En cours au Siège de l'ONU

AG/1353

L’ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT SUR LE RENFORCEMENT DU SYSTEME DES NATIONS UNIES

1/11/2002
Communiqué de presse
AG/1353


Assemblée générale

42e séance plénière – matin


L’ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT SUR LE RENFORCEMENT

DU SYSTEME DES NATIONS UNIES


Le Président de l’Assemblée, M. Jan Kavan, annonce qu’il soumettra,

à la mi-novembre, le projet de résolution sur les réformes à entreprendre


Clôturant ce matin son débat de trois jours sur le renforcement du système des Nations Unies, l’Assemblée générale a décidé, sur proposition de son Président, M. Jan Kavan (République tchèque), de confier à l’Ambassadeur Abdul Mejid Hussein (Ethiopie) le suivi des consultations préalables à l’adoption d’une résolution sur le contenu des réformes à mettre en œuvre.  Avec le concours des représentants permanents de l’Arménie, du Bangladesh, de l’Équateur, du Gabon, de l’Indonésie, de la Jamaïque, du Maroc, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande et du Pakistan, qui assumeront le rôle de facilitateurs, M. Hussein aura pour tâche de réunir les vues des États Membres sur les réformes à entreprendre, dans un premier temps, au Département de l’information et au Conseil économique et social, afin de permettre au Président de l’Assemblée générale de présenter son projet de résolution à la mi-novembre.  Reflétant les positions exprimées par les 71 orateurs qui se sont exprimés sur ce point, le Président Kavan a insisté sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, sur la poursuite des réformes au sein du Département de l’information, et sur la nécessité d’intégrer les questions de développement à l’ordre du jour de l’Organisation. 


Face aux objectifs de développement du Millénaire, définis par les Chefs d’État et de Gouvernement en septembre 2000, et réaffirmés lors de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg, le renforcement du Conseil économique et social a été jugé prioritaire par une majorité de délégations pour assurer le suivi de la mise en œuvre des recommandations finales de ces rencontres.  Exhortant le Secrétariat à adapter ses instruments budgétaires aux priorités définies dans le domaine du développement durable, le représentant du Pérou a mis en avant les défis que devaient relever les pays en développement face au chômage, à leur vulnérabilité financière, à la récurrence des catastrophes naturelles, à l’urbanisation galopante, à la pandémie du VIH/sida, où encore à la nécessité de promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie.  Les Nations Unies doivent identifier des programmes prioritaires dans le domaine du développement pour apporter des réponses créatives aux préoccupations du monde en développement, a déclaré le représentant, saluant à cet égard la proposition faite par le Secrétaire général de présenter, dès 2003, un budget-programme révisé tenant compte de ces nouveaux enjeux. 


Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Kazakhstan, Saint Vincent-et-les Grenadines, Pérou, Équateur, Roumanie, Trinité-et-Tobago, Yémen, République arabe syrienne et Bolivie.


L’Assemblée générale se réunira de nouveau lundi 4 novembre, à 10 heures. 



RENFORCER L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES: UN PROGRAMME POUR ALLER PLUS LOIN DANS LE CHANGEMENT.


Déclarations


Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a déclaré que son pays attache une grande importance aux activités de l’Organisation dans le domaine du développement économique et social, et à une meilleure implantation des Nations Unies dans les pays en développement.  Approuvant l’idée d’une amélioration du système budgétaire et de planification, la délégation du Kazakhstan s’associe à celles qui pensent que l’Organisation a besoin d’un document plus équilibré, stratégique et transparent, à même de refléter nos priorités et les moyens d’y répondre, a-t-elle ajouté.  Elle pense également que le renforcement de l’activité de l’Assemblée générale est nécessaire, comme l’amélioration de la gestion des ressources humaines, qui doit tenir compte du principe de diversité géographique équitable parmi le personnel du Secrétariat.  Enfin, le Kazakhstan s’est dit partisan d’une réforme du Conseil de sécurité. 


Mme MARGARET HUGHES FERRARI (Saint-Vincent-et-les-Grenadines), rappelant que l’ouverture et le maintien d’une Mission à New York représentait une charge difficile pour un petit pays comme le sien, a estimé que l’ordre du jour des Nations Unies, concentré sur quelques semaines seulement entre septembre et décembre, n’avait pas tenu compte du manque de ressources financières et humaines de délégations comme celle de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.  Au cours de cette période, a-t-elle poursuivi, la plupart des séances plénières, des séances des commissions, des séminaires, des réunions d’information etc., se déroulent en même temps.  A ce scénario de cauchemar, s’ajoute une montagne de documents à étudier quotidiennement.  Notre délégation “squelettique” est trop modeste pour faire face à une telle charge de travail –qui nécessiterait au moins une douzaine de personnes- et nous n’avons pas le don d’ubiquité, a-t-elle affirmé, appelant à ce titre l’Assemblée générale à repenser l’ordre du jour des Nations Unies afin qu’il soit mieux réparti tout au long de l’année.


Par ailleurs, la représentante a estimé qu’il était temps de créer un système de représentation équitable dans les organes des Nations Unies, basé sur un système de rotation automatique des Etats Membres.  Ce système permettrait d’assurer l’égalité et la démocratie au sein de l'Organisation des Nations Unies mais aussi de gagner du temps et de l’argent en évitant aux pays d’avoir à faire campagne pour être élus.  La représentante a suggéré que les économies réalisées à ce titre soient déposées dans un fonds spécial qui serait redistribué aux plus pauvres du monde.


M. MARCO BALAREZO (Pérou) a jugé urgent, pour assurer le succès des reformes engagées, de rationaliser et de hiérarchiser les travaux de l'Assemblée générale, de renforcer le rôle de l'ECOSOC en matière de développement et de solution aux problèmes économiques et sociaux et de démocratiser le Conseil de sécurité.  Il faut en outre adapter les instruments budgétaires aux priorités définies par les Etats Membres, notamment celles concernant le développement, c'est-à-dire appliquer la Déclaration du Millénaire et les déclarations de Monterrey et de Johannesburg.  Pour le représentant, il existe de très graves problèmes qui doivent être considérés par l'Organisation comme la persistance du chômage dans

les pays en développement; leur vulnérabilité financière; la récurrence des catastrophes naturelles, dues aux changements climatiques, qui les frappent; l'urbanisation galopante; ou la nécessité de renforcer la démocratie et la bonne gouvernance: aussi a-t-il appelé à trouver des méthodes créatives pour faire face à toutes ces questions.  Il a salué, à cet égard, l'idée du Secrétaire général de proposer en 2003 un budget révisé et suggéré qu'on lui accorde de manière générale une plus grande autonomie administrative, de façon à ce qu'il établisse la liste des programmes prioritaires pour le développement.


M.  Balarezo a par ailleurs appuyé le renforcement des relations entre l'ONU et la société civile et le secteur privé.  Evoquant la lassitude due au trop grand nombre de conférences et sommets, il a toutefois remarqué qu'il était important de pouvoir convoquer de temps à autre la volonté politique des gouvernements et la conscience de la société civile.  Enfin, il a plaidé pour une communication plus souple entre le Secrétariat et les Etats Membres sur les activités de l'Organisation, par le biais par exemple de réunions officieuses avec les sous secrétaires généraux ou les chefs de départements, qui permettraient d'échanger des points de vue et des informations sur les activités en cours.


M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a rappelé que les Nations Unies doivent s’engager à appliquer sans tarder les accords qui ont découlé des sommets mondiaux tels que le Sommet du développement durable de Johannesburg et la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, sa délégation croyant fermement que seul le développement est de nature à garantir la paix durable et la sécurité internationales.  Dans cette perspective, il faut réaffirmer le rôle primordial joué par l’Assemblée générale, principal organe de délibération des Nations Unies.  L’Equateur accorde une importance particulière à la promotion des droits de l’homme, et suggère à ce titre de revoir la relation entre les gouvernements et l’Organisation, notamment en vue d’aider les Etats Membres à établir des institutions fortes en ce domaine.  Estimant que l’opinion publique est une base fondamentale pour renforcer les Nations Unies, la délégation équatorienne approuve les propositions du Secrétaire général qui ont pour but de redéfinir le Département de l’information. 


M. ALEXANDRU NICULESCU (Roumanie) a réitéré sa confiance dans le processus en cours depuis 1997 et visant à réformer l’Organisation des Nations Unies pour l’adapter aux défis contemporains posés par la mondialisation.  A cet égard, le représentant a jugé qu’une réforme de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social devait s’opérer pour faciliter la mise en œuvre par les Nations Unies des objectifs de développement du Millénaire.  Pour sa part, la réforme du Conseil de sécurité doit faire l’objet d’une attention approfondie de la part des États Membres, a dit M. Niculescu, ajoutant que la coordination entre les trois organes susmentionnés devait s’intensifier.  La réorganisation du Département de l’information doit nous permettre de redéfinir son rôle et ses responsabilités dans le système des Nations Unies, a précisé le représentant, pour qui le DPI a pour vocation de communiquer davantage sur les actions menées par l’Organisation dans certains domaines d’actualité qui intéressent l’opinion publique internationale.  Abritant elle-même un Centre d’information intégré dans le dispositif du Programme des Nations Unies pour le développement, la Roumanie soutient leur rationalisation et le regroupement de leurs activités sous la

responsabilité du coordonnateur résident.  De même, les propositions relatives au renforcement des programmes en faveur des droits de l’homme dans les États Membres satisfont ma délégation, a indiqué M. Niculescu qui a encouragé le bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme à jouer un rôle clé dans ce domaine.  Le représentant a ensuite exhorté les Nations Unies à poursuivre leurs efforts pour intégrer davantage la société civile dans leurs activités de même que le monde des affaires, conformément aux recommandations de la Déclaration du Millénaire.  Il a également souhaité que le Comité exécutif pour la paix et la sécurité assure un rôle de coordination et de planification entre le Département des affaires politiques et le Département des opérations de maintien de la paix, conformément à ce qui avait été suggéré dans le rapport Brahimi.  Enfin, la planification et le suivi du budget doivent tenir compte des impératifs de réactivité qui incombent à l’Organisation des Nations Unies et, partant, les procédures doivent être assouplies pour permettre de redéployer certaines ressources vers d’autres secteurs.


M. PHILIP SEALY (Trinité-et-Tobago) a encouragé la poursuite des réformes engagées au sein du Secrétariat pour rationaliser le travail de l’Organisation des Nations Unies.  Saluant les résultats obtenus depuis 1997, il a proposé que des efforts soient entrepris pour réduire le nombre de réunions organisées par les Nations Unies, les espacer davantage, ou n’examiner certains points de l’ordre du jour qu’une fois tous les deux ou trois ans, voire plus.  Un tel effort permettra de rationaliser la gestion des ressources de l’Organisation et pourrait également s’accompagner de discussions entre États Membres sur la pertinence de maintenir certaines questions à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  La taille et le nombre élevé de rapports rend leur examen approfondi quasiment impossible pour de petites délégations, a fait valoir M. Sealy, rappelant que plus de 500 rapports ont été soumis à l’Assemblée générale au cours de sa cinquante-sixième session.  A cet effet, il a approuvé les recommandations du Secrétaire général concernant le regroupement de certains thèmes en un seul rapport et la mise en place d’un mécanisme de nature à éviter les redondances ou la publication de rapports peu actualisés. 


M. ABDUL-DAYEM M. S. MUBAREZ (Yémen) a souligné que les réformes proposées nécessitaient le plein appui des Etats Membres.  On reconnaît de plus en plus l’ampleur des défis que l'Organisation des Nations Unies doit relever, a-t-il estimé, affirmant que les réformes devaient aider à renforcer le rôle croissant que les Nations Unies étaient appelées à jouer dans le monde.  La paix ne saura l’emporter si elle ne se fonde pas sur la justice et l’équité, a-t-il ajouté.


Soutenant les mesures présentées par le Secrétaire général, le représentant a par ailleurs estimé qu’une réforme du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale impliquait que l’on corrige les erreurs du passé, notamment la dévitalisation de l’Assemblée générale.  Il a en outre souhaité que soient renforcés les centres d’information dans les pays en développement qui ne sont pas toujours dotés des moyens techniques d’information suffisants. Il a enfin insisté sur la nécessité de corriger l’image des Nations Unies auprès de l’opinion publique et de “donner du sang neuf” à l’Organisation des Nations Unies, en assurant une répartition géographique équitable dans le recrutement.


M. ABDOU AL-MOULA NAKKARI (République arabe syrienne) a jugé essentiel de revoir constamment les méthodes de travail de l’ONU, pour tirer parti des expériences acquises et renforcer les méthodes d'application de ses objectifs.  Pour la mise en œuvre des objectifs ambitieux du Millénaire et des priorités de développement, il faudra réformer le Conseil de sécurité, renforcer le rôle central de l'Assemblée générale et améliorer son efficacité ainsi que celle de l'ECOSOC.  Les consultations officieuses, à l'issue du débat, permettront aux délégations d'obtenir des éclaircissements sur les zones d'ombre du rapport soulevées pendant les discussions et notamment par le Groupe des 77, a estimé le délégué. 


Par ailleurs, il a évoqué la réforme du Département de l'information estimant qu'il fallait accorder une place aux six langues de travail sur Internet pour le rendre accessible au plus grand nombre, et aussi aux documents de travail; il a estimé également que la gestion des réunions revenait aux Etats Membres et non au Secrétariat; le plan à moyen terme est le cadre qui nous permet de refléter et d'appliquer les politiques de l'Organisation et le délai de 4 ans devrait y suffire; la survie de l'Organisation dépend de la façon dont elle réalise ses objectifs, au premier rang desquels le développement, a-t-il remarqué en s'opposant à l'idée de clause-couperet sur les programmes de développement.  En conclusion, le représentant a souhaité que le rapport soit examiné à fond par les Etats Membres et que le Secrétariat leur apporte les éclaircissements requis.


M. ERWIN ORTIZ GANDARILLAS (Bolivie) a rappelé que le renforcement des Nations Unies était une question cruciale dans un contexte qui a vu surgir de nouvelles menaces comme la délinquance internationale, le trafic illicite d’armes et de drogues, des épidémies telles celles du VIH/Sida et du paludisme.  Face à la multiplicité de tels fléaux, le représentant a souligné que les propositions du Secrétaire général lui apparaissaient modestes, car, si elles visent à améliorer le fonctionnement interne de l’Organisation, elles ne doivent pas pour autant négliger les défis qu’implique la mondialisation, à laquelle il faut faire face à travers un partenariat avec les Etats Membres, la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce.  Exprimant son désaccord avec la délégation de Singapour, qui affirmait qu’une redistribution budgétaire au sein de l’Organisation contribuerait à créer un monde meilleur, le délégué s’est dit convaincu quant à lui que seul le respect des engagements passés par les Etats Membres, notamment pour la mise en œuvre des objectifs de la Déclaration du Millénaire, comme des Sommets de Monterrey et Johannesburg, sera de nature à y parvenir.


M. JAN KAVAN, Président de l'Assemblée générale, a conclu les débats en déclarant que l'Assemblée avait entendu 71 déclarations en trois jours, qui serviront de base aux consultations officieuses qui vont désormais se tenir.  Il a noté que les orateurs avaient remercié le Secrétaire général et avaient insisté sur la nécessité de revitaliser les travaux de l'Assemblée; que l'ordre du jour de l'ONU en matière de développement reste très manifestement au centre de leurs activités et que ces priorités devront être mieux reflétées dans les budgets prochains; que le plan visant à renforcer l'action des Nations Unies en faveur des pays en développement a été apprécié et, enfin, qu'un accord général s'était dégagé autour des mesures de réforme suggérées par le Secrétaire général.  Il ne sera pas nécessairement difficile de parvenir à une position concertée des Etats

Membres là où l'approbation de l'Assemblée générale est nécessaire, a estimé le Président.  Par ailleurs, a-t-il relevé, ceux qui ont émis des réserves l'ont fait dans un esprit constructif ce qui annonce un processus de négociation constructif lui aussi.  Le Président a enfin indiqué qu'il avait nommé l'Ambassadeur Hussein d'Ethiopie pour diriger les consultations, ainsi que dix facilitateurs, représentants permanents de l'Arménie, du Bangladesh, de l'Equateur, du Gabon, de l'Indonésie, de la Jamaïque, du Maroc, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande et du Pakistan. Il leur a demandé d'avoir le plus de contacts possibles avec les Etats Membres et de transmettre autant d'idées que possible représentant les points de vue des délégations. 


Ces consultations commenceront lundi 4 novembre après-midi et seront consacrées en premier lieu au Département de l'information et au Conseil économique et social.  Elles se poursuivront mercredi et vendredi prochains, a-t-il précisé.  Enfin, le Président a annoncé que, sur la base du débat qui vient de se tenir et des consultations à venir, il présenterait un projet de résolution autour de la mi-novembre et souhaité qu'un accord sur le texte soit trouvé avant Noël.


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