AG/EF/459

DEUXIEME COMMISSION: MIEUX GEREE, LA MONDIALISATION PEUT DEVENIR LA FORCE MOTRICE DU DEVELOPPEMENT DURABLE

11/11/03
Communiqué de presse
AG/EF/459


Deuxième Commission

32ème & 33ème séances – matin & après-midi


DEUXIEME COMMISSION: MIEUX GEREE, LA MONDIALISATION PEUT DEVENIR LA FORCE MOTRICE DU DEVELOPPEMENT DURABLE


La réalisation du Consensus de Monterrey donnerait aux pays

désavantagés les moyens de la performance et de la compétitivité qui leur font défaut


Comment gérer la mondialisation, «processus bien ancré dans la dynamique du développement», pour en faire le levier de la croissance économique, du développement humain et de la préservation de l’environnement; en un mot, du développement durable? 


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) s’est aujourd’hui posée cette question, en sollicitant une réponse du Président de l’Assemblée générale, M. Julian Hunte, organisateur du Dialogue ministériel sur le financement du développement qui s’est tenu, à New York, les 29 et 30 octobre derniers.  M. Hunte, de Sainte-Lucie, a à cet égard indiqué qu’à l’issue de leur Dialogue, les Ministres et les autres parties prenantes ont convenu que la mise en œuvre effective du Consensus de Monterrey, adopté en 2002, à l’issue de la Conférence internationale sur le financement du développement, exige l’élaboration d’un Plan de travail qui devra identifier les problèmes, les domaines prioritaires d’intervention, et des modalités novatrices de coopération entre toutes les parties prenantes, et permettra ainsi d’assurer la réalisation, dans les délais fixés, des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).


L’identification des questions liées aux trois éléments cités par le Président de l’Assemblée a commencé à travers les 27 interventions que la Deuxième Commission a entendues aujourd’hui.  Parlant au nom d’un pays présenté comme étant un de ceux qui ont le mieux exploité le potentiel de la mondialisation pour assurer leur décollage économique et social, le représentant de l’Inde a expliqué qu’il fallait «éviter que la mondialisation ne devienne un outil de domination au service des seuls pays riches».  Au titre des problèmes, le représentant du Maroc, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a dénoncé la faiblesse structurelle de nombreux pays en développement et l’absence d’appui des pays développés, comme en témoignent la chute des montants de l’aide publique au développement (APD); la répartition inégale des investissements étrangers directs (IED); le fardeau de la dette extérieure; l’absence de progrès dans le transfert des technologies; la réticence à rechercher des sources novatrices de financement du développement; ou encore les distorsions qui continuent d’exister à l’intérieur du système commercial multilatéral. 


Adhérant à ce diagnostic, le représentant de l’Italie a, au nom de l’Union européenne, fait valoir le «potentiel unique» de cette dernière pour «jouer un rôle de chef de file et garantir que la mondialisation profite également aux pauvres».  Pour ce faire, les délégations ont énuméré les domaines possibles d’intervention, en accordant la priorité à la démocratisation des processus de prise de décision à l’intérieur d’institutions comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  A ce propos, le représentant du Maroc a regretté que les deux premières institutions n’aient toujours pas entamé le réexamen de la structure de leur capital et de leur calcul des quotes-parts, alors même, a-t-il insisté, qu’il s’agit d’une condition préalable à la participation des pays en développement à leurs processus de prise de décision.  Les trois institutions ont été exhortées à traiter des questions financières, commerciales et de développement de manière intégrée en s’appuyant sur les partenariats envisagés dans le Cycle de développement de Doha, adopté par l’OMC en 2001; dans le Consensus de Monterrey et dans le Programme de mise en œuvre de Johannesburg sur le développement durable, adoptés en 2002. 


Aucun cadre, que ce soit celui de la mondialisation, de la «marketisation», de la libéralisation ou de l’interdépendance, ne peut promouvoir le développement s’il n’est pas gouverné de manière démocratique et orienté vers le décollage économique et social des pays concernés, a insisté le représentant du Pakistan.  Commentant avec les autres délégations la question des partenariats, le représentant pakistanais a mis l’accent sur l’avantage comparatif de l’ONU en la matière, étant donné qu’elle est le seul forum universel consacrant l’égalité entre tous ses Membres.  Un rapprochement entre l’Organisation et le FMI, la Banque mondiale et l’OMC a donc été recommandé.  De nombreuses délégations ont souhaité qu’au sein des Nations Unies, la tâche consistant à assurer la cohérence et la cohésion entre les politiques financières, commerciales et de développement, revienne au Conseil économique et social.


Répondant à l’appel du représentant de la Fédération de Russie pour que les futurs rapports du Secrétaire général se concentrent sur les problèmes institutionnels et systémiques de la mondialisation, le Directeur de la Division de l’appui au Conseil économique et social (ECOSOC) et de la coordination,       M. Saburland Khan, a demandé à la Deuxième Commission des directives claires, qui pourraient être contenues dans une résolution, de façon à donner un mandat officiel au Secrétariat.


La Commission économique et financière poursuivra son débat demain mercredi 12 novembre à partir de 10 heures. 



ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA CINQUANTE-HUITIEME SESSION DE L’ASSEMBLEE GENERALE


Présentant le résumé du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement qui s’est tenu les 29 et 30 octobre dernier (A/58/555), le Président de l’Assemblée générale, M. JULIAN R. HUNTE (Sainte-Lucie), a souligné que l’appui unanime et continu au processus de Monterrey était le cadre unique au sein duquel la communauté internationale devrait œuvrer pour le financement du développement.  Le Dialogue de haut niveau a été un dialogue franc et ouvert sur la question centrale de la mise du Consensus de Monterrey.  Les progrès accomplis ont été constatés, ainsi que les retards qui subsistent dans certains domaines comme ceux du commerce et du transfert des capitaux.  Une proposition a été faite visant à mettre en place un mécanisme plus précis de suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey.


Sur le plan du développement économique et social, le Président de l’Assemblée a indiqué que de nombreux pays en développement et à économie en transition ont reconnu leur responsabilité première dans la mobilisation des ressources nationales tout en soulignant la nécessité d’un appui international.  Ces pays, a-t-il ajouté, ont aussi reconnu la nécessité d’investir dans les secteurs de l’éducation et de la santé et ont fait remarquer, en l’occurrence, l’absence des ressources nécessaires.  Ils ont donc souligné la nécessité des flux d’investissements étrangers et pour ce faire, ont appelé les institutions financières internationales à augmenter leur appui au développement des infrastructures indispensables à l’attraction de ces investissements.  Une meilleure coordination politique entre les pays riches a également été jugée essentielle pour éliminer les déséquilibres macroéconomiques qui entravent les flux de capitaux vers les pays en développement. 


Le Dialogue a aussi donné lieu, a indiqué le Président de l’Assemblée, à un large accord sur l’importance qu’il y a à éliminer les distorsions du système commercial international.  Au titre d’autres questions, il a cité celles de la mobilité de la population active et des fluctuations des prix des produits de base.  Concernant cette dernière question, le Président a attiré l’attention sur les propositions qui ont été faites, dont celle de l’affectation d’une partie de l’aide publique au développement (APD) pour compenser les pertes dues à ces fluctuations et la création d’un mécanisme de garantie aux mêmes fins.  L’importance de l’intégration régionale, de la participation des pays en développement dans les processus internationaux de prise de décision; de l’augmentation de l’APD, et d’une meilleure coordination de son acheminement, ont également été mentionnés.  A cet égard, des propositions ont été faites concernant entre autres, les droits de tirage spéciaux du FMI. 


Concernant la question de la dette, le Président de l’Assemblée a fait part de la proposition visant à procéder à une révision des critères de la viabilité de la dette, et à créer un mécanisme pour accélérer la mise en œuvre des programmes pour les pays pauvres très endettés (PPTE) qui ont atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE.  Pour la plupart des délégations, a poursuivi le Président, la viabilité de la dette ne peut être assurée que par des dons au lieu des flux d’aide publique.  Ces délégations, a-t-il indiqué, ont aussi appelé à la création d’un mécanisme de restructuration de la dette dans lequel les Nations Unies doivent jouer un rôle important.  En conséquence, elles ont apporté leur appui à la création d’un Groupe d’étude sur la dette dont les conclusions devraient être examinées dans le cadre d’un organisme intergouvernemental.


Des appels ont également été lancés pour une meilleure relation de travail entre l’ONU et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi que pour la création d’un Conseil de sécurité économique et sociale au sein de l’ONU, et pour la transformation du Groupe sur la coopération internationale en matière fiscale en un organe permanent.  Ce qu’il faut, a dit le Président en prévision du «Sommet» sur le financement du développement qui doit se dérouler en 2005, c’est un Plan d’action pour identifier les problèmes, les domaines prioritaires d’intervention, et des modalités novatrices de coopération pour assurer la participation de toutes les parties prenantes.


MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE


Suite du débat général


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HASSAN ABOUTAHIR (Maroc) s’est inquiété du fossé qui se creuse entre pays développé et pays en développement.  Il a déclaré que si la mondialisation avait ouvert de nouvelles perspectives, elle avait surtout créé de nouvelles difficultés aux pays du Sud.   A cet égard, il a cité la faiblesse structurelle persistante de nombreux pays en développement qui dépendant essentiellement des produits de base, et pour lesquels la libéralisation des échanges a eu très peu d’avantages socio-économiques.  Alors que la question du fardeau de la dette n’a pas été résolue, et que l’aide publique au développement (APD) est loin d’avoir atteint les objectifs fixés au niveau international, a –t-il ajouté, la baisse persistante des cours des matières premières et la répartition inégale des revenus risquent d’avoir un impact négatif sur le développement.  Le représentant a de ce fait souligné l’importance du redressement des déséquilibres des asymétries qui existent dans les modes d’échanges actuels qui ne contribuent pas au développement.


Il a d’autre part souhaité la mise en place d’une architecture financière et commerciale internationale plus stable et plus équitable, et capable de tenir compte des attentes et des intérêts de toutes les parties.  Il a salué le rôle des Nations Unies dans la promotion de la coopération internationale aux fins du développement.  Il a présenté l’élaboration de rapports nationaux et l’évaluation de la situation aux niveaux régional et international comme un moyen de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), et il a exhorté la communauté internationale à prendre toutes les mesures appropriées pour soutenir la réforme structurelle macroéconomique des pays en développement; l’accès au marché; le renforcement des capacités; la diffusion des connaissances et le transfert des technologies, ainsi que l’augmentation conséquente de l’APD et de l’Investissement étranger direct (IED).  Il a regretté que la 5ème Conférence ministérielle de l’OMC à Cancùn n’ait pas pu prendre en compte les revendications des pays en développement, et a demandé qu’une attention particulière soit accordée au continent africain, eu égard à la grande vulnérabilité de cette région. 


M. ANTONIO BERNARDINI (Italie) a pris la parole au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, et a estimé que la mondialisation demeure un processus complexe et multidimensionnel qui comporte des risques et des avantages.  L’intensité de l’interdépendance a créé des chances de développement sans précédent, a-t-il affirmé en estimant que le rapport du Secrétaire général posait une question intrigante sur le ralentissement du processus de mondialisation.  «Non», a répondu le représentant à cette question,

en ajoutant qu’il croyait à l’existence de difficultés cycliques qui ne peuvent cependant renverser les grandes tendances de l’économie mondiale.  Nous sommes tous capables de relever les défis de la mondialisation, a-t-il dit en jugeant nécessaire de faire face à la résistance de ceux qui veulent maintenir l’existence d’un monde divisé et plein d’antagonismes.  Il est urgent de mieux gérer la mondialisation et en cela, la Déclaration du Millénaire doit être le cadre d’action, les cadres de partenariats étant explicités dans les résultats finaux de Doha, de Monterrey, de Johannesburg, a-t-il souligné. 


En ce qui la concerne, a assuré le représentant, l’Union européenne dispose d’un potentiel unique pour jouer un rôle de chef de file et garantir que la mondialisation profite également aux pauvres.  Etant le plus grand marché des pays pauvres et le premier fournisseur de l’APD, l’Union européenne estime que la coopération internationale, conjuguée à un système d’échanges commerciaux plus ouvert, jouera un rôle essentiel dans la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.  Le représentant a conclu en qualifiant la question des migrations d’aspect important de la mondialisation et en exprimant la disposition de l’Union européenne de poursuivre ce débat dans les enceintes appropriées.


Mme ANISA ZEB TAHIRKHELI (Pakistan) a déclaré que la mondialisation, tout en offrant de nouvelles perspectives et opportunités, a cependant accru la marginalisation de certains des pays les moins avancés.  Cela s’est traduit par la fracture numérique, l’augmentation des inégalités, et la concentration du pouvoir économique par quelques puissances, alors que la dette des pays en développement continue de s’accroître. Elle a souhaité que l’on fasse de la mondialisation une force profitant à tous, et que l’on applique les engagements de Doha, qui visent à mettre le commerce international au service du développement.  Une vraie mondialisation implique que les pays en développement soient intégrés à l’économie mondiale, a dit la représentante.  Elle s’est inquiétée qu’il n’y ait pas de transfert de ressources des pays développés vers les pays en développement.  Parmi les cinq priorités qu’elle a présentées pour parvenir à une réelle «gouvernance de la mondialisation», elle a notamment souligné la nécessité d’une réforme monétaire internationale.  Elle a également insisté sur l’importance de voir les institutions responsables de l’établissement de règles au niveau international, comme le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Banque mondiale, devenir plus démocratiques et plus ouvertes.  Dans le même ordre d’idées, elle a invité les Nations Unies à se montrer à la hauteur de leur mandat en garantissant un meilleur niveau de vie aux pays en développement et en faisant du développement durable une réalité de la mondialisation.  


M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a estimé que la crise financière qui a secoué l’Asie en 1997 et 1998 a montré l’importance d’un système de réglementation de la mondialisation.  Dans ce cadre, le représentant de la Malaisie a souhaité qu’une attention urgente soit accordée à une gestion plus efficace des forces de cette mondialisation en vue de créer un cadre dont chaque pays peut sortir gagnant.  Mais, a regretté le représentant, malgré les engagements pris, les objectifs fixés, et les calendriers établis, les progrès en ce sens demeurent peu encourageants.  Les échanges, a-t-il dit, ont très peu augmenté, tandis que les flux de capitaux se contractent et que leur répartition reste inégale.  A moins que les pays développés s’acquittent de leurs obligations, a-t-il prévenu, il ne sera pas possible de gérer la mondialisation telle que prévue dans le consensus qui s’était fait au niveau mondial.  Le représentant a dit qu’il partageait la préoccupation du Mouvement des non alignés concernant le manque d’accès des pays en développement aux marchés, au capital, et à la technologie.  Il a donc préconisé la promotion de l’assistance du système des Nations Unies et celle que peuvent apporter les pays développés.  La participation des pays en développement dans le processus de prise de décisions économiques et commerciales doit être renforcée, a-t-il encore souhaité avant de juger essentiel que le libre échange se fonde sur le postulat d’équité.  Il a ainsi rappelé que tels que vécus aujourd’hui, le libre échange et le libre flux des capitaux ont compromis le développement économique de plusieurs pays, dont la Malaisie, qui a dû mettre au point des politiques d’ajustement macroéconomique et lancer une réforme financière et monétaire pour réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs dont la propagation est facilitée par la mondialisation.


M ANDREI L. KONDAKOV (Fédération de Russie) a estimé qu’une mondialisation mal gérée engendrait de nouveaux risques imprévus.  Il faut neutraliser les effets négatifs de cette mondialisation tout en s’appuyant sur ses aspects positifs, a-t-il insisté.  Pour ce faire, il faudrait mettre en place une plus grande coordination et intégration des efforts de la communauté internationale, et recentrer de l’ordre du jour mondial autour des Objectifs du développement du Millénaire (ODM).  M. Kondakov a souligné l’importance d’une plus grande cohérence dans les décisions monétaires, financières, et commerciales internationales.  A cet égard, il a notamment proposé de transformer l’OMC en véritable organisation universelle en souhaitant qu’il soit mis fin aux critères discriminatoires qui continuent d’exister dans le processus d’adhésion à cette organisation.  Illustrant les efforts de son pays en faveur de la coopération internationale, il a présenté les initiatives de la Fédération de Russie, du Bélarus, du Kazakhstan et de l’Ukraine en faveur de la création d’un marché commun entre ces quatre pays qui représentent 90% du PIB de la Communauté des Etats Indépendants (CEI).  Enfin, il a souligné toute l’importance du partenariat entre les Nations Unies et le secteur privé pour pouvoir atteindre les objectifs de développement. 


M. MARCO BALAREZO (Pérou) a pris la parole au nom du Groupe de Rio, et a lui aussi souligné l’unanimité qui existe sur la nécessité de mieux gérer la mondialisation pour qu’elle contribue à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Regrettant la persistance de disparités entre pays du Nord et pays du Sud, le représentant a préconisé une plus grande cohésion des régimes financiers et commerciaux internationaux.  Après avoir rappelé les mesures agréées, au niveau international, à cette fin, le représentant a fait part de sa conviction que le principal rôle de l’ONU doit être de promouvoir une politique cohérente et globale concernant la mondialisation et l’interdépendance.  Il faut, a-t-il insisté, identifier les aspects les plus authentiques de la mondialisation pour que les Nations Unies, en leur qualité de forum universel, puissent assumer leur rôle spécifique de promoteur de la coopération internationale pour le développement, et de politiques globales de développement économique et social.  


Mme ASAF AL-SAIE (Bahreïn) a souligné la nécessité de promouvoir une mondialisation plus équitable et plus attentive aux besoins des pays en développement.  Elle s’est inquiétée des conséquences négatives de la mondialisation sur les pays qui ne sont pas capables de tirer profit des technologies de l’information et d’attirer les flux financiers et les investissements étrangers.  Elle a exhorté la communauté internationale à permettre aux pays en développement de s’intégrer au commerce international.  Elle a indiqué que son pays avait promu une politique nationale visant à surmonter les conséquences de la récession mondiale par le biais de réformes économiques en phase avec les Objectifs de développement du Millénaire.  Elle a notamment souligné les efforts de Bahreïn pour promouvoir le rôle de la société civile et tout particulièrement celui de la femme.  S’agissant des récentes négociations commerciales de Cancùn, elle a déclaré que leur échec devait inciter les Etats à en examiner les causes en vue de relancer le Cycle de Doha.  


M. DANIELE DAMASO BODINI (Saint-Marin) a estimé que c’est lorsque chaque pays assumera la responsabilité de son propre destin que les organisations internationales pourront fournir une assistance crédible et durable.  Il a ainsi attribué les difficultés actuelles rencontrées par les pays en développement non pas à la mondialisation, mais à la transition d’une forme de gouvernance répressive gérant une économie fermée, à une gouvernance démocratique prônant le libre marché.  Cette transition n’est pas achevée, d’où les difficultés actuelles, a-t-il insisté.  S’il a dit comprendre la politique des subventions agricoles pratiquées dans les pays industrialisés pour venir en aide aux fermiers, il a néanmoins souligné l’obligation qu’ont ces pays d’assister le processus de transition des pays en développement.  Donnant un exemple d’assistance, il a estimé que les pays développés et les organisations internationales doivent encourager les pays en développement à se concentrer sur les opportunités commerciales existant dans les domaines où ils ont un avantage comparatif évident.  Ce processus doit être financé en partie par les pays développés et être suivi par les organisations internationales, a conclu le représentant.


M. P. R DASMUNSI (Inde) a regretté les inégalités engendrées par la mondialisation au niveau international mais également au sein des pays.  Alors que certains pays ont atteint leurs objectifs de croissance, d’autres réussissent moins bien qu’il y a 20 ans.  La mondialisation ne sera acceptable, a-t-il ajouté, que si elle est profitable à tous.  C’est pourquoi, il est indispensable d’examiner les problèmes des pays en développement et de créer un environnement favorable à leur développement par le biais d’une concertation internationale sur les questions de la dette et des échanges commerciaux.  M. Dasmunsi a défini l’accès aux technologies comme aussi importante que l’accès aux investissements financiers.  Il faut poursuivre les efforts visant à favoriser l’accès des pays en développement aux technologies de l’information et de la communication, compte tenu de l’immense contribution potentielle de ces technologies à la réalisation des ODM, a-t-il dit.  Il a souhaité que le prochain Sommet mondial sur la société de l’information permette de répondre au problème de la fracture numérique.  Par ailleurs, il a déclaré qu’il était indispensable que les pays développés éliminent leurs régimes de subventions à l’agriculture et garantissent un meilleur accès à leurs marchés aux produits des pays en développement.  Il a enfin insisté sur la nécessité de placer les ODM au cœur de la réflexion des institutions financières et commerciales internationales.   


Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL, Directrice du Bureau de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) à New York, a souligné que les déséquilibres persistants entre les pays sont à l’origine de l’insatisfaction croissante face à la mondialisation.  Dans l’ensemble, a-t-elle concédé, la mondialisation a accru le PNB et les échanges technologiques dans certains pays, ce qui a permis à des Etats comme l’Inde de connaître un développement économique plus rapide. La mondialisation, a-t-elle aussi concédé, a eu une incidence positive sur la lutte contre la pauvreté dans certains pays.  Toutefois, la Directrice a souhaité que l’on admette que la marginalisation d’une partie importante de la population mondiale, dont l’Afrique sub-saharienne et l’Asie centrale.  Même dans les pays qui ont connu le succès, elle a dit avoir constaté une répartition inégale des bénéfices, la détérioration de l’environnement ou encore l’aggravation des conditions du travail.  Il est urgent, a-t-elle estimé, de s’attaquer aux problèmes structurels liés à la formation du capital et au domaine technologique dans les pays concernés.  Ces derniers doivent voir leur autonomie préservée par rapport aux facteurs extérieurs.  Il faut aussi mettre en place un système financier et commercial mondial qui appuie le développement.  Si, s’est-elle expliquée, l’on reconnaît que les forces internationales imposent des contraintes au niveau national, il faut alors mettre en place des mécanismes facilitant l’accès aux flux d’échanges et d’investissements.  Il faut encore, a-t-elle poursuivi, faire évoluer les programmes de réformes.  En effet, dans les pays en développement, ces réformes n’ont pas donné les résultats escomptés.  Il faut donc les repenser et créer des conditions macroéconomiques facilitant la création de capital et l’investissement dans les secteurs sociaux.  Il faut enfin faire progresser l’agenda commercial international pour réduire les déséquilibres du système actuel, en particulier dans le domaine de l’agriculture.  Pour faire face à toutes ces difficultés, il faudra adopter une démarche intégrée dotée d’initiatives concrètes.  A travers ses divers programmes, l’ONUDI renforce la capacité des pays en développement dans les domaines des politiques économiques, des institutions, et des secteurs d’activités, a-t-elle conclu en soulignant la nécessité de réévaluer le processus de mondialisation pour éviter que les déséquilibres existant ne s’exacerbent.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que la mondialisation avait affecté de façon profonde la vies sociale et économique internationale ainsi que la vision du monde actuel.  Il a estimé que la mondialisation a engendré toutes sortes de problèmes et de défis qui ont contribué à creuser les écarts entre riches et pauvres.  Le défi à relever aujourd’hui est de garantir que la mondialisation devienne une force positive pour tous les peuples du monde, adit le représentant.  Il est urgent, a-t-il ajouté, que la communauté internationale parvienne à une stratégie de gestion de la mondialisation bien coordonnée.  Cela passe par la réforme du système économique mondial, ainsi que par le respect du multilatéralisme et des principes de justice, de démocratie et de gouvernance; et enfin, par des institutions commerciales et financières internationales plus équitables et non discriminatoires.  Il a insisté sur le rôle important du commerce dans la promotion du développement et la répartition équitable des bienfaits de la mondialisation.  Il a regretté les pratiques inéquitables du commerce international.  A cet égard, il a notamment dénoncé les subventions agricoles des pays développés, dont le montant total est cinq fois supérieur à l’aide publique au développement (APD).  Il a d’autre part souligné la nécessité d’ouvrir les marchés des pays riches aux produits des pays en développement, et a par ailleurs estimé que ce n’est que par la conjugaison de politiques nationales efficaces et d’un environnement mondial économique favorable que l’on arrivera à atteindre les objectifs de développement.  Le représentant a en outre souhaité la prise de mesures pour réduire la fracture numérique, et a invité la communauté internationale à coordonner ses actions dans le but d’offrir de nouvelles chances et possibilités dans le domaine numérique aux pays en développement.


M. CARLISLE RICHARDSON (Saint-Kitts-et-Nevis) a admis, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que la mondialisation était devenue un processus bien ancré dans la dynamique du développement.  Il a donc jugé bon de s’interroger sur la manière de la gérer plus efficacement, en soulignant que les petites économies vulnérables, comme celles des Caraïbes, sont plus exposées aux effets négatifs de ce processus.  Le représentant s’est particulièrement dit alarmé par le transfert net de capitaux, en provenance des pays en développement, vers les pays riches, qui ont atteint, en 2002, le montant de 200 millions de dollars.  Dans ce contexte, il a souligné que les perspectives économiques des pays en développement demeurent volatiles, en citant le rapport sur le développement humain du PNUD.  La CARICOM, a-t-il dit, propose donc un renforcement du rôle de l’ONU dans la politique économique mondiale, et celui de l’Université de l’ONU et du système onusien, pour qu’ils puissent travailler en coopération avec les institutions des pays en développement, en particulier les petits Etats insulaires en développement.  Le représentant a souligné que les échanges, les envois de fonds des migrants et le tourisme ont été compromis par l’évolution de la situation mondiale après le 11 septembre 2001.  Il a jugé que les différences qui assombrissent le dialogue entre pays en développement et pays développés concernant l’investissement étranger direct, les questions de sécurité, les partenariats équitables et la bonne gouvernance, doivent être traitées de manière transparente et juste au bénéfice de tous.  S’attardant sur la question des migrations, il a reconnu le problème de l’immigration illégale et proposant à ce sujet une solution, il a fait observer que le développement des pays d’origine peut être un moyen efficace d’inverser les tendances de cette forme de migration. Il a donc prôné des initiatives concrètes concernant la réduction de la pauvreté, y compris l’accroissement de l’APD et le renforcement des mesures d’allègement de la dette. 


M. TERRY H. SHAMEEM (Suriname) a défendu le droit de tous les peuples à participer aux processus de décision sur les questions commerciales et financières qui les concernent.  Il s’est inquiété de la difficulté de garantir une mondialisation synonyme de force positive pour tous.  Il a regretté que les vues des pays en développement n’aient pas été prises en compte lors des récentes négociations commerciales de Cancùn.  Il a souhaité la mise en place d’un système international qui puisse favoriser la dignité et le développement intégral de la dignité humaine, et a estimé que de nombreux défis auxquels nous avons à faire face aujourd’hui, comme les conflits, les mouvements de réfugiés, les violations des droits de l’homme, la criminalité internationale, le trafic de stupéfiants, la pandémie du VIH/sida et la dégradation de l’environnement, trouvent souvent leur source dans les inégalités liées à la pauvreté.  C’est pourquoi, il a souligné l’importance de la prise en compte de la dimension du développement social comme élément incontournable de la mondialisation et de l’interdépendance qu’elle crée.


M. ARMEN MARIROSYAN (Arménie) a jugé nécessaire de s’opposer de manière constructive au protectionnisme des pays développés, étant donné qu’il est à l’origine de la non intégration des pays en développement à l’économie mondiale.  Il a ainsi rappelé que les pays développés ont eux même reconnu la nécessité d’accroître l’APD, d’ouvrir leurs marchés et de s’attaquer à la politique des subventions agricoles.  Après avoir souligné l’importance du renforcement des capacités institutionnelles dans les pays en développement, le représentant a ensuite mis l’accent sur le rôle des connaissances dans le processus de transition d’une économie industrielle à une économie du savoir.


M. NASROLLAH K. KAMYAB (République islamique d’Iran) a regretté la baisse des flux financiers et des échanges commerciaux, qu’il a définis comme deux composantes majeures de la mondialisation.  Il s’est notamment inquiété de la baisse des investissements étrangers directs (IED) qui ont chuté de 25% en 2002 après avoir chuté de 50% en 2001.  Il faut examiner les diverses options qui permettront d’éviter la marginalisation des pays les plus démunis, a-t-il dit.  L’interdépendance croissante entre les échanges, les finances et les technologies doit être prise en compte, dans l’intérêt de la promotion du développement.  Les capacités institutionnelles existantes au plan mondial ne sont pas à même de traiter les défis de la mondialisation, a-t-il estimé.  Il a ensuite insisté sur le rôle des échanges comme source la plus importante de financement du développement, et s’est dit persuadé que l’élimination des subventions agricoles dans les pays développés contribuerait à la lutte contre la pauvreté et à la promotion du développement durable dans les pays en développement.    


M. KITIRAT PANUPONG (Thaïlande) a cité les éléments favorables à une intégration réussie des pays en développement dans le processus de mondialisation.  Il a d’abord cité le renforcement des capacités par le biais des technologiques modernes.  Il a donc jugé important de garantir aux pays en développement un accès effectif et rentable à l’information et à la connaissance.  Il a ensuite émis

l’espoir que ces questions seront traitées au cours du Sommet mondial sur la société de l’information qui doit se tenir à Genève le mois prochain.  En deuxième lieu, le représentant a cité l’accès à l’éducation et à la santé.  Il a expliqué, qu’à cette fin, son pays avait appuyé les efforts visant à créer un fonds pour les biens publics mondiaux qui traiterait de questions telles que la prévention du terrorisme, le trafic de biens, et l’accès aux traitements contre le VIH/sida ou les autres pandémies.


Mme SAHAKOV (Azerbaïdjan) a défini la mondialisation comme une source de nouveaux défis et de nouvelles chances.  S’agissant de l’interdépendance économique, elle a souhaité de nouvelles politiques commerciales s’inscrivant dans le cadre de stratégies nationales de lutte contre la pauvreté.  Elle a également précisé que l’accès aux marchés dépend aussi du développement de ressources humaines adéquates.  Même si les flux financiers et d’investissement sont importants, il est indispensable pour les gouvernements nationaux de créer un climat propice à l’arrivée de ces flux.  Illustrant les efforts de son pays dans le domaine de la coopération régionale, elle a indiqué le lancement des travaux de construction d’un gazoduc pour faciliter le transport et les exportations d’hydrocarbures. 


M. DARMANSJAH DJUMALA (Indonésie) a souhaité qu’à l’heure de la mondialisation, les politiques de coopération s’inscrivent dans un cadre multilatéral comme celui des Nations Unies pour accélérer la réalisation des ODM et les mises en œuvre du Consensus de Monterrey et du Programme de Johannesburg.  S’attardant sur la question du système commercial multilatéral, il a appelé à une coopération plus étroite entre l’ONU, la CNUCED, l’OMC, les institutions de Bretton Woods et les autres parties prenants pour, a-t-il dit, que le commerce joue bien son rôle de moteur de la croissance.  Le représentant a aussi exhorté les pays développés à porter leur APD à 0,7% de leur PIB et a appelé à des solutions concrètes aux questions telles que le fossé numérique, le crime transnational organisé, la corruption, les migrations internationales et la dégradation de l’environnement.  Insistant sur la question du lien entre les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) et la réalisation des ODM, le représentant a dit attendre avec impatience le Sommet mondial sur la société de l’information qui doit se tenir à Genève en décembre 2003.  Il a conclu en soulignant l’importance qu’il y a à mettre en place un cadre multilatéral qui tienne compte des intérêts de tous et se fonde sur le principe de la responsabilité partagée.


SUIVI DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT


Présentation et débat général


M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint et Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral en développement et les petits Etats insulaires en développement, s’est inquiété des perspectives sombres qui planent sur la réalisation des engagements pris à Monterrey sur le financement du développement.  Il a rappelé que le Consensus de Monterrey avait souligné l’importance d’accorder une attention particulière aux pays africains, aux pays les moins avancés (PMA), aux pays sans littoral en développement et aux petits Etats insulaires en développement (SIDS).  A cet égard, il a attiré l’attention sur la contribution de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire au développement des PMA.  L’objectif principal du Programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA, a-t-il ajouté, était de réduire de moitié la proportion des personnes souffrant de la faim et de la pauvreté dans ces pays.  Soulignant les opportunités qu’offre le commerce pour ces pays, il a exhorté les pays développés à offrir à leurs produits un accès au marché sans droit de douane.


S’agissant du récent débat de haut niveau sur le financement du développement, il a indiqué que ses délibérations avaient mis en lumière les freins que représentent les règles commerciales en vigueur sur les possibilités qui permettraient aux PMA de tirer profit des bénéfices de la mondialisation et d’obtenir des règles d’échanges préférentiels.  Il s’est inquiété que seul 0,05% du PIB des pays développés soit allé aux PMA pour la période 2000-2001, alors que ce chiffre était de 0,09% au cours de la période 1990-1991.  Pour atteindre les objectifs de Bruxelles, d’Almaty, et de la Barbade, qui concernent plus de 90 Etats Membres des Nations Unies, il faut une forte volonté politique de la communauté internationale, a dit M. Chowdhury.  Il a souhaité que le prochain segment de haut niveau de l’ECOSOC, qui portera sur «La mobilisation des ressources et la mise en place d’un environnement propice à l’éradication de la pauvreté dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’action des PMA pour la décennie 2001-2010», sera l’occasion de renforcer le soutien international au développement des PMA. 


M. OSCAR DE ROJAS, Chef du Bureau pour le financement du développement au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a commenté la mise en œuvre de la résolution 57/273, relative aux dispositions visant à assurer, au niveau du Secrétariat, la coordination et le suivi de la concrétisation du Consensus de Monterrey.  De cette résolution, a-t-il expliqué, découle la création du Bureau pour le financement du développement.  Il a fait observer que le niveau des effectifs du Bureau reste modeste compte tenu des tâches et des responsabilités qui lui sont confiées.  Le besoin de ressources suffisantes se fait cruellement sentir, a-t-il ajouté en appelant les délégations à appuyer la consolidation du Bureau et à contribuer au fond financier extrabudgétaire pour le financement du développement.  Les fonctions du Bureau sont très vastes, et il est important de savoir sur quels domaines de travail les Gouvernements souhaiteraient qu’il se concentre, a-t-il dit avant de passer à la question de la coopération en matière fiscale.  Il a expliqué l’absence du Secrétariat au Dialogue international sur la fiscalité par le fait que sa participation aurait coûté 20 000 dollars.  Le Secrétariat, a-t-il indiqué, s’est donc limité aux travaux effectués dans le cadre du suivi du Consensus de Monterrey. 


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc), a déclaré que le financement du développement constituait aujourd’hui la question la plus fondamentale de la promotion du développement.  Tout en reconnaissant que chaque pays est responsable en premier lieu de son développement, il a regretté que l’engagement des pays du Sud en matière de réformes n’ait pas été accompagné par un soutien conséquent des pays du Nord.  Le Groupe des 77 et de la Chine est préoccupé par la faiblesse des flux de capitaux à destination des pays en développement, en dépit des efforts déployés par ces derniers pour s’adapter aux conditions requises pour attirer ces mouvements de capitaux.  Dans le même ordre d’idées, le représentant du Maroc a regretté que les investissements restent concentrés sur un nombre limité de pays. 


Compte tenu des opportunités qu’offre le commerce international, en tant que moteur de la croissance et du développement, il a insisté sur la pertinence du programme de Doha, qui place le développement au centre des réflexions sur le système commercial international.  Après l’échec des négociations commerciales de Cancùn, il incombe à la communauté internationale de forger un consensus qui permette de satisfaire les revendications des pays en développement relatives à la mise en place d’un système commercial multilatéral juste et équitable.  Cela passe par l’élimination des obstacles et des barrières douanières, et par la suppression des subventions agricoles.  M. Benmellouk a souligné l’urgence de renforcer la coopération financière et technique.  Il a regretté que les flux financiers d’aide au développement (APD) ne représente que 0,23 du PIB des pays développés, ce qui reste bien loin de l’objectif fixé à 0,7%.  Il a salué les efforts visant à améliorer la rentabilité de cette aide et à réduire les coûts de transfert de ces fonds dans les pays en développement.


Par ailleurs, il a déclaré qu’on ne pouvait concevoir un décollage des pays du Sud sans un véritable traitement de la dette, qui aille vers un allégement, voire un effacement total, ce qui serait synonyme de mise de nouveaux moyens au service du développement.  Il s’est inquiété que seul huit pays aient réalisé le point d’achèvement leur permettant de bénéficier des avantages de l’Initiative de réduction de la dette.  Il a déclaré que la cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial d’appui au développement constituait un élément majeur de la stabilité internationale par la création d’une capacité de prévention des crises financières dans l’intérêt de toute la communauté internationale.  Il a souligné le rôle central que doit jouer le FMI pour veiller à l’équilibre économique du monde, et notamment des pays développés, compte tenu de leur impact sur le reste du monde. Il a défini comme indispensable la concrétisation du Consensus de Monterrey pour permettre aux pays en développement de s’arrimer au processus de mondialisation.


M. ANTONIO BERNARDINI (Italie) a souligné, au nom de l’Union européen, des pays candidats et des pays associés, le caractère crucial du Consensus de Monterrey pour la réalisation des ODM. Il a dressé un bilan positif du Dialogue de haut niveau, en saluant en particulier les contacts entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods.  Il a aussi salué la participation de l’OMC au Dialogue en espérant qu’elle deviendra plus active dans le processus de Monterrey, de façon, a-t-il dit, à contribuer aux efforts visant une plus grande cohérence du système international.  Le représentant s’est enfin félicité de la présence des représentants de la société civile et du secteur privé.  S’attardant sur les questions commerciales, il a appelé à la reprise rapide des négociations de l’OMC et à la souplesse nécessaire.  Evoquant aussi la question de la dette, il a réitéré son appui à l’Initiative PPTE et rappelé l’intention de l’Union européenne d’accorder une annulation totale de la dette bilatérale aux pays admis à l’Initiative PPTE.  Il a aussi manifesté la disposition de l’Union européenne de discuter avec les institutions de Bretton Woods et les autres donateurs des modifications à apporter à la méthode de calcul du seuil requis pour arriver au point d’achèvement de l’Initiative PPTE, afin d’aider les pays dont la dette est devenue non viable en raison de chocs extérieurs, et de trouver les moyens de compenser les pertes tout en assurant un partage équitable du fardeau.  Le représentant a conclu sur des questions de procédure en souhaitant que la prochaine réunion de printemps entre le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods ne fasse pas double emploi avec le Dialogue de haut niveau. 


Intervenant au nom du Groupe de Rio, M. MARCO BALAREZO (Pérou), a déclaré que la mauvaise situation économique mondiale avait affecté l’Amérique latine d’une manière particulière.  Illustrant son propos, il a indiqué que selon une étude de la Commission économique et sociale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CESALP), le taux de croissance de la région ne sera que de 1,5% en 2003 après une croissance négative de 0,6% en 2002 venant elle-même après six années de croissance perdues.  Dans le même ordre d’idées, il s’est inquiété que pendant sept années consécutives, il y ait eu un transfert net de ressources des pays en développement vers les pays développés.  Malgré l’application de politiques macroéconomiques cohérentes, l’Amérique latine ne peut compter ni sur des ressources suffisantes ni sur un appui conséquent de la communauté internationale. 


Il a rappelé que le Consensus de Monterrey a mis en évidence le fait que le succès des efforts nationaux était conditionné par l’existence d’une conjoncture internationale favorable.  Le commerce étant le moteur de la croissance et du développement, il est indispensable d’ouvrir le marché aux produits des pays en développement et de supprimer les subventions agricoles des pays du Nord et les autres barrières douanières.  Il a souligné l’importance de la mise en œuvre de la coopération internationale dans le cadre du règlement des problèmes économiques mondiaux de façon à créer les conditions de stabilité et de bien-être nécessaires à la bonne coexistence des Etats.  Il a défini le Consensus de Monterrey sur le financement du développement comme la plus importante initiative des Nations Unies visant à promouvoir la coopération internationale aux fins du développement.  


M. SICHAN SIV (Etats-Unis) s’est dit préoccupé par la faiblesse des efforts consentis jusqu’ici dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey en imputant cette situation aux débats futiles tenus sur la «quintessence» du Consensus plutôt que sur les obligations des Etats.  Les efforts de mise en œuvre doivent venir de l’intérieur, a tranché le représentant en estimant que les Nations Unies ne peuvent que jouer un rôle d’appui et en aucun cas se substituer aux efforts nationaux.  Le représentant a assigné plusieurs tâches au Bureau du financement pour le développement, dont l’organisation d’ateliers, de groupes de travail ou de consultations pluripartites pour examiner les obstacles à la mobilisation des ressources nationales.  Le Bureau pourrait aussi, a-t-il ajouté, organiser un processus public et privé pour trouver les moyens de stimuler les investissements privés, en atténuant les risques.  En outre, a poursuivi le représentant, l’ONU pourrait organiser des évènements parallèles pendant l’Assemblée générale ou d’autres manifestations et appuyer les initiatives des autres institutions pour faire avancer les discussions sur des questions telles que la dette ou la fiscalité.  En aucun cas, a prévenu le représentant, l’ONU ne devrait se substituer à ces institutions. 


L’engagement des Etats-Unis dans le processus de Monterrey est évident, a-t-il affirmé en citant pour exemple la création par le Président Bush du Compte du Millénaire.  Ce mécanisme, a-t-il expliqué, doit inciter les pays à améliorer leurs politiques, à renforcer leurs systèmes juridiques, et à investir dans les services sociaux de base.   Les ressources du développement devant provenir de l’intérieur et non de l’extérieur, le Compte du Millénaire instaure un partenariat dans lequel les pays en développement définissent leurs propres priorités.  Ce Compte devrait conduire à une augmentation de l’aide américaine de l’ordre de 50% sur une période de trois ans.  Saluant le fait, que dans quelques années, les pays africains connaîtront une croissance supérieure à celle des pays développés, le représentant a dit qu’il applaudissait chaque fois qu’il entendait parler de l’adoption des mesures nécessaires pour attirer les investissements étrangers directs qui, a-t-il affirmé, ne cessent d’augmenter en direction des pays en développement comme en atteste le cas Mozambique.  Citant le commerce comme un autre moteur important de la croissance économique, il a indiqué que depuis son adoption la Loi sur les opportunités commerciales a entraîné une augmentation de 1000% du commerce avec les pays concernés.  Il a conclu en soulignant que la libéralisation des échanges enter pays du Sud pourrait accroître de 800 milliards de dollars le revenu mondial d’ici 2015.  Il a encore ajouté que les chiffres de 192 milliards de dollars concernant les transferts nets de capitaux par les pays en développement vers les pays riches comprennent en fait des données positives comme les réserves en devises, le paiement légitime de la dette et le rapatriement des bénéfices en provenance des économies du Sud les plus ouvertes à l’investissement.  


M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) s’est dit convaincu de la nécessité d’une réelle volonté politique des pays développés pour mettre en œuvre le Consensus de Monterrey.  Il a déclaré que la contribution de son pays et des pays industrialisés dans leur ensemble devait se traduire par l’augmentation de l’aide au développement, par la réduction de la dette et par l’ouverture de marchés aux produits des pays en développement.  Illustrant les efforts de son pays, il a indiqué que la Norvège affectera l’année prochaine 0,94% de son PIB à l’aide publique au développement (APD) et qu’elle appuyait énergiquement l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).  Il a ajouté que son pays s’était engagé à faire des négociations commerciales un véritable cycle du développement.  Il a regretté l’échec de Cancùn, en assurant que la Norvège ferait tout son possible pour relancer ces négociations dans l’intérêt de la réalisation des objectifs de développement. 


M. Lovald a précisé que l’ouverture des marchés n’était pas en elle-même suffisante, si les pays en développement n’ont pas les moyens de respecter les normes d’étiquetage de leurs produits ou les normes vétérinaires ou phytosanitaires.  Le Consensus de Monterrey, a-t-il prévenu, n’aboutira que si les pays en développement font leur part de travail.  Cela doit se traduire par la mise en place d’un environnement propice au développement et par l’adoption de politiques macroéconomiques saines, tout en favorisant la démocratie, l’état de droit basé sur la bonne gouvernance, et la participation de la société civile.  


M. CARLOS VALERA (Mexique) a estimé que la rencontre entre le Conseil économique et social, les institutions de Bretton Woods et l’OMC, ainsi que le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, sont les mécanismes appropriés au suivi du Consensus de Monterrey.  Il faut maintenant, a-t-il préconisé, procéder à un examen introspectif pour améliorer encore ces mécanismes.  Une des demandes les plus pressantes des pays en développement, a-t-il rappelé, était la nécessité de faire des progrès substantiels dans les négociations commerciales internationales et dans la mise en œuvre du Cycle de Doha. Le représentant a donc appelé à plus l’ouverture d’esprit de la part des pays en prévision des discussions prévues à Genève.  Le mécanisme de suivi du Consensus de Monterrey, a-t-il encore dit, doit être axé sur la promotion des alliances.  Il a appuyé la proposition consistant à demander aux pays développés comme à ceux en développement de fournir des informations sur les actions entreprises pour mettre en œuvre ce Consensus.  Dans ce contexte, il a jugé pertinent de définir les grandes lignes directrices d’un plan de travail qui permettraient de mesurer et de réexaminer les progrès accomplis, ainsi que de déterminer les domaines d’intervention, et de définir les modalités des partenariats nécessaires.


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