MESSAGE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU XE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE
Communiqué de presse SG/SM/9617 AFR/1074 |
MESSAGE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU XE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE
Vous trouverez ci-dessous le message du Secrétaire général au Xe Sommet de la Francophonie sur le thème « La Francophonie, espace solidaire pour un développement durable », à Ouagadougou au Burkina Faso, lu par M. Ibrahima Fall, Représentant spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, le 26 novembre 2004:
Permettez-moi tout d’abord de remercier Son Excellence M. Blaise Compaoré, Président du Faso, ainsi que le Gouvernement et le peuple burkinabé, qui accueillent ce sommet dans leur capitale. Je tiens également à rendre un hommage mérité Son Excellence M. Abdou Diouf pour son action en tant que Secrétaire général de votre organisation.
Alors que la mondialisation de l’économie s’accélère et que l’écart entre les riches et les pauvres s’accroît, ce sommet rappelle à point nommé l’importance de la solidarité. J’applaudis votre volonté de faire de la Francophonie un espace solidaire pour un développement durable.
L’humanité ne peut espérer avancer en se privant de la contribution des millions d’êtres humains dans le monde qui sont réduits à la misère, victimes de crises récurrentes et oubliés de la modernité.
L’indifférence est inacceptable face à la misère et à la faim. Chacun d’entre nous a droit à un niveau de vie décent, sans lequel notre dignité d’être humain est affectée. Nous disposons déjà du cadre pour y parvenir: les objectifs du Millénaire pour le développement. Un de ces objectifs consiste précisément à réaliser un développement durable et à assurer la viabilité de notre environnement. Les autres vont d’une réduction de moitié de la pauvreté et de la faim à un arrêt de la propagation du VIH/sida, en passant par l’enseignement primaire universel, le tout d’ici à 2015.
Des progrès ont été réalisés dans plusieurs régions. Mais d’autres, comme l’Afrique sub-saharienne, auront besoin d’une aide spéciale pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Un effort tout particulier de solidarité sera nécessaire. Il est clair que l’effort consenti jusqu’à présent n’est pas à la mesure des enjeux.
Dans la Déclaration du Millénaire et aux grandes conférences qui ont eu lieu depuis, les pays riches ont promis d’aider les pays pauvres qui réalisent des réformes. Ils doivent tenir leurs promesses, en accroissant l’aide au développement, en allégeant la dette et en offrant aux produits des pays pauvres un accès équitable aux marchés.
Mais ces mesures, aussi nécessaires qu’elles soient, ne peuvent remplacer la volonté de changement des gouvernements et des populations, ni se substituer aux capacités nationales. Le développement ne peut être durable si les gouvernements ne créent pas un environnement économique favorable. Ils doivent en outre adopter des politiques sociales mettant l’éducation et la santé à la portée de tous et instaurant l’égalité entre les sexes. Et il faut que la société tout entière s’engage clairement en faveur de la paix, de la démocratie et de la justice. Dans trop de pays, sur ce continent notamment, les conflits armés et les violations des droits de l’homme causent d’effroyables souffrances, et sont un obstacle majeur au développement.
J'exhorte toutes les parties en conflit, en Côte d’Ivoire, au Soudan, et ailleurs à faire preuve d'un sens élevé des responsabilités à l'égard de leurs peuples. L’Afrique ne peut se permettre de se déchirer. Elle a bien d’autres problèmes à résoudre. Les pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, parmi lesquels plusieurs pays francophones ici présents, semblent l’avoir compris, si j’en juge par les résultats encourageants de leur premier sommet tenu à Dar es-Salaam. Mais nous ne pouvons nous contenter de lueurs d’espoir ici et là. Nous devons instaurer une paix durable sur tout le continent. J’engage les pays francophones à montrer l’exemple en renforçant leur coopération dans les domaines de la prévention des conflits et du rétablissement de la paix, en encourageant partout le respect de l’Etat de droit, la démocratie et la bonne gouvernance. J’appelle la communauté internationale à soutenir ces efforts.
Nous avons un rendez-vous très important en septembre 2005 à New York pour évaluer les progrès accomplis depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire. Ce sera l’occasion pour les dirigeants du monde entier de renouveler et d’approfondir l’engagement qu’ils ont pris de forger un partenariat mondial pour le développement.
Ce sera aussi l’occasion de s’unir autour d’une conception partagée de la sécurité collective. Le système de sécurité collective sur lequel se fonde la Charte des Nations Unies a utilement servi l’humanité, mais il doit être actualisé si l’on veut qu’il aide à écarter les nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés. Pour cela, il faut une appréciation commune de la nature de ces menaces, et une certaine communauté d’idées sur les principes à appliquer pour les combattre.
Enfin, ce sera l’occasion de prendre des décisions pour revitaliser l’Organisation des Nations Unies. Les instances internationales doivent s’adapter aux nouvelles réalités et aux nouveaux enjeux, et l’ONU ne fait pas exception. Cela signifie, entre autres choses, réformer les principaux organes de l’Organisation – y compris le Conseil de sécurité, dont la composition correspond à un monde depuis longtemps révolu. Cela signifie aussi donner aux pays en développement une plus grande voix dans la prise des décisions. Enfin, cela signifie renforcer les relations entre l’ONU, les autres institutions internationales et les organisations régionales. Le groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement que j’ai constitué pour faire des propositions en ce sens va me soumettre son rapport.
Ses recommandations devraient aider les États Membres à prendre les décisions qui s’imposent, notamment à la réunion de 2005. Ce qui doit nous guider, c’est l’ambition de faire de l’ONU un instrument d’intervention collective plus efficace face aux défis nouveaux, comme le terrorisme et la prolifération des armes terriblement meurtrières, et face à ceux, plus anciens, mais non moins menaçants, que sont la misère, la faim et la maladie.
Les gouvernements ont travaillé ensemble pour nous donner la Déclaration du Millénaire. Il faut qu’ils travaillent ensemble pour en faire une réalité.
La Francophonie a un rôle important à jouer en inspirant par son exemple cette unité que nous cherchons. Vous avez su montrer que, loin d’être un problème, la diversité est une force. Je compte sur vous pour nous aider à faire de la diversité du monde un gage de paix et de prospérité pour tous les habitants de la planète.
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