LA COMMISSION ACHEVE SON DEBAT GENERAL EN ENTENDANT DES DECLARATIONS SUR L’ACCES AUX MARCHES ET LES SUBVENTIONS AGRICOLES
Communiqué de presse AG/EF/394 |
Deuxième Commission
7ème séance – après-midi
LA COMMISSION ACHEVE SON DEBAT GENERAL EN ENTENDANT DES DECLARATIONS SUR L’ACCES AUX MARCHES ET LES SUBVENTIONS AGRICOLES
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé cet après-midi le débat général de sa session de fond. La Commission a, au cours de cette séance, entendu les déclarations de 14 Etats Membres, ainsi que celles de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles, de l’Organisation de la Conférence islamique, et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Dans son intervention, la représentante de la FAO a déclaré qu’en dépit du fait que le droit à l’alimentation soit reconnu directement ou indirectement par tous les pays du monde, les Etats Membres n’ont pas accordé à l’agriculture la priorité qu’elle devrait avoir sur l’agenda mondial du développement. 70% des populations pauvres du monde, a rappelé la représentante, dépendent directement de l’agriculture pour leur survie. Pour le suivi de la Conférence de Monterrey, la FAO présente le renforcement de la production et du commerce agricole comme l’élément clef de la lutte contre la pauvreté, 75% des pauvres vivant dans les zones rurales qui sont aussi les plus affectées par le dénuement, l’inégalité entre hommes et femmes, et le manque de services sociaux qui favorise la propagation des maladies, dont la pandémie du VIH/sida.
Intervenant sur la dégradation de l’économie mondiale, qui affecte surtout les pays en développement et les pays émergents, les représentants du Myanmar et de l’Argentine ont évoqué les asymétries des systèmes de commerce multilatéral et de transferts financiers. Les subventions agricoles, qui faussent les règles de libéralisation des marchés, et que versent les pays industrialisés à leurs agricultures, se sont élevées cette année à 350 milliards de dollars, a noté le représentant de l’Argentine en comparant ce montant aux 50 milliards de dollars de l’aide publique au développement. Il a ensuite estimé que la seule levée des barrières tarifaires que les pays de l’OCDE imposent aux exportations agricoles de son pays donnerait à l’Argentine la possibilité d’augmenter de 1% son PIB. Quant aux transferts financiers, l’Argentine, a dit le représentant, a suspendu depuis 9 mois son service de la dette, mais a quand même versé aux institutions multilatérales la somme de 3,5 milliards de dollars, malgré ses difficultés internes.
Pour le représentant du Myanmar, les pays les moins avancés sont les plus menacés par le ralentissement de l’économie mondiale. Les pays en développement n’ont reçu que 14% des investissements étrangers directs (IED) en 2001, a-t-il déclaré, en précisant que la part des PMA dans ces transferts financiers ne s’était élevée qu’à 0,5%. Au vu de cette baisse des IED et de
celle de l’APD, le commerce, et notamment celui des produits agricoles, est la seule source de mobilisation de ressources financières dont pourraient bénéficier les PMA, a dit le représentant en demandant la suppression des subventions agricoles dans les pays du Nord.
Outre les intervenants ci-dessus cités, la Commission a entendu les représentants des Emirats arabes unis, du Honduras, du Yémen, de la Syrie, de l’Iraq, de l’Ouganda, de la Tunisie, de l’Ukraine, de la Tanzanie, du Bhoutan, du Soudan et du Malawi.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux, demain, jeudi 3 octobre, à 10 heures, en ouvrant l’examen du point de son ordre du jour consacré aux questions de politiques macroéconomiques.
Débat général
M. AL KHAJA (Emirats arabes unis) s’est félicité de l’intérêt grandissant des Nations Unies pour les problèmes économiques. Il faut comprendre, a-t-il ajouté, que la sécurité économique est la base de la paix et de la stabilité dans le monde. Dans ce contexte, il a appelé les pays développés à respecter les engagements pris à Doha et à Monterrey pour offrir aux pays en développement toutes les chances de mettre en œuvre leur développement. Il incombe, a-t-il insisté, à la communauté internationale d’aider les pays les plus pauvres à se débarrasser de la pauvreté et à mettre en œuvre de véritables programmes économiques. Il faut de nouvelles mesures pour alléger la dette et augmenter l’aide publique au développement. Il s'est également prononcé en faveur de l’abolition de toutes les formes de barrières commerciales qui constituent un frein aux échanges dans le monde. Il a précisé que son pays a attribué une assistance technique et humanitaire à de nombreux pays les moins avancés et qu’il a contribué à hauteur de 700 millions de dollars à la construction de camps pour les réfugiés palestiniens et d’écoles. Nous avons également promulgué des législations dans le domaine de la maternité, de l’enfance, pour les personnes âgées et les handicapés, dans les secteurs de l’éducation et de la santé en général. Nous avons réalisé beaucoup de progrès en matière de construction de villes et villages en respectant l’environnement et les standards en matière d’infrastructure.
M. MANUEL ACOSTA BONILLA (Honduras) a déclaré que les engagements pris par les membres de la communauté internationale depuis le Sommet du Millénaire doivent être tenus pour parvenir à l’éradication de la pauvreté, premier fléau à combattre. La mondialisation n’a pas été bénéfique à tous les pays, et il est temps de trouver des solutions aux problèmes que pose un système commercial inéquitable et des règles financières qui, de facto excluent la majorité des pays des circuits d’investissements producteurs.
M. SYED SHAHID HUSAIN (Organisation de la Conférence islamique) a observé que certaines questions abordées par la Deuxième Commission sont particulièrement préoccupantes, comme les questions de politique macroéconomique en général et tout particulièrement les questions liées aux produits de base, la protection de l’environnement, la dette, l’immigration, la coopération Sud-Sud, mais aussi la situation de la population palestinienne dans les territoires occupés. Il a fait sien le récent discours de M. Nitin Desai qui a précisé que la situation économique mondiale est bien plus mauvaise que ce qui avait été prévu voilà un an. C’est pourquoi, il a attiré l’attention sur les conséquences de cette dégradation pour les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires aux économies particulièrement fragiles. M. Husain s’est déclaré favorable à la mise en place de stratégies intégrées et coordonnées en direction de la lutte contre la pauvreté. En conclusion, il a précisé que notre objectif commun est d’unir nos efforts pour la promotion de la paix, dans le souci de promouvoir la stabilité et la prospérité pour tous.
M. BHAGWAT SINGH (Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles –UICN-), a déclaré que l’UICN a pris part à la préparation et au déroulement du Sommet mondial pour le développement durable. Nous avons parrainé certains évènements parallèles au débat général du Sommet et avons pris part à toutes les activités relatives à l’eau, aux forêts et à l’usage de technologies propres adaptées à un développement durable. Nous continuerons à être un partenaire actif des Nations Unies sur les questions de développement économique et social.
Mme Florence A. CHENOWETH (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) a évoqué la question de la sécurité alimentaire en regrettant que la faim, la guerre, la sécheresse, les catastrophes naturelles et la pauvreté continuent d’être des plaies quasi endémiques. Elle a noté que là où la faim est présente, la croissance est compromise. Elle a également évoqué les problèmes de la pandémie du VIH/sida, de l’insuffisance de production agricole, de la situation des femmes dans les campagnes, des familles monoparentales féminines des campagnes et l’inégalité des sexes. Elle a souligné que le contenu du récent rapport annuel de la FAO insiste sur la nécessité de promouvoir le concept d’un développement durable basé sur la gestion des ressources naturelles. Depuis 1996, a-t-elle précisé, 70% des pauvres dépendent directement de l’agriculture pour leur survie. Dans ce contexte, elle a regretté que ni les pays en développement, ni les pays développés n’aient souligné la priorité que mérite ce secteur pour lutter contre la faim. En ce qui concerne le suivi de la Conférence de Monterrey, la FAO a présenté un document qui souligne l’importance de l’agriculture comme élément clé de la lutte contre la pauvreté, eu égard au fait que 75% des pauvres vivent dans les campagnes. Enfin, elle a salué le NEPAD, comme un cadre nouveau pour le développement et s’est félicité qu’il comporte la production agricole comme une de ses priorités.
M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen) a déclaré que sa délégation souscrivait à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, faite lundi dernier par le Venezuela. Comme l’a dit M. Nitin Desaï, les politiques économiques et de développement doivent pleinement prendre en compte les besoins et les spécificités des pays en développement, et notamment de ceux qui ont jusqu’ici été tenus hors de la mondialisation. Plusieurs conférences internationales se sont tenues cette année, suivant toute une décennie de débats et de déclarations. Après ces grandes réunions, nous aimerions voir les différentes résolutions, décisions, et engagements prendre réellement forme. Tout dépendra du respect des engagements pris, notamment en matière de financement du développement. La réduction du nombre de pauvres d’ici à l’an 2015, comme le demande la Déclaration du Millénaire, n’aura pas lieu si la mobilisation des ressources ne suit pas. Le Yémen aimerait d’autre part insister sur la bonne gouvernance qui ne doit pas seulement être prêchée aux pays en développement sur le plan domestique, mais qui doit aussi exister au niveau de la gestion des structures de réflexion et de décision politiques, économiques, commerciales et financières au niveau mondial et multilatéral.
Mlle HANADI KABOUR (République arabe syrienne) a déclaré que la Deuxième Commission se réunit à un moment où des crises économiques planent sur un certain nombre de pays en développement. Cette situation met en évidence la nécessité d’une action collective internationale pour traiter des problèmes du développement. Elle a mis l’accent sur la valeur privilégiée de la Déclaration du Millénaire, la nécessité de négocier sur ce que nous avons arrêté jusqu’à présent et de passer de l’étape des paroles à l’étape des actions. Dans le même ordre d’idées, elle a souhaité la mise en place de mécanismes de suivi et de critères clairs, justes et précis permettant de mesurer l’engagement des Etats. Les défis infligés par la maladie, la pauvreté, la désertification, la baisse de l’aide publique au développement et le protectionnisme des pays développés, le fardeau de la dette et le fossé numérique nous imposent une responsabilité collective dans un monde de plus en plus intégré.
Par ailleurs, elle a souligné que le commerce constitue l’une des sources privilégiées de la promotion du développement. A cet égard, elle a regretté que les mécanismes protectionnistes et les barrières douanières des pays développés fassent perdre, chaque année, plus de 650 milliards de dollars aux pays en développement. Elle a également déclaré que la réalisation du développement durable pour un avenir meilleur exige que nous travaillions sérieusement et que nous fassions preuve d’une réelle volonté politique en assurant les ressources nécessaires pour son financement, en accord avec les promesses de Monterrey. Enfin, elle s’est félicitée des engagements de la 3ème Conférence des pays les moins avancés (PMA) en matière commerciale et a salué la portée de la future Réunion ministérielle internationale sur la coopération en matière de transport et de transit qui se tiendra au Kazakhstan en 2003. Elle a également souligné la situation dramatique des Palestiniens dans les territoires occupés.
M. SAID SHIHAB AHMAD (Iraq) a déclaré que sa délégation se félicitait des avancées qui ont été faites à Monterrey et à Johannesburg sur les questions relatives au développement. L’Iraq aimerait que soient levées les barrières qui sont posées à la liberté de circulation des personnes et aux transferts des technologies dont les pays ont besoin pour amorcer un véritable développement durable. Il est temps de mettre fin à l’exclusion d’un grand nombre de pays des mécanismes et des profits de l’économie mondiale. Les pays en développement ont besoin de mesures favorables et équitables pour que leurs produits parviennent sur tous les marchés. Les pratiques d’embargo vont à l’encontre de toutes les clauses de la Charte des Nations Unies. L’embargo porte atteinte aux capacités de production des pays qui en sont victimes, et il affecte aussi les pays qui leur sont limitrophes. L’Iraq est victime d’un embargo injustifiable depuis une décennie. Cet embargo a détruit la société irakienne. L’usage de types d’armes interdits contre l’Iraq, comme les armes à l’uranium appauvri dont se servent les forces américaines, a détruit notre environnement naturel. Notre pays ne peut continuer à vivre sur des programmes purement humanitaires. Les sanctions inhumaines qui nous sont imposées doivent être le plus rapidement levées.
M. FRANCIS MUMBEY-WAFULA (Ouganda) a évoqué les grandes conférences qui se sont concentrées sur les grands défis de l’humanité. Les défis de la communauté internationale reposent aujourd’hui sur la capacité de mettre en œuvre les engagements ainsi arrêtés. Il a appuyé la proposition de créer un mécanisme intégré et coordonné pour contrôler la mise en œuvre de ces conférences dans les domaines socioéconomiques. Il a formé le vœu d’un véritable allégement de la dette pour les petits pays très endettés (PPTE). Il s’est félicité du soutien apporté aux pays en développement tout en formant le vœu que cette aide soit augmentée de façon substantielle. Il a également souligné que l’accès aux marchés pour les pays les moins avancés (PMA) est nécessaire pour l’élimination de la pauvreté et que le développement et l’investissement étranger direct (IED) reste essentiel. Parallèlement, il a évoqué le rôle critique des Nations Unies pour appuyer tous les programmes à destination des pays en développement et tout particulièrement le rôle décisif de la CNUCED en demandant que ses moyens soient renforcés pour lui permettre de remplir ses mandats.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a déclaré que nos travaux interviennent après une série de réunions importantes au cours desquelles nos chefs d’Etat et de gouvernement ont identifié les principaux défis auxquels la communauté internationale est confrontée, fixé des objectifs de développement et adopté des programmes d’action à même de répondre à l’impératif pressant de l’éradication de la pauvreté. Ces programmes pourraient aussi permettre de faire face au phénomène de la mondialisation de manière à garantir un partage équitable de ses dividendes et à épargner aux peuples, en particulier ceux du sud, ses retombées négatives. A cet égard, il a précisé que les Conférences internationales de Doha, Monterrey et Johannesburg ont été l’occasion, pour la communauté internationale, de renouveler ses engagements en faveur de la concrétisation des objectifs du Millénaire et ouvert des perspectives prometteuses pour forger un véritable partenariat pour le développement. Il s’est tout particulièrement félicité des décisions prises lors du Sommet de Johannesburg relatives notamment à l’approvisionnement en eau et l’assainissement, l’agriculture, les énergies renouvelables, la préservation de la biodiversité et la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la désertification et de sa dotation d’un mécanisme de financement permanent.
Le représentant tunisien a, en outre, souligné que s’il appartient aux pays en développement de mobiliser leurs moyens pour favoriser la croissance économique, il incombe aux pays développés d’apporter leur soutien indispensable à cette œuvre de redressement par un accroissement de l’aide publique au développement. Il s’est par ailleurs félicité de la naissance du NEPAD, comme un programme global et intégré, conçu par les Africains et destiné à répondre à leurs besoins de développement durable, et de l’écho trouvé par cette initiative auprès des pays développés. Il a également précisé que dans un monde où la pauvreté demeure l’un des obstacles les plus importants au développement humain et au progrès économique, la solidarité s’avère une condition essentielle pour promouvoir un essor social et économique partagé. Dans ce contexte, il s’est félicité de la création du Fonds mondial pour la solidarité qui témoigne d’une prise de conscience à l’échelle mondiale de l’interdépendance des intérêts des nations. En conclusion, il a évoque le problème du fossé numérique en formant le vœu que les deux Sommets mondiaux de 2003 et 2005 offriront l’opportunité de se pencher sur les meilleurs voies et moyens d’exploiter au maximum les
possibilités offertes par les technologies de la communication en matière de développement et à en faire un vecteur d’élimination de la pauvreté à l’échelle mondiale. Enfin, il a appelé la communauté internationale à intervenir de façon urgente pour mettre fin aux violations flagrantes et actions hideuses dont souffre le peuple palestinien dans les territoires occupés.
M. SERHII SAVCHUK (Ukraine) a déclaré que sa délégation est satisfaite de la décision prise à Johannesburg de renforcer le plan d’action adopté par la communauté internationale en vue d’aider les pays en développement et ceux en transition à placer leurs efforts dans l’optique du développement durable. Nous pensons que des mécanismes innovateurs devraient être créés en vue de traiter de la question de la dette. Ce genre de mécanisme a été proposé par le Président de l’Ukraine, M. Léonid Kouchma, et a été repris dans le plan d’action. Ce mécanisme prône un échange de la dette contre la mise en place de politiques respectant les lignes directrices du développement durable. Selon nous, cette approche réaliste aurait un impact positif sur les taux de croissance et sur la préservation de l’écologie des pays qui l’appliqueraient. L’Ukraine endosse d’autre part sans réserve les engagements de la Conférence de Monterrey. Le Consensus de Monterrey est à notre avis un pas important accompli par la communauté internationale dans l’examen holistique et cohérent des principaux problèmes qui se posent au développement et qui sont la durabilité du développement humain et la mobilisation de ressources financières à long terme.
M. MSUYA (Tanzanie) s’est félicité de la portée du Sommet de Johannesburg qui a identifié cinq domaines primordiaux pour le développement durable à savoir l’eau, l’énergie, la santé, la production agricole et la diversité biologique (WEHAB). Il a salué l’effort de certains pays développés qui ont réussi à mobiliser 0,7% de leur PNB en matière d’aide publique au développement. Le Consensus de Monterrey, a-t-il ajouté, a confirmé qu’il est nécessaire d’augmenter l’aide publique au développement et d’avoir une approche cohérente avec toutes les parties impliquées dans ce domaine. Il a également déclaré que son pays attache une grande importance aux sciences et aux techniques qu’il définit comme un moyen important pour éliminer la pauvreté. A cet égard, il a formé le vœu que les pays développés attribueront une assistance technique aux pays en développement pour leur permettre de tirer avantage de ce secteur pour améliorer leur niveau de vie grâce à une technologie appropriée.
Il s’est félicité de l’initiative en faveur des petits pays très endettés (PPTE) en soulignant, néanmoins, la nécessité de mesures supplémentaires pour réduire le fardeau de la dette et arriver à des niveaux supportables. Il est essentiel de tenir parole et de respecter les engagements pris pour libérer les marchés et mettre fin au protectionnisme et aux barrières douanières. Nous avons besoin de partenariats pour nous permettre de faire face à nos problèmes de développement.
M TSHERING GYALTSHEN PENJOR (Bhoutan) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et a déclaré que la promotion d’un développement durable dépendrait du niveau de coopération qui s’établirait entre les différentes nations, au vu de l’interdépendance croissante des économies et des impacts globaux des phénomènes écologiques. La mise en œuvre des différents plans d’action des conférences organisées au cours des années 90 et celle des recommandations de leurs conférences d’évaluation sont indispensables, a estimé le représentant. La communauté internationale devrait d’autre part faire un effort particulier pour mieux soutenir les groupes de pays les plus défavorisés, comme les Etats sans littoral, les petits Etats insulaires en développement, les pays de montagnes et tous les Etats faisant partie du groupe des PMA.
M UWINMRA (Myanmar) a émis des doutes quant au relèvement de l’économie mondiale alors que l’augmentation des prix du pétrole, corollaire de l’instabilité politique au Moyen Orient, risque d’avoir une influence négative sur la croissance. Il a noté que le secteur financier et les grandes sociétés ont souffert, alors que le déficit de la balance des paiements des Etats-Unis atteint presque 4% de son PIB cette année. Parallèlement, il a regretté la baisse de l’investissement étranger direct (IED), l’une des grandes sources de capitaux dans les pays en développement. Devant cette vulnérabilité, a-t-il ajouté, les pays en développement doivent affermir leur coopération, notamment en direction de la coopération Sud-Sud. Il s’est félicité du renforcement de la coopération internationale entre pays en développement et pays développés et du consensus qui s’est dégagé au sein de la communauté internationale sur le financement du développement et le développement durable basé sur de nouveaux partenariats et une nouvelle conception de la responsabilité. Il a salué la naissance du NEPAD, qu’il a défini comme une occasion historique de permettre à l’Afrique de surmonter ses difficultés et qui pourrait être le moteur de la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la démocratie sur tout le continent.
En outre, il a formé le vœu que le commerce soit une source de développement économique. Pour ce faire, a-t-il ajouté, nous avons besoin d’un système commercial international équilibré. A cet égard, il a dénoncé l’iniquité des subventions agricoles du nord dont le montant total est supérieur à l’ensemble de l’aide publique au développement (APD). En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, il a déclaré qu’il est important d’accélérer la croissance économique. Il a précisé que le développement des campagnes constitue une des priorités du Myanmar, où 80% de la population est rurale. Une augmentation supplémentaire de la croissance est indispensable pour augmenter le niveau de vie de notre population. Les estimations laissent entrevoir un taux de croissance de 10,5% au Myanmar pour le plan quadriennal en cours et le gouvernement voudrait arriver à équilibrer son budget d’ici la fin de l’exercice 2005-2006.
M. ALBERTO PEDRO D'ALOTTO (Argentine) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, et a déclaré que l’accès aux marchés était la première question à résoudre pour permettre aux pays en développement de mobiliser les ressources financières dont ils ont besoin. Ensuite il faut éliminer les subventions agricoles versées aux producteurs du Nord, qui se sont élevées cette année à 350 milliards de dollars, soit 7 fois le montant de l’APD. La levée des barrières artificielles que les pays de l’OCDE dressent face aux exportations agricoles du Sud permettrait à l’Argentine de bénéficier d’une croissance de 1% de son PIB annuel. L’Etat ne doit pas dépenser plus qu’il ne reçoit, ce qui veut dire que notre pays doit s’engager dans une réforme de son système budgétaire, tout en continuant à dialoguer avec les institutions internationales sur les questions macroéconomiques. L’Argentine compte promouvoir le développement durable et les échanges Sud-Sud. Nous avons suspendu depuis 9 mois notre service de la dette extérieure. Cependant nous avons payé aux organismes multilatéraux de crédits la somme de 3,5 milliards de dollars au cours de la même période. Ces paiements se sont soldés par des sacrifices sociaux énormes et de nombreux troubles internes. Il est nécessaire de trouver des solutions permettant d’effacer la dette sur le modèle des systèmes de faillite d’entreprises que les pays industrialisés acceptent de voir appliquer à leurs entreprises. Certaines de ces grandes entreprises ont parfois, au moment de leur dépôt de bilan, des dettes dont les montants sont supérieurs aux dettes des pays en développement.
M. OMER BASHIR MOHAMED MANIS (Soudan) a déclaré que le débat général de la Deuxième Commission a une importance accrue au lendemain des Conférences internationales de Monterrey et de Johannesburg qui ont donné confiance à la diplomatie multilatérale. Il a rappelé toute l’importance du Sommet du Millénaire sur les moyens et méthodes à employer pour combattre la pauvreté et promouvoir le développement. A cet égard, il a précisé qu’il s’agit maintenant de passer à l’action, en définissant des calendriers et des financements adéquats. Le combat contre la pauvreté continuera à être le grand défi de l’humanité alors que les indicateurs ont révélé que le nombre de pauvres atteindra 410 millions de personnes dans les pays les moins avancés (PMA) d’ici 2015. Il a dénoncé une mondialisation inéquitable qui nécessite des remèdes spéciaux au cas par cas. Il a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts visant à la mise en œuvre du programme de Bruxelles à destination des PMA en regrettant que les déséquilibres de l’économie mondiale et l’écart entre pauvres et riches persistent. Dans ce contexte, il a formé le vœu d’un ensemble de mesures complémentaires, comme l’augmentation de l’aide publique au développement et de l’investissement étranger direct (IED), ainsi que l’ouverture des marchés mondiaux. Sans cela, a-t-il ajouté, les efforts d’intégration dans l’économie mondiale des plus démunis seront vains. En conclusion, il a précisé que le Soudan, qui est un carrefour géographique et commercial sans littoral, attache une grande importance à la réunion ministérielle internationale sur la coopération en matière de transport et de transit qui se tiendra au Kazakhstan en 2003 et qui concerne tout particulièrement les pays en développement sans littoral.
M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a déclaré que le paradigme du nouveau multilatéralisme, défini par les dernières grandes conférences des Nations Unies, sera le seul cadre qui permettra de résoudre les questions qui se posent dans le domaine économique et social à travers le monde. Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) vient à point nommé. S’inspirant de l’esprit de la Déclaration du Millénaire, le NEPAD reste cependant une initiative pensée par les Africains eux-mêmes. Nous espérons qu’il recevra l’attention et le soutien qu’il mérite. L’Afrique reste lourdement endettée et l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) a montré ses limites et ses insuffisances. Il est temps d’aller plus loin. Les pays en développement, et notamment les PMA, ont besoin d’une augmentation du niveau actuel de l’APD, de même qu'ils pourraient bénéficier du renforcement de la coopération technique internationale, notamment dans le domaine des négociations commerciales et de la mise en œuvre des accords commerciaux.
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