LA SECRETAIRE GENERALE ADJOINTE A LA GESTION ESTIME QUE LA SITUATION FINANCIERE DE L’ONU RESTE FRAGILE
Communiqué de presse AG/AB/772 |
Cinquième Commission
7ème séance – après-midi
LA SECRETAIRE GENERALE ADJOINTE A LA GESTION ESTIME QUE LA SITUATION FINANCIERE DE L’ONU RESTE FRAGILE
Des arriérés de paiement de 2,38 milliards de dollars, un niveau critique des liquidités, des impayés inégalés pour les tribunaux internationaux : telles sont les grandes lignes du bilan de la situation financière de l’Organisation dressé cet après-midi par Mme Catherine Bertini, Secrétaire générale adjointe au budget, devant la Cinquième Commission (administrative et budgétaire).
Ainsi que l’a rappelé Mme Bertini, l’évaluation de la santé financière de l’ONU repose historiquement sur l’analyse de trois critères : les contributions impayées, les liquidités disponibles et la dette vis-à-vis des Etats Membres. Les contributions mises en recouvrement pour 2003 et destinées au budget ordinaire, aux tribunaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie, aux opérations de maintien de la paix et au Plan de rénovation du bâtiment, s’élevaient au 30 septembre 2003 à 3,9 milliards de dollars, a indiqué Mme Bertini, ajoutant qu’elles pourraient s’élever à 4,1 milliards de dollars si des contributions supplémentaires pour l’opération de maintien de la paix au Libéria étaient approuvées.
Au 30 septembre, 113 Etats Membres avaient versé l’intégralité de leurs contributions au budget ordinaire, soit seulement 59% des Etats Membres, a fait remarquer la Secrétaire générale adjointe, ajoutant que depuis cette date, six pays supplémentaires ont payé leurs contributions. Rappelant qu’au 30 septembre 2003, 36 Etats Membres n’avaient versé aucune contribution et que 42 Etats n’avaient fait que des versements partiels, Mme Bertini a estimé que l’absence de versement ou le paiement partiel des contributions mettait en danger la capacité de l’Organisation à mener ses activités à bien. Concernant les impayés au titre du budget ordinaire qui s’élèvent au total à 693 millions de dollars, Mme Bertini a précisé que trois Etats doivent un total de 581 millions de dollars et 75 autres 112 millions de dollars.
Poursuivant, Mme Bertini a expliqué qu’au mois d’octobre, l’ONU ne disposait plus d’aucune liquidité et avait dû emprunter sur les comptes des opérations de maintien de la paix pour financer le budget ordinaire. Elle a en outre indiqué que 125 millions de dollars devraient être empruntés à la fin novembre. Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils verseraient, à la fin décembre, au budget ordinaire entre 233 et 341 millions de dollars, selon la décision du Congrès américain. En se fondant sur les deux cas de figure fournis par les Etats-Unis, deux scénarios sont possibles, a expliqué Mme Bertini : si les Etats-Unis versent la plus faible contribution, le montant total des liquidités devrait être négatif de 5 millions de dollars à la fin de l’année; si la somme la plus élevée est versée, ce solde devrait être positif de 103 millions de dollars.
Passant au budget des tribunaux internationaux, Mme Bertini a estimé que leur situation est extrêmement précaire : la majorité des Etats Membres, soit 116 d’entre eux, n’avaient versé aucune contribution au budget des tribunaux; 15 autres n’avaient effectué que des contributions partielles et seuls 60 Etats Membres avaient pleinement versé leurs contributions aux deux tribunaux, a-t-elle ajouté. Les montants impayés ont atteint des niveaux inégalés : 117 millions de dollars au 30 septembre 2003. A la même date l’année dernière, ce montant s’élevait à 49 millions de dollars, a rappelé Mme Bertini avant de regretter qu’il s’agisse du montant impayé le plus élevé de l’histoire des tribunaux. Cinq des 15 principaux contributeurs doivent un total de 102 millions de dollars et 126 autres doivent 15 millions de dollars. On peut prévoir qu’au 31 décembre 2003 les liquidités des tribunaux se situeront à un niveau négatif de 29 millions, ce qui souligne leur position fragile et l’obligation qui leur est faite de recourir aux emprunts croisés avec le budget du maintien de la paix.
Quant au budget du Plan de rénovation du bâtiment, 127 Etats Membres n’avaient effectué aucun versement au 30 septembre 2003, a fait savoir la Secrétaire générale adjointe, précisant que les contributions non acquittées s’élevaient à 11 millions de dollars.
Concernant le budget du maintien de la paix, Mme Bertini a indiqué que les arriérés de paiement s’élevaient au 20 octobre 2003 à 1,307 milliard de dollars, dont 480 millions sont dus par les Etats-Unis. En revanche, les liquidités du maintien de la paix s’établissent à un niveau raisonnable, évaluées à 1,2 milliards de dollars au 31 décembre. Mais Mme Bertini a expliqué que la majeure partie de ces liquidités ne sont pas disponibles pour les emprunts croisés pour le budget ordinaire ou les tribunaux, car seulement les budgets des missions de maintien de la paix qui ont été fermées peuvent être utilisés à cette fin. Or, sur les 240 millions de dollars qui viennent de missions achevées, Mme Bertini a indiqué que seuls 42 millions de dollars pouvaient être disponibles pour les emprunts croisés.
Concernant la dette envers les Etats Membres contributeurs de troupes et d’équipement, Mme Bertini a indiqué que 832 millions de dollars leur seraient versés cette année et qu’en conséquence, la dette à leur égard s’élèverait à 565 millions de dollars à la fin de l’année. Des progrès ont été réalisés par rapport aux années précédentes où la dette approchait un milliard de dollars, a-t-elle estimé.
Après avoir à plusieurs reprises exhorté les Etats Membres à s’acquitter de leurs contributions intégralement et en temps, Mme Bertini a conclu en remerciant les 13 Etats Membres qui l’ont fait : l’Australie, le Canada, la République populaire démocratique de Corée, l’Allemagne, le Koweït, Monaco, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Slovaquie, l’Afrique du Sud, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni.
Le débat sur l’amélioration de la situation financière de l’Organisation aura lieu le mardi 28 octobre à 9 heures 30.
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