AG/EF/453

LES PAYS PRODUCTEURS DE COTON DENONCENT LES EFFETS PERVERS DES SUBVENTIONS AGRICOLES SUR LES EFFORTS DE DEVELOPPEMENT

5/11/03
Communiqué de presse
AG/EF/453


Deuxième Commission

25ème & 26ème séances – matin & après-midi 5 novembre 2003


LES PAYS PRODUCTEURS DE COTON DENONCENT LES EFFETS PERVERS DES SUBVENTIONS AGRICOLES SUR LES EFFORTS DE DEVELOPPEMENT


Ils souhaitent à cet égard la création d’un fonds transitoire de compensation en faveur des pays les moins avancés affectés par ces distorsions


La Commission économique et financière (Deuxième commission) a poursuivi aujourd’hui son examen de la question du commerce international et du développement en entendant de nombreuses délégations, notamment africaines, dénoncer les effets pervers des subventions agricoles et des autres obstacles commerciaux, qualifiés de «perturbants» et d’«iniques», sur les efforts de développement des pays du Sud.


Les représentants du Bénin, du Mozambique, du Burkina Faso et du Mali ont tout particulièrement abordé les questions touchant au commerce du coton qui, après avoir été une source de richesse, est devenu un facteur d’appauvrissement.  Invoquant une récente étude du Comité consultatif international sur le coton, le représentant du Mali a estimé que la suppression des subventions versées par le gouvernement américain à ses producteurs se traduirait, pour le producteur malien, par une augmentation de revenu de plus de 31%, soit 500 à 650 dollars par an, ce qui générerait un gain de 55 millions de dollars pour le Mali.  Les subventions agricoles sont responsables de la surproduction et de la baisse des cours que l’on constate au niveau international, les cours du coton ayant atteint aujourd’hui leur niveau le plus bas depuis 30 ans, a souligné le représentant.


En 2001, la production du coton au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Tchad représentait 5 à 10% du produit intérieur brut (PIB) et près de 30% des recettes d’exportations de ces pays.  Plus de 10 millions de personnes dépendent directement de la production cotonnière dans les régions d’Afrique de l’Ouest et du Centre, et plusieurs autres millions sont affectés de manière indirecte par les fluctuations des prix mondiaux.  Illustrant les impacts négatifs de la baisse des prix, le représentant du Mali a indiqué que le PIB de son pays avait baissé de 1,7%, entraînant une perte de 8% de ses recettes d’exportation par rapport à l’année 2001.


«Nous ne demandons pas de faveurs spéciales, mais simplement le respect de nos droits, un accès à un système commercial libre, honnête et non faussé par ceux là mêmes qui l’ont conçu», ont déclaré les délégations en exigeant l’application intégrale des Accords issus du Cycle de l’Uruguay et la mise en œuvre des engagements pris à Doha.  Dans l’esprit de l’Initiative sectorielle sur le coton qu’ils ont lancée à l’OMC, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et le Tchad, dont le coton assure 40% à 80% des recettes d’exportation, ont demandé la mise en place, à compter du 1er janvier 2004, d’un fonds transitoire de compensation en faveur des pays les moins avancés (PMA) producteurs de coton, pour les pertes qu’ils ont subies du fait des subventions versées par les pays riches à leurs producteurs.  Ce fonds devrait être opérationnel jusqu’à l’arrêt de ces subventions et jusqu’au démantèlement de toutes les formes de mesures de soutien interne ou à l’exportation.


S’exprimant au nom des Etats membres du MERCOSUR, le représentant de l’Uruguay, a rappelé que 60% de la population des pays en développement dépendaient de l’agriculture, et a estimé que la suppression des barrières commerciales posées à l’exportation des produits agricoles était le meilleur moyen de faire de l’agriculture le pilier d’une croissance économique au service du développement et de la lutte contre la pauvreté.  A l’instar de nombreuses délégations, il a souhaité, que la XIème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui se tiendra à Sao Paulo, au Brésil, en juin 2004, six mois avant l’expiration du Cycle de négociations commerciales de Doha, soit l’occasion pour la communauté internationale de faire face aux engagements qu’elle a pris en matière de commerce et de développement. 


Intervenant au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), le représentant de Singapour s’est, quant à lui, fait l’écho d’une étude de la Banque mondiale qui montre que la mise en place d’un système commercial équitable générerait 520 milliards de dollars de ressources supplémentaires au niveau mondial d’ici 2015, ce qui permettrait à 144 millions de personnes de sortir de la pauvreté. 


La Deuxième Commission a également entendu la présentation, par le représentant du Maroc, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de deux projets de résolution sur l’administration publique et le développement, et sur la coopération économique et technique entre pays en développement. 


Outre les délégations citées, sont également intervenus les représentants des pays suivants: Croatie, Thaïlande, Congo, Jamahiriya arabe libyenne, Guyana (au nom de la CARICOM), Bélarus, Etats-Unis, et Belize.  L’Observateur du Saint-Siège a également pris la parole.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 6 novembre, à 10 heures.


QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE


Suite et fin du débat général


Mme FERNANDE AFIAVI HOUNGBEDJI (Bénin) a souligné l’impact que pourrait avoir la suppression des subventions internes et des subventions à l’exportation sur les économies des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.  Elle a expliqué que l’Initiative sur le coton ne vise pas l’octroi de faveurs particulières, mais le rétablissement d’une certaine équité dans le système commercial mondial.  Le coton, a-t-elle indiqué, joue un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté dans les pays de l’Afrique occidentale et centrale.  En 2001, la production du coton au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Tchad représentait 5 à 10% du produit intérieur brut et près de 30% des recettes d’exportations totales de ces quatre pays.  Plus de dix millions de personnes vivant en Afrique de l’Ouest et du Centre dépendent directement de la production cotonnière, et plusieurs autres millions sont affectés de manière indirecte par les distorsions des prix sur le marché mondial. 


La représentante a présenté l’élimination totale du soutien à la production et à l’exportation du coton comme la seule et unique mesure qui puisse permettre à la culture du coton de développer pleinement son potentiel, notamment en augmentant sa contribution à la réduction de la pauvreté.  Elle a préconisé que les ajustements nécessaires s’étalent sur une période relativement courte de 3 ans, allant de 2004 à 2006, sur la base d’une diminution graduelle des subventions de l’ordre de 33% par an.  Cela permettrait d’éliminer ces subventions en trois ans et de rétablir ainsi la liberté du marché en ce qui concerne le commerce international du coton.  La résolution du problème du coton interpelle la communauté internationale.  C’est un cas pratique qui lui permettrait de montrer sa volonté de mettre en œuvre les engagements de Doha.  C’est aussi un exemple concret que donnent les pays les moins avancés en ce qui concerne leur volonté de participer activement à l’instauration de la justice et de l’équité dans le commerce international.


Mme IRENA ZUBCEVIC (Croatie) a souligné que les pays à économie en transition rencontrent des difficultés particulières pour parvenir au développement durable.  La transformation de leurs économies, a-t-elle dit, a été accompagnée par une profonde récession qui a montré la nécessité de réformes drastiques.  Dans cette optique, le secteur privé est perçu comme la base de la croissance économique.  Dans le cadre des initiatives de libre-échange prises avec les pays voisins, la Croatie a privatisé 80% de son industrie.  Notre pays, a poursuivi la représentante, doit continuer d’améliorer ses capacités afin de devenir compétitif sur le marché européen.  Aujourd’hui, en effet, les questions de transition sont devenues des questions paneuropéennes, car le développement des pays à économie en transition a un impact direct sur l’élargissement de l’Union européenne.  La Croatie, a encore expliqué la représentante, participe à différentes initiatives régionales, dans le cadre desquelles des mesures sont prises pour améliorer les flux d’investissements nécessaires à la relance de l’économie régionale.  La représentante a conclu en soulignant que les efforts nationaux et régionaux doivent s’accompagner d’efforts internationaux.  Elle a donc préconisé le renforcement de la cohérence entre les fonds et les programmes de l’ONU; la reconnaissance d’un lien inextricable entre les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) et le Consensus de Monterrey; et l’établissement de relations de travail étroites entre l’ONU, d’une part, et les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), d’autre part.


L’archevêque CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a préconisé un système commercial international juste et équitable pour tous.  Il a estimé qu’un accès équitable aux marchés est indispensable pour les plus démunis.  Mais l’économie de marché ne résout pas tout, a-t-il prévenu.  Des liens doivent être établis en l’action des gouvernements et les marchés.  Les règles du commerce international ne doivent pas faire obstacles à la capacité des gouvernements à prendre les mesures qui s’imposent dans le domaine social.  L’Observateur du Saint-Siège a regretté que les revendications des pays en développement en matière de suppression des subventions agricoles n’aient pas été entendues.  Il faut, a-t-il insisté, que l’on renonce aux intérêts de groupes, qui sont essentiellement égoïstes.  Il a souhaité que les barrières commerciales tarifaires et non tarifaires puissent être supprimées pour que le commerce international profite à tous.


M. ITTIPORN BOONPRACONG (Thaïlande) a souligné que les échanges internationaux sont le moteur de la croissance économique et du développement durable de son pays.  Pour tirer le meilleur parti de ces échanges, a-t-il reconnu, la Thaïlande doit renforcer ses capacités de production et libéraliser sa politique.  Dans ce contexte, il a exhorté les Etats membres à appuyer le rôle de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Cette dernière, a-t-il insisté, fournit aux Etats une enceinte où peut être promue la convergence des politiques et au sein de laquelle peut être favorisée l’intégration des pays dans l’économie mondiale.  La Thaïlande, a-t-il dit, invite tous les Etats Membres à appuyer l’Institut international pour le commerce et le développement établi en 2000 à Bangkok, par la CNUCED et le Gouvernement thaïlandais après la CNUCED X.  L’Institut, a-t-il expliqué, est un centre de formation régionale pour le renforcement des capacités et l’assistance technique, en particulier dans la conduite de la politique économique internationale, les négociations commerciales, et la mise en œuvre des dispositions de l’OMC.  Le représentant a ensuite souligné l’importance à la coopération régionale et bilatérale avant de donner le détail de la onzième réunion du Caucus économique de la région d’Asie-Pacifique (APEC) qui s’est tenue à Bangkok, les 20 et 21 octobre et qui a abouti à l’adoption de la Déclaration de Bangkok.  Cette Déclaration appelle à la reprise ces négociations commerciales internationales sur la base du texte dit «de Derbez», présenté à Cancùn le 13 septembre dernier par M. Luis Ernesto Derbez, Ministre des affaires étrangères du Mexique, à l’issue de la cinquième réunion ministérielle de l’OMC, a encore indiqué le représentant. 


M. JUVENAL (Mozambique) a, en commentant le rapport du Secrétaire général sur le commerce et le développement, regretté le manque de volonté politique des pays développés à mettre en œuvre les engagements pris lors des grandes conférences des Nations Unies au cours de la dernière décennie.  Depuis les négociations ayant abouti au lancement du Cycle de Doha, a-t-il regretté, peu de progrès ont été réalisés.  Il s’est inquiété de l’impact de certaines contraintes structurelles, comme la dépendance des pays africains envers quelques produits de base, ou l’accès limité des exploitants agricoles au crédit.  Il a souligné la nécessité d’une augmentation conséquente de l’aide publique au développement (APD) pour soutenir les capacités de production et d’exportation des pays en développement.  Il a présenté le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) comme une stratégie de développement visant à favoriser l’intégration régionale dans l’intérêt du développement de l’Afrique.  Il faut appuyer le secteur privé et le commerce, comme moteurs du développement, à condition de mettre les préoccupations des pays en développement au cœur du programme de travail de l’OMC, a-t-il estimé.


M. NATAMA (Burkina Faso) a regretté que, dans les pays africains, l’agriculture continue d’afficher un bilan qui se situe en dessous des attentes légitimes.  Les faibles performances de l’agriculture sont imputables à des difficultés endogènes mais aussi à d’importants facteurs extérieurs.  En effet, a-t-il expliqué, les économies doivent opérer dans un environnement extérieur de plus en plus compétitif.  Le rapport 2002 de la FAO, a-t-il fait observer, démontre la marginalisation de pays comme le Burkina Faso dans le commerce agricole international.  Ce rapport indique aussi l’impact négatif des fluctuations des prix des produits agricoles.  Malgré ces aléas, le représentant s’est dit convaincu que le développement soutenu de l’agriculture demeure la clef du développement économique.  Il a donc plaidé pour l’accès aux marchés mondiaux en soulignant que jusqu’ici l’application de l’Accord sur l’agriculture conclu dans le cadre du Cycle de l’Uruguay n’avait apporté aucune amélioration, compte tenu de l’existence des crêtes tarifaires, de la progressivité des droits de douanes, et des normes sanitaires et phytosanitaires.  La déception est grande après Cancùn, mais il faut espérer que le devoir de solidarité finira par prévaloir, a dit le représentant.  Il a donc souhaité que les futures négociations se traduisent par une amélioration de l’accès aux marchés, en particulier pour les produits ayant un fort potentiel de croissance comme le coton. 


Des pays comme le Burkina Faso, a-t-il dit, disposent d’un avantage comparatif net dans ce domaine.  Mais leurs performances sont annihilées par les pratiques déloyales des pays d’Amérique, d’Asie, et d’Europe, qui poursuivent leurs politiques de subventions.  En 2001, les pays riches ont consacré six fois plus de fonds aux subventions qu’à l’aide au développement, a rappelé le représentant en soulignant que c’est à cause de tels agissements, que le prix du coton a baissé de 50% environ, en atteignant en 2001-2002, son niveau le plus bas depuis une trentaine d’années.  Pour le Burkina Faso, le coton est une source d’emplois, de revenus, de recettes publiques et de revenus à l’exportation.  Son commerce représente 10% du PNB, mais à causes des distorsions du marché, le pays a perdu 1% de son PIB et 12% de ses recettes d’exportations.  La frustration est d’autant plus forte, a dit le représentant, que le Burkina Faso a entrepris les réformes encouragées par la communauté internationale.  Les revendications du Burkina Faso, a-t-il précisé, ne sont donc pas des demandes de faveurs, mais sont un appel au respect de normes internationales imposées par ceux là même qui les violent aujourd’hui.  Nous voulons un système commercial libre et honnête et non faussé par ses propres concepteurs, a dit le représentant en appelant au respect des règles du jeu, à l’application intégrale des Accords issus du Cycle de l’Uruguay, et à l’accélération du Cycle de Doha. 


M. JEAN MARIE BOSSINA (République du Congo) a défini le commerce comme le moteur du développement.  Il a souhaité un accès accru aux marchés des pays riches des produits des pays en développement et une assistance technique pour la promotion de leurs exportations.  Tous les pays doivent comprendre que la situation actuelle pénalise l’économie mondiale et fragilise les pays les moins avancés, qui sont essentiellement tributaires des revenus tirés de l’exportation de produits de base.  Il a souhaité que les déclarations faites par les différents Etats Membres lors du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement soient suivies d’effet.  Il a estimé que l’élimination des énormes subventions versées par les pays développés à leurs producteurs pourrait entraîner une augmentation des revenus des pays en développement de l’ordre de 400 milliards de dollars d’ici 2015.  Il s’est félicité de la décision de la France d’accorder un traitement préférentiel aux pays d’Afrique sub-saharienne sans attendre la reprise des négociations de Cancùn, et il a invité l’OMC à jouer pleinement son rôle, en vue d’une reprise rapide des négociations commerciales.  


M. JABER ALI J. RAMADAN (Jamahiriya arabe libyenne)a souligné que le rôle du commerce dans le développement n’était plus à démontrer, puisqu’il contribue à la création d’emplois.  Aujourd’hui plus que jamais, a-t-il dit, il est urgent de trouver les moyens de mettre en œuvre les engagements pris et les accords conclus.  En la matière, le représentant a prôné la participation des Etats, du secteur privé, des ONG et des organisations internationales.  Il s’est, en conséquence, dit attristé par l’échec de la Conférence de Cancùn, avant de lancer un appel aux pays développés pour qu’ils fassent montre de souplesse au cours de la réunion prévue à Genève le 15 décembre 2003.  Le représentant a aussi insisté sur les problèmes causés par la dette extérieure, avant de saluer le rôle de la CNUCED, en particulier les recommandations de son Groupe d’éminentes personnalités chargées d’étudier les questions liées aux produits de base.  A son tour, le représentant a plaidé pour un système commercial international équitable et qui tienne compte des intérêts de tous les peuples.  Cette question lui a permis de dénoncer les mesures unilatérales imposées par certains pays.  Les défis auxquels sont confrontés les pays qui en sont victimes sont particulièrement difficiles à relever, a-t-il expliqué en appelant la communauté internationale à condamner de telles pratiques.  


Intervenant au nom des 14 pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. GEORGES TALBOT (Guyana), a souligné la nécessité de répondre aux préoccupations des pays en développement.  Il a défini le commerce international comme la source la plus importante de croissance économique.  Il a souligné la nécessité d’appuyer les capacités de production et d’exportations des petits Etats qui, en dépit de tous leurs efforts, ne peuvent faire face à leurs difficultés.  Il a ensuite souhaité que soit renforcée la capacité de la CNUCED en matière d’assistance aux petits États insulaires.  A cet égard, il a notamment souligné la nécessité de soutenir les efforts des petites économies en ce qu concerne les ajustements structurels, institutionnels et juridiques.  Les pays de la CARICOM sont très inquiets de la situation à laquelle sont confrontés les pays dont l’économie dépend de produits de base dont les prix ont chuté en moyenne de 45% depuis 1990, a dit le représentant qui a ensuite encouragé les pays développés à participer et contribuer au Fonds commun pour les produits de base. 


M. CHEICK SIDI DIARRA (Mali) a dénoncé les effets pervers des subventions, responsables de surproduction et de chute des cours mondiaux des produits agricoles et notamment du coton.  Evoquant une récente étude du Comité consultatif international sur le coton, il a estimé que la suppression des subventions américaines sur le coton se traduirait par une augmentation du revenu du paysan malien producteur de coton de plus de 31%, soit 500 à 650 dollars par an, engendrant un gain de 55 millions de dollars pour l’économie malienne.  C’est dans ce contexte que se situe l’initiative sectorielle sur le coton lancée à l’OMC, et c’est pourquoi le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et le Tchad, pour qui le coton assure 40 à 80% des recettes d’exportations, ont demandé la mise en place d’un fonds transitoire de compensation en faveur des pays les moins avancés (PMA) producteurs de coton.  Ce fonds compenserait les pertes subies du fait des subventions, à compter du 1er janvier 2004, et jusqu’au démantèlement total de toutes les mesures de soutien interne et des subventions.  L’objectif est d’arriver à concilier l’ouverture des marchés avec le maintien de zones agricoles viables dans les pays pauvres.


Le représentant s’est félicité du plan d’action en faveur des producteurs africains de coton proposé par le Président Jacques Chirac à Bamako le 24 octobre dernier, et qui vise, entre autres, une nouvelle approche de la question cotonnière par l’Union européenne en vue d’éviter les distorsions au niveau des prix.  Il a salué la mise en place du Groupe de personnalités éminentes sur les questions de produits de base et s’est associé aux recommandations formulées par cette instance.  En outre, il a souhaité que la XIème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui se tiendra à Sao Paulo en juin 2004, c’est à dire six mois avant l’expiration du mandat de négociations commerciales du Cycle de Doha, soit l’occasion pour la communauté internationale de faire preuve de volonté politique. 


M. ULDZIMIR GERUS (Bélarus) a préconisé une approche faite de souplesse et la promotion de l’art du compromis pour résoudre les questions compliquées qui ont émergé à Cancun.  Candidat à l’accession à l’OMC, le Bélarus, a poursuivi le représentant, considèrerait une éventuelle adhésion comme une preuve de sa crédibilité commerciale, puisque cette adhésion suppose le respect de normes et d’une discipline internationalement convenues.  En conséquence, le représentant a qualifié d’anormaux les retards enregistrés dans le processus d’accession en souhaitant que ce dernier se fonde davantage sur des règles claires et un calendrier fixe qui, a-t-il prévenu, ne saurait être plus long qu’un cycle de l’OMC.  Dans l’état actuel des choses, il a dit craindre que les débats sur le Cycle de Doha ne relèguent au second plan les questions d’accession, comme c’était le cas avant la conférence de Doha.  Il a aussi jugé important que les conditions posées à l’accession demeurent conformes à la situation économique des pays.  Il a préconisé, en l’occurrence, une approche au cas par cas.  Le représentant a conclu en rappelant la décision du Bélarus d’élargir son régime de traitements préférentiels à un nombre plus large de pays.


M. BENJAMIN GILMAN (Etats-Unis) a déclaré que la décision de prendre des sanctions à l’encontre d’un pays devait être prise avec la plus grande précaution.  Il a indiqué que les Etats-Unis avaient pris des sanctions à l’égard du Myanmar, parce que la junte militaire au pouvoir dans ce pays avait incarcéré la lauréate du Prix Nobel, Aung San Suu Kyi, et les dirigeants du parti de la Ligue nationale pour la démocratie, qui avaient été démocratiquement choisies en 1991 pour diriger le Myanmar.  Le représentant a indiqué que son pays estimait que les sanctions étaient un moyen de lutter contre les menaces terroristes, les violations des principes de base des droits de l’homme, et la menace à la paix et à la sécurité internationale que représentent certains pays et les régimes qui les dirigent.


M. TAN YORK CHOR (Singapour), qui prenait la parole au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), a fait part de l’adoption par les chefs d’Etats de l’ANASE de la Déclaration de Bali, le 7 octobre dernier.  Ce document, a-t-il dit, est en fait un cadre pour promouvoir la création de trois communautés dans les domaines de la sécurité, de l’économie, et des questions socioculturelles.  La Communauté économique, a-t-il précisé, fera de l’ANASE un espace unique de vente et de production, faisant naître de la diversité qui caractérise la région des opportunités d’affaires.  La Communauté économique devrait inclure de nouveaux mécanismes pour renforcer la mise en œuvre des initiatives existantes dont la zone de libre-échange, l’accord-cadre sur les services, et la zone d’investissements.  La Communauté économique facilitera aussi la circulation des hommes d’affaires, et du personnel qualifié, en même temps qu’elle renforcera les mécanismes institutionnels, dont le mécanisme de règlement des différends.  Comme première mesure, l’ANASE devrait renforcer ses mesures économiques dans le domaine du commerce des biens et des services ainsi que dans celui des investissements.  Il s’agira donc d’élaborer un programme de travail pour l’élimination des barrières non tarifaires d’ici 2005 et d’établir un mécanisme de consultations pour résoudre les questions liées au commerce et aux investissements..


L’ANASE déploiera aussi tous les efforts nécessaires pour assurer l’intégration dans toute la région d’Asie.  Au niveau international, le représentant s’est dit déçu par l’échec de Cancùn, avant de renouveler la détermination de l’ANASE à reprendre les négociations aussi vite que possible.  Il s’est déclaré convaincu que la CNUCED XI offrira l’occasion de traiter des asymétries des marchés internationaux, des obstacles structurels au commerce, de la vulnérabilité des pays en développement aux chocs extérieurs, et de la mise en place d’un système commercial multilatéral orienté vers le développement.


Intervenant au nom du Mercosur, M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay), a défini la croissance économique comme un préalable incontournable en ce qui concerne la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.  Il a présenté le commerce international comme le principal moteur de la croissance.  Il a précisé que 60% de la population des pays en développement dépendaient de l’agriculture.  Dans ce contexte, il a estimé que la suppression des barrières commerciales que posent les pays développés à l’accès des produits agricoles des pays du Sud était le meilleur moyen de faire de l’agriculture le pilier d’une croissance économique au service du développement et de la lutte contre la pauvreté.  Il a tout particulièrement regretté que la question de l’agriculture ait été exclue des négociations commerciales depuis plus de 50 ans.  Il a ensuite souhaité que la XIème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui se tiendra à Sao Paulo en juin 2004, six mois avant que n’expire le Cycle de Doha, soit l’occasion de faire le point sur les progrès réalisés en matière de commerce et de développement. 


M. STUART LESLIE (Belize) a souligné que les échanges internationaux sont une bonne chose à condition qu’ils soient axés sur le développement.  Il est vrai, a-t-il reconnu, que des économies ouvertes et un commerce libre sont des facteurs importants de la réalisation des ODM.  Toutefois, a-t-il averti, le commerce ne peut profiter aux pauvres que si certains éléments sont mis en place, tels qu’une participation égale au commerce international; l’octroi de traitements spéciaux et différenciés; l’assistance au renforcement des capacités; ou encore et l’élimination des subventions agricoles.  Dans ces conditions, il sera possible de faire avancer le Cycle de Doha, a-t-il affirmé.  


M. REZLAN IZAR JENIE (Indonésie) a déclaré que le commerce international était la locomotive du développement.  Il a estimé que la mise en place d’un système d’échange multilatéral équitable représentait le meilleur espoir et la meilleure alternative pour la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.  Force est de constater aujourd’hui, a-t-il regretté, que les déséquilibres actuels entravent les efforts de développement des pays les plus démunis, notamment ceux dépendant très largement de l’agriculture.  Il  a dénoncé l’insuffisance d’accès au marché pour les produits des pays en développement en regrettant que les marchés des pays développés soient protégés par des barrières tarifaires et non tarifaires.  Il a appelé les pays développés à travailler dans un esprit de coopération dans l’intérêt d’un monde meilleur pour tous.  Il a souhaité, que la XIème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui se tiendra à Sao Paulo en juin 2004, soit l’occasion pour la communauté internationale de faire face à ses engagements. 


Présentation de projets de résolution


Rapport du Conseil économique et social


Présentant un projet de résolution sur l’administration publique et le développement (A/C.2/58/L.23), le représentant du Maroc, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ainsi qu’au nom du Mexique, a indiqué que le texte fait allusion à la Charte ibéro-américaine de la fonction publique qui a été adoptée au mois de juin 2003, et prend note du rapport du quatrième Forum mondial «Réinventer l’Etat» qui eu lieu à Marrakech en décembre 2002.  Le texte remercie aussi le Mexique d’accueillir le cinquième Forum mondial et prie le Secrétaire général d’organiser en 2006 une manifestation spéciale pour commémorer le dixième anniversaire de la reprise de la cinquantième session consacrée à l’administration publique et au développement. 


Activités opérationnelles de développement


Le représentant du Maroc a, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, indiqué que le projet de résolution sur la coopération économique et technique entre pays en développement (A/C.2/58/L. 24) recommande d’approuver le rapport du Comité de haut niveau et les décisions qu’il a prises.  Le texte recommande aussi de changer le nom du Comité en «Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud».  Le projet note également avec satisfaction le fait que la Conférence de haut niveau sur ce type de coopération se tiendra à Marrakech du 16 au 19 décembre 2003.  Il appelle les partenaires au développement à y participer et les organismes de l’ONU et les institutions multilatérales à redoubler d’efforts pour inclure les modalités de la coopération Sud-Sud dans leur programme.  Le texte demande, par ailleurs, au Secrétaire général, un rapport sur l’état de cette coopération.


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