COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: DES DÉLÉGATIONS INSISTENT POUR ÉLIMINER LA DETTE, OBSTACLE MAJEUR AU DÉVELOPPEMENT
Communiqué de presse AG/EF/3078 |
Deuxième Commission
8e & 9e séances – matin & après-midi
COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: DES DÉLÉGATIONS INSISTENT POUR ÉLIMINER LA DETTE, OBSTACLE MAJEUR AU DÉVELOPPEMENT
Les institutions de Bretton Woods ne devraient pas échapper à la réforme
imposéeaux organisations multilatérales, estiment les pays en développement
Les faibles progrès réalisés dans la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement, le poids écrasant du service de la dette qui, dans certains pays, notamment les PMA, absorbe de 30% à 40% des ressources budgétaires des Etats, et la baisse drastique des montants de l’aide publique au développement, ont privé les pays en développement des ressources qui leur auraient permis de se doter des infrastructures et des capacités dont ils ont besoin pour satisfaire les besoins essentiels de leurs populations, ont déclaré aujourd’hui des délégations devant la Commission économique et financière.
Dans le cadre de l’examen des questions de politique macroéconomique, et notamment de celle de la dette extérieure, dont le service est devenu insoutenable pour la plupart des pays, les représentants du Nigéria, de la Chine, du Kenya, de la Zambie, de l’Equateur, du Maroc, et du Qatar, qui s’exprimaient au nom du Groupe des 77 et la Chine, ont fait remarquer que le niveau des transferts financiers allant des pays pauvres vers les pays industrialisés était inacceptable. Ces transferts, qui se sont élevés à 248 milliards de dollars en 2003, résultent essentiellement du service de la dette extérieure, ont fait remarquer les délégations en notant le caractère inadéquat des programmes de réduction de dette mis en œuvre à ce jour. Citant particulièrement l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) conçue par le FMI et la Banque mondiale, ces délégations ont noté que ses exigences et conditionnalités étaient contraires aux engagements pris par la communauté internationale en vue de permettre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. En fait, a relevé le représentant de l’Inde, alors que les institutions de Bretton Woods mettaient en place le programme PPTE, les pays développés réduisaient leurs versements d’aide publique au développement (APD) d’un montant sensiblement égal aux bénéfices attendus de l’Initiative PPTE.
L’annulation pure et simple de la dette, dont les intérêts ne font que s’accumuler, et dont le montant total a augmenté de 95 milliards de dollars en 2003, a souvent amené les pays les plus pauvres à rembourser plusieurs fois le montant de leurs emprunts. Cette question devrait donc être sérieusement débattue par la communauté internationale, a estimé un certain nombre de délégations, appuyées, sur ce point, par l’intervention du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement, M. Anwarul Chowdhury. Ce dernier a fait remarquer que dans les conditions actuelles, jamais les PMA et les autres pays vulnérables ne pourraient réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement ou même jeter les bases d’un développement durable.
Axant sa déclaration sur la réforme de l’architecture financière internationale, exigée par la majorité des pays en développement et approuvée dans le Consensus de Monterrey, le représentant de la Malaisie a déclaré que la crise financière que l’Asie avait connue en 1997, et qui s’était propagée dans de nombreuses autres régions de la planète, avait démontré les vulnérabilités financières des pays en développement et les déséquilibres de l’environnement économique mondial. Comme la majorité des pays en développement, nous partageons le point de vue du Secrétaire général, qui soutient la mise en place de mécanismes internationaux de surveillance des flux financiers et des marchés de capitaux, a-t-il indiqué. À l’instar de la délégation de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), de la Chine, et du Nigéria, le représentant malaisien a estimé que le FMI devait appliquer ses critères et politiques de surveillance aux politiques économiques appliquées par les pays industrialisés, qui ont un impact sur le reste du monde.
Parlant de l’amélioration de la transparence et de la responsabilité, ces délégations ont estimé que les institutions de Bretton Woods devraient aussi être amenées à rendre compte des conséquences des politiques auxquelles elles soumettent les pays et en être tenues responsables. Il serait anormal que la réforme et la transparence ne concernent que les Nations Unies, les Etats en développement et leur secteur public, a dit le représentant malaisien en estimant que certains Etats ne devraient pas chercher à soustraire le FMI et la Banque mondiale à cet exercice indispensable à la démocratisation de leur mode de fonctionnement et à la transparence de leur gouvernance.
Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Pays-Bas (au nom de l’Union européenne), Bangladesh, Fédération de Russie, Mexique, Zambie, Brésil (au nom du Groupe de Rio), Népal, République-Unie de Tanzanie, Jamahiryia arabe libyenne, Algérie, Burkina Faso, Japon, Guyana (au nom de la CARICOM), République du Congo, Jordanie, et Venezuela.
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) poursuivra ses travaux demain, mercredi 13 octobre, à 10 heures en examinant la mise en œuvre et le suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Système financier international et développement
Rapport du Secrétaire général (A/59/218)
Ce rapport rend compte des aspects de l’évolution du système financier international qui intéressent particulièrement les pays en développement, et contient, pour 2003, des estimations des transferts nets de ressources financières pour les différents groupes régionaux de pays en développement. Il fait le point des progrès de la réforme du système international depuis la parution du dernier rapport du Secrétaire général sur la question (A/58/369). Le Secrétaire général expose les mesures depuis cette date prises par les pays en développement pour rendre le système financier international plus stable; les raisons pour lesquelles il importe que la communauté internationale favorise l’adoption de politiques propres à mieux protéger les pays en développement, particulièrement sensibles aux chocs économiques, des aléas économiques et financiers internationaux; les raisons pour lesquelles il importe aussi d’étudier des moyens réglementaires mieux adaptés et des instruments de crédit plus souples afin d’aider afin d’aider les pays en développement à réduire les fluctuations de leur balance des paiements et à restructurer leur dette, de manière à ce que celles-ci ne les laissent pas excessivement vulnérables aux crises. Le Secrétaire général poursuit en citant la nécessité de poursuivre les travaux sur la prévention et le règlement des crises, et les raisons pour lesquelles il importe que la communauté internationale continue de rechercher des formules politiquement acceptables qui permettent aux pays en développement et aux pays en transition de prendre davantage part aux décisions économiques de portée internationale comme aux décisions relatives aux règles et aux normes.
Crise de la dette extérieure et développement
Rapport du Secrétaire général (A/59/219)
Ce rapport analyse les variations des indicateurs d’endettement des pays en développement et des pays en transition, à la lumière de l’évolution récente des échanges commerciaux, et des paiements internationaux et des marchés internationaux des capitaux. Il comporte une évaluation de l’allègement de la dette publique accordé au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de la restructuration de la dette effectuée dans le cadre du Club de Paris, et traite de divers aspects de la gestion de la dette dans les pays en développement et des éléments nouveaux ayant trait aux mécanismes adoptés par la communauté internationale en vue de régler les problèmes liés à la dette souveraine due à des créanciers privés.
Dans ses conclusions et observations, le Secrétaire général déclare qu’une nouvelle prorogation de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, pour permettre à ceux qui remplissent les conditions d’en profiter, paraît tout indiquée. L’application de l’Initiative PPTE pourrait être facilitée par une nouvelle simplification des conditionnalités, en particulier l’élimination des conditions structurelles et des « microconditions », qui ne sont pas indispensables à la croissance et à l’atténuation de la pauvreté. En revanche, les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté devraient être intégrés dans des programmes plus vastes de développement national, axés sur une diversification des exportations privilégiant les produits à plus forte valeur ajoutée, recommande le Secrétaire général. Kofi Annan note ensuite qu’il est de plus en plus largement admis que l’application intégrale de l’Initiative PPTE n’éliminera pas le surendettement dans les pays bénéficiaires, de sorte que la communauté internationale devra consentir de nouveaux efforts pour aider ces pays à rendre leur dette viable et à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD). Il faudra accroître les dons aux pays les plus pauvres, outre ceux qui sont déjà accordés pour financer l’allègement de la dette, estime le Secrétaire général.
Il semble indiquer d’appliquer une démarche plus prudente dans l’analyse des problèmes de la viabilité de la dette. Considérer celle-ci comme viable aussi longtemps que de nouveaux capitaux peuvent être obtenus pour en assurer le service revient à courir le risque de contribuer à l’alourdissement du fardeau qu’elle représente tout en exposant les pays concernés à l’humeur des marchés ou à de brutales modifications des conditions appliquées par les marchés internationaux des capitaux, comme cela a été le cas dans plusieurs crises financières récentes, relève le Secrétaire général. Il convient, estime-t-il, de réfléchir aux conséquences de l’instabilité des flux de capitaux au moment de déterminer la viabilité de la dette des pays.
Pour que le financement de la dette fasse partie intégrante de stratégies nationales de développement, les pays endettés doivent s’attacher à renforcer encore les liens institutionnels entre la gestion de la dette et les décisions de politique économique. Concernant l’utilisation des ressources financières d’origine extérieure, les comités nationaux de la dette publique créés par plusieurs dans la zone franc semblent être un pas important dans cette direction, note le Secrétaire général.
Présentation de rapports
M. JAN KREGEL, Chef de la Division de l’analyse des politiques et du développement du Bureau du financement du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général sur le système financier international et le développement (A/59/218). M. Kregel a fait observer que depuis 1997, les flux financiers allant des pays en développement vers les pays riches avaient été supérieurs aux financements destinés aux pays du Sud. En Asie, une tendance s’est faite en faveur du renforcement de l’épargne et de l’augmentation des réserves monétaires des États, en vue de pouvoir influencer l’évolution des taux de change et être moins vulnérable aux fluctuations des marchés, a dit M. Kregel. Les investissements directs étrangers (IED) continuent d’être la principale source de financement de la croissance dans un certain nombre de pays en développement, a noté M. Kregel. Une meilleure évaluation du poids de la dette des pays en développement est indispensable à la prévention des crises, a indiqué l’orateur en indiquant que le FMI avait adopté une série de mesures pour favoriser ce type de politique. Le FMI a, dans cette perspective, créé un cadre de politiques destinées à favoriser l’octroi de financement aux pays qui respectent certains critères et conditionnalités économiques et financiers. Mais cette démarche est largement insuffisante si l’on veut résoudre les problèmes actuels.
M. VICTOR BUSUTTIL, Directeur de la gestion à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté à la Commission le rapport du Secrétaire général sur la crise de la dette extérieure et le développement (A/59/219) et a, à cet égard, déclaré que la CNUCED avait toujours œuvré en vue de rendre le service de la dette des pays en développement viable et soutenable. Le développement de ces pays ne pourra avoir lieu si leurs capacités financières continuent d’être handicapées par les conditions actuelles de traitement de la dette extérieure, a dit M. Busuttil. Sans réduction de la dette, la plupart des pays en développement ne pourront mettre en place les conditions de promotion d’un développement durable et ne pourront, comme cela est désormais reconnu pour l’Afrique, réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Dans sa forme actuelle, le traitement de la dette profite beaucoup plus aux pays créanciers riches, qu’aux pays pauvres débiteurs. Cette dette, et les politiques économiques actuelles, sont contraires aux engagements pris pour faciliter la réalisation des OMD, a-t-il estimé. Dans la majorité des pays d’Afrique, comme l’a dit M. Gordon Brown, le Ministre des finances du Royaume-Uni, dans les conditions actuelles, l’Afrique ne pourra éliminer la pauvreté de ses populations avant un siècle, a conclu M. Busuttil.
M. ANWARUL CHOWDHURY, Sous-Secrétaire général et Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PIED), a attiré l’attention sur la gravité du fardeau de la dette pour les 50 pays les moins avancés (PMA), qui entrave leur capacité de mettre en œuvre des plans de développement, comme cela a été souligné lors de la troisième Conférence des Nations Unies pour les PMA à Bruxelles en mai 2001. En 2002, a-t-il rappelé, les intérêts de la dette des PMA représentaient 5,1 milliards de dollars, soit près d’un tiers de l’aide publique au développement de 17,5 milliards de dollars fournie à ces pays. Pour certains PMA, le service de la dette a absorbé plus d’un quart de leur revenu national. L’énorme charge du service de la dette, a ajouté M. Chowdhury, oblige les PMA à choisir entre ces remboursements et des investissements dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures. Par ailleurs, rappelant que les pays bénéficiant de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) étaient en majorité des PMA, M. Chowdhury a estimé que cette Initiative avait été trop lente et incapable de fournir une sortie durable de la crise de la dette. Il a toutefois salué la prorogation de cette Initiative pour deux années supplémentaires, décidée la semaine dernière.
Notant les récentes initiatives du Royaume-Uni et des États-Unis qui donnent un nouvel espoir pour l’annulation de l’essentiel de la dette des pays les plus pauvres, M. Chowdhury a estimé que cette annulation devait être placée au centre de tout accord fondé sur ces propositions. L’absence de mesures visant à réduire ou à éliminer la dette constitue une entrave au développement, particulièrement dans les PMA, a-t-il ajouté. L’annulation de la dette pour les pays les plus pauvres du monde est un impératif moral et pratique, en particulier si l’on tient compte de leur lutte contre la pauvreté et la pandémie du VIH/sida, a-t-il également affirmé. De l’avis du Sous-Secrétaire général, les PMA doivent voir leur dette annulée rapidement afin qu’ils puissent réaliser les OMD. Cette action, qui permettrait d’avancer les Objectifs concernant la réduction de la pauvreté et les partenariats mondiaux, ne doit pas être considéré comme un acte de charité, mais comme une décision visant le meilleur intérêt des peuples du monde entier, a-t-il conclu.
Débat interactif
À la suite de la présentation des rapports du Secrétaire général et de l’intervention du Haut Représentant pour les PMA, les États en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, le Président de la Deuxième Commission a demandé à M. Kregel d’expliquer comment les pays pouvaient se préparer pour éviter des crises financières. Quelles sont les mesures qui pourraient faciliter une meilleure utilisation des revenus des pays en développement? Posant ensuite une question à M. Busuttil, il a voulu savoir quel était le rapport entre le poids du service de la dette et les revenus tirés des biens et des services. D’une région à l’autre, les chiffres varient, a-t-il remarqué. Est-ce que c’est lié au profil de la dette, ou plutôt à son montant?
M. Kregel a répondu que la réaction des pays d’Asie du Sud-Est après la crise financière de 1997 avait montré que le recours à une accumulation d’épargne et de ressources financières pouvait donner à un État les moyens de renforcer ses réserves monétaires et de mieux contrôler les crises. Ces pays ont choisi de ne pas recourir aux ressources du FMI qui, l’expérience l’a montré, sont insuffisantes quand il faut faire face à de grands déséquilibres financiers. Concernant les pays d’Amérique latine, il a indiqué que les pays de cette région sont victimes d’un phénomène de transfert négatif de ressources, leurs ressources financières étant drainées vers l’extérieur pour essayer de rendre leur endettement acceptable, et d’attirer des investissements et capitaux extérieurs. Le Chef de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, a récemment indiqué qu’il fallait améliorer le système financier international en le rendant plus souple afin qu’il puisse réagir plus vite aux menaces de crises financières. Certains pays restent en faveur de taux de change fixes, alors que d’autres estiment que ces taux devraient être souples et fluctuants, a-t-il indiqué.
Le représentant du Soudan a rappelé que dans le programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA, l’un des engagements pris était de promouvoir des politiques essentiellement orientées vers l’amélioration de la qualité de vie des populations. Mais on constate que les PMA ont de plus en plus de mal à mettre en œuvre des programmes visant cet objectif, du fait du manque de ressources et du poids trop lourd de l’endettement. La communauté internationale devrait mettre fin à cette contradiction. Soutenant ce point de vue, le représentant du Liban a jugé les discours et les engagements de la communauté internationale à la fois absurdes et creux, les institutions financières et les pays industrialisés ne tenant pas leurs promesses, ce qui rend impossible la réalisation des OMD. L’Initiative PPTE est quant à elle un échec, a-t-il estimé. Le représentant de la France a voulu savoir comment le Secrétariat était parvenu, dans ses rapports, au chiffre de 248 milliards de transferts nets des pays du Sud vers les pays industrialisés. Ces transferts nets ne contiennent-ils pas aussi des investissements de ces pays dans les pays développés?
L’augmentation des transferts nets négatifs du Sud vers le Nord tient en partie au fait que certains transferts et montants financiers ont été utilisés par certains pays en développement pour augmenter leurs réserves en devises, a répondu M. Kregel en notant que si ce genre de politique peut avoir un aspect positif, elle est cependant largement négative pour un pays pauvre.
À quel moment peut-on estimer qu’une dette est réellement viable ou soutenable? a demandé le représentant de la Tanzanie. Comment peut-on concilier dette et nécessité d’investir, sur la base de nouveaux emprunts, pour essayer de mettre en place les infrastructures dont un pays a besoin pour susciter l’intérêt des investisseurs? Pourquoi n’a-t-on jamais sérieusement parlé de l’annulation pure et simple de la dette ou de la responsabilité des créanciers en cas de crise? a voulu savoir le représentant tanzanien.
Répondant à ces questions, M. Kregel a indiqué qu’il n’existait en ce moment aucun accord sur les indicateurs de viabilité de la dette, notamment en ce qui concerne le programme PPTE. Concernant l’annulation de la dette, les États-Unis et le Royaume-Uni, a-t-il précisé, ont clairement déclaré qu’ils étaient en faveur de l’annulation de la dette des pays admis à l’Initiative PPTE. Les États-Unis demandent que l’annulation soit suivie d’une augmentation de financements accordés sous forme de dons. Le représentant du FMI a ajouté que l’Initiative PPTE avait été prorogée de deux ans pour permettre à un certain nombre de pays d’y avoir accès. La création d’un nouveau cadre pour l’Initiative est en ce moment débattue.
Déclarations
M. SULTAN IBRAHIM YOUSUF AL-MAHMOUD (Qatar), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a espéré que le flux de l’aide publique au développement (APD) augmente, conformément aux engagements du Consensus de Monterrey. Il a salué la déclaration faite le 2 octobre dernier lors du débat général par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale concernant la promotion de l’assistance internationale aux pays à bas revenu. Le représentant a aussi souligné l’importance d’une participation plus active des institutions régionales pour l’élaboration de politiques financières, tout en appuyant l’idée d’établir un ordre économique international fondé sur des bases plus saines. Concernant la question de la dette, il a indiqué que son montant total pour les pays en développement et les économies en transition avait augmenté de 4% en 2003. Une dette soutenable est la clef pour réaliser une croissance économique et un développement durable, a-t-il insisté, rappelant que le Groupe des 77 et la Chine ont maintes fois expliqué qu’une dette soutenable doit être liée à la capacité d’un pays d’atteindre ses objectifs nationaux de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Des mesures spécifiques, a-t-il estimé, devraient être prises pour les pays ayant souffert de chocs économiques extérieurs ou de catastrophes naturelles, et pour les pays en conflit ou émergeant d’une telle situation, de manière à les soulager du fardeau de la dette et de permettre leur reconstruction. Insistant sur la responsabilité partagée des créanciers et débiteurs, M. Al-Mahmoud a fait remarquer que, dans certains pays, une assistance internationale concrète pour rembourser la dette était primordiale afin que ces États retrouvent leur solvabilité, et ainsi, leur capacité de paiement. Il a également soutenu que les efforts des pays en développement seraient considérablement facilités par un meilleur accès de leurs exportations sur les marchés et par d’autres mesures visant à renforcer leur capacité de production. Le représentant a conclu en demandant aux Nations Unies d’organiser un débat sur la crise de la dette extérieure afin de trouver une solution durable à ce problème.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a estimé que si les efforts accomplis dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire seront examinés en 2005, tous les États Membres doivent cependant respecter leurs engagements pour atteindre les OMD en Afrique sub-saharienne. Dans ce but, il a souligné que la mise en œuvre du Consensus de Monterrey était cruciale et c’est pourquoi, les pays en développement devraient renforcer leurs efforts pour créer un environnement propice au développement, notamment grâce à la bonne gouvernance et à la mobilisation optimale des ressources nationales. Il a rappelé que l’Union européenne était le plus important contributeur à l’aide publique au développement (APD) dans le monde et que ses États membres avaient réaffirmé leur engagement pour atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD. L’Union européenne est fermement engagée à améliorer la qualité de l’aide par des programmes, des arrangements financiers et des suivis et évaluations communs. En outre, elle soutient les mesures visant une meilleure cohérence dans le processus de décision de l’économie mondiale, a-t-il ajouté. Le représentant a rappelé que l’Union européenne avait adopté un Plan d’action sur la dépendance des produits de base agricoles et une proposition pour un partenariat avec l’Afrique concernant le coton. L’Union européenne a procédé à une réforme de son régime sur le coton qui devrait réduire de manière significative les subsides et renforcer la cohérence avec sa politique de développement. Concernant la dette, le représentant a soutenu la mise en œuvre de l’Initiative PPTE pour les pays éligibles. Précisant que l’Union européenne a fourni 60% du financement de l’Initiative PPTE, il a estimé qu’une évaluation au cas par cas était nécessaire pour assurer une viabilité de la dette à long terme. Le représentant a souhaité une meilleure coopération et coordination et a encouragé, le FMI et la Banque mondiale, à explorer des moyens novateurs pour renforcer la participation des pays en développement au processus de décisions.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que la réforme du système financier international ne devait pas se limiter à un discours accusant les seuls pays en développement, à qui on se contenterait de demander d’améliorer leurs systèmes financiers et d’améliorer la transparence au niveau national. Cette réforme devrait aussi viser la supervision et la rationalisation des flux de ressources financières au niveau international, et la création de systèmes efficaces de gestion et de règlement des crises financières. Bien qu’ils soient soumis aux mesures de l’Initiative PPTE et à ses perspectives d’allègement, les pays en développement concernés continuent à souffrir d’une dette de 90 milliards de dollars, a fait remarquer M. Zhang. Une véritable solution à la dette devrait être trouvée, a-t-il estimé, en attirant particulièrement l’attention sur la situation des PMA qui, sans réduction drastique du fardeau de la dette, ne pourront éradiquer la pauvreté de leurs populations. La dette des pays en développement a des causes historiques et politiques, a estimé le représentant en notant que les mauvaises conditions régnant au niveau international contribuaient aussi à la mauvaise situation des pays du Sud. Les pays développés, a-t-il dit, devraient respecter les engagements pris dans le Consensus de Monterrey et, à cet égard, un mécanisme de mise en œuvre de ces promesses devrait être créé. Les institutions internationales concernées devraient mieux soutenir les pays du Sud à renforcer leurs capacités, et respecter les particularités et les besoins de développement spécifiques de chacun de ces pays au lieu de vouloir leur imposer un modèle occidental irréaliste, a dit le représentant.
M. NIKOLAY CHULKOV (Fédération de Russie) a déclaré qu’un système financier international efficace et stable est essentiel pour réaliser les OMD et renforcer les flux de capitaux vers les pays en développement et les pays en transition. Il a souhaité qu’une plus grande attention soit accordée au suivi régional, notamment par le biais d’un instrument de suivi distinct permettant de prendre en compte les facteurs régionaux. Concernant le renforcement de la participation des pays en développement et en transition dans le processus de décision des institutions financières, le représentant a souhaité avant tout un renforcement de l’efficacité de l’aide au développement. Les institutions financières doivent aider les pays à créer leur propre programme de stabilisation, de développement et de réformes, a-t-il insisté en préconisant des solutions concrètes. Tout en réaffirmant l’appui de sa délégation à l’Initiative PPTE, il a fait remarquer que cette Initiative était un instrument et non une garantie que les pays les plus pauvres pourront régler le problème de la dette. Le représentant a estimé qu’une simple annulation de la dette ne conduira pas aux résultats escomptés et enverrait un signal erroné au pays emprunteurs. C’est pourquoi, il faudrait réfléchir à de nouveaux mécanismes financiers de règlement de la dette qui ne conduiraient pas à l’accumulation de l’endettement.
M. RAGHUNATH JHA (Inde) a déclaré que le niveau atteint par les transferts de ressources des pays en développement vers les pays industrialisés était devenu inacceptable, atteignant 248 milliards de dollars en 2003. Les pays du Nord ont réduit l’APD en même temps que le FMI et la Banque mondiale mettaient en place l’Initiative PPTE, a fait observer le représentant. C’est un jeu qui nous ramène au point zéro, a-t-il dit. Les recommandations concernant les politiques de développement qu’adoptent les institutions de Bretton Woods ne sont pas favorables à l’essor économique des pays en développement, a estimé M. Jha, en notant que seuls les investissements pouvaient favoriser la croissance. Le deuxième « Consensus de Bâle » sur les normes et codes financiers internationaux ignore les intérêts des pays en développement, a dit le représentant en notant que les pays du Sud n’avaient pas été associés à la réflexion et aux prises de décisions qui ont mené à l’adoption de ce document. Notre délégation estime donc qu’il est urgent de conclure la 14ème reconstitution des ressources de l’Association internationale pour le développement (IDA), et nous pensons qu’il est temps de mettre en œuvre les arrangements relatifs au recours et à l’allocation de Droits de tirage spéciaux (DTS) pour le financement du développement, a dit M. Jah.
M. MUSTAPHA (Nigéria) a déclaré partager les observations formulées par le Secrétaire général dans son rapport sur le système financier international et le développement. Sans participer activement dans les institutions financières internationales, les pays en développement demeureront en proie aux risques et incertitudes de l’économie mondiale. Il a indiqué qu’il était urgent de remédier au déficit démocratique de gouvernance qui existe actuellement dans les activités des institutions de Bretton Woods ainsi qu’à la sous-représentation de l’Afrique au FMI et à la Banque mondiale. Concernant la dette, le représentant a expliqué que chaque dollar servant à rembourser la dette était prélevé de programmes sociaux qui sont pourtant essentiels pour la population. C’est pourquoi, la communauté internationale devrait prendre des mesures urgentes pour mettre en œuvre les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale sur la dette extérieure, a estimé le représentant en affirmant que les Nations Unies peuvent jouer un rôle crucial pour trouver des solutions durables à ce problème.
M. LAZARUS AMAYO (Kenya) a déclaré qu’il fallait mettre fin à la sous-représentation des pays africains dans les organes de décision et les échelons de direction des institutions de Bretton Woods, et a demandé que les nominations et les promotions au sein de ces institutions fassent l’objet d’un examen. La dette extérieure des pays en développement et en transition a augmenté de 95 milliards en 2003, a indiqué le représentant. En même temps, la dette privée a elle aussi augmenté en Afrique subsaharienne, rendant le poids de la dette insupportable pour la région, a dit M. Amayo. La mauvaise situation des pays y a été aggravée par les mauvaises performances des secteurs d’exportation de matières premières, du fait de la dépréciation des cours de ces produits. Le Kenya a été victime de ces tendances, a dit le représentant. Malgré la baisse des revenus, les pays à revenu intermédiaire ont cependant dû honorer le service de la dette extérieure, alors qu’ils manquent de ressources pour mettre en place les projets et les infrastructures dont ils ont besoin pour améliorer la qualité de vie de leurs populations, a fait remarquer M. Amayo.
M. SHAMSUL ALAM PRAMANIK (Bangladesh) a souligné la nécessité d’explorer des moyens novateurs pour augmenter le flux actuel d’APD. Il s’est dit encouragé par les initiatives internationales pour la prévention et la résolution des crises, tout en précisant qu’elles ne devaient pas imposer de nouvelles conditionnalités. Le représentant a indiqué que pour la plupart des PMA exportant un seul produit de base, le financement du commerce doit être plus sûr et que les économies plus importantes ont une responsabilité proportionnelle pour maintenir la stabilité de l’économie mondiale. Rappelant que les pays endettés doivent choisir entre le remboursement de la dette et des investissements dans les services sociaux, il a déclaré qu’une annulation totale des dettes bilatérales et multilatérales permettrait de fournir des ressources pour les besoins de base des populations et pour parvenir aux OMD.
M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a déclaré que malgré les perspectives favorables de croissance qui existent au niveau international, la situation des pays en développement demeure fragile, surtout au moment où les cours du pétrole sont en hausse. La communauté internationale devrait déployer des efforts en vue de favoriser des flux de capitaux vers les régions en développement, et notamment l’Afrique. Les politiques mises en œuvre dans les pays développés ont un impact direct dans les pays du Sud, a dit le représentant en appelant les pays du Nord à respecter les engagements pris à Monterrey. Le FMI devrait tout faire pour prévenir les crises financières, dans les pays en développement, a-t-il ajouté. En outre, les efforts de réforme de la gouvernance des institutions de Bretton Woods doivent se poursuivre pour les rendre plus représentatives. Ce changement ne peut se faire sans la volonté des pays développés qui s’y sont engagés, dans le cadre du Consensus de Monterrey, à favoriser la représentation des pays en développement au processus décisionnel du FMI et de la Banque mondiale, a dit le représentant. Le Maroc se félicite de la prorogation de la durée de l’Initiative
PPTE, ce qui permettra à plus de pays de bénéficier de ce programme de réduction de la dette. La réalisation des OMD, a dit le représentant, tiendra à la capacité des pays pauvres à rester financièrement viables. Notre délégation, a-t-il poursuivi, se félicite de la création d’un nouveau cadre d’évaluation de la viabilité de la dette par les institutions de Bretton Woods.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie), s’exprimant au nom des pays membres de l’ANASE, a souligné que la stabilité dans le secteur financier était un des objectifs principaux de l’ANASE et que l’expérience tirée des crises financières avait servi de base pour la création en octobre 2003 de la Communauté économique de l’ANASE visant à renforcer son développement et sa résistance économique. Le Processus de surveillance de l’ANASE (ASP) sert de mécanisme d’alarme précoce pour prévenir les problèmes qui pourraient avoir un impact négatif sur le secteur financier de l’ANASE, a-t-il précisé. Il a réaffirmé en outre l’engagement de l’ANASE à fournir aux investisseurs un environnement concurrentiel et propice aux investissements. Il a indiqué que, bien que l’ANASE soit désormais sortie de la crise financière, elle était toujours vulnérable aux risques et incertitudes mondiaux. Pour maintenir sa reprise, le représentant a jugé essentiel de remédier aux défis de la mondialisation et, avant tout, au fardeau de la dette pour les pays en développement. Il a dit appuyer les efforts pour élaborer et mettre en œuvre des mécanismes novateurs afin de traiter ce problème de façon intégrée, notamment à travers l’utilisation de droits de tirages spéciaux et les programmes de développement. Le représentant a également demandé une participation accrue de ces pays membres dans la définition des politiques des institutions de Bretton Woods et dans le cycle des négociations de Doha. Il a enfin souhaité une action concertée de tous les États Membres afin de prévenir les chocs potentiels qui pourraient perturber la stabilité de l’économie mondiale.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a déclaré que l’éradication de la pauvreté continue d’être la priorité de la majorité des États Membres. C’est pour débattre de cette question que, sous l’égide du Président du Brésil, des chefs d’État se sont réunis aux Nations Unies juste à la veille de l’ouverture de la 59ème session de l’Assemblée générale pour parler de la faim, qui affecte de nombreuses populations à travers le monde. Il est inacceptable que la survie sociale des peuples des pays en développement soit mise au second plan, juste pour donner la priorité au remboursement d’une dette que les pays du Sud ont en réalité déjà remboursée, a dit M. Gallegos Chiriboga. Il n’est pas possible de réconcilier les obligations du service de la dette avec les nécessités de la lutte contre la pauvreté, a-t-il estimé. Nous devons combattre les inégalités des arrangements internationaux qui portent atteinte à la vie de nos populations et à la souveraineté même de nos pays, a dit le représentant.
M. CARLOS RUIZ MASSIEU (Mexique) a déclaré que la participation des pays en développement et des pays en transition dans l’adoption de décisions économiques au niveau international devrait être encouragée par la communauté internationale. Le Mexique considère que toutes les parties prenantes du Consensus de Monterrey doivent analyser les moyens pour créer les conditions nécessaires à un meilleur flux de l’investissement étranger direct (IED) et encourager l’épargne. Dans ce but, il a noté les recommandations de la Commission sur le secteur privé et le développement, pouvant selon lui, contribuer à la réalisation de ces objectifs. Le représentant a également souligné la nécessité de trouver des mécanismes pour garantir que la dette soit soutenable et permette la réalisation des OMD. Il a ajouté que c’était dans cet esprit que son pays participait aux stratégies multilatérales et bilatérales de réduction et de remise de la dette extérieure des pays en développement, notamment à travers le financement de l’Initiative PPTE ou encore la restructuration des dettes à des conditions plus favorables pour certains pays d’Amérique centrale. Il a estimé nécessaire de poursuivre les initiatives, dans le cadre de la responsabilité partagée des créditeurs et débiteurs, qui peuvent contribuer à la réduction de la dette ou, le cas échéant, à son annulation.
M. MEWLWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a appuyé la recommandation relative à la politique de la dette contenue dans le rapport du Secrétaire général. Relevant les faits saillants de ce rapport, le représentant a fait observer que bien qu’il ait atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE, son pays se contente toujours de mesures intermédiaires. Il a donc espéré que la Zambie pourra accéder à un allègement complet d’ici la fin de cette année. Il a souligné que les conditions d’accès à l’Initiative sont un véritable défi pour des pays comme le sien. Souvent, s’est-il expliqué, ces conditions conduisent à une réduction des investissements dans les infrastructures et la production, éléments pourtant nécessaires à la croissance et à la création d’emplois. Le représentant a aussi attiré l’attention sur l’impact négatif sur les économies nationales des facteurs externes tels que les fluctuations des prix des produits à l’exportation ou les catastrophes naturelles. Il a poursuivi en estimant que les cadres macroéconomiques du FMI et les DSRP ne sont pas suffisamment axés sur la croissance et les ODM. Au contraire, a-t-il dit, ils se focalisent trop sur la réduction de l’inflation et le contrôle des taux d’intérêt et des taux de change.
Le représentant a donc lancé un appel urgent aux institutions financières internationales pour qu’elles revoient leurs politiques de prêts aux pays à faible revenus afin de dégager des ressources additionnelles aux fins de la réalisation des ODM. Il a aussi estimé que la gestion actuelle de la dette extérieure ne tient pas compte de variables telles que les exportations, les importations et la taille des investissements étrangers directs (IED) et de l’aide publique au développement (APD). Parmi d’autres variables, il a cité l’externalisation des profits, les structures de production, les taux de change réels, les retours sur investissements, les revenus fiscaux et l’offre à l’exportation. Il a donc prôné l’établissement d’un lien fort entre la mobilisation des ressources et le financement de la dette, d’une part, avec les stratégies nationales de développement, d’autre part.
Avant sa déclaration sur la réforme de l’architecture financière internationale, M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a déclaré que la crise financière que l’Asie avait connu en 1997 et ses effets de contagion à travers de nombreuses régions de la planète avaient démontré les vulnérabilités des pays en développement et les déséquilibres de l’environnement économique mondial. Une des leçons durement apprises par nos pays a été que l’architecture financière internationale n’a pas été conçue pour protéger les petites et moyennes économies en émergence, qui manquent de capacités institutionnelles, a dit M. Radzi Rahman. Victime des manœuvres des spéculateurs financiers, notre pays et ceux qui sont au même niveau de développement ont plusieurs fois demandé une réforme du système financier international, sans cependant attirer l’attention de ceux qui le contrôlent. Nous partageons le point de vue du Secrétaire général, qui soutient la mise en place de mécanismes internationaux de surveillance des flux et du fonctionnement des arrangements financiers, a dit le représentant en estimant que le FMI devrait aussi appliquer ses critères et politiques de surveillance aux mesures économiques adoptées et appliquées par les pays industrialisés, ces mesures ayant un impact sur toutes les économies.
L’amélioration de la transparence et de l’information sur les activités des marchés financiers est indispensable, a souligné le représentant. Citant le Ministre des finances de son pays, il a dit que le FMI devait aussi rendre compte des conséquences de ses propres politiques et être tenu responsable de leurs effets sur les Etats. La transparence ne devrait pas non plus se limiter au secteur public, a ajouté M. Radzi. Ses critères devraient être appliqués au secteur privé, y compris les grandes banques, les fonds de pensions et d’investissements, les agences de notation financières, et les opérateurs financiers off-shore. Enfin, a souligné le représentant, il est anormal qu’il soit question de réforme et de transparence au sein des organisations multilatérales et que certains veuillent soustraire le FMI et la Banque mondiale à cet exercice indispensable à la démocratisation de leur mode de fonctionnement et à la transparence de leur gouvernance.
M. RATNA SHUMSHERE J. B. RANA (Népal) a estimé que les initiatives prises, ces dernières années, pour régler le problème de la dette se sont révélées inadéquates. Il a souhaité que l’Initiative PPTE s’élargisse à tous les PMA, car elle se heurte aujourd’hui à un véritable problème de sous-financement. Sans un appui honnête et généreux de la communauté internationale, les PMA et les pays en développement sans littoral, a-t-il averti, ne pourront se sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Faisant partie de ces deux catégories de pays, a-t-il poursuivi, le Népal a vu certaines de ses infrastructures économiques et de développement détruites par les prétendus Maoïstes. Le pays étant engagé dans le processus de mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, un véritable appui de la communauté internationale est une condition sine qua non au succès, a insisté le représentant qui a plaidé pour une annulation de la dette et la mobilisation des ressources existantes et additionnelles. En la matière, il a appuyé la création d’un mécanisme novateur de financement pour contribuer aux efforts des pays en développement visant une croissance économique durable.
Mme CELESTINE MUSHY (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que grâce aux réformes, le PNB de son pays est passé de 3,3% à 6,2%, entre 1997 et 2002. La Tanzanie, a-t-elle aussi indiqué, est donc devenue éligible à l’Initiative PPTE en vertu de laquelle elle a pu prétendre à un allégement de 3 milliards de dollars de sa dette extérieure, soit 2 milliards en termes réels. Si l’Initiative a permis l’allégement de la dette tant attendu et dégager des fonds pour le secteur social, elle n’a pu néanmoins, a souligné la représentante, changer la structure de la dette. La dette tanzanienne continue d’augmenter, passant de 7,09 milliards de dollars en décembre 2001 à 7,33 milliards en décembre 2002, soit un accroissement de 3,4%. En Tanzanie, a-t-elle ainsi précisé, 42% du budget national est affecté au service de la dette; les ressources dégagées par l’Initiative PPTE n’allant qu’au secteur social et pas du tout au secteur de la production et des infrastructures. La nécessité de faire des emprunts, l’obligation de les rembourser et l’impératif d’investir dans le développement est devenu pour la plupart des pays en développement «le cercle vicieux de l’endettement chronique», a souligné la représentante. Obligés de payer le capital et les intérêts, ces pays voient dans la viabilité de la dette un concept vague. La représentante a donc jugé urgent d’explorer des solutions nouvelles parmi lesquelles l’annulation de la dette deviendrait une option rationnelle.
M. MOHAMMED EL KONI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la communauté internationale devait trouver une solution générale à la question de la dette et à celle du financement du développement. Il est nécessaire d’adopter des politiques qui favorisent un développement durable dans les pays les plus pauvres et les plus lourdement endettés, a estimé le représentant en proposant qu’un premier train de mesures soit rapidement pris afin de rendre le service de la dette plus soutenable. La Libye est également en faveur d’une réforme en profondeur de l’architecture financière internationale, afin de donner une voix aux pays en développement qui ne devraient pas être obligés de suivre des politiques à la conception desquelles ils n’ont pas pris part, a dit le représentant.
M. DJIHED E. BELKAS (Algérie) s’est dit préoccupé par le caractère déséquilibré de la reprise économique mondiale au détriment des pays en développement ainsi que par l’accroissement des transferts nets de ressources financières des pays en développement vers les pays développés, dû essentiellement à l’augmentation du service de la dette. En outre, il a expliqué que les IED et l’ADP sont loin des engagements pris au niveau international. Rappelant la vulnérabilité des pays en développement face aux crises économiques et financières de l’économie mondiale, il a également souligné la nécessité de mesures et de politiques pour que ces derniers puissent se prémunir contre ces crises et a plaidé pour une réforme de l’architecture financière internationale permettant aux pays en développement de participer à la prise de décisions et à l’élaboration des codes et normes régissant le système financier international. Enfin, tout en se félicitant de la prorogation de l’Initiative PPTE, le représentant algérien a estimé qu’il était temps de mettre en œuvre les engagements pris pour l’allégement de la dette des pays les plus endettés et à faible revenu ou pour son annulation pure et simple dans certains cas, et de respecter l’engagement de consacrer 0,7% du PNB à l’APD.
M. DER KOGDA (Burkina Faso) a déclaré que les allégements de la dette au titre de l’Initiative PPTE sont trop lents et de trop faible volume pour avoir la moindre portée significative sur les politiques de lutte contre la pauvreté. Il est essentiel que soient renforcées les mesures permettant de rendre l’aide plus efficace, tout en redoublant d’efforts pour mobiliser les capitaux privés qui permettent de combler l’énorme déficit de ressources financières dans les pays africains, a dit le représentant. Une participation plus accrue de l’Afrique aux flux financiers mondiaux exige que soient assurées et renforcées les conditions d’une plus grande stabilité politique et d’une meilleure gouvernance. Outre ces conditions, il faudrait un système juridique et judiciaire impartial qui serait garant de l’application des contrats et des accords, a estimé M. Kogda.
M. KAZUO SANAGA (Japon) a déclaré partager le point de vue exprimé par le Secrétaire général dans son rapport selon lequel, face à la mondialisation, les pays en développement sont exposés aux aléas et risques de l’économie mondiale et ne peuvent soutenir cette incertitude sans un appui de la communauté internationale. La stabilité financière internationale permettrait de donner une base solide au développement, a-t-il souligné en saluant les efforts du FMI et de la Banque mondiale pour améliorer l’analyse de la dette. Il a également souligné l’importance de la capacité de remboursement de la dette. En tant que créancier bilatéral le plus important du monde, le Japon a pris des mesures à cet égard, notamment en allégeant le fardeau de la dette de certains pays, mais aussi par le biais de l’Initiative PPTE. Le représentant a conclu en encourageant les autres pays à jouer leur rôle aux niveaux public et privé pour répondre aux questions posées par l’endettement.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a déclaré, au nom des Etats de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que les catastrophes naturelles qui ont frappé ces pays les ont rendus beaucoup plus vulnérables sur les plans économique et financier. La CARICOM est aussi très fragile face aux crises financières, a dit le représentant, a notant que certains des pays de la région font partie des Etats les plus endettés au monde par tête d’habitant. Il est donc nécessaire que la communauté internationale mette en place un cadre qui permettrait aux Etats de la CARICOM de diversifier leur base économique, ces pays étant trop souvent dépendants d’une seule activité économique. La CARICOM a également besoin d’une architecture financière internationale qui permette à ses représentants de faire entendre leur voix et les spécificités de leurs pays. C’est pourquoi, nous demandons aux délégations d’adopter le projet de résolution qui sera présenté par notre groupe sur cette question, a dit M. Talbot. La CARICOM se joint à tous les autres pays qui l’ont demandé, pour procéder à un examen sérieux de la question de la dette extérieure, a dit le représentant.
M. MAURICE MALANDA (République du Congo) a insisté sur le poids écrasant de la dette qui, en 15 ans, a pratiquement triplé en Afrique. Il a noté que les espoirs suscités par l’Initiative PPTE s’envolent puisque seuls 14 pays ont pu bénéficier de l’intégralité de l’allégement depuis 1995 alors que 13 autres sont parvenus au point de décision. Pour les 11 pays restants, dont le Congo, a-t-il ajouté, il n’est pas certain qu’ils atteignent ce point d’achèvement, surtout si l’Initiative est arrêtée fin 2004 conformément à la « clause couperet ». Il a estimé que le remboursement du principal de la dette du Congo et du service qui en découle, devient un pari impossible et a ainsi plaidé pour l’admission de son pays à l’Initiative PPTE avec une réduction de sa dette extérieure de 80% à 90%. En outre, le représentant a souhaité une plus grande souplesse dans l’application des conditionnalités afin que cette initiative puisse bénéficier à tous les pays demandeurs. Enfin, M. Malanda a remercié les principaux bailleurs de fonds du Club de Paris qui ont accordé, le 14 septembre dernier, une réduction de la dette congolaise de 443 millions de dollars et leur a assuré une transparence totale quant à l’utilisation des fonds générés par cette remise significative.
M. BENEDICTO FONSECA FILHO (Brésil) a déclaré, au nom du Groupe de Rio, que les efforts de résolution de la question de la dette doivent être menés dans le cadre du Consensus de Monterrey qui stipule que la responsabilité de la dette doit être partagée entre créanciers et débiteurs au cas où le service de la dette devient insoutenable. Le Groupe de Rio regrette que les engagements pris à Monterrey ne soient pas encore tenus et que tout le poids de la dette repose sur les seuls pays débiteurs, les pays industrialisés ayant tendance à se soustraire à leurs responsabilités. Nous soulignons la clause du Consensus de Monterrey qui met l’accent sur la nécessité de moduler les exigences du service de la dette de manière à assurer aux pays endettés les investissements dont ils ont besoin pour protéger leurs secteurs sociaux et assurer le bien-être alimentaire de leurs populations, a dit M. Fonseca Filho.
M. BASHEER ZOUBI (Jordanie) a indiqué qu’il était difficile pour son pays, qui est vulnérable aux chocs extérieurs, de les absorber et, par conséquent, d’envisager et de financer des mesures préventives appropriées. La Jordanie dont la dette résulte du choc pétrolier de 1980 continue d’en subir le fardeau. Le représentant a souligné que suite au report par le Club de Paris d’une partie de sa dette à 2007, le service de la dette jordanienne augmentera à cette date qui coïncidera avec le premier remboursement du principal et des intérêts de la dette. Il a expliqué que dans les années précédant cette échéance, un Plan de développement économique et social a été mis en place dans le pays et que ce dernier visera à développer, entre autres, les ressources humaines, les services gouvernementaux et les réformes structurelles et institutionnelles. Il a affirmé que d’ici à 2006, la Jordanie souhaitait atteindre un taux de croissance de 6% ainsi qu’une augmentation du revenu par habitant de 3,6%, et prévoit de réduire son déficit de 2.8% et de ramener sa dette extérieure à 24.5% de son PNB.
M. FERMIN TORO JIMENEZ (Venezuela) a déclaré que la dette avait accentué le fossé profond qui existe entre les pays riches et les pays pauvres. C’est un obstacle sérieux au développement de la majorité des pays du monde, a dit le représentant. Le Venezuela note que les capitaux venant des pays pauvres servent à financer le consumérisme effréné qui règne dans les pays industrialisés. Les politiques du FMI et de la Banque mondiale n’ont pour but que d’assurer le paiement de la dette par les pays en développement dans lesquels interviennent ces institutions. Notre pays s’oppose à ces politiques et au discours qui les accompagne, a dit le représentant. À l’allure actuelle, les OMD ne seront jamais réalisés, a-t-il estimé. C’est pourquoi, le Gouvernement du Venezuela a pris des mesures soutenant la promotion du bien-être de sa population, même si elles sont l’objet de critiques. Nous demandons aux institutions de Bretton Woods et aux gouvernements qui les contrôlent de mettre fin aux politiques d’ajustement, source de la paupérisation des pays en développement. La politique menée par le Président Chavez fait du Venezuela un pays crédible. Nos avoirs financiers en devises étrangères s’élèvent en ce moment à 21 milliards de dollars et notre pays est un partenaire solvable, a dit le représentant.
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