AG/EF/430

LA REFORME DES INSTANCES DE L’ONU ET L’ECHEC DES NEGOCIATIONS COMMERCIALES DE CANCUN MARQUENT L’OUVERTURE DES TRAVAUX DE LA DEUXIEME COMMISSION

6/10/03
Communiqué de presse
AG/EF/430


Deuxième commission

2ème séance – après-midi


LA REFORME DES INSTANCES DE L’ONU ET L’ECHEC DES NEGOCIATIONS COMMERCIALES DE CANCUN MARQUENT L’OUVERTURE DES TRAVAUX DE LA DEUXIEME COMMISSION


Avant de lancer l’examen point après point des 15 questions inscrites à l’ordre du jour de la Deuxième Commission, son Président Iftekhar Ahmed Chowdhurry du Bangladesh, fidèle à la tradition annuelle, a invité les Etats membres, les organismes de l’ONU, et les organisations internationales, dont les institutions de Bretton Woods et les ONG, à partager leur vision des questions de développement qui seront étudiées sous l’angle des politiques macroéconomiques et sectorielles, de la coopération internationale, de la protection de l’environnement ou encore des activités opérationnelles de développement des Nations Unies. 


Le décor du «débat général», prévu jusqu’au 8 octobre, a été planté, cet après-midi, par le remplaçant de M. Nitin Desai au poste de Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), M. José Antonio Ocampo qui a qualifié de «formidables» les défis du développement, en reconnaissant, comme d’autres l’ont fait après lui, l’urgence de rationaliser l’ordre du jour de la Deuxième Commission.  Cette rationalisation, a déclaré le nouveau Secrétaire général adjoint, nous la voulons à la fois pour assurer une plus grande cohérence dans les débats de la Commission et pour conférer aux Nations Unies un plus grand poids dans la recherche de solutions aux questions financières, commerciales, et technologiques qui se posent au développement. 


Indiquant quelques pistes de recherche, M. Ocampo a fixé deux objectifs en citant d’abord la nécessité d’édifier un concept de citoyenneté mondiale pour pouvoir s’attaquer aux problèmes liés aux « biens publics mondiaux » que sont la paix, la sécurité, les épidémies, le terrorisme, l’environnement, la stabilité macroéconomique et financière, et la régulation des marchés mondiaux.  Le Secrétaire général adjoint a ensuite cité, en deuxième lieu, l’élimination des asymétries du système économique, commercial et financier mondial, qui est caractérisé par la vulnérabilité macroéconomique des pays en développement aux chocs extérieurs; la concentration des innovations techniques dans les pays industrialisés, et le contraste entre le degré de mobilité du capital et les limites imposées à la libre circulation de la population active, en particulier la main-d’œuvre peu qualifiée.


Les deux groupes d’intérêts les plus influents sur les questions économiques à l’ONU; l’Union européenne – 25 Etats – et le Groupe des 77 et la Chine – 135 Etats- n’ont pas manqué de commenter ces observations.  Intervenant, sur la réforme de la Deuxième Commission, au nom de l’Union européenne, des pays candidats à l’accession et des pays associés, le représentant de l’Italie, Marcello Spatafora, a invoqué le besoin d’«optimiser la pertinence politique et l’impact des délibérations» pour justifier la nécessité de rationaliser les méthodes de travail de la Commission. 


Le représentant s’est dit «déterminé à démontrer, avec ses homologues» la pertinence du travail de la Commission et l’efficacité de sa contribution à la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire et des résultats des autres conférences que l’ONU a tenu au cours de cette dernière décennie.  Relayant ces propos, le représentant du Japon, Yoshiyuki Motomura, s’est inquiété que, sans réforme, le rôle de l’ONU dans le domaine économique ne se résume aux activités de ses fonds et programmes.


S’il a souscrit à l’idée d’une rationalisation des méthodes de travail de la Commission, le représentant du Maroc, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est surtout attardé, pour les dénoncer, sur les tendances actuelles de la macroéconomie.  Mohamed Bennouna a évoqué l’issue malheureuse de la cinquième Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en disant «l’échec de Cancùn montre que malgré les promesses des pays développés, nous sommes loin des engagements pris à Doha en 2001 de placer les objectifs du développement au centre des préoccupations commerciales».  L’échec de Cancùn, a renchéri le représentant du Pakistan, Munir Akram, «est imputable à la culture brutale et partiale qui entoure les négociations d’une OMC aux intérêts mercantilistes et dépourvue de toute vision claire du développement».


«Il n’y a peut-être pas de domaine commercial plus soumis à la discrimination que l’agriculture», a asséné, à son tour, le représentant du Brésil et Coordonnateur des questions agricoles à Doha. Ronaldo Mota Sardenberg a déploré que cette situation perdure alors même qu’aucun autre domaine n’est aussi important pour la lutte contre la pauvreté.  Rien ne sert de proclamer que le Programme de Doha est celui du développement, si on n’y intègre pas de véritables objectifs de développement, a insisté le représentant en réclamant la mise en place d’un système commercial multilatéral, équitable, fondé sur des règles et orienté sur le marché.  Comme la plupart de ses homologues, le représentant brésilien a espéré, pour la suite des négociations, la mise en place d’une alliance vertueuse entre ceux qui appuient à la fois le libre-échange et le développement.


Ont également pris part à ce premier jour de débat général, les représentants de la Nouvelle-Zélande (au nom du Groupe du Forum des îles du Pacifique), de la Fédération de Russie, de l’Egypte et de la Chine.


Les travaux de la Commission, qui devraient s’achever le 5 décembre prochain, sont dirigés, cette année, par le Président et ses trois Vice-Présidents qui sont Mmes Ulrika Cronnenberg-Mossberg de la Suède et Irena Zubcevic de la Croatie, et M. Henri Raubenheimer de l’Afrique du Sud, épaulés par le Rapporteur, M. Briz Gutiérrez du Guatemala.


La Commission économique et financière poursuivra son débat général demain, mardi 7 octobre, à partir de 10 heures.


Déclaration liminaire


M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a d’emblée qualifié de «formidables» les défis du développement auxquels est confronté le monde actuel.  Si, à court terme, les perspectives économiques mondiales incitent à l’optimisme, les déséquilibres macroéconomiques jettent une ombre sur les perspectives à moyen terme, en particulier la dépendance de l’économie mondiale vis-à-vis d’un seul pays, a-t-il déclaré.  L’échec récent des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) aggrave les incertitudes, a estimé José Antonio Ocampo en ajoutant que malgré l’amélioration des indicateurs, la croissance économique mondiale a baissé depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire, plongeant des pays en développement dans la récession.  En cette période de mondialisation, ces pays sont demeurés vulnérables aux facteurs extérieurs en dépit des progrès constants qu’ils ont enregistrés dans leurs politiques intérieures.


Jusqu’à aujourd’hui, a-t-il ajouté, la mondialisation s’est accompagnée d’asymétries dans le développement et de restrictions dans le choix des politiques nationales.  Au regard de cette situation, le premier objectif majeur doit être d’édifier une citoyenneté mondiale pour relever les défis mondiaux, dont la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Les contours de cette «association mondiale» ont été ébauchés, a rappelé le Secrétaire général adjoint, lors des Sommets de Monterrey et de Johannesburg où a été lancé un nouvel esprit de la coopération internationale.  Tant les pays développés que les pays en développement doivent se montrer à la hauteur des responsabilités qu’ils ont assumées en prenant ces engagements collectifs, a-t-il insisté.


De nombreux domaines du développement ne peuvent se satisfaire d’actions individuelles, a-t-il poursuivi en citant la paix, la sécurité, les épidémies, le terrorisme, la durabilité de l’environnement, la stabilité macroéconomique et financière, et la régulation des marchés mondiaux.  Les structures internationales actuelles ne sont pas à même de gérer et de financer ces dimensions de l’interdépendance mondiale, a tranché José Antonio Ocampo en arguant que face à ces «biens publics mondiaux», il faut élaborer des politiques collectives.  Selon M. Ocampo, le deuxième objectif majeur doit être de mettre un terme aux asymétries qui caractérisent le système mondial, à savoir la vulnérabilité macroéconomiques des pays en développement aux chocs extérieurs; la concentration des innovations techniques dans les pays industrialisés, et le contraste entre le haut degré de mobilité du capital et les limites imposées à celles de la population active, en particulier la main-d’œuvre peu qualifiée.


Devant cette situation, le Secrétaire général adjoint a estimé que la Réunion de Cancùn, si elle a été un recul, a eu au moins le mérite de faire participer un très grand nombre de pays en développement aux négociations.  Cette Réunion a également contribué à jeter les éléments d’un accord sur les conditions préalables à une conclusion heureuse du cycle de négociations lancées à Doha en 2001.  Le succès en la matière, a précisé Jose Antonio Ocampo, exige que les délibérations soient reconnues comme un effort universel visant à s’assurer que les possibilités de développement soient réelles et que le système d’échanges internationaux soit plus équitable.  A cet égard, a-t-il estimé, la coopération internationale est la clef de la réalisation des objectifs de développement agréés.  Le Secrétaire général adjoint a plaidé pour la mise en place d’institutions fortes et d’un réseau d’institutions mondiales, régionales et nationales qui aiderait à soutenir et compléter les efforts à tous les niveaux.


M. Ocampo a conclu en espérant que la réforme de l’ordre du jour de la Deuxième Commission aboutira non seulement à une plus grande cohérence dans les discussions, mais aussi à donner aux Nations Unies un plus grand poids dans la recherche de solutions aux questions qui se posent en matière de finances, de commerce, de technologies et de développement. 


Débat général


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a souligné la nécessité pour la communauté internationale d’unir ses efforts pour réformer les Nations Unies, une réforme qui, selon le représentant, concerne le développement, les questions économiques et les relations des pays avec les institutions financières internationales.  Il a ensuite dénoncé l’aggravation des déséquilibres entre riches et pauvres et la persistance de graves problèmes économiques et sociaux dans les pays en développement, et il s’est inquiété de la baisse des flux de capitaux en direction des pays en développement.  Notant que certains de ces pays perdent plus de capitaux qu’ils n’en reçoivent, il a précisé que la perte totale de capitaux a atteint 192 milliards de dollars en 2002, le double des pertes enregistrées durant la période 1998-2000.  Dans ce contexte, il a exhorté la communauté internationale à se rendre compte que les mesures prises jusqu’à présent n’ont pas permis de résoudre le problème de la dette.


En ce qui concerne le commerce international, le représentant a dénoncé le protectionnisme des pays riches dont souffrent les exportations des pays en développement, déjà victimes de l’instabilité des marchés et de la chute des prix des produits de base.  Il a regretté l’impact des subventions agricoles des pays du Nord sur les économies des pays du Sud.  Il est encore possible de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015, a-t-il souligné, si les pays riches réduisent les obstacles aux échanges commerciaux et augmentent leur aide publique au développement (APD).  Il a regretté l’échec de la 4ème Réunion ministérielle de l’OMC à Cancun, qui selon lui montre que malgré les promesses des pays développés, on reste loin des engagements pris à Doha de placer les objectifs du développement au centre des préoccupations commerciales.  Il a ensuite rappelé que le dernier rapport de la Banque mondiale révèle que le taux de croissance de l’économie mondiale est bien inférieur au taux nécessaire pour atteindre les Objectifs du Millénaire en matière de lutte contre la pauvreté, et la promotion de l’éducation et de la santé.  La situation est encore plus sombre pour le continent africain, a-t-il ajouté, en indiquant que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté allait passer de 315 millions en 1999 à 404 millions en 2015.  


Il faut améliorer l’environnement financier en prenant en compte des attentes des pays en développement dans les négociations commerciales.  Ce n’est pas faire une oeuvre de bienfaisance, a dit l’orateur en estimant qu’il fallait travailler pour l’intérêt commun des riches et des pauvres, car nul ne peut plus vivre de manière isolée dans un monde globalisé. Dans ce contexte, il a souligné l’importance du multilatéralisme. 


2005 est une étape cruciale en ce qui concerne l’évaluation globale de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, a dit le représentant du Maroc.  Abordant la question du suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, il a appelé la Deuxième Commission à traduire les engagements pris par les Ministres à Monterrey et à lancer une évaluation du fonctionnement de tous les mécanismes de suivi mis en place dans le cadre de cette conférence.  Il a salué l’adoption du programme de travail pluriannuel de la Commission de développement social qui permettra d’examiner les questions mises en relief par le Sommet sur le développement durable de Johannesburg.  Le principal défi à relever consiste à préserver l’élan de Johannesburg pour que la Commission du développement durable obtienne tout l’appui politique nécessaire à la mise en œuvre de ces objectifs, a-t-il estimé. 


S’agissant de la situation des pays les moins avancés (PMA), il a regretté que peu de résultats aient été obtenus depuis l’adoption du Programme d’action en faveur des PMA à Bruxelles en 2001 et a souhaité que les engagements de Bruxelles soient honorés tout en s’inquiétant que la catégorie des pays les plus vulnérables continuent d’être exclus des fruits de la mondialisation malgré quelques progrès.


Il a salué les résultats de la Conférence d’Almaty qui s’est tenue au Kazakhstan à la fin du mois d’août, en vue de répondre aux questions qui se posent aux pays enclavés et sans littoral, et a formé le vœu que les directives adoptées à l’issue de cette conférence puissent être appliquées dans le souci de répondre aux difficultés rencontrées par ces pays en matière de transport et d’exportations.  


En ce qui concerne les petits États insulaires en développement, il a appelé la communauté internationale à soutenir le Programme d’action de la Barbade en faveur de ces pays dans le contexte de la réunion d’évaluation, «Barbade + 10» qui se tiendra à Maurice en 2004.  En ce qui concerne la question des migrations internationales, il a déclaré qu’il s’agissait d’une question majeure pour le Groupe des 77, une question qui concerne à la fois les droits de l’homme et les enjeux du développement.  En conclusion, il a rappelé les liens entre les déséquilibres sociaux et économiques et la persistance d’instabilités en matière de paix et de sécurité internationales. 


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie), qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, des pays candidats à l’accession et des pays associés, a dit avoir relevé dans la déclaration du Maroc une vision commune des choses et de nombreux points que partage l’Union européenne.  Aussi a-t-il à son tour appelé à la mise en œuvre rapide des Objectifs de développement du Millénaire en s’assurant de l’appui de tous les Etats Membres de l’ONU et de toutes les parties prenantes.  Dans ce contexte, le représentant s’est félicité du processus lancé, au printemps dernier, par le Groupe de travail de l’Assemblée générale sur le suivi intégré et coordonné des grandes Conférences et Sommets organisés sous l’égide des Nations Unies dans les domaines économique et social.  Il a ensuite salué l’initiative lancée par le Secrétaire général concernant le suivi de la Déclaration du Millénaire.  Il a enfin accueilli comme «une reconnaissance claire du besoin de changement», la déclaration faite par le Secrétaire général à l’ouverture du débat général de l’Assemblée générale. 


Concernant la réforme de la Deuxième Commission et de son ordre du jour, M. Stapafora a déclaré que pour optimiser la pertinence politique et l’impact des délibérations de cette Commission, il fallait rationaliser ses méthodes de travail.  Constatant que la Commission laissait de moins en moins d’espace au débat général, le représentant s’est ensuite dit prêt à participer activement aux débats thématiques et à démontrer, avec d’autres délégations, la pertinence du travail de la Deuxième Commission et l’efficacité de sa contribution à la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire et des résultats des sommets de Monterrey, de Johannesburg et des autres conférences tenues par l’ONU au cours de la décennie qui vient de s’écouler.


S’exprimant au nom du Forum des Iles du Pacifique, M. DON MACKAY (Nouvelle Zélande) a réaffirmé l’importance du développement durable en saluant les résultats du Sommet mondial sur le développement durable en ce qui concerne les questions liées aux petits États insulaires en développement.  Dans le même ordre d’idées, il s’est félicité du processus préparatoire en cours de la rencontre «Barbade + 10» qui se tiendra à Maurice en 2004 dans le cadre de l’examen du Programme d’action et de la Déclaration de la Barbade dans le souci de répondre aux défis auxquels font face les petits Etats insulaires en développement.  Dans ce contexte, il a formé le vœu que l'Assemblée générale encourage les Etats Membres à s’impliquer dans les préparatifs de la Réunion d’évaluation décennale prévue à Maurice.


S’agissant de la Réunion ministérielle de l’OMC qui vient de se tenir à Cancùn, il a déclaré que le Forum des Iles du Pacifique regrettait l’insuffisance des progrès accomplis dans le domaine commercial.  Il a ensuite rappelé que cette question était cruciale pour les pays de ce groupe.  «Nous avons pris des initiatives importantes au niveau régional pour améliorer nos perspectives commerciales» a-t-il ajouté en souhaitant que le cycle des négociations de Doha permette aux Iles du Pacifique de tirer parti d’un système d’échanges plus juste.


Le représentant a ensuite déclaré que les changements climatiques et la montée du niveau de la mer constituaient une réelle menace pour les membres du Forum.  Tout en saluant les efforts de certains pays en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour l’application du Protocole de Kyoto, il a souligné la nécessité d’une meilleure coopération en ce domaine, à l’image des partenariats issus du Sommet mondial sur le développement durable, ou encore dans le cadre de la Facilité pour l’environnement mondial(FEM). 


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a attiré l’attention de la Commission sur le fait que pour son pays, la promotion des communautés, la bonne gouvernance et une croissance robuste, partagée et équitable sont les préalables à une victoire sur la pauvreté.  Expliquant, dans ce contexte, la politique de son pays en matière de coopération au développement, le représentant a annoncé la révision de la Charte de l’aide publique au développement (APD) dont le but est de renforcer la valeur stratégique de cette forme d’aide, sa souplesse, sa transparence et son efficacité.  Le but est aussi, a-t-il poursuivi, d’encourager une plus grande participation du public et de s’assurer qu’il comprenne les politiques de son pays en matière d’APD.  Les points saillants de la nouvelle Charte, a-t-il encore expliqué, sont de contribuer à la paix et au développement dans le monde; de lutter contre la pauvreté et pour le renforcement des capacités; de donner la priorité à la région de l’Asie; et d’insister sur la sécurité humaine.  S’agissant particulièrement de l’Afrique, le représentant a fait part de l’issue de la troisième Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD III) qui s’est déroulée du 29 septembre au 1er octobre dernier. 


A cette occasion, a-t-il fait savoir, le Japon a annoncé l’octroi d’une somme de 1 milliard de dollars qui doit être affectée aux domaines qui profitent directement aux populations.  «Appropriation et partenariat» sont les mots d’ordre du TICAD depuis 1993, a rappelé le représentant en espérant que ces concepts sous-tendront aussi les relations entre les pays africains et leurs partenaires au développement dans le cadre de la Nouvelle Initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD). 


Commentant quelques points inscrits à l’ordre du jour de la Commission, le représentant a annoncé l’intention de son pays de présenter un projet de résolution sur la convocation d’une Conférence internationale sur la prévention des catastrophes qui serait chargée d’évaluer la mise en œuvre de la Stratégie de Yokohama et de formuler une stratégie plus conforme aux défis du 21ème siècle.  Le Japon, a encore annoncé le représentant, est prêt à accueillir cette conférence en 2005 à Kobe.  Il a également fait part de l’intention de son gouvernement de présenter un projet de résolution sur l’éducation et le développement. 

Concluant, le représentant a, à son tour, évoqué la question de la réforme de la Deuxième Commission.  Faisons preuve de courage, a-t-il dit, réformons cette Commission afin qu’elle ait un véritable impact sur le monde réel.  Le représentant a, en effet, confié sa crainte que, sans réforme, le rôle de l’ONU dans le domaine économique ne se résume aux activités de ses fonds et programmes.


M. YURIY N. ISAKOV (Fédération de Russie) a estimé primordial d’améliorer la cohérence du commerce international et des politiques de coopération financière, par le biais d’une meilleure collaboration entre les Nations Unies, les Institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Suite à l’appel de Monterrey, la Fédération de Russie a traduit son action en faveur des pays en développement, en effaçant un total de 27,2 milliards de dollars de dettes desdits pays au cours des trois dernières années.  En prenant en compte le montant des dettes effacées, l’assistance de la Russie aux pays en développement représente 1,7% de son produit intérieur brut sur la même période.  L’an dernier, la Russie est également devenue un donateur du Programme alimentaire mondial (PAM) et a contribué de manière conséquente au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.


S’agissant tout particulièrement du commerce mondial, qu’il a défini comme un facteur déterminant de progrès et de prospérité mondiale, il a rappelé qu’il revenait à l’OMC d’en assurer la promotion.  Il a déclaré qu’il ne fallait pas être découragé par les résultats décevants de la Réunion ministérielle de Cancùn, en formant le vœu que la communauté internationale fera les efforts nécessaires pour conclure les négociations commerciales multilatérales en cours par le biais de compromis constructifs.  Rappelant la volonté de son pays d’adhérer à l’OMC, il a souhaité que cette adhésion, le moment venu, ne serve pas d’expérimentation pour imposer des idées et concepts qui font toujours l’objet d’un débat au sein de l’OMC.  En outre, il a formé le vœu que les résultats de la Conférence sur les changements climatiques qui s’est tenue la semaine dernière sauront fournir les réponses les plus idoines. 


En ce qui concerne le protocole de Kyoto, sa ratification est toujours à l’examen par la Fédération de Russie qui agira en respectant ses intérêts nationaux.  A cet égard, il a rappelé que son pays a réduit de 32% ses émissions de gaz à effet de serre entre 1991 et 2002.


En conclusion, il a présenté la situation économique de son pays.  Il a précisé que les six premiers mois de l’année 2003 ont révélé une croissance de 7,2% du produit intérieur brut (PIB), de 6% en ce qui concerne la production industrielle et de 12% en ce qui concerne les investissements, alors que le commerce extérieur russe à atteint son plus haut niveau depuis dix ans en 2002, en représentant une masse monétaire de 151,8 milliards de dollars, soit l’équivalent de 7% de la croissance annuelle.


M. AMR ABOUL ATTA (Egypte) a réitéré sa foi dans le rôle pivot des Nations Unies et du multilatéralisme qu’elles représentent.  Rappelant la participation active des pays en développement aux grandes Conférences et Sommets de l’ONU, le représentant a demandé le respect des engagements pris lors de ces rencontres.  Il a jugé impératif de respecter les promesses faites en matière d’aide au développement (APD).  L’Egypte, a-t-il dit, lutte tous les jours pour mettre en œuvre les engagements qu’elle a pris dans le cadre du Sommet de Johannesburg.  Mais l’efficacité de ses efforts exige, a souligné le représentant, un environnement économique favorable qui exige, à son tour, le transfert des ressources financières, de la technologie et d’une aide au renforcement des capacités.  C’est le seul moyen, a-t-il dit, d’assurer l’entrée des pays en développement sur les marchés mondiaux qui doivent, au préalable, être débarrassés des barrières non tarifaires, en particulier.  Evoquant l’échec de Cancùn, le représentant a soulevé la question de l’exportation des produits pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif.


L’échec de Cancùn, a-t-il dit, reflète l’ampleur des écarts entre les pays développés et les pays en développement qui tous, se sont engagés à mettre au cœur du Programme de Doha, la question du développement.  Pour les premiers cités, a insisté le représentant, il devient urgent de tenir compte des intérêts des pays en développement s’ils veulent assurer un certain équilibre au système multilatéral des échanges.  Plaidant une dernière fois pour la fourniture d’une aide financière et pour la réduction du fardeau de la dette, conformément aux engagements pris à Monterrey, le représentant a demandé à la communauté internationale de soutenir sans équivoque le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).


M. MUNIR AKRAM (Pakistan), s’est inquiété en citant les conclusions du rapport sur le commerce et le développement 2003 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), de la détérioration de la situation économique mondiale depuis 2001, qui frappe durement les pays en développement et les pays en transition.  Dans ce contexte, il a regretté que les pays les plus riches et les institutions financières et commerciales internationales n’aient pas été capables de répondre aux besoins des pays en développement en matière de stimulation de la croissance.  Il s’est inquiété de la baisse depuis 2000 des flux des capitaux en direction des pays en développement, en notant que pour de nombreux pays, la balance de ces flux étaient désormais négative.


Il est important de stimuler la croissance dans le monde par des mesures significatives, a-t-il dit.  La première mesure à mettre en œuvre consiste à atteindre l’objectif des 0,7% du PIB des pays développés en matière d’aide publique au développement (APD).  Parmi les autres mesures politiques audacieuses qui permettraient d’obtenir un réel financement du développement, il a cité, entre autres, le renforcement des capacités des pays en développement, mais aussi la création d’une taxe nominale sur les transactions économiques financières à l’image de ce qui a été proposé dans le cadre du projet de taxe Tobin.  L’échec des négociations de Cancùn, a-t-il ajouté, doit sortir de leur torpeur ceux qui croient que les pays en développement peuvent continuer à accepter des inégalités et iniquités croissantes.  Il a regretté l’absence de démocratie et de transparence au sein du processus de décision de l’OMC qui, selon lui a été la cause de l’échec de ces récentes négociations, et il a dénoncé la culture de négociation partiale et brutale de l’OMC.


Il faut éliminer tous les quotas sur les textiles d’ici la fin 2004 et réduire les pics tarifaires, et les pays développés doivent s’engager à ne pas demander de réciprocité en matière de libéralisation des échanges.  Les projets de décision doivent émaner des délégations et non des présidences de conférences dans un souci de transparence.  Enfin, le représentant a estimé que la confiance des pays en développement dans un cycle du développement peut être activée par une série de décisions favorables au développement, comme par exemple un moratoire sur les mesures anti-dumping, notamment sur les produits dont l’exportation constituent une part majeure des revenus de ces pays; l’octroi d’un accès libre aux PMA et aux pays les moins avantagés; l’application des dispositions en ce qui concerne la propriété intellectuelle liée au commerce; l’élimination des subventions au coton, et le renforcement des capacités des pays en développement.  En conclusion, le représentant du Pakistan a formé le vœu d’un réel partenariat mondial pour le développement dans le souci de lutter contre la pauvreté.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a estimé que de grandes incertitudes mettent aujourd’hui à l’épreuve la détermination de la communauté internationale à promouvoir un agenda du développement.  Ces incertitudes, a-t-il dit, exercent une pression considérable sur les institutions créées pour traiter de l’économie mondiale.  Soulignant que les perspectives de réalisation des Objectifs de développement du Millénaire sont de plus en plus sombres, le représentant a appelé à la revitalisation de la coopération internationale au développement et à l’élimination des asymétries de l’économie mondiale.  Citant, dans ce contexte, les engagements de Doha, de Monterrey et de Johannesburg, il a regretté le caractère «décevant» du non-respect de ces engagements, en particulier dans le domaine commercial.  «Il n’y a peut-être pas de domaine commercial plus soumis à la discrimination que l’agriculture» a-t-il déclaré en paraphrasant son Ministre des affaires étrangères.  Aucun des autres domaines de négociations n’est aussi important pour la lutte contre la pauvreté, a-t-il insisté.  Après Cancùn, a-t-il aussi estimé, il est devenu évident qu’un consensus exigera des mesures fidèles à l’esprit de Doha.  Rien ne sert de dire que le Programme de Doha est celui du développement, si on n’y intègre pas de véritables objectifs de développement.  Le consensus, a prévenu le représentant, ne saurait venir d’accords préfabriqués qui ne tiennent pas compte des aspirations légitimes de la majorité de la population mondiale. 


Le cadre multilatéral reste irremplaçable, a-t-il déclaré.  Il faut un système commercial multilatéral équitable, fondé sur des règles et orienté sur le marché.  Le représentant a donc espéré pour la suite des négociations, la mise en place d’une alliance vertueuse entre ceux qui appuient à la fois le libre-échange et le développement.  Réservant son dernier mot à l’importance de l’ONU, il a mis en exergue son avantage comparatif en matière de multilatéralisme et sa capacité à fournir une démarche intégrée face aux problèmes économiques.  L’ONU est capable, a conclu le représentant, d’améliorer la réaction des organisations internationales face aux besoins les plus urgents des pays en développement.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a regretté que malgré les bases ambitieuses jetées lors du Sommet du Millénaire, au cours des négociations commerciales de Doha ou encore lors du Sommet sur le développement durable de Johannesburg, l’écart entre les riches et les pauvres se soit creusé, avec tous les impacts négatifs que cela peut avoir sur le développement mondial et sur la montée de l’insécurité.  Il a souligné la nécessité d’une stratégie intégrée pour un développement durable prenant en compte les réalités économiques, sociales et environnementales.  Il a exhorté les institutions internationales pertinentes à tout mettre en œuvre afin de renforcer la capacité des Etats les plus petits à faire face aux crises financières internationales. 


Il a ensuite souligné la nécessité d’adhérer aux principes du multilatéralisme et de revitalisation de la coopération internationale dans l’intérêt de tous, et a invité la communauté internationale à tirer les leçons de l’échec de Cancùn.  A cet égard, il a souligné la nécessité d’un nouvel ordre économique international plus équitable et mieux à même de répondre aux enjeux de la mondialisation. 


Concluant son propos, le représentant a invité les Nations Unies à coordonner leur coopération avec les activités de leurs institutions et organisations les plus spécialisées, comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Les Nations Unies devraient également exhorter les pays développés à faire preuve de la volonté politique nécessaire en matière de mobilisation des ressources et de coopération internationale en vue de permettre aux pays en développement d’atteindre leurs objectifs en matière de développement, a dit le représentant en suggérant la mise en place par les Nations Unies d’un instrument d’évaluation des progrès nationaux en direction de la réalisation des objectifs de développement agréés au niveau international. 


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