LES DÉLÉGATIONS SOULIGNENT LA NATURE MULTIDIMENSIONNELLEDES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Communiqué de presse CPSD/300 |
Quatrième Commission
18ème séance - matin
LES DÉLÉGATIONS SOULIGNENT LA NATURE MULTIDIMENSIONNELLEDES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
La Commission entame son débat sur l’assistance à la lutte antimines
(Publié le 29 octobre)
La Quatrième Commission a achevé, ce matin, son débat général sur l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Les discussions ont porté notamment sur la définition des mandats des opérations. De nombreux intervenants ont fait remarquer que la nature désormais multidimensionnelle de ces opérations avait entraîné un élargissement de leurs activités, très difficile à gérer. Le représentant de la Russie a déclaré qu’il ne fallait pas surcharger les missions de la paix en leur associant des tâches qui ne sont peut-être pas appropriées. Notant que la plupart des opérations revêtent désormais de multiples aspects, le représentant de l’Éthiopie a, pour sa part, souligné que le personnel non militaire était devenu indispensable pour lier le maintien de la paix à la consolidation de la paix postconflit. À cet égard, la Russie a souligné qu’il fallait améliorer la coordination entre les différentes composantes des missions, ainsi que leur coopération avec les autres organisations présentes sur le terrain. Pour le représentant de la Bolivie, le double emploi des opérations de la paix n’est pas supportable financièrement par les mécanismes concernés. Il a proposé de réfléchir à des solutions de prévention des conflits, proposant la mise en place d’un corps de négociateurs qui interviendraient dans des situations de « préconflit ».
Par ailleurs, la Commission a entamé son débat sur l’assistance à la lutte antimines avec une déclaration du Sous-Secrétaire général chargé des opérations de maintien de la paix, Hédi Annabi. Cette question, qui était auparavant débattue en plénière, est désormais inscrite à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.
Plusieurs délégations ont affirmé que les mines constituaient un obstacle au développement, une fois la paix rétablie après un conflit. L’Afghanistan a expliqué qu’elles empêchaient le retour des personnes déplacées car les champs ne peuvent être cultivés. La Suisse a rappelé que la Banque mondiale considérait les mines comme un obstacle au développement. L’action antimines contribue aux processus de paix car elle constitue l’un des premiers points sur lesquels les parties en conflit peuvent s’entendre, a-t-il expliqué. Cette action constitue donc une « mesure de confiance ». D’anciens combattants afghans de factions rivales travaillent ainsi côte à côte au déminage de leur pays. À cet égard, le représentant du Japon a salué l’intégration croissante de la lutte antimines dans le maintien de la paix.
Par ailleurs, plusieurs délégations ont déploré que, faute d’accord, le projet de résolution intitulé « Assistance à la lutte antimines » ne puisse pas être présenté cette année. Le représentant de la Suisse a jugé cet échec regrettable alors que l’on cherche à renforcer la prise de conscience avant le Sommet de Nairobi pour un monde sans mines. Celui-ci examinera, en novembre, les suites de la Convention d’Ottawa, qui compte aujourd’hui 143 États parties mais est toujours ignorée par 50 autres. Le représentant des Pays-Bas, parlant au nom de l’Union européenne, a appelé les États Membres à combiner leurs efforts pour accomplir des progrès lors de la prochaine session.
Les délégations suivantes ont pris la parole: Guyana, Érythrée, Malaisie, Sri Lanka, Équateur, Côte d’Ivoire, Bolivie, Namibie, Zambie, Fédération de Russie, Éthiopie, Roumanie, Afghanistan, Mali, Pérou, Pays-Bas au nom de l’Union européenne, Japon, Norvège, Suisse.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
Mme NADIRA MANGRAY (Guyana) a estimé, qu’au minimum, les organisations régionales devraient pouvoir être en mesure de mettre en place un réseau étendu d’information et de renseignement permettant d’établir un système d’alerte rapide et de prévention des conflits. Un tel système permettrait d’éviter le double emploi des efforts et des dépenses mal orientées. La représentante a, par ailleurs, souhaité que le rôle des femmes dans le maintien de la paix soit accru. Poursuivant, elle a affirmé que le règlement des conflits nécessitait l’effort conjoint de toutes les parties concernées, à savoir les États Membres, les organisations non gouvernementales et régionales, les différents fonds, programmes, offices et agences du système des Nations Unies. Le rôle de ces entités doit être clairement coordonné au sein d’une approche intégrée de la sécurité humaine, en particulier en ce qui concerne le volet du développement.
M. AMARE TEKLE (Érythrée) a constaté que les opérations de maintien de la paix (OMP) assumaient désormais des fonctions plus larges, multidimensionnelles et comportant de multiples aspects tels que la réconciliation nationale, la reconstruction et l’établissement d’institutions gouvernementales démocratiques. Selon lui, il est devenu nécessaire d’envisager une conception plus large du maintien de la paix dans laquelle les civils et la police civile des opérations joueraient un rôle aussi important que les contingents militaires. Cela pousse également à envisager d’intervenir dans les affaires internes d’un État pendant les premiers jours critiques de transition lorsque cette intervention est acceptable par les parties en conflit. M. Tekle a remarqué que l’usage de la force par les opérations de maintien de la paix, qu’il s’agisse du niveau ou des circonstances, faisait débat, tout comme les abus commis par des personnels de ces missions ou le respect du principe d’impartialité et de neutralité même en cas de violations massives des droits de l’homme.
Le représentant a ensuite jugé que l’idée d’une coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales semblait très séduisante. Une telle collaboration peut être très positive mais il faut rester prudent, a-t-il commenté. Les conditions politiques, financières et philosophiques dans lesquelles opèrent ces organisations, ainsi que les pays où elles sont localisées, ont parfois eu un impact négatif sur leur efficacité. Il serait fou de confier la paix et la sécurité à des organisations régionales uniquement parce qu’elles sont disponibles ou parce que cela permet d’alléger le fardeau de l’ONU, a-t-il averti.
Il faut s’assurer que les opérations de maintien de la paix ne dégénèrent pas ou ne se contentent pas de geler un statu quo injuste. Les questions de paix et de sécurité restent de la compétence du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé. Il a enfin appelé à observer strictement les principes énoncés par la Charte.
M. SHABERY CHEEK (Malaisie) a déclaré que l’implication des organisations régionales et sous-régionales, pour utile qu’elle soit, ne doit pas diminuer le rôle et la responsabilité des Nations Unies dans ce domaine. Nous croyons que l’Organisation peut fournir le soutien financier et logistique nécessaire aux activités de maintien et de consolidation de la paix grâce notamment à son grand nombre de membres. Il est impératif que les missions à l’échelle régionale soient menées conformément aux principes de maintien de la paix définis par les Nations Unies et à ceux contenus dans la Charte. Poursuivant, le représentant relevant que les opérations étaient plus complexes aujourd’hui qu’hier et que, dans ces conditions, il fallait les adapter à chaque situation de crise particulière. Il a souhaité également qu’elles soient soumises à une évaluation plus étroite afin de pouvoir apporter les ajustements nécessaires en cours d’intervention pour, par exemple, réduire ou réajuster les effectifs. Poursuivant, le représentant a demandé que les Nations Unies fournissent les programmes de formation adaptés à la nature variée et complexe des opérations de la paix. A cet égard, la Malaisie se félicite de la participation de personnels de police militaire et civile, issus de nouveaux pays à son programme de formation.
M. RUBERT JAYASINGHE (Sri Lanka) a souligné les difficultés rencontrées en matière de déploiement rapide. Il a jugé que l’existence d’unités de réserves stratégiques facilitait la gestion des risques et il s’est déclaré favorable à la constitution d’unités de réserves stratégiques entraînées et équipées. Il a ensuite souligné le caractère multidimensionnel des opérations, qui jouent désormais un rôle crucial pour promouvoir une paix durable, ce qui inclut la gestion des conflits, le rétablissement de la confiance et la consolidation de la paix postconflit. M. Jayasinghe a ensuite indiqué que son pays allait déployer 750 personnes dans le cadre de la mission des Nations Unies en Haïti. Il a affirmé que le Sri Lanka était prêt à apporter son concours pour la constitution d’un corps de police civile professionnel. Il a également mentionné la création dans son pays d’un centre de formation pour les forces armées engagées dans les opérations de maintien de la paix. Le représentant a ensuite rappelé que de nouvelles opérations allaient s’ouvrir, nécessitant des ressources financières et humaines. Le Conseil de sécurité doit s’assurer qu’une opération dispose des moyens nécessaires pour réaliser le mandat qui lui est confié, a-t-il déclaré. Il a alors jugé nécessaire la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il a enfin appelé les États Membres à s’acquitter de leurs contributions entièrement et en temps voulu. Cela permettra au Département de rembourser les pays fournisseurs de contingents qui ne l’ont pas encore été,
a-t-il conclu.
M. EDUARDO CALDERÓN (Équateur) a déclaré que la réussite des réformes touchant au maintien de la paix dépendait largement du degré de volonté politique ferme des États Membres. Face à la multiplication des conflits, et à leur intensification, l’ONU doit se doter des meilleures capacités possibles pour y répondre et les prévenir. Le succès des opérations de maintien de la paix suppose d’y inclure désormais des activités destinées à combattre en amont les causes des conflits. L’effort de développement, la restauration de l’état de droit, le désarmement, la réinsertion des exclus doivent être, dans ce cadre, des étapes cruciales pour, notamment, consolider les institutions des pays qui sortent des situations de crise. Le représentant a demandé d’autre part que soit mis en place un mécanisme de remboursement rapide dont pourraient bénéficier les pays en développement contributeurs de troupes. Il a conclu en indiquant que l’Équateur allait bientôt prendre une part plus active aux opérations de maintien de la paix. Des observateurs vont être déployés au Libéria et en Côte d’Ivoire, et 60 ingénieurs vont être envoyés prochainement en Haïti dans le cadre d’une opération conjointe avec le Chili, a-t-il dit.
M. GUILLAUME BAILLY-NIAGRI (Côte d’Ivoire) a rappelé que les opérations de maintien de la paix jouaient un rôle primordial pour assurer la sécurité et la protection des populations. Il a jugé que la coopération avec les organisations régionales favorisait une meilleure efficacité. En Côte d’Ivoire, cette orientation a permis aux forces de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de veiller au respect du cessez-le-feu et d’intégrer des casques bleus de l’ONU, a-t-il noté avec satisfaction.
Il a ensuite souhaité intervenir au sujet des difficultés rencontrées par le Département des opérations de maintien de la paix en matière de recrutement de civils et en matière de protection et de sécurité, car ces deux points lui semblaient importants dans le cadre de la crise que traverse la Côte d’Ivoire. Il s’est d’abord déclaré préoccupé par la sécurité du personnel des Nations Unies sur le terrain. Le Gouvernement se trouve dans l’obligation de faire comprendre à la population la portée des opérations de maintien de la paix, a-t-il constaté, rappelant que le chef de l’Etat ivoirien s’était adressé à son peuple en ce sens. Par ailleurs, le représentant a jugé que le recrutement de personnel local, disposant d’une bonne connaissance du terrain et étant reconnu pour sa neutralité, serait utile auprès des populations. Les ONG pourraient transmettre les messages de paix et les stratégies de reconstitution du tissu social, a-t-il expliqué.
Le représentant a ensuite évoqué directement la situation en Côte d’Ivoire. La mission sur place a été bien accueillie par la population et les parties en conflit. Celles-ci manifestent une volonté réelle de retour à la paix même si des divergences d’interprétation des accords de paix ont retardé le processus de désarmement. Cependant, la tension est palpable en raison du départ manqué du processus de désarmement attendu par la population, en raison, selon lui, des conditions posées par les Forces nouvelles. Le représentant a demandé à la communauté internationale de prendre en compte les efforts accomplis par son gouvernement pour infléchir les tendances qui consistent à faire durer la crise inutilement. Enfin il a souligné que les conflits en Afrique naissaient presque toujours dans les zones frontalières et que la sécurisation des frontières d’un pays en conflit devrait donc être une priorité. Il est également nécessaire de coordonner les activités des différentes opérations de paix dans la région ouest africaine pour mieux stabiliser cette zone, a-t-il ajouté.
M. ERWIN ORTIZ GANDARILLAS (Bolivie) a déclaré que l’effort de maintien de la paix était l’un des défis majeurs que l’ONU devait s’attacher à relever. Il a fait remarquer que les exigences nouvelles des opérations allaient au-delà des capacités actuelles du système. Les efforts des Nations Unies ne suffisent pas, et la situation pourrait s’aggraver si la demande augmente encore dans les années à venir, ce qu’a reconnu et prédit M. Guéhenno. Ce tableau s’assombrit davantage si l’on prend en considération l’élargissement des opérations de maintien de la paix qui, multidimensionnelles, assument désormais des activités judiciaires, humanitaires, économiques, sociales et politiques. Ces opérations étant conçues pour bâtir et consolider la paix dans des régions en proie à la violence et aux souffrances, nous devons trouver de nouvelles réponses afin de rendre possible l’exécution de ce mandat élargi. Comment réussir cette tâche en privilégiant une approche intégrée alors que les ressources ne cessent de baisser, a demandé le représentant. Tout le monde doit s’acquitter des ses obligations financières, et s’efforcer d’approfondir les réformes recommandées par le rapport Brahimi. Déjà, les réformes entreprises dans ce sens ont rendu plus performantes les capacités de déploiement rapide. Mais le fossé reste énorme entre la transformation des mandats des opérations et les moyens inadaptés à la réalisation des objectifs de paix et de sécurité internationales contenus dans la Charte. Il convient, dans ces conditions, d’étudier de plus près les causes fondamentales des conflits en remplaçant peut-être notre logique d’imposition de la paix par une logique de prévention des conflits. Il existe déjà, à cette fin, la diplomatie préventive et des médiateurs. Nous sommes d’avis qu’il faudrait mettre en place un corps de négociateurs au poids politique renforcé et qui, à l’instar de ceux agissant dans les situations post-conflit, interviendrait dans des situations « pré-conflit ».
M. JULIUS ZAYA SHIWEVA (Namibie) a estimé que les dynamiques qui sous-tendent le monde d’aujourd’hui rendent nécessaire un effort de maintien de la paix intégré. Les opérations de maintien de la paix sont confrontées à de nombreux défis mais ceux-ci peuvent être surmontés si les ressources nécessaires sont apportées, a-t-il assuré. Il faut trouver des idées innovantes comme le renforcement du travail avec des partenaires tels que les organisations régionales, les organisations de droits de l’homme ou humanitaires et les donateurs éventuels. Rappelant que son pays fournissait des contingents, il a jugé crucial de renforcer les capacités de maintien de la paix régionales et sous-régionales, particulièrement en Afrique. Selon lui, la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine va permettre de consolider la coopération entre cette organisation et les Nations Unies en matière de maintien de la paix. Il a réclamé une assistance accrue en faveur de la mission de l’Union africaine au Darfour. Il a également salué le travail effectué par la CEDEAO et la Communauté de développement de l'Afrique australe, laquelle vient de créer un organe consacré aux politiques, à la défense et à la sécurité.
Le représentant a ensuite mis l’accent sur l’importance du déploiement rapide et il a estimé que le Système de forces et moyens en attente des Nations Unies jouait un rôle important en la matière. Il a cependant souligné qu’il était difficile, pour les pays africains et les pays en développement, d’entretenir un tel système sans une aide extérieure. Il a ensuite évoqué la formation des troupes, la parité hommes/femmes, la protection des enfants. Il a réclamé un meilleur processus de remboursement des pays fournisseurs de contingents, question cruciale pour le maintien de la paix selon lui. Il a également appelé les États Membres à s’acquitter de leurs contributions entièrement et en temps voulu. Enfin, il a souligné l’urgence de renforcer les mesures de sécurité pour protéger le personnel de l’ONU sur le terrain.
M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a expliqué que l’Afrique avait réalisé des progrès considérables en matière de paix grâce, notamment, à l’établissement de l’Union africaine qui, en coopération avec le Conseil de sécurité, a apporté un second souffle aux initiatives de paix sur le continent. Selon le représentant, ces initiatives peuvent être efficaces sur la durée seulement si la communauté internationale continue d’apporter son soutien financier aux sous-régions, afin de leur donner les moyens de se doter de capacités de déploiement rapide pouvant être utilisées à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Afrique.
S’agissant des propositions de M. Guéhenno, le représentant a affirmé que la Namibie est prête à participer aux programmes de formation et de recrutement des personnels et de police civile. Il s’est également déclaré favorable à l’affectation de fonds permettant un renouvellement régulier des stocks stratégiques pour déploiement rapide.
M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) a rappelé que chaque mission était unique et qu’il fallait, à chaque fois, choisir les instruments appropriés de règlement. Les organisations régionales doivent être associées aux efforts de maintien de la paix, a-t-il déclaré, tout en rappelant la nécessité d’observer les principes de la Charte et l’autorité qu’ils accordent au Conseil de sécurité. L’utilisation de la force militaire doit être le dernier recours et doit s’effectuer sur des bases raisonnables, a-t-il ajouté. Selon lui, il est nécessaire de restaurer l’équilibre économique et social dans les pays où l’ONU déploie des missions. Le fardeau doit être équitablement partagé et il faut tenir compte des prérogatives de chacun des organes associés au maintien de la paix. Il ne faut donc pas surcharger les missions de la paix en leur confiant des tâches qui ne sont peut-être pas appropriées. Le représentant a ensuite évoqué la coopération entre les Nations Unies et plusieurs organisations régionales, dont l’Union européenne.
Face à des conflits de plus en plus complexes, il a jugé nécessaire d’améliorer la coordination entre les différentes composantes des missions et leur coopération avec les autres organisations présentes sur le terrain. Il a ensuite mis l’accent sur le besoin d’améliorer la sécurité du personnel des Nations Unies sur le terrain, personnel qui doit être hautement qualifié et qui doit comporter des éléments disposant de qualités d’expertise. Le représentant a souligné l’importance des composantes civiles des missions, dont la police. Il leur appartient de garantir le respect de l’état de droit et la stabilité gouvernementale; cela fait partie intégrante de tous les efforts de maintien de la paix, a-t-il affirmé. Le représentant a ensuite précisé que la stratégie de sortie des opérations revêtait un caractère très important. Enfin, il a indiqué que le Conseil de sécurité devait réévaluer les situations en coopération avec les États fournisseurs de contingents pour adapter les mandats en fonction des évolutions sur le terrain. Il s’est donc prononcé en faveur du renforcement de la coopération triangulaire entre les États contributeurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il a conclu en indiquant que son pays allait participer aux opérations de maintien de la paix.
M. SEIFESELASSIE LEMMA KIDANE (Éthiopie) a rappelé que 3 400 Éthiopiens servaient dans les opérations de maintien de la paix et que son pays était l’un des hôtes de la Mission de maintien de la paix en Érythrée et en Éthiopie (UNMEE). Il a relevé que les opérations avaient évolué pour devenir multidimensionnelles. Les opérations passent désormais par différentes phases en fonction de l’évolution des circonstances. La plupart des opérations comprennent des programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) mais il faut également réaliser les activités de déminage et répondre au fait que l’aide humanitaire requiert désormais une protection militaire. Le représentant a ensuite jugé indispensable d’accorder la protection légale nécessaire aux gardiens de la paix qui opèrent dans des situations risquées. Il a souligné que le personnel non militaire était devenu indispensable pour lier le maintien de la paix à la consolidation de la paix postconflit. La nature multidimensionnelle des opérations nécessite de plus en plus un personnel civil varié afin d’assurer la primauté du droit. Le représentant a ensuite mis l’accent sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il a notamment salué les efforts de la CEDEAO et de l’Union africaine. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union lui permettra de
continuer à jouer le rôle complémentaire prévu par la Charte, a-t-il affirmé. Le représentant s’est prononcé en faveur de la transformation de la coopération en matière de formation en une capacité institutionnelle durable. Il a enfin évoqué l’importance de la formation des troupes et a rendu hommage au personnel des Nations Unies qui a fait le sacrifice de sa vie.
M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a estimé que les mécanismes multilatéraux en matière de maintien de la paix devaient continuer d’être adaptés de façon à ce que les parties concernées puissent répondre plus efficacement aux menaces actuelles et aux nouveaux défis posés à la communauté internationale en matière de sécurité internationale. Il a estimé que toutes les parties prenantes au maintien de la paix devaient, en outre, avoir voix au chapitre dans les différents processus de prise de décisions. Dans ce cadre, les relations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les contributeurs de contingents doivent être nettement renforcées. En conclusion, M. Motoc a estimé qu’il était évident que l’amélioration des bases du processus décisionnel au sein du Conseil de sécurité - par l’identification de moyens pour impliquer plus activement les parties prenantes - contribuerait à créer un élan dont l’ONU pourrait tirer profit pour conduire l’ensemble des opérations de maintien de la paix.
Dans des remarques de conclusion, M. HÉDI ANNABI, Sous-Secrétaire général chargé des opérations de maintien de la paix, a affirmé que les débats avaient renforcé sa conviction qu’il fallait travailler ensemble avec les États Membres, en déterminant de nouvelles méthodes, si nécessaire. Il a relevé que les délégations avaient évoqué un certain nombre de sujets, dont les plus marquants étaient: le renforcement des mécanismes de déploiement rapide, le remboursement des pays fournisseurs de contingents, la sécurité du personnel, la planification et l’exécution intégrée, la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, la formation, la création de partenariats avec les institutions de Bretton Woods, la discipline et la conduite des membres du personnel, l’incorporation d’une démarche de parité entre les sexes, le renforcement du dialogue et de la coopération entre les pays fournisseurs de contingents, le Département des opérations de maintien de la paix et le Conseil de sécurité. Le Secrétaire général adjoint a également relevé que des États Membres avaient fait part de leur intérêt pour les idées avancées au sujet des forces de réserve pouvant être déployées rapidement et indiqué que ces propositions seraient reprises au cours de la session du Comité spécial. Il a précisé que les unités présélectionnées resteraient sous le commandement national des pays fournisseurs de contingents avec l’état de préparation nécessaire. Ces unités seraient prêtes à être déployées rapidement dans le cadre d’opérations de maintien de la paix et seraient alors placées sous le commandement opérationnel des Nations Unies.
ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES
Débat général
M. HÉDI ANNABI a rappelé que la question de l’assistance au déminage avait jusqu’ici été débattue en plénière de l’Assemblée générale. Il a indiqué qu’au cours des deux dernières années, des progrès remarquables avaient été accomplis dans l’intégration de la question des mines antipersonnel dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. De ce fait, des résultats importants ont été réalisés dans la lutte contre les effets dévastateurs des mines et des restes explosifs de guerre, en particulier dans les opérations déployées en Afghanistan, au Burundi, à Chypre, en République démocratique du Congo, en Érythrée et Éthiopie, en Iraq, au Liban, au Soudan et au Kosovo.
Au cours des ces deux dernières années, M. Annabi a expliqué que la priorité avait été donnée à la mise en œuvre du Plan de réaction rapide, de la reconstruction nationale et des capacités locales dans plus de 20 pays, cela tout en encourageant l’intégration de la lutte antimines dans les mécanismes budgétaires et de planification des institutions financières.
S’agissant du Pakistan, M. Annabi a indiqué que quelque 8 000 employés travaillaient au nettoyage des superficies minées. Au Sud Soudan, les opérations de déminage ont facilité le travail des agences humanitaires, tandis qu’en Érythrée et en Éthiopie, elles ont permis d’assurer la liberté de mouvement des soldats de la paix et de redonner confiance aux populations locales engagées dans l’effort de paix et de reconstruction de leur pays.
Concernant la conduite future des activités antimines, M. Annabi a attiré l’attention sur les six recommandations avancées par le Secrétaire général dans son rapport. Dans ce sens, il a demandé instamment aux États Membres de continuer à soutenir la mise en oeuvre de la stratégie en la matière prévue sur cinq ans, et a souhaité que le Plan d’action rapide soit davantage intégré aux processus de planification des opérations de maintien de la paix.
M. RAVAN A. G. FARHÂDI (Afghanistan) a rappelé que son pays était l’un des plus touchés par les mines et que leur dissémination sur le territoire depuis 25 ans avait conduit à une situation catastrophique. Cent personnes sont tuées ou blessées par des mines chaque mois et plus de 100 000 ont été handicapées à cause d’elles, dont beaucoup ne peuvent plus être autonomes. Les mines et les impacts non explosés influent sur l’économie car de vastes superficies ne peuvent plus être cultivées. La reconstruction de routes et d’infrastructures prend du retard car il faut auparavant s’assurer de l’absence de mines. M. Farhadi a ensuite expliqué qu’environ six millions d’Afghans vivent ou souhaitent revenir vivre sur des terres qui sont aujourd’hui infestées de mines. Le retour des réfugiés et des personnes déplacées est rendu plus difficile. Il a signalé que son pays avait adhéré à la Convention d’Ottawa en 2003 et qu’un Groupe consultatif sur l’action antimines avait donc été créé. Il a détaillé les actions de déminage qui allaient être entreprises dans son pays, insistant sur le financement nécessaire. De nombreuses vies pourraient ainsi être sauvées et l’économie progresserait. M. Farhadi a ensuite expliqué que son gouvernement souhaitait jouer un plus grand rôle dans la coordination et la responsabilité de la gestion de l’action antimines. Il a enfin mis l’accent sur les besoins en matière d’assistance des personnes ayant été blessées par des mines et il a lancé un appel à la générosité des donateurs.
M. KONÉ (Mali) a déclaré que la problématique des mines antipersonnel constituait un volet important du désarmement général et demeurait une préoccupation majeure du continent africain, malgré les progrès enregistrés pour leur élimination. En effet, bien que l’usage des mines soit limité par le droit international humanitaire, et de façon spécifique, par la Convention d’Ottawa, ces engins représentent toujours une menace sérieuse à travers le monde. Les mines sont une embûche au développement, et le Sommet de Nairobi, prévu du 29 novembre au 3 décembre prochain, viendra à point nommé pour aborder cette question. En effet, cette importante rencontre qui ambitionne de parvenir à un monde sans mines dressera un état des lieux des progrès en matière d’élimination totale de ces engins. Nous espérons, dans ce cadre, que le Plan d’action qui résultera du Sommet prendra en compte les préoccupations fondamentales du continent africain. En effet, le continent africain détient le triste record de superficies minées dans le monde en raison des conflits armés qui l’ont déchiré ou continuent de le secouer. Des milliers d’hectares de terres cultivables sont ainsi abandonnés par les populations, mettant du coup un frein à leur activité.
M. VITALIANO GALLARDO (Pérou) a rappelé que les mines continuaient à blesser et à tuer après la fin des conflits, empêchant ainsi la réconciliation. Les mines sont contraires à tout principe d’humanité et nul ne saurait utiliser des arguments politiques pour justifier leur utilisation ou le manque de volonté de mettre un terme à leur existence. Le représentant a souhaité qu’encore davantage de pays deviennent parties à la Convention d’Ottawa. Il a ensuite expliqué que les pays qui luttent contre les mines pouvaient faire profiter d’autres nations de leur expérience. Il a ensuite détaillé la lutte du Pérou contre les mines, lutte qui permet également d’agir contre la pauvreté. Une conférence sur le sujet a eu lieu en août dernier à Quito et des actions concrètes ont été menées en coopération avec l’Équateur pour s’acquitter des obligations internationales. Les deux pays vont continuer à partager leur matériel et leurs informations et ils mèneront des campagnes communes d’évacuation pour mettre leurs populations à l’abri. Il a précisé que l’aide de la communauté internationale et des organisations internationales était nécessaire et il a remercié ceux qui avaient déjà apporté leur aide.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), au nom de l’Union européenne, a déclaré que la présence des mines et des restes explosifs de guerre avaient de graves conséquences sur les personnes mais également sur les situations économiques et sociales des pays touchés. Les mines empêchent, par exemple, les réfugiés et autres personnes déplacées de retourner chez eux, et constituent un obstacle important à la livraison de l’aide humanitaire ainsi qu’à l’effort de reconstruction et de développement économique. Le représentant a poursuivi en faisant remarquer que si les ressources allouées au déminage avaient nettement augmenté ces dernières années, il demeurait nécessaire de mobiliser davantage de moyens pour pouvoir changer efficacement la donne sur le terrain. Dans ce cadre, le prochain Sommet de Nairobi représente un événement clef pour évaluer l’étendue des progrès accomplis pour mettre fin aux souffrances causées par les mines antipersonnel depuis que la Convention d’Ottawa a été mise en place, a-t-il estimé. Poursuivant, le représentant a déclaré que si beaucoup avait été fait pour réduire considérablement le nombre des victimes, il demeurait de nombreux défis que le Sommet devra évaluer le plus honnêtement possible. A Nairobi, nous devons faire la démonstration de notre volonté de continuer d’avancer avec détermination sur la question des mines.
Le représentant a expliqué que sa délégation avait conduit une série de consultations sur un projet de résolution relatif à l’assistance à la lutte antimines mais qu’en dépit de progrès, il n’avait pas encore été possible de parvenir à un consensus. Un projet de décision sera donc soumis à l’approbation de la Commission pour renvoyer la question à la prochaine session, a-t-il regretté. Il s’agit là d’une occasion manquée, a-t-il affirmé. Nous appelons tous les États Membres à combiner leurs efforts pour accomplir de nouveaux progrès dans ce domaine au cours de la 60ème Assemblée générale.
M. YASUSHI TAKASE (Japon) a regretté qu’un accord n’ait pas été trouvé en faveur d’une résolution sur l’assistance à la lutte antimines et il a espéré que le débat serait plus productif en 2005. Il a ensuite affirmé que la consolidation de la paix était l’un des principes de la politique étrangère de son pays et que la lutte antimines était donc une question de la plus grande importance. Les mines constituent un obstacle au développement après un conflit et parler de paix et de reconstruction alors que plane la menace des mines n’a aucun sens, a-t-il soutenu. Il a ensuite évoqué le cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa, qui compte désormais 143 signataires mais doit maintenant atteindre l’universalité. Il a espéré que la première conférence chargée de l’examen de la Convention à Nairobi, au mois de Novembre, permettrait d’établir un Plan d’action concret et d’attirer l’attention du grand public. Il a ensuite souligné l’importance de la recherche sur les techniques de déminage. Affirmant l’importance des Nations Unies pour la lutte antimines, il a salué l’intégration croissante de cette question dans les domaines du maintien de la paix, des affaires humanitaires et du développement. M. Takase a ensuite rappelé que son pays apportait une aide très importante à plus de trente pays ou zones infestés par les mines. Il a notamment évoqué l’action du Japon en Afghanistan, où les anciens combattants y sont respectés en tant qu’experts dans le déminage, et au Cambodge, où le nombre de victimes a diminué. Le représentant a alors souligné l’importance de former mais aussi de créer des emplois pour les personnes blessées par des mines. Le représentant a évoqué l’organisation de conférences dans son pays et il a réaffirmé son engagement à atteindre les objectifs de « l’Initiative zéro victime ».
M. WEGGER CHRISTIAN STRØMMEN (Norvège) a indiqué que la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel constituait le cadre d’action privilégié dans le domaine. La Convention ne fait pas qu’interdire les mines antipersonnel, elle légifère également sur la coopération et l’assistance en matière de déminage, a-t-il précisé. Le Sommet de Nairobi, qui se tiendra dans un mois, sera l’occasion de mettre en place la stratégie d’action en la matière pour les cinq prochaines années. Pour la Norvège, l’accent doit être mis sur l’accélération et l’intensification des processus de déminage et sur la réhabilitation des victimes. Poursuivant, le représentant a estimé que la Convention devait bénéficier d’un appui politique fort et durable afin que ses efforts se concrétisent davantage sur le terrain. C’est pourquoi, les discussions tenues dans le cadre de la Convention doivent impliquer tous les acteurs concernés, qu’il s’agisse des États touchés, des autres États, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), des ONG ou encore des organisations régionales. Le représentant a également souhaité que les organismes des Nations Unies intègrent à leurs activités la question du déminage quand cela s’avérait nécessaire. Il a cité, pour exemples, le PNUD et l’UNICEF.
M. ANDREAS BAUM (Suisse) a rappelé, qu’en dépit des progrès réalisés, la production de mines se poursuivait. Il a appelé les cinquante États, qui ne se sont toujours pas engagés à interdire les mines antipersonnel, à signer la Convention d’Ottawa. Il s’est ensuite réjoui de l’organisation du Sommet de Nairobi pour un monde sans mines. La Déclaration politique, qui y sera adoptée, doit être forte afin de replacer le thème des mines dans l’esprit du public, a-t-il déclaré. M. Baum s’est ensuite réjoui de la révision de la politique antimines de l’ONU. Des mandats clairs et des objectifs communs sont nécessaires pour agir efficacement. Il a rappelé que son pays avait adopté en 2003 une nouvelle stratégie de quatre ans pour l’action antimines, finançant des projets et soutenant le Centre international de Genève pour le déminage humanitaire, qui est prêt à partager ses connaissances. Il a ensuite rappelé que la Suisse présidait le Groupe de soutien à l’action antimines, qui réunit les pays donateurs. M. Baum a souligné que la Banque mondiale considérait les mines comme un obstacle significatif au développement et qu’elle souhaitait s’engager davantage dans les projets antimines.
Le représentant a affirmé que l’action antimines pouvait contribuer aux processus de paix car elle constituait l’un des premiers points sur lesquels les parties en conflit peuvent s’entendre et qu’elle peut donc être considérée comme une mesure de confiance. D’anciens combattants afghans de factions rivales travaillent aujourd’hui, côte à côte, au déminage de leur pays. Enfin, le représentant a vivement regretté que les négociations pour parvenir à un consensus sur ce point de l’ordre du jour aient échoué, en dépit de la flexibilité de nombreuses délégations. Il n’y aura pas de résolution substantielle cette année. Cela est d’autant plus regrettable que nous cherchons à renforcer le soutien et la prise de conscience dans les semaines qui mènent à Nairobi, a-t-il déclaré. Il a ajouté que la Suisse continuerait à soulever la question des acteurs non étatiques ayant recours à des mines antipersonnel.
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