LES SUBVENTIONS AGRICOLES SOUS LE FEU DE LA CRITIQUE DES DELEGATIONS DE LA DEUXIEME COMMISSION
Communiqué de presse AG/EF/416 |
Deuxième Commission
31e séance – matin
LES SUBVENTIONS AGRICOLES SOUS LE FEU DE LA CRITIQUE DES DELEGATIONS DE LA DEUXIEME COMMISSION
Sous la présidence de M. Marco Antonio Suazo (Honduras), la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé ce matin l’examen du point de son ordre du jour relatif au commerce et au développement.
Traduisant l’inquiétude que ressent la majorité des Etats face au ralentissement actuel des échanges commerciaux, qui ne se sont accrus que de 2% en 2001 comparativement aux 12% de croissance observés à la fin de l’année 2000, les délégations qui ont pris la parole au cours de la réunion ont, une fois de plus, estimé que les subventions agricoles étaient le principal obstacle dans le nouveau cycle de négociations commerciales que la communauté internationale a décidé de lancer à l’issue de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tenue à Doha. Sans la résolution des questions liées à l’élimination des subventions et à la transparence du commerce agricole, “l’édifice patiemment mis en place à Doha va s’effondrer”, ont estimé des intervenants.
Intervenant au nom des pays membres du Groupe de Cairns, qui comprend, entre autres, l’Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, l’Indonésie, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Thaïlande et l’Afrique du Sud, le représentant de l’Australie a rappelé que le Cycle de négociations d’Uruguay, prédécesseur de l’OMC, avait irrévocablement affirmé que l’agriculture faisait entièrement partie du système de commerce multilatéral. Or, a constaté le représentant, les politiques agricoles protectionnistes des pays de l’OCDE se sont traduites en 2001 par le versement de 310 milliards de dollars de subventions à leurs producteurs, l’effet déstabilisateur de ces sommes sur la compétitivité étant d’autre part renforcé par le maintien et le renforcement de barrières commerciales tarifaires et non tarifaires contre les exportations des autres pays.
“Les pays en développement n’accepteront pas de nouvelles clauses commerciales en matière de concurrence, d’emploi ou de critères environnementaux”, a déclaré pour sa part le représentant du Pakistan qui a qualifié de “chantage” les méthodes employées par certains pays au cours des négociations commerciales de l’OMC qui ont lieu en ce moment à Genève. Il est inacceptable que des Etats puissants, et qui se font en public les chantres du libre-échange soient en même temps ceux qui refusent de respecter les engagements pris et les accords agréés au niveau international, a-t-il dit, en estimant que la politique de conclusion d’accords préférentiels et sélectifs au niveau régional, promue par les principales puissances économiques de la planète, allait à l’encontre du caractère universel et non discriminatoire que devrait avoir un système de commerce multilatéral vraiment libre et équitable.
Toutes les délégations qui sont intervenues ce matin ont souhaité une véritable ouverture des marchés agricoles et une juste rémunération du travail des agriculteurs des pays en développement qui, a dit le représentant de l’Inde, représentent 70% de la population des pays du Sud, alors que seuls 7% des habitants des pays industrialisés travaillent dans ce secteur.
Outre les orateurs ci-dessus cités, les délégations de la Malaisie, de l’Equateur, des Philippines, du Brésil (au nom du Mercosur), de Fiji, de la Chine, du Japon, de l’Ouganda, de l’Iran, du Viet Nam, de l’Ethiopie, de l’Ukraine et du Guyana (au nom de la Communauté des caraïbes), ont pris la parole. Avant l’examen de la question du commerce et du développement, la Commission avait entendu la présentation, par les représentants du Venezuela (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), de l’Egypte et de l’Italie (au nom de l’Union européenne), de trois projets de résolution.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures en examinant le rapport du Conseil économique et social.
Formation et recherche
Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche
Présentation de projets de résolution
Le représentant du Venezuela a présenté ce matin à la Commission, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, un projet de résolution relatif à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (A/C.2/57/L.35), aux termes duquel l’Assemblée générale déciderait que pour que l’Institut puisse jouer efficacement son rôle en matière de formation et de recherche, l’ONU prendra à sa charge ses frais de location et d’entretien.
Le représentant de l’Egypte a ensuite présenté à la Commission un projet de résolution relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles (A/C.2/57/L.34)*.
Le représentant de l’Italie est ensuite intervenu pour présenter à la Commission un projet de résolution relatif à l’application et au suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies dans les domaines économique et social (A/C.2/57/L.33)*. En présentant ce projet de résolution, le représentant de l’Italie a déclaré qu’il visait à inciter les Etats Membres à coopérer aux programmes, notamment ceux de la FAO, relatifs à la lutte contre la pauvreté et à la promotion de la sécurité alimentaire.
* Au moment de leur présentation par les délégations, ces textes n’étaient pas disponibles en langue française.
Commerce et développement.
Fin du débat général
Mme SHARIFAH ZARAH AHMAD (Malaisie) a déclaré que le commerce est un élément de plus en plus important de l’essor des pays en développement. C’est un élément fondamental dans les efforts que nous déployons pour atteindre les objectifs de développement. Les pays en développement, a-t-elle ajouté, sont déçus de l’actuel système commercial multilatéral pour la simple raison qu’ils ne peuvent réellement en bénéficier à cause du manque de capacités et du non-accès au processus de décision. Il est impératif que les questions liées au déséquilibre soient corrigées et que soient appliquées les dispositions relatives au traitement différentiel. Nous pourrions bénéficier des négociations de l’Uruguay si nous avions accès aux marchés agricoles et textiles des pays du Nord. Après avoir dénoncé les subventions agricoles des pays développés, qu’elle a définies comme un obstacle à l’exportation des produits agricoles des pays en développement, Mme Ahmad a expliqué que dans le domaine du textile, il faudrait diversifier les produits ayant un sens pour les pays en développement. Elle s’est dite heureuse que les ministres
réunis à Doha se soient engagés à placer les besoins des pays en développement au cœur des débats sur le commerce international. Mais, pour répondre aux attentes des pays en développement, les pays développés devraient nécessairement ouvrir leurs marchés aux produits des pays en développement et mettre un terme aux subventions injustes. En outre, elle s’est félicitée de la contribution de la CNUCED pour aider les pays en développement à tirer les meilleurs avantages du commerce mondial.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a souscrit à la déclaration faite par le Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et a déclaré que beaucoup de pays du Sud ont privilégié la libéralisation des échanges et ont éliminé leurs tarifs douaniers et obstacles non tarifaires sans cependant avoir été payés en retour. Faisant partie de la Communauté andine, l’Equateur se félicite des mesures de libéralisation qui y ont été encouragées au niveau régional. L’augmentation des échanges commerciaux à l’intérieur de la Communauté andine a été un facteur de croissance interne pour chaque pays qui en est membre et de création d’emplois. L’objectif final est de créer une zone de libre échange entre la Communauté andine et le Mercosur, et ce projet devrait bientôt aboutir.
L’autre grand projet qui est proposé aux pays d’Amérique latine et qui est la zone de libre-échange des Amériques et dont les négociations devraient aboutir en 2005, nous semble présenter un bon potentiel en termes de renforcement des échanges économiques et des principes inhérents à la démocratie. En ce qui concerne les négociations en cours à l’OMC, nous accordons beaucoup d’importance au principe des traitements préférentiels en faveur des pays les moins favorisés. Le système commercial international doit devenir profitable à tous, et non pas seulement à une poignée de pays industrialisés.
M. ABID HUSSAIN (Inde) a déclaré qu’un an après la tenue de la Quatrième Conférence ministérielle de l’OMC à Doha, peu de progrès ont été réalisés en faveur de l’accès des pays en développement à une part plus équitable du commerce mondial. Il est douteux, a-t-il dit, que l’on puisse atteindre les objectifs fixés dans le cadre des actions spécifiques du programme de Doha arrêtées pour les périodes Juillet-décembre 2002 et mars-mai 2003. Les objectifs et la date limite de juillet 2002 n’ont pas été respectés. Il est aberrant de devoir constater que ceux qui demandent aux pays en développement de libéraliser leurs marchés se réfugient derrière un protectionnisme croissant. A cet égard, il a vigoureusement dénoncé les subventions agricoles et l’augmentation des taxes d’importation de l’acier. La tenue, en septembre 2003, à Cancun, de la Réunion d’examen à mi-parcours de la Conférence de Doha permettra de connaître les évolutions dans ce domaine. L’accès aux marchés est un élément fondamental pour les pays en développement qui ont souvent à faire face à d’importantes barrières commerciales dressées par les pays développés, comme en atteste le rapport 2002 de la Banque mondiale sur cette question.
Par ailleurs, le représentant indien a souligné l’importance de l’agriculture qui est un mode de vie pour les pays en développement. A cet égard, il a précisé que 70% de la population de l’Inde dépend de l’agriculture alors que ce pourcentage n’est que de 7% dans les pays développés. Pourtant, a-t-il regretté, le secteur agricole des pays développés reçoit un soutien annuel de 350 milliards de dollars sous forme de subventions, situation qui contribue à une production excédentaire qui fait baisser le niveau des prix des produits agricoles. Nous appelons, a-t-il ajouté, à l’achèvement des négociations sur l’agriculture pour aboutir à la fin des subventions. Il a également évoqué la nécessité de trouver un accord sur les aspects de la propriété intellectuelle liés au commerce et notamment pour faire face aux insuffisances des pays en développement en matière de production pharmaceutique. En conclusion, il s’est félicité du rôle important joué par la CNUCED, notamment en matière d’assistance technique aux pays en développement.
M. MEYNARDO MONTEALEGRE (Philippines) a déclaré que le système actuel d’échanges commerciaux devrait être examiné par les Nations Unies sous l’angle de la facilitation de la mobilisation des ressources nécessaires au développement. Les Philippines sont conscientes du poids du commerce dans la promotion du développement et demandent une application juste des termes commerciaux agréés lors du Cycle de l’Uruguay. La volonté politique nécessaire au respect de ces engagements devrait clairement se manifester du côté des pays industrialisés. Le maintien de la croissance et un meilleur accès aux marchés en faveur des pays en développement, dans un cadre mondial libéré de tout protectionnisme, sont essentiels, a déclaré le représentant. Il existe d’autre part, un besoin de renforcement des capacités dans les pays du Sud, auquel nous devons répondre.
Les Philippines appuient la mise en œuvre complète des recommandations et des engagements pris par toutes les parties au cours des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide des Nations Unies. La CNUCED doit être chargée de la coordination des questions relatives au commerce international. Tous les pays doivent s’efforcer de coordonner leurs politiques en vue de créer un cadre d’échanges non discriminatoire.
S’exprimant au nom du Groupe de CAIRNS, M. BRERETON (Australie) a réaffirmé qu’une réforme du commerce agricole mondial est un élément clef si l’on veut atteindre les objectifs de développement fixés à Doha, l’agriculture étant une partie intégrante du système commercial international. Depuis la fin de la période d’application des accords de l’Uruguay, aucun progrès n’a été constaté en matière de réduction des subventions. M. Montealegre a noté que la somme totale des subventions et soutiens accordés aux agriculteurs de l’OCDE se chiffre à 310 milliards de dollars en 2001 alors que des barrières importantes restent en place. Le moment est venu pour les pays développés de corriger ces situations et d’apporter des remèdes aux inégalités ancrées dans le système des échanges. Sans progrès notables dans le domaine de l’agriculture, c’est l’ensemble du processus de Doha qui se trouve menacé, a-t-il insisté. C’est un moyen de lutter contre la pauvreté et contre la faim et d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire. Les pays développés n’ayant avancé aucune proposition à cet effet, le processus de négociations s’en trouve compliqué. Selon le représentant, il est primordial de parvenir à une élimination graduelle de toutes les formes de subventions, d’offrir de meilleurs débouchés aux produits agricoles des pays en développement et de favoriser les produits de substitution aux produits narcotiques. La réforme de l’agriculture, a-t-il insisté, est une condition incontournable pour améliorer les conditions de vie des populations des pays en développement.
M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a déclaré, au nom des Etats membres du Mercosur, qu’en 11 ans d’existence, le Mercosur est parvenu à former une zone de libre-échange et à créer une union douanière. Les investissements étrangers directs (IED) vers le Mercosur se sont élevés à plus de 230 milliards de dollars au cours des dernières années. Le Mercosur est d’autre part un outil de renforcement de la démocratie, une clause spéciale étant inscrite sur ce point dans sa charte. Le Mercosur est la manifestation de l’engagement de ses pays membres en faveur de la stabilité économique et de la sécurité mondiale. Le Mercosur est une union stratégique, comme l’ont rappelé ses dirigeants au printemps dernier.
Les pays du Mercosur estiment qu’il est temps d’accélérer la réforme du système financier international, au vu des crises qui ont récemment secoué différentes régions du monde. Le contexte économique mondial actuel, ébranlé par une crise sans précédent, reste marqué par des avantages en faveur des pays qui sont déjà les plus riches. Il faut faire face aux problèmes structurels qui existent au sein des échanges commerciaux internationaux, marqués par le protectionnisme des pays industrialisés, dont les politiques actuelles portent gravement atteinte aux intérêts et à la vie même des populations des pays du Sud. Il est inacceptable que les Etats les plus riches et les plus puissants, qui poussent les autres à libéraliser leurs structures économiques et à ouvrir leurs marchés, soient aussi ceux qui pratiquent le plus de protectionnisme. Nous nous élevons contre la situation qui prévaut, en ce moment même, dans les échanges agricoles, et qui est marqué par des distorsions issues des énormes subventions versées par les pays du Nord à leur agriculture. Cette politique porte gravement atteinte à la vie des populations des pays en développement, dont l’agriculture est la première source de revenus. Si les négociations entamées dans le domaine agricole n’aboutissent pas, c’est toute l’architecture des négociations mises en place à Doha qui va s’effondrer.
M. AIYA NAIDU (Fidji) a évoqué la situation des petits Etats insulaires en développement et leurs incertitudes face au développement. Leur participation au commerce international est entravée par bien des problèmes. Il s’est demandé comment des pays comme le sien peuvent continuer à tirer parti du processus de mondialisation et de libéralisation du commerce. Cela ne pourra se faire, a-t-il insisté, sans une assistance conséquente des pays développés, notamment en matière de mise en œuvre des principes de traitement spécial et différencié. A cet égard, il s’est inquiété du report du délai de présentation d’un rapport sur cette question. Il a également affirmé que le commerce est l’élément clef de la réalisation des Objectifs du Millénaire en matière de développement. Nous sommes conscients, a-t-il ajouté, des avantages que peut apporter à notre économie l’intégration à l’économie mondiale. Il est indispensable de procéder à une réforme du système multilatéral commercial dans le but d’apporter une réponse aux attentes des pays en développement. Bien qu’il n’y ait pas de solutions miracles qui conviennent à tout le monde, il n’en demeure pas moins que pour un petit pays comme le Fidji, l’agriculture joue un rôle essentiel en matière de développement durable. En touchant à la viabilité de ce secteur, on touche au tissu social même de nombreux pays en développement vivant essentiellement de l’agriculture. C’est pourquoi, il faudrait accorder une attention particulière aux questions agricoles, notamment pour les petits États insulaires. A titre d’illustration de l’importance de ce secteur, il a indiqué que l’industrie sucrière contribue à hauteur de 25% aux recettes d’exportation de Fidji et emploie 51 000 personnes. Selon le représentant, il faudrait aussi procéder à une diversification de la base économique, processus qu’il a défini comme douloureux. C’est pourquoi, il a souhaité une aide de la part des institutions financières internationales pour atténuer le coût de ces ajustements et pour aider les pays en développement, notamment les petits États insulaires, à s’intégrer graduellement à l’économie mondiale.
M. HUANG XUEQI (Chine) a déclaré que son pays espère que le cycle de négociations commerciales lancé à Doha prendra en compte les intérêts de tous les groupes de pays. Un nouveau système commercial multilatéral devrait donner naissance à un nouvel ordre mondial favorable aux pays en développement. Le cycle de Doha devrait contribuer à la relance économique mondiale. La communauté internationale doit, en premier lieu, assurer le respect des Accords du Cycle d’Uruguay. La question de la propriété intellectuelle et celle touchant au domaine du textile doivent recevoir une attention particulière de la part des pays industrialisés, qui doivent faire preuve de sincérité. Notre pays participe aux négociations actuelles et soutient la CNUCED dans ses tâches de renforcement des connaissances et des compétences des pays en développement pour leur permettre de participer efficacement aux négociations et aux activités commerciales liées au développement. Depuis son adhésion à l’OMC, notre pays a amélioré son cadre d’échanges et d’investissements. L’ouverture de ce cadre crée un climat favorable à l’investissement et aux activités économiques. Notre pays va davantage ouvrir son secteur des services.
M. MASASHI MIZUKAMI (japon) a déclaré que le développement international et les échanges commerciaux sont les deux faces d’une même pièce et qu’il est temps de tenir compte de cette corrélation entre échange et développement. Il a souligné l’importance de l’accès aux marchés des pays développés pour les produits des pays en développement et notamment des PAM. Illustrant les efforts de son pays en ce domaine, il a précisé que tous les produits industriels en provenance des PMA bénéficient d’un accès au marché japonais sans droit de douane ni barrière commerciale. Nous avons également décidé de réviser notre législation en matière de tarification douanière, d’une part, pour que cette révision devienne une réalité dès la prochaine année fiscale qui commence le 1er avril 2003 et d’autre part, pour que soit élargie la gamme des produits non-taxés provenant des PAM.
Par ailleurs, il a déclaré que la constitution d’une capacité commerciale est tout aussi importante que l’accès aux marchés. Dans ce contexte, il s’est félicité de la création du fonds d’affectation spécial pour le développement du commerce auquel le Japon a déjà contribué à hauteur de 1,5 million de francs suisses. En outre, il a formé le vœu d’une meilleure collaboration entre la CNUCED et l’OMC, eu égard aux compétences de la CNUCED en matière d’investissement et de compétition dans les pays en développement. Le commerce porte ses fruits à condition qu’il bénéficie aux deux partenaires commerciaux; c’est pourquoi, il est urgent de promouvoir des échanges commerciaux plus équitables en accordant un traitement spécial et différencié aux pays en développement.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que les échanges commerciaux, même s’ils sont libres, dépendent aussi de critères de concurrence. A l’heure actuelle, les pays les plus faibles ne sont pas compétitifs par rapport aux pays riches. L’Accord sur l’agriculture issu du Cycle de l’Uruguay a conforté les pays riches en leur laissant la possibilité de continuer à verser des subventions à leurs producteurs. Les conditions actuelles du secteur textile pourraient quant à elles, être exploitées par les pays en développement, si la mise en œuvre des accords qui lui sont liés recevait l’attention qu’elle mérite. Le Pakistan ne pense pas que le renforcement des capacités suffise à lui seul à améliorer la participation des pays du Sud aux processus commerciaux. Une volonté politique est indispensable dans les pays du Nord, pour redresser les inégalités actuelles et mettre fin aux distorsions tarifaires et non tarifaires qui créent des discriminations contre les pays en développement. Si des progrès ne sont pas enregistrés dans les négociations de Doha, les pays industrialisés ne doivent pas attendre de nouvelles concessions de la part des pays en développement. Nous sommes contre l’espèce de «chantage» qui consiste à dire aux pays que s’ils ne cèdent pas sur certains points, dans le cadre de l’OMC, les grands pays industrialisés concluront des accords commerciaux préférentiels, au niveau régional, avec des groupes de pays soigneusement sélectionnés. Le Pakistan est d’autre part totalement opposé aux desseins protectionnistes qui se cachent derrière les fameuses “normes de travail et d’environnement”.
M FRANCIS MUMBEY-WAFULA (Ouganda) s’est dit convaincu que le commerce permet de générer les ressources nécessaires à la promotion du développement. Il a regretté que la participation des pays en développement au commerce mondial soit limitée du fait de conditions d’accès défavorables aux marchés mondiaux. Il n’est pas surprenant, a-t-il ajouté, alors que les prix de nos produits de base diminuent et que notre dette s’accroît, de constater que nous sommes de plus en plus dépendants de l’APD. Il est fondamental que les Nations Unies, les Institutions de Bretton Woods, l’OMC et les gouvernements entreprennent des actions cohérentes en matière de réforme politique, dans le but de promouvoir le commerce et le développement. Dans ce contexte, il a également appelé à la mise en œuvre rapide des engagements de Doha pour lutter contre la marginalisation des PMA dans le commerce international, mais aussi les Consensus de Monterrey, de Johannesburg et du Programme d’Action de Bruxelles pour les PMA. En conclusion, il s’est félicité de la contribution qu’apporte la CNUCED, sous forme de soutien analytique et technique au pays en développement, et a exhorté le Secrétaire général à renforcer les capacités de cet organisme.
M. NASROLLAH KAZEMI KAMYAB (Iran) a déclaré que plus que jamais, la question du commerce est au centre de l’agenda international de développement. L’Accord de Doha à lui seul ne résoudra aucun problème, mais il reste un outil important dans la recherche des moyens qui pourraient aider à donner des réponses aux problèmes de développement. Un quart des pays du monde continue de ne pas faire partie des échanges mondiaux et reste exclu de l’OMC. Mais même ceux qui en font partie n’arrivent pas, parce qu’ils sont faibles, à faire respecter le principe des traitements préférentiels et différenciés, les pays les plus riches continuant de choisir ceux à qui ils accordent des clauses commerciales préférentielles. L’accès aux marchés des produits des pays en développement ne devrait pas dépendre de considérations extra-commerciales, mais devrait être strictement dépendant de la mise en œuvre des accords internationaux déjà conclus. L’Iran se félicite des décisions prises par l’OMC pour élargir la coopération technique en matière commerciale. Notre adhésion à l’OMC n’a pas encore abouti, à cause de considérations que nous jugeons malheureuses, alors que notre pays a déposé sa demande d’adhésion il y a six ans. L’OMC, qui doit être une institution universelle, doit voir tous les membres de la communauté internationale participer à ses travaux.
Mme NINH THI BINH (Viet Nam) a déclaré que le commerce joue un rôle essentiel dans le contexte du développement, car il représente un moyen de trouver des ressources prévisibles pour lutter contre la pauvreté et réduire le fossé entre pays développés et pays en développement. C’est pourquoi la question du commerce doit être inscrite en bonne place dans l’ordre du jour des débats sur le développement. Il a dénoncé les nombreux obstacles et problèmes auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres. C’est pourquoi, la communauté internationale se doit de faire preuve d’une volonté politique plus affirmée face à ces problèmes, notamment en renforçant les capacités des pays en développement pour qu’ils bénéficient davantage du commerce international. Cela passe aussi par l’application des dispositions portant sur le traitement spécial mais différencié. Il a souhaité que soient démantelées les barrières commerciales et douanières des pays développés et que soit pris en compte les besoins des pays en développement pour une pleine participation au commerce international.
M. AZANAW T. ABREHA (Ethiopie) a déclaré que le “cycle de développement de Doha” peut mériter son nom s’il arrive à combiner l’accès aux marchés du Nord des produits des PMA avec un soutien et une assistance pour que ces pays puissent prendre part aux activités liées aux négociations commerciales et à la mise en œuvre de leurs conclusions. L’Ethiopie regrette le manque d’attention de la communauté internationale envers la question de l’instabilité et de la baisse constante des prix de produits de base. Nous souhaiterions voir aboutir, dans les délais impartis, les négociations amorcées dans le cadre de l’Accord de Doha. Nous soutenons à cet égard une conclusion rapide de l’examen des questions relatives à la mise en œuvre des accords conclus dans les domaines du textile, de la confection et de la maroquinerie. L’Ethiopie soutient la création, figurant dans la Déclaration de Doha, d’un groupe de travail sur le commerce, la dette et les financements. Nous pensons qu’une bonne analyse des liens existant entre le commerce, les investissements et la dette, permettrait de mieux informer les décideurs sur la dette des pays dont les économies dépendent essentiellement de l’exportation de produits de base.
M. SERHII SAVCHUK (Ukraine) a déclaré que les questions d’ordre macroéconomique sont devenues des éléments essentiels à l’amélioration des perspectives du développement économique. Il s’est félicité que la Quatrième Conférence ministérielle de l’OMC réunie à Doha ait permis d’intégrer aux travaux de l’OMC des priorités adaptées aux réalités des économies des pays en développement et des pays en transition, dans le souci de mettre en place un environnement commercial mondial favorable à leur développement. Si de nombreux pays ont tiré parti de la mondialisation, d’autres sont restés à l’écart, a-t-il regretté. C’est pourquoi, il a formé le vœu que les pays en développement ou en transition puissent accéder aux marchés de façon non discriminatoire, ce qui leur permettrait de mieux s’intégrer à l’économie mondiale. L’économie ukrainienne, a-t-il ajouté, souhaite participer
pleinement à l’économie mondiale, mais le chemin à parcourir est encore long. Par ailleurs, il s’est félicité du rôle de la CNUCED en tant que coordonnateur des Nations Unies pour les actions commerciales, en espérant qu’elle pourra obtenir les moyens nécessaires pour faire face à une demande croissante de la part des pays en développement en matière d’assistance technique.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a déclaré, au nom des quatorze pays membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom), que ces pays s’associent à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Les pays de la Caricom dépendent énormément des échanges extérieurs, ce taux de dépendance s’élevant en moyenne à 116%, ce qui montre l’ouverture de tous ces petits Etats insulaires en développement aux échanges internationaux et au commerce. L’érosion des systèmes préférentiels, dans le cadre des Accords du Cycle d’Uruguay, a des conséquences graves sur nos économies. Nos pays, dont beaucoup dépendent de services financiers, appellent aujourd’hui le reste de la communauté internationale à débattre de la coopération en matière fiscale de manière transparente et non à travers des processus clos dont les méthodes et les objectifs ne sont pas très clairs.
La Caricom demande que la situation de ses Etats membres, qui souffrent de vulnérabilités spécifiques, fasse l’objet d’une attention particulière. Nous ne demandons pas le statu quo, mais plutôt la prise en compte des faiblesses inhérentes à la nature physique de nos pays. Les petits Etats insulaires de la Caricom ont besoin d’une assistance spéciale à l’ajustement économique qui leur est demandé. La détérioration des termes de l’échange nous inquiète, car aujourd’hui les produits que nous exportons nous rapportent en moyenne 49% de moins qu’il y a 20 ans, alors que les prix des produits industrialisés augmentent sans cesse. Les institutions internationales et les pays riches devraient traiter de cette question avec toute l’attention qu’elle mérite, car la vie de nos populations en dépend. La CNUCED devrait recevoir les moyens dont elle a besoin pour aborder efficacement cette question critique, et nous lançons de nouveau un appel pour qu’une réunion internationale de haut niveau soit convoquée pour en débattre dans la foulée de Monterrey et de Johannesburg.
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