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AG/EF/413

DEUXIEME COMMISSION: LE PRESIDENT DE LA BANQUE MONDIALE S’EXPLIQUE SUR LE MULTILATERALISME ET SES IMPLICATIONS SUR LE DEVELOPPEMENT

08/11/02
Communiqué de presse
AG/EF/413


Deuxième Commission

30e séance - après-midi


DEUXIEME COMMISSION: LE PRESIDENT DE LA BANQUE MONDIALE S’EXPLIQUE SUR LE MULTILATERALISME ET SES IMPLICATIONS SUR LE DEVELOPPEMENT


M. James Wolfensohn, Président de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (“Banque mondiale”) a fait, cet après-midi, une présentation devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur le thème “Passer aux actes: Le nouveau multilatéralisme et ses implications sur le développement”.  Présenté par M. Marco Antonio Suazo, Président de la Deuxième Commission, M. Wolfensohn a déclaré que la lutte contre la pauvreté est ce qui lie essentiellement les actions menées conjointement par la Banque et l’ONU à l’heure actuelle. 


Monterrey et Johannesburg ont été l’occasion de développer un cadre au sein duquel nos organismes peuvent travailler ensemble, notamment sur les questions de l’APD, du commerce, et de la mise en œuvre des engagements qui ont été pris en faveur de la promotion du développement. La Banque mondiale se félicite que les pays africains aient conçu et fait connaître le programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), à l’intérieur duquel les pays africains s’engagent à promouvoir la bonne gouvernance et à combattre la corruption, a dit M. Wolfensohn.


En Europe et en Amérique du Nord, la croissance est actuellement faible, tandis que l’Inde, la Chine et la Russie ont les taux de croissance les plus élevés, alors que l’Afrique, quant à elle, n’avance pas à l’allure qu’on avait espéré.  Le contexte géopolitique actuel, caractérisé par une certaine instabilité, est sans doute responsable de la stagnation que nous observons.  L’adoption des Objectifs de développement du Millénaire a été l’occasion de rappeler que les Etats étaient en premier lieu responsables de leur développement individuel.  Au niveau de la mise en œuvre, on reconnaît aussi désormais qu’aucune institution, fût-elle la Banque mondiale, l’ONU, le FMI ou l’OMC ou encore la société civile et les ONG, ne peut seule s’en acquitter.  Chaque partie prenante semble avoir des préjugés envers les autres: l’ONU en a envers les institutions de Bretton Woods et vice-versa.  Nous nous efforçons néanmoins de créer les partenariats qui, seuls, nous permettront, ensemble, de parvenir aux objectifs de développement agréés en commun.


L’une des grandes questions que l’on se pose est de savoir qui est responsable de quel programme, et à quel niveau?  A notre avis, il nous faudrait davantage de transparence pour améliorer la façon dont nous coopérons et la manière dont nous nous ouvrons au secteur privé.  Nous venons juste de commencer à jeter les bases de cette coopération, et nous devons créer, ensemble, les bases d’un partenariat de développement efficace.  Les responsabilités doivent être partagées non seulement entre les institutions multilatérales, mais aussi entre ces institutions et les pays en développement, d’une part, et entre les pays en développement et les nations industrialisées, d’autre part.  Le temps des débats et de l’élaboration des concepts est passé.  Nous avons défini les grandes règles du jeu.  Il est temps de passer maintenant aux actes et d’accomplir des choses concrètes.


Après cette présentation du Président de la Banque mondiale, les représentants du Mexique, de l’Indonésie, de la Belgique, du Bénin et de Cuba sont intervenus pour lui poser des questions et faire des remarques sur l’action de la Banque mondiale.


Dans sa réponse aux questions que lui ont posées les délégations, M. James Wolfensohn a dit que lors de la Conférence de Monterrey, l’augmentation de l’APD annoncée par les Etats-Unis allait accroître de façon substantielle les sommes allouées à l’aide publique au développement.  Mais la Banque ne sait pas comment et sur quelles bases seront octroyés ces fonds.  La responsabilité en incombera aux autorités américaines.  Les promesses faites par l’Union européenne relèvent du même ordre d’idées, a-t-il précisé.  Le Consensus de Monterrey ne contient pas de mention relative au rôle que jouerait l’ONU dans ces opérations, a estimé M. Wolfensohn.  Il n’y est pas question de la création de nouveaux mandats pour l’Organisation ou pour les autres institutions. 


Concernant les problèmes relatifs aux documents de stratégie de lutte contre la pauvreté, évoqués par la délégation du Bénin, M. Wolfensohn a indiqué que la mise en œuvre de leur contenu dépendrait de plus en plus des mécanismes de coordination qui sont discutés régulièrement au niveau international.  La Banque mondiale ne doit pas être accusée de vouloir monopoliser l’agenda du développement.  Depuis quelques années, la Banque a développé une culture de partenariat avec les autres acteurs et partenaires du développement.  Il y a tellement à faire, a dit M. Wolfensohn, que nous aurons besoin de toujours plus de bras.  Les exemples de la lutte contre le VIH/sida et de la préservation de l’environnement montrent comment la Banque mondiale collabore, par exemple, avec d’autres organes, comme le Programme commun des Nations Unies contre le VIH/sida (ONUSIDA) et avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui sont les institutions leaders dans ces domaines.


La Banque mondiale est aussi consciente de la nécessité d’améliorer ses méthodes de travail avec les gouvernements des pays dans lesquels elle intervient.  La démocratisation de la vie publique, partout dans le monde, fait que les populations et leurs gouvernements veulent avoir leur mot à dire sur les politiques qui les concernent.  Certains pays, comme vient de le dire Cuba, estiment que les institutions internationales ne sont pas assez ouvertes et qu’elles refusent d’écouter toutes les voix.  La Banque, a dit M. Wolfensohn, ne pense pas être une machine au service de l’influence des pays riches.  Au sein de son Conseil, chaque pays peut faire entendre sa voix.  Nous sommes cependant conscients que certains pays ont une voix plus forte que d’autres.  Mais la Banque s’efforce de donner aux pays en développement la chance de s’exprimer.


Après cette intervention de M. Wolfensohn, le représentant des Etats-Unis s’est interrogé sur l’impact que pourrait avoir un fonds spécial créé pour soutenir les pays pratiquant une bonne gouvernance et respectant les principes de la démocratie et des droits de l’homme.  Les Etas-Unis sont en train de mener des consultations sur cette question, a-t-il annoncé, et ils informeront les Etats Membres et les institutions de Bretton Woods dès que ces consultations aboutiront.  La délégation américaine aimerait cependant savoir quelles sont les perspectives de collaboration entre la Banque mondiale et l’OMC après la Réunion ministérielle de l’OMC tenue à Doha?


Les représentants du Nigéria, du Danemark, du Guyana, du Burkina Faso, de la Bolivie et de la Zambie ont posé des questions relatives aux aspects sociaux des politiques de développement, aux relations entre la Banque mondiale et l’ECOSOC, aux stratégies de lutte contre la pauvreté et au financement des projets du NEPAD.  La Zambie a fait remarquer que l’endettement représentait un obstacle majeur aux efforts de développement des pays en développement.


Intervenant de nouveau pour répondre aux remarques des délégations, le Président de la Banque mondiale a dit que le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Johannesburg ont réaffirmé la nécessité de favoriser la liberté des échanges.  Les subventions agricoles sont un frein à la mobilisation de ressources par les pays en développement, a-t-il affirmé.  Dans la filière du coton par exemple, les subventions américaines, a-t-il admis, empêchent les agriculteurs maliens de bénéficier du juste fruit de leur travail.  Les subventions portent donc atteinte à la liberté des échanges et l’aide ne remplace pas ce que les agriculteurs du Sud gagneraient si des conditions de commerce justes existaient, a dit M. Wolfensohn en notant par ailleurs que les Etats-Unis donnaient 38 millions de dollars d’aide au Mali, alors que le manque à gagner des cultivateurs de coton maliens, dû aux subventions étaient d’un ordre beaucoup plus important que cette somme.


Concernant les observations faites par le Nigéria, en ce qui a trait aux problèmes sociaux dus, selon lui, à l’ajustement structurel, nous pensons que ce pays doit d’abord trouver une solution aux questions internes aiguës auxquelles il fait face.  La démocratie doit y être renforcée et ses problèmes doivent trouver des solutions au niveau local.  Malgré ses richesses naturelles et ses potentialités, le Nigéria doit d’abord régler lui-même ses complexes questions internes, avant que le monde extérieur ne soit vraiment en mesure de lui porter assistance.


Concernant les remarques faites par le Danemark sur le renforcement du dialogue entre la Banque et l’ONU, nous sommes prêts à participer à un vrai dialogue quand les règles de participation permettront une intervention sérieuse de notre part, et qui ne soit pas une intervention devant une salle vide, à cause des règles de préséance, a dit M. Wolfensohn.


Quant aux remarques du Guyana, qui s’appuient essentiellement sur les critiques de M. Joseph Stiglitz, ancien Economiste en Chef de la Banque mondiale, nous les acceptons.  Mais nous aimerions aussi que l’on voit les succès que nous avons obtenus.  Le fameux “consensus de Washington” est un concept qui a beaucoup évolué.  Quand au NEPAD, nous comptons beaucoup y participer.  Ses projets, qui couvrent généralement une base régionale, sont cependant complexes et demandent une étude approfondie en ce qui concerne leur financement et leur mise en œuvre.


Un des problèmes actuels vient du fait qu’au sujet de la mise en œuvre de nombreuses politiques de développement, les Nations Unies veulent coordonner nos actions, tandis que de notre coté, nous voulons aussi jouer le même rôle de coordonnateur.  Concernant la question de l’endettement excessif, nous essayons de venir en aide aux pays qui ont des services de dette insoutenables pour leur permettre de continuer à bénéficier de facilités de prêts, a conclu M. Wolfensohn.


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