En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/409

LA PREMIERE MISSION DU BUREAU DU HAUT REPRESENTANT POUR LES PMA EST DE MENER DES PLAIDOYERS EFFICACES EN LEUR FAVEUR, ESTIMENT DES DELEGATIONS

5/11/02
Communiqué de presse
AG/EF/409


Deuxième Commission

26e séance - après-midi


LA PREMIERE MISSION DU BUREAU DU HAUT REPRESENTANT POUR LES PMA EST DE MENER DES PLAIDOYERS EFFICACES EN LEUR FAVEUR, ESTIMENT DES DELEGATIONS


L’Afghanistan et le Burundi demandent que les PMA affectés par des conflits

reçoivent une attention particulière de la part du Bureau et des instances internationales


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a conclu cet après-midi, sous la présidence de M. Marco Antonio Suazo (Honduras), l’examen du point de son ordre du jour relatifà la Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.


Prenant la parole sur cette question, la représentante des Etats-Unis a estimé que la réussite de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés (PMA III) dépendrait essentiellement de l’élaboration de bonnes stratégies de réduction de la pauvreté au niveau national.  Les documents relatifs à ces stratégies, a-t-elle précisé, doivent continuer à être confectionnés par toutes les parties prenantes aux efforts de développement et doivent contenir des propositions basées sur l’expérience et les bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves et ont permis d’obtenir des résultats positifs.  En ce qui concerne la création du Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement, les Etats-Unis estiment qu’il doit d’abord être responsable des actions de plaidoyer dont ces pays défavorisés ont besoin auprès de la communauté internationale et des organes du système des Nations Unies qui doivent inscrire les objectifs de Bruxelles dans leurs programmes de travail, a dit la représentante.


Au cours du débat sur la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, de nombreuses délégations, regrettant par ailleurs les retards de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, se sont félicitées de l’intérêt marqué par la communauté internationale à la situation de ces pays, comme en témoigne la teneur des processus intergouvernementaux et internationaux des réunions suivantes: la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce tenue à Doha, la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey, le Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, de même que l’examen à mi-parcours des conclusions de la Dixième CNUCED qui a eu lieu à Bangkok et du Sommet du G8 tenue au printemps dernier à Kananaskis au Canada.



Les délégations des pays en développement se sont d’autre part félicitées de la tenue de la Conférence ministérielle des PMA qui s’est tenue à Cotonou, au Bénin, du 5 au 7 août 2002 et dont la Déclaration finale a attiré l’attention sur le rôle vital que jouent les produits de base et l’agriculture dans les économies des pays les moins avancés.  Ces activités sont les premières sources d’emplois, de recettes d’exportation et de recettes fiscales des Etats, ont-elles mentionné.


Au cours de son intervention, la représentante de l’Afghanistan, dont l’opinion a été soutenue par celle de la délégation du Burundi, a souligné les difficultés particulières que rencontrent les PMA sans littoral, qui sont peu attrayants pour les investissements étrangers et les flux financiers en général.  Dans ce contexte, elle a regretté qu’aucune mention n’ait été faite dans la Déclaration de Cotonou à la situation des PMA affectés par des conflits armés.  Elle a aussi regretté l’absence de cette question dans le rapport du Secrétaire général et a formé le vœu que les pays pauvres victimes de conflits reçoivent une attention particulière dans les missions assignées au Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement. 


Outre les intervenants cités ci-dessus, la Commission a entendu les délégations du Brésil, de Haïti (au nom de la CARICOM), de la Zambie, du Mozambique, du Soudan, de l’Ethiopie, de Madagascar, du Suriname, et de l’Ouganda.  Avant la conclusion de son débat sur les PMA, la Commission a entendu la présentation, par le Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, d’un projet de résolution relatif à l’application et au suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide des Nations Unies dans les domaines économique et social.


La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu jeudi prochain, le 7 novembre.



APPLICATION ET SUIVI INTEGRES ET COORDONNES DES RESULTATS DES GRANDES CONFERENCES ET REUNIONS AU SOMMET ORGANISEES SOUS L’EGIDE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ECONOMIQUE ET SOCIAL


Présentation d’un projet de résolution


La Deuxième Commission a entendu, sur ce point de son ordre du jour, la présentation, par le représentant du Venezuela, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, d’un projet de résolution sur l’application et le suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies dans les domaines économique et social (A/C.2/57/L.28).  Aux termes de ce projet de texte, l’Assemblée générale déciderait de créer un groupe de travail spécial auprès de l’Assemblée, à composition non limitée, placé sous la présidence du Président de l’Assemblée générale et dont les deux vice-présidents seront élus par le groupe lui-même. 


L’Assemblée déciderait également que les activités du groupe de travail doivent être compatibles avec les dispositions de la résolution 50/227 de l’Assemblée générale et les mécanismes de suivi dont sont convenues les différentes conférences et réunions au sommet; elles doivent respecter l’unité thématique de chaque conférence et mettre en relief les décisions relatives aux questions thématiques intersectorielles doivent être prises au niveau intergouvernemental; le groupe doit en outre axer ses travaux sur la mise en œuvre, en veillant à ce que le processus soit équilibré et respecte les principes du multilatéralisme et de la non-sélectivité, et qu’il ne soit pas imposé de conditions.


TROISIEME CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES


Déclarations


Mme LUISA ESCOREL DE MORAES (Brésil) a salué la portée du Programme d’action de Bruxelles qui contient une série d’engagements de la part des pays les moins avancés et de la communauté internationale dans différents secteurs, notamment dans la lutte contre la pauvreté, la promotion du développement économique et social et la pleine intégration de ces pays à l’économie mondiale.  Elle a fait sienne la proposition figurant dans le rapport du Secrétaire général relative à un renforcement des capacités de la CNUCED.  Après avoir indiqué que le Brésil se félicite de la décision de l'Assemblée générale de créer le Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, la représentante a déclaré qu'en dépit de ressources limitées, son pays est engagé à contribuer aux efforts de développement des PMA.  C’est la raison pour laquelle le Brésil est impliqué dans diverses initiatives, incluant la coopération technique, l’allégement ou la suppression de la dette et le renforcement des capacités, notamment en direction des pays africains lusophones, mais aussi en faveur d’autres pays en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou dans les Caraïbes.  Les succès du Brésil en matière de santé, d’éducation, de formation professionnelle et d’agriculture ont été réédités dans ces pays avec des résultats encourageants.  Selon la représentante, la coopération Sud-Sud a l'avantage d'être complémentaire de la coopération Nord-Sud.


Mme de Moraes s’est également félicitée des conclusions obtenues à l'issue des nombreuses conférences et sommets internationaux de ces dernières années.  En effet, il y a été souvent question de mettre en place un environnement mondial plus propice au développement des pays les moins avancés.  A cet égard, elle a souligné l’accès aux marchés occidentaux pour les produits des pays en développement, le transfert des technologies, l’allégement de la dette, l'augmentation conséquente de l’APD et les investissements privés.  Le succès du Programme d’action de Bruxelles, a-t-elle conclu, dépendra de la volonté politique de toutes les parties dans un esprit de partenariat et de solidarité.


Mme ARIAL SELJUKI (Afghanistan) a exhorté la communauté internationale a accordé tout le soutien nécessaire au Bureau du Haut Représentant pour les PMA pour lui permettre de faire face à ses attributions et d’atteindre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire et l’application effective du Programme d’action de Bruxelles.  Elle a salué la tenue future de la Réunion ministérielle internationale sur la coopération en matière de transport et de transit qui se tiendra au Kazakhstan en 2003.  Elle a souligné la vulnérabilité particulière des pays qui sont à la fois PMA et enclavés, des coûts et des handicaps que représente cette situation en matière d’infrastructures de transport et de compétitivité dans l’économie mondiale.  Elle a déclaré que, du fait de leurs handicaps, les PMA enclavés sont peu attractifs pour les investissements étrangers et les flux financiers en général.  Dans ce contexte, elle a regretté qu’aucune mention n’ait été faite dans la Déclaration de Cotonou, à l’issue de la Conférence ministérielle sur les PMA tenue au Bénin du 5 au 7 août 2002, à la situation des PMA frappés par les conflits.  Dans le même ordre d’idées, elle a regretté l’absence de cette mention dans le rapport du Secrétaire général en formant le vœu que cette catégorie de pays fasse l’objet d’une attention et d’un chapitre particuliers dans les attributions du Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits états insulaires en développement. 


Mme JANINE GUSTAFSON (Etats-Unis) a déclaré que son pays pense que la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA doit d’abord s’appuyer sur les stratégies de réduction de la pauvreté qui sont développées par toutes les parties prenantes et reflètent les meilleures pratiques à mettre en œuvre pour résoudre les problèmes particuliers de chaque pays.  Le principal objectif du Bureau du Haut Représentant pour les PMA devrait être celui d’actions de plaidoyer en faveur de ces pays.  Le Bureau doit veiller à ce que les termes du Programme d’action de Bruxelles soient inscrits à l’ordre du jour des travaux de tout le système de l’ONU.  Le Programme de Bruxelles et sa mise en œuvre doivent faire ressortir la place et le rôle de la responsabilité nationale, la bonne gouvernance, la bonne utilisation des ressources d’aide et l’importance du commerce et du secteur privé dans la promotion du développement.


Lors de sa session, le Conseil économique et social (ECOSOC) a demandé que le Bureau du Haut Représentant développe une base de données des réussites obtenues dans la conduite des actions de développement.  Notre pays estime que ce genre d’actions peut être conduit par des structures déjà existantes.  Nous sommes aussi préoccupés par la confusion qui pourrait s’instaurer entre le mandat du Bureau des PMA de la CNUCED, celui du Coordonnateur spécial pour l’Afrique et les PMA et celui du Bureau du Haut Représentant.  Nous demandons donc à ces différentes structures de renforcer leur coordination.


S’exprimant au nom des États du CARICOM, M. PIERRE-RICHARD CAJUSTE (Haïti) a rappelé que les PMA rassemblent une population de 614 millions d’habitants dont plus d’un tiers vit avec moins de 1 dollar par jour.  Ces pays, a-t-il ajouté, sont caractérisés par des institutions faibles, des infrastructures déficientes et des endémies majeures, telles le VIH/sida.  Les services sociaux de base sont insuffisants, et aux handicaps structurels, auxquels ils doivent faire face, s’ajoute leur décalage persistant par rapport au grand mouvement d’intégration qui engage l’économie mondiale dans une direction irréversible.  Entre 1990 et 2001, le commerce mondial s’est accru d’environ 6,5% par an alors que la part des PMA dans le commerce mondial s’est réduit de moitié.   


Il a regretté que malgré les promesses des institutions financières internationales, les PMA n’ont pas été récompensés de leurs efforts en matière de libéralisation.  Mais la situation des PMA, a-t-il ajouté, constitue aussi une menace pour la mondialisation.  Bien que les PMA soient responsables de leur développement, il faut que leurs efforts soient appuyés par la communauté internationale par le biais de véritables partenariats en direction de la promotion du développement économique et social.


Le représentant d’Haïti a également précisé que les sept engagements de Bruxelles, s’ils sont tenus, permettraient des progrès significatifs dans le domaine du développement économique et de la lutte contre la pauvreté.  C’est la raison pour laquelle les mécanismes de mise en œuvre, du suivi, de surveillance et d’examen prévus par l’Acte final de la Troisième Conférence ministérielle des PMA tenue à Cotonou (Bénin), nous paraissent particulièrement importants et utiles, afin d’éviter et de prévenir les situations désastreuses que les PMA ont connues après les deux premières conférences de 1981 et 1990.  De l’avis de la CARICOM, Haïti, seul pays moins avancé faisant partie de cette organisation régionale, fait face à trois grands problèmes essentiels : la normalisation du paysage politique; les redressements macroéconomiques à opérer dans son économie, perturbée après plusieurs années de décroissance et d’instabilité sociale; les réponses concrètes aux besoins les plus urgents des populations les plus défavorisées et l’enclenchement d’un véritable processus menant au développement humain.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, a le devoir de l’accompagner dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.  Pour que la solidarité de la communauté internationale à la cause des PMA ne reste pas au niveau des slogans, a-t-il conclu, la CARICOM espère une mobilisation rapide des ressources financières en vue de permettre l’établissement dans les PMA d’une base structurelle solide destinée au renforcement des taux de croissance et de dynamisation de l’économie se basant sur le développement durable


M. CARLOS MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a déclaré que les petites et moyennes entreprises (PME) sont la base du développement des PMA.  Ces entreprises sont une source importante de création d’emplois.  Elles contribuent à la richesse des pays tout en leur permettant de bénéficier de structures et de services.  Nous aimerions que les PME reçoivent plus d’attention dans les stratégies de réduction de la pauvreté.  En dehors de ce secteur, notre pays tient aussi à assurer la sécurité alimentaire de ses populations.  C’est pourquoi nous soutenons la promotion d’une agriculture durable.  La Zambie espère que les différents volets du Programme d’action de Bruxelles seront rapidement mis en place en permettant de lancer des activités de réduction de la pauvreté et de création de richesses.


M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) s’est félicité de la portée de la Conférence de Bruxelles sur les PMA qui a vu les pays développés s’engager en faveur du développement durable des PMA.  Il a formé le vœu que ce débat se poursuive, ce qui permettrait de procéder à une évaluation préliminaire des progrès effectués.  Il est important que, dans le cadre du programme d'action, les PMA prennent en main leur destin, et créent un environnement favorable à un développement à long terme.  Il est indispensable, a-t-il insisté, que les PMA puissent profiter d’un véritable soutien de la communauté internationale, notamment en matière d’APD, d’allégement de la dette et d'un meilleur accès aux marchés.  Il s’est félicité de la création du Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés et de la décision de la CNUCED de recentrer ses programmes pour les accorder aux priorités du Programme d’action de Bruxelles.  Il a regretté la baisse des ressources de la CNUCED et l’insuffisance des moyens du Bureau du Haut Représentant pour les PMA.  Les PMA sont prêts à prendre leurs responsabilités et nous formons le vœu qu’il en soit de même auprès de nos partenaires. 


M. TAPAS ADHIKARI (Népal) a déclaré que si les tendances actuelles se poursuivent, les PMA ne pourront réaliser les 3,6% de croissance qui leur sont indispensables, s’ils veulent, conformément aux Objectifs du Millénaire, réduire de moitié le nombre de leurs pauvres à l’horizon 2015.  La raison de cette incapacité à atteindre le taux de croissance qu’on attend d’eux vient du fait que les PMA ne peuvent, par eux-mêmes, mobiliser les ressources et les capacités dont ils ont besoin pour mener la guerre contre la pauvreté endémique qui les affecte.  Aggravant cette pauvreté, les conflits internes et les guerres régionales sont des obstacles majeurs aux efforts de développement et se nourrissent de la misère ambiante.  Le Népal a fait l’expérience de ce cercle vicieux de guerres qui se nourrissent de la pauvreté et vice-versa.  Le Programme d’action de Bruxelles est arrivé comme un trait de lumière dans cet environnement déprimant.  Mais l’absence de réalisations concrètes commence à faire douter de sa sincérité et fait percevoir l’absence de la politique nécessaire à sa mise en œuvre.  Pour sortir de la situation actuelle, les PMA ont besoin d’une relance de l’aide publique au développement (APD).  En l’an 2000, l’APD reçue par les PMA était de 30% inférieure à celle qu’ils avaient reçue en 1994.  Les PMA ont aussi besoin d’une réduction profonde de leur dette extérieure, qu’ils sont clairement incapables de rembourser.  Il est d’autre part ironique qu’au moment où l’on parle d’intégrer tous les pays à la mondialisation, la grande majorité des PMA reste exclue de l’Organisation mondiale du commerce et que les 49 pays membres de ce groupe n’aient reçu que 0,5% des montants totaux d’investissements étrangers directs (IED) qui ont circulé à travers le monde au cours des dernières années. 


M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a salué la création du Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés mais a regretté qu’il ait été doté de ressources trop modestes.  Selon le représentant, toutes les dispositions de la résolution portant création de ce Bureau n’ont pas été appliquées, comme en témoigne ses ressources humaines limitées.  Pour pallier cet inconvénient, il faudrait que des mesures soient prises à cet effet, ce qui permettrait à ce Bureau de remplir sa mission et de soutenir l’application du Programme d’action de Bruxelles.  Evoquant le rapport de la CNUCED de juin sur le nombre de pauvres vivant avec moins de 1 dollar par jour, il a rappelé qu’ils seront 420 millions en 2015, si nous ne faisons pas intervenir des changements radicaux dans les indicateurs et les outils actuels.


Parmi les évolutions positives, le représentant du Soudan a souligné les efforts de certaines institutions des Nations Unies qui ont décidé d’intégrer les priorités du Programme d’action de Bruxelles dans leurs activités opérationnelles.  Il a souligné la nécessité de lier les objectifs du NEPAD avec les priorités du Programme d’action pour les pays les moins avancés, notant que le tiers des pays du continent africain sont des PMA.  A cet égard, il a souligné le caractère symbolique de la Conférence ministérielle sur les PMA qui s’est tenue à Cotonou (Bénin) en août 2002.  Il a déclaré que, sans un appui immédiat et efficace de la communauté internationale, les PMA ne pourront sortir de leur situation catastrophique.  Cela passe par l’augmentation de l’APD, la réduction ou l’annulation de la dette, mais aussi des mesures spéciales pour les pays sortant de conflits. 


M. AZANAW ABREHA (Ethiopie) a déclaré que lors de son adoption, le Programme d’action de Bruxelles avait été qualifié par le Secrétaire général de l’ONU de “tournant majeur dans la vie quotidienne des populations des pays les plus pauvres de la planète”.  Malheureusement, les réalisations concrètes n’ont pas encore suivi les engagements de Bruxelles.  Bien que la communauté internationale se soit intéressée ces dernières années au sort des PMA, nous voulons faire remarquer que la chute des cours des matières premières à elle seule a eu un impact si négatif sur la vie de ces pays que les mesures d’aide qui ont été prises en leur faveur sont loin de pouvoir le contrebalancer.  L’Ethiopie demande donc qu’une solution juste soit trouvée à la question de la détérioration des termes de l’échange.  Car les PMA, qui dépendent souvent d’un seul produit d’exportation, n’ont aucune chance d’améliorer leur sort si les cours de ces produits ne sont pas stables.  Comme l’a si bien constaté la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans son rapport de l’an 2000 sur les PMA, la chute continue des cours des produits de base et des matières premières est la cause principale de la paupérisation de ces pays.


Mme DEPHALINNEE RAHANTABOLOLO (Madagascar) s’est félicitée de la prise en compte par les différents organes et les systèmes des Nations Unies de la mise en pleuvre du Programme d’action de Bruxelles dans leurs programmes de travail.  Elle s'est dit  convaincue que toute action de mise en œuvre de ce programme doit commencer au niveau local.  Dans ce contexte, elle a expliqué que son pays a élaboré différents programmes de façon à résoudre le problème du développement selon une approche globale de la lutte contre la pauvreté.  Elle a souligné le rôle essentiel de l’agriculture dans l’économie de son pays où la population rurale constitue 85% de la jeunesse, alors que près de la moitié de sa population a moins de 18 ans.  Elle a précisé que le Gouvernement malgache s’attèle à mettre en œuvre l’objectif du Sommet mondial pour l’alimentation de réduire, d’ici 2015, le nombre de la population souffrant de sous-alimentation.  Elle a précisé que le secteur agricole est le moteur du développement rapide et durable de son pays. 


Par ailleurs, elle a évoqué le Programme national d’amélioration de l’éducation de son pays, qui se fixe comme objectif principal d’augmenter le taux net de scolarisation, en améliorant le contenu des programmes scolaires et en réhabilitant les écoles ravagées par les cyclones.  Afin d’inciter les parents à faibles revenus d’envoyer leurs enfants à l’école, a-t-elle précisé, des cantines

scolaires sont mises en place dans le cadre du programme SECAALINE, avec un financement de la Banque mondiale.  En parallèle est mené un programme de


vaccination pour préserver les enfants contre les endémies majeures telles que la poliomyélite.  En conclusion, elle a rappelé que l’économie de Madagascar, qui est basée sur l’agriculture, est tributaire des aléas climatiques.  C’est pourquoi, son pays souhaiterait une coopération internationale accrue qui viendrait renforcer celle qui est déjà en place dans le cadre de la Commission de l’Océan indien avec une forte contribution technique et financière de l’Union européenne. 


Mme MURIEL M. HELD (Suriname) a déclaré que la communauté internationale devRait accorder une attention particulière aux PMA africains, qui constituent la majorité des pays de ce groupe.  Le poids de la dette sur les budgets africains doit être allégé si l’on veut que la majorité des nations de ce continent puissent réaliser les Objectifs de développement du Millénaire.  Le Suriname tient aussi à attirer l’attention de la communauté internationale sur les pays dits à “revenu intermédiaire”, qui ne sont pas des PMA, mais dont la situation économique et sociale se dégrade rapidement.  Le Suriname en fait partie.  En 1980, nous étions classés comme un pays en développement.  Nous avions une classe moyenne consistante et éduquée et notre monnaie, le florin, était indexé sur le dollar américain au taux de 1,80 florin pour un dollar. Mais aujourd’hui, le taux de change est passé à 1 dollar US pour 26 florins du Suriname.  60% de nos familles vivent désormais sous le seuil de pauvreté et 40% de leurs dépenses sont consacrées à leur alimentation.  Rien ne semble plus aller dans le bon sens et nous lançons un appel aux institutions de Bretton Woods pour qu’elles facilitent l’accès de tous les pays en développement à des ressources d’aide d’urgence et à l’APD.  Nous leur demandons de plaider pour le doublement de l’APD et d'intervenir auprès des sociétés transnationales pour les encourager à investir dans nos pays.


M. MARC NTETURUYE (Burundi) a abordé quatre domaines prioritaires repris dans le Programme d’action de Bruxelles pour la décennie 2001-2010 et sur lesquels l’action du Bureau du Haut Représentant devrait se focaliser.  A cet égard, il a évoqué la question de la lutte contre la pauvreté, le problème de la dette, l’augmentation et la rentabilisation de l’aide publique au développement et l’attention particulière à accorder aux pays en crise ou émergeant des conflits.  En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, il a évoqué le rapport 2002 de la CNUCED portant sur les PMA et qui souligne que 81% de la population des PMA, pour lesquels on dispose de données, vivaient avec moins de 2 dollars par jour entre 1995 et 1999.  Ce rapport précise également que 65% de la population des PMA africains vivaient avec moins de 1 dollar par jour, avec une consommation moyenne de 59 cents par jour.  Dans ce contexte, il a formé le vœu d’une collaboration constante entre le Bureau du Haut Représentant, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le secrétariat du NEPAD.  Il s’est félicité de la tenue, à Cotonou, en août dernier, de la Conférence ministérielle sur les PMA qui a souligné la nécessité de créer un fonds d’affectation spéciale pour les PMA qui serait géré par le Bureau du Haut Représentant.  S’agissant du problème de la dette, il a estimé que l’Initiative des petits pays très endettés (PPTE) créée pour alléger la dette des pays pauvres n’est pas une solution durable.  A cet égard, il a déclaré qu’il était urgent d’envisager des solutions alternatives allant dans le sens du financement de nouveaux allègements.


Par ailleurs, en matière d’augmentation et de rentabilisation de l’APD, le représentant du Burundi s’est félicité de l’engagement pris à Bruxelles par les pays donateurs d’accorder 0,20% de leur PNB aux PMA et a déclaré que ces mesures pourraient avoir des effets positifs.  Néanmoins, il a estimé que ces engagements sont insuffisants et a regretté que les promesses de Monterrey, Kananaskis et Johannesburg n’aient pas encore été mises en œuvre.  En conclusion, il a souligné la nécessité d’accorder une attention particulière aux pays en crise ou sortant de conflit.  A cet égard, il a précisé le lien entre la pauvreté et les conflits et a encouragé le Bureau du Haut Représentant à travailler de concert avec les mécanismes créés récemment au sein de l’ECOSOC, du Conseil de sécurité et des institutions de Bretton Woods, pour aider les pays en conflits à réussir leur sortie de crise, surtout lorsque ces pays, comme le Burundi, souffrent de handicaps supplémentaires comme l’enclavement. 


M. FRANCIS MUMBEY-WAFULA (Ouganda) a déclaré que la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles devrait se faire en temps voulu et selon un calendrier pertinent.  L’Ouganda se félicite de la création du Bureau du Haut Représentant et espère que la situation des pays en développement sans littoral et celle des petits Etats insulaires en développement bénéficieront de toute son attention.  Nous tenons à féliciter le Haut Représentant pour les efforts qu’il a déployés en faveur des PMA africains.  Les synergies entre la mise en œuvre du NEPAD et celle du Programme d’action de Bruxelles ont été clairement reconnues et nous espérons que le Bureau du Haut Représentant disposera bientôt des ressources financières et humaines dont il a besoin pour mener à bien ses tâches.  L’Ouganda espère que la Deuxième Commission recevra régulièrement des rapports du Secrétariat sur la manière dont le Bureau du Haut Représentant pourra prendre part à la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.  Pays enclavé, l’Ouganda accorde une grande importance à la tenue prochaine de la Conférence ministérielle qui aura lieu bientôt au Kazakhstan.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information. Document non officiel.