En cours au Siège de l'ONU

CPSD/287

LA QUATRIÈME COMMISSION POURSUIT SON DÉBAT SUR LA DÉCOLONISATION ET ENTEND DES PÉTITIONNAIRES SUR LE SAHARA OCCIDENTAL

07/10/2004
Communiqué de presse
CPSD/287


Quatrième Commission

5e séance – après-midi


LA QUATRIÈME COMMISSION POURSUIT SON DÉBAT SUR LA DÉCOLONISATION

ET ENTEND DES PÉTITIONNAIRES SUR LE SAHARA OCCIDENTAL


La Quatrième Commission a poursuivi cet après-midi son débat général sur la décolonisation, au cours duquel les délégations ont de nouveau insisté sur la nécessité de diffuser le plus largement possible les informations relatives aux 16 territoires encore non autonomes, ceci afin d’assurer un appui de l’opinion publique aux processus d’autodétermination.  Elles ont aussi réitéré le besoin  d’informer les peuples concernés des choix qu’ils peuvent opérer dans ce cadre.  Aujourd’hui encore, les représentants des États Membres ont fait valoir que les missions de visite sur le terrain du Comité spécial de la décolonisation sont l’un des meilleurs moyens d’évaluer la situation.


La Commission a aussi entendu cet après-midi une série de pétitionnaires qui ont exprimé leur ferme soutien au droit è l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  Plusieurs d’entre eux ont évoqué les conditions de vie difficiles dans les camps de réfugiés.  La pétitionnaire mandatée par le Comité belge de soutien au peuple sahraoui a évoqué les retards dans l’acheminement de produits alimentaires et les risques afférents de pénuries qui entraînent des retards de croissance et de scolarité chez certains enfants.  La plupart des pétitionnaires ont néanmoins salué les réalisations du peuple sahraoui en matière d'infrastructures sociales et politiques et de respect des droits de l’homme.  Par ailleurs, ils ont dénoncé « l'exploitation illégale » selon eux, des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc.  Tous ont demandé à la communauté internationale de prendre ses responsabilités pour que soit enfin mis en œuvre un référendum d'autodétermination libre et transparent, unique voie pour un règlement juste et durable du conflit et une stabilisation de la région.


Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat sur la décolonisation: Inde, Bahreïn, Fidji et Tanzanie.  La Commission a ensuite entendu une série de pétitionnaires sur le Sahara occidental.


Dans le cadre des auditions de pétitionnaires, les représentants des organisations suivantes sont intervenus: Federacion Estatal de Instituciones Solidarias con el Pueblo Saharaui; Association internationale des juristes pour le Sahara occidental; Parlement basque et de Intergroupe « Paix et liberté au Sahara » au Parlement européen; Ligue espagnole des droits de l'homme; Association américaine des juristes; Spanish Section of the European Council of African Studies; Coordinadora Estatal de Asociacion de amigos del pueblo Saharaui; Asociacion periodistas especializados en musica, ocio y cultura; Comité de soutien belge au Sahara occidental; Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique;  Fondation des Pays-Bas pour l'autonomie du Sahara occidental; Comité Méditerranée; We International.


La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur la décolonisation le vendredi 8 octobre à 15 heures.


COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION


Débat sur les questions de décolonisation


M. NILOTPAL BASU (Inde) a prévenu que plusieurs autres décennies risquaient d'être nécessaires pour achever le processus de décolonisation si les efforts en ce sens ne s'intensifiaient pas.  Il a mis l'accent sur la nécessité d'adopter une approche au cas par cas pour chaque territoire non autonome.  Il a ensuite insisté sur la diffusion d'informations aux peuples de ces territoires afin qu'ils prennent conscience des options politiques qui s'offrent à eux.  Il a également souligné l'importance des missions de visite du Comité spécial dans les territoires en vue d'y collecter des informations de première main et il a appelé les Puissances administrantes à faciliter ces visites.  Il a ensuite insisté sur l'importance d'organiser des séminaires régionaux pour mobiliser l'opinion.  Il a d'ailleurs suggéré de combiner visites et séminaires afin d'optimiser les informations disponibles.  Il a appelé les puissances administrantes à renforcer encore leur coopération.  Le représentant a ainsi salué l'engagement de la Nouvelle-Zélande lors de la visite du Comité aux Tokélaou et le soutien apporté par le Royaume-Uni lors de l'organisation d'un séminaire régional à Anguilla, le premier à s'être déroulé dans un territoire non autonome.  M. Basu a enfin appuyé la proposition du Président du Comité des Vingt-Quatre de réviser à mi-parcours l'application du Plan d'action de la deuxième Décennie internationale de l'élimination du colonialisme afin d'accélérer ce processus.  De même, il a appuyé la proposition visant à instaurer un mécanisme au sein du Comité qui permette d'étudier chaque année l'application des recommandations relatives à la décolonisation.


M. FAISAL AL-ZAYANI (Barhreïn) a rappelé que l’objectif fixé pour la deuxième Décennie de l’élimination du colonialisme était de parvenir à une décolonisation complète d’ici 2010.  Revenant sur la Déclaration du millénaire de septembre 2000, le représentant a encore déclaré qu’elle avait été d’une utilité certaine dans le sens de l’accomplissement de la décolonisation, les chefs d’États ayant renouvelé leur volonté de mettre en œuvre tous leurs efforts pour garantir à tous les peuples l’exercice de leur droit à l’autodétermination.  La Deuxième décennie reprend les termes de la Charte  et le credo qu’elle affirme en les droits de l’homme: l’égalité des sexes, le respect des droits des nations qu’elles soient grandes ou petites, faire avancer le développement social et instaurer un climat de liberté pour tous.  Malgré ces démonstrations de bonne volonté, l’impérialisme a toujours cours.  Dans ce cadre, l’action du Comité spécial doit être saluée.  En conclusion, le représentant a affirmé que, dans les situations de dépendance, il était difficile de trouver les conditions d’un développement économique et culturel durable.


M. FILIMONE KAU (Fidji) a salué le travail remarquable accompli par les Nations Unies en matière de décolonisation, même s'il reste encore 16 territoires non autonomes.  Leur décolonisation ne peut s'achever en une nuit et nous devons donc faire preuve de tolérance et de compréhension, a-t-il déclaré, ajoutant qu'il espérait que les parties sauraient travailler pacifiquement ensemble pour trouver des solutions.  Il a réitéré l'engagement de Fidji à veiller à ce que les territoires voisins progressent.  Il a salué le comportement de la Nouvelle-Zélande, qui a permis de faire avancer le cas des Tokélaou et qui a apporté son soutien au développement socioéconomique de ce territoire.  Il a également salué les progrès accomplis par le peuple canaque en Nouvelle-Calédonie dans le cadre des Accords de Matignon et de Nouméa.  Le représentant a enfin remercié la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour avoir accueilli le dernier séminaire régional et s'est déclaré impatient que le prochain séminaire s'ouvre dans les Caraïbes.


Mme GRACE MUJUMA (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que le récent séminaire tenu à Madang, en Papouasie- Nouvelle-Guinée en mai dernier, avait permis de faire de nombreuses avancées dans la mise en œuvre du Plan d’action pour la deuxième Décennie de l’élimination du colonialisme.  Ce séminaire fait partie des activités menées dans le sillage de cette Commission dédiée à trouver les stratégies adéquates au processus de décolonisation, a poursuivi Mme Mujuma.  Dans ce cadre, nous estimons que l’information est une composante essentielle de ce processus, a-t-elle encore déclaré.  C’est pourquoi, il est important que les travaux du Comité spécial puissent être le plus largement diffusés, notamment les parties relatives aux options dont les peuples des territoires non autonomes  peuvent bénéficier dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination.  Nous continuons par ailleurs à encourager l’envoi de missions de visite des Nations Unies sur le terrain, cela dans un esprit de coopération entre les parties.  S’agissant de la question du Sahara occidental, notre pays soutien la mise en œuvre rapide du Plan de paix des Nations Unies, qui constitue à nos yeux la meilleure solution aux problèmes.


Audition de pétitionnaires


M. ANTONIO LÓPEZ ORTIZ, Federacìon Estatal de Instituciones Solidarias con el Peublo Saharaui), a expliqué que cette Fédération regroupe plus de 500 autorités locales qui ont des activités humanitaires s’adressant au peuple sahraoui et qu'elles appuient le Plan de paix des Nations Unies.  Il a rappelé que le Gouvernement espagnol avait facilité en 1975 l’occupation illégale du Sahara occidental.  Il a ensuite souligné que l’organisation d’un référendum d’autodétermination avait été acceptée tant par le Maroc que par le Front POLISARIO en 1992.  Cependant ni la nomination de James Baker en 1977, ni la signature des Accords de Houston n’ont permis de surmonter les obstacles continuellement dressés par le Maroc pour empêcher la tenue d’un référendum.  Le Maroc a fait échouer le Plan de paix et n’entretient aucun désir de respecter le droit international car ce pays n’acceptera un référendum que s’il garantit le caractère marocain du Sahara, a dit M. Lopez Ortiz.  Le pétitionnaire s’est alarmé du manque de fermeté du Conseil de sécurité, qui, selon lui, explique la récente démission de James Baker.  Il a appelé les Nations Unies à faire appliquer leurs résolutions par le Maroc.  La crédibilité de l'Organisation est en jeu, tout comme la stabilité de l’Afrique du nord-est, a-t-il affirmé.  M. Lopez Ortiz a dénoncé les propositions naïves émises récemment par certains gouvernements, dont l'Espagne, qui placent sur un pied d’égalité un peuple victime et son envahisseur.  Il a également dénoncé la signature d’accords économiques avec le Maroc, qui s’approprie des ressources provenant d’un territoire qui n’est pas encore décolonisé.  M. Lopez Ortiz a réclamé la nomination d'un envoyé spécial de haut niveau.  Estimant que le temps était venu d’user de contrainte si nécessaire, il a appelé le Conseil de sécurité à passer du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies sur le « Règlement pacifique des différends » au Chapitre VII consacré à l’« Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression ».  Ce qui a été possible en Namibie et au Timor-Leste doit être possible au Sahara occidental, a-t-il conclu.


M. FELIPE BRIONES, International Association of Jurists for Western Sahara, a demandé que le Conseil de sécurité qualifie formellement le Sahara occidental de « territoire occupé », et cela dans les mêmes termes que ceux qualifiant Gaza et la Cisjordanie depuis 1980, et le Timor oriental en 1975.  Selon M. Briones, une telle qualification permettrait d’offrir aux civils la protection auxquels ils ont droit en temps de guerre, d’interdire formellement les atteintes aux droits de l’homme et l’exploitation des ressources naturelles du « territoire occupé ».  M. Briones a poursuivi en estimant que le mur  de 2 500 kms érigé par le Maroc était un « mur d’apartheid » qui humilie le peuple du Sahara occidental depuis deux décennies.  De plus, une telle séparation rend encore plus difficile l’exercice du droit à l’autodétermination des Sahraouis, en ceci qu’il divise la population et cause d’importants déséquilibres démographiques et topographiques.  Regrettant le manque de fermeté du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental, M. Briones a considéré que ce cas de colonialisme était un anachronisme qui sape la crédibilité du Conseil, quand, a-t-il dit, près de la moitié des pays du monde ont reconnu la légitimité de la République sahraouie en tant qu’État.


M. TXOMIN AURREKOETXEA, Parlement basque et Président de l’Intergroupe « Paix et liberté au Sahara » au Parlement européen, a estimé que l’exemple du Timor-Leste devait être suivi au Sahara occidental.  Le pétitionnaire a ensuite dénoncé les souffrances infligées au peuple sahraoui par le régime militaire d’occupation marocain.  Une large proportion des Sahraouis vit dans des camps de réfugiés en Algérie depuis 1975, où elle souffre de malnutrition et manque d’eau potable, a-t-il poursuivi.  Pourtant ce peuple a de lui-même établi des infrastructures éducatives et sanitaires remarquables, et pratique l’égalité des sexes, a-t-il expliqué.  Il a cependant prévenu que les stocks d'aide alimentaire menaçaient de s'épuiser.  Sans les efforts du Front POLISARIO, de l’Algérie et d’organisations humanitaires, le peuple sahraoui aurait déjà été victime d’un génocide, a-t-il affirmé.  M. Aurrekoetxea a enfin rappelé que lors de sa visite dans les camps de réfugiés de Tindouf en 1998, le Secrétaire général avait affirmé que l’ONU disposait des moyens nécessaires pour assurer l'application des Accords de Houston.  Je demande que le Conseil de sécurité passe du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies sur le « Règlement pacifique des différends » au Chapitre VII consacré à l’« Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression », a-t-il conclu.


M. FRANCISCO JOSÉ ALONSO RODRIGUEZ, Ligue espagnole des droits de l’homme,  a, s’agissant de la question du Sahara occidental, évoqué « l’un des conflits les  plus scandaleusement passés sous silence de notre époque ». Il existe différents  centres de détention secrets où l’on enferme et torture, et aucun de ces centres ne sont reconnus sauf lorsque le Maroc libère l’un des 500 détenus sahraouis, a-t-il affirmé.  Les plaintes déposées par les victimes ou leurs familles sont toujours rejetées malgré le fait que les victimes apportent les preuves physiques des brimades subies, a-t-il continué.  Ce scandale se double de celui de la passivité de la communauté internationale puisqu’il n’existe pas, au fond, de réelles pressions exercées à l’encontre du Maroc.  Le pétitionnaire a affirmé que les droits de l’homme ne seraient jamais pleinement protégés aussi longtemps que celui-ci n’aura pas exercé son droit à l’autodétermination par le biais d’un  référendum d’autodétermination libre et juste et a rejeté ce qui est appelé la « Troisième voie ».


Mme VANESSA RAMOS, American Association of Jurists, a affirmé la nécessité d’un référendum libre et transparent sous le contrôle des Nations Unies au Sahara occidental.  L'Espagne a le devoir de traiter cette question comme un cas de décolonisation et les Nations Unies ont l'obligation de défendre les peuples, a-t-elle affirmé. Elle a regretté l’obstruction marocaine et a prévenu que si le peuple sahraoui n'obtenait aucune réponse, le risque était grand qu'une guerre embrase toute la région.  Mme Ramos a ensuite reconnu que le Plan de règlement avait été positif puisqu'il avait donné naissance à la MINURSO, au cessez-le-feu, à l'élaboration d'une liste d'électeurs et d'un embryon de liste de prisonniers. Mais si le chef du Front POLISARIO s'était montré disposé à négocier, il avait averti qu'il pourrait recourir aux armes si le Maroc tentait d'étouffer les Sahraouis.


Mme Ramos a ensuite demandé aux Nations Unies de protéger l'intégrité territoriale et les ressources naturelles du Sahara occidental.  Ce sont ces ressources, et surtout le pétrole, qui font de ce territoire un objet de convoitise, a-t-elle déclaré.  Les Accords de Madrid ont instauré une administration provisoire, mais ils n'ont accordé le statut de Puissance administrante à aucun signataire, a-t-elle souligné.  Mme Ramos a conclu en appelant les États Membres à reconnaître la République arabe sahraouie démocratique, tout comme l'avait fait l'Afrique du Sud.


M. JAVIER MORILLAS, Spanish Section of the European Council of African Studies, a demandé devant la Commission pourquoi il avait été juste d’envahir l’Iraq afin de libérer le Koweït alors qu’aujourd’hui, personne ne permet au Sahara occidental d’exercer son droit à l’autodétermination.  La communauté internationale a sommé la Syrie de quitter le Liban, pourquoi le Maroc ne devrait-il alors pas quitter le Sahara occidental, a–t-il encore demandé.  Nous entendons parler des conflits tchétchène et palestinien à cause des actes terroristes.  Le peuple sahraoui mène de son côté une lutte avec des moyens pacifiques.  Dans ce contexte, le pétitionnaire a regretté que l’attention se porte toujours sur ceux qui tuent.


M. FERNANDO IÑIGUEZ, Asociacion Periodistas Especializados en Musica, Ocio y Cultura (PEMOC), a expliqué que son association regroupait des journalistes spécialisés dans la musique, l’art et les spectacles.  Il a évoqué la culture sahraouie, qui a permis à ce peuple de conserver son identité que certains, et notamment le Maroc, sont déterminés à enterrer sous le sable.  C’est la trahison du Gouvernement espagnol en 1975 qui a abouti à scinder le Sahara occidental entre la Mauritanie et le Maroc, a-t-il rappelé.  Aujourd’hui plus de 250 associations espagnoles oeuvrent en faveur de la cause sahraouie, afin de réparer cette trahison qui permit au Roi Hassan II de procéder à un nettoyage ethnique.  Nous avons lutté contre l’attitude des Gouvernements espagnols successifs qui passaient sous silence le problème sahraoui, a-t-il ajouté.


M. Iñiguez a ensuite déclaré qu’il n’était pas possible de traiter de la même façon les envahisseurs et leurs victimes.  La coopération avec le Maroc est fondamentale, mais toutes les parties doivent respecter les droits des Sahraouis, ce qui vaut aussi pour l’Espagne en raison de sa responsabilité historique, a-t-il lancé.  Il a rappelé que le Sahara occidental était occupé par l’armée marocaine et que ses ressources étaient pillées quotidiennement.  Regrettant que personne n’oblige les Nations Unies à respecter leurs engagements, ni le Maroc à appliquer le Plan de paix qu’il a signé, M. Iñiguez a jugé que le temps de la solidarité devait laisser place à l’action politique.


Mme GREET DECAUSMAECKER, mandatée par le Comité belge de soutien au peuple sahraoui, a évoqué la situation alimentaire dans le Sahara occidental.  Les deux organisations les plus importantes dans ce domaine sont le PAM (Programme alimentaire mondial) et ECHO (European Community Humanatarian Office), a expliqué Mme Decausmaeker, précisant que le nombre de réfugiés était passé, de 1986 à 2004, de 80 000 à 155 430.  Le PAM, a–t-elle poursuivi, a adopté un nouveau plan biennal en mai de cette année, et il est maintenant en mesure de mieux assumer son mandat grâce aux interventions d’ECHO.  Mais les procédures très lourdes provoquent des retards dans l’acheminement des produits alimentaires et donc des risques de pénuries ou même des ruptures de stock, a encore déclaré la représentante.  Les aides de l’Algérie, de l’Espagne, de l’Italie et de la Belgique sont, dans ce contexte, toujours nécessaires pour pallier ces risques.  Mais en dépit de ces efforts communs, le peuple sahraoui subit les conséquences de 29 ans d’exil: le retard de croissance et de scolarité des enfants de 13 à 15 ans est lié à la non diversification du panier alimentaire, de même que l’anémie qui touche nombre de femmes.


En conclusion, Mme Decausmaeker a déclaré qu’il était évident que les réfugiés sahraouis, comme tous les réfugiés du monde, ont droit à une protection et une assistance adéquate, tant que la situation l’exige, tant que le conflit du Sahara occidental n’aboutit pas à une solution définitive.   


M. JULIEN DEDENIS, Association des amis de la République arabe sahraouie, a rappelé que 165 000 Sahraouis vivaient dans des camps en Algérie dans des conditions difficiles, « tandis que le Maroc occupe et exploite illégitimement ce qu’il nomme le Sahara utile ».  Le royaume chérifien essaie de légitimer a posteriori une situation imposée par la force, a-t-il estimé.  Il a ensuite rendu hommage à James Baker, qui a favorisé la constitution du corps électoral pour le référendum d’autodétermination.  Le cessez-le-feu de 1991 et l’application des mesures de confiance depuis mars 2004 ont permis une relative amélioration des conditions de vie dans les camps, a-t-il reconnu.  Affirmant le rôle incontournable de l’ONU pour la résolution du conflit, il a rappelé que le référendum était prêt sur le papier puisque le corps électoral et les règles applicables étaient constitués.  La MINURSO conserve toute sa légitimité tant que ce référendum n’aura pas été organisé, a-t-il ajouté.


Il a ensuite souligné le drame humain vécu par la population sahraouie. Evoquant la précarité alimentaire dans laquelle vivent les réfugiés et le manque généralisé de matériel, il a rendu hommage au travail remarquable accompli par les Sahraouis eux-mêmes.  Le peuple sahraoui a créé quatre villes d’environ 40 000 habitants, chacune en plein désert, sans eau ni électricité mais parfaitement propres.  Un système éducatif et de formation a été mis en place et un système de santé créé de toutes pièces.  Il a ensuite expliqué que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) s’était dotée progressivement des institutions classiques d’un État, estimant que cette préparation du retour donnait un sens à l’exil sahraoui. Soulignant la bienveillante collaboration de l’Algérie, pays d’accueil, et l’aide apportée par les Nations Unies, M. Dedenis a rendu hommage à l’inaltérable motivation des Sahraouis à disposer d’eux-mêmes.  Il a conclu en souhaitant que M. Alvaro de Soto parvienne à organiser enfin le référendum d’autodétermination.


M. CHARLES SCHEINER, représentant de la Netherlands Foundation for Self-determination in Western Sahara, a déclaré que les richesses minérales du Sahara occidental étaient exploitées par le Royaume du Maroc d’une façon qui ne profite en rien au peuple sahraoui.  Le phosphate des mines de Bou Craa est ainsi extrait sans mesure par l’occupant d’une manière qui menace les réserves futures, a poursuivi M. Scheiner.  Les eaux territoriales sont également exploitées sans vergogne par le Maroc, qui puise dans les importants bancs de poissons du Sahara occidental, a-t-il ajouté, ce qui met en péril l’industrie de la pêche pour les générations sahraouies à venir. 


La politique économique d’annexion du Maroc constitue clairement une violation du droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.  Dans ce conflit, le seul représentant qui devrait être consulté sur l’exploitation des richesses naturelles de ce territoire est celui du Front POLISARIO.  En aucun cas, le Royaume du Maroc ne peut être autorisé à continuer de compromettre l’avenir d’un peuple tout entier.  


M. TARIK BELKHODJA, Comité Méditerranée, a expliqué que son organisation était membre de la Plateforme de solidarité avec la République arabe du Sahara démocratique (RASD).  Il a participé à une mission d’observation dans les camps de la MINURSO au mois d’avril, a-t-il déclaré, ce qui lui a permis d’évaluer les conditions particulièrement difficiles dans les camps de réfugiés. Le peuple sahraoui a réussi à construire une société et un État avec des moyens plus que modestes, démontrant ainsi sa capacité à prendre en main sa destinée, a-t-il déclaré.  M. Belkhodja a ensuite attiré l’attention de la Commission sur l’état d’esprit qui règne parmi les réfugiés.  Le programme de mesures de confiance a permis à de nombreuses personnes de revoir les parents proches desquels la guerre d’indépendance les avait séparés, mais le programme a également rouvert des plaies, a-t-il déclaré.  Le doute et la colère ne cessent de progresser parmi les réfugiés, d’autant que le programme a été suspendu au bout de trois mois.  M. Belkhodja a souligné la montée du sentiment d’injustice et le manque de perspective de nombreux Sahraouis.  Saluant le courage politique de l’Afrique du Sud, qui a reconnu la RASD, il s’est demandé pourquoi il ne serait pas possible d’organiser un référendum au Sahara occidental comme cela a été fait au Timor Oriental.  Tout en reconnaissant que le Front POLISARIO ne ménageait aucun effort pour la paix, il a souligné que de nombreux mouvements pour l’indépendance avaient opté pour l’action militaire dans le monde.  Les générations de jeunes qui vivent dans les camps n’ont pas connu la guerre et ses souffrances, et ils doutent tant des résolutions de l'ONU que de la pertinence du cessez-le-feu, a-t-il averti.


M. DAVID J. LIPPIAT, Président de l’Organisation We International, a déclaré que depuis 30 ans les réfugiés sahraouis attendent dans les camps.  Pendant ce temps, le Maroc maintient sa domination illégale sur ce peuple.  Des milliers de réfugiés et de prisonniers ont disparu.  Le Maroc s’est obstiné à renvoyer l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  Ce peuple exemplaire mène une lutte pacifique.  Il a fait beaucoup de concessions sans qu’en retour le Maroc ait fait le moindre geste dans le sens d’une solution négociée au conflit.  Le Maroc ne veut pas considérer ce territoire autrement que comme une de ses provinces.  Cet entêtement fait fi du sort de la population, notamment des enfants dont les espoirs sont déçus d’avance.  Les Sahraouis veulent être libres et vivre sur leur propre terre.  Ils ne veulent pas être des prisonniers chez eux ou des réfugiés sur le territoire des autres.  Si l’invasion du Maroc avait lieu aujourd’hui, quelle serait la réaction de la communauté internationale?  Si le peuple du Sahara occidental recourait à l’action terroriste, quel impact cela aurait-il sur le retentissement de sa cause?  Pendant qu’il est encore temps, je vous demande d’agir dans l’intérêt de ce peuple en mettant tout en oeuvre pour qu’ait lieu le référendum sur l’autodétermination, a conclu le représentant.


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