AG/EF/3076

COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: LA MONDIALISATION DOIT ÊTRE UNE FORCE POSITIVE AU SERVICE DE TOUS LES PEUPLES ET PAYS, DÉCLARENT DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS

05/10/2004
Communiqué de presse
AG/EF/3076


Deuxième Commission

4e & 5e séances – matin et après-midi


COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE: LA MONDIALISATION DOIT ÊTRE UNE FORCE POSITIVE AU SERVICE DE TOUS LES PEUPLES ET PAYS, DÉCLARENT DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS


La paix et la promotion de la sécurité humaine sont indispensables à

la promotion du développement, soulignent-elles dans le cadre d’une table ronde


« La communauté internationale doit déployer tous les efforts nécessaires pour faire des mécanismes de l’économie mondialisée une force positive au service de tous les peuples et de tous les pays car nul ne peut échapper la mondialisation », a déclaré ce matin la représentante de Singapour au cours du débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission).  À l’instar de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom des États de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), la délégation de Singapour a plaidé pour une conclusion positive, à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), des négociations du Cycle de Doha, un commerce juste étant, selon ces pays, un moteur essentiel de la croissance et du développement. 


Pour l’Indonésie, Singapour et le Myanmar, il est indispensable que les États reconnaissent le rôle que doivent jouer dans ce cadre les Nations Unies et l’OMC, seuls forums multilatéraux capables d’aider la création d’un cadre mondial permettant de gérer les déséquilibres de la mondialisation.  À cet égard, ces délégations, ainsi que celles des Philippines et du Népal, ont estimé que tous les pays devraient pouvoir participer à la formulation des règles et des normes régissant la production et les échanges économiques mondiaux.  Bien qu’un pas important ait été franchi par l’OMC il y a deux mois, ce qui a permis de sauver et de relancer le processus de Doha, ce cycle de négociations commerciales n’aboutira pas si ses membres ne font pas preuve de souplesse notamment pour le commerce des produits agricoles, a estimé le représentant de Singapour.  Il a suggéré que les pays riches aillent au-delà de leurs seuls intérêts nationaux et acceptent de réduire ou de supprimer les subventions agricoles qu’ils versent à leurs producteurs et à leurs exportateurs, et qui s’élèvent à des centaines de milliards de dollars, créant de ce fait des distorsions sur les marchés agricoles mondiaux.


Le concept de sécurité humaine doit être placé au centre des actions et des politiques socioéconomiques multilatérales et bilatérales, a estimé pour sa part le représentant du Japon.  À cet égard, il a déclaré qu’il ne pouvait y avoir de développement sans paix, et a souligné à cet égard la contribution de son pays à la promotion de la croissance, et à la reconstruction post-conflit dans un certain nombre de pays, dont notamment l’Iraq et l’Afghanistan.  Concernant la situation de l’Afrique et les préoccupations liées à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le représentant a regretté que l’aide publique au développement (APD), dans le cadre de laquelle l’Afrique a reçu 210 milliards de dollars en 25 ans, n’y ait pas été investie dans la croissance des


économies nationales.  Comparant ce cas à celui de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, qui ont reçu 140 milliards de dollars d’APD au cours de la même période, le représentant japonais a estimé que la meilleure situation actuelle des pays de ces régions s’expliquait par le fait qu’ils avaient investi dans des secteurs favorables à la croissance économique.  Les politiques adoptées ont permis d’améliorer la sécurité humaine de leurs populations, réduisant ainsi les causes de conflit par la promotion d’une meilleure qualité de la vie.


Les résultats de la table ronde organisée ce matin par la Deuxième Commission sur le thème « Développement et conflit », semblaient aller dans le sens de la déclaration du Japon.  Animée par le Professeur Paul Collier, Directeur du Centre d’études de l’économie africaine de l’Université d’Oxford, qui a relevé que les conflits internes et les guerres civiles étaient les principales causes du mal-développement ou de l’absence de développement en Afrique et dans les autres zones affectées par les conflits, cette table ronde est parvenue à un certain nombre de constats.  Entre autres, les participants ont reconnu que les causes des conflits n’étaient pas seulement internes, et n’étaient pas toujours dues à la gouvernance des pouvoirs locaux.  Pour le Professeur Collier, de nombreux conflits résultent de la pauvreté prolongée ou de la paupérisation rampante, qui finissent pas créer des frictions entre différentes composantes sociales ou ethniques.  Parfois, ces conflits sont aussi le résultat de facteurs extérieurs qui viennent s’ajouter à des tensions existant au plan national.  Mais il serait illusoire pour les pays développés de croire que les conflits qui ont lieu dans le monde en développement ne les concerne pas, a dit le Professeur Collier en relevant que dans les zones échappant au contrôle d’États centraux, certaines parties aux conflits développent la culture des drogues dures, que l’on retrouve ensuite dans les pays riches, et qui créent des menaces sociales tout en provoquant des pertes économiques.  À cet égard, il a indiqué que selon les études menées par le Centre qu’il dirige, l’impact des guerres civiles du Sud sur ces régions et sur les pays du Nord, provoquait globalement des pertes financières d’un montant de 50 à 100 milliards de dollars par an.


Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants: Inde, Myanmar, Algérie, Kenya, Libye, Namibie, Ukraine, Bélarus, Ghana, Lesotho, Tadjikistan, Malawi, Érythrée, Thaïlande, et Venezuela se sont exprimés.  Les représentants de l’Union africaine, de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont également pris la parole au cours du débat.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 6 octobre, à 10 heures.


TABLE RONDE SUR LE THÈME  « DÉVELOPPEMENT ET CONFLIT »


Présentation liminaire


M. PAUL COLLIER, Professeur d’économie au Saint Anthony’s College et Directeur du Centre d’études de l’économie africaine à l’Université d’Oxford, a déclaré que les guerres civiles sont un risque important dans le domaine de la sécurité, dont les conséquences affectent surtout les populations pauvres.  Les guerres civiles sont notoirement responsables de l’échec des politiques de développement dans de nombreuses régions du monde.  Si la communauté internationale ne fait pas efficacement face à cette question, de nombreux pays risquent de sombrer dans un cycle sans fin de violences et de souffrances, a estimé M. Collier.  Il est aujourd’hui possible de réduire les impacts et les raisons qui provoquent les guerres civiles, a dit le conférencier en rappelant que le rêve de tout jeune étudiant idéaliste était de devenir un redresseur de torts, même par la violence, au service de populations opprimées.  Ce phénomène a été observé dans le monde au cours des années 60 et 70, pendant lesquelles l’idéal révolutionnaire était à la mode.  Mais la vérité finale montre que ce sont les populations que l’on prétendait aider qui sont les principales victimes des conflits, puisque ces guerres détruisent, pour longtemps, les infrastructures sociales et économiques des pays affectés.  La plupart des victimes des guerres sont des civils, qui perdent la vie même après la fin officielle des conflits.  De plus, les guerres civiles touchent les États voisins de la zone de conflit, a déclaré le Professeur Collier en indiquant que les effets de la guerre affectaient de manière négative le tissu social, l’équilibre politique et l’économie des pays de la région où se déroule le conflit.


Au cours des dernières trente ou quarante années, il y a eu en moyenne deux conflits civils par an dans le monde.  Les pertes économiques occasionnées par ces conflits s’élèvent en moyenne à 50 milliards de dollars par an et peuvent atteindre 100 milliards de dollars, a estimé le Professeur Collier.  Par exemple, a-t-il précisé, les conflits qui détruisent l’autorité des États dans le monde en développement provoquent des pertes économiques et sociales énormes dans le monde riche, l’absence de gouvernements dans les zones de guerre permettant à des factions au conflit de cultiver, produire et exporter des drogues qui sont ensuite consommées dans les pays riches en y provoquant des problèmes sociaux et des pertes économiques. 


Il existe un certain nombre de facteurs de risque pouvant entraîner le déclenchement de conflits dont notamment la pauvreté, faiblesse des revenus, l’instabilité sociopolitique et la répartition des revenus dans les pays à risque.  Chaque fois qu’un pays connaît une augmentation de son taux de croissance, il réduit le risque d’éclatement de conflits civils, a dit le Professeur Collier.  Selon nos études, l’augmentation de 1% du taux de croissance réduit de 4% le risque de conflit civil interne, a-t-il poursuivi.  La diversité ethnique d’un pays n’est pas forcément une cause de conflit potentiel si le pays est bien géré économiquement dans un cadre mondial favorable à son expansion.  Les gouvernements ne sont pas forcément responsables des guerres qui éclatent dans les pays pauvres, a-t-il dit.  On a constaté que la satisfaction des besoins essentiels de la population diminue les risques de conflit.  Pour prévenir des guerres, la communauté internationale devrait donc donner plus de chances au développement des pays pauvres.  La marginalisation économique de nombreuses régions du monde y provoque des conflits, a déclaré le conférencier. 


Les différentes normes de gouvernance adoptées par la communauté internationale à ce jour ne conviennent qu’à des pays à revenu intermédiaire, a ensuite dit l’orateur.  Or, nous savons que les pays dont l’économie dépend de l’exploitation de ressources naturelles ont jusqu’à maintenant été les plus vulnérables aux conflits civils, du fait de la mauvaise utilisation faite des revenus tirés de l’exploitation de ces ressources.  Il faut donc promouvoir plus de transparence dans la manière dont les revenus tirés de ces ressources, notamment les hydrocarbures, sont réinvestis au profit des populations, a recommandé le Professeur Collier.  


La communauté internationale n’a pas réussi pendant longtemps à contenir les guerres civiles, alors qu’elle intervenait plus vigoureusement pour mettre fin aux conflits armés opposant des États, a-t-il constaté.  Il faudrait mettre en place des mécanismes, appuyés par une forte volonté politique, afin de rapidement contenir la durée et l’intensité des conflits intra-étatiques, a-t-il indiqué.  Il a ensuite déclaré qu’il fallait arriver à contrôler l’usage des ressources naturelles comme les diamants, les différents minéraux précieux et le pétrole.  Le conflit qui se poursuit dans le delta du Niger, au Nigéria, est alimenté par les ressources tirées de la commercialisation, en Asie du Sud-Est, de cargaisons de pétrole volées, a indiqué le Professeur Collier.  La communauté internationale devrait donc mettre fin à ces trafics en punissant à la fois les trafiquants et les sociétés ou pays qui achètent ce pétrole volé dont les ventes alimentent la violence armée.


Un autre constat que nous avons a fait, a poursuivi le Professeur Collier, est que la démocratisation des pays en développement et les institutions qu’ils mettent en place pour la soutenir ne participent pas encore à l’accalmie et au retour à la paix.  Peut-être que le modèle de démocratie qui a été recommandé à ces pays ne leur est pas vraiment adapté, et qu’il faudrait trouver des formules capables de satisfaire leurs besoins.  Le développement politique a besoin d’un soutien économique.  L’aide internationale devrait donc s’orienter vers un soutien à la mise en place de structures et de politiques économiques qui profitent aux pays pauvres ou en conflit.  La priorité pour promouvoir la croissance ne devrait pas se situer au plan des politiques macroéconomiques, mais plutôt dans le domaine social, a poursuivi le conférencier.  Il est absurde, a-t-il dit, que le FMI soit toujours la première institution à intervenir dans un pays sortant de conflit, suivi de la Banque mondiale, tandis que l’ONU et ses activités opérationnelles de développement n’y arrivent qu’en dernier.  Imposer des mesures de redressement macroéconomique ne devrait pas être prioritaire par rapport à la satisfaction des besoins sociaux de populations vivant dans la souffrance.  En outre, le gouvernement d’un pays sortant de conflit ne devrait pas orienter ses dépenses vers l’achat d’armes, car ce genre de politiques augmente le risque de reprise de conflit.  Enfin, a dit le Professeur Collier, il est regrettable que les politiques internationales planifient l’appui à la reconstruction post-conflit sur une période de deux ans.  La reconstruction devrait être planifiée sur 10 ans, a-t-il recommandé.  L’imposition de conditionnalités devrait être réduite au minimum après un conflit, sauf en ce qui concerne certaines orientations politiques, économiques, et la surveillance des dépenses budgétaires.  La transparence est nécessaire à la restauration de la confiance entre les différentes composantes sociales du pays et entre le pays concerné et la communauté internationale, a conclu le Professeur Collier.


Après la présentation du Professeur Collier, le Président de la Deuxième Commission a ouvert une discussion afin que les délégations puissent obtenir des précisions sur le lien entre développement et conflit.  Le représentant de la Bolivie a demandé quelle était la définition de guerre civile et sa différence avec les conflits violents.  Le représentant du Qatar, quant à lui, a souhaité connaître les mesures qui devaient être prises pour assurer croissance et développement et a souhaité obtenir des détails sur le rôle des Nations Unies dans la période post-conflit, sur laquelle le Professeur Collier a insisté.


Répondant à ces commentaires, le Professeur Collier a indiqué qu’il faut établir une distinction claire entre la guerre civile et le conflit, même violent, qui peut exister dans toutes les sociétés.  On parle de guerre civile, a-t-il poursuivi, quand il y a au moins une armée rebelle organisée qui se bat contre l’armée d’un gouvernement et lorsqu’on compte au moins 1 000 morts au combat.  Par ailleurs, il a expliqué que ceux qui se battent ne le font pas toujours dans l’espoir d’une paix future et que les ressources naturelles sont souvent une incitation pour ces guerres mais également une source de leur financement.  Concernant le rôle des Nations Unies, le Professeur Collier a indiqué que l’Organisation doit mettre en place des grilles de bonne gouvernance, coordonner et stimuler les efforts des donateurs.  L’ONU doit également porter une attention plus grande à la constitution d’institutions économiques qui seront très importantes au cours des années qui suivront la fin de la guerre civile. 


Rappelant que son pays avait été déchiré par une guerre civile, le représentant du Liban a affirmé, qu’à son sens, ces conflits étaient le résultat de situations créées par le colonialisme.  Les Pays-Bas, s’exprimant au nom de l‘Union européenne, ont voulu savoir si un renforcement de la coopération entre Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, bailleurs de fonds bilatéraux et Nations Unies ne serait pas une bonne voie à suivre pour réhabiliter l’environnement économique des pays sortant d’un conflit.  Quant au représentant du Chili, il a demandé des détails sur la situation en Haïti et sur l’attitude de la communauté internationale.


Le Liban était avant la guerre civile un pays à revenu moyen et donc à faible risque de guerre civile, a expliqué le Professeur Collier, précisant que les influences extérieures, de la région et de la diaspora, ont joué un rôle important dans la situation de ce pays, comme dans bon nombre de guerres civiles.  Concernant la question des Pays-Bas, il a estimé que la seule entité qui avait l’autorité morale pour coordonner les efforts économiques post-conflit était le propre gouvernement de ce pays.  Toutefois, a-t-il indiqué, ce dernier ne dispose pas, en général, de la capacité de s’acquitter de ce rôle et il faut donc les renforcer, notamment à travers le soutien de la communauté internationale.  Concernant les réformes qui doivent être effectuées dans les pays sortant de conflit, le Professeur Collier a précisé que trop d’importance avait été accordée aux facteurs politiques jusqu’à maintenant, au détriment de changements économiques.  En réponse à la question du représentant chilien, il a noté que Haïti se trouve dans un environnement criminel et dans une situation géographique favorable au trafic de drogue, qui ont peut-être contribué à une forte criminalité dans le pays.  Il a ajouté que la communauté internationale avait un intérêt légitime à tenter de mettre fin aux conflits.  Cela est particulièrement vrai pour les voisins de pays en guerre civile puisque ce sont eux qui subissent la plupart des répercussions de cette guerre.


Les recommandations énoncées par le Professeur Collier s’appliquent-elles seulement à des pays sortant de conflit? a demandé le représentant du Pakistan.  La Sierre Leone, qui sort d’un conflit, pense qu’elle a besoin de rebâtir ses forces de défense nationales, étant donné que le conflit qu’elle a connu était alimenté par des voisins hostiles, a dit le représentant de ce pays en demandant ce que le panéliste pensait de cette situation.  Le représentant de la Nouvelle-Zélande a voulu savoir ce que l’autonomie des régions pouvait apporter à la résolution à long terme des conflits.  Le représentant de l’Argentinea demandé pourquoi il fallait planifier sur au moins 10 ans la reconstruction post-conflit dans les pays affectés par les guerres, au lieu des deux ou trois années actuellement choisies par la communauté internationale.  Le développement de secteurs économiques, en dehors de l’exploitation de matières premières, est bien souvent difficile en situation post-conflit, a dit le représentant de l’Angola en demandant au Professeur Collier s’il avait des idées sur la manière d’obtenir des investissements extérieurs visant la diversification de l’économie des pays sortant de conflit.  Le représentant du Nigéria a demandé pour sa part si le Professeur Collier avait étudié les causes de la guerre civile que le Nigéria avait connue lors du conflit du Biafra.  Quel est le lien entre le faible taux de création d’emplois et le recrutement des anciens soldats du Biafra, qui alimente les violences que connaît aujourd’hui le Nigéria?  Le représentant de l’Afrique du Suda voulu savoir ce que M. Collier pensait du mécanisme d’examen mis en place au sein de l’Union africaine.  La délégation du Sénégal a fait remarquer que l’Afrique de l’Ouest, qui a connu de nombreux conflits, ne produit par d’armes.  Or, les armes légères y circulent abondamment.  Les études menées par M. Collier ont-elles pris en compte le rôle des marchands d’armes dans les conflits qui affectent les pays en développement?  Le représentant de la Tanzanie a posé la même question en accusant certains pays de profiter des conflits qu’ils alimentent par la livraison illégale d’équipements militaires.  La représentante de la Croatie a voulu connaître les mesures sociales qui devaient être mises en place après un conflit pour éviter sa reprise.  En outre, que peut faire l’ONU pour mettre en place de meilleurs mécanismes d’alerte rapide?  La délégation de l’Ouganda a déclaré qu’un long conflit sévissait sur son territoire.  Le groupe qui en est responsable, l’Armée de résistance du Seigneur, a des liens au Soudan, a dit le représentant.  Le Professeur Collier a-t-il étudié ce conflit?  Quelles recommandations peut-il faire pour lui apporter une solution?  Quels conseils donne-t-il au Groupe des personnalités éminentes sur la réforme de l’Organisation?  La représentante de Haïti est intervenue pour dire que la drogue n’était pas en premier lieu responsable de la situation qui prévaut dans son pays.


Répondant à ces différentes interventions, le Professeur Collier a dit que ses recommandations concernant la reconstruction post-conflit devaient s’appliquer à tous les pays pauvres dont les économies dépendent d’une seule matière première.  La diversification des économies est impérative si on veut donner une chance au développement et à la paix.  Il ne faudrait pas non plus limiter les perspectives de développement des pays actuellement pauvres.  Il faudrait plutôt réduire les délais imposés aux pays pauvres.  Par exemple, le concept « tout sauf les armes », imposé par l’Union européenne aux PMA, n’atteindra aucun objectif palpable sur le terrain.  Ses clauses et arrangements sont trop compliqués et ne pourront jamais satisfaire les besoins des populations des PMA et encore moins y améliorer le niveau de vie des populations, a dit le panéliste.


Concernant les questions de la sécurité des pays sortant de conflit, il faudrait mettre l’accent sur la formation de forces de police efficaces au lieu d’investir dans une armée qui bien souvent sera mal formée, a poursuivi le Professeur Collier.  Les États comme la Sierra Leone pourraient signer des arrangements de sécurité régionaux avec les pays de leur sous-région et obtenir des garanties d’entités comme l’Union européenne, a-t-il estimé.  Les États devraient tout faire pour réduire toute opportunité de création de groupes armés rebelles, généralement constitués de jeunes désoeuvrés et toxicomanes, a-t-il indiqué.  La création de régions autonomes doit, quant à elle, éviter de favoriser les zones les plus riches aux dépens des régions les plus pauvres d’un pays.  S’il faut encourager la décentralisation, il faut veiller à ce qu’elle se fasse de manière équilibrée et judicieuse, a recommandé le Professeur Collier.  S’agissant de la reconstruction économique, dont se soucie l’Angola, on pourrait trouver le moyen de donner aux populations la possibilité de savoir comment le Gouvernement investit le fruit de l’exploitation des ressources naturelles.  Ceci permettrait au Gouvernement d’opérer, grâce à ces ressources, une diversification de l’économie sans heurt majeur, la population étant informée des politiques mises en place.  Le Professeur Collier a ensuite regretté que les pays de l’OCDE imposent des obstacles au rapatriement des fonds illicitement déposés dans leurs banques par des criminels et des dictateurs déchus de pays du Sud.  Cette question devrait être traitée avec la même urgence et le même souci que celle des fonds alimentant le terrorisme qui, elle, menace surtout les pays riches, a estimé le Professeur Collier, en jugeant curieux que les pays industrialisés appliquent la politique des « deux poids deux mesures » sur des questions aussi importantes.


Suite du débat général


M. PALLAM RAJU (Inde), se ralliant à la position exprimée par le Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les déséquilibres de l’économie mondiale risquaient de se poursuivre et que leurs répercussions négatives faisaient obstacle aux efforts pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a appelé à une augmentation de l’aide publique au développement, comme prévu par les engagements pris à Monterrey afin d’atteindre ces objectifs.  Pour l’Inde, les nouvelles sources de financement doivent être consacrées au développement et ne doivent pas imposer de nouvelles conditionnalités aux pays en développement, a-t-il insisté.  Le représentant a indiqué qu’il espérait que les membres de l’Organisation mondiale du commerce joueraient un rôle positif pour parvenir, notamment, à un équilibre dans les négociations pour l’agriculture et l’accès au marché.  Il a rappelé que la protection de l’environnement restait un défi important pour les pays en développement et qu’un des obstacles à l’application du Plan de Johannesburg résidait dans l’absence de technologies écologiquement rationnelles.  Les bénéfices des avancées technologiques doivent être partagées par tous, a-t-il ajouté, citant notamment l’exemple des médicaments qui peuvent aider les pays en développement à résoudre de graves problèmes de santé sur leur territoire.  Le représentant a également affirmé que son pays se préparait activement pour l’examen de la Déclaration du Millénaire en 2005 et qu’à cette occasion, des accords sur le commerce, les réformes monétaires et financières ainsi que de transfert de technologies seraient prises.


M. SUSANTO SUTOYO (Indonésie) a déclaré, au nom des États de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) que la réunion plénière de haut niveau prévue l’an prochain à l’ouverture de la 60ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies devrait développer de nouveaux mécanismes visant à accélérer la réalisation des objectifs agrées lors des grandes conférences des Nations Unies et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La réunion devrait donc déployer tous les efforts indispensables à la mise en œuvre des engagements pris au cours de la dernière décennie.  L’ANASE, a indiqué M. Sutoyo, s’efforce, à travers une initiative régionale, de favoriser la réalisation des OMD à la date limite de 2015.  Les pays de l’ANASE ont fait des progrès remarquables en matière de santé, de réduction de la pauvreté, et de promotion de l’équité entre les sexes, entre autres domaines.  Des mesures spéciales ont été lancées contre le VIH/sida, la grippe aviaire, le Sras et le paludisme.  Lors du dernier sommet de l’ANASE, qui s’est tenu en 2003 en Indonésie, les dirigeants de la région sont parvenus à un consensus concernant la création d’une communauté économique régionale à l’horizon 2020.  La libéralisation du commerce mondial est une nécessité pour les pays de notre région, a poursuivi le représentant.  Nous la considérons comme un moteur important du développement, a-t-il précisé.  Nous mettons la dernière main à la création de la zone de libre-échange de l’ANASE (AFTA) et nous invitons les autres États à améliorer le cadre d’échanges du système commercial multilatéral, a déclaré M. Sutoyo.


M. SAUD AL-JABRI (Arabie saoudite), souscrivant à la déclaration du Qatar au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicité de l’initiative du Brésil visant à éliminer la faim et la pauvreté dans le monde et a suggéré que les ressources nécessaires pour réaliser cet objectif passent par l’engagement des pays donateurs.  Concernant l’impact du cours du pétrole sur l’économie mondiale, le représentant a expliqué que la raison la plus importante de cette hausse n’était pas l’offre ou la demande, auxquelles l’OPEP tentait de remédier.  Des facteurs échappent aux pays exportateurs, a-t-il poursuivi, citant la spéculation internationale ainsi que les conflits politiques au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde.  Il a souligné qu’il était injuste que les pays exportateurs aient à porter le fardeau le plus lourd.  Rappelant que l’Arabie saoudite consacre plus de 4% de son PNB à l’aide publique au développement (APD) au cours de ces 20 dernières années, il a estimé que la mondialisation devait être une chance pour tous et assurer un meilleur niveau de vie.  Le représentant a également noté qu’il fallait renforcer les institutions économiques internationales afin de relever les défis que pose cette mondialisation et ouvrir la voie des échanges internationaux aux pays en développement pour qu’ils aient accès de manière juste à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  En conclusion, il a insisté sur la promotion de la coopération et affirmé qu’elle devait être l’élan principal pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


U WIN MRA (Myanmar) a déclaré que l’instabilité des cours du pétrole posait un danger à la situation économique mondiale, et notamment à celle des pays en développement.  Le Myanmar émet des doutes sur la possibilité pour les pays en développement de réaliser en temps voulu les OMD, a dit le représentant, en notant que la Banque mondiale avait indiqué que 50 à 60 milliards de dollars supplémentaires étaient nécessaires, si l’on voulait atteindre les objectifs de développement agréés au niveau international.  Notre pays se félicite que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ait pu parvenir à un accord au mois de juillet dernier, ce qui laisse espérer une conclusion heureuse des négociations du Cycle de Doha.  Cependant, le Myanmar est d’avis qu’il serait préférable, pour les pays en développement, de ne parvenir à aucun accord final concernant les négociations du Cycle de Doha, plutôt que de se plier, une nouvelle fois, à un accord imparfait imposé par les pays riches, a estimé M. Mra.  Le commerce au sein des pays de l’ANASE est en plein essor, a-t-il ensuite fait remarquer, en déclarant que c’était une source d’espoir pour leur situation économique.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) faisant sienne la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et celle du Groupe africain, a salué l’initiative du Brésil visant à éliminer la faim et la pauvreté.  Il a dit y voir un signal fort de la volonté de la communauté internationale de replacer la question du développement au centre de ses préoccupations.  Par ailleurs, il a souligné que malgré les efforts fournis par les gouvernements de pays en développement, souvent au prix de sacrifices sociaux difficiles, le développement des pays du Sud et son intégration dans l’économie mondiale ne peuvent se réaliser alors que persistent des règles injustes et inéquitables régissant les rapports économiques mondiaux.  Il en va de même pour le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a-t-il ajouté, dont la réussite serait compromise sans le soutien actif et conséquent de la communauté internationale.  Soulignant l’importance des efforts menés par les Nations Unies en matière de développement, il a cependant rappelé que le caractère d’universalité, de neutralité et d’objectivité devait être respecté pour prévenir tout risque d’immixtion dans les affaires intérieures des pays.  Le représentant algérien a enfin mis l’accent sur la protection de l’environnement, rappelant que son pays avait ratifié le Protocole de Kyoto en avril dernier, et a espéré qu’une action collective et responsable se développe, notamment à l’occasion de l’Année des déserts et de la désertification, proclamée par les Nations Unies en 2006.


Mme ONG YEN CHENG (Singapour) a fait remarquer que quelle que soit l’opinion que l’on a de la mondialisation, nul ne peut lui échapper.  La communauté internationale doit poursuivre ses efforts pour faire des mécanismes de la mondialisation une force positive au service de tous les peuples et de tous les pays.  Il faut aider les pays en développement à développer les capacités qui leur permettront de mieux maîtriser les énergies de l’économie mondiale.  Cependant, nous ne devons pas ignorer les fractures et les dislocations sociales provoquées par la mondialisation en les percevant simplement comme un prix à payer au changement, a estimé Mme Cheng.  Singapour pense que les forums multilatéraux comme l’ONU et l’OMC peuvent jouer un rôle important dans la création d’un cadre mondial de partenariat permettant de gérer les inconvénients de la mondialisation.  Quels que soient les reproches qu’on peut leur faire, ces institutions sont le meilleur espoir pour permettre une participation de tous les pays à la formulation des règles et normes des échanges mondiaux, a estimé la représentante.  Il y a deux mois, a-t-elle poursuivi, un pas important a été franchi à l’OMC avec l’adoption d’un accord qui a permis de relancer le processus de Doha.  Mais ce n’est qu’un début, a-t-elle prévenu.  Sans clauses spécifiques dans l’accord, nous devons nous attendre à de longues négociations qui n’aboutiront pas si les membres de l’OMC ne font pas preuve de souplesse.  Ceci est surtout vrai dans le domaine du commerce des produits agricoles.  Les pays riches doivent aller au-delà de leurs seuls intérêts nationaux et accepter de réduire les centaines de milliards de dollars qui créent des distorsions sur le marché agricole, a recommandé la représentante.  Quant aux pays en développement, a dit Mme Cheng, Singapour leur demande de se montrer eux aussi souples et pragmatiques, en favorisant un développement des échanges Sud-Sud et en éliminant les barrières douanières qu’ils s’imposent mutuellement, ce qui pourrait générer 15,5 milliards de dollars d’échanges commerciaux supplémentaires.


M. FRANKLIN ESIPILA (Kenya), se ralliant à la position exprimée par le Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu’à celle du Groupe africain, il a regretté que les mêmes sujets soient abordés année après année sans que des progrès ne soient faits dans la mise en œuvre des engagements pris à Monterrey ou à Johannesburg, par exemple, et a demandé que ces engagements soient honorés.  Rappelant que la grande partie des pays pauvres se trouvait en Afrique, il a indiqué que certains d’entre eux ne pourraient atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que cette situation était aggravée par la pandémie du VIH/sida qui a effacé les gains socioéconomiques réalisés ces dernières décennies.  Il a affirmé que l’actuel environnement économique avait favorisé la marginalisation et le sous-développement des pays du Sud, en particulier en raison d’une répartition inéquitable des échanges, du déclin de l’aide publique au développement (APD) et du fardeau de la dette.  Le représentant kenyen a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité pour les pays en développement d’obtenir un accès au marché, notamment pour les produits agricoles.  Il a enfin expliqué que les allocations budgétaires pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et ONU-Habitat, tous deux basés à Nairobi, n’étaient pas adéquates et a appelé à des ressources supplémentaires pour que ces deux programmes des Nations Unies puissent mener à bien leur travail. 


M. JABER RAMADAN (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la communauté internationale devait à tout prix favoriser la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La Libye estime qu’un esprit de solidarité doit prévaloir dans les forums internationaux, afin de fournir une aide substantielle aux pays les plus pauvres et d’annuler la dette sous laquelle ils croulent.  Le territoire de notre pays continue d’être inaccessible en certains lieux, à cause des mines et autres explosifs abandonnés depuis la Deuxième Guerre mondiale, a déclaré le représentant en appelant les pays occidentaux qui se sont affrontés lors de ce conflit sur le territoire libyen à indemniser la Libye et notamment sa population qui a été victime de ces engins explosifs.  La Libye lance un appel à tous les Etats Membres, et notamment à ceux qui sont membres de l’OMC, pour qu’ils facilitent son accession à cette institution, a ensuite dit le représentant.


Monseigneur CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a insisté sur l’importance du développement durable dans les délibérations des Nations Unies.  Les êtres humains sont au centre des préoccupations du développement durable, a-t-il expliqué en rappelant que les questions de l’eau, de l’assainissement, des établissements humains, de la santé publique, de la réduction de la pauvreté et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient des questions qui devaient être régulièrement réexaminées.  Il a par ailleurs apporté son soutien à la Conférence mondiale sur les catastrophes naturelles, à Kobe en janvier prochain.  Pour parvenir plus rapidement à un développement durable, a-t-il ajouté, il faut une participation active de toutes les parties, fondée sur la subsidiarité et la solidarité, et assurer la responsabilisation de ceux qui dirigent les programmes et projets de développement durable.  Les marginaux n’ont pas de voix à la table de négociations, a-t-il déploré, et seule la solidarité peut changer cet état de fait durable: l’accès à l’eau est essentiel pour parvenir à la prospérité et à des progrès en matière de développement durable, a-t-il conclu.


M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a déclaré que sa délégation attachait beaucoup d’importance à la préparation de la Réunion de haut niveau de 2005 relative à l’évaluation de la réalisation des ODM.  Le Japon souhaite que la Deuxième Commission débatte de manière approfondie de ce sujet sous l’angle de la sécurité humaine.  C’est pourquoi, le Japon a fait du renforcement de la paix et de la reconstruction post-conflit un des axes essentiels de sa politique, a déclaré le représentant.  La Force japonaise d’autodéfense est engagée en ce moment dans des tâches de reconstruction en Iraq et en Afghanistan, et le Japon a engagé des  pourparlers avec l’Union africaine pour soutenir le retour à la paix et la reconstruction dans les zones affectées par les conflits sur le continent.  Nous devons répondre aux besoins des populations affectées par les crises.  C’est pourquoi, une grande partie de l’aide au développement du Japon sera désormais orientée vers le renforcement de la sécurité humaine, a annoncé le représentant.  Notre pays tient cependant à souligner que l’Afrique a reçu en 25 ans un peu plus de 210 milliards de dollars d’APD, alors que les pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est ont reçu 140 milliards de dollars d’APD au cours de la même période.  Mais on constate que les pays d’Asie de l’Est et d’Asie du Sud-Est, qui sont plus peuplés, ont fait plus de progrès sur le plan économique et social et que leurs populations vivent maintenant généralement mieux.  Les pays d’Asie ont investi dans la croissance économique.  Il faudrait donc veiller à mieux orienter l’usage de l’APD et soutenir la réalisation des OMD en Afrique.  L’évaluation de 2005 nous donnera l’occasion de mieux cerner les politiques qui pourraient permettre d’atteindre les OMD.  Ayant lancé la Conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique en 1993, qui en est à sa troisième phase (TICAD III), le Japon veut renforcer le dialogue qu’il a mis en place avec l’Afrique.  Les 2 et 3 novembre prochain à Tokyo, nous nous efforcerons de renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération Asie-Afrique, lors de la Conférence Asie-Afrique sur le commerce et les investissements. 


M. MARTIN ANDJABA (Namibie), faisant siennes les déclarations faites par le Qatar au nom du Groupe des 77 et de la Chine et par le Nigéria au nom du Groupe africain, a demandé que le débat général soit l’occasion de fournir de grandes lignes politiques plutôt que d’exprimer des positions individuelles sur des sujets qui seront étudiés plus tard.  Rappelant que plusieurs pays ne pourront atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a affirmé que la poursuite d’un débat dont le diagnostic est déjà connu est un exercice futile.  Il faut se demander pourquoi on ne peut atteindre ces objectifs, a-t-il ajouté, et trouver des moyens pour augmenter nos efforts avant qu’il ne soit trop tard.  Indiquant que cette Commission devait assurer le suivi des textes issus de grandes conférences et sommets internationaux en matière économique, il s’est inquiété des tentatives de certains membres de diluer ou changer les engagements et accords pris préalablement.  Afin de créer un environnement propice au développement, il a par ailleurs souhaité que l’assistance des partenaires soit plus importante et que les déséquilibres de l’économie mondiale et des systèmes financiers soient résolus.


M. ANDRIY NIKITOV (Ukraine) a déclaré que le Programme d’action de Johannesburg sur la promotion du développement durable était un cadre pouvant soutenir la mise en œuvre d’un développement qui permettrait de réaliser les OMD.  Les pays en transition comme l’Ukraine ont besoin d’un soutien plus substantiel et plus soutenu de la communauté internationale, a poursuivi M. Nikitov.  Notre délégation soumettra, avec ses coauteurs, un projet de résolution sur cette question qu’elle espère voir adopté par l’Assemblée générale.  L’Ukraine, a poursuivi son représentant, entend participer à l’évaluation triennale des activités opérationnelles des Nations Unies.  Nous voulons que ces activités multilatérales de développement soient renforcées.  Nous attachons une grande importance aux questions touchant à la préservation de l’environnement.  Nous avons signé et ratifié à cet égard le Protocole de Kyoto et soutenons une bonne évaluation du Programme d’action de la Barbade en faveur des petits États insulaires en développement.  La sauvegarde de l’environnement en Europe nous préoccupe également, a ensuite indiqué M. Nikitov, et l’Ukraine entend participer à toutes les prises de décisions concernant cette zone géographique.  Nous continuons à souffrir des retombées de la catastrophe de Tchernobyl, a dit le représentant, et c’est pourquoi, nous attachons beaucoup d’importance au huitième OMD qui prône une meilleure coopération internationale en matière de développement.


Mme FLORENCE CHENOZETH, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a jugé encourageant que l’ordre du jour de la Commission comprenne de nombreuses questions de grand intérêt pour le FAO.  Elle a d’abord souligné le problème primordial de la faim et de la pauvreté et a salué la Déclaration de lutte contre la faim et la pauvreté, adoptée le 30 septembre 2004.  Par ailleurs, elle a insisté sur les ravages du VIH/sida qui n’est pas seulement un problème de santé mais un problème pour le développement en général.  Elle a également rappelé que la FAO incluait les pays moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID) dans son programme de travail afin que les plus avancés d’entre eux partagent leur expertise en matière d’agriculture par exemple.  La FAO participe activement aux préparatifs de la réunion sur les PEID à Maurice en janvier ainsi qu’à ceux pour l’Année du microcrédit, a-t-elle ajouté.  En outre, elle a rappelé que la FAO avait assisté le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) dans l’élaboration de son Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique.  Soulignant l’importance de célébrer la Journée mondiale de l’alimentation le 18 octobre prochain, la Directrice du Bureau de liaison a conclu en expliquant que la faim dans le monde contribuait à la perpétuation de la pauvreté et que réduire la faim était un impératif moral qui nécessitait des efforts intégrés et coordonnés de la part des partenaires pour le développement.


M. ALEG IVANOU (Bélarus) a déclaré que la Deuxième Commission devait mener ses travaux de manière à pouvoir exercer une influence sur la manière dont sont mis en œuvre les engagements pris par la communauté internationale en matière économique et financière au cours de la décennie écoulée, ce qui permettrait d’atteindre les OMD.  Il est crucial de pouvoir augmenter les ressources des fonds et programmes de l’ONU, afin qu’ils participent, sans conditionnalités irréalistes, au redressement des pays les plus fragiles.  Seule une aide de ce genre donnera à ces pays une chance de pouvoir s’intégrer au train de l’économie mondiale, a estimé le représentant.


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a rappelé que la Deuxième Commission devait préparer le terrain pour l’examen des engagements pris dans la Déclaration du Millénaire mais a regretté que les progrès accomplis dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient inégaux et insatisfaisants.  Le défi principal pour les Nations Unies, a-t-il poursuivi, est de démontrer sa capacité à aider les pays en développement à maintenir leurs priorités nationales en matière de l’élimination de la pauvreté, de la croissance économique et du développement durable.  Il a ainsi salué le travail du Groupe de développement des Nations Unies dans la réalisation de ces objectifs mais a regretté que des ressources inadéquates limitent certaines mesures.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que l’engagement d’aide publique pour le développement (APD) supplémentaire pris par les partenaires pour le  développement de l’Afrique pour soutenir le NEPAD constitue un premier pas mais qu’un besoin urgent d’améliorer l’assistance aux pays africains persiste.  Le représentant a enfin souscrit à la déclaration de New York pour l’éradication de la faim et la pauvreté et a appelé la communauté internationale à trouver de nouvelles ressources pour le développement.


M. LEBOHANG MOLEKO (Lesotho) a déclaré que l’accroissement de la pauvreté était le principal obstacle à la lutte contre le VIH/sida et la principale cause des conflits qui affectent certaines régions du monde.  Si l’Asie a pu maîtriser la propagation de la pandémie du VIH/sida et d’autres maladies comme le Sras et la grippe aviaire, c’est parce que la pauvreté y est moins répandue qu’en Afrique, a estimé le représentant.  L’Afrique a donc besoin d’une attention particulière de la communauté internationale, a dit M. Lebohang Moleko.  Seule une série de mesures spéciales permettront au continent de réaliser les OMD.  La principale menace qui se pose au développement socioéconomique du Lesotho vient de la pandémie du VIH/sida, et nous appelons la communauté internationale à renforcer à cet égard les différentes initiatives lancées par le système des Nations Unies.  Nous devons par ailleurs faire face ensemble à la montée de la faim et de l’insécurité alimentaire qui menacent 200 millions de personnes sur le continent africain, a déclaré M. Moleko en indiquant que les dirigeants africains avaient pris récemment L’engagement de consacrer 10% de leurs budgets nationaux à la lutte contre la faim en investissant ces fonds dans la production agricole.  Cette politique, a précisé le représentant, est un des axes principaux du NEPAD.


M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a insisté sur l’importance de trouver des moyens novateurs pour parvenir au développement.  Il a dit accorder une attention particulière à l’examen a mi-parcours de la Déclaration du Millénaire et a souhaité que celui-ci donne un élan politique important aux actions pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a rappelé que son pays n’avait pas atteint le niveau de solidarité nécessaire pour se dégager de la pauvreté et continuait à être confronté à des problèmes socioéconomiques graves.  Soulignant le fardeau de la dette pour son pays, il a déclaré qu’une annulation partielle de la dette permettrait d’investir dans d’autres domaines comme l’éducation et la santé ou la reconstitution du secteur public.  Afin d’améliorer le niveau de vie de la population et de créer les conditions propices pour un développement durable, a-t-il poursuivi, le Tadjikistan a toujours besoin de l’appui de la communauté internationale.  Il s’est félicité des différentes initiatives et rencontres organisées dans le cadre de l’Année internationale de l’eau potable, que son pays avait proposée, et a appelé les Etats Membres à joindre leurs efforts pour promouvoir ce sujet essentiel.  Il a enfin fait part d’un projet de résolution sur l’eau potable et a demandé le soutien des différentes délégations.


Mme MARIA LOURDES RAMIRO LOPEZ (Philippines) a déclaré que le commerce international et  les investissements sont nécessaires à la promotion d’un développement durable qui pourrait améliorer les conditions de vie des régions les plus défavorisées de la planète.  Cependant, les appels en faveur d’un système de commerce mondial ouvert, transparent et équitable sont restés sans réponse, a dit la représentante en regrettant que la situation de nombreux pays du Sud se dégrade de plus en plus.  Nous devrions déployer tous les efforts dont nous sommes capables pour faire du Cycle de Doha un véritable cycle de négociations commerciales favorables au développement, a dit Mme Ramiro Lopez.  Ceci ne sera possible, a-t-elle estimé, que si les pays en développement peuvent avoir suffisamment d’espace politique au niveau mondial pour mettre en œuvre des politiques qui leur soient réellement profitables.  En outre, a poursuivi la représentante, les pays développés devraient verser le niveau d’APD qu’ils avaient agréé, c'est-à-dire 0,7% de leur PNB.  À ce jour, a fait remarquer Mme Ramiro Lopez, seulement cinq pays industrialisés ont respecté cet engagement.  Les Philippines, dont de nombreux citoyens sont expatriés, sont favorables à la tenue d’une conférence internationale sur les migrations, afin de débattre de la question importante des transferts de revenus des travailleurs migrants, dont les montants, à l’heure actuelle, sont plus importants que ceux de l’APD.


M. BROWN B. CHIMPHAMBA (Malawi) a indiqué que son pays avait connu une croissance économique de 4,5% en 2003.  Toutefois, cette hausse ne suffit pas pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a affirmé que son nouveau gouvernement, élu en mai dernier, s’engageait à la réalisation de ces objectifs et qu’à cet égard, des réformes avaient été entreprises, notamment dans le secteur public et l’agriculture.  Le Malawi étant bénéficiaire de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE), il a estimé que la mise en œuvre de son programme économique requiert une approche coordonnée par tous les secteurs de l’économie ainsi qu’une assistance technique et un soutien financier de la part des partenaires du développement.  Il a ainsi appelé les donateurs à tenir l’engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (ADP).  Afin que les pays moins avancés (PMA) puissent bénéficier du système d’échange international, a-t-il poursuivi, il est essentiel que l’accès au marché leur soit donné.  La plupart des PMA, comme le Malawi, a-t-il précisé, n’ont pas les capacités de production pour tirer parti de la mondialisation.  Il s’est félicité des progrès réalisés à Genève concernant les subventions à l’exportation mais a souhaité que des délais précis soient fixés pour leur élimination.


M. AMARE TEKLE (Érythrée) a déclaré que son pays considérait la Déclaration du Millénaire et le Plan d’action adopté par les États du Mouvement des non-alignés à Kuala Lumpur, en Malaisie, en 2002, comme les bases d’action qui permettraient de faire face aux défis qui se posent en matière économique et de saisir les possibilités offertes par la mondialisation.  La réalisation des OMD et la mise en œuvre du Plan d’action du Mouvement des pays non alignés permettraient de mener efficacement la lutte contre la pauvreté, de créer des emplois, d’accélérer le rythme du développement et de promouvoir la sécurité humaine et les droits de l’homme dans les pays défavorisés, a dit M. Tekle.  Tout partenariat entre les pays développés et les pays en développement devrait respecter les engagements contenus dans le Consensus de Monterrey, a ensuite indiqué le représentant.  M. Tekle a invité les pays industrialisés à lever les nombreuses barrières commerciales qui portent atteinte au commerce, notamment agricole, des pays en développement.  Il a ensuite indiqué que les politiques proposées à ce jour sur la question de la dette n’avaient pas connu de succès.  La dette insoutenable pose des menaces à la sécurité des États, a-t-il fait remarquer, en souhaitant que la réduction drastique ou l’élimination de la dette soit inscrite dans toutes les propositions de partenariats Nord-Sud. 


M. KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande), se ralliant à la déclaration de l’Indonésie au nom de l’ANASE, a estimé que beaucoup de problèmes restaient inchangés, notamment en ce qui concerne la répartition des richesses entre pays et au sein d’un même groupe.  Afin de renverser la tendance négative de l’augmentation de la pauvreté dans le monde, une croissance économique mondiale équitable contribuerait considérablement à assurer la sécurité et la prospérité dans le monde, a-t-il expliqué.  La Thaïlande entend demeurer un important partenaire pour le développement, a-t-il insisté, rappelant que les efforts de son pays ne se limitaient pas à l’Asie du Sud-Est.  Ainsi, il a notamment annoncé que son pays était prêt à apporter une contribution financière au Fonds volontaire des Nations Unies pour permettre aux petits États insulaires en développement (PEID) de participer à la réunion de Maurice, en janvier 2005.  Le représentant a souligné que des efforts doivent être faits pour aboutir à un système de commerce axé sur le développement et auquel tous les États adhéreront.  Il a par ailleurs noté que la stabilité financière fournirait un climat propice au développement et, qu’à cette fin, une réforme de l’architecture financière internationale, afin d’inclure les pays en développement dans le processus de décision, était nécessaire.  Il a enfin noté que le rôle de l’Assemblée générale et d’organes des Nations Unies tel que l’ECOSOC devait être revu et a conclu en affirmant que la Thaïlande était déterminée à prendre part dans ce processus comme le démontre sa candidature à l’ECOSOC.


M. DURGA SUBEDI (Népal) a souligné la marginalisation dans laquelle vivent les pays les moins avancés (PMA), et que la mondialisation a davantage isolés.  Les PMA, a-t-il rappelé, représentent moins de 1% des échanges commerciaux mondiaux et reçoivent à peine le centième des investissements étrangers directs (IED).  Le manque de ressources a empêché toute promotion de plans de développement viables dans les PMA, et les promesses faites par les pays industrialisés dans le Programme d’action de Bruxelles n’ont jamais été tenues, a dit M. Subedi.  Notre délégation, a-t-il poursuivi, souhaite une mise en œuvre effective du Programme de Bruxelles et du Consensus de Monterrey.  Les PMA ne pourront pas sortir de leur mauvaise situation économique si le Plan d’action de Johannesburg et les engagements pris par les pays du Nord lors du lancement du Cycle de Doha ne se matérialisent pas, a déclaré le représentant.  La CNUCED XI qui s’est tenue à Sao Paulo, a permis de débattre de la nécessité de promouvoir les échanges Sud-Sud, a poursuivi M. Subedi en indiquant que son pays soutenait les clauses et les recommandations contenues dans les documents finaux de la rencontre de Sao Paulo.  


Mme IMERIA NUNEZ DE ODREMAN (Venezuela) a expliqué que le multilatéralisme était la pièce maîtresse de sa politique extérieure, un outil pour faire face aux grands défis que rencontre notre population.  Elle a dénoncé les pratiques qui répondent à des intérêts économiques et politiques individuels et qui excluent des millions d’êtres humains vivant dans la misère en raison d’un modèle économique mondial inadapté.  La façon dont on mène ces pratiques, a-t-elle continué, est contre les principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Par ailleurs, la représentante a estimé que son pays, comme d’autres pays en développement, avait été victime des prescriptions économiques établies par les institutions financières et proposées par des technocrates comme la seule solution aux problèmes économiques du Venezuela.  Selon elle, ce modèle néo-libéral a eu des conséquences dramatiques pour les pays en développement.  Elle a expliqué que, depuis 1999, son gouvernement appliquait une politique extérieure fondée sur le respect de la dignité humaine comme principe essentiel du développement et a affirmé que sa délégation soutiendrait, lors de la Deuxième Commission notamment, tous les mécanismes destinés à concevoir un système commercial et financier international ouvert, équitable et non discriminatoire.


M. SYED SHAHID HUSAIN (Organisation de la Conférence islamique, OCI) a déclaré que toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de la Deuxième Commission intéressaient l’OCI.  L’OCI approuve les déclarations faites par le Qatar au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. José Antonio Ocampo, qui ont noté que la croissance mondiale avait ralenti cette année et que les pays les plus fragiles risquaient d’en être les principales victimes.  L’OCI estime qu’il est urgent que la communauté internationale mette en place des mesures d’aide d’urgence aux pays les plus pauvres, a dit le représentant.  La question de la lutte contre le terrorisme doit être résolue en tenant compte de tous les facteurs politiques et socioéconomiques qui sont à la source de ce phénomène, a-t-il estimé.  Si la définition du terrorisme est inscrite aux débats de la Sixième Commission, il serait nécessaire de faire participer la Deuxième Commission à ces travaux, le terrorisme ayant clairement des racines économiques, notamment au vu de la pauvreté croissante qui affecte considérablement certaines régions du monde, a suggéré le représentant.


M. R. OMOTAYO OLANIYAN, représentant de l’Union africaine, a affirmé que les déclarations du Groupe des 77 et de la Chine et du Groupe africain exprimaient bien les aspects fondamentaux du développement en Afrique.  Il a indiqué son inquiétude quant aux tendances économiques en Afrique, soulignant qu’une aggravation semblait inévitable compte tenu du taux élevé de chômage dans le continent.  Il a rappelé que les chefs d’État africains avaient adopté la Déclaration et le Plan d’action pour la pauvreté et le chômage, ce qui démontrait, tout comme le programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), la volonté de ces leaders de trouver des solutions à la pauvreté.  Il a toutefois insisté sur la nécessité, pour le continent africain, du soutien et de l’engagement politique de la communauté internationale et a ainsi salué l’initiative pour lutter contre la faim et la pauvreté lancée par le Brésil, la France, l’Espagne et le Chili.  Il a enfin souligné le rôle de la promotion de l’industrialisation comme outil pour réduire la pauvreté et a souhaité que la Deuxième Commission examine le rôle de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) dans la promotion de l’Initiative africaine pour les capacités de productions (APCI), adoptée par l’Union africaine en juillet dernier.  L’industrialisation contribuerait à créer des emplois dans le secteur de l’agriculture, a-t-il ajouté, et la réduction rapide de la pauvreté. 


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