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AG/EF/419

LE SUIVI INTEGRE DES GRANDES CONFERENCES ET DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE EST NECESSAIRE POUR EN ASSURER LE SUCCÈS

13/11/02
Communiqué de presse
AG/EF/419


Deuxième Commission

Table ronde


LE SUIVI INTEGRE DES GRANDES CONFERENCES ET DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE EST NECESSAIRE POUR EN ASSURER LE SUCCÈS


Une table ronde sur le thème “Suivi intégré des Conférences – Sommet du Millénaire, Doha, Monterrey, Johannesburg -  et les Objectifs du Millénaire en matière de développement” était cet après-midi organisée par la Division de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.  Le débat était animé par M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et présidé par M. Marco Antonio Suazo (Honduras), Président de la Deuxième Commission.


Selon M. Desai, la réflexion sur l’exécution et les résultats à obtenir sur le terrain a été le fil conducteur des conférences et sommets dits de « la deuxième génération ».  Ainsi, il est remarquable qu’à Doha, la réflexion soit allée bien au–delà des réductions des tarifs et des droits et, loin de se concentrer sur des préoccupations marginales, ait identifié l’incidence des accords commerciaux sur le développement comme dénominateur commun.  Des annonces d’aide au développement sans précédent ont en outre été formulées à Monterrey de même que l’esquisse d’un accord sur la réduction de la dette.


A la suite de M. Desai, c’est sur les synergies qui existent entre les sommets et conférences de la “deuxième génération” que les intervenants ont insisté, faisant observer que la mise en œuvre des résultats de l’un des sommets contribue à la réalisation d’un autre programme.  Les synergies entre développement et commerce, puis entre développement et financement, ont été mises en exergue.  Ensuite, ce sont l’implication de la société civile et la participation des pays en développement à la prise de décisions des institutions internationales qui ont été évoquées.


Développement et commerce


L’Organisation mondiale du commerce a placé, à Doha, le développement dans les objectifs de ses négociations, a indiqué M. Kipkorir Aly Rana, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce.  Selon lui, le commerce, en tant que source principale de financement du développement, a un rôle essentiel à jouer dans le développement et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire.  La libéralisation des échanges peut être une locomotive du changement et sortir de la faim des millions d’individus.  Certes, a-t-il continué, les échanges ne constituent pas une fin en soi et le succès doit être jugé à l’aune de l’amélioration de la condition humaine, mais certains signes sont encourageants: ainsi, de 1995 à 2001, les pays en développement ont vu leurs exportations augmenter de 5% par an, soit deux points de plus que la moyenne mondiale de 3%.  M. Aly Rana a en outre rappelé avec satisfaction que les Accords de Doha contiennent des engagements des pays développés en matière de libéralisation des échanges agricoles. 


Ce qui a été acquis à Doha est également essentiel dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida et les maladies infectieuses, a continué M. Aly Rana.  Les accords ADPIC permettent aux Etats de prendre les mesures qui s’imposent pour lutter contre l’épidémie et assurer la santé publique.  En outre, la déclaration de Doha établit des liens entre environnement et commerce et veille à ce que les négociations et les politiques sur les deux tableaux ne soient pas contradictoires.  Enfin, plusieurs initiatives de l’OMC cherchent à mettre les politiques commerciales au service du développement, notamment pour les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires en développement.  On peut citer à ce titre les négociations en matière de pêche, visant à empêcher l’élimination des stocks, l’octroi d’un accès facilité aux grands marchés internationaux et l’examen des liens entre commerce et transferts de technologies.


A M. Rana, la représentante de l’Afrique du Sud a opposé une voix divergente : elle a estimé que le suivi de Doha n’est pas encourageant et que les délais ne sont pas respectés.  Le commerce ne deviendra-t-il pas le maillon le plus faible de la réalisation des Objectifs du Millénaire si l’on continue à ce rythme là, a-t-elle demandé?  M. Rana a rappelé que la lenteur de la réalisation des objectifs définis à Doha est principalement due aux difficultés portant sur les négociations relatives à l’agriculture.  Sur d’autres questions, commerce et développement ont des synergies évidentes; ainsi, sur la question des médicaments, les négociations sont plus rapides et plus fructueuses car le problème du vieillissement de la population touche tous les pays.


Développement et financement


M. Aziz Ali Mohammed, Conseiller du Président du G-24, s’est félicité de ce qu’à Monterrey, on ait pour la première fois mis les questions de financement au centre du développement.  M. Aziz Ali Mohammed s’est déclaré satisfait de ce que le Consensus adopté à Monterrey promeuve une coopération plus étroite entre les institutions de Bretton Woods et l’ONU et insiste sur la responsabilité des acteurs, qu’il s’agisse des donateurs, des institutions multilatérales et des pays récipiendaires.  Mais depuis, nous sommes déçus de la lenteur avec laquelle les choses avancent et de l’ampleur des coûts de transaction de l’aide.


Concernant le transfert de ressources privées, le G-24 est préoccupé qu’ils aient récemment été négatifs et que les ressources privées restent concentrées vers un petit nombre de secteurs ou de pays considérés comme les plus rentables.  Ainsi, les secteurs où les rendements sont faibles, comme les infrastructures, ou nuls, comme la santé, ne bénéficient pas de transferts.  En outre, le G-24 regrette que l’on ne puisse pas modifier les règles d’affectation des droits de tirage spéciaux (DTS), du fait notamment que tout changement exige une majorité qualifiée de 85% des voix.  Le G-24 souhaiterait que les pays développés qui n’ont pas besoin de leurs DTS puissent les transférer à un fonds mondial pour le développement. 


Toujours sur la question du financement du développement, le représentant de l’Egypte a regretté que lors de la Conférence de Monterrey, l’accent n’ait pas été mis sur les ressources à dégager pour réaliser les Objectifs du Millénaire. 


Développement économique et développement durable


M. Desighen Naidoo, Directeur général du Département de l’environnement et du tourisme de l’Afrique du Sud, est intervenu sur le caractère opérationnel du paradigme de Johannesburg.  Pour que la mondialisation soit “positive”, Johannesburg a mis l’accent sur les vecteurs d’application des Objectifs du Millénaire, identifiant les ressources et les mécanismes de mise en œuvre.  L’importance des vecteurs régionaux du développement durable, à l’image du NEPAD, a été réaffirmée.  M. Naidoo a proposé que l’on ouvre une Décennie de l’application des déclarations.


Nécessité de mobiliser tous les acteurs y compris la société civile


Mme Eveline Herfkens, Coordinatrice exécutive du Secrétaire général de la Campagne pour les objectifs du Millénaire en matière de développement, a insisté sur la nécessité de faire connaître les Objectifs du Millénaire en dehors de l’ONU, de sensibiliser l’opinion publique à ces Objectifs.  Seule l’action des acteurs de la société civile peut faire bouger les choses.  Le représentant de la Bolivie a lui aussi estimé que pour réaliser les objectifs des conférences, il faut porter le débat à l’extérieur. 


Mme Herfkens a estimé que la réalisation des Objectifs du Millénaire ne peut se faire que pays par pays et qu’il importe de mettre en œuvre des politiques sur plusieurs tableaux: commerce, lutte contre le protectionnisme, ouverture des marchés.  Aux représentants de l’Inde et de la République islamique d’Iran qui s’interrogeaient sur la manière dont les institutions financières internationales et l’Organisation des Nations Unies peuvent travailler ensemble pour aboutir à des résultats tangibles, Mme Herfkens a répondu qu’il faut réaliser un mariage entre l’ONU, qui a une légitimité démocratique importante, et les institutions financières qui ont des ressources énormes.  Lors du Sommet du Millénaire, c’était la première fois que se concrétisait la prise de conscience mondiale et partagée de l’engagement à lutter contre la pauvreté, et à Monterrey les pays développés se sont engagés à augmenter leur aide publique au développement.  Qui l’aurait cru après 25 ans d’indifférence?


Enfin, plusieurs délégations sont intervenues sur la nécessité de renforcer la capacité de participation des pays en développement dans les prises de décision des institutions internationales, et notamment celles de Bretton Woods.  A cet égard, le G-24 s’est insurgé contre le caractère inégalitaire des droits de vote dans les institutions de Bretton Woods.  Faisant observer que les Membres de l’Union européenne représentent 37,5% de la puissance de vote, deux fois plus que les Etats-Unis, alors qu’ils sont constitués en union monétaire, il a souhaité que les pays européens cèdent certains de leurs sièges à des pays africains. 


M. Rana a reconnu que le processus de prise de décision à l’OMC manque peut-être de transparence.  Cependant, les plus hauts responsables de l’OMC s’intéressent à cette question.  Ainsi, le poste le plus important du budget de l’assistance technique pour 2003 est la formation des négociateurs des pays en développement.


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