QUATRIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS FONT LE POINT SUR LE MAINTIEN DE LA PAIX ALORS QUE LES OPÉRATIONS SE MULTIPLIENT ET SONT DE PLUS EN PLUS COMPLEXES
Communiqué de presse CPSD/298 |
Quatrième Commission
16e séance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS FONT LE POINT SUR LE MAINTIEN DE LA PAIX ALORS QUE LES OPÉRATIONS SE MULTIPLIENT ET SONT DE PLUS EN PLUS COMPLEXES
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi, ce matin, l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. La plupart des délégations ont salué les progrès accomplis depuis la publication du rapport Brahimi, il y a près de 5 ans. Alors que seize opérations sont en cours dans le monde, que certaines sont en cours d’élargissement et que d’autres sont planifiées, la quasi-totalité des délégations a évoqué la forte augmentation des besoins financiers et humains. Le représentant de la République de Corée a ainsi prévenu que le nombre de personnel engagé dans ces opérations risquait de dépasser le nombre record de 78 000 personnes qui avait été atteint en 1993.
Parallèlement à l’accroissement de leur nombre, les missions de maintien de la paix se sont complexifiées, à l’image des crises dans lesquelles elles interviennent. Le représentant du Pakistan a constaté que les opérations comprenaient désormais d’importants volets sociaux, économiques et juridiques. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix n’ont jamais été aussi liés, a-t-il affirmé. Pour sa part, le représentant du Japon a souligné qu’en raison de cette complexité grandissante des missions et du nombre de leurs mandats, toutes ne parvenaient pas à leurs objectifs, particulièrement en ce qui concerne la consolidation de la paix.
Par ailleurs, le représentant de l’Afrique du Sud a estimé que les opérations de paix ne peuvent être considérées comme des réponses définitives au règlement des conflits. L’accent doit être mis en amont sur l’établissement de mécanismes visant à améliorer les conditions pour le développement socioéconomique et la bonne gouvernance dans les pays en crise. À cette fin, le représentant a encouragé, à l’instar de nombreuses délégations, une approche intégrée qui suppose que les efforts de consolidation de la paix soient inclus dès la phase de départ des opérations. Le représentant du Japon et celui des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne qui a actuellement 50 000 hommes déployés dans les missions de paix, se sont fait l’écho de cette idée. Ils ont aussi insisté sur l’importance de l’approbation des activités de consolidation de la paix par les pays concernés, l’aide extérieure agissant dans ces cas comme un complément pour les aider à sortir des situations de conflit.
Certains intervenants au débat ont en outre rappelé la nécessité d’intensifier la coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. À ce titre, le représentant du Pakistan a demandé au Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix du Conseil, de continuer à impliquer dans ses délibérations les pays contributeurs de contingents.
Les délégations suivantes sont intervenues: Maroc, République arabe syrienne, Singapour, Japon, Nigéria, Afrique du Sud, République de Corée, Thaïlande, Mongolie, Pakistan, Canada au nom de L’Australie et de la Nouvelle-Zélande, Pays-Bas au nom de l’Union européenne, Kazakhstan, Norvège, Cameroun, Venezuela, Jordanie et Suisse.
La Commission poursuivra son débat demain matin, mercredi 27 octobre à 10 heures.
Débat
Prenant la parole au nom du Mouvement des pays non alignés, Mme SOUAD EL ALAOUI (Maroc) a rappelé que ce Mouvement considérait que les opérations de maintien de la paix devaient se conformer strictement aux principes directeurs en vigueur. La création de toute opération ou la prorogation de tout mandat, en vertu du Chapitre VI de la Charte, ne doit pas être fondé uniquement sur le consentement des parties mais aussi sur le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, l’impartialité et un financement assuré. Il s’agit là d’éléments indispensables pour le succès des opérations. La représentante a souligné que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient se substituer à une solution permanente ou à la recherche de solutions aux causes profondes des conflits.
La représentante a ensuite relevé la multiplication des activités de maintien de la paix en cours ou attendues, ce qui implique un besoin croissant de moyens financiers, matériels et humains mais aussi des mandats clairs et réalistes. Elle a demandé que soit révisé le niveau d’autorisation préalable d'engager des dépenses et de reconstitution des stocks stratégiques pour un déploiement rapide. Un personnel plus spécialisé est nécessaire en matière de police civile. Mme El Alaoui a insisté sur l’importance d’accroître la coopération entre les pays fournissant des contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Selon elle, il faut organiser davantage de réunions entre le groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix du Conseil et ces pays, notamment lors des phases de planification des missions.
Mme El Alaoui a ensuite souligné l’importance de favoriser le renforcement des capacités régionales de maintien de la paix, notamment en Afrique. Les Nations Unies conservent un rôle primordial mais les organisations régionales disposent de capacités complémentaires. La représentante a rappelé que le personnel des missions de maintien de la paix était devenu une cible et qu’il fallait donc accorder la priorité à sa sécurité, soulignant l’importance du renseignement à cet égard. Tout en prenant note des progrès effectués, elle a ensuite demandé que les pays fournissant des contingents soient mieux remboursés de leurs frais et elle a donc appelé les États Membres, et notamment ceux qui siègent au Conseil de sécurité, à s’acquitter de leurs contributions. Les pays en développement ne peuvent continuer à porter le fardeau financier des opérations, dont la répartition est inéquitable, a-t-elle déclaré, appelant les pays développés à prendre leurs responsabilités. Mme El Alaoui a conclu en rendant hommage au personnel des missions de maintien de la paix qui ont fait le sacrifice de leur vie.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a affirmé que le mécanisme des opérations de la paix était indispensable pour relever les nombreux défis posés par des situations de conflits et de crise de plus en plus difficiles à dénouer. L’ONU, grâce à ce mécanisme, a remporté de francs succès. Dans ce contexte, les opérations de maintien de la paix jouent un rôle crucial pour calmer les tensions et créer un environnement favorable à la consolidation de la paix après un conflit. Malgré notre engagement à leur égard, nous ne devons cependant pas les considérer comme des instruments pouvant se substituer à des mesures de règlement définitif des conflits, a averti le représentant. Selon lui, la réflexion sur les causes profondes des guerres doit associer, entre autres, l’ECOSOC et l’ensemble des pays donateurs.
Au Moyen-Orient, a continué le représentant, l’ONU assume ses responsabilités avec beaucoup d’efficacité et nous saluons les efforts considérables des commandants et personnels des opérations de paix dans la région. Nous souscrivons en général au déploiement des opérations pour des périodes brèves mais, au Moyen-Orient, la situation dure depuis un demi-siècle du fait qu’Israël continue à ne pas appliquer les résolutions pertinentes des Nations Unies. Face à cette attitude provocatrice, nous appelons à un respect rigoureux des règles et des principes de base du maintien de la paix. Nous appuyons les procédures de déploiement rapide et invitons les États Membres à verser leurs contributions dans les délais. Nous réaffirmons encore l’importance de mandats clairs et nous sommes d’avis qu’il faut multiplier les discussions afin de trouver conjointement les solutions aux problèmes posés par la complexité croissante des conflits et des opérations du maintien de la paix ainsi qu’à la précarité des conditions de sécurité des personnels déployés sur ces terrains dangereux. Dans ces conditions, il est nécessaire d’établir et de renforcer des partenariats entres toutes les entités intéressées par ces opérations.
M. LEONG YUE KHEONG (Singapour) a invité chaque membre de la communauté internationale à faire preuve d’un plus grand empressement pour partager la charge du maintien de la paix. Il est possible de trouver les contingents à déployer mais des lacunes subsistent en matière de personnel spécialisé, a-t-il souligné. La majorité des pays fournisseurs de contingents sont des pays en développement et ils vont bientôt atteindre leurs limites. Le représentant a rappelé que le maintien de la paix était un processus long, complexe et de plus en plus dangereux. Il a félicité le Département des opérations de maintien de la paix pour les innovations introduites mais il a souligné que chaque opération avait ses propres caractéristiques. Les commandants sur le terrain doivent donc faire preuve de créativité.
Le représentant a ensuite cité trois domaines qui doivent être examinés en priorité. Il a d’abord évoqué le danger encouru par le personnel des opérations, dont la sécurité doit être renforcée. Soulignant que le personnel devait être informé rapidement des changements survenant sur le terrain, il s’est félicité de la création de cellules d’analyse conjointes sur le terrain mais il a également souligné le rôle que doit jouer le Siège. Il a ensuite estimé que les opérations de maintien de la paix, multidisciplinaires et complexes, devaient être mieux intégrées. Il faut accroître le personnel de police civile, qui doit être intégré dès le début des missions. Le représentant a affirmé que l’intégration devait aller au-delà de la simple planification. Enfin, il a souhaité un déploiement plus rapide des opérations car le monde se lamente lorsqu’il constate une inaction face à des souffrances humaines. Cela nécessite de disposer de troupes bien entraînées et équipées. En conclusion, il a souligné qu’une opération de maintien de la paix était réussie lorsque le pays concerné était placé dans un environnement lui permettant de se prendre en charge. Le maintien de la paix nécessite donc du temps.
M. SHINICHI KITAOKA (Japon) a estimé que les ressources allouées aux opérations de maintien de la paix n’étaient pas illimitées et, qu’à ce titre, il fallait se concentrer sur la maximisation des mécanismes de gestion des opérations. Nous pensons que l’ONU devrait exploiter plus avant la possibilité de mettre en œuvre un système d’allocation des moyens flexible au sein des missions déployées dans une même région. Dans ces conditions, il est important que la taille de ces missions soit évaluée régulièrement et réduite étape par étape au fur et à mesure que l’exécution du mandat progresse. Le représentant a souhaité que les activités de maintien de la paix soient soumises à une évaluation continue Car il faut reconnaître que toutes les missions ne remplissent pas leurs objectifs, eu égard à leur complexité toujours plus grande. Prenant comme exemple le cas de l’Afrique, le représentant a soutenu l’idée que les pays dans lesquels sont déployés des missions devaient impérativement être associés à l’effort de développement les concernant tout en continuant d’œuvrer aux côtés de la communauté internationale. Il est essentiel que le gouvernement et le peuple d’une région affectée par un conflit puissent agir directement sur la restauration de la paix et de la sécurité sur son territoire, l’aide extérieure devant agir pour renforcer les capacités nationales. C’est pourquoi nous croyons que l’approche la plus appropriée est d’impliquer les organisations régionales et sous-régionales pour aider plus efficacement les sociétés en situation de conflit. Nous saluons ainsi le rôle de l’Union africaine pour sa contribution au processus de paix au Burundi et dans la crise du Darfour.
Le Japon est en outre d’avis qu’il faut, dans le cadre des activités de consolidation de la paix, consolider les partenariats entre les équipes de pays des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Le rapport du Secrétaire général sur la question nord-sud au Soudan explique ainsi que la Banque mondiale et le PNUD ont travaillé conjointement avec l’Équipe déployée sur place.
M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria) a estimé qu’il est positif que les opérations ne consistent plus seulement à séparer deux factions mais aussi à renforcer l’état de droit, à reconstruire les infrastructures, à intégrer les anciens combattants et les femmes. Le représentant a jugé nécessaire d’agir avant que les tensions ne se transforment en conflit ouvert, ce qui implique de renforcer le système d’alerte rapide. Il a également appelé à faire participer les institutions de Bretton Woods car la pauvreté joue un rôle dans le déclenchement des conflits. Le représentant s’est ensuite félicité de la capacité accrue du Département des opérations de maintien de la paix à déployer des opérations plus rapidement. Il a ajouté que les résultats seraient meilleurs si le Département disposait de personnel immédiatement déployable et il a notamment insisté sur le renforcement des efforts en direction du personnel civil. Selon lui, la procédure appliquée pour leur recrutement doit être simplifiée à l’image de ce qui a été fait pour le personnel militaire. Il a ensuite insisté sur l’importance des programmes de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) et il a appelé les États Membres à soutenir ce type d’activités financièrement, notamment en Guinée-Bissau et au Libéria. Selon lui, il faut également renforcer les capacités des organisations régionales pour leur permettre de faire face aux crises.
Le représentant a ensuite réclamé une assistance continue en faveur de l’entraînement des troupes et de la normalisation du matériel. Il s’est félicité de la coopération entre l’ONU et la CEDEAO (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et il a appuyé la création d’un comité de sécurité unifié pour le personnel des opérations de maintien de la paix. Soulignant l’importance de pouvoir déployer rapidement des troupes, il a déploré que les recommandations du rapport Brahimi à cet égard ne soient toujours pas suivies. Il a cité en exemple les difficultés rencontrées par l’Union africaine pour se déployer au Darfour.
M. LINDA MASO (Afrique du Sud) a fait remarquer qu’en dépit des contraintes, les opérations de maintien de la paix continuaient d’apporter une contribution inestimable à la paix et à la sécurité internationales. Nous sommes tous d’accord pour reconnaître que sans ces opérations, la recherche de la paix durable serait plus difficile. Selon le représentant, la question - au vu de la situation internationale - est de savoir si les États Membres font effectivement tout leur possible pour que les missions soient des succès. Il a noté dans ce sens que la bonne volonté des pays en développement était contrariée par le manque de volonté des pays développés à les aider réellement. C’est pourquoi, il est aujourd’hui temps de mettre en pratique des partenariats visant à combler les déficits en capacités logistiques dont pâtissent les pays en développement. Réagissant à la déclaration de M. Guéhenno, le représentant a demandé que davantage de détails soient donnés s’agissant des moyens à trouver pour améliorer le déploiement rapide des capacités de l’Organisation, et concernant l’établissement d’un corps de réservistes incluant des personnels civils.
Poursuivant, il a déclaré que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient être considérées comme étant des réponses définitives au règlement des conflits. Il doit être mis en œuvre un mécanisme améliorant les conditions pour le développement socioéconomique et la bonne gouvernance dans les pays en crise. A cette fin, notre pays encourage une approche intégrée qui suppose que les efforts de consolidation de la paix sont inclus dès la phase de départ des opérations de maintien de la paix. Le plan de mission doit ainsi garantir que les spécialistes des situations post-conflit et les ressources sont déployés parallèlement aux soldats de la paix afin d’assurer la transition la plus souple entre maintien et consolidation de la paix.
M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a rappelé que son pays avait participé à plusieurs opérations dans le monde et fournit un nombre important de troupes aux opérations multinationales de paix autorisées par l’ONU en Iraq. Il a ensuite souligné que les demandes pour des opérations de maintien de la paix dépassaient aujourd’hui les capacités de l’Organisation mais aussi de toute organisation régionale. Le nombre de personnel engagé dans ces opérations devrait bientôt dépasser le nombre record de 78 000 personnes atteint en 1993, a-t-il relevé. Les opérations consistent désormais autant à consolider la paix qu’à la maintenir, ce qui implique une action aux dimensions sociales et économiques. Les mandats sont de plus en plus complexes et les ressources sont limitées. Le représentant a donc jugé nécessaire de renforcer les capacités opérationnelles de l’ONU par le biais d’une augmentation des ressources, de l’amélioration du personnel déployé et du renforcement de l’appui du Siège aux missions. Il s’est félicité des progrès effectués par le Département des opérations de maintien de la paix, notamment en matière de gestion, de réforme, de formation, etc. Selon lui, chaque situation après un conflit présente des défis uniques et le mandat de chaque mission doit donc être adapté. Il faut équiper les missions des capacités nécessaires pour qu’elles puissent réagir de façon souple et rapide à l’évolution de l’environnement. Le représentant a souligné que la coopération entre l’ONU et les mécanismes régionaux ne pouvait pas être surestimée en raison des succès enregistrés. Il s’est notamment félicité des initiatives prises par l’Union africaine et a souligné qu’il était indispensable de renforcer les capacités de maintien de la paix dans ce continent où apparaissent la plupart des besoins. Le représentant a ensuite jugé que la construction de la paix devait faire partie intégrante des mandats de maintien de la paix. Les opérations sont couronnées de succès lorsque la paix est irréversible, a-t-il déclaré, et il est donc nécessaire d’assurer la bonne gouvernance, l’État de droit et le développement. Il a donc appuyé une approche globale intégrée prenant en compte non seulement les impératifs de sécurité à court terme mais aussi les causes profondes des conflits.
Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a déclaré qu’au-delà de la résolution de conflits, le maintien de la paix suppose également d’aider les pays touchés à reconstruire leur nation sur la base du respect des droits de l’homme. Dans ces conditions, le rôle des opérations de maintien de la paix est d’aider à assurer le développement durable et la stabilité des sociétés post-conflit. Dans ce sens, leur mandat multidimensionnel doit couvrir les questions civiles, économiques, sociales et politiques. Dans ces conditions, le représentant a demandé à ce que les activités de maintien de la paix soient conduites en coopération étroite avec toutes les organismes concernés des Nations Unies, ainsi qu’avec les acteurs de la société civile et les pays contributeurs de troupes.
Mme Laohaphan a poursuivi en déclarant que l’ONU devait explorer la possibilité d’impliquer plus activement les organisations régionales car étant plus près des situations de crise, elles ont une connaissance approfondie de la complexité de leurs causes. Le représentant a estimé que le succès des missions dépendait en premier lieu de la capacité de répondre rapidement aux situations de crise en déployant des personnels dûment équipés et formés.
M. BAATAR CHOISUREN (Mongolie) a pris note des efforts accomplis par le Département des opérations de maintien de la paix, tout en relevant que la demande toujours plus importante posait des questions difficiles par rapport à l’avenir. La création d’autres opérations est encore prévue, a-t-il relevé, notant qu’on ne faisait plus de différence entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Il faut désormais accomplir toute une liste de tâches complexes, a-t-il remarqué, et le fardeau est très lourd. Pour l’alléger, il a suggéré que l’ONU coopère avec des organisations régionales et sous-régionales. Il a pris note de la proposition émise de créer des forces de réserve disponibles immédiatement et a jugé que cette idée devait faire l’objet d’un examen attentif. Cette proposition ne peut être acceptée que s’il existe un large consensus, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite évoqué les progrès accomplis par la Mongolie dans ses capacités de maintien de la paix. Une loi a été votée, qui établit le cadre pour la participation des contingents aux opérations. Il a mentionné l’importance des cours de formation organisé par le Département en direction des personnels mongols et il a cité l’établissement d’un centre régional de formation au maintien de la paix qui accueille des personnels de divers pays du monde. Grâce à l’expérience qu’elle a accumulée, la Mongolie se tient prête à participer à des opérations de maintien de la paix ou aux coalitions multinationales autorisées par le Conseil de sécurité.
M. REHMAN NASSER (Pakistan) a déclaré que son pays était fier d’être le plus important pays contributeur de troupes aux opérations de la paix des Nations Unies. Nos troupes ont participé à 30 missions, et à ce jour 82 de nos soldats ont payé de leur vie cet engagement. Il a poursuivi en notant que les opérations étaient devenues plus complexes, à l’image des crises elles-mêmes, et que désormais les opérations de maintien de la paix comprenaient également d’importants volets sociaux, économiques et juridiques. Le maintien de la paix et la consolidation de la paix n’ont jamais été aussi liés, a-t-il dit. Pour répondre à la demande accrue d’opérations de ce type, le représentant a demandé que l’on réfléchisse collectivement aux moyens à trouver pour conduire au mieux ces nouveaux mandats et pour mobiliser efficacement les ressources nécessaires.
M. Nasser a souligné l’importance du renforcement des capacités de déploiement rapide et de la reconstitution des stocks stratégiques existants en vue d’améliorer l’appui aux missions. Au chapitre de la formation, il a fait remarquer que l’accroissement de la demande nécessitait que le personnel embauché soit expérimenté, notamment celui affecté aux missions les plus difficiles. En conclusion, il a rappelé que son pays avait été un des premiers avocats de la coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Dans ce sens, il a demandé instamment au Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix du Conseil de continuer à impliquer dans ses délibérations, sur ces questions, les pays contributeurs de contingents.
S’exprimant également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, M. GLYN BERRY (Canada) a salué les progrès considérables accomplis par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). Il a jugé que la mission préparatoire des Nations Unies au Soudan était une manifestation importante du changement opéré, l’approche ponctuelle de planification des opérations appartenant désormais au passé. M. Berry a estimé que l’intensification des opérations risquait d’être durable et qu’elle rendait nécessaire le renforcement des partenariats avec les organisations régionales. Le représentant a rendu hommage au travail de l’Union africaine et a noté l’utilité de la Brigade multinationale d’intervention rapide des forces en attente des Nations Unies (BIRFA). Il s’est ensuite interrogé sur l’adéquation des ressources du DOMP à ses missions et a jugé nécessaire de le doter de mécanismes d’embauche souples lui permettant d’augmenter et de diminuer rapidement ses effectifs. Il a enfin appelé à renforcer la coopération entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité.
M. Berry a ensuite estimé que le deuxième défi résidait dans la sécurité, condition de base aux activités des opérations de maintien de la paix. Il a salué à cet égard le rapport du Secrétaire général sur un système renforcé et unifié de gestion de la sécurité pour les Nations Unies. Le troisième défi réside dans la nécessité de traiter le problème des exploitations sexuelles commises par du personnel des opérations de maintien de la paix. Tout en notant les progrès accomplis dans ce domaine, il a jugé nécessaire de poursuivre les efforts engagés, notamment en disposant d’une capacité d’enquête suffisante et en intégrant une démarche antisexiste. Enfin, il a cité, comme dernier défi, l’adoption d’une approche globale des activités de maintien de la paix. Il a ainsi souligné les liens existant entre le soutien de la paix et le développement, la primauté du droit, la bonne gouvernance, la planification efficace des opérations. En conclusion, M. Berry a jugé indispensable d’évaluer les expériences tirées des missions récentes car des divergences de vue subsistent sur la meilleure façon d’aborder les missions intégrées, qui sont complexes.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), au nom de l’Union européenne, a déclaré que l’Europe élargie a mis en place différents instruments pour la prévention et la gestion des crises. À ce jour, l’Union a ainsi conduit des opérations militaires et civiles en Bosnie, en ex-République yougoslave de Macédoine, en République démocratique du Congo et en Géorgie. Poursuivant, le représentant a rappelé qu’en matière de gestion des crises, la coopération entre les Nations Unies et l’UE était fondée sur l’engagement de celle-ci à l’égard d’un système multilatéral efficace ayant les Nations Unies en son centre, et que la signature, l’an passé, de la Déclaration commune sur la coopération dans la gestion des crises avait pour but de mettre en pratique un programme de travail pour les opérations dans les Balkans et en Afrique.
Concernant la coopération régionale, le représentant a salué les partenariats mis en place entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, ces organisations ajoutant du crédit aux opérations de maintien de la paix de l’ONU en incluant des capacités de réaction rapide et des personnels civils et policiers. L’implication des mécanismes régionaux peut aussi contribuer à l’appropriation des efforts de gestion des crises par les acteurs régionaux.
Le représentant a ensuite plaidé pour un renforcement des capacités opérationnelles des Nations Unies de même que des capacités de l’Afrique dans le domaine du maintien de la paix. Il a rappelé que l’UE avait largement accru son assistance dans ce domaine. La Facilité européenne de soutien à la paix à l’Afrique est entrée en vigueur en mai 2004, et son fonctionnement est basé sur les intérêts africains et la solidarité. Dans le cadre de la Facilité, les demandes de financement des opérations de la paix en Afrique doivent être désormais initiées et mises en œuvre via l’Union africaine et/ou les organisations sous-régionales du continent. Le représentant a en outre demandé que les femmes soient davantage présentes dans les opérations de maintien de la paix, et participent aux processus de prise de décisions.
M. SERIK ZHANIBEKOV (Kazakhstan) a rappelé que son pays avait payé tous ses arriérés au budget du maintien de la paix. Mettant l’accent sur l’action préventive, il a également estimé que la consolidation de la paix post-conflit et les efforts déployés pour protéger les populations civiles constituaient des éléments importants de l’action de l’ONU. Le représentant s’est déclaré favorable au renforcement de l’action préventive et à la création d’un centre pour la diplomatie préventive en Asie centrale. L’ONU doit accorder une attention particulière à l’élargissement de la participation des organisations régionales aux opérations, aux fins d’une meilleure efficacité, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite évoqué les problèmes de sécurité auxquels faisait face le personnel civil des missions de l’ONU et il a appelé à améliorer la planification des opérations de maintien de la paix. Il a rappelé que son pays était prêt à fournir du personnel, des moyens techniques et de transport pour les opérations de maintien de la paix (OMP) et qu’il souhaitait contribuer plus activement aux opérations d’achat. Il a regretté que les nombreux candidats kazakhs postulant au Département des OMP n’aient pas reçu une seule réponse positive, en dépit de leur expérience. Il faut une collaboration plus étroite en faveur de la formation des personnels, a-t-il jugé. M. Zhanibekov a ensuite estimé que les femmes devaient participer, de façon pleine et entière, à la prise de décisions à tous les niveaux. Il a espéré que le débat prévu sur cette question le 28 octobre au Conseil de sécurité permettrait de faire des progrès.
M. WEGGER CHRISTIAN STRØMMEN (Norvège) a émis le souhait qu’une mission des Nations Unies soit déployée au Darfour dans un avenir proche. Cette mission intégrée aurait à faire face aux défis inhérents à un maintien de la paix multidimensionnel. Il a déclaré que, dans ce cadre, la coordination et la cohérence étaient les principes directeurs de l’action des Nations Unies. Et si beaucoup a été fait depuis la publication du rapport Brahimi, il convient d’améliorer les mécanismes de planification entre toutes les entités concernées. Les aspects relatifs au développement méritent également une attention particulière, des missions intégrées devant pouvoir tirer profit de l’expertise des organisations humanitaires sur le terrain.
Le représentant a demandé que soit combattu la circulation excessive des petites armes et des armes légères, ces arsenaux entretenant certaines situations de conflit et rendant compliqué et dangereux le travail des soldats de la paix.
M. MARTIN CHUNGONG AYAFOR (Cameroun) a estimé que la hausse du nombre de missions de la paix constituait tant un espoir pour les peuples affectés par des conflits qu’un défi lancé aux Nations Unies. Il a salué les progrès accomplis par le Département des opérations de maintien de la paix depuis le rapport Brahimi mais a jugé qu’il restait beaucoup à faire. L’accroissement du nombre de missions va de pair avec l’augmentation des besoins financiers, a-t-il souligné. Les nouvelles missions et le renforcement des missions existantes coûteront un milliard de dollars. Il a donc appelé les États Membres à redoubler leurs efforts en déployant encore davantage de troupes. Le représentant a remarqué que les missions étaient non seulement plus nombreuses mais aussi de plus en plus complexes. Il faut donc une concertation régulière entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il faut adopter une approche globale et intégrée, tout en faisant appel à la société civile et aux institutions. Il faut également redéfinir la fonction de coordination des Représentants spéciaux, a-t-il déclaré. Le représentant a ensuite souligné l’importance de la formation du personnel ainsi que l’importance du déploiement rapide des troupes, lequel nécessite un matériel de qualité, notamment dans les pays en développement. Il a rendu hommage aux soldats de l’ONU morts cette année et a insisté sur la nécessité de développer des moyens d’intelligence pour prévenir les attaques contre le personnel. Une suite rapide doit être donnée à la demande du Secrétaire général d’établir un point de contact permanent et un groupe de gestion de la sécurité au sein du Département, a-t-il estimé. Il a également jugé que les activités de maintien de la paix des organisations régionales étaient complémentaires de celles de l’ONU et il a salué les efforts de renforcement des capacités africaines. Le représentant a enfin rappelé que le Cameroun participait de plus en plus aux opérations dans diverses régions du monde en fournissant du personnel et il a affirmé que son pays était prêt à accueillir des stages de formation.
M. MARCOS FUENMAYOR-CONTRERAS (Venezuela) a déclaré que les opérations de maintien de la paix qui constituent un instrument efficace, doivent être conformes aux dispositions de la Charte des Nations Unies. Elles doivent être guidées par les principes tels que le consentement des parties. Les opérations ne sauraient remplacer une solution véritable s’attaquant aux racines profondes des conflits, a-t-il poursuivi. Le Venezuela est d’avis que la prévention des conflits est le moyen le plus efficace pour éviter que ne surviennent des troubles générateurs d’instabilité qui sapent tout effort de développement durable.
Le représentant a rappelé que le maintien de la paix devait aller de pair avec le respect de la souveraineté, la non-ingérence dans les affaires internes et le droit à l’autodétermination des peuples. S’exprimant à propos de la mission en Haïti, il a soutenu l’assistance humanitaire fournie, à la condition que les Haïtiens puissent en tirer parti sans l’ingérence d’intermédiaires agissant à des fins politiques. En conclusion, M. Fuenmayor a plaidé pour la démocratisation des organes de décision des Nations Unies. Le droit de veto, privilège d’un tout petit nombre de pays, continue de faire peser des soupçons sur les motivations véritables qui déterminent l’envoi ou non de missions de maintien de la paix, a-t-il regretté.
M. HARON HASSAN (Jordanie) s’est félicité des efforts accomplis en faveur de l’état de droit. Il a rappelé que la Jordanie s’est jointe à l’Allemagne et à la Finlande pour proposer plusieurs options au Secrétaire général dans le but d’améliorer la situation. Une meilleure coordination entre les acteurs est nécessaire et il faudrait établir un département spécialisé dans le domaine de l’état de droit, qui combine l’expérience du Département des opérations de maintien de la paix et l’expertise du Bureau des affaires juridiques, a-t-il suggéré. Ce département fournirait de l’assistance aux missions et aux pays hôtes qui en feraient la demande. M. Hassan a ensuite jugé que le déploiement rapide était avant tout une question de bonne volonté. Il a jugé que les Nations Unies devaient prêter une attention particulière à établir un équilibre entre le besoin d’information dans un contexte dangereux et la sécurité des personnels chargés de recueillir cette information sur le terrain. Le représentant a ensuite affirmé accorder beaucoup d’importance à la question des mesures disciplinaires et attendre le rapport que le Secrétaire général doit rendre sur cette question. Il a également soutenu que tous les États Membres devaient s’acquitter de leur contribution, soulignant la responsabilité particulière qui incombe aux membres permanents du Conseil de sécurité. M. Hassan a également insisté sur l’importance des activités de déminage.
M. MARC-ALAIN STRITT (Suisse) a déclaré qu’il fallait poursuivre les efforts de renforcement du maintien de la paix de l’ONU par la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi et par une bonne prise en compte des expériences faites par le passé. La décision d’engager de nouvelles missions doit reposer sur des garanties sérieuses de financements adéquats, de personnel bien formé et d’équipements adaptés au mandat. Poursuivant, le représentant a affirmé que dans la définition et la planification des missions, comme dans leur mise en œuvre, les Nations Unies devraient s’inspirer d’une stratégie à long terme, la présence d’une opération de paix devant s’inscrire dans le cadre d’efforts durables.
Dans ce sens, les progrès recherchés activement dans la mise en œuvre d’une bonne intégration entre les différentes composantes des missions sont essentiels, a-t-il dit. Une stratégie à long terme devrait comporter des activités liées, entre autres, à l’établissement ou à la reconstruction des institutions, la promotion des droits de l’homme, le retour des réfugiés et déplacés ainsi que la relance des activités économiques.
* *** *