AG/COL/198

LE COMITE DES 24 ENTEND DES PETITIONNAIRES AU COURS DE L’EXAMEN DES QUESTIONS DU SAHARA OCCIDENTAL ET DE GIBRALTAR

06/06/2002
Communiqué de presse
AG/COL/198


Comité spécial chargé d’étudier

la situation en ce qui concerne

l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance

aux pays et aux peuples coloniaux

4ème séance – matin


LE COMITE DES 24 ENTEND DES PETITIONNAIRES AU COURS DE L’EXAMEN DES QUESTIONS DU SAHARA OCCIDENTAL ET DE GIBRALTAR


Réuni ce matin sous la présidence de M. Earl Stephen Huntley (Sainte-Lucie), le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux s’est penché sur les questions des territoires non autonomes de Gibraltar et du Sahara occidental.  Après avoir entendu les pétitionnaires des deux territoires et procédé à un échange de vues, le Comité spécial a renvoyé l’examen de cette question à la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) de l’Assemblée générale à sa cinquante-septième session.


Au cours de l’échange de vues sur le Sahara occidental, le représentant du Front Polisario a estimé que sur les quatre options présentées au Conseil de sécurité en février 2002 par le Secrétaire général, les trois dernières signifiaient tout simplement l’abandon du Plan de règlement conclu en 1990 entre le Gouvernement marocain et le Front Polisario.  C’est pourquoi, il a rejeté le projet d’accord-cadre proposé par le Maroc au lendemain de sa rencontre avec le Front Polisario, en septembre 2000 à Berlin, sous les auspices de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. James Baker III.  Pour le Front Polisario, les propositions marocaines sont inacceptables dans la mesure où ce projet d’accord-cadre prévoit une période de cinq ans préalable à la tenue du référendum auquel pourrait participer tout citoyen marocain résidant au Sahara occidental depuis au moins une année. 


Cette stratégie visant, selon le Front Polisario, à entériner la souveraineté du Maroc et à empêcher le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination ainsi concédé aux citoyens de la puissance occupante a été jugée inquiétante par les représentants de Cuba et d’Antigua-et-Barbuda.  De l’avis de ces délégations, le Comité des 24 devrait faire preuve de plus d’audace face à cette situation.  En effet, le représentant d’Antigua-et-Barbuda a tenu à ce que les membres du Comité spécial se penchent sur les raisons pour lesquelles le référendum prévu dans le Plan de règlement n’a toujours pas été organisé et s’est inquiété des risques de voir une puissance occupante envoyer en masse des citoyens dans un territoire non autonome dans la mesure où ils seraient en droit de voter sur le référendum après y avoir séjourné douze mois.


Concernant la question de Gibraltar, la représentante de l’Espagne a indiqué que son Gouvernement s’est réjoui de la reprise, en juillet 2001, du processus de négociation de Bruxelles entre son pays et le Royaume-Uni, Puissance administrante du Rocher de Gibraltar.  Elle a regretté que le Gouvernement territorial de Gibraltar refuse toujours de participer au processus de Bruxelles alors même que le Royaume-Uni et l’Espagne ont souhaité parvenir à un accord global d’ici l’été 2002.  Elle a demandé au Comité des 24 de soutenir la reprise du processus de Bruxelles qui a obtenu le soutien du Conseil européen, lors de sa réunion à Barcelone les 15 et 16 mars dernier.  Pour leur part, le Premier Ministre et le Chef de l’opposition de Gibraltar ont conjointement rejeté le processus de Bruxelles qui reviendrait à privilégier une souveraineté partagée entre le Royaume-Uni et l’Espagne sur Gibraltar alors que le peuple de ce territoire non autonome aspire à l’autodétermination.  «Gibraltar ne sera jamais une partie intégrante de l’Espagne», a déclaré le dirigeant de l’opposition, soulignant que le Parlement territorial avait adopté un projet de constitution qui prévoit un statut intermédiaire entre la libre association et la quatrième option qui prévoit la mise en oeuvre d’un statut politique librement déterminé par le peuple


En début de séance, le Président a annoncé que l’audition des pétitionnaires de Puerto Rico aura lieu les 10 et 11 juin prochain et que le Comité avait reçu à ce jour 28 demandes d’audition de pétitionnaires. 


Le Comité des 24 poursuivra ses travaux, lundi 10 juin à 10 heures.  


QUESTION DE GIBRALTAR


Document de travail établi par le Secrétariat sur Gibraltar (A/ AC.109/2002/11)


Ce document présente les faits nouveaux relatifs à la situation politique, économique, sociale, à l’examen de cette question par l’Organisation des Nations Unies et au statut futur de ce territoire.  Depuis la dernière session du Comité des 24, la loi de 2002 sur les territoires britanniques d’outre-mer constitue, selon le Premier Ministre de Gibraltar une importante amélioration car elle permet d’accorder la citoyenneté britannique «de première classe» transmise automatiquement aux enfants et futures générations, par opposition à la citoyenneté des territoires britanniques d’outre-mer.  Par ailleurs, dans le domaine de la défense, le Premier Ministre a réaffirmé en juillet 2001 que son Gouvernement était opposé à l’utilisation de Gibraltar pour des réparations de navires nucléaires, après l’arrivée en mai 2000 à Gibraltar du sous-marin nucléaire de la Royal Navy qui avait subi une avarie.  Par ailleurs, l’Assemblée générale avait adopté le 10 décembre 2001 une résolution demandant instamment aux Gouvernements d’Espagne et du Royaume-Uni de Grande-bretagne et d’Irlande du Nord de poursuivre leurs négociations en vue d’apporter une solution définitive au problème de Gibraltar.  Ces deux Gouvernements avaient également convenu le 26 juillet dernier à Londres de relancer leurs pourparlers dans le cadre de la Déclaration de Bruxelles et de les faire aboutir rapidement.  Le Secrétaire aux affaires étrangères du Royaume-Uni, la Puissance administrante, avait confirmé le 5 février 2002 qu’aucune proposition affectant la souveraineté de Gibraltar ne sera mise en oeuvre sans le consentement de la population de Gibraltar, exprimé à la faveur d’un référendum, et a indiqué tenir à ce que le Gouvernement de Gibraltar soit directement associé aux négociations de Bruxelles.  Le Premier Ministre de Gibraltar, M. Caruana, avait pour sa part déclaré le 18 mars 2002 qu’il rejetait toute déclaration anglo-espagnole sur un accord qui reconnaîtrait une souveraineté de principe à l’Espagne ou lui ferait d’autres concessions contre la volonté de son peuple et avait demandé au Gouvernement britannique de ne pas conclure un tel accord.  Le Ministre espagnol des affaires étrangères avait envoyé une lettre aux habitants de Gibraltar le 26 mars 2002, indiquant que la revendication de l’Espagne sur la souveraineté se veut parfaitement compatible avec les intérêts des habitants de Gibraltar en tant que citoyens libres d’un régime démocratique.  Les Ministres du Royaume-Uni et de l’Espagne avaient à nouveau invité le Premier Ministre de Gibraltar à participer aux réunions ministérielles futures, lequel avait jugé que le processus politique en cours, d’où émergera un accord sur les termes duquel il estime n’avoir aucun contrôle, ne saurait être viable ou fiable.


Audition de pétitionnaires


M. RICHARD CARUANA, Premier Ministre de Gibraltar, a demandé s’il est envisageable pour le peuple de Gibraltar d’obtenir le respect de son droit à la décolonisation en exerçant son droit à l’autodétermination.  D’un côté, en effet, a-t-il expliqué, le peuple de Gibraltar entend dire qu’il n’y a pas d’alternative au principe d’autodétermination.  Les Nations Unies demandent sa décolonisation, le Comité spécial devrait alors dire qu’il n’y pas d’alternative au principe d’autodétermination.  Pourquoi alors n’avons nous pas réussi à le persuader?  D’un autre côté, le peuple de Gibraltar s’attend à ce que les Nations Unies exhortent

l’Espagne et le Royaume-Uni à négocier de façon bilatérale entre eux et aucune mention n’est faite à la résolution de consensus sur le respect des souhaits exprimés par les peuples dans la détermination de leur futur.  M. Caruana a demandé si le Comité considère que la revendication de souveraineté de l’Espagne a la primauté sur le droit à la décolonisation?  La décolonisation n’est possible que par l’autodétermination.


L’Espagne, a poursuivi le Premier Ministre, prétend que nous n’avons pas droit à la décolonisation car elle prétend que nous ne sommes pas un peuple indigène, nous constituons une enclave, qu’il y existe une disposition dans le Traité d’Utrecht de 1713 qui nie notre droit à la décolonisation par l’autodétermination.  Il a indiqué que ce Traité bien interprété ne signifie pas cela et, si c’était le cas, cela est dépassé par la Charte des Nations Unies.  Nous avons un droit inaliénable à l’autodétermination, a-t-il souligné.  L’Espagne pense que nous n’avons pas ce droit, elle prétend aussi que, dans la pratique des Nations Unies, la décolonisation de Gibraltar ne doit pas être régie par ce principe d’autodétermination mais par l'application du principe d’intégrité territoriale.  Il a indiqué qu’il n’y a pas une telle pratique des Nations Unies et que ce principe n’existe pas dans le processus de décolonisation.  Gibraltar ne fait pas partie de l’Espagne.  Le principe d’intégrité territoriale ne s’applique qu’à prévenir la désintégration des Etats tels qu’ils sont constitués à l’heure actuelle or, ce n’est pas le cas de la décolonisation de Gibraltar vis-à vis de l’Espagne.


Le Premier Ministre a estimé qu’il s’agit en fait d’une question juridique qui doit être réglée.  Pour ce faire, il faut déterminer si le traité dont il est fait mention est toujours valide et s’il s’applique au territoire de Gibraltar, si le peuple de Gibraltar est un peuple et si l’on peut annuler le droit à l’autodétermination.  Il s’agit de questions juridiques qui doivent être réglées par la Cour internationale de Justice.  Nos droits ne doivent pas être niés seulement parce que le Royaume-Uni et l’Espagne sont arrivés à un consensus, a-t-il fait remarquer en priant le Comité spécial de l’aider et de faire soumettre cette question à la Cour internationale de Justice.  Concernant le concept de souveraineté commune, le Premier Ministre a estimé qu’il s’agit d’une absurdité totale qui n’est pas praticable.  Devons-nous rester une colonie commune, a-t-il demandé?  Ce concept est faux et ne connaît aucun précédent réussi.  C’est un concept intrinsèquement colonialiste. 


Expliquant ensuite son refus de participer aux négociations actuelles, le Premier Ministre de Gibraltar a précisé qu’il ne souhaitait pas occuper un siège piégé.  La raison est de rechercher dans les termes de l’invitation qui m’est faite à participer aux négociations, a-t-il ajouté, jugeant irréaliste et déraisonnable de s’attendre à ce que le Gouvernement de Gibraltar négocie dans des termes aussi dangereux.  Il est aussi faux d’interpréter cela comme le refus de participer.  Il a en outre indiqué qu’il souhaitait participer à des négociations où le Gouvernement de Gibraltar pourrait représenter pleinement les droits politiques du peuple de Gibraltar, ce qui exige que rien de ce qui a été refusé par le peuple de Gibraltar ne devra rester à l’ordre du jour.  Le Gouvernement de Gibraltar croit à un dialogue ouvert mais pas à un dialogue dont le résultat est prédéterminé par un accord bilatéral anglo-espagnol décidé dès le départ.  Le Royaume-Uni doit respecter notre droit de dire non..  Le Premier Ministre a également annoncé que si le Royaume-Uni et l’Espagne passent un mauvais accord, le Gouvernement de Gibraltar organisera un référendum pour donner une chance au peuple de Gibraltar de donner son avis.


Il a rappelé l’alternative proposée à Fidji par Gibraltar qui propose de remplacer la mention «Royaume-Uni et Espagne» dans la description du processus de dialogue par la référence «les parties intéressées», ce qui inclurait le Gouvernement de Gibraltar.  Il a fait observer que l’Espagne s’y est opposée.  Il a invité le Comité spécial, dans l’intérêt du consensus, à accepter cette proposition afin que le consensus de la résolution fasse participer le peuple de Gibraltar.


M. JOSEPH JOHN BOSSANO, Dirigeant de l’opposition à Gibraltar, a rappelé que, malgré la reconnaissance en 1964 par le Comité des 24 du fait que le peuple de Gibraltar était en droit de prétendre à l’autodétermination, la situation s’est aggravée au cours des douze derniers mois en raison de l’interprétation erronée de la position du Comité, faite notamment par l’Espagne qui estime que le principe d’autodétermination ne s’applique pas à Gibraltar.  Pourtant, a-t-il poursuivi, la résolution 56/74 de l’Assemblée générale ne laisse pas place au doute dans la mesure où elle appelle les puissances administrantes à prendre toutes les mesures pour faciliter l’exercice libre et entier du droit à l’autodétermination par les peuples des territoires non autonomes et réaffirme son soutien à la pleine application de la Déclaration sur l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Il a souhaité ensuite que le Comité ne permette pas que la réouverture des négociations de Bruxelles serve les intérêts de la puissance administrante qui souhaite régler son différend avec l’Espagne et perpétuer une domination coloniale.


M. Bossano a jugé que le Comité des 24 ne s’était jamais positionné clairement en faveur du peuple de Gibraltar malgré le soutien de quelques délégations comme l’Inde ou la Côte d’Ivoire.  Il a rappelé que son parti politique avait, dès 1992, rejeté le processus de Bruxelles, processus de négociation entre le Royaume-Uni et l’Espagne, et réaffirmé son engagement en faveur de l’autodétermination.  En outre, il a précisé que le Parlement de Gibraltar avait approuvé un projet de constitution et de décolonisation qui prévoit notamment un statut entre la libre association et la quatrième option.  Il a estimé que le Comité de 24 doit guider le peuple de Gibraltar dans ses efforts de mise en oeuvre d’une forme d’autogouvernement.  Il a rappelé au Royaume-Uni qu’il s’était engagé à respecter toute solution qui ne remette pas en question pleinement le Traité d’Utrecht de 1713 et a souligné que le projet de constitution n’est pas contraire à ce Traité.  Il a déclaré que la réponse du peuple de Gibraltar sera un rejet massif face à la souveraineté partagée entre l’Espagne et le Royaume-Uni sur leur territoire et que Gibraltar ne sera jamais une partie intégrante de l’Espagne.


Echange de vues


Le représentant de Grenade a demandé si le représentant de Gibraltar pourrait fournir des informations complémentaires sur la 4ème option dont il a fait mention.  Il a aussi demandé de préciser la date du dernier référendum sur le statut de Gibraltar.


Répondant à ces questions, le Premier Ministre de Gibraltar a expliqué que la 4ème option figure dans la déclaration intitulée «Déclaration sur les relations amicales entre les Etats conformément au principe de la Charte des Nations Unies», qui a été approuvée par la résolution 2625 de l’Assemblée Générale du 24 octobre 1970.  Ce texte indique trois options classiques prévoyant notamment la création d’un Etat souverain et indépendant, la libre association à un Etat indépendant, ainsi qu’une option sous la forme de tout autre statut politique librement déterminé par le peuple.  En outre, le Premier Ministre a précisé que le peuple de Gibraltar n’a pas été appelé à référendum depuis 1967.  Il a fait remarquer que l’Espagne rejette toute idée d’organiser un référendum à Gibraltar car elle estime que cela serait un acte d’autodétermination auquel elle s’oppose.


Pour sa part, le représentant de l’Iraq a indiqué que le Comité spécial a discuté plusieurs fois de la question de Gibraltar.  Sa délégation souscrit au principe de négociations entre les deux Gouvernements concernés, et réitère son appui au processus de Bruxelles car, s’est déclaré convaincu le représentant, il permettra d’en arriver à une solution y compris sur la question de la souveraineté.  Il a estimé que ce processus est en parfaite cohérence avec les résolutions de l’Assemblée générale et s’est donc opposé à toute modification dans ce contexte.


Le représentant d’Antigua et Barbuda a demandé si l’offre de Gibraltar exprimée à Cuba d’inviter les membres du Comité spécial à effectuer une mission de visite sur le terrain est toujours valable.


Reprenant la parole, le Premier Ministre de Gibraltar a indiqué que la déclaration de l’Iraq est une déception et une surprise car il avait cité précédemment un long passage prononcé par le délégué d’Iraq dans les années 1970 qui avait beaucoup aidé le peuple de Gibraltar.  Que s’est-il passé depuis lors, a demandé le Premier Ministre?  L’offre de Gibraltar, a-t-il précisé, reste valable car  l’Espagne ne souhaite pas la présence du Comité spécial à Gibraltar. Nous voulons que vous veniez sur le terrain et que vous vous rendiez compte de la situation, le Gouvernement de Gibraltar est prêt à payer tous les frais si le Comité spécial décide d’y effectuer une visite, a-t-il indiqué.


Le représentant de Grenade a exhorté le Comité des 24 à engager les deux puissances administrantes, le Royaume-Uni et l’Espagne, à apporter des éléments nouveaux sur cette question, soulignant notamment qu’il est rare de voir le Gouvernement et l’opposition d’un même territoire partager la même position.


Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a apporté son soutien à la position de Grenade, soulignant que le Gouvernement et l’opposition de Gibraltar parlent d’une voix unanime, et s’interrogeant sur la raison pour laquelle ces deux parties n’ont pas adopté une déclaration commune.


Apportant à son tour des précisions, M. BOSSANO a indiqué qu’un consensus s’est dégagé au cours de consultations entre le Gouvernement, l’opposition et la société civile entre 1999 et 2001 et que ce document a été approuvé par le Parlement de Gibraltar.  Il a proposé au Comité des 24 de proposer aux parlementaires des amendements à leur projet de constitution et a invité les membres du Comité à effectuer une mission de visite à Gibraltar.


Mme ANA MARIA MENENDEZ (Espagne) a salué les progrès réalisés entre le Royaume-Uni et l’Espagne au cours de l’année écoulée dans les négociations sur le statut de Gibraltar.  Elle a affirmé que son Gouvernement est déterminé à négocier pour parvenir à un statut satisfaisant pour le peuple de Gibraltar.  “Toutes les situations coloniales sont différentes et il ne peut y avoir de recette unique”, a-t-elle expliqué, avant d’évoquer le conflit de souveraineté entre l’Espagne et le Royaume-Uni qui ne reconnaît pas la souveraineté de l’Espagne sur le Rocher de Gibraltar.  Il faut mettre fin à la présence coloniale à Gibraltar par le Royaume-Uni, a-t-elle estimé, et le processus de décolonisation doit respecter le principe d’intégrité territoriale et non pas celui de l’autodétermination.  Elle a jugé que le référendum du 10 septembre 1967 était contraire à la résolution 2231 (1966) de l’Assemblée générale.  Elle a réaffirmé la volonté de son Gouvernement de résoudre la question de Gibraltar par le biais de négociations entre l’Espagne et le Royaume-Uni.  Elle a précisé que la relance du processus de Bruxelles en juillet 2001 a pour objectif de parvenir à un accord global qui est ouvert à la participation du Premier Ministre de Gibraltar.  Elle a regretté que le Gouvernement de Gibraltar refuse de participer au processus de Bruxelles alors même que le Royaume-Uni et l’Espagne ont souhaité parvenir à un accord global vers l’été 2002, accord couvrant notamment  les questions de coopération et de souveraineté.  La représentante a fait état de la dernière réunion de Londres, le 4 février 2002, qui a fixé à fin juin ou début juillet 2002 la prochaine rencontre de suivi du processus de Bruxelles.  Enfin, elle a appelé le Comité des 24 à appuyer ces négociations qui ont obtenu le soutien de l’Union européenne, en particulier lors du dernier Conseil européen de Barcelone des 15 et 16 mars 2002.


QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL


Document de travail établi par le Secrétariat sur le Sahara occidental (A/AC.109/2002/10)


Ce document fait état, entre autres, des Rapports et bons offices du Secrétaire général ainsi que de l’examen de la question par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Le Secrétaire général rend compte notamment des efforts déployés pour encourager les parties à examiner le projet d’accord-cadre et à surmonter les obstacles à l’application du plan de règlement.  Depuis la dernière session du Comité des 24, le Secrétaire général a nommé M. William L. Swing (Etats-Unis) comme son nouveau Représentant spécial à compter du 11 décembre 2001 en remplacement de M. William Eagleton.  Le Secrétaire général a en outre soumis au Conseil de sécurité, le 19 février 2002, un rapport dans lequel il présentait, sur fond d’évaluation pessimiste de l’évolution du processus de paix au Sahara occidental, quatre options.  La première consistait pour l’ONU à recommencer de tenter d’appliquer le plan de règlement, sans exiger l’assentiment des deux parties avant qu’une décision ne puisse être prise, option qui supposait un renforcement de la Commission d’identification de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et un accroissement de la taille de la mission.  La seconde consistait à entreprendre, sous la conduite de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, une révision de

l’accord-cadre prenant en considération les positions exprimées par les parties et qui, une fois soumis au Conseil de sécurité, ne serait plus négociable par les parties, cette option entraînant à l’inverse une réduction des effectifs.  La troisième option présentée au Conseil envisageait de demander à l’Envoyé personnel – en l’occurrence M. James Baker, l’ancien Secrétaire d’Etat américain - d’examiner une dernière fois avec les parties si oui ou non elles seraient disposées à envisager la possibilité de diviser le territoire soit de leur gré avant le 1er novembre 2002, soit sur décision du Conseil au-delà de cette date, solution impliquant un maintien ou une réduction des effectifs de la MINURSO.  Enfin, la dernière option consistait pour le Conseil à mettre fin au mandat de la MINURSO.  Depuis ce rapport, le mandat de la MINURSO a été prorogé une première fois jusqu’au 30 avril 2002 puis jusqu’au 30 juillet 2002 mais le Conseil ne s’est pas encore prononcé sur les options présentées et qui sont toujours à l’examen.


Audition de pétitionnaire


M. AHMED BOUKHARI, Représentant du Front Polisario, a réaffirmé que le peuple sahraoui souhaitait pouvoir se prononcer librement sur son autodétermination.  Il a rappelé que le Plan de règlement élaboré en 1990 par les Nations Unies et l’Organisation de l’unité africaine (OUA), qui prévoyait notamment la tenue du référendum en février 1992, a toujours été bafoué par le Maroc qui en a reporté l’application jusqu’à ce jour.  M. Boukhari s’est inquiété des rapports récents du Secrétaire général des Nations Unies qui laissent présager de l’abadonabandon du Plan de règlement.  Il a évoqué notamment la rencontre entre le Gouvernement marocain et le Front Polisario de septembre 2000 à Berlin sous les auspices de M. James Baker, l’Envoyé spécial du Secrétaire général, et fustigé la position du Maroc à cette réunion qui n’était prêt qu’à accepter une solution politique qui lui concède la souveraineté sur le Sahara.  Il a jugé que les propositions marocaines publiées dans le rapport du 20 juin 2001 sont inacceptables pour le Front Polisario dans la mesure où ce projet d’accord-cadre prévoit une période de cinq ans préalable à la tenue du référendum auquel pourrait participer tout citoyen marocain résidant au Sahara occidental depuis une année.  Cette stratégie vise tout simplement à entériner la souveraineté du Maroc puisqu’il empêche le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination qui est concédé aux citoyens de la puissance occupante et cet accord-cadre n’a pas été accepté par les deux parties, a précisé M. Boukhari.  Le Conseil de sécurité est seul en mesure de faire appliquer le Plan de règlement, a estimé le représentant du Front Polisario, en rejetant le projet d’accord-cadre.  Parmi les quatre options que lele Secrétaire général a présentées au Conseil de sécurité en février 2002, les trois dernières signifient tout simplement l’abandon du Plan de règlement, a-t-il observé.  M. Boukhari a jugé ces options inquiétantes dans la mesure où elles reviennent à accepter la légitimité de l’obstruction du Maroc au Plan de règlement qui demeure à ce jour la seule solution acceptée entre les deux parties.  La crédibilité des Nations Unies est remise en cause au Sahara occidental et si l’ONU ne fait pas preuve d’audace face à l’obstruction du Maroc, elle devrait se retirer du territoire pour ne pas servir de faire-valoir à la puissance occupante marocaine. 


Echange de vues


Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a exprimé son inquiétude eu égard à la disposition permettant de participer à un référendum après avoir séjourné au moins douze mois au Sahara occidental.  Qu’est-ce qui pourrait empêcher une puissance occupante d’envoyer en masse des citoyens dans cette région, a-t-il demandé?  Il a souhaité savoir si l’on n’assiste pas en fait à l’application de règles différentes selon le territoire.  Cela fait plusieurs années que le peuple sahraoui a accepté un référendum et, à chaque fois, on invente des raisons pour ne pas organiser ce référendum.  Le Comité spécial doit être plus audacieux.  Il a exprimé sa plus profonde sympathie pour la lutte du peuple sahraoui et a espéré qu’il allait persévérer.


Le représentant de Cuba a fait siennes les observations formulées par le représentant d’Antigua-et-Barbuda et a demandé lui aussi que le Comité spécial soit plus audacieux.  Il a souhaité un véritable processus de décolonisation qui débouche sur l’approbation de l’une des deux options et par l’organisation d’un référendum libre et équitable sous l’égide des Nations Unies.  Il a jugé regrettable que les Nations Unies aient gaspillé des millions de dollars ces dernières années et a aussi regretté les espoirs envolés des Sahraouis obligés de vivre dans des conditions inhumaines alors que, partout dans le monde, les drapeaux s’agitent sur des questions des droits de l’homme.  Il a souhaité savoir pourquoi ce référendum n’est pas autorisé?  Il est étonnant qu’une seule partie ait réussi à bloquer le processus, à présenter le problème de telle façon que les Nations Unies sont dans une impasse.  Il a noté une tendance dangereuse se traduisant par l’imposition de propositions issues d’en haut sans tenir compte de la population sahraouie ni de sa lutte.  On parle de quatre options, a-t-il poursuivi, en réalité il n’y en a que trois.  La première est de la poudre aux yeux, et vise à pérenniser le statut colonial.  Il faut que le Comité spécial soit plus audacieux, a-t-il estimé, réaffirmant la solidarité de son pays avec la lutte du peuple sahraoui qui vise à son indépendance.  C’est à eux de décider de leur sort et pas à un organe des Nations Unies.


Reprenant la parole, le représentant du Front Polisario a estimé qu’une visite du Comité spécial renforcerait l’intérêt de la communauté internationale sur la question et permettrait de ne pas détourner ce processus.  Le Maroc n’est pas la puissance souveraine de ce territoire.  Il n’y pas d’autorité administrante, il y a seulement une puissance occupante.


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.