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AG/EF/454

DES SCIENTIFIQUES DE RENOM PRESENTENT DES MOYENS CONCRETS DE FAIRE DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNIQUE UN OUTIL EFFICACE DU DEVELOPPEMENT DURABLE

5/11/03
Communiqué de presse
AG/EF/454


Deuxième Commission

Table ronde


DES SCIENTIFIQUES DE RENOM PRESENTENT DES MOYENS CONCRETS DE FAIRE DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNIQUE UN OUTIL EFFICACE DU DEVELOPPEMENT DURABLE


La question de la science et de la technique au service du développement a fait, ce matin, l’objet d’une table ronde organisée par la Commission économique et financière (Deuxième Commission) qui, à cette occasion, avait invité des représentants de l’Université de Harvard, de l’Université de Miami, des laboratoires Bell, et de la Société mondiale des hautes technologies.  Le Président de la Commission, M. Iftekhar Chowdhury, du Bangladesh, a rappelé que le Programme de mise en œuvre de Johannesburg, adopté en septembre 2002, à l’issue du Sommet mondial pour le développement durable, identifiait un certain nombre de domaines spécifiques, dont l’énergie, la sécurité alimentaire ou encore la protection des écosystèmes, dans lesquels la science et la technique ont un important rôle à jouer. 


«La contribution de ces deux disciplines au développement durable reste bien en dessous de ce qu’elle pourrait être et de ce qui est nécessaire».  Telle a été l’opinion des invités de la Commission, qui ont avancé plusieurs propositions parmi lesquelles la mise en place d’un système international de recherche pour le développement durable; la promotion d’une «économie fonctionnant à l’hydrogène comme source d’énergie», ou encore l’exploitation des produits «synergistiques», nouvelle génération de médicaments combinant produits chimiques et produits naturels.  Dans le domaine de la connectivité, par exemple, les pays en développement ont, compte tenu du rythme accéléré des innovations, été encouragés à mettre en œuvre la «théorie du saut brutal», ou «leapfrogging», consistant à passer directement à la prochaine vague de technologies de communication plutôt qu’à investir dans celles qui seront devenues obsolètes au moment où ces pays pourront en avoir la maîtrise.


Exposés


M. William Clark, Professeur de science internationale, de politiques publiques et de développement humain à l’Université de Harvard, a expliqué l’Initiative sur la science et la technologie au service de la durabilité, lancée, après le Sommet de Johannesburg, par des scientifiques et des personnes impliquées dans les questions de développement.  Il a rappelé que si le développement est fondé sur le capital humain et physique, il l’est aussi sur la formation.  Pour lui, les investissements dans la science et la technique sont en fait le moteur dominant de la croissance.  Au titre des obstacles qui se posent à ces investissements, il a cité les problèmes liés aux droits de propriété intellectuelle et l’inefficacité de la science face aux besoins existant sur le terrain. 


M. Clark a donc préconisé une approche stratégique pour exploiter le potentiel de la science et de la technique, et une réorientation effective des priorités.  Ces priorités doivent être de promouvoir une collaboration entre les producteurs de connaissances et les utilisateurs, ce qui exige une modification des structures pour assurer la participation du secteur privé dans la prestation de biens publics.  Pour ce faire, l’orateur a plaidé pour la mise en place d’un système international de recherches pour le développement durable, en qualifiant cet objectif de «défi principal du 21ème siècle».


A son tour, M. Nejat Veziroglu, Directeur de la «Clean Energy Research Institute», de l’Université de Miami a présenté le potentiel des systèmes d’énergie à hydrogène pour répondre aux problèmes de dépendance envers des énergies fossiles non renouvelables et polluantes.  Face aux inconvénients de l’énergie solaire, de la géothermie, ou encore de l’énergie éolienne, qui sont présentes de manière intermittente et sont difficilement transportables, l’orateur a défini l’énergie hydrogène, obtenue partir de la compression de l’eau, comme l’énergie durable et renouvelable la plus souple et la plus adaptée aux besoins.  Il s’est donc félicité de l’accord signé entre l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et la Turquie pour la mise en place, à Istanbul, d’un Centre international sur les technologies à énergie d’hydrogène visant à encourager pays développés et pays en développement à exploiter le potentiel de cette énergie. 


Intervenant à son tour, M. Jeffrey M. Jaffe, Président de «Bell Labs Research and Advanced Technologies for Lucent Technologies», a d’abord commenté le lien entre connectivité et productivité.  L’infrastructure de communication est essentielle au développement économique soutenu, a-t-il dit.  Aujourd’hui, a-t-il fait remarquer, les téléphones portables sont plus nombreux que les téléphones fixes dans beaucoup de pays, dont des pays en développement.  Ces derniers ont besoin d’une technologie facile à utiliser et économique, a-t-il dit en donnant, pour exemple, les modes de connexion utilisés pour les 600 000 villages ruraux de l’Inde.  Les pays en développement ont besoin de bons programmes d’ingénierie qui leur permettent d’optimiser la réponse à leurs besoins particuliers, a-t-il prévenu en les enjoignant à investir dans la formation aux différentes disciplines scientifiques liées aux nouvelles technologies de communication.  Le rythme d’innovation étant rapide, l’orateur a préconisé l’usage de la théorie du saut brutal.  Les nations en développement, a-t-il dit, feraient mieux de passer directement à la prochaine vague de nouvelles technologies des communications plutôt que d’essayer de rattraper leur retard actuel, dans les technologies existantes, vis-à-vis des autres pays.  Mais est-il vraiment possible de brûler les étapes? s’est interrogé l’orateur.  Oui, a-t-il répondu, à condition que l’on s’assure d’une véritable collaboration entre les scientifiques, les gouvernements et le secteur privé. 


M. Lixin Zhang, Président de la World High Tech Society, a présenté une nouvelle génération de médicaments appelés «synergistiques», dans le souci d’améliorer la qualité de la vie sans sacrifier des ressources précieuses.  Cette technique repose sur la combinaison de médicaments modernes et de produits naturels, ce qui augmente de façon déterminante l’efficacité des soins.  A titre d’illustration, il a cité un médicament permettant la purification de l’air à l’intérieur de l’habitat en faisant remarquer que l’air ambiant, dans un local fermé, est cinq fois plus pollué que l’air extérieur.  Rappelant que le processus de fabrication d’un médicament pouvait prendre entre 12 et 24 ans, il a souligné que, depuis 1980, l’écart se creuse entre l’augmentation des investissements dans la recherche et la baisse du nombre de médicaments brevetés. L’intérêt à porter à ces nouveaux médicaments doit être d’autant plus grand qu’aujourd’hui la résistance des maladies infectieuses aux médicaments et à la chimie traditionnels est devenue la première cause de mortalité dans le monde.


Questions-réponses


Relevant le paradoxe qui voit ceux qui ont le plus besoin de la science et de la technologie y avoir le moins accès, le représentant du Cameroun s’est interrogé sur les moyens de casser ce cercle vicieux.  La théorie du saut brutal préconisée aujourd’hui n’a-t-elle pas ses propres limites? a-t-il ajouté.  La réponse réside dans les investissements dans la formation, la recherche et le secteur du transfert des technologies à travers des partenariats internationaux incluant les universités, a répondu le représentant de l’Université de Harvard.  L’industrie du logiciel n’existait pas en Inde, il y a 20 ans, a fait observer le représentant des Laboratoires Bell.  Or, aujourd’hui, parce que l’Inde a choisi d’investir dans ce domaine, il est devenu l’un des moteurs de sa croissance.  La leçon qu’il faut en tirer est que chaque pays doit évaluer ses propres capacités et faire les bons choix.  La clef réside dans les incitations à la population, qui doit être encouragée à investir dans les secteurs de pointe, a, à son tour, estimé le représentant de la Société mondiale des hautes technologies.


Répondant à une question du représentant du Sénégal sur les moyens et les coûts de production de l’énergie à l’hydrogène, le représentant des Laboratoires Bell a indiqué que l’eau de mer pouvait être utilisée à cette fin.  Il a également précisé que l’énergie thermique des océans, l’énergie éolienne et l’énergie solaire pouvaient servir à fabriquer cette énergie, qui présente l’avantage d’être la plus économique et la plus respectueuse de l’environnement. Répondant aux questions des représentants du Ghana, de l’Inde et du Cameroun sur les opportunités ou effets pernicieux de ces nouvelles énergies, notamment de l’énergie à l’hydrogène qui devrait être la principale source d’énergie planétaire à l’horizon 2074, le représentant de l’Université de Harvard a souligné l’importance de la volonté politique des pouvoirs locaux pour promouvoir dans leur pays telle ou telle énergie.  Le représentant de l’Université de Miamia souligné l’importance de la sensibilisation des législateurs à la nécessité de mettre en place une législation favorable à l’établissement de ces nouvelles énergies, en expliquant les conséquences néfastes à long terme de l’usage des énergies fossiles.


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