AG/EF/406

POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, LA GOUVERNANCE INTERNATIONALE DEVRAIT EVOLUER AU MEME RYTHME QUE LA MONDIALISATION DE L’ECONOMIE

1/11/02
Communiqué de presse
AG/EF/406


Deuxième Commission

23e séance - après-midi


POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, LA GOUVERNANCE INTERNATIONALE DEVRAIT EVOLUER AU MEME RYTHME QUE LA MONDIALISATION DE L’ECONOMIE


La mondialisation doit s’appuyer sur des normes

de travail universellement agréées, estime l’Union européenne


Poursuivant cet après-midi son débat général, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné le point de son ordre du jour relatif à la mondialisation et à l’interdépendance.


Prenant la parole sur cette question, le représentant de la Chine a regretté que les structures multilatérales de la gouvernance mondiale n’aient pas évolué au même rythme que la mondialisation de l’économie, des échanges commerciaux, des finances, et des investissements.  « La démocratisation qui est promue au niveau international devrait s'accompagner de l'intégration de tous les pays aux structures mondiales de gouvernance et de décision », a estimé le représentant, qui traduisait ainsi le point de vue de nombreux Etats en développement.  Pour ces Etats, la communauté internationale doit réformer les systèmes financiers, monétaires et commerciaux internationaux actuels dont dépendent les mécanismes de la mondialisation. 


Les institutions qui gèrent ces systèmes, initient leurs règles et en définissent les normes, doivent devenir plus démocratiques et plus équitables en améliorant et en renforçant la participation des pays en développement dans leurs processus de décisions, de façon à ce que les besoins et les intérêts de tous les pays et de tous les peuples soient pris en considération.


Pour la délégation de la Malaisie, on ne peut abandonner l’évolution des économies et la vie des peuples qui en dépendent aux seules lois du marché.  Bien qu’ayant instauré une économie de type libéral et ouvert, la Malaisie pense que les règles et le système du commerce mondial actuel sont injustes et n’aboutissent qu’à une exploitation systématique des pays les plus pauvres et les plus faibles par les nations les plus riches et les plus puissantes, a estimé le représentant de ce pays.  Tout en soutenant la création d’un monde plus interdépendant et plus interconnecté, la Malaisie et les autres pays en développement souhaitent que le nouveau contexte international reflète un nouveau paradigme basé sur le dialogue, le respect mutuel et la dignité des peuples.


Dans son intervention, la représentante du Danemark, a, au nom de l’Union européenne, déclaré que le commerce est au centre du processus de mondialisation et représente aussi le moteur de la croissance et du développement.  Aussi l’Union européenne s’engagera-t-elle fermement à mener à terme la réalisation de l'"Agenda pour le développement" issu de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’est tenue à Doha, au Qatar.  Premier marché à l’exportation des pays en développement, l’Union européenne, a dit la représentante, a déjà pris des mesures positives, comme celles adoptées à Bruxelles en faveur des pays les moins avancés, qui leur permettront d’exporter tous leurs produits, sauf les armes, vers les pays européens sans taxes douanières et sans quotas.  Concernant la gouvernance de la mondialisation, la représentante du Danemark a rappelé que les pays européens soutiennent une totale application des normes de travail internationalement agréées et contenues dans la Déclaration de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative aux principes et aux droits fondamentaux des travailleurs.  L’Union européenne soutient, sur cette question, la création, par l’OIT, d’une Commission sur la dimension sociale de la mondialisation.


La Deuxième Commission a, avant l’examen du thème de la mondialisation et de l’interdépendance, adopté un projet de résolution relatif à l'"Année de l’Etat kirghize", et elle a aussi entendu la présentation, par la délégation du Venezuela, de deux projets de résolution relatifs à la « Création d’un Fonds mondial de solidarité » et à la « Mise en œuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006) ».


Outre les intervenants cités plus haut, la Commission a entendu les délégations du Pakistan, de la Fédération de Russie, du Brésil (au nom des Etats du Mercosur), de la Croatie, de Sainte-Lucie (au nom de la CARICOM), d’Israël, des Philippines, de l’Indonésie, de la Thaïlande, de la Zambie, du Népal et du Nigéria.  La représentante de l’Organisation internationale du travail (OIT) s’est exprimée, ainsi que le Directeur de la Division pour l’appui et la coordination du Conseil économique et social (ECOSOC).


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi, le 4 novembre, à 10 heures.


MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE (1997-2006)


Présentation de projets de résolution


La Commission a entendu, de la part du représentant du Venezuela, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la présentation d’un projet de résolution sur la création d’un Fonds mondial de solidarité (A/C.2/57/L.23).  Aux termes de ce projet de texte, l’Assemblée générale déciderait que le Fonds mondial de solidarité donnera suite aux demandes émanant de gouvernements des pays en développement relatives au financement de projets visant à atténuer la pauvreté, notamment de projets exécutés par les collectivités.


Le représentant du Venezuela a présenté à la Commission, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, un projet de résolution relatif à la mise en œuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006) (A/C.2/57/L.24), aux termes duquel l’Assemblée générale soulignerait que l’élimination de la pauvreté est le plus grand défi dans le monde d’aujourd’hui et qu’elle est la condition indispensable de tout développement durable, en particulier pour les pays en développement.  L’Assemblée soulignerait également que la fracture sociale entre les riches et les pauvres et le creusement des inégalités entre pays développés et pays en développement font peser une lourde menace sur la prospérité, la sécurité et la stabilité de la planète.


DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE: CULTURE ET DEVELOPPEMENT


Décision sur un projet de résolution


Après l’introduction des deux projets de textes mentionnés plus haut, la Commission a adopté à l’unanimité un projet de résolution relatif à l’Année de l’Etat kirghize” (A/C.2/57/L.11), aux termes duquel l’Assemblée générale saluerait les efforts déployés par le Gouvernement de la République kirghize pour célébrer en 2003 l’Année de l’Etat kirghize” et pour organiser des activités à cette fin.  L’Assemblée inviterait les Etats Membres de l’ONU, de ses institutions spécialisées et les autres organisations intergouvernementales internationales et régionales, ainsi que les organisations non gouvernementales et les fondations, à participer aux manifestations organisées par la République kirghize pour célébrer l’année 2003.


MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE


Présentation du rapport sur le Rôle des Nations Unies en faveur du développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance (A/57/287)


Dans un monde marqué par une interdépendance croissante, il est devenu indispensable d’améliorer la gouvernance économique à tous les niveaux pour maximiser les avantages de la mondialisation pour l’humanité tout entière. Le présent rapport décrit certains aspects pertinents de la gouvernance économique à l’échelle mondiale, régionale et nationale.


Il signale les domaines où il serait utile de débattre des modalités de mise en œuvre des recommandations de récentes conférences mondiales des Nations Unies.  Le rapport recense aussi les questions qui devraient faire l’objet d’une réflexion plus approfondie au niveau intergouvernemental.  Il s’agira notamment d’examiner les mesures visant à accroître la cohérence et la compatibilité des systèmes monétaire, financier et commercial à l’appui du développement et les moyens d’accroître le rôle de la société civile dans le cadre des processus intergouvernementaux. 


Présentant le rapport, M. KHAN SARBULAND (Division d’appui et de coordination de l’ECOSOC du Département des affaires économiques et sociales) a déclaré que dans les différentes Conférences (Monterrey et Johannesburg) il a été discuté de la mondialisation de façon très approfondie et des questions clefs sont ressorties de ces débats.  Parmi ces questions, celle de la bonne gouvernance économique aux niveaux national, régional et international se trouve au cœur des questions de développement.  Ces questions ne peuvent se régler facilement, car on ne peut changer les comportements et les mentalités du jour au lendemain. 


Les questions de bonne gouvernance, a-t-il ajouté, sont liées aux questions de développement, car ce sont deux faces de la même pièce.  Dans ce domaine, il est difficile d’avoir des idées nouvelles.  C’est pourquoi, nous nous sommes efforcés dans ce rapport de rassembler toutes les idées fondamentales qui s'y rapportent, tout ce qui a été dit sur la bonne gouvernance, en tenant compte des idées et propositions avancées, y compris les recommandations de l’OIT sur la bonne gouvernance sociale.  Nous y évoquons, entre autres, les problèmes de la corruption et du blanchiment de l’argent.  C’est la première tentative du Secrétaire général d’approfondir le débat sur la mondialisation pour faire en sorte qu’elle devienne une force positive en mettant l’accent sur certaines priorités, notamment la bonne gouvernance. 


Déclarations


M. VICENTE E. VALLENILLA (Venezuela) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que la question de l’interdépendance dans le cadre de la mondialisation est d’une importance vitale.  Cette question éveille de nombreuses interrogations aussi bien au sein des gouvernements que de la société civile et des institutions internationales.  Les pays en développement pourront-ils parvenir à une croissance soutenue, à l’heure de la mondialisation économique et de la libéralisation des flux financiers?  Il serait souhaitable que nous parvenions à un accord sur la question, ce qui nous amènerait ensuite à appuyer les mesures nécessaires devant aboutir à la libéralisation et à l’équité des échanges commerciaux.  L’objectif final serait de parvenir à un partage équitable des bénéfices de la mondialisation entre les différents pays et peuples du monde.  Le rapport du Secrétaire général sur cette question nous soumet des idées fortes, comme celle de l’inclusion de la justice et de l’équilibre dans les cadres internationaux de réflexion et de prise de décisions.  Nous devons examiner soigneusement ces recommandations.  Avec de la bonne volonté, nous pouvons atteindre les buts qui permettraient de rendre la mondialisation plus humaine et bénéfique à un plus grand nombre.


S’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) a rappelé que les récentes conférences internationales ont souligné la nécessité de procéder à un développement dans le respect de l’environnement.  L’Union européenne, a-t-elle ajouté, est convaincue que la mondialisation nous offre de grandes chances pour favoriser le développement économique.  Nous reconnaissons également que tous les pays ne bénéficient pas de la même façon des avantages et opportunités offerts par la mondialisation.  Nous avons trop tendance, a-t-elle regretté, à nous concentrer sur les aspects économiques de la mondialisation.  C’est pourquoi, il est nécessaire de privilégier une approche intégrée couvrant les aspects sociaux.  Elle a également souligné l’importance d’une bonne gouvernance aux niveaux national, régional et international pour créer un environnement propice au développement. 


Par ailleurs, elle a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts nationaux de renforcement des capacités et de réforme des institutions.  Elle a souligné l’importance du renforcement des collectivités locales, ainsi que d’une véritable transparence du fonctionnement des institutions financières internationales.  Il nous faut également, a-t-elle insisté, un système commercial international plus équitable.  L’Union européenne représente un marché d’une grande importance pour les pays en développement et nous faisons nôtre les engagements pris à Doha en matière d’ouverture des marchés, notamment en direction des PMA.  La dimension sociale de la gouvernance mondiale doit être renforcée et cela passe par l’application de normes au niveau universel, des textes arrêtés dans ce domaine, notamment en matière de normes et règles du droit du travail.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré qu'à l'échelle mondiale les structures de gouvernance multilatérale n’ont pas évolué au même rythme que la mondialisation de l’économie et des finances.  Nous notons que le rapport du Secrétaire général parle essentiellement de gouvernance financière.  La Chine estime qu’une démocratisation globale doit aller de pair avec une intégration mondiale.  Cette fin exige la réforme des systèmes financiers, monétaires et commerciaux existants, qui doivent devenir plus démocratiques et équitables.  La participation des pays en développement doit être renforcée dans les processus de décisions, de façon à ce que leurs besoins et leurs intérêts soient pris en compte.  Nous pensons aussi que la mondialisation devrait respecter la diversité et l’appropriation par les pays de leurs politiques.


Les faits montrent clairement qu’il n’y a pas un modèle unique de développement.  Les pays doivent donc avoir le droit de choisir leur propre voie et modèle de développement économique et social.  Il leur revient de choisir l’allure à laquelle ils opèrent les changements qui accompagnent leurs réformes et leurs transformations.  Ensuite, la Chine estime que la mondialisation devrait renforcer la cohérence des politiques et la consistance entre les actions des institutions mondiales.  La Conférence de Monterrey a montré que l’on peut développer une approche intégrée des questions financières, économiques, d’investissement et de coopération pour le développement.  Enfin, notre pays estime que la mondialisation devrait renforcer l’interdépendance et la solidarité.  Une de ses caractéristiques devrait être le partage des intérêts, des bénéfices et des responsabilités.  Nous devrions parvenir au partage équitable des bénéfices et de la prospérité mondiale.


M. MOHAMMAD HASSAN (Pakistan) a évoqué les oppositions entre ceux qui sont favorables à la mondialisation et ceux qui souffrent de ses conséquences négatives et qui n’y voient qu’une nouvelle forme d’exploitation et de domination.  Il a rappelé les difficultés particulières des pays en développement et de leurs efforts pour pouvoir profiter de la mondialisation.  Les Conférences de Doha, Monterrey et Johannesburg, a-t-il précisé, se sont engagées à réduire les conséquences négatives de la mondialisation.  Malheureusement, a-t-il ajouté, les effets de la mondialisation continuent d’élargir le fossé entre les privilégiés et les défavorisés, et les petites économies ont été marginalisées.  Le défi social et économique doit être attaqué de façon cohérente.  Cela passe par la mise en place d’une réelle coopération entre les pays du Nord et du Sud et d’une collaboration avec les institutions financières internationales et la société civile.


Le représentant du Pakistan a également souligné les quatre priorités pour favoriser la bonne gouvernance aux niveaux national et international, à savoir les efforts de cohésion à l’échelle mondiale; la participation aux prises de décisions et à l’établissement des normes; le rôle de la société civile dans les processus intergouvernementaux et la coopération contre la corruption et la criminalité transnationale.  Il a regretté que les pays développés appliquent peu les principes qu’ils se sont engagés à respecter en matière d’ouverture des marchés.  Il a formé le vœu que l’on n'oublie pas l’aspect humain de la mondialisation.  Dans ce contexte, il s’est félicité des efforts de l’OIT, comme en témoigne la mise en place d’une Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. 


M. VICTOR ZAGREKOV (Fédération de Russie) a déclaré que seule une approche commune et concertée, au centre de laquelle doit être placée l’ONU, permettra de faire face aux problèmes complexes que pose la mondialisation.  Nous devons pouvoir mettre fin à l’accroissement des inégalités et à la paupérisation rampante, qui frappent de plus en plus différentes parties du monde.  La Fédération de Russie soutient les propositions du Secrétaire général et nous pensons que l’Assemblée générale devrait avoir les capacités de passer en revue l’évolution des mécanismes de la mondialisation.  L’ONU doit jouer un rôle actif dans la mise en œuvre des valeurs et des politiques que la communauté internationale a adoptées dans le Consensus de Monterrey.  L’Organisation doit pouvoir développer le dialogue qu’elle mène avec les institutions de Bretton Woods. 


La Russie pense que le soutien aux pays à économie en transition pourrait être amélioré dans les grandes lignes du Consensus de Monterrey.  Le processus d’intégration à la mondialisation pourrait être facilité par la création d’un mécanisme réellement universel.  La question commerciale devrait être au centre des politiques d’intégration aux échanges commerciaux et à la modification des structures mondiales de production de biens.  Nous appuyons la proposition du Secrétaire général de créer un Bureau chargé de la promotion des partenariats internationaux.  Notre pays demande d’autre part qu’une étude minutieuse soit menée sur les flux illicites d’argent qui transitent de certaines régions vers d’autres, aux dépends des Etats et de leur sécurité.


S'exprimant au nom des Etats du Mercosur, Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a noté que les conséquences de la mondialisation sont différentes selon les pays et peuvent de ce fait être interprétées de différentes façons.  Transformer les problèmes de la mondialisation en avantages et opportunités implique que l’on renforce la cohésion dans de nombreux domaines de la coopération internationale.  Elle a rappelé que les institutions qui mettent en place les politiques internationales ont une responsabilité immense parce qu’elles influencent les décisions des pays en développement.  En s’attaquant au déficit démocratique, chaque pays doit évaluer le type d’insertion dans la mondialisation qui lui convient le mieux pour éviter ses effets nuisibles.  L’un des défis des Nations Unies est de suivre cette coopération internationale, aussi bien dans les réunions de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods, que dans le dialogue de haut niveau à l’Assemblée générale. 


Par ailleurs, la représentante du Brésil a regretté le fossé qu’il y a entre les discours des pays développés et la réalité des mesures protectionnistes qu’ils mettent en place.  Elle a souligné les efforts des pays du Mercosur pour ouvrir leurs marchés, en souhaitant que les pays développés en fassent de même.  Certaines mesures sont essentielles pour  faire de la mondialisation une force positive.  Parmi elles, il y a l’augmentation de l’APD, l’annulation de la dette ou encore la création d’un environnement international favorable à l’investissement dans les pays en développement.  Il faut fixer de nouveaux cadres afin de corriger les lacunes de la mondialisation pour que ce processus, qui a les moyens de créer des richesses, puisse aussi demain les distribuer équitablement. 


M. CHEAH SAM KIP (Malaisie) a déclaré que son pays, qui a toujours été une économie ouverte et qui soutient la mondialisation, pense cependant que les structures actuelles de ce phénomène affectent négativement les pays en développement.  Notre propre expérience nous a montré que la mondialisation contient autant de risques que de potentiel.  Il est facile de détruire et de déstructurer l’économie d’un pays, mais beaucoup plus difficile de la reconstruire.  Nous ne croyons pas aux fameuses “forces invisibles du marché” qui autoréguleraient les asymétries que nous observons tous.  La mondialisation est avec nous pour longtemps, mais nous devons faire en sorte que tous les pays et peuples y aient les mêmes chances.  Les processus de réflexion et de prise de décisions mondiaux doivent être réformés de manière à ce que les vues et les intérêts des pays en développement et des pays les plus faibles soient pris en compte.  Le commerce international mondialisé est profondément injuste quand toutes ses structures sont tournées contre les pays en développement.  La mondialisation, dans ces circonstances, n’est alors qu’une forme d’exploitation des nations pauvres et faibles par les plus fortes.  Les asymétries du système perpétuent les déséquilibres économiques et sociaux mondiaux.  La Malaisie réitère sa foi en un monde interconnecté et interdépendant dans lequel les relations entre Etats devraient être fondées sur un nouveau paradigme respectant non seulement la souveraineté de chacun, mais aussi sa dignité.  Nous sommes en faveur d’un dialogue qui mette fin aux incompréhensions.


Mme IRENA ZUBCEVIC (Croatie) a déclaré que tous les facteurs de la mondialisation doivent devenir plus inclusifs et équitables.  Cela passe par la mise en place de stratégies permettant une meilleure distribution des possibilités offertes par la mondialisation.  Avec le Sommet du Millénaire et la Conférence de Doha, a-t-elle ajouté, nous disposons d’un cadre pour la mise en œuvre d’une mondialisation plus équitable.  En matière de bonne gouvernance, a-t-elle précisé, la responsabilité incombe à la fois aux institutions internationales et aux pays en développement eux-mêmes, pour la mise en place d’un environnement favorable aux investissements.  Nous devons nous demander ce que les Nations Unies peuvent faire pour que la mondialisation devienne plus inclusive.  Cela passe par une meilleure coopération entre les fonds et programmes des Nations Unies dans le souci d’une meilleure efficacité pour atteindre les Objectifs du Millénaire.  Nous devons établir un lien entre les objectifs que nous nous sommes fixés et les moyens de les financer, en relation avec les Institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. 


M. EARL HUNTLEY (Sainte-Lucie) a déclaré, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que les Nations Unies ont besoin d’être consolidées pour pouvoir déployer davantage d’efforts à la question du développement.  Ainsi l’ONU pourrait-elle influer sur le mandat et les travaux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Ce mandat existe dans le texte du Consensus de Monterrey et la CARICOM souhaite que sa mise en œuvre soit reflétée lors des travaux de la Cinquième Réunion ministérielle de l’OMC.  Nous rappelons la demande que nous avons faite en vue de la mise en place d’arrangements institutionnels entre l’ONU et l’OMC, comme cela existe avec d’autres agences du système.  Nous demandons au Secrétaire général de nous soumettre un rapport factuel sur une proposition d’arrangement en la matière.


Le moteur de la mondialisation est l’activité que mènent les sociétés transnationales.  Le rapport publié par la CNUCED en 2002 sur les investissements montre que le rôle de ces sociétés s’accroît et devient de plus en plus influent dans l’économie mondiale.  L’année dernière, les 850 000 filiales étrangères des 65 000 sociétés transnationales employaient 54 millions de personnes, alors qu’en 1990 on ne comptait que 20 000 employés.  Leurs ventes se sont élevées à 19 trillions de dollars l’an dernier et ont pratiquement doublé par rapport à l’année 1990.  Leurs filiales étrangères génèrent maintenant 11% du PNB mondial, soit le tiers des exportations commerciales de la planète.  Les secteurs de la pharmacie, de l’énergie, des transports et des télécommunications, base du développement, sont l’épine dorsale de cette activité économique.  Mais curieusement, on veut forcer les pays du Sud à les privatiser totalement et à les mettre systématiquement aux mains d’intérêts étrangers.  Qui contrôle ces secteurs contrôle en fait la vie économique, politique, culturelle et sociale des pays.  Les Etats de la CARICOM demandent que soit remise en place l’Unité chargée des sociétés transnationales qui existait au sein du Secrétariat.  Les pays en développement ont besoin des services de cette structure pour faire face aux problèmes que leur posent certaines des activités de ces sociétés.


M. ALI YAHYA (Israël) a déclaré que les effets des conséquences de la mondialisation touchent des domaines des plus variés comme l’éducation, l’environnement, la culture, le sport et le tourisme entre autres.  Tous les aspects de notre vie ont été d’une façon ou d’une autre altérés par les effets de la mondialisation.  Il faut que la communauté internationale s'applique à créer un équilibre entre la croissance économique et la protection de l’environnement et de la diversité biologique, tout en tenant compte des intérêts des riches et des attentes des pays en développement.  Il a fait part de l’expérience de son pays concernant l'afflux de différentes générations d’immigrés, avec leurs différentes langues et cultures.  Il s’agit, a-t-il ajouté, de faire de la mondialisation un processus inclusif qui répond aux besoins de la majorité.  Il s’agit d’utiliser les technologies nouvelles au service du progrès économique et social.  Israël a toujours accentué ses efforts pour la coopération internationale sur la capacité d’édifier et de développer de nouveaux partenariats.  Mais nous sommes aussi convaincus que les Etats doivent faire les efforts qui s'imposent pour répondre à leurs propres besoins et créer un environnement national propice à l’investissement. 


M. JAIME LOPEZ (Philippines) a déclaré que la lutte contre la pauvreté reste l’élément central pour assurer le développement durable et que le développement national relève de la responsabilité première de chaque pays.  Néanmoins, les pays en développement ont besoin d’un mécanisme leur permettant de faire face aux conséquences des fluctuations commerciales et financières internationales.  Nous faisons nôtre la nécessité d’une bonne gouvernance dans les secteurs public et privé et nous poursuivons nos réformes institutionnelles en tenant compte de nos priorités nationales, dans le souci d’optimiser notre participation à l’économie mondiale.  Ce dont les pays en développement manquent le plus, ce sont les capitaux.  A ce titre, il nous faut plus d’investissements étrangers directs et plus d’aide publique au développement et de réelles mesures de réduction de la dette.  Pour que la mondialisation devienne une force positive, a conclu le représentant des Philippines, il faut faciliter l’accès aux ressources internationales aux pays en développement et renforcer la cohérence des institutions financières, commerciales et monétaires internationales.  Les Consensus de Doha, Monterrey et Johannesburg nous fournissent les cadres propices pour guider nos actions visant à transformer la mondialisation en une force positive pour tous, a-t-il conclu. 


M. DJAHAURI ORATMANGUN (Indonésie) a déclaré que son pays soutient les recommandations contenues dans le Consensus de Monterrey et visant à soutenir le développement de structures de gouvernance économique réellement opérationnelles dans les pays en développement.  Notre délégation partage les points de vue du Secrétaire général quand il appelle la communauté internationale à fournir aux pays du Sud une assistance technique renforcée et plus de ressources pour le renforcement des capacités institutionnelles.  L’Indonésie pense que le principal défi à relever aujourd’hui est celui de mettre le pouvoir et le potentiel de la mondialisation au service du développement et de l’élimination de la pauvreté.  Pour y arriver, des actions doivent être menées à la fois au niveau international et au niveau national.  Nous devons promouvoir la transparence et l’inclusion des pays et des populations dans la mondialisation; ainsi que la participation des pays en développement dans les processus de conception et de décision politique et économique.


M. APIRATH VIENRAVI (Thaïlande) a déclaré que la mondialisation constitue un défi pour les pays en développement.  La question centrale est de savoir comment faire pour que la mondialisation profite à tous les habitants de notre village mondial.  Attirant l’attention sur l’aspect financier de la question, il a indiqué qu’une économie stable et saine exige une architecture financière internationale réformée, ce qui aurait aussi pour corollaire de promouvoir la stabilité financière internationale.  Nous demandons à la communauté internationale de faire siens les principes arrêtés lors de la Conférence de Monterrey et le Plan de Bangkok adopté lors de la 10ème Conférence internationale de la CNUCED.  Il faudrait également une réforme des institutions de Bretton Woods pour renforcer la participation des pays en développement.  Le représentant invite les pays en développement à avoir recours au soutien de l’Institut international de commerce et de développement, situé à Bangkok, pour les actions à entreprendre afin de pouvoir bénéficier des opportunités offertes par la mondialisation.


M. LUKWESA KAEMBA (Zambie) a déclaré que l’évolution actuelle risquait de bientôt soumettre aux lois du marché tous les domaines de la vie quotidienne des pays et des populations.  En ce qui la concerne, la Zambie doit faire face, dans l’immédiat, à des problèmes de base, notamment de sécurité alimentaire.  L’exploitation minière, notamment du cuivre, sur laquelle était basée notre économie, connaît des problèmes au niveau mondial à cause de la chute continuelle des prix.  Nous avons reçu une certaine assistance de la part de nos partenaires, mais elle est insuffisante face aux problèmes qui se posent à nous.  Nous leur demandons de nous aider dans le domaine commercial, en facilitant l’accès des biens et des produits zambiens, notamment agricoles, sur leurs marchés.


Mme CAROLINE LEWIS (Organisation internationale du Travail) a souligné la nécessité de promouvoir la gouvernance mondiale qui sera un des thèmes privilégiés abordés par la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation créée par l’OIT en mars 2002.  Il est nécessaire, a-t-elle ajouté, de réduire le déficit démocratique et d’améliorer l’efficacité politique des institutions internationales.  Ce besoin, a-t-elle précisé, ne fait que croître, comme en témoigne la volonté sans cesse réaffirmée d’élargir le nombre de membres du Conseil de sécurité.  Elle a évoqué la possibilité de créer une législature mondiale.  Le monde, a-t-elle regretté, ne dispose pas d’un mécanisme satisfaisant pour anticiper les chocs mondiaux et pour permettre à toutes les parties de se faire entendre.  Un milliard de personnes travaillent dans une économie non structurée, où ils ne gagnent pas assez pour vivre décemment.  En conclusion, elle a également souligné la nécessité de réformer la structure de gouvernance des institutions financières internationales dans le souci d’une meilleure participation de toutes les parties concernées au processus de prise de décisions. 


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a regretté que la mondialisation n’ait pas profité aux 1,2 milliard de personnes qui vivent dans une pauvreté extrême dans les pays en développement.  Elle a rendu les riches plus riches et les pauvres plus pauvres et cette situation est explosive, a-t-il ajouté.  Il a exhorté la communauté internationale à suivre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire et les conclusions des Conférences de Monterrey et de Johannesburg pour développer les capacités productives des pays en développement et ouvrir les marchés occidentaux à leurs produits.  Les pays développés devraient les aider en développant l’aide publique au développement, l’investissement étranger direct, en annulant les barrières tarifaires et non tarifaires, et en mettant fin aux subventions.  Il faudrait aussi faciliter l’entrée des pays en développement à l’OMC.  Dans le même ordre d’idées, il a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre le programme d’action de Bruxelles.  Les groupes régionaux et sous-régionaux pourraient être un instrument déterminant pour renforcer les capacités au niveau local, en se fondant sur des objectifs communs.  Le système des Nations Unies peut générer de grandes pressions sur les pays riches et les institutions financières pour qu’ils changent leur façon de travailler et devenir de réels partenaires des pays en développement. 


M. PAUL LOLO (Nigeria) a fait observer que notre monde doit faire face au diktat des forces du marché.  Selon lui, le défi que nous nous devons de relever, pour faire de la mondialisation une force positive, serait de créer un environnement mondial favorable à tous.  Pour l’heure,  a-t-il ajouté, le problème qui se pose à nous est la prévalence de la pauvreté.  Nous avons le devoir de promouvoir le progrès social et, pour ce faire, le rôle des Nations Unies est incontournable.  Nous sommes convaincus que l’Organisation des Nations Unies devrait jouer un rôle de locomotive pour la mise en œuvre des grandes conférences internationales.  Pour y parvenir, il faudrait une meilleure cohésion entre les fonds et les programmes des Nations Unies, dans l’intérêt d’un meilleur suivi des résultats des conférences et de l’évaluation des responsabilités.  Il a rappelé que son pays était à l’avant-garde de la mise en œuvre du NEPAD et qu’il était parfaitement conscient des responsabilités qui lui incombent.  Le représentant a évoqué le problème de la dette des pays en développement qui ont souvent remboursé bien plus que ce qu’ils ont emprunté.  Dans ce contexte, il a souligné la nécessité d’une nouvelle architecture financière internationale qui permette de faire entendre la voix des pays en développement. 


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