COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: TOUT EN RESPECTANT L’OMC, LA CNUCED A UN RÔLE MAJEUR À JOUER DANS LA RÉFLEXION SUR LE COMMERCE MONDIAL, SELON DES DÉLÉGATIONS
Communiqué de presse AG/EF/3089 |
Deuxième Commission
23e & 24e séances – matin & après-midi
COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: TOUT EN RESPECTANT L’OMC, LA CNUCED A UN RÔLE MAJEUR À JOUER DANS LA RÉFLEXION SUR LE COMMERCE MONDIAL, SELON DES DÉLÉGATIONS
« Conformément aux documents du Consensus et de l’Esprit de Sao Paulo, adoptés par la onzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XI), la communauté internationale doit créer un système de commerce multilatéral ouvert, équitable, basé sur des règles garantissant un fonctionnement prévisible, et non discriminatoire de ses mécanismes », a déclaré ce matin le représentant du Qatar, qui s’adressait à la Commission économique et financière (Deuxième Commission), au nom des États du Groupe des 77 et de la Chine.
Jugées comme principales sources de mobilisation des ressources susceptibles de soutenir la promotion du développement et la création des emplois qui permettraient aux pays du Sud de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les questions liées au commerce international et aux produits de base étaient aujourd’hui à l’ordre du jour de la Deuxième Commission. À cet égard, dans la perspective de la reprise des négociations du Cycle de Doha, les pays en développement ont estimé qu’il fallait assurer l’équité, la transparence et la justice, par une participation plus accrue de leurs représentants aux délibérations et à la prise de décisions. Se félicitant de l’élimination des questions dites de Singapour de l’agenda de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un certain nombre de délégations ont réclamé une meilleure ouverture des marchés des pays Nord dans le domaine agricole, et l’élimination, dans les meilleurs délais, des subventions versées par les pays de l’OCDE à leurs producteurs et à leurs exportateurs de produits agricoles.
Rappelant les causes de l’échec de la Réunion ministérielle de l’OMC tenue l’an dernier à Cancun, des délégations, dont celles du Mali et du Burkina Faso, qui ont formé avec le Bénin et le Tchad un groupe de défense des producteurs africains de coton, ont demandé une véritable libéralisation du marché et l’élimination des subventions qui créent des distorsions dans le commerce de ce produit de base dont dépendent leurs économies. La Chine, l’Inde et le Pakistan ont pour leur part exigé le respect par les pays développés de la date du 1er janvier 2005, qui marquera la fin du régime international de quotas sur le commerce des produits textiles. Aucun nouveau régime protectionniste ou de quotas ne devra être proposé dans ce domaine, a souligné le représentant de la Chine qui s’est ensuite félicité que les secteurs du textile et de la confection aient été intégrés au système commercial multilatéral. Louant le rôle joué par la CNUCED qui, à Sao Paulo, a « restauré la confiance des pays envers le système multilatéral de commerce », le représentant de la Chine a déclaré qu’au vu des défis que pose la mondialisation aux pays en développement, le mandat de cette institution devrait être renforcé et non pas affaibli, pour lui permettre de mieux soutenir la promotion du commerce et de la croissance économique dans les pays défavorisés.
Comme la plupart des autres délégations, celle des États-Unis a apporté son soutien à l’adoption par l’OMC, au mois de juillet dernier, d’une série d’engagements permettant la relance des négociations du Cycle de Doha. Après avoir rappelé que ces engagements avaient notamment trait à l’élimination des subventions agricoles; à l’établissement de règles de discipline régissant l’attribution de crédits à l’exportation, et à l’accès aux marchés, la représentante des États-Unis a estimé que l’OMC était le seul cadre approprié pour examiner les questions commerciales. L’action menée par d’autres forums, « qui prétendent redéfinir la nature du Cycle de Doha », risque d’être contre-productive, a dit la représentante. Intervenant après cette remarque, le représentant de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a indiqué que le mandat de cette institution des Nations Unies respectait celui de l’OMC. La réflexion menée par la CNUCED et son assistance aux pays en développement sont complémentaires des tâches menées par l’OMC, et apportent un autre point de vue enrichissant à la réflexion sur le commerce, a estimé M. Carlos Fortin. L’idée de promouvoir le commerce Sud-Sud, adoptée à l’issue de la CNUCED XI à Sao Paulo, ne doit pas être perçue comme une atteinte aux mécanismes commerciaux Nord-Sud, mais plutôt comme un renforcement de potentialités d’échanges Sud-Sud qui existent déjà, a-t-il tenu à préciser.
Outre les délégations déjà citées, se sont exprimés les représentants des pays suivants: Fédération de Russie, Maurice (au nom de l’Alliance des petits États insulaires, AOSIS), Kenya, Bangladesh, Cuba, Suisse, Australie (au nom du CANZ), Malaisie, Népal, République arabe libyenne, Thaïlande, Afrique du Sud, Venezuela, Indonésie (au nom de l’ANASE), République démocratique populaire lao (au nom des pays sans littoral), Philippines, Bélarus, Iraq, Guyana (au nom de la CARICOM), Égypte, Éthiopie et Ukraine. Les représentants de la Commission européenne (au nom de l’Union européenne) et de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles ont également pris la parole.
Ce matin, la Commission a pris connaissance de deux projets de résolution relatifs à l’intégration de l’économie des pays en transition à l’économie mondiale, et au Sommet mondial sur la société de l’information, qui lui ont respectivement été soumis par l’Ukraine et la Suisse.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 4 novembre à 9 h 30, pour débattre des activités opérationnelles de développement.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Commerce international et développement, produits de base
Déclarations
M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint et Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a déclaré qu'alors que les pays en développement avaient pu participer plus largement aux échanges mondiaux ces dernières décennies, les PMA n'étaient pas parvenus à augmenter leurs recettes tirées des exportations. De plus, pour les PMA qui dépendent de produits de base, en particulier en Afrique, la croissance économique a été entravée par le prix instable et très bas de ces produits. Saluant les initiatives visant à faciliter l'accès au marché pour les pays vulnérables telles que « Tout sauf les armes » de l'Union européenne ou la « Loi sur les opportunités de croissance en Afrique » adoptée par les États-Unis, il a toutefois affirmé que ces mesures devaient être accompagnées de programmes visant à renforcer les capacités commerciales et de production, comme le demande le Programme d'action de Bruxelles. M. Chowdhury a donc lancé un appel pour une augmentation des contributions financières dans ce domaine.
Rappelant que l'instabilité et les fluctuations des cours des produits de base aggravaient les difficultés de gestion macroéconomique, il a souligné que les PMA ne bénéficiaient que trop peu de ces transactions. De plus, les subventions données par les pays industrialisés à leurs agriculteurs réduisent la compétitivité des PMA fournisseurs de produits de base, a-t-il poursuivi. En 2002, ces subventions pour le coton de l'Union européenne et des États-Unis ont généré une perte de revenu de 300 millions de dollars en Afrique, soit plus que la réduction de la dette accordée à neuf pays africains exportateurs de coton en vertu de l'Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE). Reconnaissant que l'Union européenne et les États-Unis avaient fait quelques efforts dans ce domaine, il a jugé essentiel d'agir rapidement pour mettre fin aux subventions à la production et à l'exportation. Enfin, il a noté l'arrivée à terme de l'Accord sur le textile et les vêtements en janvier 2005. Les PMA, les pays sans littoral et les PEID doivent se préparer aux effets de cette échéance, a-t-il averti, et mettre en place, avec des partenariats bilatéraux et multilatéraux, des stratégies pour protéger leur part du marché et attirer les investissements dans l'industrie du textile et du vêtement.
M. JOHN B. RICHARDSON (Commission européenne) a indiqué que si la question des produits de base avait bénéficié d'une attention particulière ces dernières années, il était désormais temps de fournir des efforts concrets, notamment en faveur des pays dépendant de produits de base. Il a rappelé qu'en avril dernier, l'Union européenne avait adopté le Plan d'action sur les produits de base agricoles, la dépendance et la pauvreté ainsi qu'un partenariat Union européenne-Afrique pour le développement du secteur du coton, initiatives visant à augmenter les revenus et à réduire la vulnérabilité des pays en développement dépendant de produit de base. Soulignant qu'il fallait se concentrer sur les producteurs, le représentant a également mis en lumière le rôle du secteur des affaires sur le plan international afin de rationaliser les pratiques de production. Des efforts pour généraliser des méthodes de production soutenables sont nécessaires, a-t-il ajouté, y compris par le biais de partenariats public-privé. Il a également fait remarquer que l'Union européenne souhaitait permettre aux producteurs d'avoir un meilleur accès à des assurances liées aux risques des produits de base et reconnaissait l'importance des organes internationaux chargés de produits de base, comme les forums pour la coopération entre producteurs et pays consommateurs impliquant le secteur privé.
Concernant l’évolution des échanges Sud-Sud, M. Richardson a estimé que ce commerce pouvait devenir la première source des recettes d'exportation des pays en développement. En conséquence, il a affirmé que l'Union européenne soutenait les efforts d'intégration du commerce dans les stratégies de développement de ces pays en augmentant le niveau d'assistance commerciale fournie. Des efforts considérables ont été faits en matière d'agriculture dans le cadre des négociations du Cycle de Doha, a-t-il expliqué, citant la proposition européenne de cesser progressivement toutes formes de subventions. Des efforts doivent maintenant être fournis par tous les pays pour aboutir à un accord final prenant en compte les objectifs de développement, a-t-il conclu.
M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a exprimé le soutien de sa délégation aux conclusions et recommandations de la CNUCED XI. Le Pakistan se félicite également de l’accord obtenu au mois de juillet par l’OMC, à Genève, sur la conduite des négociations du Cycle de Doha, a indiqué le représentant. Le Pakistan souhaite que le processus de Doha soit transparent et ouvert à la pleine participation des pays en développement. Les engagements pris par les pays développés en matière de subventions agricoles doivent pouvoir corriger les asymétries actuelles en éliminant totalement ces subventions. La fin de ces subventions doit se faire rapidement, a poursuivi le représentant, en appelant aussi à une ouverture substantielle des marchés des pays du Nord aux produits agricoles des pays en développement. Ensuite, a-t-il indiqué, le droit des pays en développement de pratiquer des politiques souples dans les domaines les plus importants pour leurs économies devrait leur être reconnu. Les négociations de Doha devraient aussi, entre autres, éliminer l’usage abusif par les pays industrialisés de politiques qui leur permettent d’élever des barrières non tarifaires comme les mesures contre la concurrence déloyale (anti-dumping), les normes sanitaires et phytosanitaires et les autres obstacles qui créent des distorsions artificielles au commerce mondial.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que les pays de ce Groupe se félicitaient des conclusions de la CNUCED XI, tenue à Sao Paulo, au Brésil, au mois de juin dernier. Les documents du Consensus de Sao Paulo et de l’Esprit de Sao Paulo, adoptés par la CNUCED ont réaffirmé les principes et les objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire, a noté le représentant. Ces principes insistent sur la création d’un système de commerce multilatéral ouvert, juste, fondé sur des règles transparentes, prévisibles, et non discriminatoires, a rappelé le représentant. L’adoption par l’OMC au mois de juillet dernier d’un paquet d’engagements sur la conduite des négociations du Cycle de Doha est un pas en avant, a estimé le représentant du Qatar. Cet accord devrait permettre aux parties de poursuivre leurs efforts après l’échec de Cancun. Le Groupe des 77 et la Chine pensent que les négociations suivant l’accord auquel l’OMC est parvenu en juillet 2004 devraient tenir compte de certaines priorités. Entre autres, elles devraient se baser sur des procédures ouvertes, transparentes, inclusives, et démocratiques, de manière à ce que le processus de décision soit ouvert à tous. Le Groupe des 77 et la Chine accordent également beaucoup d’importance aux questions relatives à la mise en œuvre des engagements touchant les questions commerciales, et notamment celles qui ont trait au traitement préférentiel et différencié. L’agriculture demeurant le point essentiel des négociations, celles-ci devraient mettre un accent particulier sur l’accès aux marchés des pays développés, et sur l’élimination des subventions versées par les gouvernements des pays riches à leurs producteurs et exportateurs.
Le Groupe des 77 et la Chine s’inquiètent de la marginalisation croissante des PMA et des pays dont les économies dépendent essentiellement des matières premières et des produits de base, a dit le représentant. Une attention particulière doit être accordé à ces secteurs par les négociations de Doha, a-t-il estimé. Les produits de base sont en effet la principale source de revenus de nombreux pays. La libéralisation du secteur des textiles et de la confection est d’une importance particulière pour les pays en développement, a-t-il poursuivi en relevant que l’élimination du système de quotas doit se faire le 1er janvier 2005. Une fois ce système éliminé, a-t-il dit, aucun autre régime protectionniste de contingentement des importations ne devrait être adopté. Abordant la question de la création d’une nouvelle géographie mondiale du commerce, le représentant a déclaré que la CNUCED XI avait reconnu la croissance exponentielle du commerce Sud-Sud. À cet égard, le Groupe des 77 et la Chine se félicitent que les Ministres des pays en développement aient décidé en juin dernier de lancer un troisième cycle de négociations dans le cadre du système généralisé de préférences commerciales entre pays en développement. Nous demandons à la CNUCED de nous apporter son aide en évaluant les mutations qui se produisent dans le système commercial multilatéral, a conclu le représentant.
M. KONDAKOV (Fédération de Russie) a estimé que le renforcement des échanges internationaux ouvrirait de nouvelles possibilités aux pays en développement et leur permettrait de parvenir aux OMD. Il a déclaré que la CNUCED XI représentait une étape importante et avait permis d'aboutir aux Accords-cadre du 1er août 2004, donnant ainsi un nouvel élan au Cycle de Doha. Rappelant la nécessité d'améliorer l'utilisation de ses propres ressources, il a appelé les pays en développement à élaborer de manière plus active des stratégies nationales de développement en s'appuyant notamment sur le secteurs privé. Il est nécessaire d’harmoniser les stratégies nationales et les obligations internationales, a-t-il poursuivi, afin de renforcer la productivité et la compétitivité des pays en développement. Dans ce but, le représentant russe a souligné l'importance d'élaborer de meilleurs partenariats avec le secteur privé et la société civile. Saluant les initiatives pour attirer l'investissement étranger dans les pays demandant leur adhésion à l'OMC, comme la Russie, il a déclaré que son pays était prêt à prendre tous les engagements tenant compte son niveau de développement et de ses spécificités structurelles. Il a enfin mis l'accent sur les accords régionaux très importants selon lui pour le système économique commercial mondial naissant et a cité les initiatives prises par la Russie dans ce domaine. Une intégration régionale réussie est un tremplin pour une intégration à l'économie mondiale, a-t-il estimé.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que les exportations de biens et de services s’étaient respectivement élevées à 7,78 trillions (7 780 milliards) et 1 767 trillions (1 767 milliards) de dollars en 2003. L’intégration régionale s’est renforcée au cours de cette période et est devenue une nécessité pour les pays qui veulent s’adapter et s’intégrer à la mondialisation, a dit le représentant. Cependant, les PMA et les autres pays vulnérables semblent de plus en plus isolés et exclus, a remarqué M. Zhang en notant que le fossé des richesses entre le Nord et le Sud s’élargissait. Estimant que la CNUCED XI avait été un succès, il a déclaré que la délégation chinoise considérait la CNUCED comme un point focal au sein du système des Nations Unies. Le rôle et le mandat de la CNUCED devraient être renforcés afin qu’elle puisse mieux soutenir les pays en développement dans la promotion de leur commerce et de leurs stratégies économiques. Concernant la question de l’accès aux marchés des produits non agricoles, le représentant a estimé qu’il était nécessaire de réduire les taxes et les tarifs qui s’appliquent dans ce domaine. Il est en particulier important que nous trouvions des solutions satisfaisantes à la question des pics tarifaires, a-t-il dit. La Chine se félicite de l’intégration des secteurs du textile et de la confection dans le système multilatéral de commerce, et elle s’oppose à toutes mesures protectionnistes dans ce domaine. La Chine est ouverte au dialogue avec les autres parties, afin de promouvoir l’agenda de développement de Doha, a dit M. Zhang, en indiquant que son pays voulait que la communauté internationale parvienne à un accord équilibré, concernant le textile et la confection, dans le cadre de Doha.
La croissance de la Chine a été de 6% supérieure à la moyenne mondiale au cours des 25 dernières années, a-t-il relevé. La Chine a donc servi de locomotive à l’économie mondiale en lui ouvrant un immense marché. En 2003, elle est devenue le troisième importateur de la planète et elle offre désormais des possibilités d’affaires qui étaient inimaginables auparavant. Notre pays, a dit M. Zhang, est aussi devenu un grand investisseur. À la fin de l’année 2003, plus de 33 milliards de dollars ont été investis par des entreprises chinoises dans 160 pays. Selon la CNUCED, la Chine est devenue la 5ème source d’investissements étrangers directs (IED), a dit le représentant, en soulignant que l’objectif de son pays était de participer à la promotion d’un développement économique mondial partagé par tous les autres pays.
M. SHRINIWAS DADASAHEB PATIL (Inde) a estimé que les pays en développement doivent pouvoir obtenir de meilleurs revenus de leurs exportations des produits de base, des produits manufacturés et des services. Dans ce but, il a souligné l'importance des synergies entre investissement et commerce permettant une valeur ajoutée supérieure et un meilleur développement technologique. De plus, a-t-il poursuivi, les règles du jeu doivent être équitables pour les pays en développement tout en tenant compte de leurs besoins particuliers et capacités limitées face aux pays développés. Concernant l'agriculture, il déclaré que cette question n'était pas uniquement commerciale mais avait des ramifications importantes sur le développement, notamment dans le domaine socioéconomique. Le représentant indien a estimé qu'il fallait se concentrer sur des sujets clefs tels qu’un meilleur accès au marché, la stabilisation des prix des exportations, la réduction des barrières entravant l'exportation des biens et services des pays en développement. Les négociations futures, a-t-il poursuivi, devraient prendre en compte les besoins spécifiques des pays en développement, en insistant sur la priorité à donner à un traitement spécial et préférentiel. Souhaitant que le système multilatérale des échanges reflète la géographie commerciale émergente, il a estimé que la CNUCED était l'instance appropriée pour parvenir à un consensus sur les stratégies et les politiques commerciales mais qu'il fallait répondre à ses problèmes de ressources afin qu'elle puisse continuer à soutenir les pays en développement.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a déclaré, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS) que les petits États insulaires avaient besoin de nouveaux engagements en matière de traitements préférentiels et différenciés. Dans son rapport de 2004, a dit M. Konjul, la CNUCED a indiqué que le poids commercial des petits États insulaires avait diminué de moitié entre 1980 et 2000, passant de 0,4% du commerce mondial à 0,2%. Au cours de la même période, la vulnérabilité de ces petits pays s’est accrue de 34%, a dit le représentant. Les menaces auxquelles font face ces États doivent être résolues de manière holistique, a dit le représentant en indiquant que les membres d’AOSIS souhaitaient que leur vulnérabilité soit la base du nouveau régime de traitement préférentiel et différencié qu’ils souhaitent obtenir auprès de la communauté internationale. Les petits États insulaires en développement sont profondément inquiets par la dégradation des termes de l’échange, a ensuite indiqué M. Koonjul. Les pays développés devraient rectifier les distorsions des marchés mondiaux en éliminant les pics tarifaires et la montée des droits de douane qui affectent le commerce agricole. Ils devraient également tous se joindre au Fonds commun pour les produits de base, et lui fournir les ressources qui permettraient à ce mécanisme d’assister les petits pays qui dépendent de l’exportation des produits de base et des matières premières.
M. SOLOMON KARANJA (Kenya) a affirmé que la croissance économique dans les pays en développement ne pouvait se faire sans répondre de manière globale aux questions liées aux produits de base. Rappelant que la plupart des produits de base de l'Afrique sub-saharienne étaient exportés vers le marché européen, il a cependant souligné l'importance croissante des échanges Sud-Sud. Ainsi, il a indiqué qu'il fallait se recentrer sur ce commerce régional et a souhaité, pour ce faire, la disparition des barrières entravant l'accès aux marchés. Le commerce au sein de regroupements régionaux encourage également la coopération dans d'autres domaines, a-t-il poursuivi, citant en exemple le marché commun pour l'Afrique orientale et australe qui devient une destination de plus en plus importante pour les biens du Kenya. Saluant, les récents résultats de l'OMC, il a déclaré que l'élimination de toutes procédures générant des distorsions dans les échanges et la fin des subventions agricoles devaient être le but ultime des négociations au sein de cette Organisation. De même, au sujet des produits non agricoles, il a plaidé pour un meilleur accès au marché pour les pays en développement ainsi qu'une protection face à l'afflux de produits subventionnés venant de pays développés et qui exposent les produits des pays en développement à une concurrence déloyale.
M. KHONDKER TALHA (Bangladesh) a déclaré que de nombreux pays en développement s’efforcent de mettre en place des politiques qui reconnaissent et établissent un lien entre le commerce et la lutte contre la pauvreté. Bien que l’ouverture des marchés des pays pauvres ne puisse être directement considérée comme une mesure aidant à court terme les pauvres, si les pays riches adoptaient la même attitude, les petits pays en tireraient des bénéfices appréciables. Certaines mesures ont été prises à cet égard au cours des dernières années, a dit le représentant. Cependant, à cause de leur nature très sélective, ces mesures prises par certains pays riches n’ont pas vraiment ouvert un débouché aux produits qui sont essentiels pour les petits pays. Pour un pays comme le nôtre, a dit le représentant du Bangladesh, la réalisation des OMD et la réduction de la pauvreté dépendent du niveau de ressources que nous pouvons recevoir de la communauté internationale et générer par nos propres activités commerciales. Nous ne pourrons parvenir à des résultas satisfaisants que si la coopération internationale se renforce, a estimé M. Talha.
Mme NADIESKA NAVARRO BARRO (Cuba) a déclaré que le commerce était crucial pour les pays en développement mais que ceux-ci étaient confrontés à un système multilatéral injuste qui entravait leur intégration au marché mondial. Elle a expliqué que les pays développés continuaient de fournir des subventions tout en prônant la déréglementation des marchés dans les pays en développement. En même temps, a-t-elle poursuivi, les pays riches gardent leurs marchés fermés aux principales exportations de produits en provenance des pays en développement, comme le textile. Elle a estimé que ce processus arbitraire et sélectif avait de graves conséquences sur les économies des pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID). Afin de mettre fin à cette situation, elle a demandé de cesser d’imposer des conditions pour bénéficier d'un accès préférentiel aux marchés des pays riches. De plus, il faut corriger les asymétries créées par la dépendance aux produits de base des pays développés et leur accorder plus de flexibilité. Enfin, la représentante a avancé qu'il fallait renforcer le processus d'intégration entre pays en développement pour contribuer à l'élaboration d'une nouvelle géographie du commerce, tout en améliorant la coopération Sud-Sud et en augmentant la capacité de négociation du bloc de pays pauvres.
M. OLIVIER CHAVE (Suisse) a déclaré que le Cycle de Doha n’était pas destiné à accorder de concessions aux seuls pays en développement. Le traitement spécial et différencié ne peut être renforcé que s’il s’adresse effectivement aux membre de l’OMC qui en ont besoin dans des secteurs précis et pour des objectifs bien définis. Les critères appliqués en la matière, qui sont déjà appliqués aux PMA, devraient pouvoir l’être à d’autres catégories de pays vulnérables, a dit le représentant. Concernant l’accord provisoire adopté à l’OMC au mois de juillet, la Suisse tout en s’en réjouissant, pense cependant que la conduite des négociations elles-mêmes sera difficile. La Suisse regrette que des thèmes importants pour l’avenir, comme la mise en place d’accords-cadres sur les marchés publics, les investissements, et la concurrence, aient été repoussés sine die. Concernant le rapport de la CNUCED, le représentant a estimé, entre autres, que le commerce Sud-Sud offrait d’importantes
opportunités en termes d’échanges commerciaux et d’investissements qui ont le potentiel de renforcer la croissance économique, créer des emplois et réduire la pauvreté. Cependant, beaucoup reste à faire pour comprendre les échanges Sud-Sud, a estimé M. Chave. Il est important que la CNUCED poursuive ses efforts pour renforcer la complémentarité de ses activités par rapport à l’OMC, afin d’apporter des solutions originales qui par leur valeur ajoutée, facilitent la recherche du consensus.
M. JOHN TIERNEY (Australie), intervenant au nom du groupe CANZ (Canada, Nouvelle-Zélande), a indiqué que les distorsions sur les marchés mondiaux entravant la capacité du secteur agricole des pays en développement de contribuer de manière significative à un développement économique durable. Affirmant qu'une réforme du commerce agricole était urgente, il s'est félicité de la conclusion de l'Accord-cadre de l'OMC en juillet dernier qui vise à éliminer dans un délai raisonnable les subventions agricoles et à améliorer l’accès pour tous les produits tout en prenant en compte les besoins particuliers des pays en développement dans ce domaine. Il a souligné le rôle décisif des pays développés dans ce succès. Le représentant a appelé les membres de l'OMC à finaliser les négociations agricoles qui doivent refléter les objectifs ambitieux de Doha et, dans ce cadre, a encouragé les solutions concernant la question du coton.
M. YEAN YOKE HENG (Malaisie) a déclaré que les pays développés devaient respecter l’esprit du Cycle de Doha en acceptant de procéder à de véritables réformes sur l’accès aux marchés et sur l’agriculture permettant de créer un système commercial multilatéral plus juste et plus équitable. La Malaisie continuera de participer aux négociations de l’OMC, a dit le représentant. Nous attendons avec intérêt la 6ème Réunion ministérielle de l’OMC qui doit se tenir du 13 au 18 décembre 2005 à Hong Kong afin de débattre de la mise en place d’un cadre mondial d’échanges plus ouvert, transparent, non discriminatoire et basé sur des règles qui soient bénéfiques à toutes les parties. La Malaisie se félicite des travaux menés par la CNUCED, qui assiste les pays en développement à préparer l’évaluation des négociations du Cycle de Doha. Elle aide ces pays sur le plan du renforcement des capacités en leur fournissant l’assistance technique dont ils ont besoin. La Malaisie espère que la CNUCED pourra, à la demande des pays du Sud concernés, renforcer leurs capacités afin qu’ils puissent participer pleinement aux négociations sur les questions liées au commerce, aux produits de base, et à l’environnement qui sont, a souligné le représentant, cruciales pour un développement durable.
M. DURGA B. SUBEDI (Népal) a noté que les pays en développement n'avaient qu'une petite contribution dans le commerce international et que la plupart cherchait toujours leur place dans le système international des échanges. Il s'est félicité de la reconnaissance du besoin d'un espace politique pour poursuivre les programmes nationaux de développement lors de la CNUCED XI. Cette conférence a également reconnu l'émergence d'une nouvelle géographie commerciale mondiale, a-t-il continué, en insistant sur le rôle des échanges Sud-Sud. Il a estimé que le renforcement et l'élargissement des accords régionaux de commerce était un élément important d'une meilleure coopération et collaboration régionales et sous-régionales dans tous les domaines. Par ailleurs, il a salué l'initiative « Tout sauf les armes » de l'Union européenne afin de renforcer les exportations de produits de base des PMA. Rappelant que le Népal avait été admis au sein de l'OMC cette année, il a plaidé pour que les systèmes commerciaux multilatéral et régional prennent en compte les vulnérabilités des PMA et des pays sans littoral en développement. Il a également souhaité que les pays en développement s'unissent afin d'élaborer un système d'échanges plus ouvert et équitable tout en permettant de réduire leurs vulnérabilités. L'échec de Cancun a démontré que si l’on ne prend pas en compte les intérêts et inquiétudes des pays en développement, un système commercial multilatéral ne peut réussir, a-t-il conclu.
M. JABER ALI J. RAMADAN (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le commerce n’était pas une fin en soi, mais un moyen d’aider tous les pays à parvenir au développement et, pour les plus pauvres, à réaliser les OMD. L’Accord adopté en juillet dernier à Genève sur les négociations de Doha laisse espérer que ce cycle de négociations commerciales sera couronné de succès, a dit le représentant. Cependant, a-t-il fait remarquer, l’exclusion de nombreux pays en développement de la mondialisation fait planer des doutes sur leurs chances de réaliser les OMD. Faisant observer que certains de ces pays dépendaient considérablement d’un nombre limité de produits de base, le représentant s’est déclaré convaincu que seule une ouverture des marchés accompagnée de la stabilisation des cours de ces produits et de l’élimination des subventions agricoles versées dans les pays du Nord, permettrait aux économies les plus faibles de recevoir des bénéfices de la mondialisation.
M. DER KOGDA (Burkina Faso) a indiqué que malgré les engagements pris à Doha, la situation du commerce était toujours caractérisée par des inégalités telles que la fixation unilatérale des prix des matières premières, les subventions agricoles et les barrières tarifaires et non tarifaires. En tant que membre du Groupe des PMA et des pays sans littoral en développement, le Burkina Faso est d'autant plus marginalisé et, malgré des réformes, le développement de son commerce est insignifiant par rapport au commerce mondial, a-t-il expliqué. Le représentant a affirmé que les mesures restrictives contraignantes prises par les pays développés pour protéger l'accès à leurs marchés imposaient à son pays des obstacles à l'exportation. Il a notamment plaidé pour une ouverture à l'échelle régionale, en particulier dans l'espace de l'Union économique et monétaire ouest africaine. Il a aussi souhaité obtenir auprès des partenaires commerciaux membres de l'OMC, une admission en franchise de droits et hors quotas à toutes ses exportations ainsi que l'assouplissement, voire la suppression des mesures protectionnistes prises par les pays développés.
Convaincu que le commerce est la source la plus importante du financement du développement, Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a estimé que la mise en place d’un système commercial multilatéral ouvert et fondé sur des règles est un des instruments essentiels de la promotion du développement économique, de l’intégration des pays en développement à l’économie mondiale et de l’élimination de la pauvreté. Elle s’est donc félicitée des accords conclus par le Conseil général de l’OMC le 1er août dernier. Elle a particulièrement salué la souplesse dont ont fait montre de nombreux pays développés dans des domaines aussi critiques que l’agriculture. La représentante a néanmoins regretté les incertitudes qui continuent d’entourer certaines questions. La souplesse, la bonne foi et le sens du compromis sont des éléments fondamentaux pour assurer une issue heureuse, dans les délais impartis, du Cycle de Doha, a-t-elle dit.
En l’occurrence, elle a adhéré à la thèse développée par le professeur Joseph E. Stiglitz dans le rapport publié par le Secrétariat du Commonwealth en juin 2004. Il a ainsi souligné la nécessité d’établir les modalités des négociations sur l’agriculture qui doivent à tout prix viser un accès amélioré aux marchés, l’élimination et la disparition des politiques de subventions et la réduction de toutes les pratiques de distorsion. Elle a aussi souhaité la création d’un cadre juridique qui réponde à la concurrence déloyale et autres pratiques commerciales iniques. Elle a également appelé à l’élimination des doubles standards pratiqués par les entreprises nationales et étrangères et à un réexamen des dispositions relatives à la propriété intellectuelle. L’accès aux médicaments essentiels doit être garanti, a-t-elle poursuivi, et les entreprises étrangères ne devraient pas être autorisées à breveter les connaissances traditionnelles.
La représentante a encore souhaité que les pays en développement ne soient pas forcés d’accepter des obligations qui limiteraient leur pouvoir de décision sur les politiques de développement. Elle a donc salué le Consensus et l’esprit de Sao Paulo, en encourageant une plus grande interaction entre la CNUCED et l’OMC. Elle a conclu en jugeant que les accords bilatéraux, régionaux ou sous-régionaux de libre-échange contribuent à la matérialisation de la libéralisation commerciale prônée par l’OMC.
M. GLAUDINE MTSHALI (Afrique du Sud) a affirmé que les accords conclus par l'OMC en juillet dernier constituent un cadre d'élaboration des modalités de négociation de fond sur l'agriculture, l'accès aux marchés non agricoles, les services, la facilitation du commerce et les questions liées au développement. Nous attendons beaucoup du processus de négociation qui se déroule actuellement à Genève, a précisé le représentant, en soulignant que l'objectif principal consiste à s'assurer de la concrétisation de la composante « développement du commerce » sur laquelle s’étaient entendus les participants à Doha. Après une brève analyse de la fragilité des perspectives de croissance à court terme que connaît l'économie mondiale, M. Mtshali a rappelé que l'agriculture demeure le pilier de la majorité des économies africaines. Il a estimé que les négociations de Genève sur l'agriculture devraient fixer une date avancée et crédible en vue d'éliminer notamment les subventions à l'exportation, de réduire substantiellement les tarifs douaniers. Les négociations, a-t-il insisté, doivent inclure une catégorie de développement qui accommode les produits vulnérables des pays en développement, de même que des mesures spéciales de garantie, et offrir à ces pays des moyens flexibles lorsqu'il s'agit de relever les défis liés au développement rural et à la sécurité alimentaire. Elles doivent en outre relancer nos efforts de renforcer et de diversifier nos exportations, nous permettant ainsi de sortir de la dépendance vis-à-vis des produits de base. Rappelant que les pays en développement continueront de rechercher conseils et assistance technique auprès de la CNUCED, le représentant a plaidé en faveur d'une augmentation des ressources de cet organisme.
M. BAKARY DEMBELE (Mali) a souligné qu’un grand nombre de pays en développement, en particulier les PMA et les pays tributaires des produits de base, restent marginalisés dans le commerce international et le système commercial international et sont toujours vulnérables aux chocs extérieurs. Cela, a-t-il dit, donne toute la mesure de la problématique de la question des produits de base. Si le commerce peut être considéré comme un moteur de la croissance au service du développement, celui du coton occupe au Mali une place prépondérante, a-t-il rappelé. Avec une production record de plus de 612 000 tonnes en 2004, le Mali est classé au rang de premier producteur africain de coton, ce qui constitue d’ailleurs le seul produit agricole pour lequel il a un avantage comparatif indéniable en ce que plus de 99% de la production sont destinés à l’exportation. Le coton représente 14% du PIB, 50% des recettes d’exportation agricoles et 30% des recettes d’exportation totales. Plus de 3 millions de personnes vivent de la production du coton, soit plus du quart de la population, a encore dit le représentant.
Toutefois, a dénoncé le représentant, en raison des subventions agricoles attribuées dans les pays riches, le Mali a été incapable d’exploiter pleinement sa capacité de production et vient d’enregistrer son taux de production le plus faible depuis 30 ans. Partant, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est désormais compromise alors même que les subventions sont une violation flagrante des règles du commerce international définies par l’OMC. Le représentant a donc plaidé pour que les négociations tenues dans le cadre du Cycle de Doha aboutissent à une ouverture des marchés et les rendent plus équitables pour le bien des riches comme celui des pauvres.
M. FRANKLIN RANGEL (Venezuela) a fait remarquer qu'alors qu'on exigeait de plus en plus d'ouverture des marchés des pays en développement, les pays développés continuaient à prendre des mesures protectionnistes au détriment des exportations des ces premiers États. De plus, les flux financiers dans nos pays sont liés à des conditions qui rendent impossible un développement autonome, a-t-il poursuivi. Il a ainsi jugé nécessaire d'éviter, dans les politiques financières, l'exclusion et les conditions qui font obstacle au développement. Tant que le système commercial mondial sera aussi inéquitable et exclusif, nous ne pourrons réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il estimé. Il a indiqué que le Venezuela souhaitait la démocratisation du système international commercial et un système économique visant le développement humain. Dans ce but, a expliqué le représentant, il faut créer un environnement international propice; les pays industrialisés qui dominent les échanges mondiaux doivent assurer un marché favorable à la croissance de tous. Enfin, il a souhaité la création d’un nouvel ordre mondial pour corriger les asymétries entre pays développés et pays en développement, et non de simples palliatifs aux situations d'extrême besoin.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a déclaré, au nom des États de l’Association de l’Asie du Sud-Est (ANASE), que ces pays étaient en faveur de la création d’un système commercial multilatéral plus juste afin de donner des chances de réussite aux pays en développement et notamment aux PMA. L’ANASE exhorte à cet égard les pays industrialisés à accorder un meilleur accès au marché aux produits des pays du Sud, et leur demande d’accorder aux pays défavorisés un traitement préférentiel et différencié. Les États de l’ANASE soutiennent les recommandations du Consensus de Sao Paulo adopté à l’issue de la CNUCED XI, a dit le représentant. Ce texte aide la communauté internationale à prendre conscience de la nécessité d’établir un lien entre les négociations et les activités concernant le commerce au paradigme du développement, a dit M. Jenie. Les pays de l’ANASE travaillent en ce moment au renforcement de l’intégration économique des pays d’Asie, a poursuivi le représentant, en indiquant que le premier objectif à atteindre était celui de la création de la Communauté économique de l’Asie du Sud-est et celle d’une zone de libre échange dans cette région.
M. ALOUNKÉO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) s'exprimant au nom des pays sans littoral en développement, a expliqué que ceux-ci continuaient à être marginalisés dans les échanges internationaux en raison du prix élevé du transport de transit qu’exige leur situation géographique. Il a souligné que toute hausse dans le coût des transports pouvait effacer la marge de profit déjà faible de leurs exportations. Rappelant que la moitié des pays sans littoral en développement dépendait d'un seul produit de base pour au moins 50% de leur recette d'exportations, il a plaidé pour que des mesures appropriées soient prises par la communauté internationale afin d'améliorer leur accès au financement commercial, de les protéger des effets négatifs de la libéralisation commerciale et de l'instabilité des cours et de réduire leurs coûts de transports. Le représentant s'est également dit préoccupé par l'arrivée à échéance en 2005 du système de quotas dans les exportations de textile. Ceci aura un impact sérieux sur les pays sans littoral en développement alors que leur compétitivité est déjà érodée par le coût élevé des transactions commerciales, a-t-il précisé, en appelant les pays donateurs à prendre les mesures nécessaires dans ce domaine. Enfin, il a souligné l'importance d'inclure les pays sans littoral en développement dans les négociations de l'OMC sur la facilitation du commerce et a appelé à un nouveau cycle de négociations sur l'accès au marché des produits agricoles et non agricoles, tenant compte des produits ayant un intérêt spécial pour le groupe qu'il représente.
Mme JANE HULL (États-Unis) a déclaré que la libéralisation du commerce était la clef de la promotion d’une prospérité qui pourrait s’étendre au monde entier. Ce genre de politique s’est toujours révélé fructueux au cours de l’histoire, a dit Mme Hull. Rien ne peut remplacer dans ce cadre la conduite de négociations multilatérales, a-t-elle ensuite déclaré, en estimant que ce type de négociations était le seul capable de renforcer des règles et des régimes commerciaux universels. Ce point de vue a été réaffirmé au mois de juin dernier à Genève, a dit la représentante en se félicitant de l’adoption par l’OMC d’une série d’engagements concernant les négociations du Cycle de Doha. Le cadre adopté en juillet prévoit l’élimination complète des subventions à l’exportation des produits agricoles, de nouvelles normes de discipline concernant les crédits à l’exportation, un engagement mondial sur l’harmonisation des programmes de subventions qui créent des distorsions sur les marchés agricoles, et une amélioration de l’accès aux marchés. Les États-Unis estiment qu’au mois de juillet, le monde a décidé de donner des chances de succès au Cycle de Doha, ce qui était indispensable après l’échec de Cancun, a dit Mme Hull. L’OMC, a-t-elle indiqué, est l’endroit le plus approprié pour traiter des questions commerciales internationales, et les efforts qui sont menés sur ces sujets par d’autres institutions pour redéfinir le Cycle de Doha peuvent être contre-productifs.
M. CARLOS FORTIN, Directeur à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que la CNUCED était heureuse de recevoir le soutien de la part des États Membres après sa dernière rencontre de Sao Paulo. Il n’y a pas de contentieux entre le mandat de la CNUCED et celui de l’OMC, a-t-il dit. Chacune de ces institutions a un rôle à jouer en matière de réflexion sur le commerce international, a précisé M. Fortin. Certaines délégations ont demandé que la CNUCED participent plus à la réflexion sur l’accès aux marchés, a-t-il poursuivi. La CNUCED prend note de cette requête et rappelle qu’elle travaille déjà dans ce domaine sur l’accès des produits des PMA aux grands marchés mondiaux. Concernant les produits de base, il faut renforcer la coopération entre producteurs, les consommateurs, et les marchés en ce qui concerne la fixation de leurs cours mondiaux. Cette question a des dimensions politiques qui vont au-delà des compétences d’une seule partie. La CNUCED tient aussi à préciser que l’idée de développer le commerce Sud-Sud ne vise pas à porter atteinte aux liens commerciaux Nord-Sud. Cette politique doit être considérée comme une démarche complémentaire, a dit M. Fortin.
M. MEYNARDO MONTEALEGRE (Philippines) a indiqué que son pays attachait une grande importance à la création d'un environnement international commercial ouvert, non discriminatoire et fondé sur des règles. Il faudrait respecter l’espace politique pour soutenir le développement national. Cet espace doit être suffisant en ce qui concerne le développement de domaines comme le commerce, l'investissement ou encore les technologies, a-t-il précisé. Par ailleurs, il a plaidé pour une plus grande cohérence dans l'établissement de politiques économiques au niveau mondial et a souhaité que la dimension du développement soit intégrée dans les politiques commerciales internationales. Soulignant la pertinence de la CNUCED en tant qu'instance universelle pour examiner les questions du commerce international de manière intégrée, il a souhaité que son rôle soit renforcé. Il a souhaité que la CNUCED fournisse une assistance technique pour renforcer les capacités des pays en développement afin qu'ils puissent participer plus activement aux négociations économiques multilatérales.
M. ULADZIMIR GERUS (Bélarus) a noté que la majorité des pays en développement avaient déployé des efforts considérables en matière de libéralisation des échanges, manifestant ainsi leur désir de faire du commerce un instrument de développement et de réduction de la pauvreté. Mais malgré ces progrès, la participation des pays africains et des pays les moins avancés dans le commerce international demeure limitée, a-t-il regretté, ajoutant que les membres de l’OMC devraient prouver, par des mesures concrètes, leur volonté de garantir un accès préférentiel à leurs marchés aux biens produits dans ces pays. Le Bélarus a d’ailleurs adopté des mesures visant à accorder un régime préférentiel à un certain nombre de ces États, a-t-il précisé.
Le représentant du Bélarus s’est également félicité de ce que les membres de l’OMC se soient engagés à remettre les négociations commerciales multilatérales sur les rails après l’impasse de Cancun. Soulignant que son pays possède une économie libéralisée, le représentant a également indiqué que l’admission du Bélarus à l’OMC constituait pour son gouvernement l’une des priorités en matière de politique économique étrangère. Dans ce contexte, le Bélarus a par ailleurs estimé que les organes du système des Nations Unies, en particulier la CNUCED, possèdent la compétence et l’expérience nécessaires pour assister les pays en développement et de transition à intégrer les systèmes commerciaux multilatéraux à des conditions acceptables, en tenant compte de leurs particularités nationales et de leurs besoins en matière de développement.
M. MARWAN AL-RAWI(Iraq), s’exprimant pour la première fois devant la Deuxième Commission, a déclaré que la communauté internationale devrait aider les pays qui dépendent d’un seul produit de base à diversifier leur base économique. L’Iraq soutient tous les efforts destinés à aider les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Nous sommes aussi d’avis que la CNUCED et le Fonds mondial pour les produits de base devraient fournir une assistance plus soutenue aux États exportateurs de matières premières, a dit le représentant.
M. GARFIELD BARNWELL (Guyane), au nom des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé que compte tenu des résultats de juillet dernier à l'OMC, il était urgent de faire progresser l'Agenda pour le développement. Il ne suffit pas de réaffirmer les engagements pris à Doha ou de réviser à la baisse l'ambition de l'Agenda pour le développement de Doha, a-t-il insisté. Il a affirmé que les membres de la CARICOM étaient menacés de marginalisation si des modalités de traitement préférentiel n'étaient pas étendues aux petites économies vulnérables. Il a estimé que les traitements préférentiels et spéciaux étaient plus qu'un mécanisme d'ajustement pour la mise en œuvre des accords commerciaux et constituaient un instrument de développement. Par ailleurs, il a souligné la nécessité de renforcer, dans le cadre du mandat de l'OMC, la contribution du système commercial multilatéral au règlement du problème de la dette. Concernant les produits de base, il s'est dit très inquiet du déclin des termes de l'échange des produits de base et de l'impact négatif de cette tendance sur les résultats des pays en développement tributaires d'un seul produit de base. Il a estimé qu'une action urgente des institutions internationales de développement était indispensable pour garantir une collaboration efficace et une cohérence politique dans ce domaine. Il a appelé tous les pays développés à adhérer au Fonds commun des produits de base et à fournir les ressources nécessaires pour soutenir les pays en développement afin qu'ils trouvent des solutions durables aux problèmes posés par les produits de base.
M. TAREK ADEL (Égypte) a retenu des dernières réunions de la CNUCED et de l’OMC la large reconnaissance du fait que le commerce n’est pas une fin en soi mais bien un instrument de la croissance et du développement. Comme mesure de suivi, il a proposé de mettre le développement au centre de l’ordre du jour international dans le domaine économique. En la matière, a-t-il ajouté, le renforcement de la cohérence entre les stratégies nationales de développement et les obligations et engagements internationaux est nécessaire. Il faut, dans ce contexte, assurer aux pays en développement un « espace de décision ». Quant à l’issue des négociations menées dans le cadre du Cycle de Doha, le représentant a tenu à souligner les questions sur lesquelles son pays ne saurait transiger. Il a cité l’accès accrû aux marchés, l’octroi de traitements spéciaux et différenciés et la prise en compte des préoccupations des pays du Sud, en particulier leurs revendications en matière d’agriculture.
Il a donc plaidé pour l’élimination de toutes les formes de subventions à l’exportation ainsi que pour l’adoption de plafonds tarifaires et de progressivité de droits appropriés pour les produits pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif. Le représentant a aussi souligné l’importance qu’il y a à résoudre le problème de la volatilité des prix des produits de base et de fournir une assistance technique pour renforcer la capacité des pays en développement en matière de procédures et d’infrastructures douanières.
M. TSEDAY JEMANEH (Éthiopie), s’associant à la déclaration faite par le représentant du Qatar au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a mis l’accent sur le rôle joué par le commerce international en matière de réduction de la pauvreté et de développement durable. Il a ajouté que, ces dernières années, la croissance du commerce international semblait tenir ses promesses, avec un taux de 7% pour 2004, selon des estimations de la CNUCED. Cependant, le représentant a regretté le fait que de nombreux pays en développement, en particulier les pays les moins avancés et les pays dépendant de produits de base, demeurent en marge du système commercial international, vulnérables aux chocs extérieurs. Il a souligné que le manque d’infrastructures, de technologies modernes et d’accès à l’information du marché aggravait encore les difficultés de ces pays. M. Jemaneh a appelé les partenaires, en particulier les pays développés, à renforcer leur assistance pour permettre à ces pays dépendant des produits de base d’être compétitifs sur le marché international. Il s’est déclaré convaincu que les accords adoptés le 1er août dernier à Genève par les membres de l’OMC permettront de trouver des solutions aux problèmes de ces pays, de même que la mise en oeuvre des recommandations de la CNUCED XI à Sao Paulo. La demande d’admission de l’Éthiopie à l’OMC étant en cours, son représentant a une nouvelle fois exhorté les membres de l’OMC à mettre en œuvre les décisions du Conseil général visant à faciliter et accélérer le processus d’adhésion des pays les moins avancés.
M. SERHII SAVCHUK (Ukraine) a affirmé qu’il était essentiel que le système des échanges mondiaux fonctionne pour le bénéfice de tous. Des efforts doivent être fournis pour élaborer des conditions d’accès stables et non discriminatoires aux marchés des biens et des services pour tous les pays, y compris pour les économies en transition, a-t-il expliqué. Saluant le récent Accord-cadre de l’OMC, le représentant a indiqué qu’il s’agissait maintenant de finaliser avec succès les négociations commerciales multilatérales afin que l’environnement des échanges prenne en compte la dimension du développement. Il a également souligné le rôle unique de la CNUCED qui, selon lui, doit travailler étroitement avec l’OMC, le Centre international du commerce afin d’améliorer la coordination et éviter le double emploi. M. Savchuk s’est dit convaincu que la pleine intégration de son pays dans l’économie mondiale faciliterait son admission à l’OMC. Enfin, il a expliqué que son pays souhaitait recevoir de ses partenaires commerciaux principaux –les États-Unis et l’Union européenne- le statut officiel et le traitement d’une économie de marché, ce qui reconnaîtrait les considérables réformes entreprises en Ukraine ces dernières années.
M. BHAGWAT SINGH (Union mondiale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN) a expliqué que son organisation partageait la vision d’un commerce utilisé comme moyen de réduire la pauvreté et de promouvoir le développement durable. Il a rappelé que le lien étroit entre commerce et environnement avait d’ailleurs été à maintes reprises réaffirmé lors du Sommet mondial sur le développement durable en 2002. Saluant les travaux de la CNUCED, le représentant a donc encouragé la Conférence à intégrer davantage des considérations environnementales dans son programme de travail, tel que prescrit dans l’Agenda 21. Il s’est également félicité de l’engagement stratégique des Nations Unies en faveur d’une mise en œuvre cohérente en matière de commerce et de développement durable. Pour l’UICN, les préoccupations en la matière doivent se refléter et être totalement intégrées dans les programmes des organes des Nations Unies, des institutions de Bretton Woods et de l’OMC. À cet égard, le représentant de l’UICN a invité l’ONU à accroître la communication, la coopération et la cohérence entre les différentes institutions ayant trait tant au commerce qu’au développement durable. M. Singh a encore appelé les États Membres de l’ONU et de l’OMC à élaborer une résolution au sujet de la question polémique du statut d’observateur des ONG de défense de l’environnement. Il a également salué les initiatives de la CNUCED visant à prendre en compte les besoins des pays en développement et le rôle des organisations de la société civile dans le cadre de l’assistance technique en matière de commerce et de développement durable.
Documentation sur les tendances et perspectives concernant les produits de base (A/59/304)
Rapport du Secrétaire général
Alors que les produits de base n’ont pas été une force motrice de la croissance au cours des dernières décennies, les tendances et perspectives les concernant semblent s’améliorer, selon le Secrétaire général. Les cours des produits de base ont augmenté en 2003 et au premier semestre 2004, principalement en raison de la relance générale de l’économie et de l’accroissement rapide de la demande en Asie. Kofi Annan estime que la rapide croissance asiatique devrait continuer d’insuffler un nouveau dynamisme aux marchés internationaux des produits de base dans les années à venir puisque la demande de pays comme la Chine ou l’Inde va continuer à progresser. Si cette tendance se confirme et s’accompagne de règles du jeu plus équitables pour le commerce agricole, il en résulterait une conjoncture favorable permettant aux pays en développement d’augmenter les recettes provenant des produits de base, explique-t-il.
Le Secrétaire général insiste donc sur la nécessité de faire évoluer le système du commerce international ainsi que d’atteindre les objectifs énoncés dans le programme de travail de Doha (amélioration sensible de l’accès aux marchés, retrait progressif des subventions à l’exportation et réduction substantielle du soutien interne ayant des effets de distorsion des échanges) et précise que, dans ce sens, un accord-cadre relatif à l’agriculture a été approuvé par le Conseil général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le 1er août 2004. Par ailleurs, il souligne l’importance des décisions qui ont jugé les subventions américaines pour le coton et celles européennes sur l’exportation du sucre incompatibles avec les obligations qui incombent aux États-Unis et à l’Union européenne dans le cadre de l’OMC. Si elles étaient confirmées, ces décisions créeraient un précédent qui pourrait améliorer les perspectives pour certains pays exportateurs de produits de base. En outre, le Secrétaire général relève que les lenteurs des progrès dans les négociations menées par l’OMC ont amené beaucoup de pays à conclure des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux. Ceux-ci ainsi que l’accord relatif au Système global de préférences commerciales entre pays en développement, entamé à Sao Paulo (Brésil) lors de la 11ème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XI), pourraient déboucher sur de nouvelles occasions d’accroître les échanges commerciaux Sud-Sud.
Rappelant les progrès accomplis dans les négociations commerciales internationales sur l’agriculture, le Secrétaire général encourage toutefois dans ce rapport les pays en développement à améliorer leur compétitivité en éliminant certains obstacles pesant sur l’offre, et en remplissant les conditions nécessaires à l’entrée de leurs produits sur les marchés afin de trouver de nouveaux débouchés. À l’échelle nationale, certaines mesures doivent être mises en œuvre: amélioration de la productivité, surtout dans les pays les moins avancés (PMA) et les pays africains; adoption de meilleurs services de vulgarisation; utilisation rationnelle des moyens de production; choix de variétés à plus haut rendement et de pratiques agricoles plus efficaces. M. Kofi Annan invite aussi la communauté internationale –en particulier les pays industrialisés- à apporter un appui, afin que les pays en développement puissent tirer parti de cette conjoncture favorable et investir les recettes accrues tirées des exportations dans la lutte contre la pauvreté. Les progrès effectués dans ce domaine, ajoute-t-il, contribueront pour beaucoup à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
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