre économique contre Cuba de dimension mondiale, et qui a des incidences extraterritoriales. Enfin, elle a invité la représentante des États-unis a lire le rapport sur l’état d’avancement de la réalisation des OMD à Cuba, en estimant que la représentante des États-unis ne savait rien de la situation sociale de Cuba.
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