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CPSD/224

DES DELEGATIONS MISENT SUR L’ENERGIE NUCLEAIRE UTILISEE A DES FINS PACIFIQUES POUR SERVIR LE DEVELOPPEMENT

18/10/2001
Communiqué de presse
CPSD/224


Quatrième Commission

9e séance – matin


DES DELEGATIONS MISENT SUR L’ENERGIE NUCLEAIRE UTILISEE

A DES FINS PACIFIQUES POUR SERVIR LE DEVELOPPEMENT


La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de la décolonisation) qui a terminé, ce matin, l’examen des effets des rayonnements ionisants a entendu les délégations insister sur la portée et l’utilité de l’utilisation exclusivement à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire. 


Consciente de la nécessité de continuer d’examiner et de rassembler des informations sur les rayonnements ionisants et d’analyser leurs effets sur l’homme et son environnement pour les générations actuelles et futures, la Commission a adopté, sans vote, un projet de résolution aux termes duquel l’Assemblée générale réaffirmerait sa décision tendant à ce que le Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants conserve les fonctions et le rôle indépendant qui sont actuellement les siens, y compris en ce qui concerne les modalités d'établissement de ses rapports.


Au cours du débat, les délégations ont souligné la responsabilité qui incombe aux Etats disposant de l’énergie nucléaire en matière d’échange de ressources et d’informations pertinentes sur les effets des rayonnements ionisants, de sûreté des installations nucléaires et de transfert de ces technologies aux pays en développement.  Le représentant de l’Uruguay, au nom du Marché commun du Sud (Mercosur), a rappelé que les Chefs d’Etat et de gouvernement avaient décidé, dans la déclaration du Millénaire, de faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies soient accordés à tous.  A l’instar du représentant de la République arabe syrienne qui a affirmé qu’il fallait réduire le fossé technologique entre le Nord et le Sud, le représentant de l’Uruguay a insisté sur les retombées bénéfiques de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire dans des secteurs clefs comme l’agriculture, l’industrie et la médecine, tout spécialement dans les pays en développement.  Les délégations ont par ailleurs mis en garde contre la prolifération des matériaux nucléaires et jugé impératif que tous les Etats dotés d’installations nucléaires acceptent le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et se mettent en conformité avec les normes internationales. 


Les représentants d’Israël et de l’Egypte ont exercé leur droit de réponse. 


Les représentants des pays suivants ont participé au débat :  Thaïlande, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Egypte, Uruguay, au nom du Marché commun du Sud (Mercosur), République arabe syrienne, Pakistan, Cuba et Burkina Faso. 


La Commission se réunira à nouveau lundi 22 octobre à partir de 15 heures.  Elle entamera l’examen de la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.  


EFFETS DES RAYONNEMENTS IONISANTS (85)


La Commission a adopté sans vote un projet de résolution sur les effets des rayonnements ionisants (A/C.4/56/L.5) aux termes duquel l'Assemblée générale réaffirmerait sa décision tendant à ce que le Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants conserve les fonctions et le rôle indépendant qui sont actuellement les siens, y compris en ce qui concerne les modalités d'établissement de ses rapports.  Elle approuverait les intentions et les projets du Comité scientifique quant à la poursuite de ses activités scientifiques d'examen et d'évaluation au nom de l'Assemblée générale.  Elle inviterait le Comité scientifique à poursuivre ses consultations avec les scientifiques et les experts des Etats Membres intéressés en vue de l'établissement de ses futurs rapports scientifiques.  L'Assemblée générale se féliciterait, à cet égard, de l'empressement mis par les Etats Membres à fournir au Comité scientifique des informations utiles sur les effets des rayonnements ionisants dans les régions touchées, et inviterait le Comité scientifique à analyser ces informations et à les prendre dûment en considération, en particulier à la lumière de ses propres conclusions.  Elle inviterait par ailleurs les Etats Membres, les organismes des Nations Unies et les organisations non gouvernementales intéressées à continuer de communiquer des données pertinentes sur les doses, les effets et les dangers des différentes sources de rayonnement, ce qui aiderait considérablement le Comité scientifique à élaborer les prochains rapports qu'il lui présentera.  


Déclarations


M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que sa délégation saluait le travail réalisé depuis 1955 par le Comité scientifique, travail qui avait permis d’approfondir nos connaissances sur les énormes risques d’exposition aux rayonnements ionisants, qu’il s’agisse de radioexposition naturelle ou artificielle.


Face à la demande insatiable et globale d’énergie, il est important, a souligné le représentant, de trouver des sources d’énergie alternative, en dehors des combustibles fossiles classiques qui constituent une ressource appauvrie. Comme dans d’autres formes de technologies avancées, l’usage pacifique de l’énergie nucléaire pourrait être une option en vue de produire de l’énergie pour la production et le développement national de quelques pays. Cependant, parallèlement aux bénéfices socioéconomiques de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, il existe d’énormes risques et dangers pour la santé et la qualité de vie des populations ainsi que pour l’environnement.  Les catastrophes nucléaires de ces dernières années l’ont prouvé.  Un équilibre doit être établi entre les sources d’énergie bon marché et la protection de la santé des peuples et de l’environnement.  Plus que jamais, il importe que les nations développées donnent toute l’assistance possible aux pays en voie de développement.  Etant donné les dangers sérieux des rayonnements ionisants, il est également crucial de faire de gros efforts pour mettre en conformité avec les normes de sécurité fixées par l’AIEA en matière d’utilisation et de possession de matériaux radioactifs.


La position de l’ASEAN sur l’utilisation militaire de la technologie nucléaire est très claire.  Nous continuons de demander sans équivoque l’élimination des armes nucléaires, conformément au Traité de non-prolifération des armes nucléaires.  De plus, à la lumière des récentes attaques terroristes, toutes les précautions doivent être prises, a dit le représentant, pour empêcher que la technologie et des matières nucléaires ne puissent tomber dans de mauvaises mains.


M. WALID HAGGAG (Egypte) a félicité le Comité pour la publication de ses rapports périodiques qui permettent aux institutions nationales, régionales et internationales d’établir des normes de sûreté et de protection de l’environnement et de la santé.  L’étude du Comité sur les effets héréditaires des rayonnements ionisants reflète le rôle d’avant garde du Comité dans le domaine de l’évaluation des effets des rayonnements ionisants.  Le représentant a exprimé sa reconnaissance aux Etats Membres et aux institutions qui ont participé et collaboré avec le Comité en particulier l’AIEA, l’OMS, et la Commission internationale des unités et des mesures radiologiques.  En dépit des progrès réalisés dans l’étude des effets des rayonnements, a-t-il poursuivi, les risques sont encore nombreux et variés.  Il est en conséquence important de poursuivre l’étude et l’évaluation des risques imputables à la radioexposition.  L’Egypte appuie par conséquent la poursuite des activités du Comité.  Si on en limite l’emploi, l’énergie nucléaire peut être très utile dans les domaines de la médecine et de l’industrie, a-t-il fait observer.  Dans le contexte de l’établissement d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, il a réitéré les appels de son pays pour que les centrales nucléaires de la région soient soumises aux procédures de vérification de l’AIEA.  L’Egypte, membre du Comité, a-t-il conclu, apprécie la qualité du travail réalisé par ce Comité et espère que le projet de résolution sera adopté par consensus. 


M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay), au nom du Marché commun du Sud (Mercosur) et des Etats associés, a fait observer qu’un demi-siècle d’utilisation et de développement de l’énergie nucléaire avait montré le potentiel de son utilisation intelligente et pacifique, et notamment de ses applications dans les domaines clefs du développement, en particulier pour les pays en développement, que sont l’agriculture, l’industrie et la médecine.  Dans ce contexte, rappelant que la déclaration du Millénaire souligne l’importance de mettre l’utilisation des nouvelles technologies à la portée de tous, il a souligné l’existence d’une responsabilité collective impliquant le partage des ressources mais aussi de toutes les informations pertinentes sur les effets des rayonnements ionisants.  Il a salué l’objectivité dont fait preuve le Comité scientifique dans ses études et s’est félicité des nouvelles initiatives en matière de détection et d’évaluation des sources d’exposition proposées par le Comité dans son dernier rapport.  Il a fait remarquer que les conclusions du rapport du Comité, en particulier en ce qui concerne le risque héréditaire imputable à la radioexposition et en ce qui concerne les maladies dites multifactorielles, reflètent l’excellence du travail du Comité et témoignent de l’importance de disposer d’une analyse objective et indépendante des effets des rayonnements ionisants et de leurs effets sur les facteurs génétiques et environnementaux.  Le Mercosur appuie toutes les initiatives visant à évaluer les risques potentiels de la radioexposition et à améliorer le régime réglementaire et les mécanismes de protection concernant les risques de radioexposition.  Les pays du Mercosur ont renouvelé leur engagement en


faveur de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, engagement démontré en établissant dans la région une zone dénucléarisée.  Le nombre d’accords internationaux auxquels sont parties les pays du Mercosur en matière de transparence des échanges de matériaux et de technologies nucléaires entre les institutions scientifiques reflète également cet engagement, a-t-il conclu.


M. LOUAY FALLOUH (République arabe syrienne) a déclaré que face à l’augmentation des menaces provenant des activités liées à l’utilisation de l’énergie nucléaire, la communauté internationale avait du prendre un certain nombre de mesures et déterminer certaines tendances.  Nous devons cependant souligner que les technologies nucléaires et leur emploi approprié à des fins pacifiques peuvent être bénéfique dans le domaine de la médecine, de l’industrie et de l’agriculture spécialement dans les pays en voie de développement.


Le moyen le plus efficace pour faire face aux effets négatifs de l’énergie nucléaire est de mettre en œuvre les mesures décidées de manière multilatérale.  Nous exhortons le système des Nations Unies à inclure dans son futur plan l’assistance technique aux pays en voie de développement qui n’ont pas les moyens d’acquérir la technologie nécessaire à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il faut, a insisté le représentant, résorber le fossé technologique entre le Nord et le Sud.


L’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire est le fondement de notre position.  C’est pourquoi nous avons adhéré au TNP.  Cependant, Israël demeure le seul pays dans cette région du monde qui possède un vaste arsenal nucléaire tout en restant à l’extérieur du Traité de non-prolifération.  Israël, a dit le représentant, impose sa politique aux pays du monde, il n’y a aucun contrôle de ses installations nucléaires et cela représente une source de déstabilisation dans la région.  Selon différentes agences de presse, Israël connaît des difficultés avec le filtrage des rayonnements ionisants dans ses installations nucléaires.  La communauté internationale doit exercer des pressions sur Israël pour le forcer à soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l’AIEA.


La République arabe syrienne, a conclu le représentant, a demandé la suppression des arsenaux nucléaires pour prévenir les risques que cela constitue pour l’humanité.  Elle a également souligné qu’il fallait aider les pays en voie de développement à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et bénéfiques pour leur peuple.


M. TARIQ CHAUDHRY (Pakistan) a réaffirmé que le Comité est le principal organe international dans le domaine de l’évaluation des effets des rayonnements ionisants et de leurs risques délétères et a rappelé que ses rapports servent à l’établissement de normes scientifiques.  Il s’est félicité de la publication du rapport 2001 du Comité sur les effets héréditaires des rayonnements ionisants et a loué la méthodologie utilisée par le Comité.  Il ressort de cette étude que la radioexposition n’aurait pas d’effets héréditaires sur l’être humain, a-t-il fait remarquer.  Toutefois, a-t-il ajouté, l’augmentation de la recherche dans les domaines de la biologie moléculaire, du séquençage du génome humain et de l’épidémiologie et les progrès technologiques permettront de réexaminer cette question ultérieurement afin d’éliminer les incertitudes qui subsistent et d’augmenter la fiabilité des données.  Le Pakistan appuie le programme de travail adopté par le Comité à sa session d’avril dernier et se félicite de la poursuite d’études sur les effets sur la santé de l’accident de Tchernobyl en vue de les achever en 2005.  A cet égard, le Pakistan se félicite de la collaboration du


Comité avec les scientifiques des Etats Membres touchés par l’accident.  Le Pakistan a enfin assuré le Comité de sa collaboration dans l’étude des rayonnements ionisants en vue d’en minimiser les risques sur l’homme et sur l’environnement. 


M. CARLOS SUANEZ (Cuba) a déclaré que sa délégation accordait une grande importance aux travaux du Comité scientifique, dont il a salué la pertinence et l’objectivité.  Les informations de haut niveau fournies par le Comité ont servi à l’élaboration de documents de références pour l’adoption de normes nationales et internationales visant à protéger la population contre les effets des rayonnements ionisants.


Le dernier rapport du Comité est d’autant plus important qu’il porte sur les risques des rayonnements ionisants et notamment sur les maladies provoquées par des facteurs héréditaires ou environnementaux.  Le représentant a souligné qu’il fallait continuer de renforcer la coopération entre le Comité et les agences du système des Nations Unies telles que l’OMS, l’AIEA ou encore le Programme des Nations Unies pour l’environnement.  Cette coopération sera bénéfique à toute l’humanité.  Nous maintenons notre appui aux travaux du Comité qui pourront nous aider à relever les défis du monde d’aujourd’hui.  Seule une coopération internationale sérieuse, a conclu le représentant, dans l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques éliminera le danger potentiel des radiations nucléaires.


M. JEAN KLENA OUATTARA (Burkina Faso) a rendu hommage au Comité scientifique pour l’éloquence de son rapport et s’est félicité de la publication de l’annexe scientifique sur les effets héréditaires des rayonnements ionisants qui est un précieux outil pour la communauté scientifique internationale et par delà elle pour la population mondiale.  Le Burkina Faso, a-t-il expliqué, attache beaucoup d’importance au Comité scientifique en ce qu’il a toujours joué un rôle important dans l’établissement de normes internationales pour la protection des populations contre les effets nocifs des rayonnements ionisants.  Venant aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sur la population et sur l’environnement, il a félicité l’Ukraine pour la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Tchernobyl.  Il a réitéré le vœu de voir l’énergie nucléaire pour ce nouveau millénaire au service exclusif du développement et du progrès social.  Il a salué la coopération étroite que le Comité entretient avec l’OMS, l’AIEA, le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Commission internationale de protection radiologique, la Commission des unités et des mesures radiologiques et d’autres organismes régionaux et sous-régionaux et a encouragé une coopération plus étroite du Comité avec les gouvernements.  M. Ouattara a félicité le Comité pour la publication de son nouveau programme de travail dont les points saillants sont la collecte de nouvelles données sur les radioexpositions imputables à des sources nouvelles, artificielles et professionnelles, l’élargissement de la portée et de l’évaluation des expositions médicales, l’évaluation détaillée du radar dans les foyers et lieux de travail ainsi que d’autres études et évaluations sur l’homme et son environnement.  Ce programme, a-t-il dit, bénéficie de l’appui total de sa délégation. 


Droits de réponse


Le représentant d’Israël a assuré les délégations que le niveau de sûreté des installations nucléaires en Israël est élevé et qu’il est supervisé par des institutions indépendantes en Israël.  S’agissant des autres questions mentionnées, il a suggéré que ces questions fassent l’objet d’un examen en Première Commission. 


Le représentant de l’Egypte s’est félicité des assurances données par Israël mais a indiqué que sa préoccupation demeure puisque les installations nucléaires ne sont pas soumises à un contrôle international.  Il a demandé à Israël de se conformer à ses obligations en vertu des résolutions pertinentes de la Première Commission. 


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