L’ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES: CONDITION INDISPENSABLE AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DES PAYS TOUCHÉS
Communiqué de presse CPSD/301 |
Quatrième Commission
19ème séance - matin
L’ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES: CONDITION INDISPENSABLE AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DES PAYS TOUCHÉS
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de décolonisation) a achevé, ce matin, son débat général sur l’assistance à la lutte antimines. D’une manière générale, les participants ont dénoncé la menace que fait peser la présence des mines sur la sécurité et la vie des populations ainsi que ses graves répercussions sur les opérations de reconstruction et le développement économique. Dans ce contexte, des intervenants ont rapproché les problématiques du désarmement et du développement. Le représentant de la République démocratique populaire lao a ainsi expliqué qu’en dépit d’un programme de déminage à grande échelle, il faudrait attendre encore 25 ans avant que l’ensemble des sites agricoles soient de nouveau praticables. De nombreuses délégations ont également regretté qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur le projet de résolution portant sur l’assistance à la lutte antimines et que ce texte doive être renvoyé pour examen à la soixantième Assemblée générale. A ce propos, le représentant de l’Équateur a fait remarquer que le projet demandait justement aux États Membres de lier les activités de déminage, le renforcement de la paix et le développement économique. La communauté internationale, a-t-il dit, doit contribuer à la reprise des terres déminées et assurer le retour des réfugiés chez eux.
Alors que certaines délégations, à l’instar de l’Australie, ont souhaité que la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel devienne universelle, le représentant de l’Égypte a regretté que l’aide à la lutte antimines soit plus faible pour les États n’ayant pas adhéré à la Convention. L’Égypte, qui n’a pas signé la Convention d’Ottawa, est d’accord avec ses objectifs humanitaires mais juge que celle-ci souffre de déséquilibres structurels car elle ne tient pas compte des besoins en sécurité des États et de leur nécessité de protéger les frontières, a-t-il dit. Ce sont les États qui ont disséminé des mines en Égypte pendant la Seconde guerre mondiale qui doivent prendre en charge le déminage,
a-t-il encore déclaré.
A l’initiative des Pays-Bas qui avaient conduit les consultations sur le projet, la Commission a décidé d’inscrire la question de l’assistance à la lutte antimines à la prochaine session de l’Assemblée.
En fin de séance, le Président de la Commission a indiqué qu’à la suite de consultations prolongées, il avait été possible de parvenir à un accord sur les amendements au programme relatif à l’information du plan biennal 2006-2007 et qu’il les transmettra au Président de l’Assemblée générale, à l’intention de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.
Les délégations suivantes ont pris la parole: Croatie, Chine, Pakistan, Ukraine, République démocratique populaire lao, Canada, Australie, Égypte, Yémen, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Colombie, Équateur et Angola. Les représentants du Programme des Nations Unies pour le développement et le Service de lutte antimines des Nations Unies ont aussi pris la parole.
La Commission poursuivra ses travaux lundi 1er novembre. Elle entamera son débat général sur l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.
Suite du débat général
M. VLASTA BRKLJACIC (Croatie) a expliqué que son pays avait fait l’expérience sur son propre territoire des problèmes humanitaires, sociaux et de développement liés aux mines. De 1998 à 2003, le Gouvernement croate a ainsi consacré 90 millions d’euros de son budget aux opérations de déminage. Pendant ces années, la Croatie a développé sa propre expertise, et elle est prête aujourd’hui à faire partager son savoir-faire technique aux autres pays touchés.
Le représentant a déclaré que la Croatie était fière de coprésider le Comité pour l’assistance aux victimes, un instrument cher à la Croatie qui est très sensible à la réhabilitation des survivants des mines terrestres. En conclusion, le représentant a souhaité que, pour parvenir à un déminage complet de l’Europe de l’Est, une contribution plus généreuse des donateurs était nécessaire. Dans ce sens, la Croatie encourage tout particulièrement de recourir au système de collecte des fonds par le biais de mécanismes tels que le Fonds international d’affectation spéciale dont le siège est basé à Ljubljana, capitale de la Slovénie.
M. JIANG YINGFENG (Chine) a souligné que son pays attachait une grande importance au déminage. Le Protocole II modifié se rapportant à la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou frappant sans discrimination, et qui se rapporte à l’interdiction et à la limitation de l’emploi des mines, répond aux besoins de défense des États et offre une solution efficace aux problèmes liés aux tueries perpétrées par les mines, a-t-il affirmé. Il a rappelé que son pays avait ratifié le Protocole mais a souligné que la Chine, comme d’autres pays en développement, avait encore des difficultés pour adhérer à la Convention d’Ottawa. Cependant nous comprenons ses objectifs et nous travaillons en faveur de l’assistance à la lutte antimines, a-t-il précisé. La Chine a organisé des ateliers de déminage. Elle a également fourni du matériel, des experts et une assistance financière à plusieurs pays, notamment africains. Le représentant a indiqué que son gouvernement se félicitait de la coopération internationale entre les États parties à la Convention d’Ottawa. La Chine envisage de participer en qualité d’observateur au Sommet de Nairobi pour un monde sans mines, qui examinera l’état de la Convention lors de son cinquième anniversaire. Le déminage contribue grandement aux efforts de développement social et économique, a-t-il affirmé. La Chine est prête à se joindre aux parties pour faire avancer cette cause humanitaire noble, a-t-il conclu.
Mme RIFAT JAVED KAHLON (Pakistan) a indiqué que l’utilisation irresponsable des mines avait été la cause principale de la mort de nombreux civils innocents, en particulier des femmes et des enfants pendant et après les conflits. Près de 40% des États Membres doivent aujourd’hui encore faire face, d’une façon ou d’une autre, aux problèmes liés aux mines, a-t-elle dit. Dans notre région, l’Afghanistan voisine compte quelque 10 millions de mines terrestres qui, chaque mois, font de nouvelles victimes. Des centaines d’Afghans ont été traités dans les hôpitaux pakistanais.
La représentante a continué en indiquant que le Pakistan était partie au Protocole II de la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques (CCW), chargé notamment de réguler l’utilisation des mines terrestres dans les situations de conflits internes et externes, et de protéger les civils. Elle a souhaité que la communauté internationale prenne la mesure de l’importance de la lutte antimines, ce qui requiert la mobilisation collective des ressources et un effort continu de mise en place des capacités de réponses nationales. Dans ce cadre, l’accent devrait être mis sur les campagnes de sensibilisation dans les régions concernées, sur l’intensification de la participation des autorités nationales au Programme de lutte antimines, sur la fourniture aux pays touchés des dernières technologies de déminage, et sur le renforcement des programmes de réhabilitation des victimes.
M. OLEH PAVLYSHYN (Ukraine) a affirmé que l’action antimines faisait partie intégrante des activités humanitaires et de développement des Nations Unies. Il a jugé nécessaire d’accorder une assistance technique et financière supplémentaire au déminage mais aussi à la destruction des stocks et à l’élimination des munitions non explosées. Les mines constituent un obstacle au développement et à la reconstruction postconflit, a-t-il rappelé. Les Nations Unies doivent continuer à aider les pays à établir des capacités nationales en la matière. Le représentant a souligné le rôle clef du Service de la lutte antimines des Nations Unies. Il a précisé que le déminage ne devait pas détourner l’attention des autres aspects de la lutte antimines, citant l’assistance aux victimes, et il a lancé un appel aux donateurs. Il a ensuite affirmé être convaincu que le but ultime de la communauté internationale doit être l’interdiction de la production, de l’utilisation, du stockage et du transfert des mines antipersonnelles.
Le représentant a ensuite indiqué que plus d’un demi-siècle après la Seconde guerre mondiale, les experts de son pays continuaient à neutraliser des dizaines de milliers de munitions non explosées dans le pays. Il a souhaité que la Convention d’Ottawa soit universellement ratifiée, ajoutant que ce processus était avancé en Ukraine. Le représentant a enfin souligné que les experts ukrainiens avaient une expérience reconnue dans les technologies modernes de déminage et que l’Ukraine disposait de centres de formation. Nous sommes prêts à fournir un soutien technique et à partager notre expérience avec les missions des Nations Unies de par le monde, a-t-il conclu.
M. ALOUNKÈO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays est celui qui, entre 1964 et 1973, avait été le plus lourdement bombardé par habitant. Aujourd’hui, selon une étude, ce sont près des deux tiers du territoire national qui sont encore infestés de munitions non explosées. Dans ces conditions, notre pays continue de subir les conséquences de ces bombardements, et la pollution par les munitions non explosées a fait, depuis 1975, plus de 11 000 blessés. Outre le coût humain, ce grave problème a aussi des conséquences sur le développement économique du pays. Pour combattre ce fléau, la République démocratique populaire lao a lancé, en 1996, le Programme national lao d'élimination des munitions non explosées, dont l’objectif est de réduire le nombre de victimes et d’accroître la superficie des terres cultivables et propices aux activités de développement. Depuis la mise en pratique de ce programme, 35 000 hectares de terre ont été déminés, plus d’un million de personnes ont été sensibilisées aux dangers des munitions non explosées et 1 000 nationaux ont été formés aux techniques de déminage. En dépit de ces résultats, le Programme estime qu’il faudra encore au moins 25 ans d’efforts concertés pour débarrasser définitivement les sites agricoles prioritaires de la République démocratique populaire lao des mines restantes.
Mme SHANNON-MARIE SONI (Canada) a rappelé que les mines constituent un obstacle au développement des communautés et des infrastructures, qu’elles rendent les terres agricoles inutilisables et qu’elles blessent ou tuent 15 000 à 20 000 personnes chaque année. Elle a souligné que la Convention d’Ottawa sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, qui compte 143 États parties, constitue le cadre légal international définitif pour traiter de cette question. La représentante a ensuite affirmé que le rôle de l’ONU restait central dans l’assistance à la lutte antimines. Elle a salué, à cet égard, les activités du Service de l’action antimines ainsi que d’autres organismes de l’ONU. Elle a ensuite affirmé que le Canada s’attachait à promouvoir l’universalisation de la convention et sa pleine application. De même, elle a évoqué le financement apporté par le Fonds canadien. Les mines présentent un défi humanitaire majeur, une menace pour la paix et la confiance mutuelle ainsi qu’un obstacle au développement, a-t-elle rappelé. Évoquant le Sommet de Nairobi pour un monde sans mines qui se tiendra dans un mois, elle a jugé nécessaire que le grand public reste conscient du danger que représentent les mines. Enfin, la représentante s’est déclarée déçue que les États Membres ne soient pas parvenus, cette année, à un consensus sur un projet de résolution consacré à l’assistance à la lutte antimines. C’est la première fois qu’un tel échec se produit depuis que ce sujet a été inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 1993. Nous sommes particulièrement déçus car la proposition de créer une « journée internationale de sensibilisation aux mines » ne pourra pas être mise en œuvre, a-t-elle expliqué. Elle a souhaité que la résolution puisse être adoptée lors de la prochaine session.
M. ROD SAWFORD (Australie) a souhaité que la Convention d’Ottawa devienne universelle. Il a déclaré que, pour atteindre cet objectif, son pays ferait tout son possible pour encourager les États qui ne sont pas encore parties à la Convention à la ratifier. Nous devons apporter l’assistance nécessaire aux pays animés de la plus grande volonté en ce sens. Le représentant a, par ailleurs, regretté qu’un consensus n’ait pu être trouvé sur le dernier projet de résolution portant sur la lutte antimines. S’agissant de sa région, il a salué l’adhésion du Timor Leste à la Convention d’Ottawa et sa ratification par la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les près de 100 millions de dollars australiens consacrés à la lutte antimines depuis janvier 1996 par le Gouvernement de l’Australie, ont été essentiellement utilisés pour doter les populations autochtones de capacités de déminage, porter assistance aux victimes et mettre en place des campagnes de sensibilisation au problème, a-t-il dit en conclusion.
M. ABDUL HAMID MANSOUR (Yémen) a expliqué que les activités de déminage de l’ONU contribuent à la sécurité et à la stabilité dans le monde. Elles atténuent également le fardeau de plusieurs pays touchés par ce fléau, dont le nôtre. Le Yémen a mis sur pied un Comité spécial qui, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les pays amis - parmi lesquels les États-Unis - est engagé dans un vaste programme de destruction de 60 000 mines. Le Comité met à disposition, en outre, des soins médicaux et conduit des activités de rééducation des victimes et de sensibilisation des populations.
M. SELWYN HEATON (Nouvelle-Zélande) a souligné la crise humanitaire créée par les mines. L’assistance à la lutte antimines constitue une composante très importante du maintien de la paix et de sa consolidation, a-t-il affirmé. Il a souligné l’importance de la coordination et de la collaboration entre les acteurs de la lutte antimines. Il a ensuite précisé que son pays soutenait cette lutte dans plusieurs pays et il a salué le travail des organisations non gouvernementales. M. Heaton a alors appelé les États qui ne sont pas parties à la Convention d’Ottawa à respecter les normes désormais fermement établies à l’encontre de l’utilisation de mines antipersonnel. Ces pays doivent ratifier la Convention sans délai, a-t-il ajouté. Il a ensuite indiqué que son pays soutenait les travaux en cours dans le cadre de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques produisant des effets traumatiques excessifs dont il allait ratifier le Protocole V. Celui-ci, a-t-il rappelé, affirme l’obligation pour toutes les parties à un conflit de prendre leurs responsabilités en ce qui concerne l’enlèvement et la destruction des restes des explosifs de guerre qu’elles ont posés. Enfin, M. Heaton s’est déclaré déçu qu’un consensus n’ait pu être atteint sur un projet de résolution cette année. En conséquence, aucun rapport ne sera publié sur les progrès enregistrés lors de la 60ème session. Il s’est cependant déclaré convaincu que le Service de la lutte antimines des Nations Unies tiendrait les États Membres au courant sur le développement de la nouvelle stratégie pour 2006-2010.
Mme JO ANN MOORE (États-Unis) a reconnu que la lutte antimines était une question importante, ce qui explique que son pays est le premier donateur mondial en la matière. Des progrès énormes ont été accomplis au cours des dix dernières années, a-t-elle poursuivi, en particulier dans les domaines du déminage de centaines d’hectares de terre, dans la diminution du nombre de victimes et de blessés, dans l’aide au retour chez eux des réfugiés ainsi que dans l’assistance aux survivants. Nous continuerons d’investir nos efforts dans ces pays touchés qui méritent toute notre attention et notre soutien dans leur combat contre les mines terrestres.
Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN (Colombie) a rappelé que son pays était le 103ème à avoir ratifié la Convention d’Ottawa. La Colombie a détruit plus de 20 000 mines et n’en a conservé qu’un millier, uniquement à des fins d’instruction et d’entraînement. Elle a rendu hommage à l’aide apportée par les organisations internationales et les donateurs. Elle a ensuite souligné que des centaines de civils avaient été victimes des mines semées par les terroristes. Le crime organisé a pourtant continué à utiliser ces mines, a-t-elle affirmé. Elle a précisé que la majorité des victimes de mines antipersonnel étaient des militaires et que l’armée colombienne avait détruit des camps de terroristes où ceux-ci entreposaient des mines. La représentante a affirmé que l’effort réalisé par son pays pour éradiquer les mines était exceptionnel, dans la mesure où il est constamment attaqué par des terroristes. Enfin, elle a remercié les États donateurs qui ont aidé la Colombie et elle a appuyé la proposition de proclamer une journée internationale de sensibilisation aux mines. Elle a conclu en appelant à l’universalisation de la Convention d’Ottawa.
M. EDUARDO CALDERÓN (Équateur) a déclaré que l’on reconnaissait, à présent, la nécessité d’appuyer les actions de lutte antimines en leur allouant des ressources dans le cadre des budgets de développement. Nous sommes favorables aux recommandations du Secrétaire général en la matière, et nous lançons un appel aux États Membres pour qu’ils les appuient, a-t-il affirmé.
S’agissant du projet de résolution portant sur l’assistance à la lutte antimines, le représentant a regretté que ce texte ait dû être renvoyé pour examen à la prochaine session de l’Assemblée générale. Ce texte demandait aux États Membres de lier justement le déminage, le renforcement de la paix et le développement économique.
Poursuivant, il a noté que la présence des mines avait des incidences profondes sur le développement et que donc cette question ne relevait pas seulement d’un effort de désarmement. La communauté internationale doit contribuer à aider les pays touchés à récupérer les terres déminées, permettant ainsi aux réfugiés de rentrer chez eux. L’Équateur et le Pérou sont les deux seuls pays de la région à avoir lancé des programmes d’action contre les mines, en ayant notamment mis en place des activités de déminage tout au long de leurs frontières, a poursuivi le représentant. Cette disposition politique commune a attiré l’attention de la communauté des donateurs, grâce à qui nous avons pu procéder à la destruction de nombreuses mines. Parallèlement, l’Équateur, conformément aux dispositions de la Convention d’Ottawa à laquelle il est partie, a procédé à l’élimination totale de ses stocks de mines antipersonnel.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a souligné que le déminage constituait la première priorité de son gouvernement. Ce déminage est la condition sine qua non à la reconstruction du pays, a-t-il ajouté. La guerre nous a laissé en héritage plus de 7 millions de mines terrestres, a-t-il constaté. Le Gouvernement angolais a réformé les institutions de déminage en créant, après la guerre, un nouveau Comité pour coordonner l’ensemble des activités antimines. Le représentant s’est ensuite déclaré très intéressé par l’idée de créer un forum des pays affectés par les mines, où ceux-ci pourraient discuter avec les principaux partenaires et bailleurs de fonds d’une stratégie de partenariat. Seul le partenariat permettra de mener à bien le déminage de l’Angola, a-t-il affirmé. Le représentant a espéré que la contribution du Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance à la lutte antimines des Nations Unies à son pays serait augmentée. La lutte antimines n’est pas qu’humanitaire mais elle constitue également la condition absolue pour permettre le développement et la reconstruction postconflit, a-t-il soutenu. Le déminage constitue également une activité de développement et il faut prendre cette réalité en considération.
M. SAYE SAYED AQA, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a remercié la délégation des Pays-Bas d’avoir dit clairement que les mines constituaient un obstacle majeur au développement. Dans ces conditions, le PNUD contribue à doter les pays touchés par le problème de capacités nationales de déminage avec, comme objectif à long terme, de les aider à régler cette question d’un point de vue socioéconomique. Nous offrons des services d’appui, de conseil, des prestations techniques et des programmes de formation destinés aux populations locales, a précisé le représentant. Les programmes de lutte antimines exigent une formation approfondie et un cadre institutionnel viable. Notre Programme de coopération Sud-Sud sert, en outre, de base d’échanges des expertise et expérience entre pays concernés, afin de promouvoir les meilleures réponses pratiques en la matière. Nous aidons également les États Membres dans l’élaboration de législation antimines.
Poursuivant, le représentant a souhaité que l’assistance à la lutte antimines soit renforcée par la mise en place de partenariats avec les grandes institutions financières telles que la Banque mondiale, cela afin d’inclure cette lutte dans tous les programmes de développement. Afin que les pays touchés par les mines puissent retrouver un environnement sûr, il convient en effet d’associer à la lutte antimines les principaux bailleurs de fonds internationaux.
Le Directeur du Service de lutte antimines des Nations Unies, M. MARTIN BARBER, a répondu aux observations formulées par les délégations. Il s’est félicité que plusieurs délégations aient reconnu la meilleure coordination de la lutte antimines au sein du système des Nations Unies. Il s’est ensuite déclaré heureux que plusieurs pays affectés par les mines se soient exprimés et qu’ils aient évoqué les ressources considérables qu’ils affectent à cette question sur leur propre budget. Des États qui ne sont pas encore parties au Traité d’Ottawa ont évoqué leur soutien aux objectifs humanitaires de la Convention et certains ont laissé entendre qu’ils allaient adhérer à la convention dans un futur proche. M. Barber a également apprécié que plusieurs délégations n’aient pas oublié les personnes blessées par des mines. Le travail d’assistance aux victimes est important, a-t-il rappelé, car leur nombre continue à augmenter. L’accent mis sur le déminage va diminuer dans un certain nombre de régions au fur et à mesure que davantage de zones seront décontaminées. Une plus grande part des efforts sera donc progressivement concentrée sur les victimes des mines.
M. Barber s’est ensuite félicité qu’un certain nombre de délégations aient reconnu que le déminage fait partie du développement et constitue une mesure de confiance. D’autres délégations ont évoqué le besoin de sensibiliser le public à cette question. La lutte antimines est une condition préalable indispensable au développement et à la reconstruction, a-t-il affirmé. Le soutien financier au déminage et à l’éducation aux risques des mines doit être intégré aux programmes de reconstruction. Enfin, M. Barber s’est engagé à continuer à partager les documents sur les activités de son Service avec les États Membres, y compris les mesures prises pour renforcer la coordination interne et pour expliquer les objectifs fixés en vue de mettre en œuvre le mandat qui lui a été confié.
Le représentant de l’Égypte a déclaré que les commentaires émis par le Directeur du service de lutte antimines ne constituaient en aucun cas un mandat pour les travaux à venir de son service. Tout mandat ne pourrait provenir que d’une résolution ou d’une décision de la Quatrième Commission.
Adoption d’un projet de décision
Le représentant des Pays-Bas, qui avait conduit les négociations informelles sur un projet de résolution traitant de l’assistance à la lutte antimines, a présenté un projet de décision renvoyant le projet de résolution à la prochaine session (A/C.4/59/L.9). Le représentant a réitéré sa déception de ne pas être parvenu à un consensus sur le projet de résolution. Des progrès ont été faits sur certaines parties du projet mais l’usage qui consiste à supprimer un libellé lorsqu’il n’est pas acceptable par certaines parties n’était pas acceptable par d’autres parties.
Le représentant de l’Égypte a répété qu’il regrettait que le projet de résolution n’ait pas pu être adopté. Les divergences de vue sur ce projet étaient profondes concernant la définition d’une stratégie pour 2006-2007. Le différend est lié à la méthode de travail car c’est aux États Membres de définir les politiques des Nations Unies et au Secrétariat de les mettre en œuvre et non l’inverse, a-t-il répété. Il a indiqué appuyer le projet de décision.
Le projet de décision décidant d’inscrire la question à la prochaine session (A/C.4/59/L.9) a été adopté sans vote.
Rapport du Secrétaire général sur l’assistance antimines (A/59/284 et Additif 1).
Il est indiqué que des progrès ont été réalisés de la mi-août 2003 à la mi-août 2004 en ce qui concerne les six objectifs stratégiques et les 48 cibles de la stratégie révisée des Nations Unies pour la lutte antimines 2001-2005. Les six objectifs sont: produire des informations et les mettre à la disposition de tous pour faire comprendre les problèmes antimines et s’y attaquer; coordination et conduite efficace de l’action antimines dans les programmes et processus de planification gérés par les Nations Unies; planification, coordination et exécution efficaces des programmes antimines par les autorités nationales et locales; programmes d’action antimines exécutés dans le respect des normes les plus élevées possibles; mobilisation de ressources suffisantes pour l’action antimines et bonne coordination de leur utilisation; ratification et application universelles de tous les instruments internationaux et/ou respect des engagements visant à remédier aux problèmes de mines terrestres et/ou des munitions non explosées et/ou à promouvoir les droits des victimes.
Des progrès ont été enregistrés concernant: l’évaluation de la situation dans les pays infestés de mines, la capacité de réaction accrue face aux situations d’urgence avec la réalisation d’essais en Iraq, la poursuite des efforts pour la mise en place de capacités antimines nationales dans plusieurs pays, le renforcement de la gestion de la qualité avec l’approbation des normes internationales relatives à l’éducation au danger des mines, la mobilisation de ressources accrues et enfin l’approbation d’une stratégie de plaidoyer en faveur de la lutte antimines.
Le rapport conclut que la stratégie révisée des Nations Unies favorise la coordination de l’ensemble de la communauté participant à cette lutte. Il existe un consensus entre les partenaires des Nations Unies pour intégrer une perspective de développement dans la planification de la lutte antimines. Cette lutte est de plus en plus intégrée dans la planification et les opérations concernant le maintien de la paix, les affaires humanitaires et le développement. De plus, les efforts des Nations Unies ont renforcé les capacités des États affectés par les mines à gérer efficacement différents aspects du déminage et ont encouragé une coopération entre ces États. Le rapport évoque ensuite le Sommet de Nairobi pour un monde sans mines comme l’occasion de renforcer l’élan de la lutte antimines. Il constate que les donateurs continuent de financer la lutte antimines essentiellement par le biais de lignes budgétaires consacrées à l’humanitaire mais qu’on reconnaît néanmoins de plus en plus l’importance de soutenir cette action dans le cadre de budgets consacrés au développement et à la reconstruction. Par ailleurs, le plan d’intervention rapide permet de déployer des moyens de lutte antimines pour soutenir les activités des secours humanitaires et les opérations de maintien de la paix. L’évaluation de ce plan invite à intégrer pleinement la lutte antimines dans les processus de planification des opérations des Nations Unies.
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