PAIX, SECURITE, DEVELOPPEMENT ET BONNE GOUVERNANCE DECLARES CONDITIONS INDISPENSABLES POUR UN "MONDE DIGNE DES ENFANTS"
Communiqué de presse AG/SHC/587 |
Troisième Commission
21e séance - matin
PAIX, SECURITE, DEVELOPPEMENT ET BONNE GOUVERNANCE DECLARES CONDITIONS INDISPENSABLES POUR UN "MONDE DIGNE DES ENFANTS"
La paix, la sécurité, le développement et la bonne gouvernance sont quatre éléments indispensables pour assurer la promotion et les droits des enfants, ont estimé ce matin en Troisième Commission les délégations. "Un monde digne des enfants" ne pourra être instauré que si toutes les énergies sont conjuguées pour créer un environnement propice à la mise en application des objectifs de la session extraordinaire consacrée aux enfants, a déclaré la représentante de Singapour. En effet, il faut veiller à ce que les succès remportés dans l'éducation ne soient mis en échec par le chômage, éviter que les progrès de la médecine ne soient compromis par la guerre et que les conventions interdisant l'exploitation des enfants ne soient battues en brèche par la corruption.
De nombreuses délégations ont rappelé le lien entre l'élimination de la pauvreté et l'amélioration de la situation des enfants. Pour le représentant de l'Angola, si les besoins alimentaires d'une population ne sont pas garantis et assurés par la communauté internationale, parler des droits de l'enfant est un luxe. Le représentant de l'Erythrée a évoqué la malnutrition qui frappe la population de son pays et a lancé un cri d'alarme pour éviter une catastrophe humanitaire majeure. De son côté, le représentant de la Malaisie s'est déclaré convaincu que le bien-être des enfants figure parmi les priorités des Etats comme en atteste le fort taux de ratification de la Convention. Ce sont les ressources qui font défaut, a-t-il insisté. Ainsi, les questions relatives à la protection et à la promotion des droits de l'enfant sont indissociables des questions de développement. Ce qui fait obstacle à la protection des enfants, c'est la baisse de l'aide publique au développement et le fardeau de la dette, a-t-il déclaré
Au cours de cette dernière séance consacrée à la promotion et aux droits des enfants, la situation des enfants palestiniens dans les territoires occupés à été dénoncée par les délégations de l'Egypte, du Bahreïn, de la République arabe syrienne, de la Tunisie, des Emirats arabes unis et par l'observateur de la Palestine.
Outre les représentants déjà cités, les délégations suivantes ont également pris la parole: Ethiopie, Myanmar, Malaisie (au nom de l'ANASE), Cameroun, Koweït, Andorre, Israël, Madagascar, Mozambique, Chypre, Croatie, Nigéria, Gambie et Angola. Un représentant de la Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a également fait une déclaration. Israël et l'Observateur de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
La Commission entamera son débat général sur les questions relatives aux populations autochtones, demain, jeudi 17 octobre à partir de 10 heures. Au cours de cette séance, elle se prononcera également sur plusieurs projets de résolution portant sur les questions afférentes au développement social.
Débat général
M. ALI CHERIF (Tunisie) a attiré l'attention sur la persistance des conflits armés qui continuent d'exposer les enfants à la mort et à la mutilation. Il a préconisé, pour sauver les enfants, un renforcement du cadre juridique de leur protection en encourageant les Etats à ratifier le Protocole facultatf à la Convention relative aux droits de l'enfant et à veiller à son application dans les faits. Il a suggéré d'autre part que les mandats des opérations de maintien de la paix comportent obligatoirement un volet relatif à la protection des droits de l'enfant. Il serait également souhaitable d'assurer une formation appropriée au personnel du maintien de la paix et de renforcer le rôle des institutions des Nations Unies et de les doter de moyens d'intervention, a-t-il déclaré.
En ce qui la concerne la Tunisie a instauré un Conseil supérieur de l'enfance et a créé un corps de délégués à l'enfance qui est une structure de prévention chargée de suivre les divers cas qui lui sont signalés. Le représentant a indiqué que son pays avait également instauré un espace de dialogue, baptisé le Parlement de l'enfant qui a pour vocation d'initier les enfants à l'esprit de responsabilité et aux valeurs de tolérance et de démocratie, ainsi qu'à la participation à la vie publique. Il a précisé que son pays consacrait 20 % de son budget au secteur de l'éducation et de la formation, ce qui avait permis de porter le taux de scolarisation à près de 99 %.
M. MOHAMMED SALEH.(Bahreïn) s'est félicité du grand nombre de pays ayant ratifié la Convention des droits de l'enfant et espère que ce grand mouvement se traduira par un monde meilleur pour les enfants. La pauvreté est le principal obstacle à l'amélioration de la situation des enfants, a déclaré le représentant qui a appelé à la solidarité de la communauté internationale. Il a indiqué que la constitution de Bahreïn et la politique mise en oeuvre par ses dirigeants sont en conformité avec la Convention des droits de l'enfant. Bahreïn, a-t-il ajouté, est partie à la Convention de l'OIT sur les pires formes du travail des enfants. Au niveau national, a expliqué le représentant, le Comité national de l'enfance a mené une enquête en 2000 sur la situation des enfants dans le pays et la loi sur la famille adoptée en 2000 protège la famille, cellule de base de la société. Il a dénoncé les conditions dans lesquelles vivent les enfants palestiniens du fait de l'occupation israélienne et a demandé à la communauté internationale de mettre immédiatement un terme aux pratiques israéliennes qui sont une violation flagrante des droits de l'homme, a conclu le représentant.
Mme ETSEGENET G. MESKEL (Ethiopie) a déploré la conjoncture actuelle qui affecte gravement les enfants, notamment le terrorisme, la mondialisation, le VIH/sida, la dégradation de l'environnement et l'instabilité des marchés financiers. Pour protéger les enfants de tous ces dangers et pour s'acquitter de ses obligations au titre de la Convention relative aux droits de l'enfant, l'Ethiopie a fait de grands efforts dans le domaine de la santé. Ainsi des informations sur le VIH/sida avaient-elles été intégrées aux programmes scolaires. Pour ce qui est de l'éducation, l'Éthiopie assure la gratuité de l'enseignement dans les différentes langues locales et s'efforce de réduire le taux d'abandon scolaire, en particulier chez les filles.
La représentante a également précisé que l'Ethiopie avait interdit le recrutement d'enfants de moins de 18 ans dans les forces armées. Dans le même esprit, le pays a adhéré à la Convention de l'Organisation internationale du Travail sur l'âge minimal et fait de nombreux efforts en vue d'éliminer le travail des enfants, qui est interdit par le code pénal. En ce qui concerne la stratégie de réduction de la pauvreté, l'Ethiopie a intégré une approche sexospécifique et des dispositions en faveur des fillettes. Toutefois, elle a observé qu'en dépit de tous ces efforts, la situation des enfants éthiopiens n'enregistrait que de faibles progrès et à cet égard elle a insisté sur l'obligation morale des pays développés de venir en aide aux enfants marginalisés des pays en développement.
M. KYAW WIN (Myanmar) a rappelé que le Myanmar avait déjà soumis son deuxième rapport sur l'application de la Convention des droits de l'enfant. Une loi sur les enfants a été promulguée dans le pays en 1993 et des politiques pour la survie, la protection et le développement des enfants ont été mises en oeuvre. Le Gouvernement du Myanmar, a déclaré le représentant, attache une importance capitale à l'accès à l'éducation. En 2001-2002, 92,5% des enfants d'âge scolaire étaient scolarisés. Les différences entre les sexes s'estompent et à l'université, les filles sont plus nombreuses que les garçons. Le Gouvernement du Myanmar estime que les enfants les plus menacés sont les orphelins et les enfants des rues. Un plan national a été lancé en 1990 à leur égard, et une attention particulière est portée à la lutte contre le trafic des personnes et notamment des enfants. Une coopération régionale a été mise en place pour renforcer dans ce domaine les efforts des Etats, a conlu le représentant.
M. HASMY AGAM (Malaisie, s'exprimant au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est--ANASE) a rappelé qu'en dépit des engagements renouvelés lors de la session extraordinaire consacrée aux enfants, les ressources promises lors du Sommet mondial sur les enfants de 1990 n'ont pas encore été fournies et plus de 10 millions d'enfants meurent chaque année de maladies curables. Plus de 100 millions d'enfants n'ont toujours pas accès à l'éducation et ils sont 150 millions à souffrir de malnutrition. Dans ces circonstances et compte tenu de ce que les Etats ont l'obligation de mettre en oeuvre des programmes nationaux relatifs aux droits de l'enfant, il a suggéré que ces programmes s'attachent avant tout à assurer la santé maternelle et infantile, la nutrition et l'accès à l'éducation. Il a insisté sur le fait que la mise en oeuvre de ces programmes réquérait non seulement une action concertée entre les gouvernements mais également l'intervention de la société civile et de la communauté internationale.
Abordant la situation particulière de la région de l'ANASE qui compte une population de 500 millions de personnes comprenant une forte proportion de jeunes, il a indiqué que l'Association avait promulgué en 2001 une déclaration d'engagement aux termes de laquelle l'accent sera mis sur la protection des enfants contre diverses violences, allant de la négligence et de l'abandon à l'exploitation, qu'elle soit économique ou sexuelle, a-t-il précisé. L'ANASE accorde également la priorité à la lutte contre la traite d'enfants et met en place des programmes de coopération pour lutter contre ce phénomène et contrôler les adoptions internationales. Dans le même esprit, l'ANASE préconise un soutien accru aux familles. En outre, l'ANASE accorde une grande attention à la question du VIH/sida et recommande un renforcement de la coopération et notamment des échanges d'expertise et d'expérience dans ce domaine.
M. SALIM IBRAHIM AHMED AL-NAQBI (Emirats arabes unis) a mis l'accent sur les maladies qui frappent les enfants et le nombre de ceux qui décèdent chaque année faute d'avoir accès à des médicaments, des vaccins ou des médecins. Il a rappelé que les conférences internationales ont demandé d'éliminer la pauvreté et d'assurer un égal accès aux soins de santé et à l'éducation pour tous. Le représentant a déploré la situation des enfants impliqués dans les conflits armés ou soumis à l'occupation étrangère. Les enfants palestiniens, a-t-il déclaré, sont soumis à un véritable calvaire par les forces d'occupation israélienne. Il a demandé que les Nations Unies fassent cesser cette occupation et que soient traduits en justice "les auteurs des crimes horribles contre les enfants".
Il a réclamé la levée des sanctions imposées à l'Iraq car elles frappent d'abord les enfants. Le représentant a rappelé que les enfants et la maternité sont particulièrement protégés dans son pays et a souligné les progrès effectués dans le domaine de la santé des enfants. Aujourd'hui, a-t-il déclaré, les Emirats arabes unis sont libres de la polio.
Mme NADYA RASHEED (Observateur de la Palestine) s'est fait l'écho des graves préoccupations de la communauté internationale quant au sort des enfants palestiniens qui vivent sous occupation israélienne depuis 35 ans. Elle a expliqué que les conséquences négatives de cette occupation se sont aggravées depuis deux ans, pendant lesquels les forces d'occupation se sont livrées à de nombreuses exactions, assimilables à un terrorisme d'État. Les enfants palestiniens souffrent sous l'effet des raids, de la destruction, de la détention. Leur droit à l'éducation est bafoué par la fermeture de leurs écoles et ils n'ont pas accès aux soins de santé. Elle a insisté sur le fait que ces enfants souffrent de traumatismes physiques et psychologiques tandis qu'ils suffoquent dans les villes assiégées. Elle a déclaré que les crimes de guerre et les violations systématiques commises par les forces israéliennes ont entraîné la mort de 1877 Palestiniens dont plus de 458 enfants de moins de 18 ans. Si certains ont été tués en lançant des pierres sur les soldats et les tanks israéliens, d'autres ont trouvé la mort dans leur foyer, dans la rue ou dans leur salle de classe. Elle a indiqué que les enfants constituent 53 % de la population palestinienne et s'est inquiétée des conséquences de la violence sur ces enfants qui resteront physiquement et psychologiquement handicapés à jamais à cause de la brutalité qu'ils ont subie. Des études ont déjà démontré que 68 % des enfants palestiniens souffrent de traumatismes, de cauchemars, d'angoisse, de colère et de dépression. Elle a ensuite attiré l'attention sur la détérioration rapide de l'état de santé de la population palestinienne, précisant qu'un cinquième des enfants souffre de malnutrition. La représentante a observé avec tristesse que les enfants palestiniens sont les grands oubliés du monde et a déploré qu'ils n'aient pas le droit de vivre en paix.
Mme CATHERINE MAHOUVE SAME (Cameroun)a déclaré que les enfants constituant le groupe le plus vulnérable de la société méritait par conséquent une protection particulière. Malheureusement la pauvreté mine toute avancée dans le domaine des droits de l'enfant et il s'ensuit que 300 000 enfants servent de "chair à canon" dans les conflits armés. Et de préciser que depuis 1990, deux millions d'enfants ont été tués dans des batailles, six millions blessés et handicapés, dix millions traumatisés par la perte de leurs parents à cause de sévices sexuels. Elle a demandé une protection particulière pour les enfants du continent africain, très touché par les conflits.
Sur le plan national, la représentante a déclaré qu'en dépit d'une conjoncture économique difficile, l'éducation occupe au Cameroun une position clef dans la lutte contre le cercle vicieux de l'ignorance, de l'oisiveté et de la délinquance. Depuis septembre 2000, l'école primaire est gratuite au Cameroun et à cet égard elle a rappelé que le Cameroun avait adhéré à la quasi-totalité des instruments juridiques internationaux relatifs à la protection et à la promotion de l'enfant.
M. NAWAF N. M. AL-ENEZI (Koweït) a réaffirmé que les enfants sont l'avenir de l'humanité et qu'ils doivent donc figurer parmi les priorités de toute société. Il importe donc de coordonner les actions entre les Etats dans l'objectif d'assurer la santé physique et mentale de tous les enfants du monde. Il a ensuite expliqué que son pays bénéficiait d'un très fort indice de développement humain, selon les estimations du PNUD, ce qui atteste de la qualité de ses politiques envers les enfants. Il a indiqué que le Koweït assurait la gratuité de l'éducation jusqu'à l'université. Il a cité plusieurs institutions chargées de veiller au bien-être physique et psychologique des enfants. Par ailleurs, il a dénoncé les souffrances des enfants soumis à la violence dans le monde entier et s'est déclaré impatient de lire l'étude qui a été demandé au Secrétaire général à ce sujet. Le représentant a rappelé la situation des disparus koweïtiens et a expliqué que l'incertitude qui règne à leur sujet avait des conséquences désastreuses sur les enfants de ces familles. Le représentant a également attiré l'attention sur la situation des enfants palestiniens.
Mme JELENA PIA-COMELLA (Andorre) a indiqué que sa délégation était particulièrement préoccupée par la persistance de la pauvreté et de l'exploitation des enfants. La lutte contre la pauvreté qui frappe les enfants est une "urgence", a déclaré la représentante, qui a précisé que par pauvreté, elle entendait certes la pauvreté économique, mais aussi la pauvreté en éducation et en santé. Elle a demandé que des investissements soient réalisés, notamment en faveur de l'éducation des filles car, a-t-elle souligné, le niveau d'éducation de la mère a une forte influence sur la situation de la famille. En ce qui concerne la santé, elle a insisté sur l'urgence qu'il y avait à atténuer les ravages de la pandémie du sida en Afrique subsaharienne. Au sujet de l'exploitation des enfants, elle a dénoncé le trafic d'enfants, leur exploitation sexuelle et leur implication dans les conflits armés.
Mme JOSIE TANG (Singapour) a regretté qu'on soit encore loin d'avoir réussi à instaurer un "monde digne des enfants" et a préconisé la conjugaison de toutes les énergies pour créer un environnement propice qui permette de réaliser les objectifs de la session extraordinaire consacrée aux enfants. Il importe donc d'assurer la paix, la sécurité, le développement économique et social et la bonne gouvernance. En effet, il faut veiller à ce que les succès remportés dans l'éducation ne soient mis en échec par le chômage. Il faut veiller aussi à ce que les progrès de la médecine ne soient pas compromis par la guerre. Ainsi, la bonne gouvernance tant au plan national qu'international est la condition sine qua non de la bonne application des instruments internationaux et de la réalisation des engagements que nous avons pris, a-t-elle déclaré.
Expliquant la politique de Singapour en faveur de ses enfants, qui sont le seul capital de cet Etat sans ressources naturelles, la représentante a expliqué qu'elle s'articule autour de quatre grands axes qui sont le cadre juridique, la famille, les soins de santé et le système éducatif. Elle a indiqué que son pays avait présenté son rapport initial au Comité des droits de l'enfant en avril 2002 et qu'un autre serait présenté l'année prochaine. Dans ce contexte, elle a annoncé que Singapour a réduit son taux de mortalité infantile de 6,7 pour mille naissances en 1990 à 3,2 pour mille en 2001. L'espérance de vie à Singapour atteint désormais 78 ans et les enfants y reçoivent une éducation primaire de qualité au minimum pendant six ans.
M. GARY KOREN (Israël) a indiqué qu'en 2001, 2,1 millions d'enfants de moins de 18 ans vivaient en Israël, soit un tiers de la population. Il a rappelé combien le Gouvernement restait déterminé à leur fournir les meilleures conditions de vie et le meilleur avenir possibles. Un Conseil national pour les enfants existe depuis 1979, et il exerce une influence sur la législation et les recherches académiques qui ont trait à l'enfance. Depuis qu'il a ratifié la Convention sur les droits de l'enfant en 1991, Israël a mis sa législation en conformité avec ses engagements internationaux.
Quand il s'agit des enfants, a déclaré le représentant, certains principes de base sont universels. La communauté internationale doit condamner sans appel l'exploitation des enfants dans les conflits armés. Pour répondre à l'intervention du représentant palestinien, M. Koren a déclaré qu'Israël a toujours réaffirmé son opposition à l'utilisation des enfants dans les conflits armés. Israël fait tout ce qui est possible pour éviter que des enfants deviennent des victimes dans les affrontements. Le représentant a aussi demandé l'aide des voisins d'Israël pour construire un monde meilleur pour les enfants.
Mme HELENA RAJANARIVELO (Madagascar) a déploré que les droits des enfants continuent d'être bafoués, notamment lorsqu'ils sont impliqués dans les conflits armés. C'est pour cela qu'elle s'est félicitée de la création d'un groupe de travail à l'initiative du Représentant spécial sur les enfants dans les conflits armés, qui a déjà élaboré un premier ensemble de principes directeurs à l'intention du personnel des Nations Unies participant aux opérations de maintien de la paix, dans un souci de protection des enfants. Elle a encouragé ce Groupe à poursuivre ses travaux pour que les efforts de consolidation de la paix contribuent au respect des droits de l'enfant. Elle a déclaré que Madagascar envisageait de ratifier très prochainement les protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant, qu'elle a signés en 2000, et présentera bientôt son deuxième rapport périodique au Comité des droits de l'enfant. Elle a indiqué qu'au niveau local, le Gouvernement malgache ne ménagerait aucun effort pour assurer pleinement la protection de la petite fille garantie par les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. Ainsi, des mesures ont déjà été prises telles que l'adoption d'une loi contre la pédophilie, et un projet de loi contre les violences au sein de la famille a été présenté au parlement, a-t-elle précisé.
M. MURADE ISAAC MURARGY (Mozambique) s'est associé à la déclaration de la SADC avant de préciser que les pays les moins développés, avec leurs faibles économies et leurs maigres ressources, se trouvent fort dépourvus pour créer un "monde digne des enfants". Il a demandé aux partenaires pour le développement d'augmenter leur aide publique au développement, car l'élimination de la pauvreté est une condition préalable si l'on veut assurer le bien-être des enfants. Le représentant a indiqué que le Mozambique avait mis sa législation en conformité avec ses engagements internationaux. Ainsi, la loi impose-t-elle que les soldats enrôlés dans l'armée aient plus de 18 ans. Dans le plan de la lutte contre la pauvreté, il est convenu que d'ici à 2015, la totalité des garçons et des filles aura accès à l'éducation. Pour cela, a-t-il ajouté, il faut augmenter de 50 % le nombre des écoles. Quant à la pandémie du VIH/sida, elle constitue un autre sujet de préoccupation pour son Gouvernement.
Mme RANIA AL HAJ ALI (République arabe syrienne) a déclaré que son pays accorde une importance particulière au bien-être des enfants et que toutes les politiques en faveur des enfants sont coordonnées par une institution chargée spécialement de veiller à leur application. Elle a indiqué qu'une assemblée générale de l'enfance est prévue pour le quatrième trimestre 2002. En outre, il est prévu de convoquer une conférence régionale afin d'élaborer un plan arabe pour l'enfance.
Elle a expliqué que la Syrie assure la gratuité des soins de santé et qu'elle s'était dotée d'une politique visant à préserver l'environnement et la qualité de vie dans les villes. S'agissant de l'éducation, la gratuité est assurée pour tous et la proportion de filles inscrites à l'université atteint 48 %. La représentante a ajouté qu'une loi avait été adoptée pour élever à 15 ans l'âge minimal dans l'emploi. Elle a ensuite attiré l'attention sur la situation des enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne, notamment dans le Golan syrien occupé depuis 1967. Ces enfants, a-t-elle déclaré, sont complètement privés de leurs droits et il faut espérer qu'à l'avenir la communauté internationale se garderait de toute politique de deux poids et deux mesures et déploierait les mêmes efforts pour assurer une vie digne à tous les enfants, sans distinction.
Mme MAI TAHA MOHAMED KHALIL (Egypte) a déploré que le Représentant spécial M. Otonnu n'ait pas, dans son rapport, inclus les enfants vivant sous occupation étrangère. Car, a estimé la représentante, les enfants palestiniens vivent une situation attroce qui hypothèque leur avenir. Elle s'est étonnée de constater que le représentant israélien n'ait pas dans son intervention fait la moindre mention de la situation des enfants palestiniens vivant dans les territoires occupés. Elle a déclaré que les souffrances des enfants palestiniens étaient effroyables d'autant plus qu'ils n'ont aucun espoir d'un avenir meilleur. Elle a appelé la communauté internationale à tout faire pour améliorer leur situation. L'Egypte, pour sa part, a placé la question des enfants au centre de son action nationale et internationale. Dans son pays, a précisé la représentante, les droits de l'enfant ont été renforcés par la création d'un Conseil national de la mère et de l'enfant chargé de promouvoir les soins de santé.
Mme PENELOPE EROTOKRITOU (Chypre) a indiqué que son pays avait adhéré aux deux protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant et avait amorcé le processus de ratification. Elle a précisé que Chypre revoyait régulièrement son cadre juridique en vue d'assurer sa conformité avec les instruments internationaux et les "acquis communautaires" de l'Union européenne. Dans cet objectif, Chypre a institué un organe de surveillance qui oeuvre en collaboration avec les organisations non gouvernementales pour sensibiliser l'opinion aux questions relatives aux droits de l'enfant. Par ailleurs, la représentante a déclaré que l'éducation primaire et secondaire était obligatoire jusqu'à l'âge de 15 ans et une attention particulière est accordée aux enfants les plus vulnérables. Elle a insisté sur la bonne coopération avec la société civile, précisant que 50 % des aides de l'Etat avait été allouées à des programmes dirigés par des organisations non gouvernementales ou des communautés locales. Donnant les détail du plan de Chypre pour l'enfance pour 2000-2004, elle a regretté que, du fait de l'occupation militaire d'un tiers de l'île par les forces turques, le plan national en faveur de l'enfance ne puisse s'appliquer à tous les enfants de l'île. Elle a notamment attiré l'attention sur les enfants chypriotes grecs vivant dans la partie occupée qui sont contraints de quitter leur famille dès la fin de l'école primaire afin de poursuivre leur éducation secondaire dans la zone non contrôlée par le gouvernement.
M. AHMED TAHIR BADURI (Erythrée) s'est félicité de ce que la communauté mondiale ait renouvelé son engagement en faveur de la promotion des droits des enfants. Il a souligné les mesures prises par son Gouvernement pour diminuer la mortalité infantile, grâce notamment aux campagnes de vaccination. Le problème majeur en matière de santé consiste aujourd'hui en la pandémie du VIH/sida qui a déjà rendu 11 millions d'enfants orphelins en Afrique. Depuis l'indépendance de l'Erythrée, a-t-il ajouté, le taux de scolarisation a augmenté, notamment celui des filles. Le Gouvernement a élaboré un plan de relance de son système éducatif et a adopté un plan quinquennal qui a besoin du soutien de la communauté internationale. Le représentant a aussi évoqué la malnutrition qui frappe la population de son pays. Il estime nécessaire d'agir rapidement pour éviter une catastrophe humanitaire majeure.
M. DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a indiqué que son pays serait bientôt en mesure de ratifier le Protocole sur les enfants dans les conflits armés, puisque les aménagements nécessaires sont prêts d'aboutir. Il a déclaré que conformément aux engagements pris lors de la session extraordinaire, le conseil des enfants de Croatie achève actuellement l'élaboration d'un programme national d'action révisé en faveur des enfants. En outre, le parlement a ratifié un programme national spécial sur les jeunes de 15 à 29 ans qui sera mis en œuvre dans les cinq prochaines années. Ce programme vise, entre autres, à accroître la participation des jeunes à la prise de décisions et à les impliquer davantage dans la consolidation de la démocratie. Elle a indiqué par ailleurs qu'à la suite des recommandations du Comité des droits de l'enfant auquel la Croatie a présenté son deuxième rapport périodique, son pays a adopté de nouvelles lois sur la famille qui prévoit le droit des enfants à la gratuité des soins de santé jusqu'à 18 ans. En outre, la Croatie examine la possibilité d'établir un ombudsman pour les enfants qui agira de manière indépendante pour protéger et veiller au respect des droits des enfants. Ce médiateur aura également pour tâche d'informer le public sur la Convention relative aux droits de l'enfant et de mener des actions en coopération avec la société civile.
M. ENCHO GOSPODINOV (Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a déclaré que la communauté internationale avait dû s'adapter à un nouveau contexte. Ainsi, il a fallu réaliser l'ampleur de la pandémie du VIH/sida dont l'impact sur les jeunes est très important, a déclaré le représentant, car de nombreux enfants sont orphelins, n'ont aucune autonomie alimentaire et souffrent de discrimination voire d'exclusion. La Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge n'oublie pas d'intervenir lors des catastrophes naturelles et les enfants sont souvent les premiers bénéficiaires de son action, a déclaré le représentant. Il a déploré que des travailleurs humanitaires aient pu être impliqués dans des trafics en Afrique et a indiqué que cela était intolérable.
Mme KATYEN C. JACKDEEN (Nigeria) a préconisé une approche concertée pour l'application de tous les instruments internationaux, ainsi que pour la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre de la session extraordinaire consacrée aux enfants. Elle a exhorté tous les Etats à agir ensemble pour assurer le bien-être des enfants. Elle a regretté qu'en dépit des déclarations de bonnes intentions, les conditions de vie des enfants continuent de se détériorer sous l'effet des conflits et des conséquences néfastes de la mondialisation. Elle a indiqué qu'au Nigéria, les enfants souffraient terriblement de la pauvreté, que nombre d'entre eux n'avaient pas accès à l'eau potable ni aux soins de santé. Six pour cent des enfants nigérians meurent avant l'âge de cinq ans et la propagation du VIH/sida vient aggraver cette situation. La représentante a exhorté la communauté internationale à conjuguer tous ses efforts et à entreprendre des actions concertées pour remédier à ces déséquilibres qui continuent de croître. Elle a ensuite rendu compte d'une étude menée par son gouvernement sur les droits des femmes et des enfants au Nigéria. Les résultats de cette étude ont permis d'élaborer des programmes d'aide en collaboration avec l'UNICEF et d'établir des priorités pour l'action du gouvernement. Ainsi, l'éducation est gratuite dans le primaire, grâce à la contribution de la communauté des donateurs. La représentante a également fait part de projets pour enrayer la traite des enfants; toutefois, l'expérience confirme que les efforts nationaux seuls ne sont pas suffisants pour bâtir un monde véritablement digne des enfants.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) s'est déclaré convaincu que le bien-être des enfants figure parmi les priorités des États comme en atteste le fort taux de ratification de la Convention relative aux droits de l'enfant. Force est de constater que ce sont le plus souvent les ressources qui font défaut, a-t-il insisté. Ainsi, les questions relatives à la protection et à la promotion des droits de l'enfant sont-elles indissociables des questions de développement. Ce qui fait obstacle à la protection des enfants, c'est la baisse de l'aide publique au développement et le fardeau de la dette, a-t-il déclaré. En effet, dans une économie d'un volume de 30 mille milliards de dollars, il est choquant de constater que des enfants sont encore obligés d'offrir leur travail pour aider à nourrir leur famille, s'est indigné le représentant. La solution irréelle à ce problème est d'interdire le travail des enfants, mais la solution durable serait de favoriser la création d'un environnement international acceptable qui génère un développement économique durable.
Le représentant a ensuite dénoncé l'implication des enfants dans les conflits armés et s'est déclaré convaincu qu'il ne fallait pas montrer d'indulgence à l'égard des crimes commis contre les enfants et pour cela, il faut exclure toute possibilité d'amnistie. De la même manière, il a rappelé que le viol et l'esclavage sexuel avaient été fortement condamnés comme crime de guerre dans le Statut de la Cour pénale internationale et a exprimé l'espoir que les auteurs de ces crimes abjects seront traduits en justice. Se félicitant des efforts déployés par le Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés, il a regretté que celui-ci n'ait pas prêté une attention suffisante à la situation des enfants au Moyen-Orient, particulièrement dans les territoires arabes occupés. Dans le contexte actuel, il a considéré qu'il était du devoir de l'Assemblée générale d'examiner la situation de ces enfants puisque ni l'Autorité palestinienne ni le Gouvernement syrien n'étaient en mesure de le faire. Il a exprimé l'espoir de voir le Représentant spécial se pencher sur cette question. Il s'est également déclaré préoccupé par les conséquences des sanctions sur les enfants iraquiens. Rappelant qu'elles ont déjà coûté la vie d'un million et demi d'Iraquiens, il a appelé à ce que soient levées immédiatement les sanctions contre ce pays.
M. LAMIN FAATI (Gambie) a passé en revue les mesures prises par son pays en faveur des droits de l'enfant, notamment la création d'un comité sur les enfants au sein du parlement. La Gambie a également lancé divers programmes et politiques concernant la nutrition, la santé communautaire, le VIH/sida. Ces actions avaient pour objectif d'améliorer la santé des jeunes enfants, d'augmenter le taux de vaccination, d'assurer l'éducation des filles, de prévenir la violence contre les enfants et de lutter contre l'exploitation. Il a expliqué que la réalisation de ces objectifs était liée à la réussite de la stratégie d'éradication de la pauvreté. Par ailleurs, le représentant a déclaré que son Gouvernement accorde une attention particulière à la fillette. Ainsi un fonds d'affectation spéciale a été institué pour assurer la gratuité de l'éducation de toutes les filles et une politique visant à réprimer le harcèlement sexuel est strictement appliquée. Evoquant le sort des enfants dans les conflits armés, il a estimé qu'il fallait redoubler d'efforts en vue de la réhabilitation des femmes et des enfants.
M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a déclaré que la pauvreté était la menace principale à la promotion et aux droits de l'enfant. L'accès à l'alimentation est fondamentale pour assurer un présent acceptable aux enfants et à ce propos il a demandé que la communauté internationale s'engage à assurer une alimentation décente à tous les enfants. Il a fait part de la préoccupation de son Gouvernement au sujet des jeunes qui ont connu 35 ans de guerre car les effets des conflits sur les enfants sont très inquiétants. Au cours des affrontements qu'a connus Angola, 100 000 enfants ont été séparés de leurs familles et plus de 4 millions de personnes ont été déplacées. Le Gouvernement angolais cherche à assurer l'accès aux services de base et à toutes ces personnes et a par conséquent besoin de l'aide de la communauté internationale, a conclu le représentant.
Droits de réponse
L'Observateur de la Palestine a regretté les propos racistes tenus par la délégation d'Israël qui insinuait que les parents palestiniens envoyaient leurs enfants pour se faire tuer. Elle a affirmé que les Palestiniens avaient un droit légitime de résister à l'occupation et qu'eux aussi veulent vivre en paix. Elle a appelé la délégation israélienne à faire preuve, dans les négociations, de sa volonté d'instaurer une société pacifique.
Le représentant d'Israël a déploré que certaines délégations essayent de détourner l'ordre du jour de la Commission et de politiser ses travaux. Il a expliqué que près de 200 jeunes civils israéliens avaient été pris pour cibles et assassinés délibérément alors que les enfants palestiniens avaient trouvé la mort au combat. Il a déclaré que son pays ne céderait pas à la terreur et que seules des solutions pacifiques apporteront la fin de l'occupation.
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