AG/EF/3087

COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: LES FINANCEMENTS BILATÉRAUX NE DEVRAIENT PAS SE FAIRE AU DÉTRIMENT DES ACTIVITÉS DE DÉVELOPPEMENT DE L’ONU

01/11/2004
Communiqué de presse
AG/EF/3087


Deuxième Commission

21e séance – après-midi


COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: LES FINANCEMENTS BILATÉRAUX NE DEVRAIENT PAS SE FAIRE AU DÉTRIMENT DES ACTIVITÉS DE DÉVELOPPEMENT DE L’ONU


L’ONU devrait regagner ses avantages comparatifs sur les institutions

deBretton Woods en renforçant la cohérence de ses interventions, selon une table ronde


(Publié le 2 novembre)


« La planification des financements destinés au développement s’est majoritairement faite de manière bilatérale ces dernières années.  Nous devons nous demander pourquoi le système des Nations Unies, qui est le principal moteur du développement dans de nombreux pays, est de plus en plus laissé de côté et ne reçoit pas, de la part des pays donateurs et des institutions de Bretton Woods, les financements dont il a besoin », a déclaré, ce matin, M. Mark Malloch Brown, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission).


M. Malloch Brown, qui est aussi le Chef du Groupe des Nations Unies pour le développement (UNDG), qui regroupe les institutions spécialisées, les fonds et les programmes de l’ONU menant des activités opérationnelles de développement dans les pays du Sud, a fait cette analyse dans le cadre d’un dialogue organisé par la Commission économique et financière sur la coopération des Nations Unies pour le développement, ses ressources, ses résultats, et les réformes qui y sont nécessaires.  Se félicitant de la création du système des coordonnateurs résidents, qui sont chargés de veiller à la synergie et à l’harmonisation des actions menées par les institutions de l’ONU sur le terrain, l’Administrateur du PNUD a cependant regretté que la rareté des ressources crée une certaine compétition entre différents fonds et programmes dont les mandats parfois se chevauchent.  Le renforcement de la cohérence des politiques et des programmes, a-t-il estimé, permettraient de résoudre certains des problèmes qui se posent actuellement. 


Dans son intervention, le Directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Jean-Michel Severino, a déclaré que l’effritement du rôle des institutions de l’ONU était surtout visible par rapport aux missions que s’assignent désormais les institutions de Bretton Woods.  L’ONU a perdu un certain nombre de ses avantages comparatifs par rapport à la Banque mondiale qui, désormais, se présente comme un centre de partage de connaissances et d’accumulation et de distribution de l’information, a dit M. Severino en faisant remarquer que ce rôle d’encadrement et de soutien aux capacités était autrefois l’apanage des institutions du système des Nations Unies.  Pour faire face à la compétition du FMI et de la Banque mondiale, un débat ne devrait-il pas s’ouvrir sur la possibilité de fusionner certains fonds et programmes des Nations Unies? s’est interrogé le Directeur général de l’AFD.  Si cette démarche s’avérait impossible, ne faudrait-il pas alors envisager de faire du Plan-cadre d’assistance au développement des Nations Unies (UNDAF) un véritable document de planification stratégique qui reflèterait les politiques contenues dans les Documents stratégiques d’assistance-pays de la Banque mondiale?  Ceci, a estimé M. Severino, permettrait à l’ONU de mieux faire participer les institutions de Bretton Woods aux activités opérationnelles de développement et de recevoir ainsi leurs financements.


Répondant à cette suggestion, de nombreuses délégations, dont celle du Qatar, qui intervenait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont considéré que toute nouvelle conception de l’UNDAF devait recevoir l’aval de tous les acteurs au développement et une légitimité multilatérale en faisant pleinement participer les États Membres à la définition de son contenu.  La mise en œuvre des actions de ce nouveau type de document-cadre devrait également être soumise à une évaluation régulière de toutes les parties, a dit le représentant.  À la conclusion du débat, le Président de la Deuxième Commission, M. Marco Balarezo, du Pérou, a tenu à rappeler que l’objectif final de toute évaluation et de toute modification des procédures de financement des activités opérationnelles devait être la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Cet après-midi, la Commission a poursuivi le débat qu’elle avait ouvert vendredi dernier sur la question de la mondialisation et de l’interdépendance.  Après avoir relevé qu’il est indispensable de rendre la mondialisation plus équitable par le respect des engagements pris lors des grandes conférences internationales, un certain nombre de délégations ont insisté sur la nécessité de faciliter les transferts financiers des travailleurs migrants vers leurs pays d’origine.  Regrettant l’insuffisance des flux financiers Nord-Sud, des délégations, dont celles du Burkina Faso, de l’Indonésie et de la Thaïlande ont souhaité que la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la corruption soit pleinement appliquée, et que les fonds détournés et illicitement déposés dans les banques des pays industrialisés soient rapatriés dans leurs pays d’origine.  Concernant la question des migrations, les délégations du Pérou et de l’Algérie ont souhaité qu’une conférence internationale lui soit consacrée, afin de traiter des impacts de ce phénomène croissant à la fois sur les pays en développement et sur les pays du Nord.


Intervenant sur la question de la mondialisation et de l’interdépendance, le représentant des États-Unis a mis l’accent sur la promotion de critères de gouvernance qui permettraient aux pays en développement de faire un meilleur usage des ressources mises à leur disposition et de créer un climat plus favorable à l’investissement et à la création d’entreprises.  Par ailleurs, a-t-il souligné, il est indispensable de créer, notamment dans le domaine des services de base comme l’eau, les conditions nécessaires à la mise en place des partenariats entre le secteur public et le secteur privé, sur lesquels doivent s’appuyer les programmes de développement durable, comme cela a été stipulé à Johannesburg.    


Outre les intervenants déjà cités, les délégations des pays suivants ont pris la parole: Bangladesh, Suisse, Kenya, Azerbaïdjan, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Maroc, Malaisie, Brésil (au nom du Groupe de Rio), Équateur, Zambie, Népal, Libye, Oman, Saint-Kitts-et-Nevis (au nom de la CARICOM), Pakistan, Jordanie, et Croatie.  Ce matin, la Ministre du développement social du Panama, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam et la Directrice générale de la coopération internationale pour le développement du Ministère des affaires étrangères de la Suède ont participé au dialogue interactif aux côtés des responsables des institutions spécialisées, fonds et programmes de l’ONU.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 2 novembre, à 9 h 30.


COOPÉRATION DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT: RÉFORMES, RESSOURCES, RÉSULTATS


Déclarations liminaires


M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Chef du Groupe des Nations Unies pour le développement (UNDG), a déclaré que la coordination à l’échelle des pays est nécessaire à la réalisation des OMD.  Malheureusement, les prévisions de financement des activités de développement des pays ont été planifiées ces dernières années de manière bilatérale par la Banque mondiale, ce qui nous amène à poser la question de savoir pourquoi l’ONU est laissée de côté, alors que son système est le principal moteur du développement dans de nombreux pays.  Nous déplorons la tendance actuelle, a dit M. Malloch Brown.  Nous ne pourrons parvenir aux OMD qu’en mettant en place un système équitable pour tous.  Nous sommes capables de fournir l’assistance technique nécessaire au renforcement des capacités institutionnelles et humaines des pays, a dit M. Malloch Brown.  L’ONU a un rôle stratégique à jouer dans le domaine du renforcement des capacités.  Nous avons cependant un défi à relever pour prouver notre pertinence aux bailleurs de fonds, notamment les institutions de Bretton Woods, et aux pays donateurs, a dit M. Malloch Brown.  Il est important de renforcer notre cohérence au niveau des pays, a-t-il poursuivi.  Nous devons être plus efficaces et cohérents au niveau national, et à cet égard, les coordonnateurs résidents ont un rôle crucial à jouer.  Nous devons faire en sorte qu’ils aient plus d’autorité et que l’équipe de pays qui les soutient travaille de manière plus disciplinée et plus rationalisée.  Agence de développement, le PNUD se trouve parfois en porte-à-faux, du fait que le coordonnateur résident travaille aussi pour les autres institutions du système des Nations Unies.  Il faut éviter de tomber dans le travers d’une compétition entre institutions pour les ressources disponibles.


M. LENNART BAGE, Président du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et Président du Comité de haut niveau chargé des programmes du Conseil de coordination des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, a déclaré que le statu quo n’était pas une option et qu’il fallait désormais progresser.  Beaucoup reste à faire en matière de renforcement de la cohérence du système afin d’être efficace pour le développement, a-t-il précisé.  Concernant le FIDA, M. Bage a expliqué que les programmes et les projets financés étaient ceux des gouvernements et étaient donc mis en œuvre par les gouvernements ou les ONG.  Alors que des stratégies de développement sont actuellement élaborées au niveau national, il s’est dit convaincu qu’il fallait être plus présents à l’échelon du pays, comme beaucoup de donateurs le demandent.  Nous devons être intégrés avec les autres donateurs à l’échelle nationale, a-t-il poursuivi; il faut également savoir clairement quels sont nos domaines d’intervention à l’échelle nationale.  Ainsi, il a souligné le rôle du résident coordonnateur qui devrait maîtriser les différentes synergies de manière efficace afin de faciliter les réalisations en matière de développement.  Par ailleurs, il a estimé qu’il fallait allouer les ressources en fonction des besoins mais aussi en fonction des résultats atteints tout en insistant sur la nécessité de planifier et d’évaluer les résultats.  Enfin, il a affirmé qu’il était urgent de collaborer et d’agir ensemble à l’échelle nationale dans une structure cohérente des Nations Unies.  Dans cette perspective, il a souligné le rôle des techniques de l’information et des communications (TIC), qui doivent bénéficier d’investissements accrus et mieux coordonnés afin de fournir tout leur potentiel.


Mme LEONOR CALDERON, Ministre du développement social du Panama et modératrice du dialogue, a dit qu’en tant que représentante d’un pays bénéficiaire des activités de développement des Nations Unies, elle était en faveur d’un renforcement de la coordination dans les travaux menés par les différentes institutions du système de l’ONU sur le terrain.  Jouissant d’une grande crédibilité, l’ONU devrait jouer un rôle plus visible en manière de coopération internationale.  L’ONU devrait pouvoir coordonner les interventions des différentes institutions internationales de financement du développement, dont la Banque mondiale et le FMI.  De nombreux prêts accordés par ces institutions, qui deviennent ensuite des dettes, sont très mal ciblés, alors que l’ONU, en travaillant avec les États Membres, connaît mieux leurs réalités et leurs besoins.  Nous savons également qu’au sein du système lui-même, il existe une certaine concurrence pour l’obtention des ressources disponibles.  Une meilleure coordination permettrait de mettre fin à cette situation et le rôle du coordonnateur résident en sortirait renforcé, a dit Mme Calderon.


Mme RUTH JACOBY, Directrice générale pour la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères de la Suède, co-modératrice du débat, s’est demandée si le système de l’ONU fonctionnait au mieux pour la réalisation des OMD.  Ce sont les réponses à cette question que devrait s’efforcer de trouver l’évaluation triennale des activités de développement des Nations Unies.  Nous sommes préoccupés quand nous apprenons que le système de l’ONU et la démarche multilatérale qu’il représente, sont exclus de toute augmentation des ressources de développement versée au niveau international.  Nous devons trouver des solutions concrètes aux problèmes qui se posent; des solutions qui doivent se traduire en réalités sur le terrain.  Nous pensons qu’il faut renforcer la coordination des actions menées sur le terrain et l’harmonisation des procédures, a estimé Mme Jacoby.  Ensuite, il faudrait que les politiques et les actions des partenaires au développement soient alignées sur les politiques et les vrais besoins des pays en développement, a-t-elle préconisé.  Il est nécessaire, pour y parvenir, que ces pays soient représentés dans le processus d’évaluation triennale des activités de développement de l’ONU.  Pour rendre le cadre de financement plus efficace, il faudrait créer un cadre de financement pluriannuel qui soit de préférence biannuel, a poursuivi Mme Jacoby.  Parlant du renforcement des capacités, elle a regretté que ce soit le maillon faible de la chaîne des interventions des agences de l’ONU.  Les actions menées dans ce domaine sont mal coordonnées, a-t-elle estimé.


Mme THORAYA OBAID, Directrice exécutive du FNUAP, a expliqué que les Nations Unies ne s’occupaient pas uniquement de développement et donc, que des ressources étaient nécessaires pour la santé ou le règlement des conflits, par exemple.  Elle s’est dit convaincue que le développement contribuera à instaurer la paix et la stabilité.  Elle a affirmé qu’il fallait mettre en œuvre les programmes en adoptant la bonne approche.  Il faut également parler de droits au développement, de droits sociaux et culturels qui sont également des droits de l’homme, a-t-elle insisté.  Mais les gouvernements sont-ils prêts à investir et à faire ce grand saut pour que nous puissions aller ensemble de l’avant? s’est-elle interrogée.  En ce qui concerne le résident coordonnateur, Mme Obaid a souligné que son mandat posait parfois des problèmes car il ne pouvait prendre en compte celui des autres institutions spécialisées et a ainsi demandé d’investir pour que celui-ci soit formé.  Elle a voulu savoir quelles étaient les attentes des gouvernements, notamment au sujet du résident coordinateur. 


JEAN-MICHEL SEVERINO, Directeur général de l’Agence française de développement (AFD), a déclaré qu’il avait vu s’effriter la place du développement stratégique du système des Nations Unies ces dernières années au profit du système de Bretton Woods, comme la Banque mondiale qui s’est positionnée comme fournisseur de savoir au niveau local.  Qualifiant ce défi de concurrentiel, il a affirmé que le système des Nations Unies devait trouver sa voie et les éléments de conviction pour obtenir des financements.  Il a estimé que ce défi ne peut être relevé que par actions radicales de la part des institutions des Nations Unies.  Si la voie de la fusion d’institutions est interdite, a-t-il poursuivi, il faut véritablement que les institutions agissent très rapidement dans le cadre d’un alignement stratégique.  Par ailleurs, il a expliqué que si le cadre d’assistance des Nations Unies pour le développement n’était pas discutable, il faudrait le faire valider politiquement, au niveau des institutions par exemple, afin de lui donner tout son pouvoir.  Un agenda stratégique peut changer les choses dans le cadre de la coordination des activités du système, a-t-il insisté.  M. Severino a également expliqué que ce changement de perception devait se faire dans les trois ou quatre prochaines années.  Si ce n’est pas le cas, a-t-il ajouté, les institutions auront beaucoup de mal à convaincre face aux bailleurs de fonds bilatéraux.  Les institutions spécialisées seront condamnées à vivre des miettes que le système de Bretton Woods leur laissera prendre, dans des domaines difficiles là ou ces institutions ne souhaiteront pas investir, a-t-il estimé.  Il a donc conclu en plaidant pour qu’un travail de collaboration soit fait rapidement.


Mme ANNA TIBAIJUKA, Directrice exécutive d’ONU-Habitat, a estimé que le renforcement de la cohérence au niveau du terrain était une question politique qui relève d’abord des États Membres.  En l’absence d’une réforme du financement des fonds et programmes, les institutions de l’ONU et notamment les fonds et programmes, ne pourront aller bien loin, a estimé Mme Tibaijuka.  Il est regrettable que les dirigeants des institutions opérationnelles passent leur temps à aller frapper à la porte de certains États Membres pour obtenir les fonds nécessaires à la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale, a dit Mme Tibaijuka.  ONU-Habitat ne fonctionne dans de nombreux pays que grâce au soutien du PNUD, a-t-elle dit, en demandant que les États Membres et les institutions financières respectent les engagements politiques pris au niveau multilatéral en matière de financement.


M. LE VAN BANG, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a regretté la tendance à la baisse de l’aide multilatérale que l’on observe en ce moment.  La démarche bilatérale, a-t-il fait remarquer, ne permet pas d’orienter correctement les ressources et de satisfaire les besoins essentiels des populations, a dit M. Le Van Bang.  Le renforcement de la cohérence et de la coordination des actions de développement du système de l’ONU passe aussi par les réformes que doivent eux-mêmes mener les États Membres bénéficiaires de ces activités, a-t-il cependant reconnu.  Le Viet Nam reste néanmoins plus que jamais partisan de l’action multilatérale, qui passe par les fonds et programmes de l’ONU, a dit le Ministre en insistant sur le caractère neutre et impartial de l’ONU.


Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive de l’UNIFEM, a dit que l’examen de la mise en œuvre des programmes qui permettraient d’atteindre les OMD devait inclure celui de la mise en œuvre des politiques relatives à la parité entre les sexes et aux mesures concernant la parité entre les égalités.  Tout en reconnaissant qu’un certain nombre d’efforts ont été déployés, nous aimerions cependant que les personnes chargées de veiller à la parité entre les sexes dans la conduite des programmes de l’ONU disposent de plus de ressources et ne soient pas chargées d’autres missions qui relèguent parfois les questions liées à la parité entre les sexes au second plan, a dit Mme Heyzer.  Le coordonnateur résident et l’équipe pays devraient avoir plus de moyens d’action en ce qui concerne la parité entre les sexes, a-t-elle souhaité.


M. CARLOS FORTIN, Directeur chargé de la CNUCED, a indiqué que la cohérence n’était pas uniquement une question bureaucratique.  Il a ainsi insisté sur la cohérence « substantielle » qui, selon lui, est une question politique.  Il a ainsi expliqué qu’il y a parfois des incohérences en ce qui concerne les priorités au sein même du gouvernement d’un pays bénéficiaire.  De plus, il a souligné que cette incohérence se retrouvait parfois dans les directives données par les donateurs.  Enfin, a-t-il précisé, la société civile avance elle aussi ses priorités qui peuvent être différentes.  Face à toutes ces contradictions, il s’est interrogé sur la manière de faire respecter par tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Sans une cohérence des gouvernements, nous ne pourrons pas aller bien loin, a-t-il insisté. 


Cette déclaration a amené Mme Jacoby à insister sur le rôle de la cohérence dans les mesures prises par les pays destinataires mais aussi par les pays donateurs.  Les États Membres doivent présenter des politiques cohérentes pour que les choses fonctionnent, a-t-elle estimé.


Soulignant les progrès effectués en matière de réforme, M. KUL GAUTAM, Directeur général adjoint de l’UNICEF, s’est dit convaincu que les institutions spécialisées étaient appelées à jouer un rôle déterminant dans le développement mais s’est demandé si elles avaient les moyens, à l’échelle d’un pays, pour l’aider à construire ses capacité nationales.  Rappelant que l’UNICEF avait toujours été très décentralisé, il a toutefois noté le déséquilibre croissant entre les ressources de base qui représentent 43% et les autres, destinées aux actions humanitaires.  Ce problème n’est pas unique à l’UNICEF, a-t-il précisé.  M. Gautam a ainsi déclaré que si cette tendance se maintenait, les institutions spécialisées deviendraient des organisations humanitaires et les activités de développement seraient exclusives aux institutions de Bretton Woods ou le fait d’actions bilatérales.  Par ailleurs, il a fait observer que malheureusement, la création de certains fonds mondiaux avait réduit les ressources allouées à certaines agences.  Les fonds et programmes doivent être renforcés et non affaiblis, a-t-il insisté.  Il faut nous donner les ressources nécessaires pour pouvoir être à la hauteur des attentes des États Membres, a-t-il conclu. 


Engageant le dialogue avec les représentants des institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies, le représentant du Royaume-Uni a estimé que le système de l’ONU était particulièrement bien qualifié pour soutenir la mise en œuvre des programmes visant la réalisation des OMD.  Notre pays est prêt à fournir un financement plus substantiel et plus prévisible aux Nations Unies si elles font preuve de plus d’efficacité.  Notre pays, a dit le représentant, a déjà augmenté ses contributions au PNUD.  Il faudrait procéder à des réformes au sein du système, a ensuite dit le représentant, en souhaitant que soit mis fin aux chevauchements des mandats des différents fonds, institutions et programmes de l’ONU.  Une évaluation conjointe permettrait de mieux cerner les problèmes qui existent à l’heure actuelle dans le fonctionnement de ces institutions, a-t-il dit, en estimant qu’il ne saurait y avoir de meilleure coordination sans subordination de certaines agences vis-à-vis des autres.  Le développement et la sécurité, a-t-il estimé, vont de pair, et notre pays souhaite et soutient la tenue d’un sommet spécial sur la mise en œuvre des OMD.


Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant du Qatar a estimé que le développement devrait être la première priorité de l’ONU et des autres institutions de la communauté internationale.  Nous pensons qu’il serait plus utile d’utiliser les outils dont nous disposons.  Si le Cadre d’assistance des Nations Unies pour le développement (UNDAF) en venait à remplacer tous les autres programmes, comment pourrait-on s’assurer de la responsabilisation des gouvernements dans ce cadre?  Et comment les gouvernements pourraient-ils s’assurer que ce plan est conforme aux besoins de leurs pays?  Comment le rôle dévolu au coordonnateur résident pourrait-il être conforme à ce que nous en attendons? s’est-il également interrogé.


Le représentant des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, a estimé qu’il était désormais possible de parvenir à une plus grande cohérence.  Un certain nombre de cadres de coopération comme les plans d’action de Johannesburg ou les conclusions de la CNUCED XI sont là pour nous guider, a estimé le représentant.  L’Union européenne estime que les problèmes auxquels fait face le système de l’ONU tiennent essentiellement à des considérations liées au besoin d’efficacité.  Les pays en développement doivent montrer que l’ONU est vraiment importante pour eux en acceptant ses recommandations, a dit le représentant, en indiquant que l’Union européenne était en faveur d’actions efficaces pouvant permettre la réalisation des OMD.


Répondant aux remarques du Qatar, Mme JACOBY a dit qu’il était essentiel de renforcer les activités opérationnelles de l’ONU.  Mme Obaid a soutenu ce point de vue, soulignant que les institutions, fonds et programmes de l’ONU se souciaient autant de leur renforcement institutionnel et de la prévisibilité de leur financement que de l’harmonisation des politiques et actions pouvant renforcer l’efficacité de leurs actions de terrain.  Nous partageons les craintes soulevées par le Qatar concernant l’UNDAF, dont la légitimité doit être renforcée par son évaluation par les États Membres, a-t-elle dit.


M. SEVERINO a demandé comment pouvait être renforcée l’approbation politique de l’UNDAF par les États Membres, qui est nécessaire.


Faisant remarquer qu’il n’existait pas encore de réponse claire à cette question, Mme TIBAIJUKA a estimé que la cohérence et l’efficacité doivent être mises au centre de la réflexion à mener sur la question.  La Commission pour l’Afrique, créée par Tony Blair, dont ONU-Habitat est membre, et le NEPAD, sont des initiatives dont il faut se féliciter, a dit Mme Tibaijuka.  Il faut arriver maintenant à créer des synergies et une véritable coordination entre ces différents cadres.  La coordination, a fait remarquer Mme Tibaijuka, est une nécessité dont nous parlons tous.  Mais il y a une réalité que nous observons sur le terrain: personne ne veut donner la priorité à la coordination.  Ni les gouvernements nationaux, ni les bailleurs de fonds n’en veulent réellement, a dit Mme Tibaijuka.


Intervenant à son tour, M. CARLOS FORTIN a dit que la CNUCED se concentrait sur le renforcement des capacités et notamment des capacités humaines.  Il faudrait maintenant donner plus de moyens au renforcement des capacités institutionnelles, a-t-il suggéré.  Il y a en ce moment un grand besoin de création d’infrastructures pouvant soutenir les questions de gouvernance qui sont souvent, il faut le reconnaître, perçues comme une tentative d’ingérence par les gouvernements.  Concrètement, la CNUCED a permis aux gouvernements d’améliorer leurs recettes en les aidant à informatiser les procédures douanières.  Nous en sommes heureux, mais il faudrait que les agences de l’ONU évitent toujours de tomber dans l’arrogance quand elles apportent un soutien aux pays, a suggéré M. Fortin.


Reconnaissant que la délicatesse du traitement des questions liées à la gouvernance, Mme JACOBY a soutenu le point de vue de M. Fortin.  Elle a ensuite dit qu’il fallait traiter de la question de la coordination en tenant compte de la position de la communauté des donateurs et des bailleurs de fonds multilatéraux.


Mondialisation et interdépendance


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que la libéralisation doit être faite de manière simultanée aux niveaux national et international et que les pays développés devraient remplir leurs engagements pour soutenir les efforts des pays en développement.  Un meilleur accès au marché, l'allègement de la dette ainsi qu'une APD accrue pourraient soutenir les efforts de développement des pays à faible revenu, a-t-il précisé.  Il a affirmé qu'une approche internationale concertée peut renverser les effets négatifs de la mondialisation et, qu'à ce titre, les Nations Unies ont un rôle clef à jouer comme l’ont décrit les conférences de Monterrey et de Johannesburg.  Le représentant a également souligné le rôle plus important que devrait tenir l'Organisation dans l'élaboration de normes relatives aux migrations.  Expliquant que le Gouvernement comprend un ministère pour la gestion des migrations et les communautés expatriées, il a préconisé le renforcement de la coopération sur les migrations afin d'en optimiser les bénéfices pour les pays d'origine comme pour les pays de destination. 


M. ANDREAS BAUM (Suisse) a insisté sur l'Initiative de Berne, lancée par son pays, en vue d’améliorer la gestion des migrations par les autorités étatiques compétentes en élaborant des approches efficaces basées sur des principes communs de migration et des recommandations générales en matière de bonne gouvernance.  Le représentant a noté que cette Initiative et la Commission mondiale sur les migrations internationales se complétaient et s'enrichissaient mutuellement.  Cette dernière, a-t-il expliqué, créée entre autres par la Suisse et la Suède, vise à formuler une analyse détaillée et cohérente du phénomène de la migration.  Le représentant suisse a encouragé la communauté internationale à soutenir ces deux processus afin que le débat sur les défis des migrations internationales soit poursuivi et renforcé, dans la perspective du dialogue de haut niveau qui se tiendra en 2006.  Favorable au maintien d'une distinction claire entre le régime international de protection des réfugiés et le cadre de gestion des migrations, M. Baum a soutenu l'initiative « Convention Plus » du Haut Commissaire pour les réfugiés qui vise à compléter le régime existant de protection en développant de nouveaux outils, sous la forme d'accords spécifiques. 


M. P. R. O. OWADE (Kenya) a estimé que, dans les pays en développement, la composante la plus importante de la libéralisation du commerce a été le changement apporté dans l’orientation commerciale qui a vu des pays passer d’une politique de substitution des importations à une politique tournée vers l’extérieur.  En conséquence, les barrières tarifaires et non tarifaires ont dû être levées sur les importations et s’il est vrai que certains secteurs ont connu un renforcement de leur compétitivité, il est tout aussi vrai que les flux d’importations ont exposé certaines industries à une concurrence déloyale occasionnant des pertes d’emplois et une baisse du niveau de vie.  De nombreux pays africains continuent de lutter contre les chocs découlant de l’ouverture de leurs économies à la concurrence étrangère et la seule manière d’alléger leur fardeau est d’assurer une issue heureuse aux négociations de l’OMC, a estimé le représentant.  Il a aussi jugé important que le lien entre les politiques macroéconomiques et le développement social soit discuté, de manière approfondie. 


Il a, en effet, fait observer, que pour imposer réaliser une discipline fiscale et une stabilité monétaire, les gouvernements sont appelés à contrôler les dépenses, alors même qu’un tel contrôle implique une diminution des interventions de l’État.  Or, les domaines d’interventions les plus faciles à réduire sont ceux du secteur social qui bénéficient largement aux pauvres.  Le représentant a alors fait part des efforts entrepris par son pays pour maintenir un équilibre entre le macroéconomique et le social avant de faire part des efforts régionaux et de rappeler la création par la Communauté des États d’Afrique de l’est d’une union des douanes qui démontrent la détermination de ces pays à consolidation la coopération monétaire et financière.  Soulevant, à son tour, la question des envois de fonds des travailleurs migrants, le représentant a appelé à un dialogue avec les institutions financières pour traiter de la question de leur coût prohibitif.  Concluant sur la question de la corruption, il a rappelé que son pays a été le premier à signer et à ratifier la Convention qui a été adoptée en décembre 2003. 


Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a déclaré que son pays soutenait les conclusions et les recommandations formulées dans le rapport de l’OIT sur la dimension sociale de la mondialisation.  L’Azerbaïdjan pense également que la lutte contre la corruption et la criminalité économique et financière est un aspect essentiel des efforts qui doivent être déployés en vue de promouvoir le développement.  Notre pays a signé et ratifié la Convention du Conseil de l’Europe contre toutes les formes de blanchiment d’argent, a dit la représentante.  Nous sommes d’accord que des mesures de renforcement budgétaire doivent être mises en place dans le cadre de l’application des réformes économiques conduites dans les pays en transition, a ajouté la représentante, en évoquant toutefois la menace que fait peser la hausse des cours de l’énergie, et en particulier les hydrocarbures, sur les réformes engagées.


M. LENNOX A. DANIEL (Saint-Vincent-et-lesGrenadines), au nom des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sur le sujet de lutte contre la corruption, a déclaré que la corruption compromettait la bonne conduite des affaires, le développement et la bonne gouvernance.  Il a indiqué qu’en réponse à l'appel du Secrétaire général en décembre 2003 pour adopter la Convention contre la corruption, les États membres de la CARICOM ont promulgué des lois et pris une série de mesures contre le blanchiment d'argent aux niveaux national, régional et international et se sont intéressés à toutes les initiatives pour lutter contre la corruption.  La transparence est très importante pour la CARICOM, a-t-il souligné, tout en se félicitant que ses États membres ne soient plus considérés comme des paradis fiscaux ou des havres pour le blanchiment d'argent au profit des terroristes.  Il a souhaité que les mécanismes établis à cette fin soient plus souples et tiennent compte des spécificités des systèmes juridiques des pays en développement.  La lutte contre la corruption est un défi mondial qui nécessite une coopération multilatérale, a-t-il conclu. 


M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a déclaré que la mondialisation avait creusé les écarts entre riches et pauvres.  Elle a également accéléré la dégradation de l’environnement, l’exclusion sociale, et l’exploitation des femmes, des enfants et des groupes les plus faibles et vulnérables.  Le principal défi à relever est celui de la meilleure répartition des fruits de la mondialisation, a estimé le représentant.  Un des principaux obstacles qu’il faut lever, comme le dit le Secrétaire général, est celui du renforcement de la cohérence, a-t-il estimé.  Des investissements accrus devraient être mobilisés en faveur des pays en développement, pour les mettre au service du développement des secteurs les plus favorables à la croissance.  Le Maroc soutient les propositions faites par le Brésil, la France et d’autres pays en vue de développer de nouvelles sources de financement du développement, a poursuivi le représentant.


M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a estimé que le rythme accéléré de la mondialisation ces dernières années avait pris plusieurs pays au dépourvu.  En tant que pays qui joue un rôle important dans les échanges commerciaux, la Malaisie a profité de cette mondialisation.  Les avantages qui en ont été tirés doivent cependant être répartis de manière plus équitable.  Il faut établir un système de commerce international équitable, a-t-il insisté, estimant que la participation accrue des pays en développement pourrait avoir des répercussions positives sur le système commercial.  Il a dit partager l'idée qu'un des obstacles majeurs pour parvenir aux OMD était le manque de cohérence dans les politiques aux niveaux national, régional et international.  Il a par ailleurs affirmé que des efforts devaient être menés afin de prévenir les crises et a soutenu l'idée selon laquelle des institutions financières, dont en premier lieu le Fonds monétaire international (FMI), devraient surveiller les politiques des grands pays développés qui ont des conséquences sur le climat économique mondial.  Enfin, il a souligné la responsabilité des pays en développement pour créer un climat propice afin de renforcer leur résistance nationale et leurs capacités de bonne gouvernance, de cohérence politique ou encore d'investissement dans les domaines de l'éducation et de la santé.


M. FREDERICO DUQUE ESTRADE MEYER (Brésil) a déclaré, au nom du Groupe de Rio, que la mondialisation créait des instabilités financières dont les impacts créent l’exclusion de nombreux pays des échanges internationaux.  Les membres du Groupe de Rio insistent sur l’intégration et la cohérence des politiques financières et économiques.  Les efforts visant la réduction de la pauvreté et l’élimination de la faim doivent nous faire accepter un rôle majeur pour les politiques les plus adaptées aux vrais besoins des pays, a-t-il dit.  Les pressions que l’on observe au niveau international doivent être réduites, afin de donner une marge de manœuvre aux États.  Il est inquiétant que les politiques adoptées par les pays développés en matière commerciale mettent en péril tous les efforts qu’on déploie dans d’autres domaines, comme celui de l’APD.  Le Brésil est en faveur de la mise en place de nouvelles sources de financement du développement, afin de pallier les impacts négatifs des politiques commerciales en vigueur au niveau mondial, qui font perdre aux pays en développement des sources potentielles de revenu.  Concernant la question des migrations, dont les flux sont devenus de plus en plus abondants en période de mondialisation, le Groupe de Rio est en faveur de la facilitation des transferts de fonds des travailleurs migrants.  Les coûts de ces transactions devraient être réduits, a dit le représentant.  En outre, le Groupe de Rio s’aligne derrière l’initiative du Brésil et d’autres pays, dont la France et la Finlande, de trouver de nouvelles sources de financement du développement, a-t-il conclu.


M. ISSA KONFOUROU (Mali) a indiqué les mécanismes qui assurent la protection des droits de l’homme dans son pays, citant notamment le rôle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et du médiateur de la république, qui a pour mission de recevoir les réclamations concernant le fonctionnement des administrations d’État, des collectivités territoriales, des établissements publics ou tout autre organisme investi d’une mission de service public dans leurs relations avec les administrés.  Il a  décrit le rôle joué par l’Espace d’interpellation démocratique (EID) qui a été mis en place en 1994 et qui se tient chaque année le 10 décembre.  Quelques semaines avant la tenue de l’EID, des appels sont lancés par voie de presse, tant en français que dans les langues nationales, aux citoyens qui ont des griefs contre l’État relativement au respect de leur droit, a-t-il poursuivi.  Une commission statue sur la recevabilité des correspondances reçues, et procède à l’expédition des interpellations retenues en direction des ministères mis en cause, a indiqué le représentant.  Il a signalé que le 10 décembre, sous la présidence d’un jury d’honneur composé de nationaux, d’étrangers et de représentants de la société civile, et en présence de la presse nationale et internationale, les plaignants présentaient leurs interpellations et les membres du Gouvernement y apportaient des réponses.  À la fin des interpellations, le jury d’honneur fait des recommandations au Gouvernement, recommandations dont l’exécution fait l’objet d’un suivi rigoureux et d’une évaluation avant le prochain EID, a-t-il poursuivi, indiquant que des aménagements ont été apportés au processus afin de mieux l’adapter aux préoccupations de la population.


Mme MARISOL NIETO (Équateur) a insisté sur le rôle des migrations et a défendu la libre circulation des personnes dans le cadre de la libéralisation des marchés.  Elle a toutefois souligné le problème de protection des personnes qui quittent leur pays, souvent pour combler un manque de main d'œuvre dans un pays développé, et a appelé ces derniers à protéger ces personnes vulnérables.  Elle a également affirmé que son pays était très déterminé à collaborer pour résoudre les aspects négatifs des migrations, notamment par le contrôle strict des migrations illégales.  Dans ce but, a-t-elle insisté, pays d'origine et de destination doivent collaborer.  De plus, elle a souhaité une meilleure coopération internationale en ce qui concerne la traite des êtres humains.  Par ailleurs, elle a souligné l'importance des envois de fonds de migrants pour l'Équateur et a donc demandé que leurs coûts de transfert soient abaissés.  Enfin, la représentante s'est dit convaincue que le dialogue de haut niveau sur les migrations internationales en 2006 sera une étape très importante pour répondre aux défis de ce problème. 


M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a à son tour souligné que les bénéfices de la mondialisation n'étaient pas répartis de manière équitable.  Ainsi, a-t-il expliqué, la Zambie, comme de nombreux pays en développement, lutte pour atteindre les OMD tout en essayant d'obtenir les capacités nécessaires pour faire face à l'environnement économique de plus en plus compétitif.  Il a affirmé qu'il fallait rapidement renforcer les partenariats mondiaux pour le développement qui devraient assurer le respect des engagements pris et offrir un soutien pour accéder au marché, pour alléger le fardeau de la dette et accroître l'aide publique au développement (APD).


M. DURGA SUBEDI (Népal) a déclaré que les politiques macroéconomiques appliquées par les pays en développement auraient dû leur permettre de s’intégrer aux échanges mondiaux.  Mais les insuffisances dont souffrent nos pays en matière de capacités et d’infrastructures se sont avérées des obstacles insurmontables, a dit le représentant.  Il est nécessaire aujourd’hui de définir et d’accepter qu’il y a une dimension culturelle au développement, a-t-il poursuivi en regrettant que les technologies de l’information et des communications (TIC), qui permettent de transmettre les informations et les connaissances indispensables à l’accès à l’économie basée sur la connaissance, ne soient pas mises à la disposition des pays en développement.  Les TIC devraient être gratuitement mises à la disposition des pays défavorisés, a-t-il estimé.


M. MOHAMED AL-KONI (République arabe libyenne) a déclaré qu'il fallait travailler pour permettre aux pays en développement de tirer parti des possibilités offertes par la mondialisation.  Il a noté que la cohérence politique au niveau national était essentielle et a fait remarquer que la République arabe libyenne avait pris des mesures importantes de manière à renforcer l'économie nationale et promouvoir la participation du secteur privé.  Il a dit espérer que cela contribuerait à ce qu'il ait une diversification des revenus dans son pays, pour l'instant en grande partie dérivés du pétrole.  Par ailleurs, le représentant a souligné l'importance aujourd’hui des migrations internationales dans le monde.  Il a notamment déclaré soutenir les efforts visant à réglementer les migrations internationales et à réduire les migrations illégales.  Enfin, il a affirmé que la juste répartition des bénéfices de la mondialisation était davantage compliquée par la corruption.


Mme CLAUDIA ALEMAN (Pérou) a déclaré que les migrations, qui se sont accélérées à cause de la mondialisation, ne sont pas un phénomène nouveau, puisqu’elles ont toujours existé au cours de l’histoire.  Des millions de personnes originaires des pays aujourd’hui développés se sont, au cours des derniers siècles, installées dans les régions du monde où les ressources naturelles et les terres étaient plus généreuses que dans leurs pays d’origine, et où ces personnes n’étaient pas soumises aux conséquences des guerres et des persécutions religieuses ou sociales, a dit la représentante.  L’intolérance qui existe aujourd’hui dans les pays du Nord est due au ralentissement de la croissance dans ces régions et à la naissance de politiques de plus en plus xénophobes, a dit la représentante.  Cependant, a-t-elle fait remarquer, au vu du vieillissement de leurs populations, les pays du Nord ont besoin de la migration pour assurer leur équilibre démographique et leurs besoins de main d’œuvre.  Le Pérou organisera une rencontre internationale sur la question des flux migratoires à Lima l’année prochaine, a indiqué la représentante.


M. DER KOGDA (Burkina Faso) a rappelé que le bien-être économique était un des facteurs déterminants des flux migratoires, incitant une part de la main d'œuvre peu qualifiée mais aussi des intellectuels et des cadres qualifiés à s'expatrier.  Beaucoup de pays de départ bénéficient des retombées de la fuite du capital humain, a-t-il toutefois précisé, en insistant sur le besoin d'intégrer cette dimension socioéconomique des migrations dans les stratégies de développement.  Le Gouvernement du Burkina Faso entend canaliser ces ressources en instituant des mécanismes incitatifs tel que l'introduction d'un code d'investissement ou d'un régime spécial pour les petites et moyennes entreprises créées avec des fonds extérieurs drainés par des expatriés.  Par ailleurs, il a affirmé que le succès de la lutte contre la corruption dépendait de la volonté politique à mettre en œuvre des réformes.  Le représentant a indiqué que son pays avait pris des mesures importantes pour remédier à la corruption, notamment en procédant en 2002 et en 2003 à la relecture des textes sur les achats publics et en augmentant les ressources des différents corps de contrôle concernés par cette question. 


Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a déclaré que selon un rapport des Nations Unies sur les migrations internationales, 163 millions de personnes ont volontairement choisi de franchir des frontières en vue de trouver de meilleures conditions de vie en 2002.  La baisse des coûts de transport et la facilité d’accès à l’information ont favorisé les mouvements de personnes ces dernières années, a dit la représentante.  Cependant, a-t-elle fait remarquer, ce phénomène n’est pas exclusivement Sud-Nord comme on veut traditionnellement le décrire.  Les tendances Sud-Sud et Nord-Sud existent également, au fur et à mesure que naissent de nouveaux pôles de croissance économique.  La Thaïlande est, par exemple, devenue à la fois un centre d’attraction des migrations et de fourniture de migrants, a dit la représentante.  Notre délégation pense qu’une meilleure gestion du processus de mondialisation permettrait de trouver des réponses aux nombreuses questions qui se posent, a-t-elle estimé.


M. BELKACEM SMAILI (Algérie) a rappelé que les personnes vivant dans un autre pays que celui de leur naissance représentait aujourd'hui près de 3% de la population mondiale.  Il a estimé qu'une mondialisation humanisée passait nécessairement par une prise en charge responsable de la question des migrations par la communauté internationale.  Selon le représentant, les flux migratoires vers le Nord privent souvent les pays en développement de pans entiers de leurs meilleures compétences, pourtant indispensables pour leur développement, accentuant ainsi leur marginalisation et hypothéquant sérieusement leur chance d'intégration à l'économie mondiale.  Concernant les migrations, il a souhaité que les efforts déployés par le système des Nations Unies et par les organisations internationales et régionales soient renforcés.  Saluant le dialogue de haut niveau sur ce sujet en 2006, il a cependant affirmé qu'il était urgent de convoquer une conférence internationale pour examiner la question des migrations internationales et du développement, dans la perspective de l'établissement d'un cadre juridique international. 


Mme AHLAM AL-HARTHY (Oman) a déclaré que les normes en vigueur au niveau international en matière économique avaient défavorisé les pays en développement.  Les normes et structures mises en place ont profité aux pays les plus riches et les plus puissants qui, alors qu’ils demandaient aux pays du Sud de lever leurs protections tarifaires et d’ouvrir leurs marchés, n’ont pas fait la même chose, a dit la représentante.  Oman demande que soient respectés tous les engagements pris lors des grandes conférences internationales à caractère économique et financier, a-t-elle dit.  Depuis son accession à l’OMC, Oman a respecté les règles édictées par cette institution, mais n’a pas en retour pu bénéficier d’un égal accès aux marchés et aux flux financiers des pays industrialisés, a indiqué la représentante.


Prenant la parole au nom de la communauté des Caraïbes (CARICOM) sur le sujet de la mondialisation et de l'interdépendance, M. CARLISLE RICHARDSON (Saint-Kitts-et-Nevis) a souligné que beaucoup de pays avait été laissé de côté par la mondialisation.  Afin d'équilibrer ce processus, il a affirmé qu'il était nécessaire d'exercer un meilleur contrôle sur la mondialisation et d'établir une meilleure cohésion.  Les pays du CARICOM sont devenus plus vulnérables aux chocs mondiaux, a-t-il précisé, en indiquant que ces économies petites et ouvertes avaient besoin d'aide face à la compétitivité du marché mondial.  Il a par ailleurs souligné que le phénomène des migrations avait entraîné un exode des compétences.  Ainsi, a-t-il insisté, le sous-développement s’accentue dans la mesure où les pays développés deviennent encore plus développés.  Les OMD sont une plate-forme qui doit permettre de réaliser le développement durable et, dans ce but, a appelé au respect des engagements pris.  Il a en outre indiqué que le niveau de développement économique avait des conséquences directes sur le développement social.  Les États membres de la CARICOM n'ont pu aller loin dans leur processus de mondialisation en raison de leur manque de ressources financières et de capacités institutionnelles.  Nous souhaitons intégrer l'économie mondiale, a-t-il conclu.  À cette fin, il a suggéré de déterminer des indices de vulnérabilité, de traitements préférentiels


M. MAKHDOOM SYED ALI HASSAN GILANI (Pakistan) a souligné que, malgré ses opportunités et ses espoirs, la mondialisation avait contribué à l'exclusion des pays pauvres.  Parmi les raisons des inégalités de revenu entre riches et pauvres, il a cité la libéralisation économique nettement en faveur des pays développés ou encore le coût croissant de l'intégration à l'économie mondiale qui empêche les pays en développement de gérer ce processus eux-mêmes.  De plus, il a estimé que c'était la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey, de la Déclaration de Johannesburg et du Consensus de Sao Paulo.  Il a notamment souligné qu'il fallait des mesures concrètes en matière de finance, de commerce et des technologies.  Dans ce but, il a donné la priorité au renforcement des capacités des institutions multilatérales pour aborder les sujets du commerce, de la finance et du développement de manière intégrée.  Il a également souligné la nécessité de rendre plus démocratiques les institutions responsables de décisions dans le processus de la mondialisation, comme la Banque mondiale ou l'Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il s'est également dit convaincu que les migrations doivent être un élément central d'un système équitable commercial.  Si les marchés sont libres, la main d'œuvre, autre facteur de production, doit avoir une liberté similaire, a-t-il insisté. 


M. BASEL EL-KAYED (Jordanie) a déclaré que la Jordanie pense que la quête du développement économique et social ne pouvait être satisfaite que s’il existe un environnement de partenariats entre les secteurs public et privé.  La Jordanie est en train d’émerger comme un centre propice aux investissements dans les secteurs technologiques dans sa région, a dit le représentant.  Notre gouvernement, a-t-il indiqué, a mis en œuvre un programme de réformes et d’ajustements majeurs dans le secteur des législations économiques et financières en vue de rendre notre économie plus compétitive, a dit M. El-Kayed.  L’objectif final, a-t-il indiqué, est d’intégrer la Jordanie dans l’économie mondiale.  Au cours des dernières décennies, notre pays s’est consacré au renforcement de ses bases économiques et sociales.  À cet égard, la Jordanie a étroitement collaboré avec la Banque mondiale et le FMI.  Le Gouvernement jordanien a consacré beaucoup d’efforts à la libéralisation du commerce et à l’intégration de l’économie du pays aux échanges mondiaux.  Entre 1997 et 2004, la Jordanie a signé plusieurs accords de libre-échange avec l’Union européenne, les États-Unis, et un certain nombre de pays arabes, a indiqué M. El-Kayed.  En 1999, a-t-il ajouté, la Jordanie est devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce.     


M. GHAFARI (États-Unis) a expliqué que les comparaisons entre pays engendrées par la mondialisation pouvaient mener à un sentiment de frustration.  La mondialisation n'est toutefois pas le problème, a-t-il estimé, précisant qu'il n'y a pas de baguette magique permettant aux pays pauvres de se joindre aux pays riches ou à revenu moyen.  Il a affirmé qu'on savait cependant que certains facteurs favorisaient la croissance économique.  Le représentant a ainsi insisté sur le rôle de la bonne gouvernance, rappelant que la Banque mondiale a défini la gouvernance en tant que processus et les institutions qui doivent l’exercer.  La Banque mondiale a décomposé cette définition en six éléments, notamment l’expression démocratique et la responsabilité; l’instabilité politique, la violence, la criminalité et le terrorisme; l’efficacité gouvernementale et l’état de droit.  Elle a montré qu’un pays peut, en améliorant ses indices de gouvernance d’un cran, augmenter son revenu par habitant de 400%, ce qui signifie qu’à long terme, un pays doté d’une bonne gouvernance peut faire passer son revenu par habitant de 1 000 à 4 000 dollars.  L’amélioration de la gouvernance implique des défis politiques complexes mais ces avantages ne peuvent être ignorés.  C’est pourquoi, aucun gouvernement ne devrait opter pour l’inaction, a souligné le représentant, en saluant les efforts déployés par le NEPAD.  Par ailleurs, le représentant a rappelé que la Commission des Nations Unies sur le secteur privé et le développement, le Sommet de Johannesburg et la Conférence de Monterrey avaient tous reconnu le rôle important du secteur privé pour promouvoir la croissance économique et le rôle des partenariats afin de réduire la pauvreté et de réaliser un développer durable.  À cet égard, il a cité en exemple le Partenariat pour le système d’au potable qui regroupe gouvernements, organisations internationales, ONG et secteur privé a permis de produire localement un désinfectant pour l’eau pour les populations de pays en développement afin de réduire les risques d’infections.  Il a également cité le Partenariat pour l’énergie du village mondial (GVEP) qui, en deux ans, regroupe plus de 400 membres, et assiste 15 pays, permettant ainsi à 16 millions de personnes d’accédér à l’énergie moderne.  Par ailleurs, le représentant a souligné l'importance de la diversité culturelle et a souhaité que le projet de convention sur cette question, élaboré par l’UNESCO, se concentre sur la promotion de cette diversité à tous les niveaux et non sur la protection de la culture à travers des restrictions commerciales.  Il s'est dit inquiet de voir que le projet actuel de la convention mettait l'accent sur la diversité culturelle de manière négative. 


M. PROYONO ATIYANTO (Indonésie) a déclaré que le nouveau Président de l’Indonésie, M. Susilo Bambang Yudhoyono, avait décidé de donner une priorité à la lutte contre la corruption.  Il a identifié une série d’actions à mener à cet égard, a dit le représentant.  Ces actions sont inscrites dans le programme de ses 100 premiers jours à la tête du gouvernement, a ensuite indiqué le représentant.  Dans ce cadre d’actions, le Gouvernement indonésien, sous la conduite de son Président, mènera une évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre des mesures lancées contre les pratiques de corruption.  Les efforts que déploiera l’Indonésie en la matière seront soutenus par des lois et des règlements spéciaux, a dit M. Atiyanto.  Le Gouvernement indonésien a également créé une agence d’audit de la fonction publique et une commission nationale des prud’hommes dont les travaux seront soutenus par une Commission anti-corruption créée  en 2002.  Le Gouvernement vient d’amender la Loi sur le blanchiment d’argent, a indiqué M. Atiyanto en précisant que cette décision visait à réduire l’impact de la corruption.  Enfin, a-t-il dit, l’Indonésie a créé un Centre national d’information sur les transactions financières, qui est une unité de recherche de renseignements, autonome et indépendante.  Notre pays, a dit M. Atoyanto, a signé, le 18 novembre 2003, la Convention des Nations Unies contre la corruption, et espère, comme beaucoup d’autres pays, que les dispositions de cette Convention permettront le rapatriement vers les pays d’origine, des avoirs illicitement détournés et déposés dans des banques étrangères par des personnes ou des dirigeants indélicats.  Pour donner plus de force, a dit le représentant, nous pensons que les États Membres doivent aussi soutenir les travaux du Bureau des Nations Unies contre les drogues et la criminalité.


Mme IRENA ZUBCEVIC (Croatie) a indiqué que son pays connaissait une situation économique favorable et que des mesures avaient été prises pour renforcer les entreprises et réduire le rôle de l'état dans le but de maintenir un taux de croissance élevé.  Elle a affirmé que son pays travaillait pour améliorer sa balance commerciale, le climat des investissements et sa crédibilité.  Elle a cependant noté, entre autres, que la dette extérieure et le taux de chômage élevé entravait cette croissance et la stabilité économique.  Par ailleurs, la représentante a souligné l'importance de l'intégration régionale, décrivant les progrès effectués en ce qui concerne la stabilisation politique et les liens économiques avec les pays voisins.  Afin de poursuivre ces tendances positives, a-t-elle expliqué, d'autres réformes structurelles sont nécessaires au niveau national.  Des réformes dans le secteur privé, l'éducation, la santé et la justice sont en préparation, a-t-elle précisé.  En tant qu'économie de transition, a indiqué la représentante, la Croatie considérait qu'il fallait maintenir et renforcer le consensus de Monterrey pour parvenir aux objectifs en matière de développement durable et atteindre un système mondial plus équitable pour tous.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.