AG/EF/438

DEUXIEME COMMISSION: BILAN NEGATIF DE LA MISE EN OEUVRE DES ENGAGEMENTS PRIS EN MATIERE DE COOPERATION AU DEVELOPPEMENT

15/10/03
Communiqué de presse
AG/EF/438


Deuxième Commission

11ème séance – après-midi


DEUXIEME COMMISSION: BILAN NEGATIF DE LA MISE EN OEUVRE DES ENGAGEMENTS PRIS EN MATIERE DE COOPERATION AU DEVELOPPEMENT


La mise en œuvre de la Déclaration sur la coopération économique internationale et de la Stratégie internationale de développement, adoptées en 1990 par l’Assemblée générale, a été commentée, cet après-midi, au sein de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), par le représentant du Maroc, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et celui du Liban.  Le diagnostic est clair, et les résultats sont décevants, ont estimé ces délégations en invoquant le faible taux de croissance des pays en développement qu’elles ont imputé à la stagnation des prix des produits de base; aux obstacles tarifaires et non tarifaires; aux distorsions qui existent dans le système de commerce international; au fardeau de la dette extérieure, et à la hausse insuffisante de l’aide publique au développement (APD), qui est encore loin d’atteindre l’objectif agréé de 0,7% du PIB des pays développés.


Comme le résume le Secrétaire général dans son rapport sur la question, «2002 a été la cinquième année consécutive durant laquelle le transfert net de ressources vers les pays en développement a été négatif».  L’année 2002 a d’ailleurs enregistré, en la matière, un record à la baisse avec 192,5 milliards de dollars. 


En présentant le rapport du Secrétaire général, le Directeur du Bureau des politiques et de la planification du développement a insisté sur les potentialités d’une mise en œuvre «rapide et effective» de textes tels que la Déclaration du Millénaire, le Cycle du développement de Doha, le Consensus de Monterrey et le Plan d’action de Johannesburg.  L’année 2003 doit être celle de cette mise en œuvre, a souhaité le représentant du Maroc qui a qualifié de «violation flagrante» des engagements pris, le fait que les pays en développement soient aujourd’hui des exportateurs nets de capitaux au profit des pays riches.  Le représentant marocain s’est félicité que l’APD soit passée de 0,22 à 0,23% en 2002 tout en estimant que la hausse de 31% prévue pour 2006 ne saurait répondre aux attentes.  Dans son rapport, le Secrétaire général rappelle, en effet, qu’il faudrait 100 milliards de dollars par an pour parvenir à l’objectif fixé pour le rapport entre l’APD et le PIB des donateurs, à savoir 0,7%. 


Demain, jeudi 16 octobre, à partir de 10 heures, la Deuxième Commission poursuivra ses travaux en entamant l’examen des questions relatives à l’environnement et au développement durable.


Développement durable et coopération internationale


Réalisation des grands objectifs de développement adoptés par les Nations Unies dans les années 90: progrès, difficultés et contraintes (A/58/327)


Le Secrétaire général rappelle dans ce rapport qu’en 1990, l’Assemblée générale a adopté la Déclaration sur la coopération économique internationale et la Stratégie internationale du développement pour la Quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement.  Il rappelle aussi que depuis l’adoption de ces deux textes, l’ONU a organisé plusieurs conférences mondiales qui ont aidé à réunir un nouveau consensus mondial sur les objectifs et les politiques en matière de développement.  En septembre 2000, dit-il ensuite, l’Assemblée a adopté la Déclaration du millénaire par laquelle la communauté internationale a manifesté sa volonté de donner effet aux engagements pris lors des grandes conférences en arrêtant des objectifs quantifiables à savoir, les Objectifs du Millénaire en matière de développement.


Après cette introduction, le Secrétaire général passe aux résultats économiques enregistrés à l’échelle mondiale depuis le début du millénaire.  Dans ce chapitre, il déclare d’emblée que plus que cela n’avait été le cas depuis un certain temps, des facteurs géopolitiques ont influé sur le paysage économique et sur les perspectives économiques mondiales à court et à moyen terme.  Le Secrétaire général explique comment, pour les pays en développement, cela s’est traduit par une baisse des recettes d’exportation déjà comprimées par la baisse des prix des produits de base.  Le Secrétaire général fait une démonstration de la thèse selon laquelle au cours des premières années de la décennie, la croissance de la production des pays en développement a été inférieure à ce qu’elle était pendant la plus grande partie des années 90, et dans certaines régions, pendant les années 80, «la décennie perdue». 


Alors, dit-il par exemple, qu’en Afrique subsaharienne la lutte contre la pauvreté exige un taux de croissance d’au moins 3% du PIB par habitant, cette partie du continent demeure globalement bien en deçà de ce chiffre.  Parmi les chiffres cités, il faut relever le fait que si 37 des 95 pays en développement ont vu leur PIB par habitant diminuer en 2002; en 2001, ils étaient 33 dans cette situation.  En revanche, 20 pays en développement ont enregistré une croissance de plus de 3% en 2001 tandis que 16 seulement y parvenaient en 2002.  Les deux groupes de pays comptaient pour quelque 46% de la population mondiale, la Chine et l’Inde en représentant la plus large part.


Le fait que beaucoup de ces pays demeurent dépendants des produits de base et que les prix de ces produits restent bas demeure un sérieux handicap.  Au titre des remèdes à apporter à cette situation, le Secrétaire général préconise d’une part, une aide de la communauté internationale pour ramener l’offre des produits de base au niveau voulu, et d’autre part, une diversification des économies des pays en développement.  Kofi Annan plaide aussi pour des mesures visant à faciliter les exportations des produits agricoles vers les pays développés en citant, entre autres, l’élimination de toutes les subventions à l’exportation et des autres formes d’aide; la baisse des droits de douane; et la levée des barrières non tarifaires. 


Concernant l’allégement de la dette, le Secrétaire général estime que deux impératifs s’imposent à la communauté internationale en ce qui concerne l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), à savoir, traiter rapidement les dossiers à l’examen et mobiliser suffisamment de fonds pour que la situation des pays participants redevienne gérable.  Le Secrétaire général prévient toutefois que pour que les pays participants connaissent une certaine croissance sans que leur dette redevienne ingérable, il faudra qu’ils bénéficient de transferts de ressources non génératrices de dette notamment au titre de l’aide publique au développement (APD) et de l’investissement direct étranger (IED). 


A ce propos, le Secrétaire général se félicite que le rapport entre l’APD et le revenu national brut des donateurs soit passé à 0,23% après être resté à son niveau le bas – 0,22%- pendant trois ans.  Il rappelle que selon les estimations du Comité d‘aide au développement (CAD) de l’OCDE, si les engagements de la Conférence internationale sur le financement du développement sont tenus, l’APD augmentera de 31% - environ 16 milliards de dollars- et le rapport APD/PNB passera à 0,26% d’ici à 2006, ce qui serait encore bien en deçà du chiffre régulièrement jusqu’en 1992.  En effet, il faudrait environ 50 milliards de dollars supplémentaires par an pour que cela soit possible, et encore 50 milliards de plus pour parvenir à l’objectif fixé pour le rapport entre l’APD et le revenu national brut, soit 0,7%. 


Concernant l’IED, le Secrétaire général déplore que depuis la crise financière asiatique, la tendance à la hausse observée dans les années 90 pour les transferts de fonds privés à destination des pays en développement se soit inversée.   Il relève une tendance contraire en ce qui concerne les envois de fonds de travailleurs expatriés qui, avec 80 milliards de dollars en 2002, représentent souvent davantage de ressources que l’APD et les prêts de sources privées.  Il est inquiétant, insiste le Secrétaire général, que 2002 ait non seulement été l’année d’un nouveau record à la baisse – 192,5 milliards de dollars – mais aussi la cinquième année de suite pour laquelle le transfert net de ressources à l’ensemble des pays en développement a été négatif.  En revanche, pour l’Afrique, le transfert net a été positif, la baisse des recettes tirées de l’exportation de produits de base ayant donné lieu à un déficit commercial global qui a été financé par des apports financiers supplémentaires de sources publiques et privées. 


Le Secrétaire général termine son rapport par un chapitre intitulé «Aperçu des possibilités, des difficultés et des contraintes en matière de développement».  Il y évalue les possibilités offertes par les progrès technologiques, entre autres, l’impact de la biotechnologie sur la sécurité alimentaire; les possibilités de croissance de l’économie – économie en réseau- grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC); l’impact du VIH/sida sur la pérennité de la population active et les perspectives économiques des pays touchés; les effets des tendances démographiques sur les politiques sociales et économiques des pays concernés; et enfin le poids des dépenses militaires sur les politiques de développement. 


Lettre datée du 14 juillet 2003 adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Maroc auprès de l’Organisation des Nations Unies (A/58/204)


Cette lettre adressée par le Représentant du Maroc et Président du Groupe des 77 au Secrétaire général contient en son annexe le texte du communiqué final et de la déclaration adoptés à la 34ème réunion des présidents et coordonnateurs des sections du Groupe des 77 qui s’est tenue à Genève les 26 et 27 juin 2003.  Le communiqué final réaffirme notamment l’appui sans réserve que le Groupe des 77 apporte au Programme d’action de La Havane et à la Déclaration du Sommet du Sud qui «sont les deux documents directeurs du Sud exprimant les intérêts et préoccupations des pays en développement».


Présentation & débat général


En présentant le rapport du Secrétaire général, M. IAN KINNIBURGH, Directeur du Bureau des politiques et de la planification du développement, a souligné que contrairement aux «résultats décevants sur le terrain», les premières années du nouveau millénaire avaient enregistré des progrès dans la coopération internationale au développement.  La Déclaration du Millénaire, le Cycle du développement de Doha, le Consensus de Monterrey et le Plan d’action de Johannesburg représentent des percées dans le partenariat pour le développement, a-t-il souligné.  Leur mise en œuvre rapide et effective donnera l’élan nécessaire au développement et à la réalisation des objectifs fixés par la communauté internationale, a estimé le Directeur du Bureau des politiques de développement en ajoutant qu’à la lumière du récent échec de Cancùn, la communauté internationale, les gouvernements, le secteur privé, la société civile, et toutes les autres parties prenantes doivent s’efforcer d’être à la hauteur des responsabilités qui leur ont été confiées par les textes adoptés au niveau international.  «Tous les acteurs doivent s’assurer que les engagements pris sont traduits en actes concrets pour inverser les tendances négatives qui ont caractérisé le début de ce millénaire», a déclaré M. Kinniburgh.


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOULAY LAHCEN ABOUTAHIR (Maroc) a réitéré la position de ce groupe de pays sur les priorités à respecter et à mettre en oeuvre pour la réalisation des grands objectifs de développement.  Il a regretté les performances économiques très moyennes des pays en développement, en notant que l’environnement économique mondial actuel n’était pas propice au développement des pays les plus démunis.  Il a ensuite insisté sur les conséquences sociales néfastes de cette morosité économique sur les pays en développement.  Dans ce contexte, il a rappelé la nécessité d’ouvrir les marchés des pays riches aux produits des pays en développement, ainsi que celle de mettre un terme aux subventions agricoles déstabilisantes et, enfin, d’alléger, voire de supprimer, les dettes des pays en développement, afin qu’ils puissent investir les ressources du service de la dette dans la santé et l’éducation. 


Par ailleurs, il a souligné la contradiction qui existe quand on voit les pays développés avoir une balance bénéficiaire en flux financiers avec les pays en développement, du fait des remboursements de dette auxquels doivent se soumettre les pays pauvres.  Les transferts financiers du Sud vers le Nord, a-t-il relevé, sont plus importants que les ressources financières perçues au titre de l’aide publique au développement (APD) ou au titre des investissements étrangers direct (IED), par les pays en développement.  Notant les conséquences désastreuses du fléau du VIH/sida sur les efforts de développement des pays africains, le représentant a souligné la nécessité d’une approche intégrée de l’ensemble des questions liées au développement.


M. MAJDI RAMADAN (Liban) a soulevé la question des échanges commerciaux pour dénoncer les pratiques visant à protéger les intérêts particuliers de certains pays.  Les subventions agricoles et les mesures du même type empêchent la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire, a-t-il souligné.  Venant à l’APD, il s’est félicité de sa hausse relative, tout en notant avec regret que les pays en développement demeurent des exportateurs nets de capitaux.  Le faible niveau de l’APD empêche le développement durable, a-t-il conclu en appelant à de «grands bouleversements» dans les systèmes commercial et financier internationaux.


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