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AG/SHC/643

TROISIEME COMMISSION: LE PROBLEME DES REFUGIES NE PEUT ETRE RESOLU QUE S’IL EST ABORDE DANS UNE APPROCHE SOUCIEUSE DU DEVELOPPEMENT

05/11/03
Communiqué de presse
AG/SHC/643


Troisième Commission

33e séance –matin


TROISIEME COMMISSION: LE PROBLEME DES REFUGIES NE PEUT ETRE RESOLU QUE S’IL EST ABORDE DANS UNE APPROCHE SOUCIEUSE DU DEVELOPPEMENT


La transition d’une politique de secours d’urgence à une politique de développement, telle qu’elle est expliquée dans les nouvelles orientations proposées par le Haut Commissaire pour les réfugiés, a mobilisé l’attention de la Troisième Commission qui terminait, ce matin, son débat sur les questions relatives aux réfugiés.


D’une manière générale, les délégations se sont prononcées en faveur du rapatriement librement consenti des réfugiés dans des conditions de sécurité, en tant que solution durable au problème.  La plupart ont aussi affirmé le caractère essentiel d’un renforcement des programmes «4R», prévoyant la collaboration étroite entre les organismes de secours et de développement de façon à permettre une transition souple tout au long des principales phases du relèvement que sont le rapatriement, la réintégration, la réhabilitation et la reconstruction.  A cet effet, la représentante du Ghana a expliqué que ceux-ci permettaient de prévenir la récurrence des conflits, appuyant les initiatives visant à intégrer les populations réfugiées dans les politiques de développement.  Comme l’a souligné le délégué du Liechtenstein, faciliter l’indépendance des réfugiés par le travail réduit non seulement les coûts de l’hébergement mais aussi le processus de rapatriement, en les aidant à reconstruire leur vie dès le retour grâce au capital financier et aux connaissances qu’ils ont pu acquérir dans le pays hôte.


L’aide au développement doit viser tant le pays hôte que le pays de retour.  C’est ce qu’a notamment souligné le représentant du Timor-Leste, pays nouvellement indépendant et démocratique, où près de 90% des 230 000 réfugiés qui avaient fui le pays ont été rapatriés chez eux depuis octobre 1999.  Dans des conditions de sécurité réunies, le retour représente un défi énorme pour le processus de transition démocratique qu’il convient d’assister sur le long terme.


De nombreuses délégations ont cependant émis des réserves quant à l’intégration locale proposée par le Haut Commissaire comme une solution durable.  Le représentant du Pakistan a par exemple estimé que cette option n’était pas appropriée dans les situations qui impliquent des millions de réfugiés pouvant affecter l’équilibre socioéconomique et ethnique du pays d’accueil.  De même, la question de l’impact économique, social et environnemental à long terme d’une aide au développement (DAR) fournie aux réfugiés sur la population locale des pays pauvres a été soulevé par les représentants du Népal et du Kenya, qui ont insisté sur la nécessité d’un soutien financier adéquat aux pays d’accueil.  Cette dernière a ainsi précisé que les disparités entre les réfugiés qui recevaient une assistance humanitaire et la population kényenne dont 56% vit en-dessous du seuil de pauvreté étaient sources de conflit et d’hostilité permanente. 


A l’instar du Bélarus, certaines délégations ont insisté sur les dangers accompagnant l’exode des populations, à savoir la traite des êtres humains, le trafic d’armes, la toxicomanie, la criminalité et la propagation de maladies telles que le VIH/sida.  A cet effet, la mise en place d’un système de régulation et de gestion des réfugiés plus efficace, l’échange d’informations et la coopération internationale ont été vus par certaines délégations comme des solutions possibles à ces problèmes.  Cependant, selon le délégué du Brésil, l’adoption éventuelle de législations sur l’immigration plus restrictives ou de mesures antiterroristes ne doit pas se faire au détriment des droits et de l’accès des réfugiés.


La Commission a par ailleurs entendu la présentation d’un projet de résolution intitulé «Incompatibilité entre la démocratie et le racisme» relatif au droit des peuples à l’autodétermination.


Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Erythrée, Thaïlande, Indonésie, Angola, Ethiopie, Bosnie-Herzégovine, Jordanie et République du Congo.  Le représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance et l’Observateur de l’Organisation de la Conférence islamique ont aussi pris la parole. 


La Troisième Commission entamera l’examen des questions relatives aux droits de l’homme demain, jeudi 6 novembre, à 15 heures.


Présentation de projets de texte


DROIT DES PEUPLES A L’AUTODETERMINATION

Le Représentant du Brésil, présentant le projet de résolution intitulé «Incompatibilité entre la démocratie et le racisme» (A/C.3/58/L.33), a déclaré, au nom des coauteurs, que le texte reposait sur la résolution de la Commission des droits de l’homme portant sur le même sujet.  Il a estimé que cette question devait être discutée au niveau universel ce qui n’est possible qu’à l’Assemblée générale.  Il a émis l’espoir que les débats feront ressortir que la tenue d’élections libres ne suffit pas à caractériser un régime comme démocratique car il y a des cas où les élections peuvent être utilisées pour saper la démocratie. 


Déclarations


M. ANDREI A. TARANDA (Bélarus) a indiqué que l’importante migration clandestine dans son pays s’accompagnait de la traite des êtres humains, du trafic d’armes, de la toxicomanie, de la criminalité et de la propagation de maladies telles que le VIH/sida.  Soulignant que chaque année des milliers d’immigrants illégaux sont arrêtés avant qu’ils ne se rendent en Europe occidentale, il a rappelé que toute mesure adoptée pour lutter contre ce phénomène ne peut être efficace que si elle est accompagnée du financement nécessaire.  Le Bélarus, a-t-il affirmé, travaille au renforcement de la coopération internationale et à l’échange d’informations.  Le monde actuel étant de plus en plus global, les Etats ne peuvent plus fermer leurs frontières, a-t-il dit, ajoutant que son pays avait accueilli plus de 35 000 réfugiés au cours des dix dernières années et que la priorité était de leur garantir l’intégration sociale et des droits égaux d’où l’adoption par son Gouvernement d’une Loi sur les réfugiés.  Le Département de la migration au sein du Ministère du Travail et des affaires sociales travaille en coopération avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) auquel le représentant a réitéré son ferme soutien. 


M. FREDERICO S.DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a réaffirmé l’importance du respect de la Convention de 1951 et du Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés et s’est dit préoccupé par le non-respect du principe de non-refoulement.  Il a appelé les Etats Membres qui ne l’ont pas encore fait à accéder à ces instruments.  Il a déploré le fait que la perception par le public du problème des réfugiés ait été affectée par le flux des migrants économiques et le trafic de migrants.  Dans ce contexte, il a souligné l’importance pour les pays qui adoptent des législations sur l’immigration plus restrictives ou des mesures antiterroristes de veiller à laisser leurs frontières ouvertes aux réfugiés et à garantir leurs droits.  Il a invité la communauté internationale à déployer davantage d’efforts pour protéger les millions de personnes déplacées et à augmenter les ressources financières au HCR  pour l’intégration locale et le rapatriement volontaire des réfugiés dans les pays en développement.  La réinstallation dans un pays tiers est devenue un élément fondamental du système de protection des réfugiés et constistue non seulement une mesure de protection mais aussi une solution durable, a fait remarquer le représentant.  Le Gouvernement brésilien a mis en place des partenariats avec la société civile pour répondre aux besoins des réfugiés qu’il accueille, dont un groupe d’Afghans, et a pris des mesures pour faciliter l’accès des réfugiés au marché de l’emploi, aux soins de santé et à la protection sociale. 


Mme AMINA C. MOHAMED (Kenya) a indiqué que son pays hébergeait 230 000 réfugiés et entre 20 000 et 50 000 demandeurs d’asiles mais que les ressources décroissantes de son pays ne permettaient pas l’entière distribution de rations alimentaires ni le rapatriement de ces réfugiés.  Citant la forte concentration de réfugiés dont certains apportent avec eux des armes, le trafic de drogues et la réponse de la population à ces réfugiés comme facteurs sécuritaires affectant la protection de ces personnes en Afrique, elle a appelé à la mise en place d’un système de régulation et de gestion des réfugiés plus efficace.  Elle a indiqué que les disparités entre les réfugiés qui recevaient une assistance humanitaire et la population locale dont 56% vit en dessous du seuil de pauvreté étaient sources de conflit et d’hostilité permanente, elle a souhaité qu’un soutien financier adéquat soit apporté aux pays hôtes dont le Kenya.  Elle a regretté que les questions de la sécurité nationale et du respect de la loi des pats d’accueil ne fassent pas partie des discussions globales.  Elle a demandé au HCR de mettre l’accent sur le renforcement des capacités notamment dans le domaine de la gestion des frontières.  Elle s’est enfin prononcée en faveur du rapatriement volontaire comme solution durable à la crise des réfugiés en Afrique, faisant valoir les efforts de son pays pour résoudre les conflits au Soudan et en Somalie. 


M. AMANUEL GIORGIO (Erythrée) a affirmé que la reprise, en juin 2003, du programme de rapatriement volontaire des réfugiés érythréens se trouvant au Soudan a permis le retour d’environ 3 000 d’entre eux, un chiffre qui devrait atteindre 25 000 personnes d’ici la fin de l’année. Il a ajouté qu’à ce jour, 32 000 réfugiés se sont inscrits sur cette liste de rapatriement volontaire. Pour garantir la réussite de l’opération, la pleine coopération de toutes les parties concernées est nécessaire, y compris du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, dans le cadre de l’accord tripartite signé par l’Erythrée, le Soudan et le HCR, a-t-il ajouté.  A cet égard il s’est réjoui de la récente réunion du Comité technique tripartite au cours de laquelle toutes les parties ont réitéré leur engagement en faveur du programme de rapatriement volontaire. Le représentant a par ailleurs soulevé la question des déplacés internes dont le nombre s’élève à 65 000 personnes vivant dans des conditions précaires. Affirmant que le règlement du différend frontalier favoriserait le retour des personnes déplacées dans leurs villages, il a exhorté la communauté internationale à examiner l’incidence négative du rejet par l’Ethiopie de la décision de la Commission du tracé de la frontière. 


M. MANOP MEKPRAYOONTHONG (Thailande), a affirmé, au titre des mesures à prendre pour renforcer l’aspect multilatéral du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), que les réunions ordinaires qui se tiennent au niveau ministériel ne devraient pas se limiter aux Etats Parties à la Convention des réfugiés de 1951 et/ou à son Protocole de 1967. Il a ensuite rappelé que son pays continuait à accueillir plus de 112 000 personnes déplacées sans l’espoir d’une solution durable dans l’immédiat.  Cette situation est difficile pour n’importe quel pays et nécessite l’appui continu de la part du HCR  a-t-il ajouté.  La stratégie de rapatriement, réintégration, réhabilitation et reconstruction ainsi que l’accent mis sur le développement importent au plus haut point afin d’assurer le retour des réfugiés et prévenir de nouveaux flux de population, a-t-il déclaré.  Il a par ailleurs dénoncé le fait que certaines personnes souhaitant nuire à la réputation de la Thaïlande ou ayant des objectifs politiques précis aient abusé de la tolérance de ce pays.  Il a précisé  qu’il s’agit le plus souvent de personnes bénéficiant d’une forme de protection du HCR.  A cet égard il exhorté ce dernier à amener ces éléments à respecter les lois du pays hôte.


M. REZLAN JENNIE (Indonésie) a remercié le personnel du HCR pour son travail de rapatriement de 252 000 réfugiés de la région du Nusa Tenggara oriental (Timor occidental) vers le Timor-Leste, soulignant que des efforts supplémentaires étaient accomplis pour la réinstallation de ceux qui ont choisi de rester en Indonésie.  Reconnaissant que la transition d’une politique de secours d’urgence à une politique de développement était chaotique, il a dit que, bien que la crise fut passée, l’aide du HCR et de la communauté internationale était toujours nécessaire pour l’intégration des réfugiés dans la société, espérant à cet effet que le cas de l’Indonésie ne fasse pas précédent.  Il a exhorté le Secrétaire Général à corriger la situation qui confère unilatéralement au Nusa Tenggara oriental un risque sécuritaire barrant l’accès des agences humanitaires à cette région.  Il a rappelé que le HCR devait fournir son assistance dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Etat concerné, la coordination des efforts humanitaires relevant dans un premier temps de cet Etat, le HCR agissant à la demande de celui-ci.  En conclusion, il a présenté la résolution du problème des réfugiés au Timor occidental comme un exemple de coopération efficace entre le pays hôte et les agences internationales.   


M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a appuyé l’élimination de la limitation temporelle du mandat du HCR, les nouvelles initiatives du HCR que sont le cadre pour des solutions durables et les programmes dits «4R», ainsi que les efforts entrepris par le HCR pour renforcer la coordination de ses activités avec celles des autres agences du système des Nations Unies.  Il a indiqué que son pays avait besoin d’une aide financière, d’une aide technique et de ressources humaines pour faire face au flux de rapatriés .  Le conflit qui s’est terminé il y a un an a entraîné le déplacement de 4 millions de personnes à l’intérieur des frontières et de 400 000 réfugiés sous le contrôle du HCR dans les pays voisins, a-t-il ajouté en expliquant que le rapatriement de 170 000 réfugiés de Namibie, de République démocratique du Congo et de Zambie était en cours et qu’à ce jour 150 000 étaient retournés en Angola.  A cet égard, il a précisé que la situation humanitaire était en train de se stabiliser.  Il a expliqué que la réinstallation et la réintégration des personnes déplacées et des réfugiés était la priorité du Gouvernement angolais qui cherche également à réduire sa dépendance à l’égard de l’aide humanitaire.  La communauté internationale, a-t-il dit, répond lentement aux besoins humanitaires et en matière de développement.  L’Angola est déterminé à utiliser les dividendes de la paix pour répondre au défi du développement et réduire la pauvreté.  Il a insisté sur le fait que les ressources nationales ne suffisaient pas pour relever les défis de la reconstruction après le conflit et a appelé la communauté des donateurs à augmenter leur soutien financier et logistique à l’Angola et à accroître leur contribution au budget du HCR.   


Mme LULIT ZEWDIE MARIAM (Ethiopie) a indiqué qu’à cause des conflits armés, de processus de paix peu durables et des défis humanitaires et socioéconomiques, l’Afrique comptait 32% de la population de réfugiés du monde, ce qui pèse lourdement sur les économies, les infrastructures et l’environnement fragiles.  Une assistance accrue dépourvue d’une approche « deux poids, deux mesures » est nécessaire, a-t-elle déclaré, saluant les efforts du HCR et du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique pour lier assistance humanitaire et développement.  L’Ethiopie, qui a plus de 200 000 personnes déplacées sur son territoire et qui accueille 130 000 réfugiés qui partagent les maigres ressources du pays, fait la promotion du rapatriement volontaire vers des pays d’origine relativement stables.  L’assistance au retour requiert la plus grande attention ainsi qu’un effort concerté, a-t-elle souligné, demandant le renforcement du HCR. 


M. MILOS M. PRICA (Bosnie-Herzégovine) a souligné d’emblée que malgré les efforts déployés par les autorités de la Bosnie-Herzégovine, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et la communauté internationale, plus de la moitié des 2 200 000 réfugiés et personnes déplacées issus du conflit dans son pays ne sont toujours pas retournés sur leur lieu d’origine.  L’amélioration de la situation sécuritaire et la mise en place de lois foncières ont toutefois rendu possible le retour d’environ 420 000 personnes, -ce qu’on appelle les retours de minorités- dans toutes les régions de la Bosnie-Herzégovine, a-t-il précisé.  Soulignant que la mise en œuvre de l’annexe VII de l’Accord de paix demeurait l’une des priorités du Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine et des gouvernements des entités, le représentant a mis l’accent sur les difficultés financières qui entravent les efforts de reconstructions du pays qui visent à encourager le processus de retour des réfugiés.  Notre principal problème est le manque de fonds, a-t-il déclaré. A cet égard, il en a appelé à la générosité de la communauté internationale. 


M. MALIK ZAHEER ABBAS KHOKHAR (Pakistan) a déclaré que son pays, qui accueille encore 2 millions de réfugiés afghans, estimait que les transformations sur la scène politique internationale, la mondialisation et la révolution des nouvelles technologies rendaient nécessaire une réforme de la gestion et de la gouvernance du HCR ainsi que l’allocation de davantage de ressources à la préparation aux situations d’urgence.  Il a émis des réserves quant sà l’intégration locale, estimant que cette solution n’était pas appropriée dans les situations qui impliquent des millions de réfugiés pouvant affecter l’équilibre socioéconomique et ethnique du pays d’accueil.  Dans ces cas, a-t-il affirmé, le rapatriement librement consenti est la seule solution viable et durable.  Cependant, a-t-il ajouté, les pays en développement ayant la capacité économique d’accueillir ces populations devraient être encouragés à le faire.  Il a estimé que l’importance du problème des déplacements de populations dépassait le mandat et la capacité du HCR et a insisté sur l’urgente nécessité de renforcer les arrangements institutionnels pour prévenir les conflits, apporter l’aide humanitaire et édifier la paix.  Il a souligné que davantage de solidarité, de responsabilité et de respect des décisions collectives des Nations Unies s’imposaient pour diminuer le nombre de ces déplacements.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer à porter assistance à l’Afghanistan et à soutenir les activités du HCR. 


M. MUTAZ HYASSAT (Jordanie), saluant le rôle central du HCR dans l’allègement des souffrances des réfugiés et dans la recherche de solutions durables, a rappelé que son pays considérait le rapatriement volontaire comme l’option préférée.  Notant avec satisfaction la coopération croissante entre le HCR et les autres agences et organisations concernées, elle a souhaité que celle-ci permette la mise en place de systèmes d’alerte précoce et d’échange d’informations visant à atteindre une meilleure préparation aux situations d’urgence et une distribution équitable du fardeau des responsabilités.  Enfin, elle a manifesté son appui à la proposition du Haut Commissaire pour les réfugiés de lever la limitation temporelle du mandat du HCR jusqu’à la pleine résolution du problème des réfugiés. 


Mme MAVIS KUSORGOR (Ghana) a appuyé les initiatives du HCR visant à redéfinir sa place dans le système des Nations Unies.  Elle s’est réjouie de l’initiative « Convention Plus » et les consultations mondiales sur la protection internationale qui devraient permettre de mieux partager le fardeau et de faciliter la recherche de solutions durables pour les réfugiés.  Elle a estimé que les programmes « 4R » étaient essentiels pour prévenir la récurrence des conflits et a appuyé les initiatives visant à intégrer les populations réfugiées dans les politiques de développement.  Elle s’est cependant dite sceptique quant à la faisabilité de ces stratégies et programmes compte tenu de la situation financière critique du HCR.  Elle a appuyé la proposition visant à augmenter les crédits imputés sur le budget ordinaire des Nations Unies conformément au statut du HCR et a encouragé le HCR à élargir sa base de financement, notamment auprès de sources non gouvernementales.  Elle s’est dite préoccupée par l’érosion de certains principes internationalement acceptés du fait de l’adoption de politiques d’asile restrictives et de non-respect du principe de non-refoulement.  Elle a par ailleurs espéré que les discussions visant à élaborer un instrument pour renforcer l’application de la Convention des Nations Unies sur la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies se poursuivent et a invité le HCR à s’assurer du respect du Code de conduite des Nations Unies par son personnel et des partenaires sur le terrain. 


M. JOSE LUIS GUTERRES (Timor-Leste) a déclaré que, en tant que pays nouvellement indépendant et démocratique, le Timor-Leste avait ratifié la Convention de Genève de 1951 et son Protocole de 1967, la question des réfugiés y revêtant une pertinence particulière.  Près de 90% des 230 000 réfugiés ont été rapatriés au Timor-Leste depuis octobre 1999 grâce au travail du HCR et en coopération avec l’Indonésie, alors que le retour représente, a-t-il dit, un défi énorme pour le processus de transition car il s’agit d’assurer la complète réintégration, réhabilitation et réinstallation, dits « 4R », des réfugiés dans la société timoraise.  Le représentant a manifesté sa préoccupation particulière quant à la protection des enfants séparés et non accompagnés et leur réunification avec leur famille.  Rappelant la récente Commission ministérielle tenue à Dili entre son pays et l’Indonésie, il a fait état du souci de promouvoir la réconciliation nationale passant par le développement par l’intégration locale dit «DLI» avec l’appui du HCR et de l’organisation internationale pour les migrations.  Le Timor-Leste, a-t-il conclu, est conscient de la nécessité d’adopter une législation nationale sur l’asile et la création d’institutions spécifiques dans le respect des normes internationales.


M. RAM BAHU DHAKAL (Népal) a fait part du soutien de son pays à la proposition visant à éliminer la limitation temporelle du mandat du HCR.  Il a estimé que l’initiative de développement moyennant l’intégration locale (DLI) devait être examinée avec attention et au cas par cas et a insisté sur les ramifications politiques, sociales et économiques de l’assimilation locale pour chaque société.  Il a estimé que pour la majorité des pays pauvres, l’intégration locale était une «recette pour la catastrophe».  S’agissant de la fourniture aux populations réfugiées d’aide au développement (DAR), il a invité le Haut Commissaire à continuer à réfléchir aux implications de cette proposition, soulignant les conséquences désastreuses que pourraient entraîner de tels programmes pour les pays les plus pauvres compte tenu de l’impact économique, social et environnemental à long terme de ces propositions pour les pays d’accueil.  Il a évoqué la situation des 100 000 réfugiés originaires du Bhoutan vivant dans l’Est du Népal.  Il a indiqué qu’à l’occasion de la Réunion ministérielle conjointe qui s’est tenue il y a deux semaines, les deux pays s’étaient mis d’accord pour assurer le rapatriement volontaire des réfugiés du Camp de Khudunabari dans les meilleurs délais ainsi que pour mettre en oeuvre des procédures conjointes de vérification dans le Camp de Shanishchare.  C’est maintenant au Bhoutan de créer les conditions favorables au retour des réfugiés, a-t-il conclu. 


M. PIO SCHURTI (Liechtenstein) a rappelé le déséquilibre de la situation mondiale relative aux réfugiés qui fait que la majorité des pays hôtes sont des pays en développement accueillant deux tiers des réfugiés du monde alors que 12 pays seulement fournissent 90% du budget du HCR.  Il a soutenu les propositions visant à élargir la base de financement du Haut Commissariat et à rechercher des donateurs dans le secteur privé.  Faisant référence au concept du développement par l’intégration locale dit « DLI », il a fait état d’un programme d’emploi pour les réfugiés et les demandeurs d’asile dans son pays, reconnaissant leur contribution significative à la société.  Faciliter leur indépendance par le travail réduit non seulement les coûts de l’hébergement mais aussi le processus de rapatriement, en les aidant à reconstruire leur vie dès le retour grâce au capital financier et aux connaissances qu’ils ont pu acquérir dans le pays hôte.  Enfin, le représentant a reconnu la nécessité de renforcer la sécurité du HCR et de tout le personnel humanitaire.


M. ADO VAHER, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a souligné que l’UNICEF et le HCR étaient des partenaires clefs en matière d’action lors de déplacements de population.  Il a indiqué que le Mémorandum d’accord entre les deux institutions avait été révisé pour régulariser leur coopération et identifier les domaines dans lesquels elles pourraient mieux faire pour protéger les enfants déplacés.  Il a précisé que les deux institutions ont, en collaboration avec les organisations non gouvernementales, publié des directives pour les enfants non accompagnés et séparés.  L’UNICEF a finalisé cette année la définition de son rôle dans le domaine des déplacements, a-t-il poursuivi.  L’UNICEF envisage la question en terme d’impact des déplacements sur les enfants en vue de garantir la réalisation des droits des enfants où qu’ils se trouvent.  Il a souligné l’importance d’adopter une approche fondée sur les droits en matière d’action humanitaire et sur le rôle de l’éducation dans les situations de déplacement.  L’éducation, a-t-il dit, est le facteur clef pour permettre un retour à la stabilité et à la sécurité et il est crucial de restaurer les services éducatifs dans les meilleurs délais.  Il a par ailleurs appelé les gouvernements à assurer l’enregistrement légal de tous les enfants à leur naissance, y compris ceux nés dans des camps de réfugiés.  Il a souligné le rôle de l’enregistrement dans la protection des enfants, notamment dans le regroupement familial, la prévention du recrutement militaire et du trafic et les campagnes de vaccination. 


M. RENE NSEMI (Congo) a appuyé la démarche adoptée par le HCR, notamment la stratégie des 4R qui met l’accent, dans les pays en situation post-conflit comme le Congo, sur l’importance du passage de l’aide humanitaire à l’aide au développement et la stratégie du développement moyennant l’intégration sur place qui permet aux Etats d’encourager l’autonomie et l’intégration progressive aux populations des pays d’accueils.  Il a indiqué que son pays comptait 119 000 réfugiés en provenance de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Burundi et de la République centrafricaine.  Il a évoqué l’accord de partenariat signé avec le HCR en février 2002 lui permettant d’assister l’Etat congolais dans l’accomplissement de sa mission de protection et d’assistance aux réfugiés.  Il a également indiqué que des accords tripartites ont été conclus entre le Congo, le HCR et le Gabon d’une part et le Rwanda d’autre part pour favoriser le rapatriement volontaire des réfugiés en provenance de ces deux pays.  Son Gouvernement, a-t-il dit, se réjouit de la mise en place et du fonctionnement du gouvernement d’union nationale en République démocratique du Congo, des accords récents au Burundi et du processus de réconciliation nationale en République centrafricaine, développements qui devraient apporter à plus ou moins long terme une solution durable au problème des réfugiés et des personnes déplacées. 


M. SAHID HUSAIN (Organisation de la Conférence islamique) a rappelé que l’OCI avait, lors de sa trentième session, demandé aux Etats membres de coordonner leurs actions au niveau international en vue d’empêcher les conflits, causes principales de l’exode de populations, et de faciliter, avec l’aide du HCR, le retour des réfugiés chez eux.  Elle a, en outre, condamné tous les actes de répression contre les réfugiés y compris les attaques armées contre leurs camps ainsi que toutes autres contraintes imposées par les pays-hôtes.  Un appel a été lancé aux Etats membres, a-t-il déclaré, afin de mobiliser les ressources nécessaires via la Banque de développement et le Fonds de solidarité islamique.  Enfin, il a appelé l’attention des délégations sur le sort du peuple palestinien et de la population musulmane du Jammu-et-Cachemire et réitéré sa demande à la communauté internationale de leur porter assistance.  


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