LES DELEGATIONS DEMANDENT L’ADOPTION D’UNE CONVENTION MONDIALE CONTRE LA CORRUPTION
Communiqué de presse AG/EF/396 |
Deuxième Commission
10e séance – matin
LES DELEGATIONS DEMANDENT L’ADOPTION D’UNE CONVENTION
MONDIALE CONTRE LA CORRUPTION
Les délégations qui ont pris la parole, ce matin, dans le cadre du débat sur le point relatif aux questions de politique sectorielle se sont prononcées en faveur de l'adoption d'une convention mondiale contre la corruption. Elles ont constaté que ce fléau a déjà coûté environ 400 milliards de dollars à l'Afrique. Dans ce cadre, la Deuxième Commission a débattu plus particulièrement de la coopération pour le développement industriel, de l’action préventive de la lutte contre la corruption et le transfert illégal de fonds, ainsi que du rapatriement desdits fonds dans leurs pays d’origine.
Donnant une idée des conséquences extrêmement négatives du phénomène de la corruption, le représentant du Nigéria, a déclaré que son pays en est la première victime puisque des 400 milliards de dollars en provenance d’Afrique, environ 100 milliards proviennent du budget national du Nigéria. Ces fonds ont été illégalement transférés, en grande partie au cours de la dernière décennie, vers des banques étrangères, a précisé le représentant. A titre comparatif, il a indiqué que les 28 milliards de dollars de la dette extérieure de son pays ne représentent que 28% des sommes détournées de son budget au fil des années. Aussi le Nigéria espère-t-il qu’une convention internationale contre le fléau de la corruption sera rapidement adoptée. Exprimant l’inquiétude que cause ce problème, de nombreuses délégations ont néanmoins rappelé que les négociations sur la création et l’adoption d’une convention internationale des Nations Unies contre la corruption sous tous ses aspects se poursuivent en ce moment même à Vienne, en Autriche. Elles ont souhaité qu’elles aboutissent, dans les meilleurs délais, à un consensus qui permettrait la mise en place d’un instrument juridique, universel et légalement contraignant, qui viendrait s’ajouter aux mesures instaurées au plan national et donnerait à la communauté internationale les moyens de lutter efficacement contre ce mal.
Au nom des pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la délégation du Guyana s’est inquiétée que les mesures actuellement prises par certaines institutions et certains groupes de pays, notamment ceux de l’OCDE, en vue de lutter contre le blanchiment d’argent, ne prennent pas en compte les intérêts des petits Etats insulaires en développement dont les économies dépendent, en grande partie, des revenus que génèrent les services financiers offshore qu’ils offrent à l’économie mondiale.
Faisant part des efforts que son pays a déployés pour faire face aux flux d’argent illicites, le représentant de la Fédération de Russie a noté que les actions menées par son gouvernement avaient été jugées positives par le comité d’experts de l’OCDE chargé de la question, ce qui a abouti au retrait du nom de la Russie de la liste des Etats soupçonnés de laxisme dans la lutte contre l’argent sale. Pour sa part, le représentant du Pérou a parlé de la coopération qui s’était établie entre son gouvernement et celui de la Suisse pour montrer qu’un dialogue basé sur des normes internationales pouvait aboutir à la résolution de la question épineuse du rapatriement de fonds détournés vers leur pays d’origine.
Sur la question de la coopération pour le développement industriel, les délégations du Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, du Pakistan et de l’Inde ont estimé que le principal défi à relever était celui de la création d’un environnement mondial propice à l’accélération du développement industriel des pays qui ont à ce jour été laissés en marge de la production et des échanges économiques générés par la mondialisation. Les activités de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) auraient plus de succès si elles étaient accompagnées par une meilleure répartition des investissements étrangers directs (IED), et par des transferts de technologies non polluantes et une ouverture des marchés des pays du nord aux produits issus de l’industrialisation des pays en développement, ont estimé les représentants du Venezuela et du Pakistan.
En outre, la Commission a entendu le représentant de l’Indonésie, qui a remercié les Etats Membres de la Deuxième Commission pour les condoléances adressées ce matin au gouvernement et au peuple de l’Indonésie pour les victimes de l’attentat terroriste commis ce week-end à Bali.
Les représentants du Danemark (au nom de l’Union européenne), de la Libye, de la Namibie, du Bélarus, d’Antigua-et-Barbuda, de la République dominicaine, et de l’Organisation internationale du travail (OIT) se sont également exprimés au cours de la séance. La prochaine réunion de la Commission économique et financière aura lieu le mercredi 16 octobre à 10 heures et elle examinera le point de son ordre du jour relatif aux questions macroéconomiques.
Questions de politique sectorielle
Note du Secrétaire général transmettant le rapport du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel sur la coopération pour le développement industriel -ONUDI- (A/57/184)
Le rapport transmis par la note du Secrétaire général porte essentiellement sur le rôle essentiel que joue le développement industriel dans le développement économique durable et la réduction de la pauvreté. Il souligne que dans le processus de la mondialisation, l'industrialisation est l'un des facteurs les plus dynamiques d'accélération de la croissance économique et du progrès social, et qu'elle constitue un élément clef du renforcement des capacités de production tout en contribuant énormément à l'élimination de la pauvreté. L'industrie est le principal agent de création, d'utilisation et de diffusion de la technologie, et elle stimule le dynamisme technologique et la lutte contre la pauvreté. Elle est indispensable à la création de nouveaux emplois plus qualifiés. Dans l'exercice de son mandat, l'ONUDI aide, par ses activités opérationnelles, les pays en développement et les pays en transition à mettre en place et à améliorer leurs capacités de production, ce qui stimule la croissance du secteur industriel et par la suite, alimente la croissance des échanges et encourage les investissements, conditions préalables et indispensables au développement économique et social.
Le rapport fait un tour d'horizon des activités menées par l'ONUDI au cours des deux dernières années dans le domaine du développement industriel. Concernant les programmes menés par l'ONUDI, il est stipulé dans ce document que le changement le plus notable a concerné l'adoption et l'application de programmes intégrés établis en fonction de la demande, adaptés aux besoins des pays partenaires de l'ONUDI, et fondés sur les huit modules de service de cette organisation. Les programmes intégrés ont pour objectifs d'améliorer la gestion du secteur industriel et des infrastructures institutionnelles, de renforcer les petites et moyennes entreprises, de moderniser les capacités techniques, d'améliorer les compétences et l'accès à la technologie moderne, de renforcer les capacités en matière de commerce et d'exportation, de favoriser l'adoption de mesures d'efficacité énergétique et de nouvelles méthodes de production, moins polluantes, de promouvoir la gestion de l'environnement, et de créer un environnement propice à l'investissement étranger.
Dans les conclusions du rapport, le Directeur général de l'ONUDI recommande qu'il faut créer, en cette période de mondialisation, un environnement international et national favorable à l'industrialisation des pays en développement en commençant par élaborer des politiques et stratégies industrielles nationales et régionales appropriées. Ces politiques devraient notamment englober les thèmes suivants: renforcement du secteur industriel, en particulier de l'agro-industrie, afin d'améliorer la compétitivité et la qualité des produits ainsi que la productivité; adopter des mesures visant à stimuler l'investissement étranger; mesures visant à stimuler le commerce, dont l'appui institutionnel, conduisant à élargir l'accès aux marchés; mettre en place des mécanismes de transfert et d'acquisition de technologies; promouvoir une meilleure utilisation des sources d'énergie; et assurer la préservation de l'environnement.
A l'échelon régional, il faudrait privilégier la coopération industrielle entre pays, régie par le principe d'économie d'échelle, les complémentarités, les avantages comparatifs et l'échange de données d'expérience. S'appuyant sur le concept de programme intégré, l'ONUDI devrait continuer d'améliorer ses programmes en vue de mieux aider les pays en développement et notamment les PMA, à renforcer leurs capacités humaines et institutionnelles, et à réaliser les politiques ci-dessus énoncées.
Prévention de la corruption et du transfert de fonds d'origine illicite
Rapport du Secrétaire général (A/57/158/Add.1)
Ce rapport a été établi par le Centre de prévention de la criminalité internationale du Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, en application de la résolution 56/186 adoptée par l'Assemblée générale le 21 décembre 2001 et intitulée "Action préventive et lutte contre la corruption et le transfert de fonds d'origine illicite et restitution desdits fonds aux pays d'origine". Le rapport contient les réponses des pays et des organismes compétents des Nations Unies sur les mesures adoptées en application de la résolution 56/186. Aux termes de cette résolution, l'Assemblée générale a reconnu qu'il appartenait aux gouvernements d'adopter, aux niveaux national et international, des politiques visant à prévenir la corruption et le transfert de fonds d'origine illicite, à lutter contre ces pratiques, et à restituer lesdits fonds aux pays d'origine. Elle a réaffirmé sa conviction qu'il fallait prévenir ces pratiques et que les fonds d'origine illicite transférés à l'étranger devaient être restitués à la demande des pays intéressés et après une procédure régulière. Tout en ayant conscience de l'importance des mesures nationales, l'Assemblée générale a lancé un appel en faveur du renforcement de la coopération internationale, notamment dans le cadre des organismes de l'ONU.
Conformément aux termes de la résolution 56/186, le Centre de prévention de la criminalité internationale a adressé aux Etats Membres une note verbale leur demandant de lui communiquer les progrès accomplis dans l'application de la résolution. Ce rapport contient les réponses reçues de la part des Etats dont les noms suivent, au moment de sa rédaction: Allemagne, Azerbaïdjan, Bolivie, Brésil, Colombie, Croatie, Espagne, Haïti, Maurice, Mexique, Myanmar, Oman, Pologne, République de Corée, Slovaquie, Suisse, Turquie et Ukraine. Dans les conclusions de ce document, le Secrétaire général estime que l'adoption d'une future Convention des Nations Unies contre la corruption, actuellement en cours de négociation, donnera à la communauté internationale le moyen de s'attaquer à ce mal, et exprimera la volonté des Etats Membres d'œuvrer ensemble à sa fin. Considérant que les questions du transfert des fonds d'origine illicite et le recouvrement de ces fonds n'ont pas fait l'objet d'une réglementation spécifique inscrite dans l'un ou l'autre des instruments juridiques internationaux en vigueur contre la corruption, et considérant que les législations nationales sont insuffisantes dans de nombreuses régions du monde, l'élaboration d'une nouvelle convention de l'ONU peut contribuer de manière significative à la lutte contre la corruption, estime le Secrétaire général. Les travaux du Comité spécial chargé de négocier cette convention revêtent donc un intérêt particulier, étant donné que le Comité spécial bénéficiera des constatations et conclusions découlant de l'étude mondiale sur le transfert de fonds d'origine illicite prévue par la résolution 2001/13 du Conseil économique et social.
Présentation et débat général
Mme IRENE FREUNDENSCHUSS-REICHL (Directrice générale adjointe aux affaires des Nations Unies) a présenté la note du Secrétaire général transmettant à l'Assemblée générale le rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) qui donne une vue d’ensemble des activités en cours dans le domaine de l’industrialisation pour le développement. Elle a souligné l’évolution positive de ce programme qui a octroyé l’équivalent de 85 millions de dollars pour l’exécution des programmes de coopération technique en 2001, contre 69 millions en 2000. Elle s’est félicitée de la stabilité financière de l’ONUDI, dont le taux de collecte mis en recouvrement est de 92% en 2001. Elle a regretté toutefois que certains pays n’aient pas payé leurs arriérés, tout particulièrement un ancien Membre dont la dette s’élève à 68 millions de dollars. Mme Freundenschuss-Reichl a précisé que, suite à l’adhésion de l’Afrique du Sud, l’ONUDI compte à ce jour 169 États Membres. Autre signe de stabilité, la réélection du Directeur général Carlos Magarinos, qui permet à l’ONUDI de pouvoir continuer à contribuer aux objectifs de développement du Millénaire et de mieux partager son expérience en matière de réformes avec les autres partenaires. Elle a souligné que le rapport de l’ONUDI sera présenté à toutes les délégations le 12 novembre prochain.
Mme Freundenschuss-Reichl a en outre déclaré que la croissance industrielle constitue un ingrédient déterminant de la croissance économique et que l’industrialisation est un des principaux défis des pays en développement ou en transition pour atteindre le développement économique durable. L’industrie stimule l’économie au-delà des frontières et crée des richesses, a-t-elle insisté. Par ailleurs, elle a évoqué les objectifs de l’ONUDI et sa double caractéristique qui est d’être à la fois un forum mondial et un partenaire de la coopération économique pour les pays en développement et ceux en transition. La coopération technique qu’elle fournit a un triple objectif : favoriser une économie compétitive, générer des emplois productifs et développer un environnement propice. Ses activités, a-t-elle ajouté sont divisées en deux domaines : le renforcement des capacités industrielles et la promotion d’un développement industriel durable, notamment à destination des pays les moins avancés. Elle a également précisé que le rapport du Secrétaire général contient des conclusions et recommandations ayant pour objectif de répondre aux politiques d’industrialisation aux niveaux national, régional et international. Il est très important, a-t-elle conclu, que l’ONUDI reçoive des informations de la part des principaux intéressés, de façon à ce que cette instance puisse promouvoir son efficacité.
Mme LUCIE HRBKOVA, Fonctionnaire de gestion de programme au Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, a déclaré, en présentant le rapoort du Secrétaire général sur la prévention de la corruption et le transfert de fonds d’origine illicite (A/57/158 et Addendum 1*), que la prévention de la corruption incombe d’abord aux gouvernements. Tout en reconnaissant l’importance des actions nationales, l’Asemblée générale a aussi relevé le rôle important que doit jouer la communauté internationale dans l’application et la mise en oeuvre de textes et instruments multilatéraux favorisant le rapatriement des fonds transférés de manière illicite. Les Etats Membres se sont félicités du travail accompli par le Comité ad hoc chargé de discuter de la future convention internationale sur la lutte contre la corruption.
La Troisième Commission de l’Assemblée générale a discuté de deux projets de résolution relatifs respectivement à une “conférence politique internationale de haut niveau pour la signature de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption” et au “renforcement du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et pour la justice pénale”, notamment en ce qui concerne la coopération technique ayant trait à ce Programme. Dans le cadre du deuxième projet de résolution, l’Assemblée accepterait l’offre faite par le Mexique d’accueillir la rencontre politique de haut niveau relative à la signature de la convention contre la corruption.
M.VICENTE EMILIO VALLENILLA (Venezuela) a présenté les condoléances du Groupe des 77 et de la Chine au Gouvernement de l’Indonésie pour l’attentat terroriste commis à Bali le week-end dernier. Il a ensuite déclaré que l’industrialisation est un des facteurs les plus dynamiques dont la réalisation permettrait aux pays du sud de faire face aux problèmes de la croissance, de l’emploi, de la compétitivité et de la lutte contre la pauvreté. Un véritable processus de développement industriel permettrait un meilleur transfert des technologies, la diversification de la production, et pourrait favoriser l’ouverture des marchés. C’est la structure même de la répartition du travail et de la production qui doit aussi être changée. Concernant la question de la corruption et du transfert illicite des fonds, le Groupe des 77 et la Chine est d’avis que les gouvernements devraient promouvoir des politiques nationales s’inscrivant dans un cadre international pour faciliter le rapatriement des fonds détournés dans leurs pays d’origine. Nous sommes heureux, a-t-il dit, que le système de l’ONU accorde à cette question toute l’attention qu’elle mérite, et nous rappelons que la Conférence de Monterrey a reconnu la nécessité de mettre fin aux pratiques de corruption tout en assurant aux pays d’origine le retour de leurs ressources détournées.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme PIA STARBAECK SZCZEPANSKI (Danemark) s’est félicitée du processus de réforme entrepris par l’ONUDI voilà 5 ans et a estimé important que son Directeur général poursuive ses efforts pour mieux analyser les domaines dans lesquels cette instance peut apporter la contribution la plus appropriée pour contribuer à l’achèvement des objectifs de développement du Millénaire et à la mise en œuvre du plan d’application du Sommet de Johannesbourg pour le développement durable. Elle a appelé l’ONUDI à développer une collaboration avec le secteur privé dans le souci d’accroître son efficacité et l’a invité à réagir aux changements rapides de la société. Elle a salué les travaux de l’ONUDI visant à promouvoir un développement industriel durable.
Par ailleurs, elle a encouragé l’ONUDI à poursuivre ses activités visant à renforcer les capacités industrielles des pays en développement incluant les capacités à participer au commerce international. Il est important, a-t-elle ajouté, d’aider les pays en développement à surmonter toutes leurs contraintes pour qu’ils puissent tirer pleinement avantage de toutes les opportunités de la mondialisation conformément à ce qui a été arrêté à Doha. Elle a encouragé l’ONUDI à définir le rôle approprié de ses bureaux sur le terrain et a souligné la nécessité d’une meilleure coordination avec tous les organismes des Nations Unies sur le terrain. Dans ce contexte, elle s’est félicitée de la décision de l’ONUDI d’adhérer au Groupe des Nations Unies pour le développement.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a déclaré, au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) que les Etats de la CARICOM soutiennent tous les efforts visant à combattre la corruption et les transferts illicites de fonds. La CARICOM soutient les engagements du Consensus de Monterrey qui préconisent la négociation et la finalisation, dans les plus brefs délais, d’une convention des Nations Unies contre la corruption, y compris le rapatriement des fonds illégalement acquis vers leurs pays d’origine. Cette convention doit aussi préconiser des mesures contre le blanchiment d’argent. Les pays de la CARICOM dépendant souvent des performances de leurs services financiers internationaux, ils demandent que les pays en développement soient équitablement impliqués dans les négociations des mécanismes de cette convention. Nous lançons un appel à la communauté internationale pour que ce soit un instrument global, transparent et non discriminatoire.
M. MUHAMMAD HASSAN (Pakistan) a déclaré que la technologie et l’industrialisation forment une composante essentielle pour atteindre nos objectifs en matière de développement et jouent un rôle décisif dans la transformation de nos sociétés modernes. Il a regretté qu’un grand nombre de pays en développement n’aient toujours pas pu réaliser un véritable développement industriel. A cet égard, il a souligné que le défi de la communauté internationale réside dans sa capacité à développer un environnement favorable au développement industriel dans les pays les plus marginalisés. Il a souligné que l’efficacité de l’ONUDI gagnerait si l’on pouvait favoriser la mise en place d’un environnement économique international propice à une meilleure répartition de l’investissement étranger direct et des flux de capitaux privés.
Il a également souligné la nécessité de prévenir et de combattre la corruption ainsi que le transfert illicite de fonds et de favoriser leur retour dans leurs pays d’origine. Ce fléau, a-t-il ajouté, menace la paix et la prospérité des sociétés à travers le monde et touche à la fois les pays développés et les pays en développement. Pour combattre cette corruption, a-t-il ajouté, il faut agir aux niveaux national et international, ce qui nécessite de lutter contre le secret bancaire et les paradis fiscaux. Il a exhorté la communauté internationale à mettre en place des mécanismes pour le rapatriement de l’argent illicitement détourné ainsi que la poursuite des personnes condamnées pour corruption et leur extradition vers les pays où ils sont recherchés. Cela implique aussi la poursuite des dirigeants du Tiers Monde qui ont pillé leurs pays et caché leurs avoir mal acquis dans des paradis fiscaux offshore. Il faut un mécanisme de surveillance qui établisse très clairement les obligations des uns et des autres en ce domaine, a-t-il conclu.
M. EVGENY A. STANISLAVOV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays accorde la plus haute importance à la lutte contre la corruption et au rapatriement des fonds illégalement transférés à l’étranger. Les flux illégaux d’argent nourrissent le terrorisme international, comme le démontrent des études récentes. La Fédération de Russie a pris, au niveau national, des mesures contre le blanchiment d’argent; elle a notamment adopté des législations et une série de décrets présidentiels ont été signés, en vue de mieux contrôler les flux de capitaux et l’appareil bancaire. Les efforts de la Russie ont été récemment reconnus par la réunion des experts de l’OCDE qui s’est tenue à Paris. Les membres du comité de l’OCDE, chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent, ont retiré le nom de la Fédération de Russie de la liste des Etats soupçonnés de ne pas faire assez d’efforts pour lutter contre le blanchiment d’argent.
SUSHIL KUMAR SHINDE (Inde) a déclaré que le développement industriel joue un rôle critique pour le renforcement des capacités de production d’une économie, la croissance et le développement d’un pays. Il a noté que les activités industrielles demeurent fortement concentrées dans les pays développés alors que les pays en développement restent essentiellement agricoles. Il a souligné la nécessité d’un transfert de technologie dans les pays en développement pour leur permettre d’accélérer le processus du développement industriel et accéder à des modes de production différents pour mieux s’adapter à un panorama économique international en pleine évolution. Renforcer les capacités industrielles des pays en développement, a-t-il ajouté, est un processus très long et très coûteux et cela ne peut se faire sans l’aide de partenaires étrangers. Cela passe aussi par la mise en place d’infrastructures sociales et macroéconomiques afin de favoriser la mise en place d’un environnement propice au développement industriel des pays en développement. Nous avons besoin d’actions concrètes, a-t-il insisté, pour que soient respectés les engagements pris pour une répartition plus équitable des avantages de la mondialisation.
Il a également formé le vœu que les investissements directs étrangers s’affirment comme un outil important pour le transfert des technologies et il a appelé le secteur privé à travailler à la promotion de ces technologies dans les pays en développement. Il a salué le rapport du Secrétaire général soulignant que l’industrie du textile est le secteur principal d’industrialisation des pays en développement. Dans ce contexte, il a regretté que le textile et l’habillement soient les premières cibles du protectionnisme des pays développés. C’est pourquoi, il a demande la fin des subventions et la mise en œuvre d’un environnement économique propice au développement industriel des pays en développement. Il a demandé à l’ONUDI de renforcer son programme d’aide technique aux pays en développement. S’agissant de la lutte contre la corruption, il s’est félicité de l’élaboration à Vienne d’une Convention internationale contre la corruption en formant le vœu d’une meilleure collaboration juridique internationale pour permettre le rapatriement des fonds détournés vers leur pays d’origine.
M. RAMADAN (Lybie) a déclaré que les défis de la mondialisation exigent que les pays en développement renforcent leur développemnt industriel sans lequel leur intégration à l’économie mondiale sera difficile. Il est du devoir de la communauté internationale de faciliter les transferts de technologie vers les pays en développement d’Afrique et de leur ouvrir les marchñés des pays du Nord. L’industrialisation de l’Afrique peut se faire à travers un soutien efficace à la mise en oeuvre du NEPAD, et elle nécessitera aussi des programmes de renforcement des capacités africaines. Concernant la question de la corruption et de la lutte contre les transferts illicites de fonds et le blachiment d’argent, la Lybie a mis en place des mesures au niveau national qu’elle voudrait voir être soutenues par une convention internationale des Nations Unies efficace et transparente.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que l’industrialisation est le moteur de la croissance économique et un terrain fertile, pour promouvoir la croissance économique et la lutte contre la pauvreté. Mais l’industrialisation des pays en développement ne peut se faire sans la contribution des pays développés. Nous savons tous, a-t-il ajouté, que la mondialisation a créé plus de perdants que de gagnants car nous n’avons pu rassembler les ressources qui nous auraient permis de participer pleinement à l’essor de l’économie mondiale. Il a salué les efforts entrepris par l’ONUDI pour s’attaquer aux enjeux de la mondialisation en renforçant les capacités de production des pays en développement et des pays en transition.
Le représentant de la Namibie a défini l’ONUDI comme une force motrice importante et indispensable pour le développement industriel des pays en développement et s’est félicité du processus de réforme entrepris voilà cinq ans, qui a renforcé la confiance des Membres à son égard. Dans le même ordre d’idées, il a salué les efforts de l’ONUDI pour s’adapter aux attentes des pays dans le besoin, en accord avec les priorités arrêtées par les dirigeants africains dans le cadre du NEPAD. Dans ce contexte, il a notamment souligné les efforts de l’ONUDI dans la mise en œuvre de programmes intégrés. Au niveau sous-régional, il s’est félicité des consultations en cours entre l’ONUDI et l’organisation des pays de l’Afrique australe en matière de coopération internationale. Il s’est inquiété de l’insuffisance des ressources de l’ONUDI, situation qui selon lui risque de nuire à la capacité d’assistance de cet organisme aux pays en développement pour qu’ils atteignent un développement industriel durable et des moyens de lutter contre la pauvreté. Enfin, il s’est félicité de l’adhésion de l’ONUDI au Groupe des Nations Unies pour le développement.
M. ANDREI A. POPOV (Bélarus) a dit que le gouvernement de son pays accorde la plus grande importance au développement industriel. Il est assisté, sur cette question, par des instances internationales qui l’aident à mettre en place un plan d’industrialisation national sur le territoire du Bélarus. L’ONUDI joue, en concertation avec le Fonds mondial pour l’environnement (FEM), un rôle important dans la promotion d’un développement durable dans les pays en transition et en développement. En partenariat avec l’ONUDI, notre pays a ouvert un centre national de transfert de technologies, essentiellement non polluantes, dans la ville de Minsk. L’initiative de l’ONUDI sur les transformations technologiques suscite un intérêt particulier de la part de notre pays, mais nous sommes inquiets que la part des activités de l’ONUDI, octroyée aux pays en transition, soit de plus en plus réduite. Le passage des pays en transition à un stade économique supérieur pourrait faire d’eux, dans l’avenir, des pays donateurs capables d’assister les autres pays en développement en matière industrielle et commerciale. Concernant la corruption, notre pays souscrit aux appels lancés en faveur de la mise en place d’une convention internationale contre la corruption, le blanchiment d’argent et les transferts illicites de fonds. Au niveau national, nous avons mis en place un cadre juridique et pénal dont le résultat des actions nous satisfait. Nous espérons que la convention des Nations Unies sera, pour sa part, adoptée en 2003, ce qui permettrait une meilleure action internationale contre ce fléau.
Mme CAROLINE LEWIS (Organisation internationale du Travail) a regretté que les politiques conventionnelles pour favoriser le développement industriel n’ont réussi que dans quelques pays. Elle a souligné que la capacité des pays en développement à générer un emploi dépend de leur capacité à avoir accès aux nouvelles technologies. Les pays qui sont capables d’investir dans la recherche feront mieux en matière de compétitivité car les compétences techniques et la formation sont les nouveaux instruments des avantages comparatifs, a-t-elle ajouté. Elle a également regretté que la libéralisation soit souvent contre-productive en raison de l’inégalité du marché. Dans ce contexte, elle a déclaré qu’il est indispensable que les instances internationales reconnaissent cette réalité et modifient leurs actions en conséquence en matière de politique des échanges.
Par ailleurs, la représentante de l’OIT a précisé que dans l’intérêt de l’amélioration des capacités techniques, il s’agit de conjuguer au mieux la recherche et la formation avec le développement économique en fonction des moyens de chaque pays. Elle a regretté l’insuffisance des investissements étrangers directs dans les pays en développement en soulignant qu’en 1999 et 2000, 60% des flux mondiaux de capitaux sont allés aux Etats-Unis. L’alternative, a-t-elle précisé, est de pouvoir compter sur des politiques nationales efficaces plutôt que sur des apports extérieurs en matière d’investissements. Il s’agit alors pour la communauté internationale de soutenir l’application des politiques nationales des pays en développement. Elle a également appelé les pays en développement à être plus prudents quant à la portée de la libéralisation financière. Elle a cité des exemples qui ont montré que l’augmentation du coût des mouvements de capitaux pouvait renforcer la stabilité financière et a souligné l’importance de politiques de redistribution.
En outre, elle a insisté sur la nécessité d’accorder une importance au secteur des services qui concerne 70% du PNB mondial, et une palette d’activités très large allant des finances, aux transports, aux télécommunications, à la santé ou encore à l’éducation et à la formation. En 1998, a-t-elle précisé à titre d’illustration, les services ont représenté 38% du PNB des pays à faible revenu, 56% du PNB des pays à revenu moyen, et 65% du PNB des pays à haut revenu.
M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda) a déclaré que son pays soutient les conclusions du rapport du Secrétaire général relatif à la lutte contre la corruption, notamment en ce qui concerne la création d’un instrument juridique international auquel contribueraient et participeraient tous les Etats Membres. Antigua-et-Barbuda est particulièrement sensible aux mesures qui doivent être prises sur la question du transfert de fonds illégaux et sur celle du blanchiment de l’argent mal acquis. Etant un petit Etat insulaire en développement hautement dépendant de ses services et notamment de son industrie financière offshore, nous sommes alarmés par les pressions que nous subissons injustement de la part des pays industrialisés et de certaines organisations multilatérales sur le fonctionnement de cette industrie. Nous sommes prêts à coopérer équitablement à la création d’instruments de régulation de l’industrie financière offshore, mais nous ne pouvons accepter des mesures à la conception desquelles les pays en développement ne participeraient pas.
M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a déclaré que l’application des conclusions du Consensus de Washington sur la libéralisation des marchés, la discipline fiscale et le retour à la privatisation a certes donné un certain équilibre macroéconomique au Pérou, sans néanmoins lui permettre de réduire les inégalités sociales et d’augmenter la richesse de ce pays par habitant. Il a regretté que l’investissement étranger direct n’ait pas été à la hauteur des attentes du Pérou et que les efforts des pays d’Amérique du Sud pour se conformer au Consensus de Washington n’aient pas été récompensés. Il a exhorté la communauté internationale à favoriser la mise en place d’un environnement économique international plus propice au développement.
S’agissant de la corruption, il a déclaré que ce fardeau n’est plus le monopole des pays en développement et que les pays développés sont tout aussi touchés. Il a dénoncé l’absence de coopération de la part des banques des paradis fiscaux pour le rapatriement des fonds détournés. Dans ce contexte, il a cité en exemple l’esprit de coopération de la Suisse qui a permis le retour au Pérou de fonds détournés dans ce pays. Pour que la démocratie continue d’exister, a-t-il insisté, il faut avoir une tolérance zéro à l’égard de la corruption et du trafic d’influence. Le Pérou appuie les négociations en cours pour l’adoption d’un instrument international contraignant en matière de lutte contre la corruption, a conclu le représentant du Pérou, en se félicitant tout particulièrement des efforts de l’OCDE et de la Suisse en ce domaine.
M. O. A. ASHIRU, Sous-Secrétaire chargé des organisations internationales et régionales au Ministère des affaires étrangères du Nigéria, a rappelé que lors de la Conférence de Monterrey, les dirigeants du monde se sont engagés à négocier et à finaliser une convention internationale des Nations Unies contre la corruption sous tous ses aspects. Le Nigéria attache la plus grande importance à cet engagement. Nous attendons beaucoup des consultations qui ont lieu en ce moment même à Vienne sur cette question. Bien qu’elle soit le continent le moins développé, l’Afrique est celui dont s’évade la plus grande quantité de capitaux. Selon de récentes estimations, les fonds pillés en Afrique et transférés dans des banques étrangères s’élèvent à plus de 400 milliards de dollars, et sur cette somme, environ 100 milliards de dollars viennent du Nigéria. La dette extérieure de notre pays, qui est de 28 milliards de dollars, ne représente donc que 28% des fonds détournés de notre budget national au fil des années et transférés illicitement à l’étranger. Comme l’a constaté il y a quelque temps notre Président, “il n’y aura jamais de développement durable, ni de stabilité politique et sociale tant que persisteront les mécanismes et comportements de corruption aux niveaux national et mondial”. Nous demandons donc que dans le cadre d’un véritable soutien à la mise en œuvre du NEPAD, la communauté internationale accélère l’adoption et la mise en place de la convention des Nations Unies contre la corruption sous toutes ses formes. Le Nigeria pense aussi qu’il est temps que les nations honnêtes et sincères lèvent le fameux secret bancaire qui a permis le développement du phénomène de la corruption. Notre pays, qui a soumis un projet de résolution sur cette question, demande à la Commission de pleinement le soutenir.
M. DOMINGUEZ BLANCO (République Dominicaine) a souligné le rôle déterminant de l’ONUDI pour favoriser le développement industriel des pays en développement et des pays en transition pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs de développement, de promouvoir une réelle croissance économique et de lutter contre la pauvreté. Il a évoqué le phénomène de la corruption qui est loin d’être une particularité des pays en développement. Cette situation, a-t-il ajouté, nous démontre la nécessité de mettre en place des règles communes justes et équitables pour tous pour lutter contre ce fléau international et ses conséquences désastreuses. Cela passe également par le renforcement des systèmes judiciaires nationaux pour qu’ils puissent disposer de moyens de lutte contre la corruption et le transfert illicite de fonds. Dans ce contexte, il a formé le vœu de voir naître très prochainement une Convention des Nations Unies en matière de lutte contre la corruption.
* *** *