AG/EF/391

DES PAYS METTENT EN CAUSE LA MONDIALISATION DANS LES DISPARITES ECONOMIQUES ENTRE LE NORD ET LE SUD

1/10/02
Communiqué de presse
AG/EF/391


Deuxième Commission                                      AG/EF/391

4ème séance – matin                                           1er octobre 2002


DES PAYS METTENT EN CAUSE LA MONDIALISATION DANS LES DISPARITES ECONOMIQUES ENTRE LE NORD ET LE SUD


Petits États insulaires et pays

en développement sans littoral exposent leurs attentes


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi ce matin son débat général en entendant les déclarations de 15 États Membres.  A ce titre, sont également intervenus les représentants de la Jamaïque (au nom de la Communauté des Caraïbes - CARICOM) et de la République démocratique populaire lao (au nom des 30 pays en développement sans littoral).


Le représentant de la Jamaïque a tenu à souligner la fragilité des petits États insulaires, formant le vœu que les systèmes financiers internationaux, les négociations commerciales du cycle de Doha et les modalités de mise en œuvre des engagements de Johannesburg et de Monterrey tiennent le plus grand compte de leurs difficultés particulières, notamment en ce qui concerne les effets néfastes des catastrophes naturelles récurrentes. Il a évoqué les conséquences de l’usage excessif des énergies fossiles par les pays industrialisés, ce qui crée pour les pays insulaires des dangers graves, tels que les changements climatiques et l’effet de serre.  Pour faire face à leurs problèmes spécifiques, il a déclaré que ces pays attendaient beaucoup du réexamen du Programme de la Barbade qui aura lieu à Maurice en 2004; il a exhorté la communauté internationale à renforcer les moyens de sa mise en œuvre à l’échelle mondiale.


Parallèlement, le représentant lao a évoqué les attentes du Groupe de pays en développement sans littoral qui, du fait de leur enclavement souffrent de sévères handicaps et ont des difficultés à participer pleinement au commerce international. Dans ce contexte, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette en place un système commercial multilatéral qui soit réellement universel, non discriminatoire, inclusif et équitable. Dans le même ordre d’idées, il a exhorté l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à prendre en compte les besoins spécifiques des pays les plus vulnérables en souhaitant que le principe des traitements préférentiels et différenciés soit appliqué à tous les pays sans littoral lors de leur admission à l’OMC.  Nos pays, a-t-il prévenu, ne pourront réaliser, d’ici à 2015, les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), définis par l’ONU sans une augmentation conséquente de l’aide publique au développement, qui devrait augmenter de 40 à 60 milliards de dollars chaque année selon la Banque mondiale. 


D’une manière générale, les pays en développement ont formé le vœu que les consensus atteints lors des Conférences de Monterrey et de Johannesburg servent de base au nouveau dialogue en faveur d’une relance équitable de l’économie mondiale en s’assurant que les avantages de la mondialisation soient mieux partagés.  Ils ont souhaité que toute initiative de développement soit accompagnée d’une politique sociale et que l’on mette l’être humain au centre de ces politiques. 


La communauté internationale a été exhortée à reconnaître que les pays en développement ont besoin d’une véritable égalité face aux systèmes commerciaux en regrettant que l’architecture financière internationale ne soit pas suffisamment efficace pour ce faire.  Dans ce contexte, la nécessité de permettre une meilleure participation des pays en développement au mécanisme de prise de décision des institutions économiques internationales dans le souci de promouvoir une nouvelle architecture financière internationale qui puisse prévenir, voire éviter les crises économiques a été soulignée.  En ce qui concerne tout particulièrement le Sommet de Johannesburg, ils se sont félicités que son Plan de mise en œuvre ait réaffirmé l’importance de la notion de “responsabilité commune mais différenciée”. 


Enfin plusieurs intervenants ont exprimé leur grande attente face à l’étape que constitue la future Conférence internationale sur la coopération en matière de transport et de transit qui se tiendra au Kazakhstan en 2003. 


Outre ces délégations, les représentants du Chili, de la République dominicaine, de l’Iran, de Cuba, de la République de Corée, de la Jamahiriya arabe libyenne, du Kenya, de la Yougoslavie, de Monaco, de l’Arménie, du Burkina Faso, de la Fédération de Russie et du Nigéria ont également pris la parole.


La Deuxième commission poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.


Débat général


M. JUAN GABRIEL VALDÈS (Chili) a déclaré que les Nations Unies doivent coordonner ses différents organismes dans un souci d’efficacité, pour mieux répondre aux impératifs de développement et aux attentes des pays qui sont dans le besoin en ce domaine, notamment en matière de lutte contre la pauvreté.  Il a évoqué les grandes étapes que représentent les acquis des Conférences de Doha, Monterrey et Johannesburg dans notre démarche pour la promotion du développement par la définition de modèles de base nouveaux pour orienter notre travail commun.  Il a évoqué la nécessité de respecter la bonne gouvernance, la démocratie, les droits de l’homme comme cela a été souligné à Monterrey, comme préalable à tout développement économique.  Mais pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que l’aide publique au développement augmente pour atteindre le niveau de 0,7% du PNB des pays développés.  Il a dénoncé l’hypocrisie de la dialectique du libre échange qui voit les pays du Nord appliquer des barrières douanières et subventionner leurs productions.  L’ouverture des marchés représenterait un bénéfice potentiel de 130 milliards de dollars pour les pays en développement, ce qui représente plus du double du montant nécessaire de l’aide publique au développement tel que chiffré lors du Sommet du Millénaire. 


Par ailleurs, le représentant du Chili s'est prononcé en faveur d'une meilleure participation des pays en développement au mécanisme de prise de décision des institutions économiques internationales dans le souci de promouvoir une nouvelle architecture financière internationale qui puisse prévenir voire  éviter les crises économiques.  Dans le même ordre d’idées, il a formé le vœu d’une convergence entre les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le secteur privé et la société civile.  Il s’est dit convaincu que Johannesburg a jeté les bases d’un consensus permettant de promouvoir le développement tout en respectant l’environnement.  Nous sommes prêts à contribuer aux questions nouvelles découlant du développement durable.  A titre d’illustration de cette volonté de collaboration, il a rappelé que le Chili accueillera en décembre 2003, le Forum mondial de la biotechnologie  organisée par l’ONUDI, conscient des potentiels de développement qu’offre ce secteur aux pays en développement.  Il a formé le vœu que la Deuxième Commission aborde la question de la crise économique que connaît actuellement l’Amérique latine.  En ce qui concerne la promotion du développement dans le contexte de la mondialisation, il a souhaité que toute initiative soit absolument accompagnée de politiques sociales et que l’on mette l’être humain au centre de nos politiques.  En conclusion, il a exhorté la communauté internationale à reconnaître que les pays en développement ont besoin d’une véritable égalité face aux systèmes commerciaux en regrettant que l’architecture financière internationale ne soit pas suffisamment efficace pour ce faire.  


Prenant la parole au nom des Etats Membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a déclaré,  qu’il souscrivait aux déclarations du Venezuela et de Samoa qui se sont respectivement exprimés au nom du Groupe des 77 et au nom des petits Etats insulaires en développement.  La situation internationale, particulièrement tendue sur le plan de la sécurité et les nombreuses faillites frauduleuses de grandes compagnies transnationales ont jeté le doute dans l’esprit des investisseurs et porté des coups fatals à l’économie mondiale, a estimé le représentant.  Mais les conférences organisées par l’ONU à Monterrey et à Johannesburg, et par l’OMC à Doha ont fait naître quelques espoirs.  Les consensus atteints lors de ces rencontres devraient servir de base au nouveau dialogue qui serait la base d’une relance équitable de l’économie mondiale.  Les avantages de la mondialisation devraient être mieux partagés, mais pour y parvenir, il est indispensable que toutes les nations, petites ou grandes, participent aux processus de décision internationaux.  Les pays du CARICOM ont des économies vulnérables.  Leur situation particulière devrait être prise en compte dans les négociations commerciales du cycle de Doha et dans les modalités de mise en oeuvre des engagements de Johannesburg et de Monterrey.  Nos pays sont très vulnérables face aux castrophes naturelles qui se sont multipliées ces dernières années à cause des changements climatiques.  L’usage excessif des énergies fossiles par les pays industrialisés expose les pays insulaires à des dangers graves et nous souhaiterions que l’évaluation du Plan d’action de la Barbade, qui aura lieu à Maurice dans deux ans, bénéficie d’un soutien positif de toute la communauté internationale.  Le Plan d’action de la Barbade ne doit pas être renégocié.  Seul le renforcement des moyens de sa mise en oeuvre globale doit être à l’ordre du jour.


M. OSIRIS BLANCO (République dominicaine) a appuyé le rapport du Secrétaire général dans lequel il considère qu’il faudrait transformer les Nations Unies et simplifier leurs travaux.  Il s’est félicité des engagements pris à Monterrey et Johannesburg en appelant les États Membres à faire converger leurs efforts pour aboutir à des mécanismes pratiques, adaptables qui permettant de mettre en œuvre de façon rapide les engagements pris.  Dans ce contexte, il a salué les efforts du Conseil économique et social pour nous guider vers les objectifs à atteindre.  En ce qui concerne tout particulièrement le Sommet de Johannesburg, il a souligné l’importance de la notion de responsabilité commune mais différenciée.  Il s’est fait l’avocat de la participation à la prise de décision de tous les acteurs du développement, qu’il s’agisse de la société civile, des ONG en particulier ou du secteur privé.  Il a salué les travaux menés à l’échelle régionale par le NEPAD et la désignation par le Secrétaire général d’un Haut Commissaire pour les PMA, les pays enclavés et les pays insulaires.  En conclusion, il a formé le vœu que la communauté internationale poursuive ses efforts dans les domaines macroéconomique, du développement durable, de la mondialisation et de l’interdépendance et de l’éradication de la pauvreté. 


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République populaire démocratique lao) a déclaré, au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, que les pays enclavés souffrent de sévères handicaps, dus à leur isolement, qui les empêchent de participer à un commerce international dans lequel ils ne peuvent pas être compétitifs du fait des coûts de transport.  Le commerce est pourtant l’activité à travers laquelle ces pays, comme les autres Etats en développement, pourraient mobiliser les ressources essentielles dont ils ont besoin pour leur développement.  C’est pourquoi nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette en place un système commercial multilatéral qui soit réellement universel, non discriminatoire, inclusif et équitable.  L’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit prendre en compte les besoins spécifiques des pays les plus vulnérables, comme ceux au nom desquels nous parlons.  Dans cette optique, le principe des traitements préférentiels et différenciés devrait être appliqué à tous les pays sans littoral lors de leur admission à l’OMC.  Nos pays ne pourront réaliser, d’ici à 2015, les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), définis par l’ONU, et agréés par tous les Etats Membres.  La Banque mondiale estime que pour y parvenir, il faudrait que l’aide publique au développement (APD), dont doivent bénéficier les pays défavorisés, augmente de 40 à 60 milliards de

dollars chaque année.  Mais on est loin de ce cas de figure.  Les questions qui affectent les pays sans littoral doivent être discutées en 2003 lors de la Réunion interministérielle sur la coopération en matière de transports qui aura lieu au Kazakhstan.  Nous plaçons beaucoup d’espoirs en ce sommet et remercions le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour les pays les moins avancés, les petits Etats insulaires en développement et les pays sans littoral, du soutien qu’il apporte à son organisation. 


M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a déclaré que les engagements découlant des deux évènements historiques de Monterrey et de Johannesburg doivent aboutir à des résultats concrets au sein des Nations Unies et qu’il est important que nous prenions des mesures à la hauteur d’un développement à long terme pour les pays en développement.  Il s’est félicité des débats du Conseil économique et social qui nous offrent un meilleur panorama de la situation.  Il s’est dit heureux de constater que le Plan de mise en œuvre de Johannesburg réaffirme le concept de responsabilité commune mais diversifiée en ce qui concerne l’approche du développement durable.  Il a souligné la nécessité de renforcer le multilatéralisme pour permettre aux plus petits pays de s’exprimer.  Le multilatéralisme authentique et la coopération internationale ont besoin de se voir insuffler une énergie nouvelle.  Il a réaffirmé que le succès des Nations Unies à promouvoir le développement durable à l’échelle mondiale dépend de sa capacité à promouvoir un monde plus humain.  A cet égard, le développement constitue un pilier pour la promotion d’un meilleur développement.  Il a évoqué la contrainte de la baisse de l’aide publique au développement, qu’il a appelé à être rehaussée aux niveaux international et national.  Le financement doit être sûr, constant et prévisible, et surtout à la hauteur des besoins croissants des pays en développement.  Il s’est félicité de la désignation d’un Haut Représentant des PMA, des pays sans littoral et petits pays insulaires.  En conclusion, il a exprimé l’attente de son pays face la grande étape que constitue la future Conférence internationale sur la coopération en matière de transport et de transit qui se tiendra au Kazakhstan en 2003. 


M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) a déclaré que la différence moyenne de revenus entre riches du Nord et pauvres du Sud, qui était de 37 contre 1 en 1960, est aujourd’hui de 74 contre 1.  La situation est tellement grave que la fortune des trois personnes les plus riches au monde est égale au PNB combiné des 48 Etats les plus pauvres de la planète.  La “prétendue interdépendance des économies et la fameuse libéralisation des marchés n’ont créé que des injustices dans l’économie mondiale” a dit le représentant.  La pauvreté est aggravée par la dégradation de l’environnement et l’imposition d’un modèle de production et de consommation que la planète ne peut longtemps soutenir. 


Si la bonne gouvernance est indispensable, on ne doit pas seulement la prêcher aux pays au niveau national, elle doit aussi exister au niveau des relations internationales, ce qui implique une réforme des institutions multilatérales. Cuba est d’avis que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale doivent disparaître pour être remplacés par de nouvelles institutions qui n’imposeraient aucune conditionnalité et aucun modèle idéologique aux Etats.  Quand à l’OMC, elle devrait changer les règles commerciales actuelles en assurant à tous les pays un accès égal aux marchés, en mettant fin à la dégradation des termes de l’échange et en faisant respecter le principe des traitements préférentiels et différenciés.  Concernant la question de la dette et des investissements, il est inacceptable de constater que les pays pauvres financent le développement des pays riches.  Les pays d’Amérique latine avaient en 2001, une dette de 289 milliards de dollars supérieure au montant qu’ils devaient en 1990.  Notre région a consacré 36% de ses revenus à rembourser une dette injuste et insoutenable, et elle a remboursé deux fois et demie le montant de sa dette d’origine, alors que dans le même temps, les pays industrialisés n’ont tenu aucun de leurs engagements.  Si les riches respectaient leurs engagements en matière d’aide au développement, les 1,2 milliard de personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté dans les pays du Sud recevraient 170 milliards de dollars pour la satisfaction de leurs besoins les plus élémentaires, soit 120 milliards de plus qu’aujourd’hui.  Ceci leur permettrait d’amorcer un développement durable.


M. LEE HO JIN (République de Corée) a évoqué la décélération marquée de la croissance en 2002 qui nous a vu aboutir au premier déclin de l’économie mondiale depuis près de deux décennies.  Avec l’interdépendance des économies mondiales, nous devons souligner la responsabilité partagée des pays développés qui doivent veiller à ce que les progrès réalisés en direction d’une société plus équitable ne s’annulent pas.  Il a salué la Conférence de Monterrey et les termes d’un nouveau partenariat s’articulant autour de la notion de responsabilité partagée et d’aide complémentaire.  Il a souligné la nécessité de favoriser la coopération internationale entre les différents secteurs et acteurs du développement.  Chaque pays doit assumer la responsabilité première quant à son processus de développement, alors que la communauté internationale a la responsabilité de mettre en place un environnement mondial propice au développement. 


En ce qui concerne l’Afrique, il a salué le cadre politique qu’offre le NEPAD qui souligne l’appropriation par les pays africains de leurs problèmes de développement.  Il s’est félicité des engagements de Johannesburg en faveur de la lutte contre la pauvreté, la préservation des ressources naturelles et la promotion d’un développement responsable et efficace.  Il a évoqué l’apport des technologies de la communication et de l’information comme un moyen puissant de promouvoir une croissance humaine grâce à la mise en commun des ressources humaines et une assistance technique en direction des pays en développement.  Il est temps, a-t-il ajouté, que la Deuxième Commission se concentre sur le suivi de la mise en œuvre et la coordination des objectifs arrêtés à Monterrey et Johannesburg.  Pour se faire, les institutions financières internationales et le secteur privé seront des partenaires essentiels.  Il a invité les représentants de Conseil économique et social et les directeurs exécutifs des institutions de Bretton Woods et de l’OMC à identifier les domaines spécifiques auxquels le secteur privé et d’autres partenaires peuvent collaborer.  A l’heure du déclin de l’économie mondiale, a-t-il conclue,  les efforts de la Deuxième Commission seront décisifs pour renforcer l’action de la communauté internationale en faveur du développement. 


M. JABER ALI RAMADAN (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que tous les engagements pris lors des Conférences de Monterrey, de Johannesburg et de Doha devaient être tenus par les pays industrialisés qui ont été jusqu’ici les seuls à profiter de la mondialisation.  La dégradation accélérée de l’environnement rend quant à elle urgente la mise en œuvre des recommandations de Johannesburg.  La Libye a été victime du minage de son territoire par des puissances étrangères lors de la période d’occupation coloniale suivie d’une guerre à laquelle elle n’était pas partie.  Elle a lancé à ces pays un appel pour que ce problème soit réglé par la voie du dialogue, en vue de rendre productives les terres affectées.  D’autre part, l’usage par certains pays de mesures économiques unilatérales et coercitives, doit prendre fin.  Les sanctions économiques imposées à la Libye devraient être levées, notre pays s’étant acquitté de ses obligations internationales concernant les faits qui lui étaient reprochés.


M BOB JALANGO (Kenya) a déclaré que les Objectifs du Millénaire et ceux des conférences des années 90 ont été de grandes déceptions.  Il faut réexaminer nos engagements et toutes les promesses que nous avons contractées.  La marginalisation des pays africains continue de progresser, comme en témoignent la baisse des recettes, des exportations, de l’afflux de capitaux et l’alourdissement du fardeau de la dette et l’augmentation de la pauvreté.  A cet égard et à titre d’illustration, il a précisé que le nombre de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour dans les 29 pays les moins avancés sont passés de 82% à la fin des années 1960 et à 87,5% à la fin des années 1990.   Il a regretté que les engagements des pays développés en matière d’aide publique au développement n’aient pas été respectés. Le développement de nos pays ne sera réalisé que si on applique des politiques cohérentes tenant compte des réalités locales et des attentes des pays dans le besoin.  Il a félicité les Nations Unies et la communauté internationale pour l’accueil très chaleureux accordé au NEPAD et pour avoir organisé une plénière de l'Assemblée générale sur cette initiative.  Il a formé le vœu que cette institution remplace l’UN-NADAF comme le nouveau cadre  politique de développement des actions engagées par les Nations Unies en direction du développement du continent africain.  Le représentant du Kenya, pays hôte du PNUE et de UN-Habitat, a noté les efforts du Secrétaire général  pour renforcer le Bureau des Nations Unies à Nairobi tout en formant le vœu que ses deux organismes puissent obtenir les fonds et moyens dont ils ont vraiment besoin. 


M. DEJAN SAHOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a déclaré que l’appui financier extérieur doit servir de catalyseur aux efforts de développement des pays en transition et des autres pays en développement.  L’élan pris au cours de la tenue des conférences de l’ONU doit être renforcé par le lancement d’actions concrètes au niveau mondial.  Le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC) dans la coordination des actions de suivi de ces conférences doit être renforcé.  Sur le plan national, le gouvernement de notre pays est en train de jeter les bases d’une économie de marché opérationnelle et nous sommes en faveur de l’intégration de notre pays aux mécanismes régissant les fonctions de l’Union européenne. 


M. JACQUES BOISSON (Monaco) a déclaré que l’éducation et la lutte contre l’analphabétisme sont les fondements de la nouvelle approche mondiale en matière de développement.  L’amélioration des conditions sanitaires et du contexte juridique et social en sont d’autres, tout comme la bonne gouvernance et le respect de l’Etat de droit.  Le nouveau concept de développement, confirmé à Monterrey, et qui s’inscrit dans le cadre multipolaire de la mondialisation est familier à un pays de dimension modeste comme Monaco qui, faute de ressources naturelles et de revenus importants, a toujours dû imaginer et construire son assistance au développement sur des modes simples et concrets de coopération avec les pays concernés, aux niveaux régionaux ou locaux.  Leurs attentes étaient plus facilement comprises et les résultats obtenus mieux évalués.  Aujourd’hui, en ce qui nous concerne, les Nations Unies occupent une place centrale sur l’échiquier du développement.  Le Prince Héréditaire, Son Altesse Sérénissime Albert de Monaco, a déclaré devant l’Assemblée générale, le 17 septembre, que “si l’on désire que la mondialisation entraîne des bienfaits durables, elle devra s’appuyer sur une forme de développement qui ne devrait ignorer ni les besoins fondamentaux de l’être humain, ni les valeurs de justice, de morale et d’équité auxquelles nous sommes attachés”.


M. MOVSES ABELIAN (Arménie) a déclaré que la transition post-communiste a été un événement historique qui nous a vu évoluer d’un système centralisé planifié vers une économie de marché ouverte.  Comme toutes les économies en transition, l’Arménie attache une grande importance aux investissements étrangers considérés comme cruciaux pour la croissance économique dans les décennies à venir.  Il a précisé que l’Arménie est membre de deux programmes économiques transrégional de l’Union européenne respectivement intitulés TRACECA (Transport Corridor Europe Caucase Asie) et INOGATE (Accord intergouvernemental sur le transport de gaz et de pétrole).  A cet égard, il a regretté que certains pays, notamment caucasiens, bloquent des initiatives en matière de transport régional.  Dans ce contexte, il a souhaité la naissance d’un marché commun du Caucase qui puisse être un garant de stabilité et de prospérité.  S’agissant de l’application des grandes conférences de Monterrey et de Johannesburg, il a précisé que le Gouvernement arménien a mis en place cette année un programme de lutte contre la pauvreté.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que les disparités économiques entre le Nord et le Sud se sont aggravées.  Cette évolution, due à la mondialisation est cependant imputable au fait que les pays industrialisés ont toujours fait fi des engagements qu’ils prennent au niveau international, tandis que les pays en développement ont fait preuve pour leur part de manquements, notamment en matière de bonne gouvernance.  La lutte contre la pauvreté, qui doit être au premier plan des actions engagées au plan mondial, sous-entend cependant que l’on prenne aussi en compte l’interaction existant entre le développement et la préservation de l’environnement.  Car pour être durable, tout développement a besoin d’une atmosphère propice et d’un environnement sain.  L’élimination des entraves qui existent à l’heure actuelle, exige que la communauté internationale s’engage à fond dans le financement du développement.  Pour sa part, le Burkina Faso a entrepris un certain nombre d’actions avec ses partenaires en vue de promouvoir la réalisation d’objectifs de développement durable.  Dans un contexte marqué par la promotion de la démocratie, et au prix de réformes économiques et structurelles, l’économie burkinabé affiche une croissance positive de 5% en moyenne depuis 1995.  Cependant, nous continuons à faire face à une situation de déficit social, d’extrême pauvreté et de vulnérabilité des populations.  Le VIH/sida notamment, dont l’expansion grève la productivité agricole, est l’un des problèmes majeurs auxquels nous faisons face.


M. YURI V. FEDOTOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a regretté que la communauté internationale ne soit pas toujours parvenue à des accords sur les points qu’elle avait à examiner à Johannesburg.  La solution des questions écologiques mondiales exige du pragmatisme.  La Fédération de Russie qui a annoncé une ratification prochaine du Protocole de Kyoto, organisera, au mois d’octobre 2003 à Moscou, sur l’initiative du Président Vladimir Poutine, la Conférence internationale sur les climats.  Cette conférence aura pour objectif d’apporter un soutien aux efforts multilatéraux visant la résolution des problèmes climatiques.  Nous comptons y inviter le plus grand nombre de participants, que ce soient des politiques, des scientifiques ou des représentants des milieux d’affaires.  La Fédération de Russie pense, sur un autre plan, que la mise en œuvre des engagements pris sur la question du financement du développement à Monterrey aura beaucoup plus de chances de réussite si des interactions se développe sur cette question entre les institutions de Bretton Woods, le secteur privé et l’OMC.  La rationalisation des travaux de la Deuxième Commission devrait se faire sous l’angle de la mise en valeur des résultats obtenus à Monterrey et à Johannesburg.  Un meilleur cadre commercial multilatéral et un système financier mondial plus stable sont des facteurs clefs qui permettraient de promouvoir un développement vraiment durable.  A cet égard, la transformation de l’OMC en une organisation vraiment universelle serait la bienvenue.  Nous favorisons une accession non discriminatoire des pays à l’OMC, et demandons que l’ONU apporte un appui aux Etats dont les dossiers d’admission à cette organisation n’ont pas encore abouti.


M.OLUSEGUN AKINSANYA (Nigéria)a déclaré que les échecs constatés dans la mise en œuvre du Nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique (UN-NADAF) au cours de la décennie écoulée doivent servir de leçon pour l’aboutissement des programmes qui forment le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Les échecs de l’UN-NADAF sont essentiellement dus à la faillite des donateurs qui n’ont pas tenu les engagements pris il y a dix ans envers l’ONU et les pays africains.  Si nous reconnaissons les bienfaits potentiels de la mondialisation, il faut cependant constater que les bénéfices générés par ce phénomène ont été essentiellement accaparés par les pays industrialisés.  Si ces bénéfices ne sont pas mieux répartis dans l’avenir, il est évident que le monde, divisé entre une minorité de riches et une grande majorité de pauvres, sombrera de plus en plus dans l’instabilité.


Le débat spécial de haut niveau à l’Assemblée générale, consacré au NEPAD, a montré les bonnes dispositions affichées par la communauté internationale à l’égard de cette initiative.  Il est temps maintenant de passer de la parole aux actes et nous espérons que le NEPAD ne connaîtra pas le sort de l’UN-NADAF.  Le problème de la dette continue d’être un lourd handicap pour les pays africains.  Six ans après le lancement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, initiée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), seuls 18 pays africains sur les 33 qui avaient soumis leurs dossiers, ont atteint le point de décision qui leur permettra peut-être d’être déclarés éligibles à ce programme.  Nous pensons que le programme Petits pays très endettés (PPTE) souffre d’insuffisances flagrantes et qu’il faudrait l’étendre aux pays à revenu intermédiaire, au lieu de le limiter aux pays les plus pauvres.  Les pays africains sont loin d’être pauvres.  Certains d’entre eux ont vu leurs ressources pillées par des dirigeants indélicats, aidés par des complices extérieurs.  Ces fonds, déposés dans des banques étrangères font l’objet de négociations, à Vienne, sur la création d’une convention internationale contre la corruption et pour le rapatriement des capitaux détournés.  Le Nigéria a toujours soutenu que les fonds volés doivent être remis à leurs pays d’origine qui en ont besoin pour leur développement.  Cette position est clairement reprise dans le Consensus de Monterrey à son paragraphe 65.  Nous attendons que les travaux de la Deuxième Commission appuient cette exigence.  


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